Lizzie Crowdagger's Blog, page 7
April 5, 2018
Space Aliens Support The Strike
Voilà, c’est lancé ! Si vous voulez soutenir les grévistes, et au passage avoir accès à des livres numériques de science-fiction, fantasy ou fantasique (ou autre) par des auteurs et autrices qui soutiennent la grève, c’est ici : https://strike.ouvaton.org.
Il n’y a pas encore énormément de textes pour l’instant, mais un certain nombre d’auteurs et d’autrices se sont d’ores et déjà porté·e·s volontaires pour en ajouter. Si vous voulez aussi en proposer, n’hésitez pas, il est encore temps ! Et si vous faites un don dès maintenant, ne vous en faites pas, la liste sera mise à jour avec les nouveaux textes !
Et dans tous les cas, faites grève si vous pouvez, soutenez les grévistes. Ce n’est qu’un début, la lutte continue !
Auteur/autrice de l'imaginaire ? Soutiens les grévistes !
Au vu des grèves en cours dans le pays, et des déclarations de la ministre du travail comme quoi il faudrait que les auteurs de SF s’emparent du thème du travail, émerge l’idée de faire quelque chose du style « humble bundle » regroupant des livres numériques de thématique SF/Fantasy/Fantastique/… et dont les profits iront exclusivement pour soutenir les grévistes.
Donc si vous avez un livre numérique que vous voulez proposer dans ce cadre :
qui parle du travail ou pas
qui soit idéalement de la Science-Fiction/Fantastique/Fantasy mais on est pas hyper regardant·e·s si ça déborde un peu
N’hésitez pas à me contacter à lizzie at crowdagger point fr, pour l’instant ça se met encore en place mais on voudrait lancer ça vite !
Pour suivre les choses et avoir plus d’infos au fur et à mesure que ça se met en place : https://strike.ouvaton.org/
March 31, 2018
Quelques astuces pour l'impression de fanzines
Articles précédents dans la série :
L’auto-édition, pourquoi ?
Typographie, composition et mise en page
Le format EPUB
Cette fois-ci, je voudrais faire un retour d’expérience sur quelque chose qui est rarement abordé dans les conseils pour auto-édité·e·s, ce qui est un peu dommage parce que c’est quand même une méthode Do It Yourself plutôt chouette pour avoir des exemplaires papiers de ses textes (surtout pour des nouvelles) : l’impression de fanzines.
Pré-requis
Évidemment, avant d’imprimer, vous aurez besoin d’avoir une version maquettée, a priori en PDF. Il vous faudra ensuite trouver une boîte à copies (la Corep étant à ma connaissance la plus grande chaîne du genre) pour faire vos impressions. Et là… ça dépendra…
Le cas idéal
Dans le cas idéal, vous aurez une boîte à copies qui dispose d’une de ces imprimantes tout en un qui est directement capable d’imprimer des brochures. À partir d’un fichier au format A4 ou A5 au format « classique » (avec les pages dans l’ordre : 1, 2, 3, … N), elle pourra imprimer des exemplaires au format A4 plié en deux. Pas juste de les imprimer, d’ailleurs, mais aussi de les relier et de les agrafer.
Autant dire que si vous avez ça à côté de chez vous, pour l’impression de fanzines, c’est Noël. Pas besoin de s’embêter, vous pouvez lancer l’impression de cinquante fanzines à la suite, aller manger un kebab, et revenir les récupérer pliés et agrafés. Franchement, c’est le top.
L’imposition (des mains)
Maintenant, dans la plupart des boutiques où je suis allée, il faut se contenter d’imprimer en recto-verso, et plier et agrafer soi-même. Et, surtout, il faut présenter un fichier au format brochure, avec les pages dans un ordre différent pour que ça tombe bien, avec la première et la dernière page au format A5 en vis-à-vis sur la première page au format A4, la seconde et l’avant-dernière sur la deuxième, etc.
Ce procédé s’appelle apparemment l’imposition, et il y a des logiciels qui vous permettent de faire ça, comme BookletImposer en mode interface graphique, ou, sous Linux, si vous avez installé le logiciel pdfjam, avec la commande suivante :
pdfjam entree.pdf --booklet true --landscape --outfile sortie.pdf
Attention : dans le premier cas, il faudra choisir pour l’impression recto-verso « retourner sur le bord court », alors que dans le second ce sera « retourner sur le bord long ». Dans tous les cas, mieux vaut faire un premier test avec un fichier qui ne fait pas trop de pages et sans lancer l’impression à 20 exemplaires…
Et si on n’a pas de recto-verso ?
S’il n’est pas possible d’imprimer en recto-verso, il est évident que ça se complique. Si c’est juste pour tester chez vous et que vous avez une imprimante qui ne fait pas ça, normalement lorsque vous faites « imprimer » vous avez une option « imprimer les pages impaires » et « imprimer les pages paires ». Il suffit donc en théorie d’imprimer d’abord les pages impaires (ou vous pouvez commencer par paires, on s’en fout), puis de remettre les feuilles dans l’imprimante et d’imprimer les autres pages. En pratique, si vous êtes comme moi, il faudra trois ou quatre essais pour comprendre dans quel sens remettre les feuilles pour que ça marche.
La conversion au format brochure directement au moment de l’impression
Si vous avez de la chance, il est possible que les ordinateurs de votre boîte à copie aient une option pour convertir en brochure au moment de l’impression, vous pourrez donc vous passer de la partie « imposition des mains ». Cela dit, ça demande d’utiliser un ordinateur plutôt que de brancher une clé USB sur la photocopieuse/imprimante, et dans beaucoup d’endroits ça vous coûtera le double en unités sur votre carte. Donc, voilà, la conversion faite à l’avance mise sur une clé USB, ça permet des économies.
Et pour le A6 ?
Ok, là on rentre dans un monde de douleur, parce que je n’ai pas trouvé de ligne de commande ou de programme en interface graphique simple qui permettent de faire directement du A6 correctement, où il suffit ensuite de massicoter et de plier.
Le plus « simple » que j’ai trouvé est de commencer par générer votre brochure A5, comme pour l’étape précédente. Il vous faudra ensuite installer un paquet supplémentaire, pdftk, et exécuter la commande suivante pour dupliquer chaque page de la brochure :
pdftk A=brochure_a5.pdf shuffle A A output brochure_dup.pdf
(C’est peut-être possible de faire ça avec pdfjam, mais si c’est le cas je ne sais pas comment.)
Ensuite au lieu de mettre les pages dupliquées à la suite les unes des autres, on va les mettre sur une seule page, en les réduisant de moitié :
pdfjam brochure_dup.pdf --nup 1x2 --outfile brochure_a6.pdf
Cette commande correspond à une imposition en mode « paysage », si vous avez utilisée la commande pdfjam ci-dessus pour l’imposition. Si vous avez fait une imposation en mode « portrait » (en utilisant BookletImposer, par exemple), il faudra mettre --nup 2x1 (deux colonnes, une ligne) au lieu de --nup 1x2 (une ligne, deux colonnes).
Une fois que vous avez fait ça, vous avez la même brochure que votre brochure A5, mais réduite de moitié et avec deux pages par page ; vous n’avez donc plus qu’à l’imprimer, à massicoter au milieu, et à replier chacune des deux parties.
Du moins, en théorie. Si vous êtes comme moi, vous allez merder une paire de fois avant et jeter quelques centaines de pages à la poubelle, et vous dire que le format A5 c’est quand même pas si mal.
Si vous connaissez une méthode plus simple qui ne nécessite pas de passer par des lignes de commandes, n’hésitez pas à le signaler en commentaire.
La couverture
Le plus facile, pour avoir une couverture un peu jolie, est d’en faire un fichier séparé. Pour ça, j’utilise personnellement Inkscape, mais vous prenez ce que vous voulez.
Si vous voulez faire une brochure A6, une fois que vous avez votre couverture A5 (deux pages A6 côte à côte), vous pouvez répéter les mêmes lignes de commande que ci-dessus. Ou, alternativement, juste changer la dimension de la page dans Inkscape (ou le programme que vous utilisez) et faire un copié/collé manuel, vu qu’il n’y a qu’une page.
Avoir des fichiers séparés pour la couverture et le texte présente plusieurs avantages.
Déjà, les logiciel utilisés pour la mise en page d’un livre et pour faire de la manipulation graphique ne sont pas forcément les mêmes.
Si vous mettez tout dans le même fichier, il faudra vous assurer de laisser éventuellement des pages blanches à la fin si votre nombre de pages n’est pas un multiple de 4, pour que la quatrième de couverture tombe au bon endroit. (En plus, ça vous coûtera deux unités de plus si vous ne mettez rien au verso de la couverture, mais là on commence à chipoter.)
Avoir des fichiers séparés permet d’imprimer la couverture sur du papier différent (plus épais, ou coloré, ou …), ou encore de l’imprimer en couleur alors que le texte est en noir et blanc. Les impressions couleurs coûtent cher, donc autant ne le payer que pour une page A4 plutôt que pour toute la brochure.
Note sur l’impression couleur
Si vous le pouvez, prévoyez d’emmener les fichiers sources, modifiables, avec vous, et pas juste les versions PDF, en particulier pour la couverture. Le niveau des couleurs dépend énormément d’une machine à l’autre, et ça peut être bien si vous pouvez ajuster sans avoir à rentrer chez vous parce que vous êtes tombée sur une imprimante qui donne dans le super sombre.
À titre d’exemple, voici l’image originale de la couverture fanzine de Good cop, bad cop, épisode 2 de La chair & le sang :
Et l’impression couleur de la même image une fois à la Corep :
Et, enfin, la version imprimée après modification en urgence des couleurs :
Ah, et dans le genre conseil pratique idiot : essayez de venir suffisamment longtemps avant la fermeture. Personnellement, je me retrouve toujours à devoir finir mes impressions en urgence parce que je me suis dit « si j’arrive une heure avant la fermeture, ça va, j’aurai le temps de tout faire ».
Pliage et agrafage
Bon, là-dessus je me sens moins compétente, mais vu que c’est un retour d’expérience, allons-y quand même.
Parfois, vous aurez la chance d’avoir une agrafeuse adaptée à votre disposition, mais sinon vous devrez faire l’acquisition d’une agrafeuse à bras long, pour pouvoir planter les agrafes au milieu de la page A4. Ne faites pas comme moi, achetez les agrafes en même temps plutôt que devoir y retourner deux fois pour d’abord acheter de mauvaises agrafes, puis les bonnes.
Pour ce qui est du pliage, je ne sais pas s’il y a une méthode plus recommandée qu’une autre. Au départ, j’avais tendance à plier les brochures par morceaux, trois feuilles à la fois, en me disant que ça permettrait une meilleure pliure. Maintenant, j’agrafe avant de plier, et je fais tout d’un coup. Non seulement c’est plus rapide, mais j’ai l’impression qu’en plus les feuilles sont un peu mieux alignées et que c’est plus facile d’avoir les agrafes qui tombent bien sur la pliure plutôt qu’un peu à côté.
Mais honnêtement, j’ai toujours été nulle en pliage, donc ne m’écoutez pas forcément.
(Accessoirement, au moment de joindre la couverture au texte, pensez à vérifier que c’est bien dans le même sens. Oui, c’est le genre de conneries que j’ai faites pas plus tard qu’aujourd’hui…)
Améliorations possibles
(Ajout du 1er avril 2018)
Si vous imprimez une couverture qui a un fond coloré ou qui prend toute la page, il y a des chances que l’imprimante vous ajoute des bandes blanches (marges) sur les côtés de la feuille, que vous pourrez trouver plus ou moins seyantes. Pour vous en débarrasser, vous pourrez évidemment opter pour le massicotage. Même si ces marges sont moins gênantes pour l’intérieur, pensez également à massicoter celui-ci pour ne pas avoir une couverture trop petite…
Et si vous voulez vraiment avoir quelque chose qui soit nickel, il faudrait idéalement décaler légèrement les marges intérieures et extérieures des pages les plus loin du pliage, afin de compenser par la partie de la page « mangée » par la pliure (et en massicotant une fois les pages pliées pour éviter que les pages du milieu ne « ressortent » un peu par rapport aux pages extérieures). Personnellement, j’avoue ne pas avoir essayé parce que je trouve que ça devient un peu compliqué pour de l’impression de fanzines DIY, mais j’ai vu sur un forum l’existence d’un script, pdflivre.sh (que je n’ai pas testé) qui promettait de faire cela pour vous (le décalage des marges, en tout cas, pas le massicotage, il ne faut pas pousser).
Conclusion
Bref, les fanzines, c’est cool, le format A5 (A4 plié en deux) reste assez simple à produire et donne des trucs qui sont (je trouve) assez sympas, mais on peut varier un peu les formats, soit en misérant avec du A6, soit en mode « journal » avec du A4 (impression sur du A3, plié en deux).
Évidemment, le mode plié et agrafé est surtout adapté pour les livrets de taille raisonnables. Vingt pages, c’est bien. Soixante pages, ça commence à devenir limite et à mettre l’agrafeuse à rude épreuve. Donc ce n’est pas adapté pour tout, mais pour des textes courts, et notamment des nouvelles, je trouve que c’est un moyen d’impression plutôt chouette.
Si vous aimez ce que j’écris, vous pouvez me soutenir en vous abonnant (à partir d’1€ par mois) sur Tipeee, et vous aurez en contrepartie accès à des textes inédits (et des zines à partir de 5€ par mois !).
Pour être tenu·e au courant de mes dernières parutions, vous pouvez vous inscrire à ma liste de diffusion (faible trafic, pas plus d’un message par mois) :
Pseudoconseils autoédition #4 : l'impression de fanzines
Articles précédents dans la série :
L’auto-édition, pourquoi ?
Typographie, composition et mise en page
Le format EPUB
Cette fois-ci, je voudrais faire un retour d’expérience sur quelque chose qui est rarement abordé dans les conseils pour auto-édité·e·s, ce qui est un peu dommage parce que c’est quand même une méthode Do It Yourself plutôt chouette pour avoir des exemplaires papiers de ses textes (surtout pour des nouvelles) : l’impression de fanzines.
Pré-requis
Évidemment, avant d’imprimer, vous aurez besoin d’avoir une version maquettée, a priori en PDF. Il vous faudra ensuite trouver une boîte à copies (la Corep étant à ma connaissance la plus grande chaîne du genre) pour faire vos impressions. Et là… ça dépendra…
Le cas idéal
Dans le cas idéal, vous aurez une boîte à copies qui dispose d’une de ces imprimantes tout en un qui est directement capable d’imprimer des brochures. À partir d’un fichier au format A4 ou A5 au format « classique » (avec les pages dans l’ordre : 1, 2, 3, … N), elle pourra imprimer des exemplaires au format A4 plié en deux. Pas juste de les imprimer, d’ailleurs, mais aussi de les relier et de les agrafer.
Autant dire que si vous avez ça à côté de chez vous, pour l’impression de fanzines, c’est Noël. Pas besoin de s’embêter, vous pouvez lancer l’impression de cinquante fanzines à la suite, aller manger un kebab, et revenir les récupérer pliés et agrafés. Franchement, c’est le top.
L’imposition (des mains)
Maintenant, dans la plupart des boutiques où je suis allée, il faut se contenter d’imprimer en recto-verso, et plier et agrafer soi-même. Et, surtout, il faut présenter un fichier au format brochure, avec les pages dans un ordre différent pour que ça tombe bien, avec la première et la dernière page au format A5 en vis-à-vis sur la première page au format A4, la seconde et l’avant-dernière sur la deuxième, etc.
Ce procédé s’appelle apparemment l’imposition, et il y a des logiciels qui vous permettent de faire ça, comme BookletImposer en mode interface graphique, ou, sous Linux, si vous avez installé le logiciel pdfjam, avec la commande suivante :
pdfjam entree.pdf --booklet true --landscape --outfile sortie.pdf
Attention : dans le premier cas, il faudra choisir pour l’impression recto-verso « retourner sur le bord court », alors que dans le second ce sera « retourner sur le bord long ». Dans tous les cas, mieux vaut faire un premier test avec un fichier qui ne fait pas trop de pages et sans lancer l’impression à 20 exemplaires…
Et si on n’a pas de recto-verso ?
S’il n’est pas possible d’imprimer en recto-verso, il est évident que ça se complique. Si c’est juste pour tester chez vous et que vous avez une imprimante qui ne fait pas ça, normalement lorsque vous faites « imprimer » vous avez une option « imprimer les pages impaires » et « imprimer les pages paires ». Il suffit donc en théorie d’imprimer d’abord les pages impaires (ou vous pouvez commencer par paires, on s’en fout), puis de remettre les feuilles dans l’imprimante et d’imprimer les autres pages. En pratique, si vous êtes comme moi, il faudra trois ou quatre essais pour comprendre dans quel sens remettre les feuilles pour que ça marche.
La conversion au format brochure directement au moment de l’impression
Si vous avez de la chance, il est possible que les ordinateurs de votre boîte à copie aient une option pour convertir en brochure au moment de l’impression, vous pourrez donc vous passer de la partie « imposition des mains ». Cela dit, ça demande d’utiliser un ordinateur plutôt que de brancher une clé USB sur la photocopieuse/imprimante, et dans beaucoup d’endroits ça vous coûtera le double en unités sur votre carte. Donc, voilà, la conversion faite à l’avance mise sur une clé USB, ça permet des économies.
Et pour le A6 ?
Ok, là on rentre dans un monde de douleur, parce que je n’ai pas trouvé de ligne de commande ou de programme en interface graphique simple qui permettent de faire directement du A6 correctement, où il suffit ensuite de massicoter et de plier.
Le plus « simple » que j’ai trouvé est de commencer par générer votre brochure A5, comme pour l’étape précédente. Il vous faudra ensuite installer un paquet supplémentaire, pdftk, et exécuter la commande suivante pour dupliquer chaque page de la brochure :
pdftk A=brochure_a5.pdf shuffle A A output brochure_dup.pdf
(C’est peut-être possible de faire ça avec pdfjam, mais si c’est le cas je ne sais pas comment.)
Ensuite au lieu de mettre les pages dupliquées à la suite les unes des autres, on va les mettre sur une seule page, en les réduisant de moitié :
pdfjam brochure_dup.pdf --nup 1x2 --outfile brochure_a6.pdf
Cette commande correspond à une imposition en mode « paysage », si vous avez utilisée la commande pdfjam ci-dessus pour l’imposition. Si vous avez fait une imposation en mode « portrait » (en utilisant BookletImposer, par exemple), il faudra mettre --nup 2x1 (deux colonnes, une ligne) au lieu de --nup 1x2 (une ligne, deux colonnes).
Une fois que vous avez fait ça, vous avez la même brochure que votre brochure A5, mais réduite de moitié et avec deux pages par page ; vous n’avez donc plus qu’à l’imprimer, à massicoter au milieu, et à replier chacune des deux parties.
Du moins, en théorie. Si vous êtes comme moi, vous allez merder une paire de fois avant et jeter quelques centaines de pages à la poubelle, et vous dire que le format A5 c’est quand même pas si mal.
Si vous connaissez une méthode plus simple qui ne nécessite pas de passer par des lignes de commandes, n’hésitez pas à le signaler en commentaire.
La couverture
Le plus facile, pour avoir une couverture un peu jolie, est d’en faire un fichier séparé. Pour ça, j’utilise personnellement Inkscape, mais vous prenez ce que vous voulez.
Si vous voulez faire une brochure A6, une fois que vous avez votre couverture A5 (deux pages A6 côte à côte), vous pouvez répéter les mêmes lignes de commande que ci-dessus. Ou, alternativement, juste changer la dimension de la page dans Inkscape (ou le programme que vous utilisez) et faire un copié/collé manuel, vu qu’il n’y a qu’une page.
Avoir des fichiers séparés pour la couverture et le texte présente plusieurs avantages.
Déjà, les logiciel utilisés pour la mise en page d’un livre et pour faire de la manipulation graphique ne sont pas forcément les mêmes.
Si vous mettez tout dans le même fichier, il faudra vous assurer de laisser éventuellement des pages blanches à la fin si votre nombre de pages n’est pas un multiple de 4, pour que la quatrième de couverture tombe au bon endroit. (En plus, ça vous coûtera deux unités de plus si vous ne mettez rien au verso de la couverture, mais là on commence à chipoter.)
Avoir des fichiers séparés permet d’imprimer la couverture sur du papier différent (plus épais, ou coloré, ou …), ou encore de l’imprimer en couleur alors que le texte est en noir et blanc. Les impressions couleurs coûtent cher, donc autant ne le payer que pour une page A4 plutôt que pour toute la brochure.
Note sur l’impression couleur
Si vous le pouvez, prévoyez d’emmener les fichiers sources, modifiables, avec vous, et pas juste les versions PDF, en particulier pour la couverture. Le niveau des couleurs dépend énormément d’une machine à l’autre, et ça peut être bien si vous pouvez ajuster sans avoir à rentrer chez vous parce que vous êtes tombée sur une imprimante qui donne dans le super sombre.
À titre d’exemple, voici l’image originale de la couverture fanzine de Good cop, bad cop, épisode 2 de La chair & le sang :
Et l’impression couleur de la même image une fois à la Corep :
Et, enfin, la version imprimée après modification en urgence des couleurs :
Ah, et dans le genre conseil pratique idiot : essayez de venir suffisamment longtemps avant la fermeture. Personnellement, je me retrouve toujours à devoir finir mes impressions en urgence parce que je me suis dit « si j’arrive une heure avant la fermeture, ça va, j’aurai le temps de tout faire ».
Pliage et agrafage
Bon, là-dessus je me sens moins compétente, mais vu que c’est un retour d’expérience, allons-y quand même.
Parfois, vous aurez la chance d’avoir une agrafeuse adaptée à votre disposition, mais sinon vous devrez faire l’acquisition d’une agrafeuse à bras long, pour pouvoir planter les agrafes au milieu de la page A4. Ne faites pas comme moi, achetez les agrafes en même temps plutôt que devoir y retourner deux fois pour d’abord acheter de mauvaises agrafes, puis les bonnes.
Pour ce qui est du pliage, je ne sais pas s’il y a une méthode plus recommandée qu’une autre. Au départ, j’avais tendance à plier les brochures par morceaux, trois feuilles à la fois, en me disant que ça permettrait une meilleure pliure. Maintenant, j’agrafe avant de plier, et je fais tout d’un coup. Non seulement c’est plus rapide, mais j’ai l’impression qu’en plus les feuilles sont un peu mieux alignées et que c’est plus facile d’avoir les agrafes qui tombent bien sur la pliure plutôt qu’un peu à côté.
Mais honnêtement, j’ai toujours été nulle en pliage, donc ne m’écoutez pas forcément.
(Accessoirement, au moment de joindre la couverture au texte, pensez à vérifier que c’est bien dans le même sens. Oui, c’est le genre de conneries que j’ai faites pas plus tard qu’aujourd’hui…)
Améliorations possibles
(Ajout du 1er avril 2018)
Si vous imprimez une couverture qui a un fond coloré ou qui prend toute la page, il y a des chances que l’imprimante vous ajoute des bandes blanches (marges) sur les côtés de la feuille, que vous pourrez trouver plus ou moins seyantes. Pour vous en débarrasser, vous pourrez évidemment opter pour le massicotage. Même si ces marges sont moins gênantes pour l’intérieur, pensez également à massicoter celui-ci pour ne pas avoir une couverture trop petite…
Et si vous voulez vraiment avoir quelque chose qui soit nickel, il faudrait idéalement décaler légèrement les marges intérieures et extérieures des pages les plus loin du pliage, afin de compenser par la partie de la page « mangée » par la pliure (et en massicotant une fois les pages pliées pour éviter que les pages du milieu ne « ressortent » un peu par rapport aux pages extérieures). Personnellement, j’avoue ne pas avoir essayé parce que je trouve que ça devient un peu compliqué pour de l’impression de fanzines DIY, mais j’ai vu sur un forum l’existence d’un script, pdflivre.sh (que je n’ai pas testé) qui promettait de faire cela pour vous (le décalage des marges, en tout cas, pas le massicotage, il ne faut pas pousser).
Conclusion
Bref, les fanzines, c’est cool, le format A5 (A4 plié en deux) reste assez simple à produire et donne des trucs qui sont (je trouve) assez sympas, mais on peut varier un peu les formats, soit en misérant avec du A6, soit en mode « journal » avec du A4 (impression sur du A3, plié en deux).
Évidemment, le mode plié et agrafé est surtout adapté pour les livrets de taille raisonnables. Vingt pages, c’est bien. Soixante pages, ça commence à devenir limite et à mettre l’agrafeuse à rude épreuve. Donc ce n’est pas adapté pour tout, mais pour des textes courts, et notamment des nouvelles, je trouve que c’est un moyen d’impression plutôt chouette.
Si vous aimez ce que j’écris, vous pouvez me soutenir en vous abonnant (à partir d’1€ par mois) sur Tipeee, et vous aurez en contrepartie accès à des textes inédits (et des zines à partir de 5€ par mois !).
Pour être tenu·e au courant de mes dernières parutions, vous pouvez vous inscrire à ma liste de diffusion (faible trafic, pas plus d’un message par mois) :
Initial Coin Offering : le Croaaaa, nouvelle crypto-monnaie écologique utilisant une alternative à la blockchain
COMMUNIQUÉ DE PRESSE — POUR DIFFUSION IMMÉDIATE
Lizzie Crowdagger est heureuse de vous annoncer la création d’une nouvelle crypto-monnaie écologique, fonctionnant grâce au principe innovant de la cyclechain, une alternative révolutionnaire à la blockhain : le CROAAAA.
« Marre des “coin” ? Passez au “croaaaa” ! »
Une Initiial Coin Offering est en cours, et vous permettra d’acheter pendant une semaine un croaaaa pour uniquement 20 euros !

Pas convaincu·e par l’aspect révolutionnaire et disruptif du croaaaa ? Lisez la suite !
La blockchain, une méthode obsolète, coûteuse et anti-écologique
La plupart des crypto-monnaies actuelles fonctionnent selon le principe de la blockchain. Si celui a des intérêts, notamment en matière de décentralisation, elle s’avère extrêmement coûteuse en temps de calcul et par conséquent est une aberration écologique : la sécurité dépend en effet de la capacité à participer à une « preuve de calcul », c’est-à-dire une course à la montre absurde qui fait simplement consommer du temps de calcul CPU dans l’espoir de « miner » quelques piécettes.
Le croaaaa, une alternative écologique
À l’oppoosé, via un procédé révolutionnaire (12 brevets ont été déposés), le Croaaaa fonctionne sur un principe très différent. Il s’agit en effet d’émettre des tokens qui peuvent être échangés sans avoir à passer par une vérification coûteuse et poussée. Pour cela, le principe est très simple : il s’agit de l’idée de paper-printed-token®, jeton imprimé sur papier, qui peut être échangé directement d’individu à undividu ou de commerce à commerce. La communauté grandissante d’utilisateurs de Croaaaa utilise informellement le terme « billet ».
Un temps de validation réduit à zéro
Les crypto-monnaies existantes demandent un certain délai de validation pour confirmer une transaction, le temps que celle-ci soit ajouté dans la blockchain et de vous assurer que cette version de la blockhain est bien celle qui va perdurer. Ce temps prend au minimum plusieurs minutes, quand ce n’est pas plusieurs heures. Avec le Croaaaa, aucun délai d’attente : il vous suffit de tendre votre paper-printed-token à son destinaire, et celui-ci peut l’empocher !
Un anonymat garanti et une décentralisation complète !
La plupart des cryptomonnaies de moindre envergure, comme le Bitcoin, imposent d’inscrire vos identifiants dans la blockchain pour valider une transaction. Même si celui-ci est supposé rester anonyme, en pratique cela peut permettre dans certains cas de pister toutes vos transactions !
Le Croaaaa évite complètement cela : pour valider une transaction, il suffit de donner le paper-printed-token au vendeur. Aucun risque d’être tracé ainsi ! Le processus permet aussi une plus forte décentralisation, puisqu’il ne nécessite même pas de connexion à Internet !<
Une sécurité à toute épreuve grâce à la cyclechain
Pour garantir la sécurité des transactions et vous assurer que le paper-printed-token que l’on vous remet en échange d’un biais ou d’un service correspond bien à la réalité et n’est pas un faux, le Croaaa introduit le principe révolutionnaire de la cyclechain, communémment appelée « triplex » dans la communauté Croaaaa. L’idée est simple et efficace : si quelqu’un produit des faux paper—printed-tokens, vous pouvez utiliser d’une chaine de vélo (ou une triplex) pour récupérer vos biens et vous assurer que l’individu ne recommence pas. Pas besoin de temps de calcul et de faire surchauffer des fermes de calcul, une alternative écologique et équitable !
Peur de la spéculation ? Une monnaie adossée à une valeur sûre !
Pour assurer sa stabilité financière, le Croaaaa est adossée à une valeur sûre : le livre papier. Et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit de l’intégrale à venir de la saison 1 de La chair & le sang, par Lizzie Crowdagger. Un Croaaaa pourra donc être échangé (frais de port non compris) contre un exemplaire papier de ce livre.

Pas de crainte de dévaluation : un Croaaaa pourra toujours être échangé contre l’intégrale papier de La chair & le sang !
Historiquement, beaucoup de monnaies étaient addossées à une valeur physique, comme l’or. Cela avait des avantages, et des inconvénients.>
L’avantage premier d’adosser le Croaaaa à un tel livre est qu’il n’y a pas à craindre de dévalorisation, car ce livre pourra être utile dans toutes les circonstances :
Fournir un divertissement si vous vous ennuyez.
Caler un meuble qui n’est pas tout à fait droit.
Planqué sous un manteau, arrêter un coup de couteau.
Vous réchauffer en hiver en le brûlant.
Vous essuyer en cas de diarrhée.
…
Des développements à venir !
Vous pouvez vous procurer des Croaaaa dès maintenant, et les utilier très facilement dans tous les commerces qui les acceptent, sans même avoir besoin de connexion Internet ni d’ordinateur ! Cependant, des améliorations sont d’ores et déjà prévus pour améliorer encore la facilité d’utilisation du Croaaaa. Parmi ceux-ci, le concept de centicroaaaa. L’idée est très simple : admettons qu’un vendeur vous propose un pack de six bières et que celui-ci coûte 0,5 Croaaaa. Vous n’allez tout de même pas couper un paper-priinted-token en deux ? La solution est simple, utiliser 50 centicroaaaa. Pour cela, vous pourrez typiquement proposer à quelqu’un d’échanger votre billet de un croaaaa contre deux billets de cinquante centicroaaaa. La communauté d’utilisateurs a déjà inventé une nouvelle expression pour ce processus : « faire la monnaie » !
Rejoignez la révolution Croaaaa dès maintenant !

March 19, 2018
Achetez maintenant les cinq épisodes de La chair & le sang en une seule fois
J’ai profité d’une refonte de mon site de vente de livres (l’apparence de ce blog reste la même, par contre) pour fournir une nouvelle option pour les personnes intéressées par la version numérique de La chair & le sang. Il est en effet maintenant possible d’acheter les cinq épisodes en une seule fois. Le tout est toujours à prix libre (vous choisissez ce que vous payez), et le premier épisode est toujours entièrement gratuit si vous voulez voir à quoi ça ressemble.
March 13, 2018
Troisième extrait de Lacets rouges & magie noire, qui présente notre héroïne Razor (et Tuture)
Voici un nouvel extrait du premier épisode de Lacets rouges & magie noire. Intitulé The Fat and the Furious, celui-ci est maintenant disponible en version numérique pour les abonné·e·s Tipeee. Abonnez-vous (à partir d’1€ par mois) pour avoir accès à la version numérique ; et si vous préférez recevoir dans votre boîte aux lettres des versions papiers imprimées au format fanzine, il y a aussi des options pour cela !
Cet extrait fait suite au premier, qui présentait le personnage de Cookie et au second, qui introduisait deux nouveaux personnages, Betty et Karima, que l’on retrouve ici.
Ici, on introduit (enfin) notre héroïne, Razor, ainsi que Tuture, son fidèle destrier.
Assise sur le capot de sa vieille Clio première génération, Razor fumait une cigarette.
Razor était une femme d’un peu plus de trente ans, qui avait une coupe dite Chelsea : le crâne tondu, à l’exception d’une frange et de mèches sur les côtés. Elle portait un pantalon en jean moulant, des bretelles rouges et des docs coquées. Elle était plutôt grande, même si, de son point de vue, c’était le reste du monde qui était plutôt petit. En particulier sa Clio : ses genoux avaient tendance à toucher le volant quand elle conduisait. Cela n’avait pas que des inconvénients : ça lui permettait occasionnellement de vaguement diriger la voiture lorsqu’elle se roulait des cigarettes sur la route.
Razor se trouvait présentement devant le dépose-minute de la gare de Nantes. Elle attendait ses deux amies, qui ne devaient plus tarder, du moins, si le train était à l’heure. Razor espérait que ce ne serait pas le cas : un retard, disons, d’une heure, l’obligerait à enchaîner des cigarettes sur un parking où personne ne venait lui parler plutôt que de profiter d’une conférence de sociologie. Une heure de retard, ce serait bien. Elle aurait une bonne excuse pour rater la présentation de son amie et n’aurait pas à passer une soirée avec plein de gens qu’elles ne connaissaient même pas. Cette perspective l’angoissait déjà.
Les espoirs de Razor s’effondrèrent lorsqu’elle aperçut Karima et Betty sortir de la gare. Et merde. Leur train avait été ponctuel. On ne pouvait jamais faire confiance à la SNCF.
— Salut ! lança Karima une fois qu’elle fut arrivée à son niveau.
De son côté, Betty se contenta de lui faire un petit geste de la main. Razor descendit du capot et fixa Karima.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda celle-ci.
— Merde, Car, fit Razor, on a le même polo. Ça craint.
Karima baissa les yeux sur son polo, puis le compara avec celui de son amie et haussa les épaules.
— Ça va, répliqua-t-elle, on n’a pas les même chaussures.
Razor avait effectivement des rangers noires aux lacets rouges, alors que Karima avait des Adidas noires et blanches. Par ailleurs, cette dernière portait un pantalon de sport et non un jean. Razor était un peu rassurée : elle ne commettait pas une faute de goût.
Elle monta dans la voiture, bientôt imitée par ses deux amies : Karima à l’arrière, et Betty côté passager.
— Je ne comprends pas, demanda celle-ci, si ça te pose problème d’être habillée pareil que quelqu’un d’autre, pourquoi t’es skin ? Tous les skins s’habillent pareil. C’est pratiquement un putain d’uniforme.
Razor lui fit un doigt d’honneur pour toute réponse.
— Tu ne démarres pas ? demanda Karima.
— J’avais un truc à vous proposer avant, répondit Razor. On pourrait se faire un MacDo. Ou un ciné. On n’est pas obligées d’aller à cette conférence, si ?
— C’est notre pote, répondirent à l’unisson Betty et Karima.
Razor soupira et fit démarrer sa Clio. Elle ne pouvait rien répondre face à ça. Crow était leur pote, c’était un fait. Elle se contenta donc d’ouvrir sa fenêtre et d’allumer une nouvelle cigarette.
— Et puis, ajouta Betty tout en recoiffant ses longs cheveux blonds à l’aide du miroir du pare-soleil, son mémoire parle de films d’action. Ça va être cool.
Crow s’appelait en réalité Carolina, et se faisait appeler Crow, comme le corbeau, parce qu’elle était une gothique qui se prenait pour une vampire. Elle s’était même fait rallonger les canines. Elle était étudiante en sociologie, ce que Razor voyait comme un point négatif, mais elle considérait ses études comme une vaste blague. Elle avait réussi à faire un mémoire sur le genre. Plus exactement, sur l’évolution de la perception de la masculinité durant les trois dernières décennies. Plus exactement encore, sur l’évolution de la perception de la masculinité durant les trois dernières décennies à travers le cinéma.
Autrement dit, elle avait réussi à faire un mémoire en mettant les meilleurs one-liners d’Arnold Schwarzenegger, Sylvester Stallone, Bruce Willis, Vin Diesel, The Rock et toute la clique.
Razor devait l’admettre : Crow était plutôt chouette, malgré son trip vampirique. La plupart des suceurs de sang étaient déjà plutôt snobs, alors les gens qui n’étaient pas des vampires mais se prenaient pour des vampires étaient, disons, giga-snobs. Avec des queues de pie, des cannes, et une façon de considérer le commun des mortels comme de la merde.
Crow, c’était différent. Déjà, elle avait battu Cookie au bras de fer, ce qui la rendait forcément intéressante. Cookie n’était pas une championne du monde de bras de fer, mais elle était quand même plutôt balèze. En général, un type un peu costaud apprenait qu’elle aimait bien le bras de fer et voulait se mesurer à elle, parce qu’il pensait pouvoir gagner facilement face à une meuf, et elle l’humiliait. Face à Crow, ça avait un peu été l’inverse.
Bref, décida Razor, Crow méritait bien qu’elle fasse l’effort d’aller assister à son espèce de conférence où elle présenterait son mémoire. Et puis, dans l’absolu, ce n’était pas le pire. Karima avait commencé un doctorat. Ce qui voulait dire que dans quelques années, Razor devrait peut-être se fader une soutenance de thèse gavée de mathématiques, d’informatique et autre sciences occultes.
Toute occupée à ses réflexions sur les sacrifices à faire lorsqu’on avait des amies qui accomplissait des études prestigieuses, Razor mit un peu de temps à voir que le feu était vert. Elle s’empressa d’embrayer, mais à cause de la précipitation, ou peut-être de ses docs coquées, elle cala misérablement.
Razor soupira et essaya de remettre en marche le moteur, mais celui-ci refusa.
— Allez, Tuture, râla Razor. Ce n’est pas le moment.
Derrière elle, une voiture se mit à la klaxonner parce qu’elle ne démarrait pas assez vite.
— Mais ta gueule, dugland ! lâcha Betty.
Alors que Razor parvenait enfin à faire redémarrer sa Clio capricieuse, la voiture qui était derrière elle commença à la doubler, mais s’arrêta à son niveau. C’était une Porsche rutilante.
— Alors, ma p’tite dame, on a des problèmes à démarrer ? lâcha le conducteur avant de s’élancer à nouveau en faisant patiner ses pneus.
— Mais va crever, sale trouduc ! gueula Betty.
Razor, de son côté, serrait les dents.
— Ma p’tite dame ? répéta-t-elle d’une voix trop calme pour être honnête.
La Clio s’élança alors comme une Clio ne pouvait pas s’élancer. Ses roues ne patinèrent pas : il ne s’agissait pas de faire un burn pour épater la galerie. La voiture bondit comme un félin qui sautait sur sa proie, sauf qu’elle ne prit pas le temps de baisser la tête en levant les fesses et en remuant la queue avant.
— Oh, Bonne Mère, fit Karima.
— Betty, il y a une bouteille sous ton siège, expliqua Razor. Tu pourrais tourner la valve ?
La passagère s’exécuta, tandis qu’elle rattrapait la Porsche au feu rouge suivant.
— Ce n’est pas de la nitro, hein ? demanda Karima. Dis-moi que tu n’as pas installé un kit nitro sur une Clio qui a plus de trois cent mille bornes au compteur.
Razor eut un grand sourire et déboîta par la droite afin d’être juste à côté de la Porsche en attendant que le feu passe au vert. Elle n’était pas sur une vraie voie, mais il n’y avait rien de mal à être à moitié sur le trottoir.
— Hey, lança-t-elle par la fenêtre. Avec ta grosse voiture, je parie que t’as une petite bite.
Elle fit ensuite vrombir son moteur, et le feu passa au vert. Karima ferma les yeux, tandis que Betty les levait au ciel.
— T’as changé le moteur, aussi ?
— En quelque sorte, répondit Razor.
Occupée à accélérer au maximum, elle était obligée de crier pour se faire entendre.
— C’est un V8, ajouta-t-elle.
— Comment tu peux mettre un V8 dans le capot d’une Clio ? demanda Betty sans perdre son calme.
Karima, les yeux toujours fermés, tâtonna pour s’agripper à la poignée. Razor avait réussi à prendre un peu d’avance sur la Porsche, mais elle était encore à moitié sur le trottoir, et il y avait une borne d’incendie qui se rapprochait à une vitesse inquiétante.
— Il est plus grand à l’intérieur, expliqua Razor.
Elle déboîta brusquement pour éviter la borne, obligeant la Porsche à freiner pour ne pas la percuter. Razor lui fit un doigt d’honneur alors qu’elle passait en tête au prochain feu (qui était, heureusement, au vert) puis tourna à droite dans un grand crissement de pneus.
— T’es complètement fada, soupira Karima alors qu’elle revenait à une allure plus normale.
— J’aime pas les connards qui klaxonnent, se contenta de répondre Razor.
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March 7, 2018
La chair & le sang : versions papiers (livres brochés) disponibles
La chair & le sang est une série de fantasy urbaine lesbienne, publiée en cinq épisodes en 2017. Jusqu’ici disponible uniquement au format numérique et (pour les heureu·x·ses élu·e·s) au format fanzine, voici enfin des versions « vrai livre » de ces cinq épisodes.
Je m’appelle Jessica, je viens d’emménager dans une nouvelle ville, et je cherche juste à faire comme tout le monde : trouver un travail, rencontrer l’amour, et avoir une vie stable et satisfaisante.
Sauf que mes seules opportunités professionnelles sont de bosser pour des vampires, que la voisine sur laquelle j’ai un crush est une skinhead louve-garou, et que mes tendances masochistes ne sont pas toujours très bien comprises.
Lorsque des gens commencent à se faire descendre autour de moi, je ne suis pas très surprise. La seule chose de stable dans ma vie, c’est bien ma capacité à attirer les emmerdes.
Une série de fantasy urbaine qui mêle romance lesbienne, action, enquête, le tout avec une touche punk et beaucoup d’humour.
Chaque épisode peut être commandé sur Amazon¹ pour 8€, avec des couvertures différentes pour cette édition :
Épisode 1, Les coups et les douleurs
Épisode 3, Souffrir pour être rebelle
Épisode 4, Cupidon tireur d’élite
Épisode 5, Plus haut que Carrero
¹: Oui, je sais, Amazon tout ça. Après, il est censé pouvoir être commandé par des librairies. Peut-être ?
February 13, 2018
Découvrez La chair & le sang avec une nouvelle spéciale Saint-Valentin !
Pour la Saint-Valentin, la fête de tou·te·s les amoureux et amoureuses, quoi de mieux que de plonger dans une série de fantasy urbaine lesbienne romantique[1] ? Et pour le faire, voici une nouvelle spéciale pour cette belle fête dans l’univers de La chair & le sang avec…
— Oh, une seconde. Tu te fous de moi, là ?
— Allez, Jessie, tu étais d’accord pour participer à une nouvelle spéciale…
— Ouais, je suis pas contre faire quelques cascades pour me dérouiller un peu. Mais une nouvelle spéciale Saint-Valentin ? Tu te fous de ma gueule ?
— Je me disais que c’était approprié parce que tu sais il y a quand même une histoire d’amour et…
— Y’a marqué bonniche sur mon front ? J’ai l’air de vouloir crever d’envie de finir avec un gars à lui laver ses chaussettes ?
— Non mais ce serait une nouvelle romantique lesbienne…
— Ah, oui, pour montrer que nous les gouines on peut s’amuser à singer les conneries des hétéros ?
— Non mais faut pas le voir comme ça…
— « Cette belle fête » ? Sérieusement ? Youpi les meufs allez fêter votre aliénation, mais c’est pas grave on vous offre des fleurs !
— D’accord, je kiffe pas non plus, mais ça reste une possibilité marketing pour…
— Ah ouais purée depuis que tu t’es mise à écouter BFM Business t’y crois sérieusement à ton truc d’autrice-entrepreneuse, hein ? Ah, pour citer Poutou dans ses bouquins, pas de problème, mais à côté de ça on cède aux sirènes du marketing dégueulasse y compris si ça veut dire faire de la retape pour une fête patriarcale…
— Écoute, on a toutes nos contradictions, hein.
— Ouais, ben là ce sera sans moi. Je suis en grève. Faudra trouver une autre bonne poire pour faire la protagoniste de ta nouvelle commerciale de mes deux.
— C’est pas avec cette mentalité que tu vas pouvoir être adaptée en série télé, tu sais ?
En raison d’une grève de ses protagonistes, la nouvelle spéciale Saint-Valentin de ‘La chair & le sang est annulée. L’autrice s’excuse pour le tort occasionné à ses lecteurs et lectrices et condamne cette prise en otage des usagers et usagères.
Note
[1] Pour une certaine définition de « romantique ».
February 7, 2018
Extrait du premier Lacets rouges & magie noire : Betty et Karima
Voici un nouvel extrait du premier épisode de Lacets rouges & magie noire. Intitulé The Fat and the Furious, celui-ci est maintenant disponible en version numérique pour les abonné·e·s Tipeee. Abonnez-vous (à partir d’1€ par mois) pour avoir accès à la version numérique ; et si vous préférez recevoir dans votre boîte aux lettres des versions papiers imprimées au format fanzine, vous avez encore quelques jours pour souscrire l’abonnement papier (à partir de 5€ par mois).
Cet extrait fait suite au précédent, qui présentait le personnage de Cookie. Celui-ci introduit deux nouveaux personnages, Betty et Karima.
Segmentation Fault (Core dumped)
Jérémy pesta devant l’écran de son ordinateur portable. Cela faisait maintenant une bonne demi-heure qu’il essayait désespérément de trouver d’où venait le bug dans son programme, et il commençait à perdre patience. Saloperie de Travaux Pratiques en C++.
Jérémy était étudiant en quatrième année dans une école d’ingénieur. Il avait passé la soirée de la veille à Paris, et était à l’heure actuelle dans le TGV qui le ramenait sur Nantes. Le trajet n’était pas désagréable en lui-même, mais ce fichu bug commençait à lui taper sur les nerfs.
Ça, et les deux pouffiasses assises en face de lui, qui n’arrêtaient pas de parler à voix basse en regardant un magazine féminin. La première, directement en face de lui, était blanche et blonde, avec une coupe au carré et un maquillage vulgaire. Assise à sa droite, penchée sur le magazine, se tenait la seconde, une Maghrébine qui portait une casquette.
Jérémy n’était pas quelqu’un de raciste, pas plus qu’il n’était sexiste (en tout cas, il faisait partie de ces personnes qui se sentaient obligées de préciser qu’elles n’étaient ni racistes, ni sexistes), mais il trouvait tout de même que lorsque l’on avait des activités aussi futiles, il ne fallait pas s’étonner, dans la vie, que les employeurs ne veuillent pas de vous ou ne veuillent pas vous payer autant que ceux qui accordaient de la valeur au travail.
Jérémy, lui, y accordait de la valeur, et occupait par exemple ses trajets en train à bosser plutôt qu’à faire la dinde. Bien sûr, s’il avait été parfaitement honnête avec lui-même, il aurait dû reconnaître que, s’il devait travailler dans le train pour finir son projet à rendre, c’était parce qu’il avait passé trop de temps dans des soirées étudiantes fortement alcoolisées qui ne lui permettaient pas d’être au top le lendemain matin. Seulement, à l’heure actuelle, Jérémy était trop agacé par les deux jeunes filles pour être honnête avec lui-même.
Elles discutaient à voix pas-si-basse autour du quiz « quelle sexy girl êtes-vous ? ». Pour l’instant, la blonde semblait avoir obtenu une majorité de carrés, mais il restait encore à déterminer quel était le résultat correspondant.
Jérémy n’attendit pas la révélation de ce grand moment de suspens. Il regarda les deux jeunes femmes avec un air sévère et demanda :
— Vous pourriez faire un peu moins de bruit, s’il vous plaît ?
Les deux filles se regardèrent un instant, interdites, tandis que l’étudiant en informatique revenait à son programme C++.
— T’as qu’à faire le quiz toute seule, lança la blonde à son amie. On fera moins de bruit.
Jérémy était soulagé. Il allait pouvoir se remettre à travailler. Ah ! Voilà peut-être d’où pouvait venir son problème. Il corrigea quelques lignes de code, lança la compilation du programme, attendit quelques secondes, puis tenta de l’exécuter.
Segmentation Fault (Core dumped)
Las. Ce n’était toujours pas ça. Qui plus est, la blonde, qui se taisait effectivement, était en train de se refaire le vernis des ongles, et cela empestait.
— Ah ! fit la fille à casquette, avec un accent du sud prononcé. Triangle. Je suis une…
— Excusez-moi, coupa Jérémy. J’essaie vraiment de me concentrer.
— De vous concentrer ? répéta-t-elle en fronçant les sourcils.
— Oui, reprit l’étudiant, de me concentrer. C’est quelque chose qui arrive parfois lorsqu’on doit faire des choses un peu moins triviales que répondre à un quiz débile !
Les deux jeunes femmes se regardèrent, puis ce fut la blonde qui reprit la parole, à nouveau pour répéter des mots de Jérémy :
— Des choses moins triviales ?
L’étudiant soupira. Les deux dindes étaient manifestement incapables de faire autre chose que de répéter ce qu’il disait.
— Oh, oui, vous ne savez peut-être pas ce que veut dire trivial ? railla-t-il.
Il y eut comme un froid. Manifestement, la blonde n’aimait pas qu’on la prenne de haut. Elle inspira, lutta pour ne pas s’énerver, puis finit par répondre d’une voix calme :
— Je sais ce que veut dire « trivial ». Cela veut dire, par exemple, trouver qu’une erreur de segmentation vient de la ligne 42 du code, parce qu’on a oublié de multiplier n par sizeof de int dans un malloc. Ça, c’est trivial.
Jérémy resta coi. Il ne s’attendait pas à ça, mais alors pas du tout. Il regarda son écran, ahuri, et constata qu’effectivement, il avait oublié une multiplication à la ligne 42. Comment est-ce que la pouffiasse qui était en face de lui avait pu voir ça ? Est-ce que l’écran se reflétait sur la vitre du train ?
Pendant qu’il se taisait, la fille à casquette pencha la tête sur son écran.
— Oh, con, un malloc en C++ ? constata-t-elle. Bon, pourquoi pas ? Personnellement, je ne kiffe pas le mélange des genres et quitte à faire du C, je préfère faire du C et éviter l’usine à gaz que t’apporte le “++”, mais je ne suis pas dans le jugement, hein ?
— Depuis quand tu t’abaisses à faire du C ? railla la blonde. Toi et tes langages fonctionnels de haut niveau, ah !
— Tu peux faire du bas niveau en Rust, répliqua la fille à casquette, au moins le compilateur ne laisserait pas passer un truc aussi couillon. Ça sert à ça, un système de types.
— Sinon, tu peux te contenter d’apprendre à utiliser un débugger. C’est pas fait pour les chiens, hein !
Jérémy ne répondit pas. Il avait vu en cours ce qu’était un débugger, mais ne s’était jamais trop penché sur son utilisation. Il ne voyait pas trop l’intérêt de passer beaucoup de temps là-dessus, c’était quelque chose pour les simples programmeurs, lui avait l’ambition de devenir chef de projet.
— C’est de notre faute, railla la blonde. On le déconcentrait avec nos quiz d’idiotes.
— Et puis c’est le genre d’erreurs qu’on a toutes faites, il faut bien le dire.
— Ouais. À douze ans.
Les deux harpies éclatèrent de rire. Jérémy referma le couvercle de son ordinateur et décida qu’il passerait les vingt minutes qu’il lui restait de trajet au wagon-bar. Ce n’était pas, absolument pas, parce qu’il avait été humilié et qu’il fuyait les deux pouffiasses. Non, il avait juste envie d’un bon café chaud.
Lorsqu’il fut parti, la jeune fille blonde, qui s’appelait Betty, posa un pied sur le siège en face d’elle, maintenant vacant. Une fois confortablement installée, elle entreprit de se mettre une seconde couche de vernis.
— Alors, demanda-t-elle à son amie, tu as eu quoi, à ce quiz ?
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