Lizzie Crowdagger's Blog, page 6

January 13, 2020

Croasseries #2 : Une vampire peut-elle regarder Buffy contre les vampires ?

02_buffy.jpg



Dans ce deuxième épisode de Croasseries, mon podcast dédié à mes élucubrations sur la fiction, on va se poser la question de savoir si une vampire a le droit de regarder la série télé Buffy contre les vampires. Pour écouter ce podcast, vous pouvez soit :




aller sur la page du podcast Croasseries ;
télécharger le fichier MP3 ;
ou l’écouter directement ici :

Lecteur audio intégré




Si vous n’aimez pas le format audio, ou ma voix, ou que vous trouvez le son mauvais, vous pouvez aussi simplement lire les notes rédigées ci-dessous.

Prenons un monde où les vampires existent et où tout le monde est au courant de leur existence. Imaginons maintenant qu’une de ces vampires fasse référence à (ou, au hasard, ait une sonnerie de téléphone avec le générique de) Buffy contre les vampires. Que se passe-t-il ? Est-ce que cela ne pose pas des problèmes de cohérence, créant ainsi un paradoxe dont l’issue engendrerait une réaction en chaîne qui pourrait déchirer le tissu même du continuum espace-temps, provoquant la destruction totale de l’Univers ?



C’est, en résumé, la question que j’ai eu à me poser quelques fois. J’ai déjà vu des personnes très hostiles à ce genre de procédé. Dans une vidéo qui était une critique du film Bright, et qui parlait donc plutôt d’orcs que de vampires (mais le fond du problème est sensiblement le même), la personne trouvait ça absolument scandaleux qu’il puisse y avoir une référence au film Shrek dans cet univers parce que, à partir du moment où ce genre de créatures existent vraiment, un tel film n’aurait pas pu exister. Je ne retrouve malheureusement pas la vidéo en question, mais j’ai vu plusieurs fois des personnes tenir ce même genre de positions à ce sujet.



Ayant moi-même été coupable de ce genre de choses, je me sentais donc obligée de me justifier, et de donner rien moins que trois très bonnes raisons qui rendent ce genre de choses plausibles.



Raison 1 : Buffy n’est peut-être pas notre Buffy

Le premier argument qu’on peut utiliser pour défendre qu’une telle référence ne pose pas forcément de problème de cohérence, c’est que peut-être que Bufffy n’est pas notre Buffy, et que Shrek n’est pas notre Shrek, et par conséquent peut-être que si ces œuvres existent sous ce nom dans l’univers de fiction où les vampires ou les orcs existent, elles sont peut-être tout de même substantiellement différentes dans l’univers à nous.



Si cet argument est tentant, il pose tout de même un problème fondamental qui peut donner envie de pousser un cri d’angoisse : à quel point ces œuvres sont-elles différentes ? Cela peut avoir des conséquences funestes. Par exemple, dans Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), Morgue a le générique de Buffy en sonnerie de téléphone, mais peut-être que le générique de Buffy telle que la série existe dans cet univers ne ressemble pas du tout à ce que l’on connaît dans notre univers. Peut-être même que dans cet univers le générique de Buffy est chanté par Patrick Sébastien ! On voit ainsi les problèmes que cela pose pour des lectrices et lecteurs qui pensaient connaître un personnage et ses goûts, et se voient en fait complètement trahi·e·s, au moins en potentialité à un niveau quantique d’un point de vue d’univers parallèles.



Raison 2 : La plupart des créateurs de fictions se fichent bien de représenter correctement des minorités existantes

Heureusement, il reste possible de défendre la cohérence de notre univers de fiction sans avoir à recourir à des arguments aussi dangereux qui laisseraient la porte ouverte à toutes les fenêtres et au-delà.



L’argument des gens qui pensent que ce genre de référence pose problème est en effet le suivant : à partir du moment où des auteurs sont au courant qu’un groupe existe réellement dans la société et n’est pas juste le fruit de leur fantasme et de leur imagination, ils n’iraient jamais continuer à représenter ce groupe de la même manière.



Ça ne tient évidemment pas la route une seule seconde.



Il suffit de voir la quantité d’œuvres qui continuent à représenter le changement de genre ou de sexe comme quelque chose relevant du surnaturel ou de la science-fiction alors que les personnes trans existent, la représentation des musulman·e·s dans des séries comme 24 heures chrono, ou comment les trois quarts des films représentent  un pays dès que celui-ci n’est pas occidental.



À la rigueur, si le Buffy existant dans un univers de fiction où l’existence des vampires est connue est strictement le même que celui qui existe dans notre univers, le seul problème de cohérence que ça poserait c’est uniquement qu’il y aurait eu quelques tweets pour dénoncer la représentation des vampires et une tribune de Joss Whedon dans Libé pour pleurer qu’on ne peut plus rien dire à cause des Social Justice Warriors.



On pourrait même envisager un truc un peu plus tordu, ce serait que, dans notre univers de fiction, les auteurs de fantasy sortent l’argument : « non, mais on parle de Vampires, on a mis une majuscule, mais ce sont des créatures mythologiques qui n’existent pas et n’ont rien à voir avec les individus qui sont des vampires et qui existent vraiment, surtout que la plupart trouvent que le terme vampire est insultant ».  Bon, d’accord, je pense que ça devient assez tordu et plus très plausible, à ce compte-là on pourrait aussi imaginer des auteurs de fantasy de cet univers fictif qui écriraient des histoires avec des Nains mythologiques en refusant complètement d’examiner le rapport entre cette construction et la diabolisation ou fétichisation de personnes qui ont un physique différent. Si on était vraiment tordu·e, on pourrait même imaginer que  ces écrivains fictifs se sentiraient enjaillés de préciser que « chez ce peuple, les femmes ont de la barbe ! » pour pouvoir remplir leur cabinet de curiosités.



Raison 3 : en vrai on s’en balek

Mais soyons honnête : la raison principale pour ne pas prendre en compte ce genre d’objection, c’est que, fondamentalement, on s’en fout. En tout cas, moi, je m’en fous. Oui, on peut dire que ça pose un légère problème de cohérence et de chevauchement diégétiques si on a envie de pinailler, mais c’est drôle.



(D’ailleurs, je ne comprends pas trop pourquoi ce genre de choses pose plus problème que lorsque des personnages de Sons of Anarchy regardent un épisode de The Shield, alors que non seulement  il y a des acteurs de The Shield qui sont aussi dans Sons of Anarchy, mais aussi qui les deux séries partagent des noms de gangs fictifs en commun, ce qui laisse penser qu’il s’agit en fait du même univers au même niveau diégétique, et donc que le continuum spatio-temporel vient de se prendre trois balles dans le crâne après s’être fait traîner par une moto. Mais, à ce stade, j’en viens à avoir envie de faire un schéma pour montrer ce qui pose vraiment problème, ce qui montre sans doute que ça n’en pose que si on a envie de se prendre la tête à voir les problèmes que ça pose.)



Après, je peux comprendre que, parfois, ce genre de choses puisse sortir d’une œuvre, mais je ne pense pas que ce soit un problème de règle absolue qu’il faudrait respecter au nom de la sacro-sainte cohérence, mais  que le problème principal est souvent plus la cohérence du ton au sein d’une œuvre : une blague un peu cheap peut moins bien passer dans une œuvre qui se veut très sérieuse, alors qu’à l’inverse des séries comme Doctor Who peuvent souvent se permettre d’être plus légère sur la cohérence scénaristique parce qu’il y a un rythme qui fait qu’on ne se pose pas la question. Sans compter évidemment la qualité générale et le fait qu’on va apprécier ou pas une œuvre, et à partir du moment où on n’accroche pas on a plus tendance à pointer tout ce qui ne va pas, y compris si ce n’est pas vraiment le cœur du problème.



Après, si vous trouvez toujours ce genre de procédé absolument scandaleux, on n’a qu’à dire qu’il s’agit de briser le quatrième mur, ce qui permet de se donner un air plus cool et sérieux que « moi, je m’en fous un peu de la cohérence du continuum spatio-temporel ». Parce qu’en vrai, fondamentalement, ce n’est pas très différent que, disons, lorsque dans Fight Club, le narrateur dit « je n’ai rien à dire » avant que ça parte en flash-back, puis, lorsque le film revient à cette scène du début « je n’ai toujours rien à dire », ce à quoi Tyler Durden répond « humour flash-back, très malin ».



La conclusion de tout ça, c’est peut-être que la différence entre l’incohérence et la casse du quatrième mur, c’est que dans le second cas on pointe d’un air un peu pédant qu’on l’a fait volontairement et qu’on est très malin. Par conséquent,  étant donné que ce petit billet utilise trois fois le mot « diégétique » pour se la raconter, je pense qu’on peut en conclure que Morgue peut continuer à avoir le générique de Buffy en sonnerie de téléphone sans mettre en danger la cohérence de l’univers plus que de raison.



Crédits :


Son : intro : retro_digital_punk_madcool_loop.mp3 par envirOmaniac2, plus les croassements de corbeaux Crows.wav par ken788 ; outro : 8-bit ElectroHouse.wav par RutgerMuller ; le tout venant de Freesound.org et étant sous licence CC-0.
Image : modification d’images de Capri23auto et de Marc Pascual sur Pixabay


Et aussi…

Vous pouvez retrouver mes textes de fiction sur mon site. Pour être au courant de mes dernières parutions, n’hésitez pas à vous abonner à ma newsletter (faible trafic, pas plus d’un message par mois). Pour me permettre de pouvoir continuer à diffuser des textes et des élucubrations d’autrice, vous pouvez me soutenir sur Tipeee à partir d’1€ par mois, ce qui vous donnera accès à mes prochains textes de fiction en avant-première.

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Published on January 13, 2020 04:10

January 6, 2020

Portrait : Kalia (Tout le monde ne déteste pas la police naturellement)

Pour faire vivre un peu ce blog sur lequel il n’y a plus eu beaucoup d’articles ces derniers temps, et pour me donner un prétexte pour revenir avec un peu de recul sur des écrits passés, j’ai décidé de faire cette petite série de portraits de personnages, en commençant avec l’héroïne de Pas tout à fait des hommes.Pas tout à fait des hommes, roman de fantasy




Nom : Kalia
Apparaît dans : Pas tout à fait des hommes , Blonde à forte capacité pulmonaire
Inspirations vaguement assumées : rien de précis, mais probablement un certain nombre de personnages des Annales du Disque-Monde (Terry Pratchett)

Kalia est une elfe, membre de la garde sans compétences ni appétences particulières pour ce métier, qui va rencontrer Axelle, une voleuse démoniaque, et être au centre de l’intrigue de ce roman de fantasy moyen-âgeuse à tendance humoristique. Elle n’a pas grand-chose d’une grande héroïne de fantasy : elle n’est pas douée pour le combat (malgré une arbalète automatique customisée), n’est pas une grande magicienne, et n’est pas non plus l’Élue de la prophétie.




« C’est une elfe, répondit le troll. Ils ont la réputation de ne pas être achetables et d’avoir une bonne vue. »



La jeune femme écarquilla les yeux et approcha son visage de Kalia, incrédule.



« Sérieux ? Je voyais les elfes plus… merde, plus grands, pour commencer ! C’est vrai, ce qu’il dit ?



— Oui », répondit la garde d’une petite voix.



Être elfe voulait normalement dire avoir les cheveux blonds, les oreilles pointues, une taille assez supérieure à la moyenne humaine, une beauté fascinante, une vision plus qu’efficace et une agilité redoutable. Malheureusement pour elle, Kalia n’avait qu’une partie de ces attributs, et pas les plus utiles, puisqu’il s’agissait de la couleur des cheveux et de la forme des oreilles.



« Je n’ai pas une bonne vue, cela dit, expliqua-t-elle. Et il fait noir.



— Alors, tu ne saurais pas dire qui je suis ? » demanda la voleuse en approchant encore son visage, le sourire aux lèvres.




Bref, un personnage qui est plus représentante du commun des mortals que du Héros mythologique. À un détail près : c’est quand même une policière (ou une « garde », plus exactement).



Pas tout à fait des hommes est un roman que j’ai écrit il y a maintenant bien longtemps (et qui, au passage, peut être lu gratuitement si vous voulez mieux voir de quoi je parle). Quand j’ai commencé à écrire, il faut être honnête, j’ai pas mal répliqué ce que je voyais dans la fiction et ce qui me semblait le plus évident, et ça implique notamment qui sont les héros les plus « faciles » à concevoir.



Dans les univers contemporains où il y a un peu d’action/enquête/etc., les policiers (ou agents secrets, du FBI, etc., sans compter les détectives privés, même si j’ai l’impression que ces derniers se font moins présents ces derniers temps qu’à une époque) sont bien représentés. Ce sont eux qui font avancer l’intrigue, cherchent à démasquer le coupable ou à empêcher une menace venue bousculer la situation initial.



En fantasy, c’est un peu moins le cas, mais à la place on a les chevaliers, les nobles ou les guerriers. Dans tous les cas, on retrouve cette propension à confier notre imaginaire à ceux qui détiennent la violence légitime.



Et c’est sans doute pour ça qu’au début de Pas tout à fait des hommes, Kalia est membre de la garde. Mais en même temps, elle n’en est pas vraiment membre à part entière : ses collègues ne l’apprécient pas, elle n’est pas bien vue de sa hiérarchie et fait juste ce boulot pour avoir de quoi vivre. Boulot que, sans trop spoiler, elle ne gardera d’ailleurs pas jusqu’à la fin du roman, parce que, soyons honnête, si le personnage de policier ou de noble ou de chevalier est peut-être adapté à un certain nombre d’histoires, cela devient un peu plus compliqué lorsqu’on essaie de parler de luttes et de révolution.



Si j’écrivais Pas tout à fait des hommes maintenant, je ferais peut-être des choix différents, notamment en terme de profession des personnages. Et en même temps, c’est peut-être ses contradictions et le fait qu’elle n’est pas vraiment à sa place dans le rôle qu’elle occupe qui fait que je continue à avoir beaucoup d’affection pour le personnage de Kalia, même si je n’ai pas écrit d’histoires avec elle depuis des années et que je n’en réécrirai probablement plus.



Kalia est aussi lesbienne, ce qui peut sembler évident maintenant (lequel de mes personages récents n’est pas LGBT ?) mais ne l’était pas du tout à l’époque. Ce que je disais plus haut sur la facilité de créer certains types de personnage plutôt que d’autres s’applique aussi évidemment à l’orientation sexuelle, et envisager autre chose que des relations amoureuses homme/femme était loin d’être évident quand j’ai commencé à écrire.



Pas tout à fait des hommes, s’il commence à être ancien, n’est pas non plus (du tout) le premier texte que j’ai écrit (même si c’est peut-être le premier que j’assume encore aujourd’hui), et il marque un peu le moment charnière entre écrire (pas souvent très bien) le même genre de choses que ce que je pouvais lire, et écrire à la place ce que j’aurais bien aimé lire si j’avais pu tomber dessus.



Et de ce point de vue, ça tombe bien que l’héroïne de ce roman soit Kalia, avec son manque d’assurance, ses hésitations, son sentiment de ne pas être à l’aise ou à sa place, mais son courage pour prendre sur elle et réussir à aller de l’avant quand même.

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Published on January 06, 2020 10:00

December 18, 2019

Punk is undead est maintenant disponible à prix libre intégral (y compris gratuitement)

punk_is_undead.pngPunk is undead, l’intégrale de la saison 1 de La chair & le sang, est maintenant disponible à prix libre intégral, y compris gratuitement si vous êtes pauvre, ou un·e gros·se radine, ou si vous  nesavez pas trop ce que ça vaut, ou…. bref, vous pouvez le pécho gratos si vous voulez.



(Évidemment, ça ne s’applique que pour la version numérique, parce que pour le livre papier ce serait un peu plus compliqué, mais ça n’empêche pas qu’il en existe aussi une version brochée si vous préférez ce format.)



Quatrième de couverture


Je m’appelle Jessica, je viens d’emménager dans une nouvelle ville, et je cherche juste à faire comme tout le monde : trouver un travail, rencontrer l’amour, et avoir une vie stable et satisfaisante.



Sauf que mes seules opportunités professionnelles sont de bosser pour des vampires, que la voisine sur laquelle j’ai un crush est une skinhead louve-garou, et que mes tendances masochistes ne sont pas toujours très bien comprises.



Lorsque des gens commencent à se faire descendre autour de moi, je ne suis pas très surprise. La seule chose de stable dans ma vie, c’est bien ma capacité à attirer les emmerdes.




Pourquoi donc ?

Alors vous vous demanderez peut-être : mais pourquoi donc ? Tu ne penses pas que ton travail mérite salaire ? Si c’est gratuit, ne suis-je pas le produit ?



Il y a plusieurs raison, et si ça tombe en période de grosse grève ce n’est pas complètement par hasard, puisque j’ai hésité un moment à rendre ce texte disponible gratuitement pendant cette période en invitant à donner à la place à une caisse de grève. Au final, je ne pensais pas que ça servirait à grand-chose vu qu’il n’y avait pas des milliers de vente du bouquin à la base via mon site et j’ai un peu laissé tomber l’idée un moment.



Sauf qu’en fait, je ne vends pas spécialement énormément de bouquins en auto-édition, et ce ne sont pas les quelques royalties que me verse Amazon qui vont  changer grand-chose à mes revenus. Les abonné·e·s à ma page Tipeee me permettent heureusement d’avoir un complément un peu plus conséquent et un peu plus stable, et je vous remercie vraiment pour ça. Il se trouve que ce n’est pas spécialement lié à des ventes et que ça n’introduit pas forcément un besoin de limiter l’accès pour les gens qui ne peuvent ou ne veulent pas payer.



Et il se trouve que je pense que rendre la « culture » (qui me paraît un bien grand mot pour parler de ce que je fais) accessible à tou·te·s est quelque chose d’important, et en particulier quand ça visibilise des personnages et des thématiques qu’on ne retrouve pas forcément partout (LGBT au hasard). Même à un prix modique, le fait de devoir passer par Paypal ou avoir une carte bleue peut être bloquant pour plein de gens. Je suis aussi plutôt partisane des licences libres, et je pense mettre Punk is undead sous licence Creative Commons (comme le sont déjà un certain nombre de mes autres textes) quand j’aurai moins la flemme.



Je me suis aussi demandée pourquoi je vendais les livres en version numérique sur mon site, parce qu’en fait ça n’a rien d’évident et, longtemps, je me suis contentée de mettre les textes complètement gratuitement sans en chercher aucune rémunération. Et si, bien sûr, il y a la question de cette rémunération et de ce que ça implique (puisqu’on est dans un monde où les choses sont payantes et que je n’ai pas de gros revenus en-dehors de cette activité), je pense qu’il y avait aussi un aspect lié à ce que c’est que d’être une « vraie » autrice, de rentrer dans les clous de ce que font les « professionnels », etc, et qu’en fait ça ne correspond pas à ce que je veux.



Ça rejoint une discussion que j’ai eue récemment sur le fait de chercher de plus en plus à monétiser dès qu’on fait quelque chose, et il me semble que si l’argument du « je n’ai pas envie de travailler gratuitement » est légitime, faire des choses et partager en-dehors du marché l’est aussi. Alors, certes, en proposant un prix libre et un appel à me soutenir si vous aimez plutôt qu’une gratuité totale, je ne me mets pas vraiment hors du marché, mais j’ai l’impression que ça me permet de placer mon travail de création dans un entre-deux qui me paraît plus confortable.



Bref

Bref, je crois que j’ai un peu tiré un deuil sur ma capacité à « vivre » de l’écriture et à être une « vraie écrivaine professionnelle » et je me dis que, tant qu’à faire, autant partager et vous permettre de partager. Ça n’empêche pas que je suis très heureuse quand des personnes me soutiennent financièrement parce qu’elles ont apprécié ce que j’écris, que je préfère parler de prix libre que de gratuité, et que par ailleurs je continuerai à proposer ce livre (comme je le fais déjà pour Pas tout à fait des hommes, par exemple) à la vente sur les plate-formes de vente comme Amazon et Kobo, parce qu’elles ont plus d’audience que moi, ce qui rend compliqué d’y être tout à fait absente, et que je n’ai pas envie de bosser gratos pour elles pour autant (et de toute façon elles n’ont pas l’option « prix libre »).



Je pense que je ferai la même chose pour ce qui correspondra à la saison 1 de Lacets rouges & magie noire (qu’il est d’ailleurs plus que temps que je sorte), peut-être pas dès le début (parce que pour chaque livre j’ai toujours l’espoir insensé que celui-ci va percer de ouf et me rendre riche et de droite), mais assez rapidement.



En attendant, bonne lecture pour les gens qui lisent, bonne grève pour les gens qui grèvent, bonne fêtes pour les gens qui fêtent et à la prochaine.

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Published on December 18, 2019 09:45

October 1, 2019

Sortie de Punk is Undead, intégrale de la saison 1 de La chair & le sang

Aujourd’hui c’est la sortie “officielle” de Punk is undead, l’intégrale de la saison 1 de la série de fantasy urbaine lesbienne La chair & le sang, maintenant disponible en ebook (prix libre sur mon site — 5€ ailleurs) et papier (20€).

 


Punk is undead

 






 



Pour la première fois pour la version papier d’un de mes bouquins auto-édité, il devrait être possible de le commander en librairie sans passer par Amazon! Par exemple sur Place des libraires ou (normalement) à peu près n’importe où ailleurs (pour peu que le « n’importe où » en question soit une librairie, ça aide un peu). 



 



(Je dis « devrait »  parce que je n’ai pas encore trop pu tester mais visiblement c’est au moins c’est enregistré dans les bases de données. Aussi, notons qu’il ne s’agit pas tout à fait la même version parce que les formats de livres ne peuvent pas être les mêmes ; donc c’est une édition où le livre est un peu plus large et fait du coup un peu moins de pages comparé à la version Amazon. Mais le prix et le contenu sont les mêmes)
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Published on October 01, 2019 12:34

September 21, 2019

Festival Dangereuses lectrices à Rennes le 28 et 29 septembre

J’ai le plaisir, l’honneur, et le retard de vous annoncer que je serai à Rennes le week-end prochain dans le cadre du festival Dangereuses lectrices. Ce sera donc aux ateliers du vent, à Rennes, le samedi et dimanche 28 et 29 septembre.




Expression profondément intime, l’écriture, et son corollaire la lecture, n’en sont pas moins des manières d’être au monde, d’en absorber les remous et les bouleversements et de les analyser. À l’aube d’un moment que nous croyons charnière dans la prise en compte de la parole des femmes, nous avons voulu créer un espace autour des écrits de femmes, des écrits féministes, à travers leurs auteur·ice·s et leurs lecteur·ice·s, et imaginer un temps de dialogue.



Le festival Dangereuses Lectrices est résolument féministe, et croit en l’écriture et la lecture comme deux activités fondamentalement émancipatrices pour tou·te·s. Le festival porte également une revendication à l’intersectionnalité des luttes et aura donc une attention toute particulière à ce que les personnes L.G.B.T., racisées, handicapées, économiquement défavorisées soient représentées, tant dans sa programmation qu’au travers d’une politique d’accès adaptée.




Pour voir toute la programmation, c’est ici. Je participerai notamment à une séance de lectures le samedi à 18h, et à une table ronde autour de la sorcière dans la fiction le samedi à 14h.



À bientôt peut-être !

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Published on September 21, 2019 12:54

August 31, 2019

(Podcast) Premier épisode de Croasseries : suffit-il de lire Twitter pour écrire des romans ?

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Une éternite après mon dernier article publié sur ce blog, voici un petit billet pour vous informer que je me suis, sans grande conviction, lancée dans une tentative de podcast. Ça s’appelle Croasseries et ça a vocation à parler de fiction en général.



Le premier épisode, Suffit-il de lire Twitter pour écrire des romans ?, est disponible sur Soundcloud ainsi que sur Youtube. Dedans, je discute :



— de la culpabilité d’écrivaine à ne pas lire assez

— d’écriture à la première personne

— de secrets d’auteurs pour augmenter sa productivité en glandant

— de conspirationnisme

— et aussi de la narration lorsqu’il ne s’agit pas de fiction (réseaux sociaux, journaux, comptes-rendus, …)





Aussi, je dis que c’est le premier épisode, mais techniquement il y aussi un épisode zéro où je parle de Fire Emblem Three Houses, que vous pouvez écouter sur Youtube.





Après, est-ce que je prétends que tout cela est fabuleux ? Sans doute pas. Que cela vous intéressera ? Pas forcément. Mais voilà, ça me fait une excuse pour publier un nouvel article ici, et si ça plaît à des gens et/ou que ça m’amuse encore et/ou que j’ai des trucs vaguement intéressants à raconter, peut-être j’en ferai d’autres.



Sinon, si vous préférez la fiction, ou si vous aimez bien ce que je dis mais que vous ne supportez pas ma voix (moi non plus), je rappelle que vous pouvez évidemment retrouver mes romans sur mon site.

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Published on August 31, 2019 14:13

December 30, 2018

Mise à jour du Crowpack, archive de livres électroniques gratuits

logo.pngSi vous avez eu une liseuse à Noël (ou pas), j’ai fait une petite mise à jour du Crowpack, qui passe maintenant en version 1.1.0. Pour rappel, le Crowpack contient mes textes disponibles sous licence Creative Commons - By - ShareAlike. C’est donc une petite collection d’ebooks gratuits (ou, plus exactement, à prix libre, puisque vous êtes invité·e à faire un don), contenant des nouvelles/romans fantastiques, science-fiction et fantasy.



Le Crowpack vous propose une archive zip contenant, au choix, tous ces textes au format EPUB, PDF ou HTML.



L’ensemble de ces textes est disponible sur Github. Vous pouvez reproduire et modifier ces textes selon les conditions de la licence.



Cette version 1.1.0 n’inclut pas de gros changements, mais apporte quelques petites corrections apportées à certains textes, ainsi que l’ajout de la fiction interactive Fraiche et dispo (uniquement en version HTML, puisque le EPUB et le PDF ne permettent pas trop l’interactivité).



Pour télécharger le Crowpack (gratuitement ou en faisant un don), c’est ici.



Dans sa version 1.1.0, le Crowpack inclut les textes suivants :




Pas tout à fait des hommes , roman de fantasy (page de présentation);
Noir & Blanc , polar surnaturel (page de présentation);
L’énième prophétie , roman de fantasy (en cours de changement de format) ;
le recueil de nouvelles

Sorcières & Zombies (page de présentation), qui contient les

textes suivant :

Route de nuit (page de présentation)
Créatures de rêve (page de présentation)
Sortir du cercueil (page de présentation
Une mine de déterrés (page de présentation)


quelques nouvelles de fantasy urbaine impliquant des membres des

Hell b☠tches et situées dans l’univers

d’ Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires)  :

Dykes VS Bastards (page de présentation)
Une histoire pour enfants (page de présentation)
Bain de soleil (page de présentation)
Réagir sans violence (page de présentation)


d’autres nouvelles situées dans des univers divers :

Révolution avec une vampire , un mélange

de science-fiction/fantasy avec de la lutte des classes et des

vampires et des thématiques trans (page de présentation)
Blonde à forte capacité pulmonaire , de

la fantasy policière (page de présentation)
La mémoire de l’eau , du polar fantastique (page de présentation)
On ne peut pas faire confiance aux démons, du fantastique (page de présentation)
Une leçon d’humanité, une courte nouvelle qui devait à la base

être le début d’un space-opéra avec des vampires (page de présentation)
Rock’n troll, une courte nouvelle féministe (page de présentation)
Pirate !, une courte nouvelle anti-DRM (page de présentation)
Tromperies sur la marchandise, une nouvelle de fantasy urbaine (page de présentation)
Le mauvais genre des anges, une nouvelle de science-fiction/fantasy (page de présentation


une fiction interactive, Fraiche et dispo (page de présentation)


 

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Published on December 30, 2018 05:54

September 29, 2018

Actualités de septembre

Coucou !



Voici quelques petites infos pour celles et ceux qui suivent ce que je fais en terme d’écriture et tout et tout.  Aussi, oui, je sais, le 29 septembre c’est un peu tard pour annoncer les actualités de septembre mais bon euh ça va.



À venir : La descente de lit, dimanche 30 septembre (Lyon)

La descente de lit, ce sera demain 30 septembre de 14h à 21h à l’Atelier des Canulars (91 rue Montesquieu, Lyon). Il y a aura des ateliers d’écriture, un autel de coupage/collage, des distros des zines/gravures/brochures/trucs, puis des lectures et open mic. Normalement je devrais y être avec quelques zines, autocs et autres bouquins, mais peut-être pas dès le début, ça dépendre d’à quelle heure se fait ma descente de lit à moi aussi. 



Sorti ce mois-ci : Lacets rouges & magie noire, épisode 4

Le quatrième épisode de Lacets rouges & magie noire, intitulé « Ni oubi ni pardon », est sorti ce mois-ci. Comme les précédents, il est disponible en version numérique et/ou fanzine pour les abonné·e·s Tipeee. Donc si vous avez envie de lire une série de fantasy urbaine lesbienne avec des skinheads, de la sorcellerie, des gros calibres et de la Clio tunée, vous savez ce qu’il vous reste à faire ! Abonnement numérique à partir d’1€ par mois, abonnement papier à partir de 5€ par mois.



Aussi sorti ce mois-ci : Fraiche et dispo, une fiction interactive

Sinon, j’ai aussi publié il y a quelques jours Fraiche et dispo, une petite fiction interactive située dans le même univers qu’Enfants de Mars et de Vénus. Une fiction interactive, c’est un peu comme un livre dont vous êtes l’héroïne, sauf que voilà c’est numérique et 2.0 et tout et tout. Si ça vous intéresse d’y jeter un œil, c’est gratos et c’est ici.



That’s all folks !



Voilà, c’est tout pour cette fois, cœur et oi!,



Lizzie



 



Pour ne rien rater (enfin quand je pense à envoyer des mails) des nouveautés de ce que je fabrique, vous pouvez vous inscrire à ma liste de diffusion (faible trafic)

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Published on September 29, 2018 01:03

July 26, 2018

Sur les pas de Colonel Hipster, notre super-héros national



Si l’affaire qui fait grand bruit en ce moment est celle d’Alexandre Benalla et ses attributions obscures, nous avons, pour notre part, décidé de suivre une journée dans les pas d’un autre homme de l’ombre de l’Élysée, Colonel Hipster.



Hormis des rôles de protection du Président de la République lors de ces déplacements, rien à voir cependant entre les deux hommes : là où Alexandre Benalla a soulevé les critiques de l’opposition comme de syndicats de police, Colonel Hipster ne suscite qu’éloges et approbations, depuis les rangs de la majorité jusqu’à Jean-Luc Mélenchon, en passant par José Bové.



Souvent comparé à son « homologue » outre-atlantique Captain America, Colonel Hipster assure pourtant avoir très peu en commun avec cet individu.



« Captain America, c’est la malbouffe et les produits transgéniques pour devenir plus fort. Moi, je ne dois mes pouvoirs qu’à une alimentation saine et à de l’exercice régulier. Par exemple, je ne me déplace qu’en vélo, cela me permet ainsi de réduire mon empreinte carbone. »



Humble, Colonel Hipster préfère ne pas détailler l’étendue de ses super-pouvoirs. Interrogé sur les rumeurs qui voudraient que sa barbe soit en adamantium et lui permette d’esquiver les balles, il rigole d’abord, avant de répondre :



« J’entretiens ma barbe avec une huile dont la recette m’a été confiée par mon arrière grand-père. Je peux vous assurer qu’il n’y a que des produits végétaux issus de l’agriculture biologique. Pas de saleté de métal composite ! »



Au cours de notre journée à le suivre, nous n’avons pas pu assister aux pouvoirs de cette mythique barbe, mais nous avons pu constater l’efficacité de Colonel Hipster. Ainsi, alors qu’un dangereux individu tout de noir vêtu s’engage dans l’Élysée, un pistolet à la main, Colonel Hipster est bien évidemment le premier à bondir et à se mettre sur son chemin.



Le dangereux malfrat pointe alors son pistolet sur notre super-héros national et appuie sur la détente, mais heureusement, l’arme s’enraye, comme désarmée face à la force tranquille de son adversaire.



« C’est ce qui arrive quand on utilise un pistolet discount, probablement fabriqué dans les pays de l’est !, nous explique Colonel Hipster. C’est pourquoi j’ai, de mon côté, fait faire revolver sur mesure par un artisan local. Quand aux balles, je les façonne moi-même avec de la poudre bio. »



Alors qu’un homme de la GSPR (Groupe de Sécurité de la Présidence de la République) lui tend un serre-flex pour menotter l’individu, Colonel Hipster refuse et préfère utiliser de la corde en chanvre tressé.



« Les serre-flex, ce n’est pas bio-dégradable, alors que la corde on peut la réutiliser, et quand on connaît les bons nœuds de marins, on ne s’en dégage pas facilement. »



Si les missions de Colonel Hipster sont avant tout la protection du Président de la République et la défense des intérêts nationaux, il mouille parfois aussi la chemise pour des tâches moins stratégiques.



« L’autre jour, nous explique-t-il, le chat de ma voisine était bloqué sur un arbre. Je l’ai donc fait descendre en coupant l’arbre (grâce à la hache que m’a fabriquée un ami forgeron) et le tour était joué ! J’ai également découpé l’arbre en planches et ai pu me fabriquer un très joli meuble. »



Les interventions de Colonel Hipster sont pratiquement toujours saluées unanimement. Nous avons tout de même réussi à trouver quelques trouble-fêtes pour critiquer les agissement de notre fleuron national :



« Écoutez, mon chat il allait redescendre. Et l’arbre je l’aimais bien, il me faisait de l’ombre en été. Alors d’accord Colonel Hipster m’en a planté un nouveau mais le temps qu’il me fasse de l’ombre je ne serai plus là. », témoigne ainsi Gisèle, 83 ans.



C’est pourtant l’une des rares paroles que nous trouverons pour critiquer le super-héros. Même certains des individus à qui il a dû s’opposer vouent une certaine admiration pour l’homme :



« J’ai rencontré Colonel Hipster alors que j’avais un cocktail Molotov dans la main, témoigne ainsi Stéphane, ancien Black Bloc. Il s’est planté devant moi sans avoir peur et m’a signalé que l’essence que contenait la bouteille contenait des hydrocarbures nocifs pour la planète, et que je prétendais lutter contre le capitalisme alors que je portais un tee-shirt fabriqué dans une usine en Chine. J’ai réalisé mon erreur grâce à lui, il m’a remis sur le droit chemin. »



Depuis, Stéphane a monté un salon de dégustations de yahourts bio. Malheureusement, toutes les situations ne peuvent pas être résolues de manière aussi non-violentes.



« Bien sûr, Colonel Hipster fait parfois usage de la force, admet Marie-France Monéger-Guyomarc’h, directrice de l’Inpection Générale de la Police Nationale (IGPN), mais toujours de la violence légitime avec des gestes techniques parfaitement maîtrisés. »



Pour illustrer son propos, elle nous montre une vidéo, où l’on voit Colonel Hipster donner un coup de pied dans la tête d’un manifestant à terre.



« Regardez ce coup de pied, admire la directrice de l’IGPN, il est absolument parfait, effectué dans les règles de l’art, il n’y a rien à reprocher. »



De son côté, Colonel Hipster n’a pas honte d’avoir parfois recours à la violence, mais il n’en est pas non plus excessivement fier. Ce qu’il préfère noter dans la vidéo, c’est que sa botte est en cuir véritable et a été réalisée par un petit cordonnier.

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Published on July 26, 2018 03:22

July 3, 2018

Waste Notre-Dame-Des-Landes : première tentative de récit sur un jeu vidéo

Quelque chose d’un peu différent que je fais d’habitude, puisqu’il s’agit d’une vidéo basée sur le jeu Wasteland 2.



Vingt ans après l’attaque nucléaire contre Notre-Dame-Des-Landes, notre équipe de journalistes a mené une enquête auprès d’un groupe de marginaux qui sévit dans le désert de Notre-Dame-Des-Landes. Suivez les aventures de :




Segfault, informaticienne perdue dans le désert
Nails, qui doit son nom à son amour des ongles vernis et des battes cloutées
Teddy, militant queer et adepte des armes lourdes
Unleaded, tireuse d’élite.




(Lien vers la vidéo)



Je débute à ce genre de choses, donc j’espère que vous serez indulgent·e·s ! Et si vous appréciez ce genre d’expériences, n’hésitez pas à partager la vidéo pour me motiver à faire une suite :)

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Published on July 03, 2018 05:51