Lizzie Crowdagger's Blog, page 5
June 25, 2020
Ne m'appelez pas trans : mon problème avec la notion de "ownvoices" quand on parle de littérature LGBT, et dilemmes existentiels
Je ne savais pas trop par où commencer ce billet, parce qu’il y avait des choses assez difficiles pour moi à dire (et que, à la base, je n’avais pas spécialement prévu de dire comme ça) parce que, et ça pourra sembler paradoxal au vu des romans que j’ai écrits, ça fait écho à des choses personnelles dont j’ai du mal à parler.
Aussi, soyons honnête : même si je n’écrivais pas ce billet dans une volonté de callout ni de régler des comptes (ni de faire une psychanalyse, mais ça a fini comme ça, oups), mais bien d’ouvrir une discussion, il n’en reste pas moins que ce que je vais faire va à l’encontre du conseil sacro-saint donné aux écrivains qui communiquent : ne pas critiquer les gens qui critiquent tes bouquins. Et non seulement j’ai peur que ça soit pris comme ça, mais comme une critique envers les critiques les plus positives sur mes bouquins.
Pour éviter que ce soit interprêté comme cela, et montrer que l’optique de ce billet est la gentillesse plutôt que la confrontation, j’ai décidé d’ajouter une photo de Chachat, que voici :
Chachat, en train de dormir la tête sur mon bras (bras recouvert d’un pull extrêmement épais)
Autant dire qu’en commençant l’écriture de ce billet, je n’étais pas certaine d’aller jusqu’au bout parce que, non seulement, je ne savais pas trop où j’allais, mais j’avais l’impression de m’apprêter à me tirer une balle dans le pied. Même maintenant, en relisant, je ne suis pas sûre d’oser le publier ; et en même temps, d’une part, ça m’a permis, à moi de mettre le doigt sur des choses — je vous préviens que ça peut ressembler à ma psychothérapie ; et, d’autre part, je pense qu’il y a quand même des choses qui méritent d’être abordées.
Donc je prends mon courage à deux mais, et j’y vais.
Le point de départ
Le principe de la littérature Ownvoices, terme anglais qui veut dire sommairement « propres voix », c’est que c’est des livres avec des personnages faisant partie de groupes minorisés qui sont écrit par des auteurs faisant partie de ces minorités. Ça faisait un moment que j’avais envie de mettre le doigt sur ce qui pouvait parfois me gêner quand on appliquait ça aux livres LGBT, et ce récent thread Twitter d’Alex Harrow (en anglais) m’a en partie aidée à le faire.
Mon rapport personnel au « sigle » LGBT
Il y a un truc que j’assume dans le sigle (ou regroupement, ou parapluie ou peu importe) LGBT, c’est d’être lesbienne. Je veux dire, c’est ce que je mets en avant, c’est ce que j’ai envie de mettre en avant, ça fait partie de mon, de mon, identité.
Et, aussi, il se trouve que, techniquement, je suis trans. Je n’aime pas en parler. Je n’aime pas spécialement quand ça se sait. Et, oui, je dis ça en ayant écrit quelques bouquins avec des personnages trans, parce qu’heureusement tous mes personnages n’ont pas tous mes complexes, mes craintes, mon rapport au monde, etc. Ce qui est assez normal puisque ce sont des personnages. On sépare les personnages des auteurs, non ? Je ne suis pas aussi sociopathe que Morgue, moins impulsive que Lev, moins portée sur le sexe que Jessica, moins fan de foot que Razor, et les gens ne s’attendent pas à ce que je le sois. Naïvement, j’aimerais bien qu’on ne cherche pas à savoir si je suis aussi trans que Cassandra, Alys ou Elvira. Mais le fait est, on m’assigne à ça que je le veuille ou non, et je dois admettre l’être, disons, autant que Cameron (qui sera dans la saison 2 de La chair & le sang, et dont voici un petit passage en avant-première) :
— Il y a quelque chose qu’il faudrait que je te dise avant.
J’étais un peu habituée à ce qu’on me dise ça. Pas mal de nanas vampires pensaient que je n’étais pas capable de voir qu’elles étaient des vampires et voulaient me prévenir de leur mordant. Ce qui, évidemment, n’était pas nécessaire, parce qu’en tant que demi-démone, je suis tout à fait capable de détecter les vampires, loups-garous et autres créatures surnaturelles. Mais comme je ne suis pas vraiment sur le full-disclosure avec mes partenaires sexuelles, j’évite en général de le dire.
Cela dit, la situation était un peu différente. Je voyais bien que Cameron n’était pas une vampire. Pour une fois, son petit secret allait peut-être être une vraie surprise.
— Il faut que tu ne le dises à personne, a-t-elle ajouté.
— D’accord, ai-je dit.
Elle m’a jetée un regard grave.
— Si tu le dis, a-t-elle prévenu, je te tuerai.
J’ai ouvert la bouche, un peu surprise. Pourquoi est-ce que je n’avais jamais pensé à ça ? Il y a plein de personnes à qui je n’osais pas dire que j’étais une demi-démone, parce que ça devait rester secret et qu’on ne pouvait pas toujours faire confiance aux gens pour garder un secret.
— Je suis trans, a dit Cameron.
— Ah, ai-je dit en tentant de masquer mon dépit.
Je n’ai rien contre les personnes trans, notez. Seulement, vu le buildup, je m’attendais à quelque chose d’un peu plus extraordinaire.
Évidemment, c’est de la fiction, et même si mes personnages sont assez barrés, il n’est pas certain que Cameron mettrait ses menaces à exécution. Je ne vais matériellement pas vous tuer si vous dites que je suis trans après avoir lu ce billet. Ce qui est plutôt bien, parce que ça aurait voulu dire que j’aurais dû massacrer un certain nombre de personnes que j’aime bien et que, dans la vie réelle, régler les choses comme ça est rarement une solution satisfaisante.
Mais quand même, c’est là que j’en reviens avec mon problème avec la notion de Ownvoices quand on parle de questions LGBT. Ça implique de savoir que la personne est « concernée ». Et parfois c’est juste dire qu’elle est concernée par le spectre LGBTQIA++, le parapluie queer, ce qui laisse une marge de manœuvre correcte. Et parfois non, parce qu’on va présenter des œuvres qui parlent explicitement de thématiques trans, et mettre en avant des livres écrits par des personnes trans.
Et du coup, régulièrement, j’ai ce coup dans le ventre paradoxal : il y a quelqu’un que j’apprécie souvent (parce qu’on se suit souvent sur les réseaux à défaut de toujours se connaître en vrai), qui a non seulement apprécié mon livre mais en fait la promo, ce qui en temps qu’écrivaine auto-éditée est un peu les moments de joie que tu recherches, parce que ça n’arrive pas si souvent qu’on parle de tes livres. Et, en même temps, cette personne vient de m’outer. Cette personne vient de poser à ma place les mots sur mon statut, les mots que je n’arrive pas à mettre moi-même lorsque je parle de moi, et je me sens pas bien, assignée malgré moi, dépossédée et confrontée à mes problèmes que je pensais avoir mis sous le tapis.
Dilemme existentiel et dualité
Et en même temps, je ne me sens pas légitime à râler. C’est moi qui l’ai cherché, quelque part. J’ai écrit un bouquin qui s’appelle Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), qui pour le meilleur ou le (vam)pire, parle aussi à des gens, résonne aussi avec leur vécu et, quelque part, il y a une sorte de dualité entre la Lizzie Crowdagger trans fière et assumée que ces personnes peuvent s’imaginer, et ont peut être besoin de s’imaginer en lisant le bouquin, et la personne, juste moi, débarassée de ses artifices fictionnels, qui a juste l’impression d’être merdique, sans dagues ni plumes noires.
Et le pseudonyme, Crowdagger, est sans doute le point culminant de ce paradoxe : même si pas grand monde ne le sait en France, c’est une référence à un terme qui avait été inventé, puis rapidement oublié, pour désigner et visibiliser les meufs trans butches.
Bref, à ce stade, j’espère que vous aurez compris que je n’écris pas ça pour régler des comptes, pour que les personnes qui m’ont visibilisée comme trans pour parler de mes livres se sentent mal (ou pour que vous alliez les embêter !). Il y a clairement un truc très personnel que je n’arrive pas à régler.
Ne plus être Crowdagger ?
Mais c’est un vrai problème. Plusieurs fois, j’ai hésité à me débarasser de ce pseudo, à partir sur autre chose. Dans la saison 1 de La chair & le sang, j’ai volontairement décidé de ne pas mettre le moindre début de personnage trans (même si je me suis quand même permise un quiproquo douteux à un moment) en me disant, que peut-être, je pourrais arrêter de trop mettre en avant des personnages trans par la suite et qu’on oublierait un peu mes anciens textes.
J’ai aussi pensé aller plus loin, arrêter d’écrire des fictions centrées sur les thématiques LGBT (ok, plutôt le versant lesbiennes et meufs trans, mais il y a quelques cautions masculines de temps en temps), en me disant que ce serait plus facile.
Et soyons très claire : ça ne fait pas écho qu’à l’écriture de fictions, évidemment. C’est mon rapport à la vie, au fait d’être encore mégenrée parfois, que des gens à qui je n’avais jamais dit que j’étais trans parlent soudainement de ma transidentité dans une réunion politique, des agressions dans la rue, qui en vrai ont, heureusement, énormément diminué depuis pas mal d’années, ce qui explique peut-être que j’écrive des choses un peu moins « énervées » qu’à l’époque d’Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires).
Mais voilà, c’est aussi pour ça que j’ai autant de mal à écrire ces derniers temps, que depuis la saison 1 de La Chair & le sang je n’ai publié que des choses que j’avais dans les tiroirs, que la saison 2 prend autant de retard. Parce que, fondamentalement, je n’étais pas sûre d’avoir envie de continuer. Je n’avais pas sûre de vouloir encore être Lizzie Crowdagger.
Et puis, soyons honnête, comment je peux prétendre écrire des bouquins positifs ou quoi alors que je suis cette meuf qui a peur qu’on capte ce qu’elle est, qui veut rester cachée, et qui à chaque fois le vit super mal et a juste envie de se foutre en l’air ?
Et puis voilà, après avoir été au fond du trou de la dépression, être passée par les phases « je serais toujours un monstre », je me suis dit qu’écrire ce billet me permettrait peut-être de poser les mots sur ce malaise.
Je suis crowdagger
Et je pense que, petit à petit, douloureusement, avec des périodes d’avancées et de recul, j’en suis aussi venue à une période d’acceptation. Je ne serais sans doute jamais percue comme une meuf cis, et, c’est peut-être le plus triste et le plus dur à accepter, j’ai même laissé tomber l’idée d’essayer de convaincre l’essentiel de mes camarades, même les plus inclusif·ve·s, d’arrêter de cloisonner entre « meufs cis » et «meufs trans ». J’ai accepté que je n’avais pas envie de payer les coûts que ça engendrerait de vouloir « passer à 100% » ou je ne sais quoi que ce soit en faisant de la chirurgie dont je n’ai pas envie, en retravaillant ma voix ou ce genre de choses.
Tant pis. Peut-être que je continuerais à être vue comme un monstre. Pas forcément comme un monstre à éliminer à coups de caillasse, parfois plus, dans les cercles où je traîne, comme un monstre un peu cool et subversif.
Je crois que j’en suis au stade où il faut que j’accepte de vivre avec ça. Et peut-être chercher, moi-même, de la force dans mes propres bouquins et chez mes propres personnages. Parce que, pour paraphraser Despentes, j’écris de chez les monstres, pour les monstres, et il est peut être trop tard pour en changer.
Mais je me dis, je peux au moins essayer de poser mes mots à moi. Et je me rends compte, je n’arrive pas à me dire trans. Je n’ai pas envie de me dire trans. Y’a sans doute des raisons de transphobie intériorisée ou de misogynie intériorisée ou je sais pas quoi, et y’a sans doute d’autres raisons qui font que j’ai du mal, parfois à me retrouver dans ce terme, cette « communauté » ou je ne sais quoi. Il y a des rapports personnels et politiques aussi ; mais j’ai déjà assez parlé de mes tergiversations psychologiques et pour des discussions politiques internes à un groupe, un billet pour tout public qui partait au départ sur l’écriture n’est peut-être pas l’idéal.
Toujours est-il que j’ai déjà mon mot à moi, et depuis un moment. C’est crowdagger. Et ça, j’en reste assez fière. Et peut-être qu’il est temps que les gens qui connaissent mon pseudo savent ce qu’il veut dire. Oui, ça veut dire que je fais techniquement partie de la catégorie « meufs trans » mais aussi de la catégorie « butches », et bref, des crowdaggers.
Alors, ouais, peut-être que j’aurais pas dû prendre ce pseudo, en fait, parce que, même sans être très connue, le nom d’origine l’est encore tellement moins que, en France en tout cas, « crowdagger » est sans doute plus connu comme mon pseudonyme que comme le terme obscur communautaire qu’il désignait à la base.
La conclusion de tout ça
Bref, tout ça pour dire quoi ?
Déjà, à titre tout à fait égoïste, j’espère que ce billet m’aura permis de me décoincer un peu, de sortir du trou et d’assumer que ouais, je suis queer, j’écris des trucs queers et que je suis un peu vieille pour devenir normale. je ne sais pas si ça me débloquera vraiment pour l’écriture, mais on peut toujours croiser les doigts.
Ensuite, ben voilà, je suis une crowdagger et pas juste Lizzie Crowdagger, même si ce choix de pseudonyme va être vraiment pénible pour rendre ce genre de phrases clair. Je l’assume, et y compris que ça veut dire que, techniquement, je suis trans, même si je n’ai pas envie d’utiliser ce terme.
Pour finir, et pour revenir au point qui a ouvert tout ça, par rapport aux Ownvoices quand on parle de thématiques LGBT : je peux comprendre qu’on ait parfois besoin de dire à une personne « ça c’est un livre écrit par une personne trans/intersexe/lesbienne ». Mais si vous faites ça en public, s’il vous plaît, essayez quand même de pas outer ou réassigner les auteurs et les autrices. S’il y a un doute, dites juste qu’il y a un personnage trans, ou intersexe, ou non-binaire, ou lesbienne, ou séropo, qui est bien écrit, sans préciser si c’est forcément parce que l’auteur ou l’autrice est « concerné·e ».
En ce qui me concerne, si vous voulez absolument utilisez un terme auquel m’assigner (et, vraiment, ne vous sentez pas obligé·e de le faire, j’aimerais vraiment pouvoir arriver à un stade où on peut dire du bien de mes bouquins juste en parlant de mes bouquins et pas de ma vie), utilisez crowdagger. S’il est trop compliqué à expliquer, vous pouvez juste ne rien dire, mais voilà, c’est ça mon identité.
May 9, 2020
Mes deux cents sur Streets of Rage 4 et sa narration
À la base, je n’avais pas spécialement prévu de publier de « critiques » sur ce blog, parce que j’ai rarement des choses très pertinentes à dire, mais là il se trouvait que j’avais quelques idées que j’avais envie de coucher sur papier à propos d’une œuvre qu’on pourrait qualifier de relevant des domaines de l’imaginaire, puisqu’il s’agit de… Streets of Rage 4. Oui, c’est un jeu vidéo. De bagarre.
Alors, il ne s’agira en fait pas d’une vraie critique à proprement parler, parce qu’une vraie critique doit savoir éviter de partir dans « comment j’aurais fait moi », et c’est à peu près exactement ce que je vais faire en me consacrant sur le scénario de ce jeu, pas pour donner des leçons mais juste pour poser quelques idées, au cas où ça intéresserait des gens et parce que moi en tout cas je m’intéresse en ce moment à l’écriture de/dans les jeux vidéos.
Streets of Rage 4Streets of Rage est à la base une série de trois jeux vidéo sortis sur Megadrive (ou Genesis) au début des années 1990. Il s’agit d’un beat’em all, c’est-à-dire d’un jeu où, seul ou à deux, on va parcourir les rues, bateaux, bars et autres grattes-ciels en tabassant tous les ennemis sur notre chemins, à mains nues (le nom du jeu au Japon est d’ailleurs Bare Knuckles). Considérée comme une des meilleures séries dans ce genre, il n’y a pourtant pas eu de nouveau jeu de cette licence en 25 ans, jusqu’à ce que ce que les studios français et canadiens de DotEmu, LizardCube et GuardCrush s’unissent pour nous proposer un nouvel épisode avec la bénédiction de Sega.
Sur l’aspect gameplay, je ne me prononcerai pas parce que je ne suis pas experte dans ce domaine. Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai acheté le jeu parce qu’il ne coûtait que 25€ en pensant faire deux ou trois parties et le ressortir éventuellement si j’avais des potes, et qu’au lieu de ça j’ai passé vraiment beaucoup trop de temps ces derniers jours à faire et à refaire tous les niveaux de ce jeu que je trouve beaucoup trop addictif.
Le scénario d’un beat’em all ?
Mais ce dont je voulais parler, c’est à mon avis la seule chose que je considère un peu faible dans ce jeu, c’est-à-dire le scénario, et plus spécifiquement la narration à proprement parler via les cinématiques et les dialogues. Entendons-nous bien : dans ce genre de jeu, ce n’est pas le plus important. On peut même dire que c’est assez anecdotique, et à l’époque des années 1990 il y avait juste un peu de texte sur l’écran titre ou dans la notice et ça suffisait très bien. Je ne veux pas dire qu’il faudrait plein de scènes cinématiques en plus, cent mille lignes de dialogues ou un mode RPG.
Un aspect intéressant de ce genre de jeu, c’est d’ailleurs que l’histoire passe aussi par d’autres biais, que ce soit le design et l’animation des personnages, l’évolution des décors qu’on parcourt et des ennemis qu’on affronte, de la musique (qui s’adapte ici en fonction de ce qui se passe à l’écran), etc. Donc la partie sur laquelle je me concentre ici est finalement assez accessoire.
Cela dit la question, c’est à quoi peut servir la narration (au sens défini avant : cinématiques, textes et dialogues uniquement) dans ce genre de jeu. Et je vois quand même plusieurs choses :
Servir de prétexte pour justifier qu’on va se balader dans toute la ville en tabassant à peu près tout les gens qu’on croise avec tout ce qui nous tombe sous la main.
Renforcer le lien avec les personnages. Dans ce type de jeu, les personnages sont super importants, il y a un sentiment jouissif à les incarner, il y a un style différent qui passe assez peu par le scénario et beaucoup plus par le gameplay et le le design, mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut rien faire à ce niveau.
Donner le ton du jeu (pour l’intro). En l’occurrence je trouve que Streets of Rage c’est de la « violence bon enfant » : il n’y a pas de sang, encore moins d’éviscérations à la Mortal Kombat, on devient potes avec un certain nombre d’adeversaires qu’on affronte, on est plus dans un truc limite cartoon ou manga et ce n’est pas un jeu qui se prend forcément très au sérieux.
Donner une récompense au joueur (pour la fin). Quand t’as galéré à enfin finir le jeu, ça peut être cool d’être récompensée par un truc un peu sympa et marquant. Par exemple, le scénario de Street Fighter 2 est à peu près inexistant mais je conserve des souvenir de la première fois où j’ai réussi à finir le jeu (avec un certain niveau de difficulté il me semble ?) et à voir deux lignes de texte et une image de Zangief dansant avec Gorbatchev.
Mes idées
Pour ce qui est de ce que j’en pense, ce que le jeu arrive bien à faire ou pas et ce que je pourrais envisager pour un jeu de ce genre :
Sur le premier point, le jeu donne un prétexte pour l’affrontement, mais pas vraiment pour le fait qu’a peu près tous les gens qu’on va croiser seront des ennemis. Ce n’est pas très grave parce que c’est le présupposé de ce genre de jeux, mais je pense qu’en partant sur quelque chose à la John Wick 2, où le protagoniste a sa tête mise à prix maximum et tout le milieu de l’underworld qui veut sa peau, ça pourrait justifier intradiégétiquement que les personnages ne puissent pas faire trois pas dans la rue sans tomber sur quelqu’un qui veut les taper. On pourrait envisager un « stage zéro », qui pourrait aussi servir de tutoriel (un autre point sur lequel ce jeu pêche peut-être un peu) avec quelques adversaires de base qui admettraient ensuite travailler pour les méchants (Mr et Ms Y), éventuellement une menace par téléphone « je viens te chercher / je vais mettre ta tête à prix » et qui pourrait présenter les choses de manière un peu plus dynamique.
Pour le lien avec les personnages, je trouve vraiment dommage que le scénario soit exactement le même quelque soit le personnage qu’on joue. Je comprends évidemment les contraintes en termes de budgets et de temps (il s’agit de petites équipes), mais il me semble que juste quelques lignes à certains endroits qui dépendraient du personnage, avec quelques répliques cools qui permettent de renforcer le caractère de chacun, ça ne coûterait pas forcément grand chose en plus et ça pourrait être sympathique.
Une autre approche qui demanderait plus de temps et qui est faite dans pas mal de jeux c’est l’insertion de répliques contextuelles dans le jeu, prononcées par les personnages. Cela dit, si je trouve que ça peut être très sympathique, ça peut aussi être casse-gueule quand tu as l’impression d’entendre les mêmes deux ou trois phrases en boucle.
Pour l’intro, je trouve qu’elle réussit pour le coup à très bien donner le ton du jeu, à la fois par le design graphique, par le fait que ça reprenne les codes des anciens Streets of Rage et que ça s’inscrit vraiment dans une suite presque directe. (Même si, comme dit au-dessus, l’allonger d’un stage tutoriel qu’on peut passer ne me semblerait pas indigeste).
En revanche, je trouve la fin un peu frustrante, parce qu’une fois le dernier boss vaincu, on arrive directement sur les crédits, qui incluent certes quelques images (mais là encore, toujours les mêmes). Il ne s’agit évidemment pas d’avoir une heure de cinématique, mais juste un petit texte de fin et une image adaptée au personnage qui peut revenir chez lui, je trouve que ça donne un côté un peu sympa. Par exemple, depuis le premier Streets of Rage il est spécifié qu’Adam a pour hobby les bonzais, est-ce que ça ne serait pas trop bien de le voir s’occuper de ses bonzais à la fin du jeu ? Après, dans les faits, il y a d’autres mécanismes de récompense : débloquer certains vieux personnages, obtenir un certain rang, débloquer un trophée, etc., mais ce petit truc en plus ne ferait pas de mal.
Évidemment, les quelques points de critique que j’ai pu faire sont très mineures, d’autant plus que cet aspect reste vraiment un point peu important pour ce genre de jeu et qu’on finit toujours par passer au bout de quelques parties parce que, soyons honnête, on est là pour jouer, pas pour niaiser. Mais c’est justement ça que je trouve intéressant : au départ j’avais prévu un billet du genre à propos de Final Fantasy 7 Remake, mais ça n’avait pas grand intérêt parce qu’au final c’est très proche d’un scénario de roman de fantasy et des questions que je peux me poser en écrivant des romans. En revanche, je trouve raffraichissant de me demander ce que je pourrais faire en termes d’écriture si je travaillais sur un jeu où justement le scénario en lui-même est plutôt périphérique.
Et sinon…
Vous pouvez retrouver mes textes de fiction sur mon site. Pour être au courant de mes dernières parutions, n’hésitez pas à vous abonner à ma newsletter (faible trafic, pas plus d’un message par mois). Pour me permettre de pouvoir continuer à diffuser des textes et éventuellement pourquoi pas de m’aventurer un jour vers l’aspect vidéoludique, vous pouvez me soutenir sur Tipeee à partir d’1€ par mois, ce qui vous donnera accès à mes prochaines œuvres de fiction en avant-première.
Post-scriptum
Au cas où des développeurs liraient ce billet (puisqu’ils sont francophones et ont l’air de regarder un peu les retours sur leur jeu) : vous pouvez ignorer à peu près tout mon avis sur la narration (dont on se fiche assez) mais, par contre, Estel jouable ce serait vraiment cool.
March 23, 2020
Police des courses — Journal de confinement (avec une vampire), jour 7
Aujourd’hui, je suis retournée faire quelques courses. Ouais, désolée, j’y vais trop souvent, mais le voisin a décidé de se remettre à la guitare sèche alors c’était ça ou avoir un contact physique, fortement rapproché et de grosse intensité.
Au supermarché, on nous laissait rentrer au compte-gouttes. Résultat, il a fallu faire la queue pendant près d’une heure. Je ne me plains pas, notez, quitte à faire une sortie du jour, ça m’a permis de profité un peu du soleil en fumant des clopes. D’habitude, je n’assume pas trop de fumer des clopes en faisant la queue, même dehors, rapport aux gens qui supportent pas la fumée, mais avec les nouvelles normes de distanciation sociale on peut le faire, alors c’est cool.
Après, j’ai fait les courses, rien de transcendant à raconter. Passée à la caisse. Le caissier était censé être protégé par du cellophane étendu à l’arrache. Je suis restée sceptique devant l’efficacité de la chose, mais bon, être sceptique, ça désinfecte, je suppose, donc c’est toujours ça de pris. Au moins, il disait à la cliente précédente qu’il avait reçu un masque aujourd’hui. Je ne sais pas pourquoi il tient à en avoir un, vu que le gouvernement nous répète que ça ne sert à rien si on est pas médecin.
Bref, j’ai pris mes courses et je me suis dirigée vers ma moto pour rentrer. Alors que je passais le coin du supermarché, oh oh, problème, il y avait des flics qui vérifiaient les attestations. J’avais mon attestation, hein, notez, je suis une fille sérieuse. Mais j’ai jeté un coup d’œil à mon cabas, et je me suis dit que la police des courses n’allait pas apprécier d’y voir un pack de Coca et deux paquets de chips.
Merde, merde, merde.
J’ai repensé à la vidéo que j’avais vue sur Internet de la nana qui se faisait admonester parce qu’elle avait le même genre de courses que moi. Est-ce qu’elle avait fini par se bouffer une amende de 135 € pour ça ? Je ne savais plus, mais j’étais sure de n’avoir aucune envie de m’en prendre une.
Heureusement, pour l’instant, les policiers me tournaient le dos. Je suis donc passée en faisant le moins de bruit possible et je me suis planquée en m’agenouillant derrière une voiture. J’ai pu, comme ça, passer à côté d’eux en passant furtivement de voiture en voiture, mais j’ai rapidement arrêté de pouvoir avancer comme cela.
Les trois flics en uniforme étaient placés juste à côté de ma moto.
Que faire ? J’ai réfléchi rapidement, et j’en ai conclu à la solution logique que j’avais déjà pratiquée un certain nombre de fois. J’ai repéré un gros caillou et je l’ai saisi dans ma main. Le plan était simple : le lancer suffisamment loin mais pas trop pour que ça fasse du bruit et qu’ils aillent examiner le coin, me laissant monter sur ma bécane et décarrer d’ici.
Ça a bien marché. Trop bien, même. La caillasse a atterri sur le pare-brise d’une bagnole, le fracassant à moitié et déclenchant l’alarme. Oups. Au moins, ça a marché. Les policiers se sont tournés vers l’origine du bruit, et deux d’entre eux se sont dirigés vers la voiture pour voir ce qu’il se passait.
Malheureusement, le troisième était moins discipliné et était en train de s’allumer une cigarette, l’air vaguement amusé de la scène, et toujours à deux pas de ma moto. Damn it. Il allait falloir passer à l’étape supérieure.
Je me suis approché à pas de loup derrière le policier fumeur, tandis que ses collègues arrivaient près de la voiture.
— Hein ? a-t-il fait alors que j’arrivais derrière lui.
C’était trop tard. J’avais placé mon bras droit de façon à serrer son cou avec mon coude (dans lequel j’avais toussé, vraiment désolée), et je tirais sur mon bras droit avec mon gauche, de façon à accentuer la pression.
— Ne résiste pas, ai-je dit d’une voix douce alors qu’il s’affaissait.
Alors qu’il gisait par terre et que ses collègues examinaient la voiture dont l’alarme sonnait, j’ai démarré ma moto sans prendre le temps de mettre les courses dans la sacoche, me contentant de garder le cabas à mon coude. Ensuite, j’ai démarré et fui aussi vite que je pouvais.
Ouf. Misison accomplie.
***
Quelques minutes plus tard, je m’installais sur le canapé à côté de Rouge, un verre de Coca à la main et des chips sur la table basse.
— Ça s’est bien passé, les courses ? a-t-elle demandé.
— Un peu de queue, mais rien à signaler.
March 22, 2020
Journal de confinement (avec une vampire) — Sixième jour
Wesh journal. Quelques petites nouvelles du jour, pour la postérité.
La situation interne de notre couple s’est stabilisée. Animal Crossing a vraiment fait du bien à Rouge, et on est repassées sur une situation comme ça devrait l’être, d’entraide et de soutien mutuel plutôt que d’énervement réciproque.
On s’est même fait un peu des câlins hier soir. J’ai quand même porté un masque et des gants, au cas où. D’accord, ce n’était pas pour réduire le risque de contamination au sein de notre couple, mais plutôt le signe que cette pandémie a au moins eu le mérite de réveiller quelques fétiches.
Sinon, on pourrait croire que tout va bien, mais un nouveau problème a surgi. Les putains de piafs. Sérieusement, je n’en peux plus. On n’entend qu’eux. Piou piou piou et gnagnagna. L’angoisse.
Et le pire, c’est que sur les réseaux sociaux, tous les connards de hippies sont en mode « c’est fabuleux, on entend les petits zozios et plus de bruits de moteurs ». Allez mourir, je veux pouvoir réentendre la douce symphonie de moteurs à grosse cylindrée qui se tirent la bourre dans les rues. En plus, les rues sont vides, ce serait le bon moment pour se tirer la bourre sans mettre personne en danger.
Et je ne parle même pas des connards malthusianistes à tendance eugéniste qui trouvent que cette pandémie est géniale parce que la nature reprend ces droits et tant pis si quelques centaines de milliers de « faibles » meurent dans le processus. Purée, même moi qui suis misanthrope j’arrive à ne pas être autant une trouduc, canalisez-vous.
Quand on pourra ressortir, il y aura des coups de tondeuse à passer, mais pour l’instant, je ronge mon frein. En attendant, j’essaie au moins de prévoir une stratégie pour les piafs. Je me disais que je pourrais leur tirer dessus au pistolet à billes, mais je n’ai pas de pistolet à billes, juste du 9mm qui parait tout de même un peu excessif. Aux prochaines courses, je prendrai peut-être du gros sel pour faire des munitions custom mais raisonnablement non létales pour les faire dégager.
Mais je devrais peut-être garder ma poudre pour les cas plus dangereux. Comme on nous le répète, ce n’est que le début, et la situation va s’aggraver. J’ai déjà vu des images de canards qui se promenaient dans Paris, j’espère qu’ils ne vont pas s’approcher de chez nous. Je peux pas blairer les canards, c’est vraiment des saloperies.
March 21, 2020
Journal de confinement (avec une vampire) — Cinquième jour
Bonjour cher journal. Je ne sais pas comment je dois m’adresser à toi, ça fait ridicule, non, de dire « bonjour cher journal » ? Bref.
À la maison, la situation s’est améliorée depuis hier et la sortie d’Animal Crossing. Rouge arrive à ne plus faire les quatre cents pas dans l’appartement et est partie explorer son île. Elle me bassine avec les pommes et sa canne à pêche, mais c’est plus habituel et tout à fait supportable. Moi, je suis allée buter des démons à Doom Eternal pour passer un peu le temps.
J’ai même tenté de faire comme les jeunes et de streamer un peu. Je ne sais pas comment on mate le chat en jouant et comment on fait pour voir combien de gens nous regardent jouer, mais il devait y en avoir un certain nombre, parce qu’hier soir, à ma grande surprise, quand j’ai fait un glory kill stylé sur un baron de l’Enfer tous les voisins se sont mis à applaudir. Pour un début je suppose que ce n’est pas trop mal.
Sinon, je suis allée faire quelques petites courses ce matin, enfin à onze heures, il ne faut pas déconner. J’ai été très surprise de voir les regards que les gens continuent à porter à mon masque et à mes gants. Ça me parait pourtant la base pour éviter les contaminations, non ?
D’accord, c’est peut être aussi parce que j’avais ressorti mon masque avec une tête de mort sur le bas de visage et mes gants coqués, mais bon, il faut bien que je fasse prendre un peu l’air à mon attirail de manif, parce que c’est mal parti pour qu’il y en ait une autre avant un moment.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Je vais retourner buter des démons, ce n’est pas comme si j’avais grand chose d’autre à faire.
March 19, 2020
Journal de confinement (avec une vampire) — Troisième jour
Salut tout le monde, ou les gens qui liront ça un jour. Je m’appelle Bull, et ceci est le témoignage poignant que je veux offrir aux générations futures sur la situation que nous vivons en ce moment. Bon, d’accord, c’est surtout que je m’ennuie à mourir.
Aujourd’hui, c’est le troisième jour que nous sommes confinées, et je commence à me demander si je vais survivre à cette épidémie. Oh, je ne pense pas mourir de la maladie. D’accord, j’ai quelques critères de risques : fumer, obésité, hypertension. Mais c’est surtout que j’ai peur de finir par me défenestrer.
Il y a trois jours, après les annonces de notre président, j’ai eu un échange téléphonique avec ma daronne. Elle m’a proposé de prendre ma moto, quitter Lille, et aller la rejoindre à la campagne. J’ai refusé, évidemment. Trop bonne, trop conne. Pas envie de la mettre en danger. Pas envie de faire comme ces parigots tête de veau partis dans leur résidence secondaire.
Résultat, je vis maintenant cloitrée avec Rouge. Rouge, c’est ma meuf, et c’est aussi une vampire, ce qui pourrait laisser supposer qu’elle n’est pas obligée de rester confinée. Mais elle reste quand même dans l’appartement, à faire des allers-retours dans le salon pendant que j’essaie désespérément de faire autre chose. On a fini par un peu s’engueuler.
— Bordel, lui ai-je dit, tu ne veux pas t’arrêter ?
— Non, il faut faire un peu d’activité physique.
J’ai tenté de lui expliquer que, moi, oui, je devrais faire de l’activité physique, mon médecin n’arrête pas de me le répéter. Ce coup-ci, au moins, j’aurais une bonne excuse pour ne pas être sortie faire du vélo. Mais ça, c’est parce que je suis une humaine, et par ailleurs avec de certains problèmes de poids. Les vampires, eux, peuvent rester à faire la sieste pendant des putains de siècles et se réveiller frais et dispos, sans la moindre perte de masse musculaire. Enfin, quelque chose comme c’est.
— D’accord, a admis Rouge. C’est pour me calmer les nerfs.
— Tu ne calmes pas les miens !
— Désolée, a-t-elle dit.
Ensuite, elle s’est assise cinq minutes en pianotant sur son ordinateur portable. Après quoi, elle s’est relevée et s’est mise à faire des allers-retours.
— Nom de Dieu ! ai-je râlé. Tu ne veux pas aller marcher dehors ?
— On est en confinement.
— Tu es une putain de vampire ! Tu crois quoi, que tu vas tomber malade ?
Elle a haussé les épaules.
— On ne connait rien de ce virus. Et puis, les vampires peuvent parfois être porteurs sains. Ils ont été un grand vecteur de contagion pendant la peste noire.
— N’importe quoi, c’est des trucs de complotistes ! Ça a été débunké un milliard de fois, ces conneries.
J’avais appris ça au début de notre relation. Je voulais être sure de ne pas faire de conneries avec mon amante et je m’étais renseignée un peu sur les vampires. J’avais fini par regarder beaucoup trop de vidéos sur le sujet, notamment celles de vulgarisateurs qui pouvaient montrer qu’ils avaient un gros cerveau en montrant à quel point la théorie pondue par un survivaliste lunatique fréquentant 4chan était infondée. Ce qui, je suppose, était mieux que de ne regarder que les vidéos de survivalistes lunatiques fréquentant 4chan comme ma copine.
— Dans tous les cas, a-t-elle dit, il vaut mieux appliquer le principe de précaution. Je ne veux pas prendre le risque de propager la maladie.
— Tu ne la propages pas non plus si tu restes immobile, ai-je répliqué.
Elle a entendu le message, et est retournée sur son ordinateur portable. Cette fois-ci, elle a tenu un bon quart d’heure avant de se relever et de se remettre à faire les quatre cents pas dans le salon. Je ne sais pas cette fille angoisse tellement. Si j’étais une vampire, je ne me soucierais pas d’une épidémie qui touche les pathétiques mortels.
Mais, pour l’heure, je ne suis qu’une pathétique mortelle qui se dit que, si ce confinement dure, elle risque de péter une durite.
March 1, 2020
Sortie de La sorcellerie est un sport de combat
La sorcellerie est un sport de combat est sorti ! Ce roman est disponible en version numérique (ebook) à prix libre sur mon site, et à 2,99€ sur la plupart des plate-formes comme Amazon, Kobo, etc. Une version papier (livre broché) est également disponible pour 19€ et peut être commandée sur Amazon ou dans la librairie de votre choix.
Plongez dès maintenant dans ces tribulations de lesbiennes hooligans face à un sorcier nazi !
Quatrième de couverture
Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à émerger et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. Elles sont prêtes à les recevoir.
À une époque, Razor était une sorcière, mais elle se tient maintenant aussi loin que possible de tout ce qui relève du surnaturel. Elle n’aspire qu’à boire des coups avec ses copines lesbiennes en écoutant de la musique et en tâchant de vivre avec ses problèmes d’anxiété.
Lorsqu’une nana qu’elle a rencontrée en soirée a non seulement le mauvais gout de se faire sauvagement trucider, mais aussi celui de se relever d’entre les morts sans le moindre souvenir, Razor, embêtée, se retrouve bien obligée de lui proposer son aide.
Devoir baby-sitter une toute nouvelle vampire n’est pas ce qu’elle avait prévu mais reste dans ses cordes. Ce qui l’inquiète plus, c’est que les assassins risquent bien de vouloir finir leur travail.
Razor va devoir, à nouveau, faire appel à ses connaissances occultes et enfiler ses bottes de combat. Elle est, cependant, loin de se douter que l’ennemi auquel elle devra faire face, en plus de sortir des heures les plus sombres de l’histoire, a des comptes touts personnels à régler avec elle.
Heureusement, Razor n’est pas seule, et elle pourra compter sur le soutien de ses amies qui, à défaut d’avoir beaucoup d’expertise en tueurs surnaturels, sauront au moins faire preuve d’enthousiasme face à l’adversité.
« Au pire, il n’y aura qu’à se rabattre sur des vieux slogans : mieux vaut une seconde debout que toute une vie à genoux, vivre libre ou mourir, et autres conneries dans le genre. »
Pour vous faire un avisPour vous faire une idée d’à quoi ça ressemble, un extrait (contenant les deux premiers chapitres) est disponible gratuitement,
Sinon, certain·e·s blogueuses et blogueurs ont eu l’amabilité de faire des critiques de ce livre, vous pouvez en consulter certaines sur :
Blog à part
Le monde de K6
February 17, 2020
Infos diverses
Bon, ça y est, j’ai déjà un peu raté ma bonne résolution 2020 de tenir ce blog un peu plus à jour…
Voici cependant, pour compenser un peu les billets que je n’ai pas écrits, quelques infos diverses :
Interview sur le site Plumes au vent
J’ai eu le plaisir de répondre à quelques questions pour le site Plumes au vent. Vous pouvez retrouver toute l’interview ici.
Celsius 1312
Comme vous l’aviez peut-être remarqué dans un précédent billet de blog, les commentaires de gens qui sacralisent le livre pour dénoncer les enseignants qui jetaient des manuels scolaires m’avaient un poil soulée. Ça m’a donné l’inspiration pour écrire une courte nouvelle de science-fiction, Celsius 1312.
La sorcellerie est un sport de combat
Je devrais normalement faire un autre billet plus détaillé dans les prochains jours, mais La sorcellerie est un sport de combat (pré-publié sur Tipeee comme saison 1 de Lacets rouges & magie noire, même si le format saison a un peu disparu) sortira enfin officiellement début mars. Vous pouvez retrouver toutes les informations sur la page dédiée sur mon site.
January 28, 2020
Cinq astuces pour avoir une langue fictive dans votre roman sans vous embêter à créer une langue fictive

Le saviez-vous ? JRR Tolkien lui-même
a commencé en griffonant des lettres
au pif et en faisant des blagues pour
inventer des mots, avant de créer des
justifications à postériori pour faire
sérieux et se la péter[réf. nécessaire].
Imaginons que vous écriviez un roman de fantasy ou de science-fiction, et qu’à un moment vos protagonistes rencontrent une peuplade étrangère. Quoi de mieux que de mettre une langue fictive pour augmenter le sentiment d’immersion ? Oui, mais voilà, vous avez autre chose à faire que de vous enquiquiner à inventer une nouvelle langue à partir de rien.
Ça tombe bien, dans cet article, je vais vous donner mes meilleures astuces pour faire croire que vous avez fait ce boulot !
Astuce #1 : ne pas mettre de langue fictive
Commençons par la méthode la plus simple : vous raviser, et ne tout simplement pas mettre de langue fictive. Pas de mots inventés, rien. Certes, ça peut être compliqué dans certains cas, mais pour le roman, en général on peut toujours se débrouiller dans mettre le moindre mot étranger (fictif ou pas) dans son texte. Après tout, soit les personnages parlent et comprennent la langue, et ça n’a donc pas forcément de sens de rendre un passage incompréhensible pour le lecteur ; soit ils ne la parlent pas, et il suffit de dire qu’ils ne comprennent pas ce qui est dit, qu’un autre personnage prononce un mot inconnu, etc.
Certes, on perd peut-être un peu d’immersion, et surtout vous perdez beaucoup de street-cred de vrai écrivain de fantasy si vous faites ça (pour peu que vous n’ayez pas mis de carte au début du livre, c’est la cata), mais ça reste une possibliité.
Astuce #2 : le rot13
Le principe du rot13 est de décaler toutes les lettres de l’alphabet de treize positions : A devient donc N, B devient O, etc. Vous pouvez coder/décoder en ligne sur beaucoup de sites, dont rot13.com. Ça ne marche pas forcément bien pour tous les types de langues, mais typiquement pour une incantation démoniaque ou ce genre de choses, ça donne un résultat qui ne marche pas trop mal. Par exemple, si vous tapez « Je mangerais bien des frites », vous obtiendrez :
Wr znatrenvf ovra qrf sevgrf
Bon, si on laisse tel quel, ce n’est pas forcément génial, mais vous pouvez toujours arranger un peu manuellement pour que ce soit un peu plus convaincant. Par exemple :
War znatrenv’f ovra qu’rf sevgrf!
Astuce #3 : écrire les mots à l’envers
Une autre astuce, si vous voulez simplement avoir quelques mots d’une langue étrangère fictive, c’est juste de prendre des mots et de les écrire à l’envers. Par exemple, pelleteuse deviendra esuetellep. Là encore, on peut faire un peu d’arrangement à la main pour qu ça rende un peu mieux.
DISCLAIMER : LES DEUX CONSEILS PRÉCÉDENTS SONT BIEN ÉVIDEMMENT IRONIQUES. N’IMPORTE QUEL ÉCRIVAIN QUI SE RESPECTE UN MINIMUM N’UTILISERAIT JAMAIS DES PROCÉDÉS AUSSI CHEAPS. EN PARTICULIER, LES PHRASES ET MOTS DE LANGUES ÉTRANGÈRES FICTIVES APPARAISSANT DANS PAS TOUT À FAIT DES HOMMES ONT ÉTÉ CONSTRUITES À PARTIR D’ANALYSES LINGUISTIQUES RIGOUREUSES ET CERTAINEMENT PAS EN UTIILISANT DE MÉTHODES AUSSI FEIGNANTES.
Astuce #4 : utiliser une langue réelle
Une autre méthode assez simple est, bien évidemment, d’utiliser une langue réelle. Pour des incantations ésotériques, le latin reste par exemple une valeur sûre. Un petit coup de Google Translate, et c’est marre. Ça peut aussi marcher pour des langues vivantes, d’autant plus quand vous vous inspirez déjà un peu d’un pays existant. Par exemple, dans Discworld de Terry Pratchett, les gens de Quirm parlent français. Évidemment, si vous avez un ton plus sérieux, il y a des chances que les gens viennent un peu pinailler et vous risquez, là-aussi, de perdre de la street-cred de vrai écrivain de fantasy, donc c’est à manier avec précaution. Oh, et aussi parce qu’on peut assez vite tomber dans des clichés racistes que vous allez avoir plus de mal à passer sous le tapis en disant « ah ah, non, mon peuple très clairement inspiré d’une culture existante est purement fictif et n’a rien à voir avec celle-ci, je ne sais pas ce que vous vous imaginez ! ».
Sinon, vous aussi pouvez aussi utiliser une langue construite, comme cette bande dessinée dont je ne me rappelle plus le nom qui a des démons qui parlent en espéranto.
Astuce #5 : utiliser une autre langue fictive
Mais quitte à utiliser une langue construite, pourquoi ne pas partir sur une langue fictive existante, comme l’elfique de Tolkien, le klingon de Star Trek, le dothraki de Game of Thrones, ou encore le créole belter de The Expanse ?
Ah, oui, il y a peut-être les soucis de copyright. Ce qui pose la question : est-ce qu’on peut copyrighter une langue, même si elle est fictive ? Si ça vous intéresse, il y a une interview en anglais de David J Peterson (qui a notamment travaillé sur les langues de Game of Thrones) qui parle un peu de ce sujet, et évoque la position de la Language Creation Society. En gros : ça devrait (idéalement) pas être soumis à copyright, mais si t’as du succès et que t’attires l’attention des potentiels ayants droits tu risque quand même d’avoir des soucis.
Et sinon…
Vous pouvez retrouver mes textes de fiction (qui, bien sûr, sont travaillés avec beaucoup plus de sérieux) sur mon site. Pour être au courant de mes dernières parutions, n’hésitez pas à vous abonner à ma newsletter (faible trafic, pas plus d’un message par mois). Pour me permettre de pouvoir continuer à diffuser des textes et de très bons conseils d’écriture, vous pouvez me soutenir sur Tipeee à partir d’1€ par mois, ce qui vous donnera accès à mes prochains textes de fiction en avant-première.
January 17, 2020
Elle est choquée par les enseignants qui jettent leurs livres ; ses raisons vont vous surprendre !
Pour protester contre la réforme des retraites, des enseignants ont jeté des manuels scolaire, dans la foulée d’autres professions, comme les avocats qui avaient jeté leur robe. Si l’action a été contesté par un certain nombre d’internautes et d’intellectuels dénonçant l’affront et la désacralisation faite aux livres, c’est pour de toutes autres raisons que Lizzie C. s’offusque :
« Je ne comprends pas l’intérêt de faire grève si c’est pour faire du travail gratuit. Est-ce que moi je fais grève en donnant des cours gratuitement ? ».
Lizzie est en effet stress-testeuse de livres. Une profession nouvelle, mais auxquels les éditeurs recourent de plus en plus pour évaluer en amont la solidité de leurs ouvrages.
« On commence par brûler des livres, explique-t-elle, et ensuite on fait un rapport détaillé sur la manière dont le feu s’est propagé, les odeurs émises, si cela a émis des fumées toxiques. »
Ses prestation dépendent cependant des éditeurs : certains ne prennent que le forfait de base, qui n’assure que le minimum vital en terme de solidité.
« Le jet de livres, c’est nécessaire, mais ce n’est pas suffisant. Déjà, il faut le jeter correctement, éviter de l’envoyer à l’horizontal et fermé, mais s’assurer qu’il s’ouvre et que les pages volent dans tous les sens. Mais, honnêtement, à part ceux qui ont une reliure vraiment minable, ce n’est pas là qu’on détecte soucis de solidité. »
Lizzie ne travaille pas seule : elle est épaulée par son chat.
« Les pages d’un livre ne résistent jamais aux griffes d’un chat qui s’enthousiasme dessus, mais il y a d’autres facteurs. Il y a des odeurs qui sont plus ou moins attirantes, des couvertures qui résistent mieux à un chat qui se détartre les dents dessus. Et après, il y a les tests liquides. On pourrait croire que tous les livres sont égaux face à l’urine de félins, mais certains ont les pages qui collent plus, ou l’encre qui s’efface. D’autres ont les pages déjà jaunies de base et s’en tirent presque sans égratignure. À part l’odeur, pour laquelle on ne peut pas faire grand chose. »
Malheureusement, avec la multiplication du nombre de sorties et la diminution des ventes par titre, de plus en plus d’éditeurs rechignent à avancer l’argent pour s’assurer que leur livre passe les tests les plus poussés.
« Vous savez, l’image du type qui se fait tirer dessus et s’en sort parce qu’il avait une bible dans la poche ? Bon, déjà, la plupart des livres que j’ai eu l’occcasion de tester ne permettent pas d’arrêter un calibre comme le 9mm, même s’il y a des exceptions. Mais maintenant, les éditeurs ne s’embêtent même plus à vérifier ce genre de choses, au détriment de la sécurité de leurs lecteurs. »
La sécurité, c’est ce qui l’a poussée à quitter son ancien métier. Avant, Lizzie testait la sécurité des voitures, mais elle a eu des problèmes pendant la loi travail après l’incendie du véhicule d’un ouvrier au SMIC qui avait travaillé toute sa vie pour se payer une Porsche.
« Je trouve abusé qu’on dise que c’était de ma faute. Je n’ai fait que jeter un cocktail Molotov, pour tester. Je n’y suis pour rien si les flammes ont aussi bien pris. En vérité, ce type aurait dû me remercier de lui avoir montré que sa voiture était aussi peu ignifugée. »
Interrogée sur ce qu’elle pense des réactions hostiles à sa profession qui détruit des livres, Lizzie balaye les critiques d’un revers de la la main.
« Je ne comprends pas ces reproches. Pour moi aussi, le livre est sacré, une fois que je l’ai sacrifié. C’est la putain d’étymologie. »
À méditer…


