Sylvain Johnson's Blog, page 33

April 23, 2013

Les Racines Du Mal – Troisième Partie : Aigles D’acier.

Important :


« Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »



Hélicoptère


Réal Bonin.


Le Cantal, France


Adossé contre l’arbre au feuillage généreux, Réal ne voyait toujours rien de particulier devant lui. Le ciel obscur semblait refuser de lui livrer ses secrets les plus intimes. Contrarié, il constata alors que les sons se rapprochaient, étaient de plus en plus forts. L’opacité des ténèbres parut même vaciller devant lui, signaler un mouvement tout juste perceptible, lent et distant. Quelque chose s’approchait au-dessus des montagnes et il reconnut bientôt le battement régulier d’hélices dans l’air froid, lui révélant qu’il s’agissait d’un hélicoptère.


L’engin volait non seulement à basse altitude, ce qui était risqué dans cette région de pics, de montagnes et de collines, mais aussi sans la moindre lumière. C’était inhabituel, du moins pour des appareils commerciaux et privés. Seuls les militaires volaient de nuit sans signaler leur présence.


Il s’éloigna de l’arbre, faisant quelques pas en fixant l’obscurité du ciel. Ses chances de rencontres avec son loup étaient ruinées, le tumulte nocturne ferait fuir l’animal, le rendrait méfiant.


Depuis qu’il vivait sur cette montagne, c’était la première fois qu’il voyait des militaires, puisque l’armée française n’avait aucune base connue dans la région.


Que foutaient-ils ici, en pleine nuit? Est-ce qu’il s’agissait d’un exercice en montagne? Il en doutait et un malaise s’empara de lui lorsque le sol se mit à vibrer. L’appareil était si près qu’il fut impunément fouetté par des bourrasques et dût retenir son chapeau d’une main. Solidifier sa position en s’ancrant au sol à l’aide de ses jambes.


Il eut un mauvais pressentiment et qu’il n’aurait pas dût se trouver ici.


Sa pensée fut brusquement interrompue par de puissants phares qu’on allumait, des faisceaux qui l’aveuglèrent et lui firent prendre conscience à quel point l’hélicoptère s’était rapproché. La clarté était telle, qu’on se serait cru en plein jour.


Réal leva les bras afin de se protégea les yeux, le visage et il marcha maladroitement jusqu’à l’arbre, derrière lequel il trouva un bien piètre refuge. Le bruit de l’appareil était maintenant assourdissant, se répercutant sur la colline et les caps rocheux à proximité. Il n’était pas un expert en véhicule militaire, mais il avait reconnu le modèle de l’immense chose métallique qui avait fait son apparition. C’était un EC 725 Caracal de l’armée de l’air. Il avait eu la chance de grimper à bord d’un de ces bijoux volants, à Dijon quelques années plus tôt, lors d’une exposition sur les progrès de l’aviation.


Il prit une profonde inspiration, l’écorce rugueuse derrière lui frottant son manteau au rythme de ses mouvements, le vent caressant sa barbe et jouant avec ses cheveux emmêlés et rebelles. Il jeta ensuite un coup d’œil vers la chose menaçante. La peur n’avait pas réussi à déloger la curiosité qui l’animait. Il fut aveuglé par un brasier lumineux. Réal découvrit toutefois que l’appareil faisait du sur place, pointant son faisceau directement sur son emplacement.


Cela voulait donc dire qu’ils étaient venus pour lui? Qu’un engin militaire de l’armée avait été dépêché dans les montagnes de l’Auvergne, du Cantal, dans l’intention de le trouver?


Il n’aimait pas cela du tout, en fait, cela lui donna la trouille.


Réal perçut un son robotique, celui d’un appareil qui se déplace, qui se positionne. Moins d’une seconde plus tard, un tumulte sonore incroyable déchira la nuit, un gros calibre lançait ses projectiles de morts et de destructions. Tout autour de lui, alors qu’il tentait de se faire plus petit qu’il n’était, espérant la protection de l’arbre, des mottes de terre furent littéralement arrachées du sol, projetés en l’air. La pelouse était labourée avec acharnement. L’arbre gronda et vibra à son tour sous les percussions, des éclats de bois retombant en une bien étrange pluie.


La surprise remporta le premier prix dans ce concours des émotions ressenties qui venait de s’ouvrir. On lui tirait dessus! Sans avertissement, sans la moindre tentative de communication?


Il sut donc qu’ils étaient venus pour lui, sans intention de discuter, de le rencontrer. Ils le voulaient mort et employaient visiblement les grands moyens.


Refoulant une panique indésirable, Réal se jeta au sol, délaissant son sac qui ne l’intéressait plus. Le bouclier sylvestre dans son dos s’effritait avec une facilité déconcertante, résultat d’une technologie d’armement très avancée. Son immobilité fut peut-être la raison pour laquelle on cessa de tirer, il ne saurait le dire. Mais il profita de ce moment en se levant, s’éloignant de l’arbre tout en sprintant.


L’appareil bougeait, se déplaçait vers la gauche et il soupçonna qu’ils voulaient déterminer si la cible avait été atteinte. S’il avait été touché. Désolé mes cocos, mais ce ne sera pas aussi facile, je vous le promets.


Fonçant vers la droite, il quitta la zone illuminé par les phares, gardant l’arbre entre lui et les attaquants sans vergogne. La forêt à la dense végétation se profilait plus bas au pied de la colline. Une distance raisonnable, un refuge plus sombre que le ciel nocturne, difficile d’accès.


Il accéléra le pas, espérant atteindre les bois et la protection du toit de branches et de feuilles. L’hélicoptère deviendrait ainsi inutilisable, à moins qu’il ne soit équipé d’appareils de vision nocturne ou de gadgets du genre.


Il était en colère. Ils avaient le culot de venir chez lui, de troubler la paix de son sanctuaire naturel pour essayer de le tuer? Il avait vécu en harmonie dans le paysage, la flore et la faune durant deux ans, créant un univers paisible et une cohabitation parfaite entre l’homme et cette terre nourricière. Ils venaient tout bousiller avec leurs engins de mort. Ils allaient le lui payer.


L’hélicoptère fouillait toujours le sol, la base de l’arbre et la présence du sac à dos inerte lui fit gagner du temps. Une rafale de projectiles vint bousiller son équipement et il eut un pincement au cœur en pensant à la bouteille fracassée, au bon vin qui venait d’être gâché.


Il avait franchi la moitié du chemin quand il vit un deuxième véhicule similaire qui arrivait à l’est, cette fois illuminant la nuit sans peur de se faire repérer. Il jura, le visage figé dans un masque de colère.


Derrière lui, on avait réalisé qu’il ne se trouvait plus derrière l’arbre et l’hélicoptère prit de l’altitude, ce qui augmenta la superficie couverte par le faisceau. Il atteignit la forêt au moment où la luminosité artificielle se posait sur lui, dévoilant brièvement sa présence à l’aigle d’acier. Il se jeta derrière un arbre, reprenant son souffle, maudissant ces saloperies de clopes dont il ne pouvait pas se passer. Il s’était laissé aller dans les dernières années, vivait comme un ermite, écrivant, buvant, fumant et mangeant avec entrain. Les autres ne l’auraient pas reconnu.


Il jeta un coup d’œil vers le sommet qu’il avait préalablement occupé et vit que l’hélicoptère s’était rapproché, se tenait à faible altitude. Des cordes pendaient des ouvertures latérales de l’appareil, des soldats glissaient vers le sol avec une rapidité et une efficacité remarquable. Les cordes se balançaient sous le vent. Même à cette distance, Réal put voir que les uniformes des soldats n’étaient pas de l’armée française. Ils étaient tous vêtus de noir, sans insignes ou drapeaux.


Des mercenaires?


Soldats dans la forêt


Des coups de feu éclatèrent, les premiers militaires au sol tirèrent dans sa direction, la distance et la nuit réduisaient la précision. Il n’attendit pas la suite, se remit à courir sur plusieurs centaines de mètres, zigzaguant entre les arbres, sautant par-dessus les troncs morts, enjambant les petits cours d’eau. Il pouvait entendre les hommes lancés à sa poursuite et fut surpris lorsqu’il capta des jappements. On avait donc emmené des chiens? Il imaginait mal ces derniers glissés le long des cordes sous les hélicoptères. À moins qu’ils ne soient venus avec l’autre appareil, que ce dernier se soit posé. C’était plus plausible.


Son instinct de survie avait pris le dessus, il ignorait les besoins de son corps, les plaintes de ce dernier qui lui demandait de ralentir ou exigeait de l’eau.


Réal s’arrêta auprès d’un ruisseau d’une dizaine de mètres de large, couvert d’une eau écumeuse et au faible débit. Il s’approcha de la berge d’un pas plus lent, qui ne cadrait pas avec la fébrilité du moment. Même avec l’obscurité, on pouvait facilement apercevoir un amoncellement de feuilles et de branches mortes, qui s’étaient accumulées au cours des récentes pluies, créant un barrage artificiel.


Un regard derrière lui permit d’entrevoir la multitude de rayons des faisceaux de lampes qui s’agitaient dans la nuit, entre les arbres. Les mercenaires gagnaient du terrain, les chiens jappaient avec affolement. Ils étaient sur sa trace.


Réal avait compris que toute fuite était inutile, qu’une confrontation avec ces hommes s’imposait. Il pouvait courir hors de la forêt, dans les champs, dans les villes, mais ils ne le lâcheraient jamais. S’ils l’avaient trouvé ici, dans le Cantal, ils le trouveraient n’importe où.


Son avantage résidait en partie sur le fait qu’il allait les affronter sur son territoire. Dans cette forêt et montagne qu’il connaissait mieux que quiconque. Il avait passé de si nombreuses nuits à errer dans les ténèbres, de si nombreux jours à gravir les flancs escarpés.


Il trouva une large pierre capable de lui servir de siège, non loin de la berge et y prit place. Elle était humide, couverte de mousse. Au loin, outre les voix d’hommes, le grésillement des radios et les jappements incessants, il entendit un hibou solitaire. Un son réconfortant dans une situation sur le point de dégénérer.


Il y avait peut-être une vingtaine d’hommes lancés à sa poursuite et ils le trouveraient d’ici une ou deux minutes. Son plan était risqué, mais était sa seule chance de s’en sortir vivant. Réal soupira et s’agenouilla au sol, l’humidité de la terre traversa son pantalon. Son corps couvert de sueur se refroidissait dans l’air ambiant.


Cela faisait deux ans qu’il avait lutté pour éviter de laisser ses capacités inhumaines prendre le dessus sur sa personne. C’était un combat de tous les jours, de toutes les nuits. La douleur coulait en lui avec l’aisance d’un fluide corporel, était un venin malsain qu’il avait contrôlé avec ingéniosité. Parce qu’il était dangereux pour les autres, parce qu’il avait souvent causé la mort de ceux qu’il aimait, il avait choisi l’exil. Une vie solitaire et recluse afin de conserver le secret de son état.


Il n’avait rien à craindre, c’était les autres qu’il avait voulu protéger.


Les membres du groupe connaissaient tous ses pouvoirs. Ils l’avaient déjà vu en pleine action et la belle Georgia avait un jour déclaré qu’il était la plus impitoyable créature de cette planète. À l’époque, il n’avait rien répliqué, parce qu’elle avait raison et ils le savaient tous.


Les actes monstrueux du passé et sa culpabilité l’avaient contraint au silence, mais cette nuit c’était cette nature singulière qui allait lui sauver la vie.


Il avait fait son choix, en assumerait les conséquences, comme il l’avait toujours fait. Il aurait tant aimé pouvoir fumer une dernière cigarette.


Réal vivait depuis plus de trois cents ans, avait mis en terre des générations de descendants dans cette lignée qu’il avait fondée. Une lignée maudite née d’une union sauvage avec cette femme qu’il avait jadis tant aimée. Ironiquement et tragiquement, elle avait été la première victime de cette folie meurtrière qui l’habitait, le premier témoin de la transformation. Elle avait été son premier et dernier amour. Il l’avait déchiqueté, ignorant les cris de douleurs, et s’était nourri de sa chair, avait bu son sang dans un état second, sans même s’en rendre compte. À son réveil, il baignait dans le sang coagulé de sa bien-aimée, souillé et brisé. Il avait pleuré, hurlé sa rage et sa détresse. Son esprit avait basculé dans la démence, dans l’horreur et les hommes avaient dû le contenir, l’emprisonner dans un asile pour fou. Il n’avait prononcé la moindre parole ou même bougé durant de longues années, revivant jours après jour l’horreur de son meurtre macabre. Un fils avait survécu, devenu orphelin.


C’était Jean Métallos qui l’avait sauvé, qui était venu le trouver dans sa retraite sombre, puante et humide. Il l’avait convaincu de se joindre à lui, de quitter les ténèbres pour répandre un peu de clarté dans cette civilisation perdue. Il lui avait fait comprendre qu’ils n’étaient pas des monstres, qu’ils n’étaient que des éléments incompris dans cette nature glorieuse. Les autres étaient venus le libérer.


Réal leva le regard vers les faisceaux des nombreuses lampes qui titubaient entre les arbres. Baissant ensuite les yeux, il s’empara d’une large pierre de la taille d’un melon. Il la souleva devant lui à bout de bras. La douleur, voilà ce qui réveillerait la chose en lui, ce qui le transformerait en créature sanguinaire et d’une puissance surhumaine.


Il ferma les yeux, son corps parcouru de tremblements, abattant la pierre sur sa jambe droite, à la hauteur du genou replié, réveillant ainsi la créature centenaire qui sommeillait en lui.


Il venait de mettre fin à deux ans de calme et de stabilité.


Un cri inhumain déchira la nuit.


loup qui hurle à la lune



À suivre…



Retour à la deuxième partie



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Published on April 23, 2013 11:51

April 18, 2013

Les enfants de l’électronique

Les enfants de l'électronique


Je suis né dans les années 70 – ce qui veut dire que j’ai connu les téléviseurs avec seulement une dizaine de postes, sans télécommande et dont on devait ajuster les antennes pour bien capter les ondes.


Je n’ai pas grandi avec un cellulaire ou des consoles de jeux couteuses, on jouait dehors, dans la forêt. J’ai vu l’arrivée de l’Internet et des autres gadgets que les jeunes tiennent aujourd’hui pour acquis.


La semaine passée j’ai eu 40 ans. Eh oui, je vieillis et le monde autour de moi ne cesse de changer. Mais j’ai néanmoins réussi à m’adapter. Ne vous en faites pas, n’importe quel môme d’une dizaine d’années peut surement toujours me battre à n’importe quels jeux vidéo… ce sera toujours comme cela.


On m’a bien entendu débité toutes les conneries habituelles. Ne t’en fais pas, 40 ans c’est le nouveau 20 ans. La vie ne fait que commencer, tu es au sommet de ta forme sexuelle. Les cheveux gris, c’est la sagesse. Des conneries que j’ai maintes fois moi-même débitées à d’autres.


Le matin de mon anniversaire, un cadeau m’attendait sur ma table de nuit. Bien emballé et ne demandant qu’à être dévêtu. Excité, je me suis redressé dans le lit, j’ai pris l’objet que j’ai libéré des couches de papiers décoratifs.


Surprise, j’ai trouvé une tablette Android Samsung.


Au début, la joie. Je vais pouvoir écouter mes films, lire mes livres numériques, aller sur le web et tout le reste. C’est gentil, merci pour le présent. Mais la joie se dissipe rapidement. Je regarde le monde autour de moi, en commençant par la chambre, remplie de gadget que nous impose cette société de consommation. Tout est électronique, électrique, se branche ou se charge, se recharge.


Morose, je me rends à la salle de bain pour soulager une envie qui se fait de plus en plus pressante. Je me regarde ensuite dans le miroir, mes cheveux en bataille, une barbe de quelques jours.


Une démangeaison dans mon postérieur m’inquiète soudain. Qu’est-ce que cela peut bien être? Curieux, je baisse mon pantalon et explore cette zone secrète et parfois dangereuse qui me suit constamment.


Merde!


Mes doigts rencontrent quelque chose de froid et de dur entre mes fesses. Qu’est ce que c’est que cette connerie? Plus j’explore, plus j’enfonce mes doigts et en défiant toute logique, j’en extrais ce qui s’y trouve. Improbable découverte, j’ai retiré une pile « Energizer »


C’est le comble, j’ai des piles dans le cul. J’ai quarante ans et des piles dans l’anus?


Je retourne au lit, en oubliant de me nettoyer les mains. Je me gratte distraitement le membre ballottant entre mes cuisses à l’avant, destiné en partie à la reproduction et ne rencontre plus cette masse de peau, mais un câble lisse et mince. Un fil USB? À la place de mon pénis?


Je panique, je cours comme un fou d’une pièce à l’autre. Devant moi, sur les murs, se promènent deux points rouges, qui se déposent là où je regarde. Des lasers infrarouges? Venant de mes yeux?


Dans la pièce, c’est comme si ma nouvelle tablette, mon téléphone cellulaire, mon réveil matin, le téléviseur à écran plat, le lecteur numérique de livres et tous les autres objets électroniques se moquent de moi.


C’est à ce moment que j’ai compris… je suis un enfant de l’électronique.


Ma vie ne tient plus à un seul fil, mais à tout un amalgame de câbles entremêlés.


Je hurle à la mort… mais il est si facile de me faire taire d’une simple pression d’une touche.


La touche mute



Filed under: Commentaire général
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Published on April 18, 2013 07:57

April 17, 2013

The Frankenstein Theory or can I get drunk enough to like this movie?

The Frankenstein Theory


 


Résumé du film:


Professeur John Venkenheim dirige une équipe de tournage de documentaire au bord du cercle arctique, dans un effort désespéré pour défendre sa réputation académique. Sa théorie : l’horrible histoire de Mary Shelley, « Frankenstein » est, en fait, une œuvre de non-fiction déguisée en fantaisie. Dans le vaste désert gelé, Venkenheim et son équipe entreprennent une recherche du légendaire monstre.


 


Commentaire :


J’adore la lecture, mais le cinéma a toujours été une passion, aussi loin que je me souvienne. Ce mercredi soir, j’ai donc décidé de me taper un film. Un détour à la cuisine pour récupérer un verre et une bonne bouteille de vin, puis destination « Netflix ». Dans la liste des films, un en particulier me semble intéressant. L’affiche est intrigante, le titre évocateur. Comme j’ai récemment commencé la lecture de Frankenstein de Mary Shelley, une œuvre classique extraordinaire, je me laisse tenter par le projet qui est lié au personnage fictif.


Le film « The Frankenstein Theory » est malheureusement une production qui ne vaut pas le détour. Je déteste donner de mauvaises critiques à des œuvres sur lesquelles des artistes ont travaillé dur, mais dans un cas comme celui-ci, je n’ai pas le choix. C’est une question d’honnêteté.


 


Commençons par ce que j’ai aimé :


Une demi-heure après le début du film, alors que l’expédition prend vraiment son envol, on nous fait découvrir de beaux paysages et sans vouloir faire de la publicité honteuse pour l’un de mes romans, les paysages m’ont fait penser à mon « L’esprit des glaces ». Filmée en Alaska, l’action se déroule dans les Territoires du Nord-Ouest canadien durant l’hiver.


C’est avec tristesse que je dois dire que c’est tout ce que j’ai aimé du film. Je l’ai regardé avec la même fascination qu’un témoin horrifié d’un grave accident de la route. Incapable de me détourner, j’ai visionné l’intégralité de l’œuvre.


 


Ce que je n’ai pas aimé :


Tout d’abord, le film est construit comme une sorte de documentaire. Une journaliste et son équipe ont été engagées par un universitaire à la théorie provocatrice et controversée. Ils vont le suivre jusque dans les Territoires du Nord-Ouest, à la recherche d’une créature légendaire. Leur rôle est de mettre sur vidéo la preuve que ses théories se tiennent debout.


Jusque là ça va!


Le film est présenté comme la vidéo originale montée par l’équipe, retrouvée dans une cabane abandonnée. Le caméraman se promène en filmant, suivant les évènements, les actions diverses. Ça ressemble trop à un mauvais « Blair Witch Project ». En particulier avec les mouvements de caméra qui s’éternise sur les visages, cherchant des émotions qui ne s’y trouvent pas. Il y a toujours un personnage qui filme, même dans un moment de panique ou de fuite, on tient fermement cette caméra qui compte plus que sa propre vie.


Les scènes de nuit sont plutôt marrantes. Elles sont prétendument filmées en vision nocturne, mais on découvre rapidement que c’est une supercherie. Ils n’ont même pas pris la peine de vraiment utiliser la technologie en question. Est-ce un filtre dans l’objectif de la caméra? Une lumière verte projetée sur les personnages? Je ne sais trop, mais on peut voir les ombres des personnages, des branches et des arbres filmés en vision nocturne. Ce qui est impossible, non?


Le jeu des acteurs est aussi convainquant qu’une promesse électorale. Jonathan Venkenheim, personnage principal avec la journaliste, a vraiment l’air de tout, sauf d’un universitaire sérieux. Ses explications ont non seulement l’air récitées par cœur, mais elles sont placés dans des endroits stratégiques du film qui nous révèlent leur but : nous informer.


Les fameuses preuves qui poussent le jeune homme à retrouver la trace du monstre que son ancêtre aurait prétendument créé laissent à désirer. Ils sont dans un territoire immense, inhospitalier et il se base sur la migration des troupeaux d’animaux sauvages? Sur les disparitions et les homicides dans les petites agglomérations du territoire, dressant une sorte de carte saisonnière du passage de la chose? Quelles sont les chances de se rendre à un endroit isolé, au cœur d’une province qui s’étend sur plusieurs milliers de kilomètres et de rencontrer la créature?


Notre ami devrait jouer à la loterie, car il est foutrement chanceux.


Les autres personnages ne sont malheureusement pas plus intéressants. Les techniciens du son et de l’image qui accompagnent la journaliste m’ont vraiment tombé sur les nerfs. On tente trop d’avoir l’air naturel, de convaincre qu’ils sont de véritables employés et non des acteurs. Au point que leurs réactions et actions sont risibles, sans la moindre crédibilité. Ils agissent comme des idiots et c’est loin de nous convaincre.


Frankenstein Theory 2


Sans rentrer dans les détails, je dois dire que plusieurs fois durant le film j’ai hoché la tête d’incrédulité. Je comprends qu’il s’agit d’une fiction, mais il ne faut pas prendre le cinéphile pour un idiot. Il faut garder une certaine logique pour rendre le tout crédible.


La créature, me demanderez-vous?


Et bien, cette pauvre créature centenaire souffre manifestement de terribles problèmes d’élocutions. Elle se balade en gémissant constamment comme un lion malade, hurlant sans raison, sinon pour signaler sa présence et nous montrer à quel point elle est mauvaise. On ne voit la chose qu’à la dernière scène, durant quelques secondes.


Quant à la fin, il n’y a pas grand-chose à en dire… sinon qu’elle nous laisse sur notre… faim…


L’idée de départ était intéressante, mais aurait eu besoin d’être développée.


Je ne conseille ce film que si vous n’avez rien d’autre à visionner, vraiment rien d’autre…


 


Voici le “Trailer” du film:



 


 



Filed under: Films
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Published on April 17, 2013 07:21

April 15, 2013

Les racines du mal – Deuxième partie : Georgia s’éveille.

Important :


« Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »


 


Les racines du mal – Deuxième partie : Georgia s’éveille.


Georgia Dupond


Bordeaux, France


Elle avait repoussé l’arme glacée sur la table, en silence, observant maintenant le portable qui vibrait toujours, l’écran affichant un message qu’elle ne pouvait voir. La luminosité se reflétait sur son visage, dans ses yeux, une faible lueur bleutée. Georgia hésita entre répondre au téléphone, motivé par la curiosité de découvrir lequel des autres serait le premier à la contacter et par le besoin de remplir son verre à nouveau. Elle serait bientôt ivre, le savait et s’en foutait carrément. La situation exigeait un remontant et ses années de folie, de nuits blanches à consommer alcool et drogue étaient bien loin. Elle vieillissait et cette perspective la rendait triste.


L'arme et le portable de Georgia


En fait, elle aurait menti en affirmant ne pas être excitée par la nouveauté de l’appel, la possibilité d’un retour brutal à une ancienne vie qui lui manquait tant. Elle se sentit immédiatement coupable d’avoir eu une telle pensée, en particulier parce qu’elle était si égoïste. Elle ne pouvait laisser tomber Sébastien, qui non seulement l’avait suivi dans un autre pays, mais avait accepté un emploi sous-payé. Il n’avait pas revu sa famille depuis deux ans. Elle lui devait au moins la décence de prétendre que cette vie lui plaisait. Il n’avait rien à voir avec l’insatisfaction qu’elle ressentait, car elle aimait le jeune homme, ne pouvait imaginer la vie sans lui.


Georgia tendit la main vers la bouteille au liquide ambré, un sourire illuminant son visage alors que le portable cessait finalement de vibrer. Dans quelques secondes, un bip viendrait confirmer qu’on lui avait laissé un message, elle en était certaine.


Sa main n’atteignit toutefois pas la bouteille. Sur celle-ci, elle pouvait voir son propre reflet, son visage fatigué, ses yeux cernés, ses joues rougies et sa chevelure en bataille. Mais elle vit aussi autre chose sur le contenant vitré, détecta un mouvement dans son dos, une silhouette se déplaçant rapidement. Au même moment, le plancher craqua et elle comprit que Sébastien l’avait rejoint dans la cuisine, possiblement curieux de la trouver manquante à ses côtés sous les couvertures chaudes et confortables. Il était venu s’assurer qu’elle allait bien.


Sa première pensée fut pour l’arme luisante qu’il découvrirait sur la table, mais elle pourrait toujours inventer une histoire, expliqué que cette dernière venait de son père, d’un oncle décédé. Elle n’avait jamais osé lui révéler son existence, ne croyait pas qu’elle aurait un jour à récupérer l’engin de mort. Il serait par contre plus difficile de trouver une bonne raison pour justifier sa présence en pleine nuit à la table de la cuisine, avec l’arme et une bouteille de whiskey.


Les quelques centièmes de secondes qu’elle prit pour réfléchir au mensonge à débiter, combiné avec les multiples verres de l’alcool qui ralentissait ses mouvements, firent en sorte que l’homme l’atteignit avant qu’elle ne se retourne.


Un bras puissant s’enroula autour de son cou, la soulevant et l’éloignant de la table en renversant la chaise sur le plancher en linoléum. Elle n’avait pas prévu une telle attaque et fut attirée avec violence au sol, l’homme dans son dos amortissant le choc de l’impact. Il enroula ses jambes autour des siennes, son autre bras cherchant à raffermir la prise sur son cou. Elle suffoquait, inondée de l’odeur de son petit copain québécois qui était en train de l’étrangler. C’était cette eau de Cologne qu’il aimait tant, « Azzaro », agrémenté d’un léger parfum de sueur et d’un désodorisant plus discret.


Au sol, elle se sentit comme un pauvre agneau autour duquel un large python se serait enroulé. Elle avait la respiration coupée, pouvait sentir le sang qui n’arrivait plus à circuler vers son cerveau et sa tête. L’emprise puissante se resserrait de plus en plus, l’intention de son agresseur était indubitable, il voulait la tuer.


Ses pensées se bousculaient dans son crâne, son incompréhension la blessait peut-être davantage que la poigne d’acier.


Elle commençait à être étourdie et de ses bras, cherchait à atteindre son adversaire, ne touchant que le vide. Elle pouvait entendre sa respiration haletante, sentir les muscles du corps nu qui s’étaient contractés sous l’effort. Il luttait afin de la maintenir dans cette position et il était bien plus fort qu’elle.


Son regard commençait même à se voiler d’un étrange rideau composé d’étoiles multiples et de taches blanchâtres, vision qui lui fit penser à une averse de neige comme elle n’en avait connu qu’au Québec. Sébastien avait chaud, son corps brûlant dans son dos couvert d’un fin voile de sueur.


La table paraissait si loin, l’arme dont elle aurait eu besoin inaccessible. Comment en était-elle arrivée à ce point? Alors que celui qu’elle avait considéré être l’homme de sa vie s’apprêtait à la tuer, sans la moindre hésitation, en plein cœur de la nuit. Après deux ans de vie commune agréable et paisible?


Quel démon pouvait bien avoir pris possession de son être? Sébastien était tout, sauf violent, même les chansons du groupe rock amateur dont il faisait partie étaient basées sur des idéologies, des utopies d’un monde meilleur.


Qui était-il donc?


Georgia comprenait que ce moment changeait tout, que sa vie venait de s’écrouler comme un château de cartes à l’équilibre précaire. Elle avait pourtant abaissé toutes ses défenses et pour la première fois avait accepté sa vulnérabilité.


Le pire était qu’en ce moment même, sur le point de défaillir, son regard n’arrivait pas à se poser sur la moindre surface ne contentant aucune relique de leur vie commune parfaite. La décoration, la vaisselle, la couleur de la pièce, la table, tout les reliait d’une manière ou d’une autre. Petit voyage romantique où ils avaient acheté des bibelots en souvenir, rideaux faits à la main par une paysanne qui leur avait offert le gîte et le couvert lors d’une balade en montagne. Les réparations qu’ils avaient faites ensemble.


Elle refoula les larmes qui menaçaient de dévoiler sa vulnérabilité, les sanglots qui seraient l’ultime humiliation face à cet homme qui lui avait menti.


Dans un dernier souffle, elle se mit à griffer les bras velus de celui qui semblait nu. Elle pouvait sentir son membre en érection qui pointait dans son dos, qui la flagellait au rythme des mouvements de la lutte qui perdait en intensité. Il paraissait insensible à ses attaques, invulnérable.


La panique et une certaine détresse froide coulèrent en elle. L’idée qu’elle allait mourir très bientôt se fit plus oppressante, plus insistante. Elle se mit à gémir, à hurler, mais en vain, personne ne les entendrait. Ses larmes se perdaient dans le vide qui les entourait et la peur s’amusait à ses dépens. Tout ne pouvait pas se terminer ainsi, c’était trop bête, trop triste.


Elle entendit alors Sébastien qui murmurait à son oreille, son érection plus évidente que jamais. Un ton d’amusement et de moquerie filtrait dans sa voix, qu’elle n’avait jamais entendue auparavant, lui si gentil.


-          Sale petite pute française.


Quelque chose se brisa en elle, une rage vive déferla dans tout son être comme une décharge électrique intensifiée. Sébastien en profita pour lui lécher la joue, sa langue de vipère goutant ses larmes et l’acidité de sa sueur. Il l’avait traité de pute? Vraiment?


L’adrénaline décida que c’était le moment idéal pour s’inviter à ce petit bal nocturne improvisé. Elle chassa la panique qui affluait dans ses veines et prit possession de son corps d’envie, comme un démon s’attaquant à une victime insouciante.


Elle redoubla l’intensité de sa lutte, remuant ses jambes, ses bras, cherchant à rouler sur elle-même, à le frapper de sa tête. Elle était comme une furie, s’agitant sur le sol de la cuisine. Sa main droite trouva soudainement la chevelure trempée de son presque fiancé, qui avait été obligé de décupler ses efforts pour la contenir.


Triomphante, elle n’avait aucunement l’intention de lâcher prise et avec chance, son autre main s’ancra dans la même coiffe en désordre. Elle enroula adroitement ses doigts dans la chevelure, s’assurant une prise solide et en hurlant comme une guerrière folle, désespérée et fonçant seule en direction d’une troupe armée de barbares assoiffées de sang, elle tira.


Son cri et le hurlement de douleur de Sébastien emplirent la cuisine, alors que l’individu relâchait presque imperceptiblement son emprise sur sa victime. Mais c’était suffisant et Georgia fut en mesure de se reculer, de se frayer un chemin dans les bras et jambes ensorcelés pour se retourner, se dégager. Lui faisant face, elle frappa de son genou droit avec toute la force de son corps athlétique, ses ongles acérés lancés vers le visage comme un missile à tête chercheuse. Elle trouva sa cible, le coup de genou avait aussi déstabilisé l’homme, lui coupant le souffle.


D’une poussée des pieds, elle se dégagea complètement et retomba sur le plancher, son fessier sur le linoléum froid.


Ils se faisaient maintenant face, trois pas les séparaient.


Sébastien, en supposant que ce soit vraiment son nom, se passa une main sur les profondes éraflures qui sillonnaient son visage. Elle avait causé d’importants dommages, les blessures nécessiteraient une visite chez un médecin et des points de suture.


Ils haletaient tous les deux. Le jeune homme souriait, mais son regard témoignait de sa colère, de la haine qui l’habitait. Elle avait contrecarré ses plans.


Georgia jeta un regard vers la table, sachant que l’arme à feu s’y trouvait. Il avait fait la même chose qu’elle et suivit un court moment d’immobilité. Les deux adversaires se jaugeant, reprenant leurs souffles et cherchant à établir un plan d’action.


Avec lenteur, sans mouvements brusques, ils se relevèrent tous deux, prenant la position de combattants, deux boxeurs prêts à entamer le dernier round.


Le portable se mit de nouveau à vibrer et Sébastien laissa dériver son regard vers la table, vers l’appareil qui était animé d’une vie qui lui était propre, remuant légèrement sous la force des tremblements qui l’agitaient.


Georgia profita de la seconde d’inattention de l’homme et fonça droit sur lui. Il avait été pris par surprise, croyant plutôt qu’elle se jetterait sur la table, cherchant à récupérer l’arme à feu. Elle l’atteignit en moins d’une seconde, au moment où il levait les bras afin de se protéger, de préparer une riposte.


Georgia, au lieu de rester debout et de la frapper au visage ou au buste, se laissa glisser au sol, sur ses genoux. Sa petite glissade la plaça en dessous de l’être abasourdi par la manœuvre impossible à prévoir. Il baissa le regard vers elle au moment où elle agrippa son membre qui s’était dégonflé, enfonçant ses ongles acérés dans la chair tendre. Elle hurlait comme une folle.


Ce fut comme si on lui plantait des couteaux dans le pénis et le sang gicla, coulant le long de ses jambes, sur les mains osseuses de la femme. La douleur fut telle, qu’il se laissa tomber au sol, incapable de se défendre, battant pathétiquement des bras comme un oiseau fou aux ailes incontrôlables. Il hurlait de douleur. Georgia ne lâcha toutefois pas prise, puisqu’elle se mit à tordre le membre ensanglanté, labourant la peau avec force, ses ongles étant des armes redoutables.


La femme se tut, l’homme au sol se tortillait comme le lombric qu’il était, la douleur déformant ses traits.


-          Tu crois que je suis une pute hein?


Georgia lâcha finalement prise, le membre était presque détaché, ne tenait que par des lambeaux de chair ou des muscles persistants. Elle se recula, essuyant ses mains poisseuses sur ses vêtements, y laissant un tracé rougeâtre. Sans se détourner de son adversaire, elle s’approcha de la table, ramassa le revolver d’une main tremblante et revint se placer près de lui. Le visage du misérable était couvert de larmes, déformé par une grimace de souffrance et de terreur. Il osa néanmoins soutenir le regard de celle qu’il avait voulu éliminer.


Elle s’agenouilla auprès de lui, posant le canon froid sur son front plissé, alors qu’il se mit à implorer, à chialer comme un gamin. La morve coulait sur ses lèvres, il tremblait. Chaque mouvement qu’il faisait augmentait le flot d’hémoglobine qui coulait de sa blessure.


Elle était patiente, voulait le voir souffrir, alors que des images défilaient dans son cerveau. Leur première rencontre sur la rue Sainte-Catherine. Son sourire charmeur, son accent qu’elle avait tout de suite aimé. Leurs balades sur le Mont-Royal, leurs pique-niques improvisés le long des quais de Bordeaux.


Les quais de Bordeaux


Tout cela était fini, n’avait été qu’une illusion éphémère. La blessure qui naissait en elle serait difficile à guérir.


Elle ferma les yeux, les rouvrit aussitôt en sachant que les deux dernières années ne comptaient plus.


Elle pressa la détente sans la moindre hésitation, sans un mot pour sa victime. Qu’aurait-elle pu lui dire? Après deux ans de mensonge et de tromperie?


Elle vida le chargeur, alors que le corps inerte avait déjà glissé au sol. Elle ne réalisa qu’elle pleurait que lorsque le silence retomba, que son doigt se retira de la détente.


En fait, le silence n’était pas complet, le portable vibrait toujours.


 


Georgia et son arme


 


 


À suivre…



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Published on April 15, 2013 11:36

April 9, 2013

Comment se préparer à l’écriture d’un roman

Très belle initiative d’un blogue québécois.


Je vous invite à découvrir ce dernier, non seulement y trouverez-vous des interviews de vos auteurs préférés, mais aussi un PDF à télécharger pour aider les auteurs débutants.


Comment écrire un roman


 


Mis en ligne dès le 8 avril, le document compte la participation des écrivains suivants:



Catherine Bourgault
Claudette Picard
Danielle Malenfant
Valérie Larouche
Sonia Alain
Sylvain Johnson
Valérie Perreaul


D’autres auteurs se joindront au projet.

C’est ici qu’il faut aller pour visiter le site : Interviews d’auteurs Québécois.

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Published on April 09, 2013 06:14

April 8, 2013

Interview de Sarah Hubert-Marquez pour la Bataille des dix mots 2013.

La Bataille des dix mots

La Bataille des dix mots 2013


J’ai entendu parler de la Bataille des dix mots en 2011, la première année où elle s’est tenue. C’était suite à la publication d’une de mes nouvelles dans l’excellente revue « Freaks Corp. » On m’avait alors invité à participer et je me suis prêté au jeu, sans trop savoir dans quoi je mettais les pieds. Je dois dire qu’en tant qu’écrivain, le défi me plaisait et la formule me permettait d’explorer l’univers des textes plus courts que ce à quoi j’étais habitué. Pour être honnête, ce fut une expérience extraordinaire, un moyen amusant de créer des liens durables avec d’autres artistes et de me faire connaitre à l’étranger.


Aujourd’hui, la Bataille en est à sa troisième édition, elle gagne du succès et ne cesse d’attirer les participants.


L’évènement de cette année s’est tenu les 20 et 21 mars. Pour ceux qui n’ont pas eu l’occasion de participer, n’ayez crainte, vous avez moins d’un an pour vous préparer mentalement à la prochaine joute.


Pour nous parler de la Bataille, j’ai eu l’honneur et le privilège d’interviewer Sarah Hubert-Marquez, qui est entre autres présidente de l’association Sélénor.


visuel-dismoi10mots-2011

La Bataille des dix mots 2011


Voici comment fut présentée la Bataille de cette année sur le site web officiel :


Depuis 2011, la Bataille des 10 mots rassemble celles et ceux qui aiment jouer avec les mots et la langue française. Basé sur les dix mots de l’année, définis dans le cadre de l’opération « Dis-Moi Dix Mots » à l’occasion de la Semaine de la langue française et de la Francophonie, le thème peut être traité sur tous les tons : poème, court récit ou nouvelle, photo, œuvre artistique ou digitale, performance, danse, musique, chant, vidéo…


La Bataille des 10 Mots est ouverte pendant seulement 24 heures, du 20 mars à 12 h au 21 mars 2013 à 11 h 59. C’est pendant cette période que les participants francophones (France, Suisse, Belgique, Québec…) peuvent poster leur contribution sur ce site et… entrer dans la bataille!


Les dix mots de l’année sont : ATELIER – BOUQUET - CACHET - COUP DE FOUDRE - ÉQUIPE - PROTÉGER – SAVOIR-FAIRE - UNIQUE - VIS-À-VIS – VOILÀ


Toutes les créations sont soumises à un jury de professionnels, qui sélectionne les meilleures œuvres dans chaque catégorie. Les votes du public comptent également.


images

L’association Sélénor


L’interview avec Sarah Hubert-Marquez


1. Veuillez d’abord vous présenter et nous dire quel est votre rôle dans la Bataille des 10 mots ?


Sarah Hubert-Marquez :


Je suis née le 14 juin 1982 à Roanne, une petite ville industrielle de province mélancolique à souhait! Je gambadais au milieu des vieilles cheminées d’usines en briques (heureusement aujourd’hui détruites), des tours d’immeubles (là aussi démolies pour la plupart) et du canal vaseux longeant la Loire (aujourd’hui réaménagé)…

La gamine un peu gauche que j’étais, se réfugiait dans les contes, les légendes et les épopées… peut-être le début de ma passion pour les mythologies et l’Histoire qui m’a poussée plus tard sur les bancs de la faculté pour approfondir le sujet? Curieuse de tout et touche-à-tout, j’ai de multiples activités; présidente depuis janvier 2009 de l’association Sélénor qui vise à promouvoir de jeunes talents dans tous les domaines artistiques, rédactrice culturelle pour un journal d’information locale sur Internet, depuis peu, bénévole dans une médiathèque communale et entrepreneur culturel en résidence en Auvergne…

Lors de la première édition de la Bataille des 10 mots, d’abord régionale, Sélénor était un partenaire actif de l’opération, à ce titre en tant que présidente de la structure, j’ai apporté mon aide pour trouver les membres du jury ou pour modérer le site pendant les 24 h de la bataille. Puis pour les deux éditions suivantes, l’association est restée partenaire et a souhaité s’engager encore davantage dans cet évènement… Voilà comment, je suis devenue opératrice principale de la Bataille des 10 mots. Mon rôle est vaste : coordonner, organiser, trouver des partenaires, recruter le jury, modérer le site, gérer la communication toujours en liens étroits avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bourgogne. (DRAC)


2. D’où sont nés ce concept et cette idée d’une bataille en ligne qui réunit des artistes de tous les horizons?


Sarah Hubert-Marquez :


L’idée est née le samedi 23 octobre 2010 exactement, lors de l’ArtCamp qui s’est déroulé à « La Vapeur », un lieu culturel incontournable de la ville de Dijon (concerts, expositions, projections, actions culturelles et artistiques) L’ArtCamp est un BarCamp thématique, consacré à l’art comme son nom l’indique! Il s’agit d’un modèle de non-conférence venu des États-Unis où ce sont les participants qui créent et animent des ateliers participatifs avec des débats ouverts sur les dernières innovations technologiques (applications Internet, logiciels libres, réseaux sociaux, etc.)

Lors de cette manifestation artistique, avec une responsable de la DRAC de Bourgogne et une professionnelle du développement web, de la communication digitale et du contenu numérique, on a assisté à une « Battle Graphik » qui se réalisait en direct et en interaction avec le public. Six graphistes devaient réaliser un œuvre sur le thème d’Halloween avec des éléments graphiques imposés par le public…

On a été toutes les trois immédiatement inspirées pour réunir nos compétences et créer ce type de performance artistique. Grâce à la Semaine de la langue française et de la Francophonie, nous avons trouvé le cadre idéal pour développer ce concept grâce aux dix mots imposés chaque année. C’est en mars 2011 que nous avons pu voir si le public nous suivrait… Et avec 80 contributions crées en 24 h, nous étions déjà convaincues. Après trois éditions, plus de 550 œuvres crées, plus de 30 000 visiteurs et 100 000 pages vues, nous sommes ravies de voir cette Bataille des 10 mots encore grandir avec plus de participants francophones de tous les âges et de toutes les nationalités partager ensemble leur amour de la langue française… Le tout dans un esprit convivial!


3. Comment le projet est-il supporté? Financièrement et techniquement?


Sarah Hubert-Marquez :


La Bataille des 10 mots est organisée par le Ministère de la Culture et de la Communication et est pilotée par la DRAC de Bourgogne dans le cadre de l’opération nationale de sensibilisation à la langue française et à la Francophonie « Dis-moi dix mots » mise en place par la DGLFLF (Délégation générale à la langue française et aux langues de France). Oui, je sais, on a des abréviations partout et pour tout! Un budget est alloué à la DRAC de Bourgogne, représentant le Ministère de la Culture et de la Communication dans la région, qui choisit des personnes compétentes, les fameux opérateurs, pour mener à bien avec elle cette grande performance artistique en ligne. À mes côtés, il y a donc aussi une administratrice professionnelle pour gérer le site de la Bataille des 10 mots… Et heureusement, sans elle, je serais perdue!


4. Parmi les participants, que ce soit les écrivains, peintres, photographes ou autres, avez-vous eu des surprises : des participants connus ou des gens un peu étranges – peut-être même des projets hors de l’ordinaire, des anecdotes dignes d’être partagées?


Sarah Hubert-Marquez :


En trois ans, oui, il y a eu quelques surprises, c’est le moins que l’on puisse dire! Je me souviens d’un commerçant qui avait fait sa publicité avec beaucoup d’humour en utilisant les dix mots de 2011, du coup de gueule virulent sous forme épistolaire d’une jeune fille à ses parents l’année dernière. J’aime aussi retrouver les fidèles de l’opération, les anciens lauréats, je pense aussi aux ateliers de la Sardine Éblouie qui sont d’une productivité et d’une inventivité incroyables… C’est un plaisir de revoir tout le monde lors de la remise des prix.

On a eu en effet des participants plus connus, nous en avons d’ailleurs parlé dans notre article « Que sont-ils devenus » (http://www.bataille-10-mots.fr/lactualite/455-que-sont-ils-devenus.html), mais peut-être parce que je les connais tous, personnellement, je suis plus touchée par les participants anonymes qui dévoilent une part de leur vie; les déclarations d’amour ou d’amitié, les confessions face à une maladie ou un deuil, ou les contributeurs qui luttent contre l’illettrisme et l’analphabétisme ou plus simplement par une création d’enfant… D’ailleurs cette année, grâce aux enfants, nous créons deux catégories jeunesse pour les récompenser! Je regrette juste qu’il n’y ait pas davantage de contributions humoristiques. Mais qui sait? Peut-être l’année prochaine…


5. Malgré la charte de la bataille bien détaillée, recevez-vous beaucoup de matériel inutilisable?


Sarah Hubert-Marquez :


Oui, chaque année, il y a environ une vingtaine de contributions que nous ne pouvons publier. Souvent à cause de la longueur des textes et plus rarement à cause du contenu, souvent des textes de qualité, mais soit trop violents, soit avec un caractère sexuel trop prononcé… Dans ce cas, nous écrivons aux contributeurs pour leur rappeler que la Bataille des 10 mots s’adresse à un large public dont des mineurs avec un lien vers l’article 5 de la Charte.

Cette année, c’est plus de 150 textes que nous avons dû refuser pour limiter le nombre de contributions des ateliers d’écriture surtout et gagner en qualité en les obligeant à sélectionner les meilleures contributions littéraires. Un atelier d’écriture ne peut plus poster une infinité de séries de textes, mais seulement trois séries de dix textes.


6. Que nous réserve le futur de la Bataille des 10 mots, dans les années à venir?


Sarah Hubert-Marquez :


La Bataille des 10 mots semble victime de son succès avec cette année les premiers cas de fraudes avérés pour pénaliser les contributions ayant le plus de votes du public ou carrément des commentaires malveillants sous celles-ci. De fait, nous avons déjà procédé à des modifications quant à la sélection des gagnants, mais l’année prochaine, le système des votes du public sera très encadré avec une obligation d’inscription pour voter et un nombre limite de votes sur une période définie. Les premiers changements concerneront donc la Charte de la Bataille des 10 mots et un renforcement de la sécurité du site.

Pour les années à venir, nous avons d’autres idées pour améliorer encore l’interactivité pendant ces 24 h avec le public… Reste à voir si techniquement nous pouvons les développer! Surprise!


7. Est-ce que le projet gagne en popularité hors de France et pouvez-vous nous donner une idée du pourcentage de participation dans les pays francophones?


Sarah Hubert-Marquez :


La Bataille des 10 mots dépasse largement les frontières et j’en suis ravie! L’année dernière environ 8 % des contributions venaient des pays francophones (hors France) et cette année c’est plus de 20 % avec des contributions venues d’Espagne, de la Belgique, de la Bulgarie, de la Roumanie, du Pakistan, de la Tunisie, du Maroc et bien sûr du Québec!


8.Un petit mot supplémentaire?


Vous pouvez jusqu’au vendredi 3 mai à minuit (heure française) découvrir toutes les contributions crées cette année sur le bloc-notes du site et voter pour vos favoris sur http://www.bataille-10-mots.fr/

Les lauréats du prix spécial du public et les gagnants des prix du jury, qui seuls seront publiés dans le livrel 2013, seront annoncés la semaine du 20 mai sur le site de la Bataille des 10 mots!

La Bataille des 10 mots continue…


Merci Beaucoup à Sarah d’avoir bien voulu se prêter au jeu…et d’avoir répondu à mes questions.


Vous pouvez consulter le livre numérique qui contient les gagnants des années précédentes ci-dessous:


Bataille_des_10_mots_2011_pdf


Bataille des 10 mots 2012 PDF


Liens utiles:


Site Officiel de la Bataille des dix Mots


L’association Sélénor



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Published on April 08, 2013 09:18

March 22, 2013

Les racines du mal – Première partie : L’appel

 


Important :


« Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »



Les Racines du mal :


Première partie – L’appel


 


Georgia Dupond.


Bordeaux, France


 


Georgia


Elle déposa le téléphone cellulaire sur la table de la cuisine, réalisant à quel point elle tremblait. Levant le regard vers l’horloge murale, elle découvrit qu’il n’était pas encore deux heures du matin. Un improbable courant d’air souffla dans la pièce et la força à fermer la robe de chambre qui s’était ouverte, dévoilant son corps athlétique et ses courbes agréables.


Songeuse, elle s’approcha du comptoir et de l’évier de la cuisine, ignorant l’obscurité opaque à la fenêtre. Elle ouvrit un tiroir sur sa droite, silencieuse manœuvre qui fut récompensée par la récupération d’une bouteille de Jack Daniel`s médaillée d’or 1954, qu’on lui avait offerte et qu’elle gardait pour les grandes occasions. Un rictus moqueur se dessina sur ses lèvres, l’idée que l’évènement à célébrer aurait dût être joyeux lui traversa l’esprit. Ce ne serait pas pour ce soir, alors aussi bien en profiter.


L’unique luminosité dans la pièce venait du plafonnier dont elle avait tamisé l’intensité, préférant la semi-pénombre à la clarté. Elle se remplit un verre, le liquide lui brûlant ensuite les entrailles et elle put en apprécier le goût, l’odeur et l’effet qui lui fit grand bien.


Elle jeta un regard inquiet vers le portable, refusant de croire la mauvaise nouvelle qu’elle venait de recevoir. Que faire maintenant? Avertir les autres? Tout oublier et rejoindre son copain dans la chambre au deuxième étage? Prétendre que son ancienne vie n’était qu’un mauvais souvenir?


Elle prit une nouvelle gorgée, décidant qu’il serait préférable de remplir le verre à nouveau, avant qu’il ne soit vide. Par simple mesure préventive, elle fit le tour de l’étage, s’assurant que toutes les portes étaient fermées à clé, que les fenêtres étaient closes. Ensuite, Georgia se rendit dans la salle de lavage où elle termina son troisième verre de l’alcool réconfortant. Elle se sentait de mieux en mieux.


Après s’être assuré qu’elle était bien seule, elle se glissa entre la machine à laver et le mur, juste assez pour pouvoir tendre le bras et fouiller l’espace derrière l’appareil métallique. Elle trouva le petit boîtier froid et le ramena sans l’ouvrir dans la cuisine. Elle hésita en observant le verre à nouveau vide et la bouteille beaucoup trop pleine, puis décida d’y aller pour un autre petit coup. On lui avait appris à ne pas faire les choses à moitié. Elle songea à son ami Jean, grand amateur de whiskey qui aurait approuvé. Cette pensée la fit sourire.


Georgia prit maladroitement place sur l’une des chaises en bois à la table de la cuisine, déposant le boîtier devant elle. Elle se passa une main sur le front, secoué par ce qu’elle avait appris. D’une main toujours tremblante, elle souleva le couvercle et examina le Beretta luisant, ainsi que le chargeur rempli de projectile meurtrier spécialement conçu à sa demande. Cela faisait un bon bout de temps qu’elle avait tenu l’objet dans ses mains. En fait, la dernière fois qu’elle avait utilisé cette arme, deux ans plus tôt, c’était à Montréal. Dans une mission de reconnaissance qui avait mal tourné. Par nécessité, elle avait dût éliminer deux agents ennemis et sa couverture montréalaise avait été brûlée. Elle n’avait eu d’autres choix que de revenir à Bordeaux, se tenir tranquille avec son copain canadien qu’elle avait convaincu d’emménager avec elle.


Deux ans de silence, vingt-quatre mois sans entendre parler des autres.


Elle souleva l’arme, sa main en épousant la crosse avec une certaine satisfaction. Tout cela lui avait manqué.


Son portable se mit à nouveau à vibrer sur la table.


Les autres étaient au courant.


 ***


 


Réal Bonin


Le Cantal, France


Montain man


Réal adorait les balades solitaires dans la plaine, sur les collines et parfois même dans la forêt. En particulier de nuit, comme en ce moment. Il emportait alors son bâton de marche, son calepin et un bon crayon, ainsi qu’un sac à dos. Ce soir, il transportait aussi une bonne bouteille, un vin route « Palhàs » qu’il s’était procuré à Molompize, quelque temps plus tôt.


La nuit lui appartenait et il était dans son élément, sur son territoire.


Le froid automnal n’avait aucune emprise sur lui, ses vêtements le tenaient bien au chaud et ses bottes solides raclaient le sol avec une cadence rapide, son pas était assuré.


Il s’était arrêté au sommet d’une petite colline, non loin des ruines abandonnées d’un château médiéval, dont il ne restait presque plus rien. C’était le point de repère bien connu qui lui indiquait qu’au-delà, la distance franchie aurait été trop grande. Il ne voulait pas non plus marcher durant des heures.


Souffrant d’insomnies, il passait ses nuits à écrire, errer dans la nature ou encore à écouter de la musique. En ce moment, le silence et le chant nocturne des rares animaux sauvages étaient sa musique préférée, un concert inébranlable qui valait toutes les symphonies du monde, surpassait toutes les chansons qu’il avait entendues.


Réal leva un regard tranquille vers le ciel étoilé, sombre et sentit la brise qui caressa ses longs cheveux, chatouillant sa barbe. C’était le temps d’une cigarette et il déposa son sac à dos et son bâton contre un arbre à proximité. Durant le jour, la vue à cet endroit était imprenable, mais la nuit on n’y voyait pas grand-chose.


La région était peu habitée.


La cigarette allumée, il prit quelques bouffées de la fumée cancérigène tout en haussant les épaules, indifférent aux remarques fréquentes qu’on lui débitait sur les dangers du produit. Fallait bien mourir de quelque chose, alors au moins il lèverait l’ancre en sachant qu’il ne s’était privé de rien. La vie était trop courte, les gens trop cons, la mort pouvait venir vous cueillir à tout moment. Savourer les succulents plats de l’Auvergne, boire, fumé et les occasions de s’envoyer en l’air faisaient partie de son quotidien.


Qu’on le laisse tranquille, voilà tout ce qu’il voulait.


Le jour même, son voisin qui vivait quand même à plus d’un kilomètre de chez lui lui avait rendu visite. Le vieux fermier devenu éleveur de mouton lui avait raconté les rumeurs qui circulaient au village, selon lesquelles on avait aperçu un loup dans la montagne. Chose rare depuis que les idiots du conseil municipal avaient voté une loi afin de permettre aux fermiers et chasseurs de tuer les magnifiques bêtes. On parlait d’éliminer la population des loups, qu’on considérait comme une menace. Typique des hommes que de vouloir éradiquer les autres formes de vie auxquels ils avaient volé le territoire, détruits les ressources d’une nature qui se portait trop bien.


Loup nocturne


Réal était venu ce soir dans l’espoir d’entendre le loup en question, de confirmer ou non la possibilité qu’ils soient de retour dans la montagne. Il avait, au cours de ses deux ans dans la région, déjoué une quantité impressionnante de pièges et changé en partie la mentalité moyenâgeuse des conseillers municipaux. En tant qu’écrivain connu dans toute la francophonie, il avait un certain poids dans la balance, suffisamment d’argent pour qu’on l’écoute.


Il retira la bouteille de son sac, sachant qu’entendre l’animal serait magnifique, se doutant qu’il serait plus difficile de l’apercevoir. Le loup était trop intelligent pour se montrer. Du moins, il l’espérait.


Réal leva le regard vers l’ouest, un bruit lointain et déplacé venant rompre le presque silence de la nuit. Il ne vit rien, mais un léger grondement s’élevait, mécanique et improbable, aucun véhicule ne pouvait venir à cet endroit. Il y avait trop de falaises, de pente escarpée et il n’y avait aucun sentier.


Intrigué, il replaça la bouteille dans son sac, termina sa cigarette qu’il replaça dans la poche de son manteau, évitant de polluer. Il observa alors le ciel, réalisant que le son venait de l’étendue obscure qui le recouvrait.


Son portable, sur sa table de chevet dans sa résidence, n’avait cessé de sonner depuis une heure. Mais il n’y avait personne pour répondre.


***


 


Jean Métallos


Nancy, France


Place St-Stanislas


Il roulait depuis deux heures, suivant les routes de campagnes à une vitesse non recommandée, soulevant des nuages de poussière et s’engageant dans les virages comme Alain Prost sur un circuit fermé. Jean revit sa rencontre plus tôt dans la journée, alors qu’il s’était installé tout près du monument central dans la place Stanislas, désertée en raison du froid et du vent. Il s’était tenu dans l’ombre du vieux Stanislas, feignant de lire un journal. C’était la procédure habituelle. Depuis deux ans, c’était toujours ainsi. Ce matin, un cabot pitoyable et galeux ne cessait de japper et de courir comme un fou. Cela lui rappela une scène d’un livre de Camus. L’étranger? Cela faisait un bon bout de temps qu’il avait relu les classiques, grand amateur de la littérature fantastique et d’horreur.


Le cabot s’était éloigné et un gamin s’était approché, l’observant avec un peu trop d’insistance. Jean l’ignora jusqu’à ce qu’il s’approche, pour ensuite se lever brusquement en émettant des grognements animaliers, le gosse surpris hurlant aux morts avant de fuir. Comme toujours, ce petit jeu l’amusa, le faisant rire à voix haute. Il avait pris l’habitude de faire peur aux gens. Avec l’énorme cicatrice qui traversait sa joue droite, son œil de verre dont l’iris était rouge vif et son crâne chauve, il était effrayant. Il faisait peur.


Jean vit ensuite la silhouette de son contact qui s’approchait, une jolie jeune femme en jupe un peu trop courte, un décolleté plongeant qui attirait le regard et pouvait facilement diminuer le niveau de concentration de tout homme. Ses talons hauts claquaient contre le sol, sa longue chevelure flottait sous la brise. Jean se débarrassa de son journal, observant la femme sans dissimuler son intérêt. Cette dernière agissait toujours avec froideur, ses instructions brèves et elle ignorait ses avances. Il ne l’avait jamais vu sourire. Son air triste la rendait encore plus belle.


Son nom de code était Lissa. Elle s’arrêta non loin de lui, lui tendant une enveloppe épaisse. De sa voix fatiguée, elle lui parla.


-          Comme d’habitude. 10 000 $ en argent américain comme tu l’as demandé et le reste quand le travail sera terminé. Tu as deux jours. Des questions?


Jean reluqua les cuisses de la femme, ouvrant l’enveloppe et y voyant les billets verts, une photographie et quelques notes dactylographiées. Il se leva, empochant les documents et l’argent.


-          Tu as des préférences sur la manière de s’occuper de notre ami?


-          Je te fais confiance, amuse-toi. On se revoit ici la semaine prochaine.


Lissa se détourna, sans rien ajouter et il n’osa bouger que lorsqu’elle était hors de vue, la vision du corps majestueux l’avait enivré. Il se secoua.


L’adresse laissée par la jeune femme était gravée dans sa mémoire et c’est là qu’il se trouvait maintenant, dans le petit patelin de Rioz, suivant la rue Charles De Gaules.


En fait, l’adresse qu’on lui avait donnée était celle de l’église au clocher bulbeux typiquement comtois. La photographie était celle d’un prêtre.


Jean immobilisa sa voiture deux rues plus loin, retirant le coffret qu’il gardait sous son siège. Il enfila ensuite des gants noirs, ses lunettes fumées et jeta un coup d’œil sur la rue. Déserte. Il n’était pourtant que quatorze heures. C’était mieux ainsi et il souleva le couvercle du coffret, ressentant toujours autant de plaisir à contempler ses jouets. Il devait réfléchir. Sa victime serait un prêtre. Dans la cinquantaine. Vivant seul. Il laissa ses doigts parcourir la surface des objets dans le coffre et en s’exclamant de joie, retira l’arme qu’il lui fallait. Il avait délibérément ignoré le revolver trop bruyant, le flacon de venin et les fléchettes empoisonnées, tout comme la grenade. Les couteaux l’avaient tenté, sans plus. Ce fut le poing américain doré qu’il choisit et retira. Cela lui permettrait un corps à corps idéal, le plaisir de briser les os, de fracturer le visage et de faire souffrir. De faire ruisseler le sang.



Poing Américain


Sans plus attendre, il replaça sa trousse sous le siège, glissant le poing dans la poche de son manteau. La rue était toujours déserte et il quitta la voiture, verrouillant les portes. Il remonta ensuite le trottoir, scrutant chaque fenêtre, prenant en note la position des portes, tous les détails susceptibles de l’aider en cas de besoin.


La rue qu’il suivait courbait vers la droite et l’église se dévoila directement devant lui, toutes en pierre et au clocher qui s’élançait vers le firmament partiellement couvert.


Jean s’arrêta. Six voitures de police étaient stationnées devant l’immeuble, des agents armés montaient la garde.


Son portable vibra dans la poche arrière de son pantalon et tout en se déplaçant, changeant de trottoir afin d’être hors de vue, il s’empara de l’appareil. Le numéro sur l’écran lui était inconnu, le nom n’était pas listé. En haussant les épaules, il prit l’appel.


Une voix murmura à l’autre bout du fil, qu’il reconnut tout de suite. Qu’il n’avait jamais cru entendre à nouveau. Il reconnaissait avant tout l’accent québécois.



À suivre bientôt….


 



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Published on March 22, 2013 13:43

March 21, 2013

La lettre de Sabine Chantraine Cachart pour le projet "Cher moi"

Reblogged from A Partir du Néant:

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Tel Sacha du dessin-animé Pokémon, j’essaie de tous les attraper ! De qui je parle ? Des Fossoyeurs de Rêves, bien sûr ! Et je dois dire qu’ils ne sont pas si faciles que ça à récupérer. Armé de mon fossoydex et de mes fossoyballs, je parcours la toile, bien décidé à tous les réunir à l’occasion du projet « Cher moi ».


Suite… 1 105 more words


Lettre du projet chez moi....mon ami Sabine et Fossoyeurs de Rêves.
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Published on March 21, 2013 20:22

Lecture du roman – Ainsi parle le Saigneur de Claude Forand

 


Ainsi parle le Saigneur


 


Biographie de l’auteur :


(tiré de Wikipedia.fr)


Claude Forand habite à Toronto. Après des études en science politique et en journalisme, il a exercé le métier de journaliste auprès de magazines scientifiques et financiers ainsi qu’à Radio-Canada. Il est aujourd’hui traducteur agréé et mène en parallèle une carrière d’écrivain de polars.


 


Description du livre par l’éditeur :


Le Saigneur. Un fanatique religieux qui assassine ceux qui ne vivent pas selon les préceptes de la Bible. Fou de Dieu ou fou tout court? À Chesterville, P.Q., ce tueur en série fera ses premières victimes : deux adolescents meurent tragiquement dans leur voiture incendiée en faisant l’amour. Dans ses messages au journal local, le Saigneur implore : « Arrêtez-moi, avant que je recommence! » L’enquêteur Roméo Dubuc, lui, croyait que tout s’arrêterait là. Mais il n’avait rien vu. Et surtout, il ne pouvait pas deviner que la dernière victime du Saigneur subirait le sacrifice ultime. Que Dieu lui vienne en aide… Ainsi parle le Saigneur, une véritable partie d’échecs qui se joue entre un tueur en série et la police régionale. Intrigue menée à fond de train, suspense soutenu, les fausses pistes et les cadavres s’accumulent.


 


Ce que j’en pense :


L’action prend place dans une petite ville du Québec où les policiers sont lourdauds, maladroits et surtout très humains. En même temps plus réaliste que le détective de roman habituel. J’aime quand les personnages ne sont pas que des surhommes sans défauts, indestructibles et infaillibles. On est loin ici des policiers stéréotypés de NCIS – CSI et de toutes ces autres séries télévisées qui polluent les ondes.


L’écriture est simple, adroite et très Québécoise, facile à lire.


L’enquête sur laquelle les personnages travaillent est intéressante, l’effet de suspicion est très réussi, le suspense dure jusqu’à la fin. Difficile de prévoir qui est le meurtrier.


L’auteur va droit au but – soit nous raconter quelque chose d’intéressant, sans longueurs et sans descriptions inutiles. Malgré leur humanité palpable et leur gaucherie, les personnages principaux, les policiers, sont très attachants. On pense à un de nos voisins, un de nos oncles ou même un de nos parents quand ils nous sont décrits.


Un des points forts du récit est que l’histoire est courte et bien ficelée.


Je me suis demandé quel était le public cible du roman, puisque même si les personnages sont attachants, leur psychologie est simple et leurs agissements un peu problématiques, pour ne pas dire précipité. Exemple du policier qui se rend dans un bar et se fait donner une raclée. Ou alors celui qui va en apparence très bien et qui tout d’un coup disparaît, se retrouve saoul dans un chalet. J’ai noté un petit problème de transition à ce moment. J’ai relu pour être certain de n’avoir pas manqué une partie de texte.


J’ai lu le roman en fichier ÉPUB – et j’ai noté que les dialogues et les endroits où il n’y avait pas de dialogues étaient écrits de la même façon, sans séparations. Le problème venait peut-être de ma lectrice numérique désuète? D’un fichier défectueux? J’ai tout de même pu continuer la lecture.


La fin? Je ne m’étais vraiment pas attendu à l’identité du coupable, mais vraiment pas. L’action qui se déroule dans l’église, vers la fin, m’a déçu. On dirait un peu de remplissage et cela m’a agacé, aurait pu profiter d’un peu plus de développement.


L’atmosphère m’a aussi fait penser au film « Seven » avec Brad Pitt et Morgan Freeman.


Bref, je lui donne 3 étoiles sur 5.


Je le recommande pour les amateurs de roman policier. Je vais très certainement d’autres œuvres de cet écrivain.


 


Où se le procurer : Les éditions David



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Published on March 21, 2013 18:21

March 12, 2013

Le mythe de l’écrivain torturé – Guillaume G. Lemaître – Le critique

Le mythe de l’écrivain torturé – Guillaume le critique


L’expérience des écrivains torturés tire à sa fin. Le dernier cobaye qui a bien voulu se prêter à l’exercice est le génial Guillaume G. Lemaître avec qui j’ai partagé les pages du magazine Freaks Corp. Numéro 6 — Spécial horreur.


Il est le dernier des fossoyeurs de rêves à s’y prêter, mais pas le moindre. Je tiens à remercier tous ceux qui ont bien voulu répondre à mes questions. Gaëlle, Romain, John, Sklaerenn et Guillaume. Merci de me prouver que je ne suis pas le seul fou à passer tout son temps à écrire, que la folie, c’est de ne pas poursuivre ses rêves et de ne pas profiter de la vie au maximum.


 


Qui est Guillaume G. Lemaître:


 


Guillaume G. Lemaître


 


Né près du Mont Saint Michel au début des années quatre-vingt, Guillaume G. Lemaître se passionne très tôt pour le fantastique et l’horreur à travers de nombreux supports. La littérature, la B.D mais surtout le cinéma de genre sont ses principales sources d’inspiration. Diplômé d’une école de cinéma, il aime varier les plaisirs de l’écriture, passant du scénario de court-métrage, de bande dessiné et surtout la littérature. Quand il ne rédige pas des chroniques de films pour le webzine L’IMAGINARIUS, il écrit des nouvelles de mouvances fantastiques et splatterpunk. Il vit à présent en région parisienne et pense bientôt commencer un premier roman.


 


 


Les questions et réponses :


 


Vous considérez-vous comme un écrivain torturé?



Non, même si je pense qu’il faut être légèrement plus névrosé que la moyenne pour prendre plaisir à noircir des pages blanches sur son temps libre.

Décrivez vos états d’âme versus la production littéraire du moment – est-ce qu’il y a une relation entre ces deux éléments?



Quand tu vois le Top 10 des ventes de la Fnac, on peut légitimement parler de « lecteurs torturés ». Et masochistes, de surcroît, car ils le veulent bien! Je lis et écris des choses plutôt violentes, extrêmes et sombres, aussi Madame Michu pourrait facilement en conclure que je suis torturé. De mon point de vue, une vieille fille qui passe son temps à lire Marc Levy, Guillaume Musso, Katherine Pancol ou Anna Gavalda est dans un état beaucoup plus préoccupant que le mien.

 


Lecteur névrosé et torturé


 


 


Que faites-vous quand vous êtes incapable d’écrire?



Je remets mon travail à plus tard, car la meilleure façon d’être mauvais c’est de se forcer à faire quelque chose quand on n’a pas la tête à ça.

Qu’est-ce qui vous frustre le plus quand vous êtes incapable d’écrire?



Le fait de savoir que l’inspiration reviendra à un moment où je serai trop occupé pour écrire ce qui me viendra sur le coup.

Comment vous en sortez-vous?



J’ai toujours un bloc note sur moi (en fait maintenant sur mon iPhone) et dés que j’ai un embryon d’idée, je le note. Que ce soit, une idée d’intrigue, de personnage, de dialogue, etc. Cela évite de perdre les bonnes choses. Ainsi quand je me pose devant mon traitement de texte je ressors mes notes et peu partir serein. Je dois préciser aussi que le vin blanc sec est un excellent carburant pour ma prose.

Pourquoi écrivez-vous?



Mon amour de la langue française et mon besoin permanent de me vider la tête sont certainement les deux meilleurs arguments que je puisse apporter.

Que pensez-vous de l’image classique de l’écrivain alcoolique, à moitié fou, excentrique?



C’est une caricature, mais il n’y a pas de fumée sans feux. Encore une fois, je pense que nous sommes tous névrosés à des degrés divers et que les écrivains le sont plus que la plupart des gens. Certains sont très borderline, d’autres très sobres, mais lesquels sont les plus intéressants à lire?

Avez-vous des commentaires pertinents sur le sujet de l’écrivain troublé?



Écrire est la meilleure façon de se connaître soit même et de s’améliorer. Je conseille à tous les gens qui se sentent « troublés » d’écrire ou de commencer une activité artistique plutôt que de gâcher leurs temps et leurs argents dans de longues psychothérapies.

 


Commentaires :


Les réponses de Guillaume me font réfléchir. Pourquoi faisons-nous cela? Je veux dire pourquoi remplissons-nous des pages, jour après jour, d’histoires invraisemblables et le plus souvent sans avoir la moindre certitude qu’ils seront un jour lus. Que les gens vont aimer, que nos écrits aient le moindre intérêt ou potentiel.


Sommes-nous donc névrosés? Je crois que oui. Être écrivain, du moins dans mon cas et celui des copains, c’est quelque chose qui nous est tombé dessus et qu’on n’a jamais vraiment voulu. C’est là, c’est en nous et on en profite. On aurait pu être plombier, la vedette de football ou de Hockey, pilote de formule 1. Mais quelque chose a fait de nous des écrivains.


Comme c’est bien souligné dans la réponse à la question 2 – qui est vraiment torturé dans tout cela? L’écrivain qui se libère et met sur papier des fantaisies morbides, macabres et traumatisantes ou le lecteur qui les dévore dans son lit, en pyjama, avec un sandwich au poulet dans une main et un verre de vin dans l’autre?


Il existe un marché très important pour la lecture du fantastique, pour la violence, le gore, le meurtre et un tsunami d’hémoglobine. Regarder ce qui se vend bien à la télévision et les films? Il y a bien entendu des exceptions, mais en majorité, c’est la violence et le sexe qui captent les auditoires, qui vend des billets de cinéma. Nous sommes un peuple de voyeurs avides, voraces des atrocités qui arrivent aux autres.


Dans le fond – et merci de l’avoir souligné – ce sont peut-être les lecteurs qui sont torturés. Nous, écrivains, ne faisons que suivre une thérapie salvatrice et saine.


Des réponses de Guillaume, je peux deviner un écrivain logique, calme, empreint d’une certaine vision critique du monde qui nous entoure et qui le sert bien dans son écriture, dans ses chroniques de films ou autres.


J’ai bien hâte de tenir son premier roman en main.


 


Freaks Corps, spécial horreur


 


Pour suivre l’actualité de Guillaume G. Lemaître :  Page Facebook officielle



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Published on March 12, 2013 13:07