Sylvain Johnson's Blog, page 31

September 18, 2013

Lecture de Naissance — Le recueil — Aux Éditions Cyngen.

Naissance - Le recueil


Nous avons ici droit à un recueil illustré de quatre images et comprenant 8 nouvelles dans les genres suivants : Anticipation – science-fiction – épouvante/horreur et thriller.


Le livre est uniquement offert en version numérique.


Mes commentaires sur le recueil :


Je me tape une autre anthologie de nouvelle, pas mal pour un lecteur qui n’aimait pas ce genre quelques mois plus tôt, mais qui commence à y prendre goût. J’en suis à quoi, ma troisième critique du genre?


L’anthologie est très bien illustrée, les quatre images sont en couleur et la couverture est intrigante, elle éveille notre curiosité.


Le sujet du recueil est la naissance et je peux vous assurer que ce thème est très bien exploité, les textes choisis s’y rapportent tous d’une façon ou d’une autre. Si vous avez le cœur sensible et que la dernière chose qui vous intéresse est d’assister à une suite d’accouchements sanglants, soyez rassuré, ce n’est pas un bouquin de néonatologie. Mais sachez qu’il faut quand même un peu de sang pour rendre les choses intéressantes…


Voilà, j’ai passé un bon moment de lecture avec ce recueil, découvrant une panoplie d’auteurs que je ne connaissais pas et que j’espère lire à nouveau.


Le sang des inférieurs d’Anne Feugnet :


Une longue nouvelle littéraire bien écrite, qui nous rappelle parfois certains films, certaines autres histoires déjà lues. Mais on ne réinvente pas la roue et les écrivains ne sont pas exempts de cette règle primordiale. Le récit se déroule dans un monde ravagé où les rares survivants tentent de rebâtir un semblant de société, basé sur le modèle de l’Ancien Monde.


Naître est un acte imposé, un état qu’on subit ici sans questionnements. Et si la naissance n’était pas le commencement? Critique social et un reflet de ce qu’est notre société, cette nouvelle prend tout son sens avec les manchettes de l’actualité sur les tromperies de nos dirigeants. C’est un bon texte.


Lucy de Gaëlle Dupille :


Gaëlle est la seule écrivaine du groupe que je connaissais déjà. Comme toujours, elle nous guide gentiment au cœur de son univers, disons quelque peu démoniaque? Avec son talent indéniable, nous vivons une aventure littéraire inoubliable. La narration du point de vue du fœtus, quelque chose de risqué est ici bien réussi. L’auteure s’amuse avec les noms des personnages, nous donnant des indices sans vraiment le faire. Le texte est bien écrit, d’une fluidité qui nous accroche dès les premiers mots.


C’est l’histoire d’un fœtus intelligent et particulier, tout juste avant la naissance. Cette chose baignant dans les jus créateurs détient le pouvoir de changer le futur, de remodeler l’humanité. On veut savoir comment et surtout, pourquoi.


La construction du récit m’a offert une grande surprise. Au début, le narrateur nous parle de trois symptômes affectant la population et nous en explique seulement deux. Le récit se poursuit et durant un moment, on oublie le troisième, qui nous revient en plein visage vers la fin de l’histoire. Je compare cela avec une pâtisserie mise de côté dans un garde-manger et qu’on retrouve, tout juste au moment où le besoin de sucre se fait sentir. Très bien joué.


Le sujet principal du récit aborde la naissance, le thème désiré dans l’anthologie, mais c’est bien plus que cela. Les sujets abordent et les rebondissements, les surprises se succèdent jusqu’au dernier mot.


L’enfer dans les yeux de Nicolas Saintier :


Dès le début de la lecture, on se retrouve avec une ambiance à la « Anne Rice », remplie de mystère, d’une certaine sensualité et des descriptions bien placées. Le personnage est bien décrit, son état d’âme nous est présenté avec franchise. Un bon travail psychologique nous permet de comprendre le gamin.


Vous retrouverez un jeune homme en marge d’une société à laquelle il ne semble pas appartenir. Solitaire et différent, il plongera au cœur des ténèbres avec le désir de se fondre dans son rêve, de finalement se trouver chez lui. Cela ressemble à un écrivain, non?


Vampire vous avez dit vampire?


On croit bien savoir où tout cela nous conduit, mais détrompez-vous, deux petites surprises à la fin vont venir ébranler vos certitudes.


Gynogenèse de Sélène Meynier


Un militaire qui représente un danger pour son unité en raison d’un contact rapproché avec une espèce autochtone est envoyé en exil. La créature l’a mordu, l’ayant contaminé. C’est au fil des jours, sous forme de brefs textes datés, que nous suivons le personnage.


C’est de la science-fiction, très bien écrite, le ton des deux narrateurs est très convainquant, l’agonie palpable. C’est le genre de naissance qu’aucun être ne devrait subir. Le processus qui conduira la chose hors du corps est très bien documenté, s’étend sur plusieurs pages.


Bon récit, bon dénouement.


Le jour où tu es née de Caroline Rochas


Un chercheur se retrouve coincé dans le bunker d’une université, là où il fait ses recherches. Mais il découvrira qu’il n’est pas le seul, une jeune femme s’est invitée et ils seront forcés de faire connaissance. Qui est-elle et que veut-elle vraiment?


Le texte m’a plut, puisque bien écrit et parce que notre curiosité est tout de suite piquée. Le thème de la naissance est ici doublement illustré, du moins si j’ai bien saisi. J’aurais aimé plus d’élaboration sur l’expérience en cours, sur son sujet, mais l’auteur à d’autres idées en tête.


Le projet Janus de Robin Maillard


Cette histoire est un récit de science-fiction en lettres majuscules. Un genre avec lequel j’ai toujours eu de la difficulté.


Que nous raconte l’auteur ? Une équipe de scientifiques prépare une expérience de téléportation tant attendue, qui ne se déroulera pas tout à fait comme prévu. Que s’est-il vraiment passé ?


C’est un texte qui plaira aux amateurs du genre, avec le vocabulaire et les idées de circonstances. L’auteur incorpore un mélange hétéroclite d’éléments (noms de gens et de villes, philosophies et la redoutable mathématique) au récit, le rendant sans contredit unique.


Le thème de la naissance est bien respecté. Une histoire intéressante à découvrir.


Alchimie humaine de François Cedelle


Tout commence par un libraire qui se fait voler un vieux livre, qui poursuit le criminel qui se débarrassera du volume, non sans en déchirer et garder quelques pages. Est-ce que cet incident pourrait avoir quelque chose à voir avec le tueur en série qui sévit dans la ville ? Peut-être bien.


Tout est en place pour un thriller policier, un roman d’action.


Le récit est bien structuré, l’action nous tient en haleine et les éléments imprévus se succèdent.


 La chose de Muriel Georges


Ce texte est court, mais très efficace. On découvre une jeune femme violée, aux prises avec un poupon indésirable qu’elle appellera la chose. Motivée par un désir de vengeance, elle se prépare à affronter son agresseur.


Le texte est sombre, la tragédie et la tristesse du personnage sont bien relayées par les descriptions et les émotions ressenties. On veut savoir, jusqu’au bout, ce qui va arriver. L’intensité psychologique culmine avec la rencontre planifiée, la fin pourrait vous surprendre.


Pour faire l’achat c’est ici :


Naissance – Le Recueil



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Published on September 18, 2013 18:11

September 16, 2013

Le mal d’écrivain.

Machine à écrire


Quand on parle des écrivains, il est si facile de tomber dans le piège des stéréotypes véhiculés par la télévision et le cinéma. De s’imaginer qu’un écrivain est un être lâche qui se la coule douce chez lui, au lieu de travailler.


Pour la majorité des gens, de nos connaissances, de notre famille, être écrivain se résume peut-être à ceci :



Pas besoin de se rendre au travail. Rester chez soi tous les jours, sans devoir se soucier des embouteillages, des autoroutes bondées ou des ponts en pleine réparation qui ne laissent passer les véhicules qu’au compte-goutte. L’écrivain évite les longs trajets monotones dans le métro, le détour des autobus sans air conditionné, les transferts imprévus et les attentes interminables sous la pluie froide ou le soleil brûlant. Ils évitent aussi la proximité des clochards qui vous reluquent d’un mauvais œil, la main glissée dans leur pantalon et un filet de bave coulant sur leur menton velu.
Être romancier signifie écrire durant quelques heures au matin, pour être libre le reste de la journée. Il est aussi de notoriété publique qu’il faut boire plusieurs carafes de café durant le jour, consommer abusivement de l’alcool tous les soirs. Que tous les prétextes sont bons pour faire une sieste, visionner un film, aller flâner sur Facebook, lire un livre ou simplement ne rien faire.
De ne pas avoir à se rendre au centre-ville, à l’autre bout du village ou en campagne pour bosser, c’est être bien assis à longueur de journée dans une pièce chauffée, sans souffrir des intempéries ou des évènements météorologiques imprévisibles. Quel confort!
Un écrivain n’a pas d’uniforme, ne doit pas revêtir de lourdes vestes pare-balles, de souliers à talons hauts pénibles, de complets inconfortables, d’habits de poulet jaune pour déambuler dans la foule et vanter le goût incomparable des croquettes de poulet d’un restaurant minable. Tout le monde sait qu’un écrivain passe ses journées à se promener dans la maison en sous-vêtements, sans se raser, ne prenant de douche que lorsque les mouches le fuient ou restent coincées dans la substance gluante qui macule sa peau. Les écrivains ont les cheveux longs, les ongles noircis et s’ils ont des dents, elles sont pointues.

Les auteurs se plaignent sans cesse de ne pas faire beaucoup d’argent, d’être pauvres. Vraiment? Alors, comment expliquer qu’ils ne retournent pas au travail? Qu’ils ne se décident pas à se manier le cul pour mériter un salaire et ainsi payer les factures, payer des impôts, pour contribuer à mettre de la bouffe sur la table et rembourser le prêt octroyé par le beau-père? Au lieu de perdre tout ce temps en rêveries puériles.


Détrompez-vous!


 La vérité des écrivains est bien différente et vous est aujourd’hui révélée en primeur.



Les auteurs préfèreraient de beaucoup être dehors à respirer l’air frais. Ils veulent quitter cette pièce sombre et empuantie où ils sont enfermés, faire une promenade en forêt ou sur le bord d’un lac. Ils veulent épier les gens dans le métro à la recherche d’éléments pouvant les inspirer, éviter les crottes de nez collés sous les sièges d’autobus qu’ils ont peut-être eux-mêmes laissées en place la semaine d’avant. Un embouteillage, un détour ou une autoroute au trafic routier lent est une occasion en or de monter le volume de la radio au maximum, les vitres baissées et de hurler tout en gesticulant comme un malade mental qui vient de s’échapper de l’asile.

« You know I’m born to lose, and gambling’s for fools, but that’s the way I like it baby, I don’t wanna live forever, And don’t forget the joker! »



Un écrivain ne passe pas tout son temps à la maison devant l’écran de son ordinateur ou la machine à écrire. Pourquoi? Est-ce qu’un policier poursuit les criminels dans le dédale des rues de la ville durant la totalité de son quart de travail, sans prendre le temps de rouler tranquillement dans sa voiture avec une boîte de beignets sur les genoux? Est-ce qu’un médecin passe huit ou douze heures d’affilée à scier les poitrines de victime de crises cardiaques, sans prendre le temps de tripoter la nouvelle petite infirmière? Qui peut se vanter de travailler durant chaque minute, chaque seconde de sa journée sans la moindre pause? Il faut aussi prendre en considération le fait que travailler à la maison peut s’avérer propice aux distractions.
Le café? Bien entendu que les auteurs boivent des tonnes de café, c’est essentiel pour la survie, pour rester éveillé. L’alcool? Il ruisselle dans les gosiers voraces des écrivains comme une intarissable source, jour et nuit, jusqu’à ce qu’ils s’écroulent à moitié morts dans une flaque de vomi rosâtre.
Travailler à la maison signifie parfois devoir endurer le froid hivernal qui filtre au travers des murs inadéquatement isolés, qui ronge les doigts occupés sur les claviers, qui glisse d’une manière reptilienne sur les jambes inertes sous le bureau. L’été annonce le festival de la sueur, avec au programme le ruissellement dans le cou, la moiteur des aisselles, le cuir chevelu humide et la très plaisante coulée rectale qui s’attarde parfois jusque sous le scrotum.
Un écrivain n’a pas besoin d’uniforme, c’est bien vrai. Mais passer ses journées en sous-vêtements? Que croyez-vous? La réalité est qu’ils passent tous leurs temps à poil, dévoilant ces corps aux formes variées, aux attributs beaux ou laids, flasques ou durcis, relevés ou abaissés. Se raser? Quelle perte de temps, aussi bien jouer le jeu de l’animal et rester poilu.
Un écrivain faire de l’argent? Pourquoi? Pourquoi travailler quand on peut vivre au bras de la société comme une sangsue, que ce soit sur le chômage, l’aide-sociale ou encore d’un conjoint un peu stupide qui se tue à petit feu en accumulant les journées de travail supplémentaire ou en suçant la vieille queue du patron, pour ne pas perdre son emploi?

Alors, est-ce qu’on a la vie facile, nous les écrivains?


Imaginez les maux de dos, les muscles qui se plaignent de devoir passer des heures dans la même position. Les poignets qui réclament d’autres mouvements que le pianotage des claviers, que le va et vient de la masturbation quotidienne ou du constant lever de la bouteille de bière qui s’alourdit avec les années.


Et le cul, vous y pensez? Les fesses nous aplatissent, la raie s’agrandit et la chaleur de toutes ces heures où on prive ce gentil derrière de respirer est pire que les radiations de Tchernobyl. Vous avez déjà senti la chaise d’un écrivain? C’est un mélange d’odeur de flatulences, de sueurs, de semences répandues et d’urine.


Ce n’est pas tout, nous souffrons de mal de tête. D’abord, parce qu’on n’arrive pas à taire cette foutue machine parlante qui fonctionne jour et nuit, qui débite des conneries dans notre cerveau, qui réveille des voix connues ou inconnues. Nos yeux braqués sur les écrans s’assèchent comme l’organe humide d’une vieille religieuse perverse à la retraite. On se retrouve avec de petits yeux asiatiques injectés de sang, des cernes noircissant notre visage d’une pâleur cadavérique.


Les tempes nous font aussi mal, parce que notre corps est constamment soumis à des positions anormales, des séances trop longues d’inertie.


Le mal d’écrivain est horrible.


Il n’y a pas de solution, pas de cure miracle. Faut vivre avec et l’adopter comme un membre de notre famille.


Pensez-y la prochaine fois lorsque vous croiserez une de ces misérables loques humaines. Faites une bonne action et achetez un livre.



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Published on September 16, 2013 08:38

September 11, 2013

Silence, vous avez dit silence?

Silence


Karl était au bout de son rouleau. Cela faisait deux semaines qu’il tentait de finir cette foutue histoire pour l’appel à texte western d’un magazine français. Deux semaines qu’il passait ses journées à faire le va-et-vient entre la maison sur la colline et le village dans la vallée. Que ce soit pour aller rencontrer l’artiste qui allait le tatouer, l’aider à mettre sur papier le dessin compliqué qu’il voulait graver sur son dos. Ou encore pour tenter de faire bouger les choses dans les poursuites contre l’école primaire de son fils, où il s’était apparemment brisé le bras, dans la cour, alors que les enfants étaient sans surveillance.


L’année passée, il avait convaincu sa femme de vendre leur maison dans la banlieue afin de venir s’installer dans le calme des montagnes. Parce que comme tout le monde le sait bien, les écrivains ont besoin de calme. Qu’on leur foute la paix.


Résultat? C’était cent fois pire. Chaque sortie prenait des allures d’expéditions archéologiques, la durée des voyages dans la vallée se décuplait pour un rien. Le climat prenait ici des allures de période glaciaire et de tempête destructrice. Les voisins ne cessaient de venir frapper à la porte, gentils, et tout cela pour le bourrer de tartes, de bouteilles de vins et de friandises. On voulait lui souhaiter la bienvenue et le résultat était qu’il avait chié plus de cochonneries sucrées en quelques mois que durant toute son adolescence. Son anus était en feu.


Sa femme s’était faite pleine d’amies, toutes plus ennuyantes les unes que les autres, de vraies grues qui ne cessaient de parler, de hurler et de s’exclamer pour un rien. Elles débarquaient à tout moment, imprévisibles et nuisibles.


Ses enfants étaient devenus de véritables coureurs des bois, des chasseurs et des pêcheurs. Ils avaient renversé la tendance évolutionniste, passaient peu à peu d’humains modernes à enfants des cavernes.


Le silence était une chose du passé, même le cabot s’y était mis, hurlant avec les loups, après les animaux sauvages qui ne cessaient de venir piétiner leur jardin, de manger ses tomates et ses concombres.


Karl avait cru que la vie à la campagne serait idéale pour sa carrière.


Il s’était trompé. Parce que peu importe où il irait, le bruit ne cesserait jamais. Les distractions s’accumulaient comme les erreurs d’un politicien en pouvoir depuis quelques années.


Il repoussa la bouteille de Jack Daniels à moitié vide, caressa tendrement sa vieille et fidèle machine à écrire de marque « Continentale » dont la lettre « E. » était effacée.


Il souleva l’arme froide, déposa un baiser sur le barillet à l’odeur d’huile et posa le canon contre sa tempe.


Il entendit les gosses qui jouaient aux indiens dans la cour, le chien qui jappait après le chat du voisin, de nouveau venu se coucher sous sa voiture. Il écouta sa femme qui riait comme une jument en rut dont la crinière se serait prise dans un broyeur à déchet.


Le silence était un mythe, parce qu’il n’existait pas en lui.


Le tumulte de ses pensées lui fit presser la détente.


Suicide



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Published on September 11, 2013 17:15

September 9, 2013

Des films, des films pis encore des films.

Voici une courte liste de certains films que j’aie eu le plaisir ou le malheur de regarder ces derniers temps. Ce n’est pas une critique intelligente, approfondie ou qui se veut sérieuse. Juste les élucubrations d’un pauvre écrivain qui remplit son blogue.


Cloud Atlas


Cloud Atlas


Nous retrouvons ici une adaptation cinématographique d’un roman de David Mitchell publié en 2004 et que je n’ai pas eu le plaisir de lire. J’ai été intrigué par la bande-annonce et par la participation de plusieurs acteurs de renom dont : Tom Hanks — Halle Berry — Hugh Grant — Susan Sarandon et le méchant agent Smith de « Matrix ».


Il s’agit d’une production allemande qui a vu le jour malgré des problèmes de financement.


L’action se déroule dans six époques différentes, avec des personnages étranges, attachants ou encore détestables. Les acteurs se retrouvent dans presque chaque époque, en raison du maquillage et des effets spéciaux très intéressants et réussis.


Le film m’a beaucoup plu. J’ai un penchant pour les films avec des scènes de retours dans le temps (Genre Highlander). Cloud Atlas est aussi un récit intelligent.


Une seconde écoute m’a permis de découvrir des éléments que je n’avais pas remarqués la première fois.


C’est une histoire qui fait rêver et réfléchir, dans laquelle on conçoit l’irréversibilité de notre destin.


Hemlock Grove


Hemlock Grove


Une série exclusive à Netflix, filmée avec un gros budget. Un ami (l’écrivain Yvan Godbout pour ne pas le nommer) m’avait prévenu que cette série était mauvaise. Je me suis quand même laissé tenter et j’ai regardé trois épisodes.


On dirait une production cinématographique d’étudiants en arts, le jeu des acteurs est souvent pénible, l’action risible et les prétextes pour incorporer des scènes sexuelles se succèdent. Les acteurs ont l’air d’avoir 12 ans et jurent comme des marins, se montrent les seins et couchent avec tout ce qui bouge.


Une douche peut être nécessaire après l’écoute de certains épisodes.


Il n’y a pas grand éléments positifs pour moi dans cette série.


Atlas Shrugged


Atlas Shrugged


Un autre film basé sur un livre dont j’ai souvent entendu parler. Atlas Shrugged d’Ayn Rand.


Que dire de cette production?


Il y a beaucoup de dialogues et c’est un peu lent à démarrer. Quelques semaines plus tôt, j’avais abandonné l’écoute pour passer à autre chose. Mais j’y suis revenu, sans trop savoir pourquoi. Le sujet du film est intéressant, on parle de l’exploitation d’énergies nouvelles, des forces politiques ou économiques qui s’opposent aux changements. C’est une critique sociale bien pensée. Malgré un budget restreint et plusieurs maladresses, je considère que le film n’est pas si mal que cela.


Étant donné qu’il s’agit d’une trilogie, ma curiosité a suffisamment été attisée pour que je loue la suite, récemment sortie.


Misère, par manque de financement, on a remplacé tous les acteurs et par le fait même, changé la dynamique intéressante du film. Cette deuxième partie laisse à désirer et tourne presque en farce bon marché. C’est un défi que de la regarder jusqu’à la fin.


La troisième partie, non merci!


Life of Pi


Life Of Pi


Un film basé sur le roman d’un écrivain canadien. C’est à mon avis un film léger, qu’on peut regarder en famille. On ne vous force pas trop à réfléchir, on ne vous bombarde pas d’actions inutiles.


La beauté visuelle du film est indéniable, l’histoire nous tient captives et c’est un très bon divertissement.


J’ai passé un bon moment.


Olympus has fallen


Olympus has fallen


Ce film est probablement destiné à être joué dans les salles de cinéma improvisées des troupes américaines déployées dans le monde entier. C’est une immense propagande typique, où non seulement on fait exploser tout ce qui nous tombe sous la main, mais où le héros et un gros dur indestructible.


Il évite les balles avec une agilité de ballerine en pleine performance, case la gueule de tous ceux qui osent venir le défier.


La présence d’un message caché dans le film, uniquement perceptible pour notre cerveau, ne constituerait pas une grande surprise… je peux entendre ce message vanter la force américaine et le courage de ceux qui risquent leurs vies à protéger l’aigle qui chie partout.


À la fin, on veut vous voir debout, brandissant le drapeau des U.S en chantant la gloire de cette nation dominatrice.


Si vous avez besoin, comme moi de temps en temps, d’explosions et de coups de feu aléatoires, c’est votre film!


Rien de nouveau sous le soleil hollywoodien de ce côté-ci.



Elysium


Elysium


Il faut comprendre en visionnant Elysium que ceux qui ont fait ce film sont les mêmes qui nous ont donné District 9. La ressemblance est frappante. Il y a quelques « belles » scènes, visuellement parlant. L’action est très linéaire et prévisible. Entre les personnages qui parlent français, anglais (version originale) et espagnol, en plus du personnage méchant qui parle on ne sait pas trop quoi, il faut vraiment porter attention aux dialogues.


Rien dans ce film ne me semble valoir le détour. Je voulais toutefois le voir, juste par curiosité et parce que la bande-annonce était invitante. J’ai lu quelque part qu’Eminem avait refusé le rôle… aurait bien aimé le voir jouer le personnage principal.


Donc déception pour moi.



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Published on September 09, 2013 13:59

August 29, 2013

Les Racines Du Mal – Septième Partie : Jean et le bras de Joseph

Important :


« Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »


 


police sous attaque


Jean Métallos


Rioz, France.


La voiture de Jean démarra en trombe et fonça dans la rue, la musique déversée par les haut-parleurs menaçant de lui déchirer les tympans. Sa hache reposant sur ses genoux, il manœuvra habilement entre les voitures stationnées, enfonçant l’accélérateur, voulant gagner le plus de vitesse possible avant d’atteindre sa cible.


Le bruit du moteur, la voix criarde de « James Hetfield » ou la simple apparition du véhicule attira l’attention des flics qui se tenaient dehors, devant l’église. Ils se retournèrent vers lui, tout d’abord par curiosité, mais ils découvrirent rapidement que sa trajectoire et son accélération n’avaient qu’un but.


Les écraser!


Riant à gorge déployée et en pleine érection, Jean projeta son véhicule comme un projectile véloce et meurtrier dans la masse colorée des policiers et de leurs voitures. L’impact fut monumental, bruyant et suivi par une pluie de débris. Sa bagnole emboutit l’une des voitures de police sur le côté, happant par le fait même les jambes d’un des agents, son corps désarticulé exécutant un vol plané remarquable. Il ne vit pas son atterrissage, n’entendit pas son crâne se fracasser sur le trottoir bétonné et ne vit pas la flaque qui se forma tout de suite après.


Sa bagnole se retrouva ensuite coincée entre deux voitures de flic, sa ceinture de sécurité l’empêchant de subir le contrecoup de l’arrêt brutal, d’être blessé. Il avait réussi son entrée en scène, rendu inutilisables la plupart des véhicules.


Le bruit de ferraille tordue, de son moteur qui s’étouffait et des débris qui retombaient prirent la relève à cette musique rugissante qui s’était tue. Jean ôta sa ceinture et se glissa dans l’ouverture créée par la vitre qu’il avait préalablement laissée ouverte. Il avait prévu que les portières puissent être bloquées et donc impossible à ouvrir.


On criait au loin, alors que tout près on se lamentait, s’éveillait du choc inattendu. Jean prit la direction de mouvements qu’il détecta sur sa droite, traversant des filets de fumée et côtoyant un enjoliveur vagabond qui s’était perdu, ne trouvant plus la roue qu’il devait abriter.


Jean riait toujours, Furie sa légendaire hache levée à bout de bras. Un des policiers était à genoux, contre le flanc cabossé d’un véhicule immobilisé. Il leva la tête en entendant des pas, croisa le regard de l’homme défiguré qui se penchait sur lui et un sifflement rapide mit fin à tout processus de pensée, tout mouvement corporel ordonné par son cerveau court-circuité. La dernière chose qu’il vit fut le démon laid et vicieux qui venait lui enlever la vie. Il s’écroula comme un pantin sans vie, sa tête libérée décida de faire la cour à cet enjoliveur luisant qu’elle tenta désespérément de rattraper, laissant une empreinte rougeâtre.


Le tueur à gages pivota aussitôt, recherchant la prochaine victime potentielle de son carnage. Il vit tout de suite les deux hommes en uniformes contre le mur de brique de l’église. L’un d’eux était au sol, se relevait péniblement, les avant-bras et les coudes en sang, ses cheveux en bataille. L’autre était adossé contre le mur, possiblement en état de choc, puisqu’il restait sur place sans bouger, la bouche entrouverte et le regard vacillant. La brutalité de l’attaque-surprise avait été d’une efficacité remarquable.


Celui qui se tenait debout avait une blessure au front, qui saignait en une coulée sinueuse le long de sa joue, dans son cou. Il avait reçu un débris. Dans sa confusion, il n’avait même pas encore amorcé le geste, pourtant essentiel dans une telle situation, de dégainer son arme de service.


Jean excellait dans les moments de crises, dans le chaos et la confusion. À la guerre, c’était au front qu’il était au sommet de sa forme, piétinant les carcasses inertes des soldats, écoutant siffler les projectiles et hurler les mourants. Ce n’était évidemment pas le cas pour les deux jeunes policiers de campagne inexpérimentés, leurs pensées devaient être dirigées vers ces jeunes épouses qui les attendaient à la maison, vers les gamins pleurnichant et morveux qu’ils aimaient tant.


Ils avaient peur de mourir!


Jean courut, sauta et glissa sur le capot défoncé d’une voiture, pour retomber sur ses pieds non loin des deux hommes. Il hurla et sans la moindre hésitation, abattit la hache sur celui qui se tenait debout, le frappant à la poitrine, le projetant contre le mur, son dos absorbant le choc du béton. Le regard du pauvre policier trop lent s’agrandit, sa main chercha à lui agripper le bras, mais Jean se retira aussitôt avec la hache qui dégoulinait d’hémoglobine. Le jeunot s’écroula lentement, révélant une entaille à l’endroit où l’arme avait touché le mur.


Son copain qui venait tout juste de se redresser ne chercha pas à dégainer son arme, tout ce qu’il voulait était fuir. Il se retourna, gémissant comme une écolière effrayée par une araignée qu’on lui plaçait sous le nez. Il tenta de déguerpir au pas de course. Jean ne lui en donna pas la chance, il s’élança vers l’homme, ses bottes claquant bruyamment contre le sol, c’était le tumulte du balancier qui sonne le glas. Le tueur était rapide, fit trois enjambées et dès qu’il se trouva à portée de main, frappa le dos à découvert du policier fuyard. Il avait visé la colonne vertébrale, sentit le choc de l’impact et l’homme s’écroula au sol. Jean relâcha le manche de son arme, s’immobilisant tout près de la victime qui gigotait encore. Il plaça un pied sur son postérieur et retira la hache d’un gémissement d’effort. Le sang coula aussitôt, le policier se retournant afin de lui faire face. Ses yeux étaient remplis de larmes, sa main tendue dans une demande irréfléchie de pitié. Il avait pissé dans son pantalon et pleurnichait. Jean leva la hache, sentit une goutte de sang lui toucher la joue et abattit l’arme directement dans le cou de sa victime. Il mourut sur le coup, mais une deuxième frappe fut nécessaire pour détacher la tête qui roula jusqu’au caniveau.


Les yeux du policier se fixèrent sur lui, à jamais vides, et le tueur se détourna.


Un coup de feu résonna, un éclat sur sa droite fit voler des morceaux de béton. On venait de lui tirer dessus et en se jetant contre une voiture, accroupi, il vit le policier agenouillé de l’autre côté de sa bagnole.


Le représentant des forces de l’ordre avait le visage trempé de sueur, la main qui tenait l’arme pointée dans sa direction tremblait tellement, qu’il était incapable de la stabiliser sur une cible fixe. Le brave à la voix de chèvre en rut hurla néanmoins.


-          Jetez votre arme!


Jean s’adossa contre le flanc métallique dans son dos. Il leva les bras, sans cesser de sourire, Furie levée bien haut vers le firmament, comme l’étendard de son instinct meurtrier. Il voulut rassurer celui qui le tenait en joue, endormir sa méfiance.


-          Ça va, j’ai compris!


Le policier se redressa un peu, cherchant à adopter une meilleure position pour garder l’homme dans sa ligne de tir. Il devait tenter de gagner du temps, espérant que les deux autres confrères armés se présenteraient en renforts. Debout, Jean se retourna afin de faire face à son adversaire, sa poigne sur le manche boisé restait ferme.


Il devait agir avant l’arrivée des autres enfoirés. C’est pourquoi, sans prévenir, il abaissa avec force le bras qui tenait la hache en l’air, l’envoyant valser droit devant lui. Jean se jeta de côté, juste au cas.


Un autre coup de feu se fit entendre, alors que la hache atteignait sa cible en plein visage, c’était un lancer qu’il avait pratiqué durant des heures, mais rarement exécuté dans la vraie vie. Il était fier de voir que cela fonctionnait vraiment.


S’étant déplacé d’un pas sur la droite, il sentit l’éveil d’une douleur à son épaule. Il toucha l’endroit sensible et les bouts de ceux-ci revinrent ensanglantés, il avait été touché.


Jean la brute hurla de colère, se pencha afin de ramasser le revolver du policier qu’il avait tué contre le mur. Il s’assura que l’arme était bien chargée, ne prit toutefois pas le temps de chercher d’autres munitions. Le temps était compté avant l’arrivée des renforts et il ne fallait pas repousser l’idée de citoyens voulant jouer les héros. Il s’approcha ainsi rapidement de la porte de l’Église, longeant le mur en fouillant la scène du regard. Les coups de feu avaient été entendus par les confrères policiers à l’intérieur et ces derniers avaient amplement eu le temps de dégainer. Le son d’une radio se fit entendre, on confirmait l’envoi de renfort, beaucoup de renfort.


Il avait laissé Furie derrière lui, plantée dans le visage de sa dernière victime. C’était un choix stratégique, puisqu’il ne pouvait se permettre de perdre un temps fou à la récupérer. Il aurait aussi fallu passer devant l’entrée de porte qui donnait dans l’église, tombant peut-être dans la ligne de mire de ceux qui s’y barricadaient. Il reviendrait plus tard pour la prendre.


Jean décida de passer à l’action, il aurait pu rebrousser chemin, tenter de fuir, mais il n’abandonnait jamais un contrat, son honneur était en jeu. Il doutait aussi que les policiers barricadés dans l’église aient souvent eu l’occasion de tirer sur des hommes. Une seconde d’hésitation à enfoncer la détente pouvait faire la différence.


Le tueur s’assura d’un coup d’œil dans la rue qu’il n’y avait aucune menace de ce côté-là, ne vit personne et en fut satisfait. Il se souvenait d’un séjour en Écosse, d’une mission qui avait failli échouer. C’était un contrat simple, abattre un vieil homme chez lui, dans une cabane au flanc de la montagne. Le problème est qu’il n’avait pas cru bon de mettre un silencieux sur son arme, le coup de feu avait alerté quelques chasseurs dans les bois environnants. Il avait appris à ses dépens que les Écossais se tenaient les coudes, se protégeait les uns les autres. Il avait failli y laisser sa peau, fuyant sous une pluie de plomb.


Un certain calme s’était installé dans le quartier, on devait s’être barricadé et déserté la rue. Jean respirait comme un taureau, la douleur dans son épaule le dérangeait un peu. Il leva l’arme devant lui et avec un cri de guerre rauque, fonça dans l’entrée, tirant sur tout ce qui tombait dans son champ de vision et avait une silhouette vaguement humaine.


Banc d'église


Il vit qu’un des policiers se trouvait agenouillé derrière un banc d’église, sur sa droite. Jean tira dans cette direction, fit sauter des éclats de bois sur le dossier tout près, moins d’une dizaine de centimètres devant l’autre. Surpris, l’homme se jeta au sol, maintenant hors de vue. Jean se demandait s’il l’avait touché.


Il ne vit pas l’autre policier, mais eut le temps de tirer sur d’autres formes humanoïdes. Il atteignit Marie qui tenait l’enfant, Jean le baptiste fut touché et un agneau vit une de ses pattes s’envoler en éclats, créant une pluie de débris. Le chargeur vide, l’arme chaude avait perdu son pouvoir de mort. Le tueur n’eut d’autres choix que de se dissimuler derrière le banc le plus proche.


Il reprit son souffle, adossé contre le bois froid du dossier. Le silence n’était rompu que par sa respiration rapide, ses battements de cœurs frénétiques. Il dut réprimer une envie de rire avec nervosité, puisqu’il adorait l’action et était bien servi dans cette petite aventure. Comme il avait chaud et suait, il dut s’essuyer le front, les yeux. Il entendit à ce moment un glissement tout juste perceptible non loin de lui, révélant l’emplacement du policier sur lequel il avait tiré. S’assurant que l’arrière de l’église était toujours désert, que d’autres cons de flics n’étaient pas arrivés sur les lieux, il se débarrassa de l’arme vide.


Il était contrarié de ne pas avoir vu l’autre policier ou le prêtre qu’il protégeait, mais s’imaginait qu’ils devaient être allés dans le presbytère adjacent à l’édifice. Un passage devait relier les lieux. Il s’en occuperait plus tard. Pour l’instant, il se coucha à même le sol, son visage à quelques centimètres du plancher. Il vit ainsi le policier touché qui rampait en grimaçant de douleur. Son arme à la main, il ne l’avait pas encore vu, mais ne tarderait pas à le faire. Il était occupé à surveiller une attaque pouvant venir du haut.


Jean se releva aussitôt, enjambant le siège du banc, se tenant debout sur ce dernier. Exposé, il prit le soin de jeter des regards furtifs vers l’autel, les colonnes latérales et autres endroit où on aurait pu se dissimuler. Il se doutait que l’autre flic se trouvait avec le prêtre, lui offrant une protection rapprochée.


Jean sauta, en tentant de faire le moins de bruit possible, d’un banc à l’autre. Cela lui permit de réaliser qu’ils n’étaient pas ancrés au sol, qu’ils titubaient sous son poids, menaçant de se renverser. Il compta douze bancs avant de s’immobiliser, c’était deux de moins que son estimation de la distance le séparant du policier.


Tendant l’oreille, il entendit la respiration saccadée de ce dernier, ne le voyant toujours pas. Il devait être tout juste devant lui et Jean décida de se jeter au sol, de pousser le banc le plus près avec brusquerie, voulant créer un effet de domino.


Cela fonctionna, trois rangées tombèrent à la renverse avant qu’il n’entende les cris de douleur et de surprise de sa victime. Se frayant un chemin au travers des bancs, il trouva le malheureux sous le piège boisé, son arme toujours en main dirigée vers lui.


Évitant de justesse un coup de feu dont le projectile siffla à ses oreilles, Jean se jeta de côté, voyant et prenant un livre de prières qui reposait au sol. L’utilisant comme projectile, il lança l’objet vers l’individu prisonnier et traqué, déclenchant une autre détonation assourdissante, amplifiée par l’écho de l’immense pièce. Le policier devait ménager ses munitions, puisqu’il tirait uniquement lorsqu’il croyait avoir une chance d’atteindre sa cible. Cet homme avait de l’expérience, n’était pas un agent tout juste sorti de l’école.


Jean connaissait toutefois sa position exacte et se trouvait derrière lui. Il agrippa un banc d’une longueur suffisante pour que six personnes l’occupent, le souleva en retenant un gémissement de force. Il lança ainsi son projectile improvisé vers le policier au sol, se jetant à sa suite en espérant éviter de se faire tirer dessus. Le banc atteignit l’homme de plein fouet, mais il conserva son arme, hurlant de douleur. Il était incapable de se retourner, lui faisait dos et Jean frappa son poignet d’un coup de pied qui brisa le membre d’un claquement sec. L’arme fit un vol plané, retomba au sol et glissa jusqu’à une colonne.


Profitant de l’effet de surprise, Jean fondit sur sa proie, lui entoura le cou de ses bras et d’un mouvement sec, similaire au craquement d’une branche qu’on piétine, lui brisa le cou.


Le corps retomba, inerte, et ses jambes prisonnières toujours invisibles sous les pièces boisées.


Jean se releva tout de suite, aux aguets, cherchant la moindre trace d’un passage par où les autres avaient pu s’enfuir. Il vit l’autel, le confessionnal, des statues et une porte vers la droite. Ce devait être le couloir qu’il recherchait. Il quitta le centre de la pièce, se rendit auprès de Jésus sur son chemin de croix, tout près de la porte.


Il n’avait pas d’arme, décida d’arracher l’un des bras d’un Joseph cocu qui se tenait tout près, espérant que ce dernier lui pardonnerait. Après tout, il avait fermé sa gueule au sujet de sa femme forniquant avec un « ange », pourquoi se plaindrait-il d’un démon?


Jean posa son oreille sur la porte, mais n’entendit rien. Il tendit ensuite la main, toucha l’acier de la poignée froide, la fit tourner très lentement. Elle n’était pas verrouillée. Il offrit une petite poussée à la porte, se reculant dans un angle qui le dissimulait au cas où l’autre crétin aurait eu l’idée de l’attendre avec le doigt sur la détente.


Rien. Sinon un couloir sombre.


Jean n’aimait pas cela, détestait le jeu du chat et de la souris. Il préférait l’attaque de front, la confrontation directe. Courir après ses victimes le faisait chier.


Il entra dans le couloir, quelques pas le conduisirent à une autre porte où il jura à voix basse. Il commençait à en avoir assez, avait suffisamment risqué sa vie dans cette mission. En colère, voulant mettre fin à la chasse, il donna un puissant coup de pied dans l’obstacle qui s’ouvrit en grand, sur une vaste pièce.


C’était l’endroit où le prêtre devait se préparer pour la messe, se changer et y aller de ses bons petits soins avec les enfants de chœur. Des robes et diverses pièces de vêtements étaient accrochées aux murs, des objets entreposés un peu partout sur des étagères. Deux portes sans inscriptions se trouvaient au fond de la pièce.


Jean fit un pas, vit une silhouette sur sa gauche qui lui tournait le dos, vêtue d’une soutane noire. C’était peut-être le curé, à moins qu’il ne s’agisse d’un piège. Il ne pouvait voir les mains de l’homme, dissimulées devant lui et qui pouvaient tenir une arme chargée. Il ne cessait de regarder vers les portes, s’attendant à tout moment à voir le dernier policier surgir et lui tirer dessus. Il devait faire quelque chose et son choix tomba sur une avancée vers la silhouette non loin.


Il fit deux pas, s’arrêta. Son bras de statue levé, Jean brisa son silence.


-          Père?


L’homme ne bougea toutefois pas, ce qui l’agaça grandement. Dans quel jeu de con avait-il mis les pieds? Pourquoi toute cette mise en scène?


Il voulut avancer à nouveau, mais un mauvais pressentiment le retint. Il pivota la tête vers les portes, avec l’impression qu’on l’épiait. Il pouvait jurer qu’on se terrait dans l’une des pièces adjacentes, pouvait sentir un regard glisser sur lui, le profaner avec de mauvaises intentions. Il se décida donc à prendre cette direction, mais avant qu’il ait fait deux pas, la porte de droite s’ouvrit en grand, dévoilant un policier aux cheveux trempé, la lèvre frémissante et le regard voilé par la terreur. L’homme lui parla.


-          Je vous en prie, ma femme est enceinte et…


Jean n’attendit pas la suite de la plainte mélodramatique du policier, il s’élança vers lui. L’agent de la paix était toutefois plus rapide que ses confrères, Jean vit son doigt qui enfonça la détente, les muscles de son avant-bras qui bougeaient sous la peau, se contractant. Malgré tout, rien ne se produisit, l’arme resta silencieuse.


Il avait oublié d’enlever le cran de sûreté.


Jean ne perdit pas de temps en réflexions inutiles. Il fonça en agrippant l’une des robes à portée de main, qu’il lança sur le policier estomaqué par sa propre stupidité et qui se transforma en fantôme noir. Le tueur lui tomba ensuite dessus, frappant comme un enragé avec le bras de Joseph, jusqu’à ce que l’agent s’écroule, perde son emprise sur l’arme. Il persévéra jusqu’à ce que la masse devienne inerte et silencieuse.


Il retira ensuite la robe qui couvrait le malheureux, sans se départir du bras encore intact de la statue, pour lui tâter le pouls. Il était faible, mais présent. Jean ramassa le revolver délaissé, défit le cran de sûreté et visa la tête ensanglantée de l’homme. Il tira deux coups.


Il se retourna ensuite vers le prêtre, qui n’avait pas bougé.


Jean s’approcha, fouillant la pièce du regard, cherchant toute possibilité d’un piège plus élaboré que prévu.


-          Mon père?


Pourquoi cet enfoiré ne le regardait-il pas? Était-ce bien lui?


Jean était maintenant à deux pas de l’individu qui avait offert sa vie au service de Dieu et à l’adoration des gamins nus. Il tendit le bras, celui qui ne lui appartenait pas, touchant la soutane au dos.


Le prêtre se décida enfin à pivoter, à lui faire face.


L’homme qui se trouvait devant lui n’était pas celui de la photo, n’était pas le prêtre qu’il était censé éliminer. Celui qui l’observait avec un rictus moqueur était une de ses veilles connaissances. Avec sa petite barbiche à la Raël, Alex André Giraudeau le fixait de son regard machiavélique. Jean vit ses lèvres remuer au même moment où il apercevait l’arme automatique braquée sur lui, son canon béant prêt à délivrer une sentence de mort irrévocable.


-          Bonjour, Jean, ça fait longtemps. Elle ne vous a pas oublié, vous savez!


Un tonnerre assourdissant se répercuta dans la pièce et l’odeur de la poudre domina durant un très court instant, supplantant l’encens et les lampions se consumant à proximité.


 


La noirceur tomba sur Jean comme une ex-femme psychopathe et vorace dans un procès pour arrérages de paiement de pension alimentaire : avec froideur.


Revolver au visage


À suivre…


 


Retour à la sixième partie



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Published on August 29, 2013 11:40

August 23, 2013

Lecture : Durée d’oscillation variable de Martin Lessard.

Martin Lessard


 


Introduction :


Il s’agit d’un recueil de nouvelles littéraire prévu pour septembre 2013 aux éditions « Long Shu Publishing ». Étant donné que j’ai eu l’occasion de lire plusieurs anthologies ou recueils de nouvelles cette année, ce fut avec quelque peu de réticence que j’ai amorcé le bouquin.


Il faut avouer que d’habitude, je préfère les romans.


Donc, je me suis mis à la lecture en sachant que l’écrivain était un confrère québécois au nom qui me disait vaguement quelque chose. Après recherche (pas trop loin puisque le livre contient une biographie détaillée de l’auteur), j’ai découvert qu’il avait déjà publié dans certaines revues de la belle province que j’ai eu le plaisir de feuilleter.


« Durée d’oscillation variable » est le titre d’une des nouvelles incluses dans le bouquin, dont la couverture m’a tout de suite plu. Simple et à la fois mystérieuse, accrocheuse.


Le recueil débute avec une note de l’éditeur, une présentation de l’auteur. Ensuite, chaque histoire est précédée d’un court texte d’introduction, qui nous met dans l’ambiance, nous explique, nous dévoile, nous prépare. C’est un élément du bouquin que j’ai bien aimé.


 


Mes impressions :


Je commence par ceci : Monsieur Lessard, vous avez un nouveau « fan ». Ce recueil est sans contredit une de mes lectures préférées des derniers mois. L’auteur est un raconteur né, un critique social intelligent, un philosophe, un scientifique, un explorateur et un adepte de la diversification littéraire.


J’ai été charmé et reposer le livre me faisait le même effet qu’une séance d’épilation sur un dos velu.


En sachant l’auteur québécois, j’avais un peu peur qu’il tombe dans le piège de l’utilisation abusive du « dialecte » de la belle province, quelque chose qui m’horripile au plus haut point. Au contraire, le langage est riche, les expressions amusantes et un texte facile à lire. Un français impeccable qui défie les limites territoriales et culturelles.


Dans « I Remember », nous sommes aux prises avec un savant mélange de fiction, d’histoire et d’humour qui nous permet de commencer le recueil avec force. La qualité littéraire du texte est indéniable.


« Sans le pire, le mieux ne pouvait s’exprimer à sa juste valeur » p.11


Avec le personnage principal, Messire de Québec, ce n’est pas seulement une aventure de chevalerie moderne, un tournoi planétaire que nous vivons à chaque page tournée. C’est bien plus profond et subtil que cela, c’est l’épopée de tout un peuple qui défile sous nos yeux, avec leurs problèmes, leurs illusions, leurs divertissements. Les clins d’œil historiques sont nombreux et subtils.


« Durée d’oscillation variable », la nouvelle qui a donné son titre au livre dévoile l’étendue de l’imagination de monsieur Lessard. Il nous force à explorer l’ambivalence de la race humaine. Ne désirons-nous pas toujours ce que notre voisin possède, incapable de nous satisfaire de nos propres biens?


Le récit efficace est une critique sociale ouverte, avec une fin qui frise la philosophie. J’adore!


Viennent ensuite quelques très courtes nouvelles, dont je ne suis d’ordinaire pas un amateur. Par contre, c’est en exécutant un tour de force particulièrement ingénieux que l’auteur parvient à maintenir notre intérêt.


« Le choix » est une histoire à tendance familiale, spirituelle qui vous divertira, vous amusera.


« Expert à l’appui » c’est le drame des créateurs, une histoire qui à fait sourire l’écrivain en moi, car nous avons tous vécu quelque chose de similaire, du moins sans l’élément de science-fiction.


Parmi les courts textes, un m’a frappé par son thème osé, sa réalité tangible. Il s’agit de « Le bonhomme vient à 7 h ». Cela a éveillé le souvenir de ma mère qui hurlait dans la ruelle pour nous obliger à rentrer.


« Sur le chemin du bercail » nous invite à nouveau dans un amalgame de genre, de sujet. Histoire, science, fantastique et science-fiction sont réunis pour nous faire réfléchir.


« Le son de la vie » est une critique ouverte au capitalisme, à notre société obèse et aveugle de consommation. Nous vivons pour le moment présent, sans penser au futur, sans nous soucier des conséquences de nos actes.


« Psychédélique affection » est un jeu imaginaire dans lequel nous inversons les réalités de notre société, de nos conventions. Comme dans les livres de Stephen King, l’auteur chamboule les concepts et nous permet de nous demander… et si les choses se déroulaient plutôt de cette manière…???


 


Conclusion :


Voilà, j’ai donné mes impressions sur certaines des nouvelles. Mais il ne faut pas croire qu’avec les critiques sociales, les élans philosophiques et les jeux de mots, ce recueil est d’un sérieux académique.


Car les histoires sont amusantes, divertissantes et nous permettent de passer un bon moment.


C’est un recueil essentiel pour l’amateur des genres de l’imaginaire.


Je vous invite donc à en faire la découverte vous-même…


 


Site de l’éditeur : Long Shu Publishing


 



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Published on August 23, 2013 08:49

August 19, 2013

Le complot des fluides

 


Quelque chose de terrible est en train de se produire. Ici même, sur cette planète, dans ce monde que nous aimons croire civiliser et que nous avons colonisé, envahi, surpeuplé. C’est un phénomène irréversible, discret et bien réel. Cela touche tous les pays du monde, sans distinctions pour les frontières, langues, religions.


Des documents, enquêtes et études nous parlent du niveau des eaux qui grimpent. On dépense des millions, chaque année, pour étudier cette situation. On en parle dans les films, les livres, les documentaires, au Congrès américain.


Est-ce en raison de la fonte des glaciers? D’une hausse des températures? D’un changement climatique résultant de la pollution? La faute de la fameuse couche d’ozone qui rétrécit?


Peut-être pas.


J’ai découvert un complot, une machination entièrement masculine et qui pourrait expliquer un éventuel cataclysme d’ordre planétaire. Qui pourrait fort bien mettre un terme à notre race destructrice.


Je parle des fluides.


Voyez-vous de quoi il s’agit? Non!


Alors, au risque de ma propre vie, je vais vous révéler cette infâme machination.


N’avez-vous jamais remarqué cette force exceptionnelle, énigmatique et bruyante qui pousse les hommes à cracher? Sans raison apparente?


Cracher


Comme si quelque chose de néfaste se propageait dans leur bouche et nécessitait l’expulsion violente d’un fluide s’y trouvant.


La première fois que j’ai vu quelqu’un cracher ainsi, je me suis rué à son chevet, pour lui offrir un verre d’eau. Je lui ai proposé de l’emmener voir un professionnel de la santé. J’avais peur pour lui, peur que cette chose qui s’était matérialisée dans sa salive ne le blesse. Je craignais que ce soit un virus, une créature extraterrestre se nourrissant de son corps. Ce ne pouvait pas être normal.


Je me disais — mon Dieu, aidez-le, quelque chose a envahi sa bouche, c’est horrible.


Les images de films comme « Aliens » me traversaient l’esprit.


Avec les années, j’ai constaté qu’il était normal pour la plupart des hommes de cracher. Un peu comme respirer, manger ou dormir pouvait l’être pour l’humain.


C’était un problème inadmissible, dont personne ne voulait parler. Comme si cela n’existait pas. Il n’y avait rien à faire, aucun soin médical, aucune aide psychologique offerte.


C’est un réflexe, une impulsion acceptée par tous.


Du moins, c’était avant que le niveau des eaux ne monte. Avant que je comprenne cette discrète et efficace tentative mâle de purger la population en faisant reculer les côtes, en engloutissant des milliers, des millions d’innocents sous un déluge d’ordre biblique.


L’histoire de notre civilisation allait-elle devenir un autre chapitre dans un livre fictif servant à contrôler la population future?


Je ne vous mens pas, et pour preuve, observer les gens autour de vous. Dans la foule, avec des amis. Il y aura toujours l’un d’eux pour cracher, pour inonder le monde de ses fluides douteux, contagieux.


Et là, je ne vous parle même pas des milliards de gouttes d’urine chaudes qui se perdent sur le sol, tout près des cuvettes, dans les toilettes, alors que l’orifice destiné à les recevoir se trouve juste devant, béant et avide.


Vous croyez que c’est une coïncidence…?


 



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Published on August 19, 2013 12:08

August 12, 2013

Ma lecture de plage préférée en 2013 : Le Destin des Morts – Jean Pierre Favard

Voici la situation mes amis. Je me trouve sur une plage de sable blanc en Caroline du Sud, l’océan tumultueux est à mes pieds, ses vagues déferlent à moins de quelques mètres devant moi. Une légère brise salée me caresse tendrement. J’ai l’estomac encore plein de tous ces crustacés que j’ai dévorés. J’ai des grains de sable entre les orteils et la peau bronzée.


Parfais moment pour la lecture.


J’entame donc le roman (acheté en numérique) — Le Destin des Morts, de Jean-Pierre Favard, publié aux Éditions Lokomodo.


La couverture a tout de suite attiré mon attention.


Il s’agit d’un recueil qui regroupe quelques histoires fantastiques.


Le destin des morts


Mauvaises Vibrations :


(déjà parut dans le premier numéro du magazine Freaks. Corp. 2009)


Nous retrouvons un couple engagé dans une relation tendue. Nous avons tous, à un certain moment, vécu ce genre de relation inégale, la différence est qu’ici, notre personnage masculin principal ira juste un peu plus loin que nous dans sa libération.


Très bien écrit, la structure de l’histoire nous permet de ressentir les émotions du personnage.


C’est un récit court, mais percutant.


Ghost’n’Roll Baby


Un groupe de rock populaire, un agent douteux, une maison de disque que rien n’arrête. Une maison prétendument hantée? C’est un bon départ, non?


L’auteur construit son récit comme on érige un immeuble, brique par brique, sans rien oublier. Architecte talentueux, il met en place des personnages peut-être typiques du monde musical, dans un contexte tout à fait imprévisible.


C’est un mélange audacieux du documentaire « Some Kind of Monster » de Métallica et des films de maisons hantées du genre « Amytiville ».


L’auteur nous fait douter, nous force à étudier les détails qu’il nous expose gentiment, élaborer des scénarios les plus fous les uns que les autres.


La fin saura vous plaire.


La seconde mort de Camille Millien


(roman, Éditions du Panier d’Ortie, 2009)


Une histoire de fantôme comme on les aime. Un récit à la fois romantique, énigmatique et dans lequel les émotions et sentiments des personnages sont très bien véhiculés. C’est celle que je préfère dans le livre.


Encore très bien écrit, le récit ne nous laisse pas indifférents. Il nous pousse à plonger dans notre mémoire, dans les secrets de notre passé. Qui n’a jamais vécu la moindre perte? Tragédie? Qui n’a jamais jonglé avec l’idée de revoir un être décédé ou disparu?


C’est un conte romantique et tragique à la fin troublante.


L’architecte


Une micro nouvelle inédite.


L’auteur : Jean-Pierre Favard n’était pas un inconnu, j’ai souvent vu son nom circuler dans le milieu des médias sociaux et littéraires. Un auteur à découvrir.


Oserez-vous l’emmener avec vous sur la plage?


Pour vous le procurez au Québec :


Le destin des morts



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Published on August 12, 2013 14:50

July 2, 2013

Les Esprits de la Toundra

Les esprits de la toundra


(Parut en avril 2013 dans “Histoire de vampires” – L’imaginarius – le petit journal du fantastique)


 Maison dans la toundra


Igor


Il courrait avec difficulté dans la neige épaisse qui recouvrait le sol, laissant derrière lui un tracé tout en zigzag. Son visage était fouetté par le vent glacial, flagellé par les précipitations qui rendaient la visibilité presque nulle. Trempé de sueur, il haletait, le regard fou et des engelures aux pieds, aux mains qu’il ne sentait plus. Il refusait de s’arrêter ou même de se retourner, il fonçait dans l’obscurité de la nuit.


Il était mort de peur.


Lana


La femme avait réussi à se redresser, s’adosser contre la paroi de pierre qui se trouvait non loin. Ses yeux s’étaient habitués à l’obscurité, le couloir de la mine abandonnée se dessinait avec précision autour d’elle. Elle grelottait de froid. La profondeur de ce passage, dans les entrailles de la Terre, lui offrait une certaine protection contre le climat qui sévissait au-dehors.


Elle se plaça de manière à pouvoir bouger ses poignets de haut en bas, la corde qui les retenait prisonniers frottant sur une pierre anguleuse avec régularité. Elle espérait que ce serait suffisant pour rompre les liens.


Elle gémissait, terrifiée.


Igor


La toundra paraissait sans fin et la tempête nocturne s’abattait sur lui avec furie. Il tomba à quelques reprises, sa barbe auparavant noire avait blanchi et son souffle humide s’y était durci en une croute épaisse. Ses forces diminuaient, il avait perdu la notion du temps, des distances et à quelques reprises, il dut rebrousser chemin. Il était perdu.


Les montagnes, au loin vers le nord, lui servirent de point de repère. Il devait aller dans la direction opposée, fuir la cabane où il avait laissé ses enfants, chercher le camp du goulag qui était à proximité. C’était sa seule chance de survie. Il reprit la marche.


Lana.


Les liens rompus, elle frotta ses poignets douloureux et se mit ensuite debout. Elle examina l’endroit où le couloir s’était écroulé, à la suite des efforts de son mari afin de détruire les poutres de support. Ces dernières n’avaient pas résisté aux coups de hache répétés et le bois s’était fracturé, le plafond écroulé en bloquant l’accès au reste de la mine. Elle avait été enterrée vivante par son mari, par l’homme qu’elle aimait plus que tout au monde.


L’affaissement de la voûte rocheuse avait soulevé un nuage de poussière qui avait vicié l’air ambiant, flottant sans vouloir se poser. Elle avait de la difficulté à respirer et dût se rendre à l’évidence : Il lui serait impossible de dégager le couloir en déplaçant les pierres.


Elles étaient trop nombreuses, nécessiteraient un effort prolongé dans des conditions irréalistes. La seule option qui lui restait était donc d’explorer la vieille mine abandonnée aux parois instables, de chercher une autre issue. Peut-être trouverait-elle un puits d’aération naturel. Il lui fallait s’enfoncer plus profondément dans le cœur du réseau souterrain.


Elle se mit en marche, toutefois craintive et prudente, se guidant d’une main frôlant la paroi rocheuse à sa droite. Elle pouvait entendre au loin le clapotis de gouttes d’eau qui percutaient le sol, tombant du plafond, ses pas qui raclaient le plancher sculpté de main d’homme. La piètre qualité de la main d’œuvre avait fait en sorte que les couloirs étaient creusés à la hâte, les murs et plafonds irréguliers, les couloirs bifurquant à des angles presque impossibles. Pour les dirigeants du camp, qui exploitaient ces mines, la vie des hommes ne valait rien. Seuls les matériaux extraits et envoyés à Moscou avaient une valeur.


Elle devait sortir d’ici.


 Igor


La neige cessa de tomber, mais le vent redoubla ses poussées, le faisant tituber. L’homme s’arrêta finalement, incapable de faire un pas de plus. Il courrait depuis quelques heures, sa bouche était sèche, ses lèvres gercées. Il se pencha, prit une poignée de neige qu’il se mit à sucer. Il avait soif. Il ne prit même pas la peine de se dévêtir afin de se soulager, lorsqu’il réalisa qu’il avait envie, préféra se pisser dessus. La chaleur du liquide qui ruisselait le long de ses cuisses lui offrit une certaine satisfaction. Il ne suffit que de quelques secondes pour que l’urine durcisse et forme une croute sur le pantalon.


Il s’arrêta de sucer la neige durcie, soudain conscient qu’une silhouette était apparue plus loin sur sa gauche, dans la toundra inhospitalière. Il se figea. La forme était humanoïde, de petite taille, très maigre. Il était trop loin pour deviner les traits de la chose, mais il n’avait pas besoin d’une confirmation visuelle pour savoir qu’il s’agissait de sa petite fille. Tania. Elle resta immobile, comme par défi ou menace.


Lana


Le couloir qu’elle suivait donna sur un autre, puis un autre et ainsi de suite, le labyrinthe paraissant interminable. Elle craignait de beaucoup trop s’enfoncer sous terre, de réduire ses chances de trouver une issue. Elle devait remonter à la surface, retrouver son mari et lui expliquer qu’il avait fait erreur. Tenter de le convaincre. Lana n’était pas responsable de ce qui était arrivé aux enfants, malgré les apparences trompeuses.


Elle s’arrêta, un son quelconque se fit entendre, paraissant venir du couloir sombre devant elle. Elle chercha une arme quelconque tout près, mais ne vit rien, le sol était lisse et dénudé de tout débris pouvant lui servir à se défendre. Lana espérait qu’il s’agissait d’un rat, d’un rongeur vivant dans les profondeurs de cette mine oubliée.


Comme le silence revint et qu’un calme apparent se réinstalla, elle reprit la marche, respirant de plus en plus difficilement.


La femme ne fit qu’une dizaine de pas, lorsque deux yeux luisants dans l’obscurité la firent hurler de surprise.


Ils l’observaient, bloquant le couloir.


Igor


Il fit un détour afin d’éviter de se rapprocher de la petite silhouette, de la gamine méconnaissable. Tania avait dix ans, de longs cheveux blonds et un sourire angélique. Mais cette chose qui lui ressemblait n’était pas son enfant chéri. Il le savait, parce qu’il avait frappé cette chose avec une hache, l’avait vu saigner, l’avait entendu hurler. Un cri inhumain et rauque, qui lui avait déchiré les tympans, qui le hantaient encore.


Ce qui était revenu de la cabane, ce qui errait dans la toundra, n’avait plus rien à voir avec sa petite fille. Car après l’avoir frappé une dizaine de fois, son sang créant une flaque au sol, elle s’était relevée, lui souriant. Elle avait alors ouvert la bouche, émit une plaine animale qui lui avait donné des sueurs froides. Ses yeux étaient jaunes, ses pupilles verticales s’ouvraient et se refermaient frénétiquement.


Il avait laissé tomber la hache, s’était reculé alors que l’enfant s’agenouillait, léchait le plancher couvert de son sang, son visage maculé par la substance poisseuse.


Elle avait ensuite levé les yeux vers lui.


Lana


Elle ne pouvait plus bouger. Une silhouette émergea des ténèbres du couloir. Elle retint un cri de surprise, une main couvrant sa bouche. Un petit garçon blême, complètement nu, avait fait quelques pas vers elle. Le petit Dimitri, son fils de douze ans. Il avait un regard félin, sa peau était presque grisâtre, son corps maigre se dandinait au rythme de ses pas.


Elle recula.


Le gamin, ou plutôt cette chose qui avait pris possession de son fils l’observait avec calcul et froideur. Il n’existait aucune autre issue pour elle, il bloquait le passage.


Son mari l’avait accusée dès les premiers signes que quelque chose n’allait pas avec les enfants. Cela avait commencé par la maladie étrange qui les avait tous deux secoués. Alités, ils vomissaient, déliraient et avaient une fièvre élevée. On craignait pour le pire, avait fait venir le docteur, mais il ne trouva rien. Ne put expliquer leur comportement. Cela avait duré une semaine et un bon matin, ils se levèrent comme s’ils n’avaient jamais été malades. Ils avaient toutefois changé. Elle avait noté les regards étranges qu’ils avaient pour le couple dérouté. Elle les surprit, qui chuchotaient, qui s’éclipsaient des heures durant, ne revenant de la toundra que tard dans la nuit. Elle n’avait rien dit à son mari, trop occupé à couper son bois, à réparer la grange et à déblayer la cour des nouvelles chutes de neige.


Elle avait même demandé l’aide de la vieille sorcière qui vivait à la lisière du bois, que tous craignaient et considéraient comme une folle. Cette dernière parlait de plantes et de rituels pouvant éloigner ces choses, mais elle avait été ferme sur un point important. Ils ne redeviendraient jamais les enfants qu’ils avaient été.


Ils avaient franchi le point de non-retour.


Elle le constata elle-même lorsqu’elle trouva son fils, seul dans la cuisine, qui suçait et grugeait la carcasse d’un lièvre, dont le pelage pendait encore au bout de la pièce de viande chaude.


L’enfant l’avait ignoré, le visage maculé du sang de la bête.


Igor


La petite ne l’avait pas suivi sur la toundra, du moins il ne pouvait plus la voir à travers l’écran de neige qui tombait. Il ne comprenait pas pourquoi elle s’était ainsi montré, si ce n’était que pour lui faire peur. Luttant contre la panique, il avait accéléré le rythme, haletant.


Lorsque les gamins étaient tombés malades et que le docteur n’avait pu identifier le malaise, il avait aussitôt pressenti qu’un phénomène surnaturel était à l’œuvre. Il pouvait les entendre qui parlaient dans son dos, voyait bien comment les animaux de la ferme réagissaient à leur approche. Ils ne dormaient plus, ne mangeaient plus.


Quand sa femme laissa entrer la vieille folle de Leonidovo dans son foyer, il comprit qu’elles étaient responsables de ce qui arrivait à sa progéniture.


La vieille lui mettait des idées dans la tête, profitait de la naïveté de la femme, pouvait fort bien comploter contre lui.


C’est pourquoi il avait surpris sa femme dans son sommeil, l’avait ligoté et transporté avec brutalité vers la mine oubliée. Malgré les plaintes et supplications de son épouse, il l’avait enterré vivant, sachant que ce qui habitait le corps de Lana était un esprit démoniaque. Il aimait encore trop la femme pour être en mesure de la tuer de ses mains nues, avait ainsi pensé aux tunnels abandonnés et sans issues de la mine.


Il était incapable de lui trancher la gorge, avait passé plusieurs heures à jouer avec le couteau, regardant le corps endormi, suivant le rythme des respirations qui animaient la femme.


Elle était devenue un de ces « Verdilak » de légendes, ces esprits assoiffés de sang qui errent dans la toundra et qui se nourrissent des membres de leurs familles, les conviant à une éternité de damnation.


Igor leva le regard vers le ciel sombre, vit le contour lointain des montagnes et finalement le tracé linéaire de la barricade qui entourait le camp de travail du goulag.


Il était arrivé à destination, était sauvé.


Lana


Le petit Dimitri s’avança vers elle, mais elle resta sur place. Elle avait trop peur de bouger. Les lèvres du gamin remuèrent, libérant un cri bestial. Elle était prise au piège. Ses larmes roulèrent sur ses joues, alors que les souvenirs de ce qu’avait été cette petite famille heureuse défilaient dans l’écran de projection privé de son esprit.


Elle ne réalisa que l’enfant était sur elle qu’au moment où il lui mordit le poignet. Elle cria de surprise, mais n’avait pas la force de repousser le petit. Elle lui avait donné vie, l’avait porté durant neuf mois et l’avait nourri de son lait, dès la naissance.


Elle se détendit et Lana décida de nourrir à nouveau son enfant, même si ce devait être de son sang.


Son cri mourut dans l’écho de la mine déserte.


Camp du Goulag


Igor


Les soldats l’avaient vu s’approcher du camp, s’effondrer d’épuisement sur le sol recouvert de neige. Des hommes avaient été envoyés afin de le récupérer, de le ramener dans l’infirmerie. On l’avait nourri, lui avait fait boire beaucoup d’eau et selon les ordres du commandant, il fut assigné à l’une des baraques. Il était devenu un prisonnier du camp de travail, avait volontairement renoncé à sa liberté. Igor s’était offert au goulag. Il n’était qu’un autre pion dans la guillotine glacée, un camp d’où on ne revenait jamais vivant. Cette machine communiste ne restituait jamais les hommes qu’on lui sacrifiait.


C’était la première nuit d’Igor dans le camp. Il partageait la baraque avec une cinquantaine de prisonniers, les lits pouvant accommoder à peine la moitié de la population internée. On se battait, les plus forts gagnaient des lits pour la nuit, avec la vermine et les autres reposaient tant bien que mal sur le sol boisé glacé, avec les rats. La fatigue des longues journées de travail, des rations alimentaires insuffisantes, les aidait à sombrer dans un sommeil rapide. Troublé.


Igor n’avait pas lutté pour obtenir un lit. Il s’était tout simplement recroquevillé dans un coin, goûtant au confort d’une zone d’ombre, recevant parfois des vagues de chaleur du poêle à bois qui consumait les bûches avec rapidité.


Il tendait l’oreille à la nuit qui l’entourait, incapable de fermer les yeux. Il repensait à sa famille, à la cabane qu’il avait brûlée, croyant les corps de ses enfants à l’intérieur, traînant sa femme de force vers une mine, un gouffre sombre où elle trouverait une mort horrible.


Ils étaient revenus. Il avait vu la gamine. Cette chose qui jadis l’avait tant fait rire, qu’il avait aimé embrasser et tenir dans ses bras. Peut-être que le garçon était-il lui aussi de retour? Son Dimitri, le garçon qu’il avait tant voulu, petit bonhomme qui l’écoutait avec attention, imitait ses mouvements et qui le rendait si fier.


Ils n’étaient plus de ce monde.


Il entendit un son au-dehors, comme un frottement sur le mur de la baraque. Ce pouvait être un garde effectuant une ronde nocturne. Il se redressa néanmoins, approchant son visage de la fenêtre. Cette dernière était givrée, l’empêchant de voir au-dehors.


Mais dans le reflet de la vitre, il vit son visage émincé, pâle et ses joues creuses. Il vit aussi son regard, scintillant, d’un jaune énigmatique. Il leva la main, toucha la fenêtre, ses griffes créant des motifs aléatoires sur la glace qui s’effritait.


Il se souvint alors. De son retour de la forêt, de la douleur au dos. De la chose qui l’avait attaquée. Il avait cru à un loup, mais c’était autre chose. La fièvre avait suivi, mais il n’avait rien laissé paraître, cachait sa douleur à sa femme. Il passait beaucoup de temps dehors.


Puis, c’était l’odeur qui avait commencé à lui faire perdre la raison. L’odeur qui émanait de sa femme, de ses enfants. Il avait été leur rendre visite durant la nuit, avait léché leurs peaux chaudes, caressé les visages innocents. Il avait ensuite mordu dans la chair, étouffé les cris en plaquant sa main sur les visages paniqués.


Igor se redressa. Ce n’était pas sa femme, mais bien lui, le Verdilak. Confus, il s’éloigna de la fenêtre, sachant que les trois silhouettes se tenaient à proximité. Il les avait guidés vers ce camp, à moitié rendu fou par la transformation, incapable de comprendre ce qui lui arrivait.


Il se revit au sol, avec sa gamine, léchant le plancher couvert d’hémoglobine. Le sien? Celui de la petite ou alors d’un pauvre malheureux qui s’était arrêté chez lui? Non, c’était celui de la vieille folle, de cette sorcière si délicieuse.


Il se retourna afin de jeter un regard vers la pièce, au moment où la porte d’entrée s’ouvrait, laissant entrer silencieusement trois silhouettes agiles. Le courant d’air qui les accompagna fut bref, quelques hommes remuèrent, grognèrent, mais le sommeil était maître et les garda captif.


Sa femme et ses deux enfants vinrent le rejoindre. Un instant, il voulut leur demander pardon, sentit quelque chose de similaire au regret. Mais ce fut de courte durée, car l’odeur qui flottait dans la baraque était sublime.


Le père se devait de prendre soin de sa famille.


Ils étaient les esprits de la toundra.



Filed under: Nouvelle littéraire
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Published on July 02, 2013 09:47

June 20, 2013

Lecture du roman « Les Yeux jaunes – 1 : Premiers Jours » D’Yvan Godbout.

Zombies? Vous avez dit zombies?


Le phénomène de ces créatures particulières a pris beaucoup de place dans la culture des dernières années. Séries télévisées, films, livres ou jeux vidéo. Difficile de ne pas en entendre parler. On aime ou n’aime pas, c’est aussi simple. Lorsque j’ai vu la couverture du nouveau roman d’Yvan Godbout, mon attention a tout de suite été captée. Intrigué, j’ai lu l’extrait du livre proposé par l’éditeur et je me suis questionné.


Pourquoi lire un autre livre de zombies? Qu’est-ce que l’auteur peut vraiment nous raconter de différent? Est-ce que je perds mon temps en prenant ce roman?


Je n’ai jamais été un grand fan de zombies – mais j’ai quand même tenté ma chance. J’ai décidé de lire ce bouquin en me promettant qu’au premier Shérif lutteur de morts-vivants, je décrochais.


Surprise, il n’y a pas de policier stéréotypé extra gentil et juste qui se bat contre les mangeurs de cervelles.


Je me suis donc embarqué dans cette belle aventure.


Les yeux jaunes


Le roman :


Résumé de l’éditeur:


J’étais en train de pisser quand j’ai remarqué l’étrange couleur du ciel par la fenêtre de la salle de bain. Je me suis dit que c’était un caprice de Dame Nature, et j’ai poursuivi mes ablutions matinales. Je ne savais pas encore à ce moment-là que le Diable avait étendu son territoire sur notre si jolie planète. J’ai commencé à comprendre qu’il se passait un truc vraiment pas normal quand j’ai découvert ma fille Susie en train de l’offrir notre gros matou Charlot en guise de petit déjeuner, et j’ai dû admettre l’évidence lorsque mon épouse Catherine a tenté de me croquer à son tour. Là, il n’y avait plus aucun doute. La fin du monde était arrivée, et ma traversée de l’Apocalypse n’allait pas être de tout repos.


Ce que j’en pense :


Premièrement, laissez-moi vous dire que je suis très heureux d’avoir décidé de lire ce roman, malgré une hésitation de départ.


Yvan Godbout réussit ici un tour de force. Il écrit un roman (Une deuxième partie est aussi disponible) sans tomber dans les clichés, dans le déjà-vu et nous permet de nous amuser. Oui, vous avez bien lu, de nous amuser et de passer un bon moment.


L’humour de l’auteur se retrouve tout au long du récit, nous faisant sourire, donnant une dimension plus humaine à une suite d’évènements dépouillés d’humanité.


Les situations cocasses et imprévisibles se succèdent les unes après les autres. Le récit ne connaît aucune longueur, on nous guide très bien au cœur de cette aventure palpitante.


L’auteur a aussi évité quelque chose qu’on m’a souvent reproché en tant qu’auteur, l’utilisation abusive ou maladroite de la narration. Il enchaîne l’action au présent avec une bonne dose de narration venant de certains de ses personnages, sans alourdir le texte, sans la moindre confusion.


Un autre aspect du texte qui me plaît beaucoup ici, est qu’on évite de décrire inutilement et en longueur les zombies. On sait qu’ils sont laids, qu’ils sont dégueulasses et qu’ils mangent la cervelle – pas besoin de radoter durant six pages pour nous le montrer.


L’auteur réunit ici un groupe de « survivants » particulier, hors normes selon le Dieu Hollywoodien. Pas de sexy blonde avec de gros nichons et de héros aux muscles saillants, ancien militaire capable de tueur un bœuf en soufflant dessus. Ses héros sont ces gens que l’ont voit dans le miroir tous les matins. Il entraine des gens normaux dans une aventure exceptionnelle. On s’y reconnaît avec nos faiblesses, nos croyances et nos limites.


L’impensable devient donc une réalité et nous fait amplement réfléchir. Que ferions-nous? Comment réagir dans des situations aussi dramatiques? Est-ce que notre logique quotidienne serait différente dans un contexte de fin du monde? Comment définir les limites du bien et du mal?


Yvan Godbout a réussi son mandat – écrire un roman de zombies qui ne tombe pas dans le piège du déjà-vu.


C’est une aventure à partager, à découvrir et un auteur à suivre.


Visitez le site de l’Éditeur pour vous procurer le roman en version numérique et papier:


Éditions AdA



Filed under: Lectures
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Published on June 20, 2013 14:32