Lizzie Crowdagger's Blog, page 15

September 11, 2016

Quelle licence libre (ou pas) choisir (pour de la fiction) ?

Ce texte est le dernier d'une trilogie de posts[1] qui parlent de licence libre pour la fiction, le premier étant Art, licence libre, édition et capitalisme : quelques réflexions et le second Textes sur Github, et réflexion plus personnelle sur l'intérêt d'une licence libre pour de la fiction.




Au départ, je voulais juste lister les différentes choses que j'aimerais voir dans une licence libre idéale, et dire laquelle j'allais choisir pour mes textes. Mais au final je me suis dit que ça pouvait être intéressant aussi de rappeler le type de clauses qu'on peut trouver dans ce genre de licences, parce qu'au vu des débats de ces derniers jours concernant (toujours) la publication par Glénat d'une BD « opensource », j'ai l'impression qu'il y a des choses qui ont été soit incomprises, soit négligées.




Cet article a aussi pour objectif de servir de base non pas pour que je rédige ma propre licence, mais pour préciser l'intention dans laquelle je diffuse certains textes sous ce type de licence. Si je me sens un peu poussée à faire ça, c'est aussi parce qu'au cours d'un certain nombre de discussions par rapport à l'édition par Glénat de la BD Pepper & Carrot (diffusée sous licence libre), j'ai été un peu irritée de lire à plusieurs reprises que critiquer l'utilisation d'une œuvre par une grande entreprise revenait à critiquer le choix de licence de l'auteur, ou que quelqu'un qui placerait une création sous licence libre devrait bien accepter un usage légal qui en est fait puisqu'il ou elle l'autorise. Ma position, c'est qu'il est impossible de mettre dans une licence tous les usages que je ne souhaiterais pas voir faits d'une création (que ce soit parce qu'il est difficile de les prévoir exhaustivement, et parce qu'il y a des chances que ces clauses soient jugées trop arbitraires, floues, etc.) mais que ça ne veut évidemment pas dire que je m'interdis le droit de critiquer un tel usage si je juge qu'il est néfaste (que ce soit pour moi, pour la société, pour les petits chats, etc.).




Voilà, ceci étant dit, je vais lister quelques clauses qui me semblent importantes dans une licence libre.




 Non garantie


C'est une clause que j'ai assez peu vu évoquée dans la discussion de ces derniers jours, mais qui est, l'air de rien, assez importante. On la retrouve en particulier pour les logiciels, et c'est en général la partie de la licence qui est écrite TOUTE EN CAPS LOCK et qui dit quelque chose comme :




CE LOGICIEL EST FILÉ TEL QUEL ET EN AUCUN PUTAIN DE CAS L'AUTEUR NE POURRAIT ÊTRE TENU RESPONSABLE DE CE QUI VOUS ARRIVE QUAND VOUS L'UTILISEREZ, Y COMPRIS MAIS PAS UNIQUEMENT S'IL DEVAIT CAUSER DES PERTES DE DONNÉES, L'EXPLOSION DE VOTRE ORDINATEUR, UNE COUPURE D'ÉLECTRICITÉ DANS LA RÉGION OU ENCORE L'OUVERTURE D'UNE PORTE VERS L'ENFER.




Un roman ou une BD n'ont pas forcément de tels risques, pourtant on retrouve tout de même des clauses un peu similaires. Dans les licences Creative Commons[2], on a ainsi les deux clauses suivantes, que je me permets de copier dans leur intégralité. La première, « Représentation, Garanties et Avertissement » (les caps locks ne sont pas de moi) :





SAUF ACCORD CONTRAIRE CONVENU PAR ECRIT ENTRE LES PARTIES ET DANS LA LIMITE DU DROIT APPLICABLE, L’OFFRANT MET L’ŒUVRE A DISPOSITION DE L’ACCEPTANT EN L’ETAT, SANS DECLARATION OU GARANTIE D’AUCUNE SORTE, EXPRESSE, IMPLICITE, LÉGALE OU AUTRE. SONT NOTAMMENT EXCLUES LES GARANTIES CONCERNANT LA COMMERCIABILITE, LA CONFORMITE, LES VICES CACHES ET LES VICES APPARENTS.




Et la suivante, « Limitation de responsabilité » :




A l'exception des garanties d'ordre public imposées par la loi applicable, l'Offrant ne sera en aucun cas tenu responsable vis-à-vis de l'Acceptant, sur la base d'aucune théorie juridique ni en raison d'aucun préjudice direct, indirect, matériel ou moral, résultant de l'exécution du présent Contrat ou de l'utilisation de l'Œuvre, y compris dans l'hypothèse où l'Offrant avait connaissance de la possible existence d'un tel préjudice.




Maintenant, à titre de comparaison, regardons le contrat d'édition type proposé par la Société Des Gens De Lettre (SGDL) :





L’auteur garantit à l’éditeur la jouissance entière et libre de toutes servitudes des droits cédés contre tous troubles, revendications et évictions quelconques. Il déclare notamment que son œuvre est originale, ne contenant ni emprunt à une création protégée par la propriété intellectuelle, ni propos à caractère diffamatoire qui seraient susceptibles d’engager la responsabilité de l’éditeur.



L’auteur garantit également que son œuvre ne fait l’objet ni d’un autre contrat ni d’un droit de préférence consenti dans les termes de l’article L 132-4 du Code de la propriété intellectuelle, ni d’un apport de droit à une société de gestion collective et qu’il est à ce titre en capacité de signer le présent contrat.




C'est pas exactement la même, hein ? Parce que les éditeurs, ils n'aiment pas trop prendre de risques, et ils aiment pouvoir avoir la possibilité de se retourner contre l'auteur s'ils doivent envoyer 20 000 exemplaires tout neufs à la benne (en plus de devoir payer des dommages et intérêts) parce qu'il s'avère que l'écrivain qui a signé le contrat a en fait tout pompé ailleurs.




Et un élément qui n'a pas beaucoup été noté dans « l'affaire Glénat », c'est que même quand il y a la perspective de récupérer une œuvre gratuitement, les éditeurs n'aiment pas trop quand il n'y a pas cette clause. Ainsi, David Revoy, auteur de Pepper & Carrot, raconte l'aspect légal de l'édition par Glénat de son œuvre :




We ended by just adding a single page to the CC-By : a minimal set of paragraph just to ensure I'm the author and certify to publish the comic under the CC-By and Glénat to respect the rules of it[3].




Alors, certes, ce n'est que rajouter une simple page, mais ça reste un contrat signé, ce qu'il aurait tout à fait pu refuser de faire. Sous cet angle, ce qui était présenté comme une démarche novatrice de Glénat de payer un auteur alors qu'ils auraient pu diffuser le texte gratuitement ressemble plus à celle, pour le coup pas franchement originale, d'un éditeur qui fait signer un contrat à un auteur en échange de lui filer quelques kopecks.




Et ça aurait aussi tendance à me faire penser que les risques que feraient courir les licences libres aux auteurs, qui pourraient encore moins vivre de leur art si elles se répandaient, sont un peu surestimés. Parce qu'en fait, les licences libres même les plus permissives restent beaucoup moins avantageuses qu'un contrat d'édition classique (sans parler de l'exclusivité accordée à l'éditeur, qui va parfois jusqu'à la mort et au-delà).




En tout cas pour ma part cette clause de non-responsabilité est quelque chose auquel je n'accordais pas un grand intérêt quand j'avais réfléchi à l'époque de choisir une licence pour Pas tout à fait des hommes ou Noir & blanc, mais que j'ai appris à apprécier après avoir lu un peu attentivement des contrats d'édition.




Évidemment, j'avoue que savoir que ça pourrait rendre des éditeurs réticents à exploiter sans vergogne et sans me payer mes textes sous licence libre m'arrange aussi un peu.




Hin hin ! Je sais ce que tu penses : « Est-ce que ses citations de l'Inspecteur Harry, c'est de la référence, du pastiche, ou du plagiat ? » Si tu veux savoir, dans tout ce bordel j'ai pas très bien compris non plus. Mais c'est 50 000 exemplaires qui risquent de partir à la benne, en plus de dommages et intérêts qui seront plus lourds que les miens parce que moi j'ai juste mis ce texte sur mon site. Tu dois te poser qu'une question : «  Est-ce que je tente ma chance ? » Vas-y, tu la tentes ou pas ?




harry_4.jpg




Clause non-commerciale


Ça peut paraître un peu paradoxal, vu ce que je viens de dire juste avant, que je ne sois pas fan des clauses non-commerciales. Mais bon, il faut regarder un peu plus précisément ce que c'est cette clause, dans les licences Creative Commons NC :




L'Acceptant ne peut exercer aucun des droits qui lui ont été accordés à l'article 3 d’une manière telle qu’il aurait l'intention première ou l'objectif d'obtenir un avantage commercial ou une compensation financière privée.




Bon, déjà en lisant ça ne me paraît pas super clair si quelqu'un a ou pas le droit de rentrer dans ses frais s'il ou elle distribue des versions papiers, ce qui est quand même un peu embêtant parce que malgré le développement du numérique l'écriture ça reste quand même beaucoup sur papier, et ça me ferait chier d'empêcher des gens de diffuser des fanzines à prix libre qui reprennent mes textes, par exemple. Pire, il n'y a rien qui empêche que du profit soit fait sur mes textes, juste que ça n'aille pas à la personne directement. Si quelqu'un publie le texte gratuitement sur un blog bourré de pubs, mais où c'est l'hébergeur qui touche le fric, pas de souci. Publier le texte en un post Facebook, pas de problème non plus (sauf si c'est Facebook qui le fait, peut-être).




Par ailleurs, j'ai vu des personnes argumenter que la licence NC permettrait d'éviter une appropriation par un éditeur, mais je ne trouve pas que ce soit le cas. Ça permet justement de garder sous le coude la possibilité de pouvoir filer une exclusivité à un éditeur (ou de la garder pour soi en tant qu'auteur/autrice, certes) qui aurait alors le monopole de la version papier d'une œuvre. Y compris des œuvres dérivées : l'auteur d'une fanfic inspirée d'une œuvre sous licence NC ne pourra pas imprimer son propre texte pour le vendre à ses potes. Je ne dis pas que c'est super grave ou que je trouve que les auteurs qui utilisent cette licence sont des glands, juste que si je diffuse mes textes en autorisant les modifications je n'ai personnellement pas envie de mettre ces barrières derrière, parce que mon but c'est justement que tout le monde ait le même accès à l'œuvre plutôt que la situation où c'est l'auteur parfois, et le plus souvent l'éditeur qui se réserve les droits.




Un autre point qui est un peu négligé, c'est que les licences libres brouillent parfois un peu la frontière entre auteur/autrice et lecteurs/lectrices : dans le cas où il y a un aspect collaboratif et où des gens font des contributions qui sont intégrées par l'auteur/autrice dans l'œuvre originale, il ou elle doit aussi respecter les conditions de la licence[4]. Ça ne pose pas de gros problème pour un de mes romans comme Pas tout à fait des hommes qui n'a jamais eu de « vraies »[5] contributions extérieures ; en revanche, pour le projet qui a fait parler de lui ces derniers jours, Pepper & Carrot, je pense que les personnes qui disent que l'auteur aurait dû publier sous clause non commerciale ne réalisent pas que c'est une œuvre qui intègre pas mal de contributions d'autres personnes[6] et qu'avec une clause non-commerciale, soit l'auteur n'aurait pas pu intégrer ces modifications, soit il n'aurait pu signer aucun contrat d'exploitation, et peut-être même pas[7] inciter à des dons via Patreon/Tipeee sur le projet.




En ce qui me concerne, pour les choix de licence pour les textes que je diffuserai sous une licence ouverte[8], j'opterais plutôt pour ne pas mettre de telle clause, parce que ça met des restrictions à certains usages que je n'ai pas envie d'empêcher, tout ça pour éviter quelque chose qui ne viendra probablement jamais dans tous les cas. Il ne s'agit pas de dire que je trouverais ça cool qu'on se fasse du fric sur mon dos, juste que je préfère faire confiance aux gens. Après, évidemment, si quelqu'un fait de l'argent grâce à ça je trouverais normal de rémunérer de manière décente les gens qui ont bossé dessus. Je n'ai pas connaissance de licence idéale qui permette d'imposer ça, mais je trouve un peu chié de reprocher ça aux licences libres alors qu'en vrai le système des contrats d'édition ne le permet pas non plus[9].




(On m'a signalé également l'existence de licences comme la Peer Production License, qui n'autorise pas l'utilisation commerciale sauf si :





i. You are a worker-owned business or worker-owned collective; and



ii. all financial gain, surplus, profits and benefits produced by the business or collective are distributed among the worker-owners




L'idée est intéressante, mais en dehors du fait que je ne suis pas sûre que cela ait une grande valeur juridique, ça rejoint un peu ce que je reproche à la clause non commerciale des Creative Commons, qui est que ça n'empêche aucunement que d'autres fassent du profit. Par exemple, un individu ou une association qui ne fait pas de profits aurait le droit de publier mon roman sur Amazon, y compris avec des tarifs qui donnent 70% de royalties à Amazon, qui n'est pourtant pas une entreprise autogérée. On pourrait aussi envisager une Coopérative des Éditeurs Véreux qui publierait de telles œuvres sans payer les auteurs, serait, pour le maquettage, client (et pas employeur) d'auto-entrepreneurs précaires, et se répartirait les bénéfices entre eux. Ou pour reprendre l'exemple Glénat, on pourrait supposer que des gens capables d'aller mettre de l'argent au Panama pour échapper à l'évasion fiscale seraient également compétents pour monter une association loi 1901 qui ne fait pas de profit mais rémunérerait une entreprise pour diffuser l'œuvre.)




Copyleft


Une notion importante pour moi, c'est la notion de copyleft, c'est-à-dire que les gens ont le droit de diffuser leurs propres modifications, mais que le résultat doit lui même être sous (la même) licence libre. C'est ce qui est parfois aussi appelé « viralité » et qui distingue un peu l'approche « libre » de l'« open-source ». L'idée, c'est que le but d'une licence libre est de permettre qu'une personne (physique ou morale) n'ait pas le monopole sur une création ; cette clause permet d'éviter que quelqu'un reprenne une œuvre libre pour en faire une version dérivée « privatrice », dont les droits, eux, seraient réservés, et ainsi se réattribuer une exclusivité sur cette œuvre.




C'est à peu près couvert par la clause Partage à l'identique (SA, share alike) des licences Creative Commons, mais il y a des points sur lesquels, idéalement, je serais pour le coup un peu plus chiante.




 J'aimerais que ça s'applique aussi aux collections


Par exemple, je ne suis pas fan de la précision, dans la licence CC-BY-SA :




ll est toutefois entendu qu’une Œuvre qui constitue une Collection ne sera pas considérée comme une Adaptation aux fins de la présente Licence.




Ce que ça veut dire concrètement, c'est que quelqu'un peut créer une anthologie de nouvelles en prenant des textes sous licence CC-BY-SA, mettre aussi des textes à lui, et que l'ensemble ne serait pas ensuite soumis à cette licence. Ça peut paraître un peu extrémiste d'avoir cette position, mais j'estime qu'une anthologie de nouvelles n'est pas juste l'équivalent d'un pack « une bière achetée, un paquet de chips offert » mais forme une œuvre en tant que telle, que le choix des nouvelles, la façon de les agencer ensemble ne se fait pas au hasard et constitue une œuvre dérivée de toutes les nouvelles qu'elle inclut et pas juste une « collection », et, par conséquent, qu'elle devrait être traitée de la même manière qu'une adaptation, c'est-à-dire en s'assurant que toutes les licences sont compatibles et en diffusant l'ensemble sous une licence compatible. De la même façon, il me semblerait logique que pour illustrer une nouvelle ou un roman, il faille des illustrations sous licence compatible et que l'ensemble soit diffusé sous une licence compatible[10].




D'autres licences ont une approche différentes : par exemple, la GNU Free Documentation License correspondrait mieux à mes besoins sur ce point précis, puisqu'une collection de documents doit être placée sous la même licence ; mais d'un autre côté, je la trouve inutilement complexe sur d'autres points.







J'aimerais que les gens distribuent le « code source »


Avec une licence libre pour le logiciel, la notion de copyleft oblige en général à distribuer le code source. Pour les licences adaptées aux œuvres artistiques, ce n'est en général pas le cas, ce qui se comprend[11] ; et en même temps, si quelqu'un reprend un de mes bouquins sous licence libre et en fait une version avec une mise en page qui tue trop et est trop magnifique, je souhaite qu'il ou elle diffuse également les fichiers utilisés pour créer cette mise en page[12] et pas juste le PDF final d'un côté et le texte brut de l'autre, ceci afin d'assurer que d'autres personnes puissent continuer à faire des modifications sur l'adaptation qu'il ou elle a faite (pour moi, la mise en page chiadée est une forme d'adaptation).




 Compatibilité


C'est un point qui peut sembler un peu accessoire pour un roman : la compatibilité entre diverses licences libres. Pour moi, ce n'est pas d'une importance majeure, mais je trouve tout de même intéressant que la licence CC-BY-SA 4.0 soit compatible[13] avec la GNU General Public License 3.0. Dit comme ça, ça peut sembler obscur, mais en gros ça veut dire que si je distribue un roman sous licence CC-BY-SA 4.0, c'est possible d'utiliser des éléments de l'histoire pour les intégrer dans un jeu vidéo libre publié sous licence GPL 3.0. (Et, oui, dans ce cas précis il faut préciser les numéros de version en plus du reste, ce qui rend le tout encore plus imbitable. Désolée. Les compatibilités entre licence libre, c'est un peu la merde[14].)





Conclusion (enfin)


J'ai conscience que cet article, cumulé aux deux précédents de la série, auront probablement fait fuir tous les gens qui ne sont pas spécialement des geeks des licences libres. Pour les personnes qui auront suivi jusqu'au bout, les conclusions que je tirerais de tout ça sont les suivantes :




D'abord, il y a une grande variété de licences libres, et encore plus de licences de libre diffusion ; si celles qui ont été évoquées ici ne vous suffisent pas, vous pourrez notamment vous référer à la Liste des licences avec commentaires de la Free Software Foundation. Par ailleurs, je n'ai parlé ici que des clauses que je jugeais importantes et un peu méconnues (je n'ai pas parlé, par exemple, de la clause appelée – c'est pas du tout sexiste, tiens – « de paternité », ou des clauses concernant la reproduction à l'identique, parce que je pense qu'elles sont un peu plus consensuelles d'une licence à l'autre et qu'il y a moins d'enjeu à ce sujet) mais il y en a évidemment pas mal d'autres, certaines assez originales, si vous avez envie de lire tous les textes de licences. En face, je n'ai parlé que d'une clause classique dans les contrats d'édition (la responsabilité) et évoqué une autre (l'exclusivité, plus exactement la cession des droits) ; un comparatif plus détaillé aurait été encore plus rébarbatif que ne l'est déjà cet article, mais j'espère que ça suffira à ce que vous ne repartiez pas de cette lecture avec en tête l'idée que les licences libres serait une arnaque pour l'auteur/rice et que le contrat d'édition le/la protègerait (ni l'inverse, d'ailleurs).




Ensuite, les licences libres ne sont pas foncièrement anti-capitalistes et n'ont, pas plus que le droit d'auteur ou le copyright, de garanties qui permette d'éviter l'exploitation des contributeurs et contributrices[15]. Certaines boîtes vont inévitablement essayer d'abuser du premier cas, comme d'autres abusent déjà du second. On pourrait envisager des licences qui iraient dans le sens d'empêcher ça, mais je doute que ce soit forcément la manière la plus efficace de procéder. Pour parler uniquement des revenus des auteurs/rices, correcteurs/rices, traducteurs/ices, on pourrait envisager que garantir une rémunération minimum passe par un cadre légal, au-dessus des contrats que l'on peut signer individuellement. Il me semble que ce serait plus efficace que de reprocher à un/e auteur/rice individuel/le son mauvais choix de licence ou de n'avoir pas bien négocié son contrat. Évidemment, ce n'est pas vraiment dans le zeitgeist[16], et la tendance va plutôt dans l'autre sens, comme l'inversion de la hiérarchie des normes entérinée par la loi travail ou la multiplication de recours à des auto-entrepreneurs sans salaire minimal (uberisation) le montrent malheureusement, mais ça me paraîtrait plus intéressant comme revendication que de reprocher à des précaires les choix qu'ils ou elles font pour essayer de se faire un peu de thune malgré tout, ou tout simplement pour diffuser leurs créations dans un esprit de partage.




 Et la licence que j'ai choisie, dans tout ça ?


Pour terminer, avec tout ça j'étais censée choisir une licence pour mes textes sur Github. Je n'ai pas trouvé la licence idéale, aussi je vais sans doute opter pour la licence CC-BY-SA 4.0, en ajoutant quelque chose qui ressemblerait à ça :





Ce texte est publié sous la licence Creative Commons Attribution-ShareAlike (CC-BY-SA) 4.0 International[17]. Vous avez le droit de le partager et le modifier selon les conditions de cette licence. Il est également demandé, mais pas requis, de :



– publier les fichiers sources (les documents que vous avez utilisés pour éditer l'œuvre, qu'il s'agisse de fichiers Markdown, LibreOffice, Word, InDesign, etc.) si vous avez modifié l'œuvre, y compris la mise en page ;



– rémunérer correctement les auteurs de l'œuvre si vous tirez un profit de la diffusion de celle-ci ;



– dans le cas où l'œuvre (ou une adaptation de celle-ci) serait incluse dans une collection (telle que définie par la licence), que la collection dans son ensemble soit diffusée sous licence CC-BY-SA 4.0 ou compatible.



Ces trois demandes additionnelles n'ont pas de valeur légale ; d'un point de vue juridique, seul le texte de la licence mentionnée ci-dessus fait foi. D'un point de vue non-juridique, le non-respect de ces demandes sera géré avec un extrême préjudice.




(Post-scriptum, pour expliquer un peu plus cette façon de faire (dont la rédaction différera probablement un peu), et qui implique deux critères supplémentaires par rapport à ceux évoqués ci dessus :




qu'une licence soit connue ;
qu'une licence soit « efficace ».



Le premier point est important, l'air de rien, parce que c'est chiant de lire une licence pour savoir ce que tu as précisément le droit de faire. Si je vois qu'un projet est sous licence GNU GPL ou CC-BY-SA, je sais ce que je peux faire avec, si je peux inclure des morceaux dans un projet à moi ou pas, etc. Avec une licence obscure, c'est moins évident, ce qui n'encourage pas à partager une telle œuvre ou en faire une version modifiée (ça demande de se fader la lecture). Bref, c'est un équilibre à trouver entre les gens que ça pourrait rebuter alors que j'aurais pas envie de les rebuter, et les usages néfastes potentiels que ça pourrait prévenir. Par ailleurs, en général les licences les plus connues sont aussi celles qui ont été le plus soumises à « l'épreuve du feu » devant des tribunaux. Je préfère une licence qui n'est pas tout à fait comme je le veux, mais en laquelle j'ai suffisamment confiance si quelqu'un ne la respectait pas, qu'une licence qui serait dans l'absolue « meilleure » mais sur laquelle je ne pourrais pas forcément compter en pratique.




Ma solution à ça, plutôt que d'avoir des clauses que je trouve trop floues qui me semblent délicates à mettre dans une licence qui se veut un cadre juridique, et qui pourraient bloquer des éventuels usages que je n'ai pas envie de décourager, voire que j'ai envie d'encourager[18] c'est d'ajouter cette sorte notice d'intention, qui n'a explicitement aucune valeur légale et peut donc se permettre d'être outrancièrement floue, et se place clairement sur le plan de l'éthique ou de la politique et pas de la loi.)




Bon, et promis, je vais m'arrêter là pour les articles qui parlent de licence libre, et reparler un peu plus d'écriture, ce qui est quand même le but premier de ce site.




(Post-scriptum bis, en guise de teaser qui ne débouchera peut-être jamais sur rien de concret : je me rends compte qu'il y a quelque chose de pas très honnête dans mes trois articles sur les licences libres pour des romans (alors que dans le même temps j'explique que je doute que ça ait vraiment d'impact pour des romans vu que ça reste quelque chose de créé assez individuellement), et que je devrais peut-être divulguer, c'est que ma tendance à vouloir privilégier des licences libres vient peut-être aussi en partie du fait que je pourrais peut-être envisager d'avoir d'éventuelles idées de projets de fiction qui pourraient avoir un développement un peu plus collaboratif que des romans ou des nouvelles et être un peu plus interactifs que des romans ou des nouvelles.)






Si vous aimez ce que j'écris et que vous voulez me soutenir financièrement, il y a une page Tipeee où vous pouvez vous abonner à partir d'1€ par mois. En contrepartie, vous aurez accès à mes prochains textes de fiction en avant-première.





Notes

[1] Oui, j'ai bien conscience que c'est parfaitement ridicule et outrancièrement pompeux de parler de trilogie pour des billets de blog.


[2] Ici CC-BY-SA 3.0, mais, même si je n'ai pas vérifié, je pense que c'est la même chose pour toutes les variantes.


[3] Traduction amatrice : « Nous avons fini par simplement ajouter une simple page à la CC-By : un ensemble minimal de paragraphes pour s'assurer que j'étais bien l'auteur et certifiais publier cette BD sous la CC-By et que Glénat respectait les règles de cette licence ».


[4] À moins de mettre en place des mécanismes de cessions du copyright pour chaque contributeur/contributrice.


[5] Le terme est mauvais, et je comprendrais que les personnes qui ont, en fait, contribué à Pas tout à fait des hommes le prennent mal, mais je ne voyais pas quoi utiliser d'autre. Pour clarifier, je parle de contributions qui comptent dans le champ du droit d'auteur. Une correction orthographique, ou un commentaire du genre « tu devrais développer tel personnage » sont de vraies contributions mais ne rentrent pas dans ce cadre là. Réécrire un paragraphe, par contre, si.


[6] Et, personnellement, ce que je trouve de vraiment notable dans ce projet, ce n'est pas le coup de Glénat mais comment l'auteur original a réussi à inciter ces contributions. Je veux dire, c'est impressionnant, il y a un wiki pour construire l'univers, des outils pour faire en sorte que les traducteurs et traductrices n'aient pas à galérer, avec la bagatelle de VINGT-QUATRE dépôts sur Github.


[7] Sérieusement, il n'y a que moi qui trouve que la clause NC des licences Creative Commons est quand même affreusement floue ?


[8] Et il ne s'agira pas de tous mes textes.


[9] Il peut évidemment y avoir des contrats corrects, mais dans un système où les clauses sont décidées « librement » entre deux agents qui n'ont pas du tout le même rapport de pouvoir, cela favorise aussi des éditeurs qui demandent une cession démesurée des droits en échange d'une rémunération qui, elle, est loin de l'être. Concrètement, si à un moment où je ne peux pas payer mon loyer, un éditeur me proposait un chèque de 1000€ en échange d'une impression à 10 000 exemplaires d'un roman, ce serait difficile de refuser, même si j'aurais bien conscience que c'est du foutage de gueule. (Heureusement, personne n'a envie d'imprimer 10 000 exemplaires de mes bouquins, ce qui résout le problème.)


[10] Je ne suis pas sûre exactemet de comment lire la licence CC-BY-SA sur ce sujet : d'un côté, le passage sur les collections me laisserait croire que ce n'est pas le cas, de l'autre il est précisé que synchroniser une musique à des images animées est une adaptation, or je ne vois pas trop la différence avec le fait de mettre des images pas animées dans un texte ; mais j'aurais tout de même tendance à penser que, la licence ne considère pas ce cas comme une adaptation.


[11] La notion de « code source » pour un roman est un peu plus floue, je le conçois.


[12] Par exemple, si cette personne a utilisé LibreOffice, le document ODT, ou le fichier InDesign si c'est InDesign, etc.


[13] Du moins, dans le sens CC-BY-SA 4.0 vers GPL 3.0 ; pas dans le sens inverse.


[14] Ce que je préfère, c'est quand même comment une licence peut être compatible avec une autre en deux étapes, en passant d'abord par une troisième licence.


[15] Auteurs/rices, correcteurs/rices pour les romans/BDs/manuels/etc., développeur/se/s pour des programmes, traducteur/rices pour l'ensemble, etc.


[16] Dans l'ère du temps, quoi, mais je me suis dit que quitte à faire des articles abscons, autant caser des mots allemands.


[17] Je mettrai sans doute la version française quand celle-ci sera disponible.


[18] Par exemple, je tiens à faire remarquer qu'avec ce choix de licence (ou le choix précédent de licence qui était, au choix, Licence Art Libre ou Gnu GPL), il serait tout à fait possible de faire une campagne Pas tout à fait des hommes en utilisant le moteur et les sprites de Battle for Wesnoth.

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Published on September 11, 2016 06:17

September 10, 2016

Crowbook est maintenant en version 0.7.0

(Mise à jour du 2016-09-11 : évidemment, il suffisait que je fasse un billet de blog pour annoncer une nouvelle sortie pour que je me motive à corriger quelques trucs et à sortir une nouvelle version le lendemain... Cela dit, cela ne change pas grand-chose, j'ai juste un peu mis à jour ce billet.)




Je vous avais déjà présenté Crowbook il y a quelques mois. Il s'agit d'un logiciel (libre[1]) pour générer des livres aux formats HTML, EPUB et PDF[2] à partir de fichiers sources au format Markdown. Par rapport à d'autres « concurrents » équivalents, il se distingue par deux objectifs un peu différents de ceux-ci :




être centré sur les romans et nouvelles, avec un support plus limité de choses qui sont surtout utiles pour de la documentation technique (coloration syntaxique pour du code informatique, formules mahématiques, etc.) ;
respecter (à peu près) la typographie française, et permettre à des auteurs et autrices francophones de ne pas avoir à se soucier d'insérer les bons espaces insécables devant des '?', '!' et autres ':'.



Depuis quelques mois, c'est ce que j'utilise pour à peu près tous mes romans et nouvelles (sauf certains des plus anciens). Cela m'a emmenée à devoir corriger un certain nombre de bugs, mais je trouve ce programme maintenant être à peu près utilisable puisque j'ai tout de même de moins en moins à y toucher. Évidemment, le fait qu'il corresponde à peu près à mes besoins et n'est plus trop buggé pour mon utilisation ne veut pas dire que ça s'appliquera de la même manière pour d'autres personnes, mais disons qu'il devrait moins évoluer dans les mois à venir[3].




Bref, Crowbook est maintenant en version 0.6.0, 0.7.0 et si l'idée d'écrire des textes au format Markdown vous attire et que vous aimez bien bidouiller un peu quand même (le rendu PDF nécessitera notamment que vous ayez LaTeX d'installé sur votre ordinateur), vous pouvez y jeter un coup d'œil. (Je me rends bien compte que ça concerne une minorité d'écrivain·e·s.)




Pour l'installer, vous pouvez soit :




télécharger les binaires existants pour Linux, Windows et Mac (des .deb sont également disponibles si vous êtes sous Debian) ;
installer la chaîne de compilation Rust puis utiliser le gestionnaire de paquets et de dépendances Cargo (installé avec) : $cargo install crowbook.



Je ne vais pas m'étendre sur le fonctionnement du logiciel et vous renvoyer pour ça sur la page Github et le guide d'utilisation, même si c'est en anglais. N'hésitez pas à me faire part de vos retours.




Et si tout ça ne vous intéresse pas particulièrement et que vous voulez juste voir à quoi peut ressembler un bouquin mis en page avec ce machin, vous pouvez bien évidemment regarder mes romans et nouvelles qui l'utilisent dorénavant, comme :




Pas tout à fait des hommes ;
Sorcières & Zombies ;
Noir & blanc.



Là encore, même si vous n'utilisez pas Crowbook, n'hésitez pas si vous avez des remarques à faire sur la mise en page, en particulier s'il y a quelque chose qui s'affiche bizarrement sur votre liseuse : je n'ai pas les possibilités techniques de tester le rendu sur beaucoup d'appareils[4].







Si vous aimez ce que je fais et que vous voulez me soutenir financièrement, il y a une page Tipeee où vous pouvez vous abonner à partir d'1€ par mois. En contrepartie, vous aurez accès à mes prochains textes de fiction en avant-première.





Notes

[1] Sous licence LGPL, plus précisément.


[2] Avec un support très, très, très expérimental de LibreOffice mais qui n'est pas du tout la priorité.


[3] Évidemment, il suffisait que je dise ça pour me motiver à corriger un souci (voire la partie rayée ci-après) que j'avais en tête depuis quelques mois, et qui m'a pris moins de temps que prévu. Cela dit, ça reste une évolution assez mineure. Au rang quand même des choses pas très bien gérées, on notera les images, et la « politique par défaut » discutable (mais changeable en modifiant la feuille de style utilisateur) de les agrandir pour qu'elles prennent une bonne partie de la largeur de l'écran, qui n'est pas adaptée à toutes les images (en témoigne le build status au début du guide d'utilisation), mais qui est compliqué à mieux gérer parce que le format Markdown ne permet pas de spécifier comment une image devrait être affichée.


[4] Ou alors, vous pouvez m'offrir des liseuses pour que je puisse tester dessus moi-même, si vous préférez. Peut-être même qu'un jour Crowbook sera tellement populaire que les constructeurs m'enverront leur modèle en avant-première pour s'assurer que les EPUBs générés s'affichent correctement dessus. Ou peut-être même qu'un jour les constructeurs de liseuses afficheront correctement les attributs CSS basiques et qu'il n'y aura plus à s'embêter à essayer de contourner leurs limitations. On peut rêver, après tout.

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Published on September 10, 2016 04:34

September 6, 2016

Textes sur Github, et réflexion plus personnelle sur l'intérêt d'une licence libre pour de la fiction

Création d'un compte (et de dépôts) sur Github


Cette annonce ne parlera sans doute qu'à un certain type de personnes, mais je suis quand même heureuse de vous annoncer que mes textes publiés sur ce site sont (pas encore tous, certes) maintenant également sur Github, avec pour l'instant :




un dépôt juste pour Pas tout à fait des hommes ;
un dépôt pour les autres textes (Noir & Blanc, Sorcières & Zombies, et quelques autres nouvelles).



Pour les gens qui ne connaissent pas Github, c'est une plate-forme de partage de code source, ce qui n'aura donc pas forcément d'intérêt pour la plupart des lecteurs et lectrices. L'objectif est cependant de pouvoir permettre un accès aux fichiers sources des textes (au format Markdown) pour rendre d'éventuelles modifications plus faciles, que ce soit :




si vous avez envie de faire un projet dérivé par rapport à un de ces textes (traduction, fiction interactive, version corrigée parce que vous aimez pas la fin, etc.)
ou simplement si vous voulez adapter un peu plus finement la mise en page : par exemple, je fournis en général une version PDF qui est au format A5[1], afin de permettre à la fois une possibilité de lire sur écran d'ordinateur et une impression au format "brochure" (avec deux pages par feuille A4)[2], mais vous pourriez avoir envie d'un autre format pour imprimer chez vous.



Merci au passage aux personnes sur Twitter qui m'ont donnée des conseils pour créer ces dépôts git à partir de mon dépôt privé en gardant l'historique correspondant aux textes en question. Ça ne m'a pas évité complètement les prises de tête, mais ça m'a encouragée à les surmonter ^^




 Réflexion sur l'utilisation d'une licence libre


La création de ces dépôts publics sur Github, ainsi que la discussion qui m'a emmenée à écrire l'article Art, licence libre, édition et capitalisme : quelques réflexions m'ont également conduite à réfléchir à quelle licence (si j'en mettais une) choisir pour ces textes.




La situation actuelle (un peu chaotique)


Actuellement, certains des textes publiés dans ces dépôts sont explicitement placés sous des licences libres. Ainsi, Pas tout à fait des hommes et Noir & Blanc sont placés sous la Licence Art Libre[3], tandis que les autres textes, eux, ne sont placés sous aucune licence, ce qui veut dire concrètement que vous n'avez pas le droit de les modifier et pas le droit de les diffuser ailleurs[4].




J'ai l'intention que ça change prochainement, pour deux raisons. D'abord, parce que ça n'a pas grand intérêt de les mettre sur Github dans le cas contraire[5] (mais j'aurais pu ne pas les mettre sur Github pour commencer). Ensuite, parce que je continue à trouver intéressant de placer des textes sous licence libre, malgré les limites que je peux trouver à ça.




Les freins à l'utilisation de licences libres


Tout d'abord, donnons les raisons qui sont à mon avis de bonnes raisons de ne pas utiliser de licence libre pour des textes de fiction. Il y a tout d'abord des raisons pour ne pas vouloir autoriser de modifications, en considérant qu'une œuvre est quelque chose de personnel, et qu'on ne veut pas voir quelqu'un d'autre la modifier. Ce n'est pas un rapport que j'ai en général avec mes textes de fiction : ça me gênerait éventuellement s'il y avait mon nom et le même titre sur la couverture d'une œuvre qui n'est plus la mienne et que je ne « valide » pas forcément, mais s'il est clair qu'il s'agit d'une œuvre différente, en soit[6] ça ne me pose pas vraiment de problème.




Ensuite, il y a ce qui est pour moi la raison majeure : c'est que ça rend le fait de trouver un éditeur très compliqué. La plupart des éditeurs n'aiment déjà pas trop avoir un texte qui n'est pas inédit[7], mais ne pas pouvoir avoir d'exclusivité[8], ça ça poserait vraiment des problèmes. C'est ce qui fait que je ne diffuserai clairement pas tous mes textes sous licence libre, parce qu'un éditeur apporte tout de même une diffusion qui n'est pas la même qu'en auto-édition (surtout pour le papier).




C'est ce qui fait aussi, paradoxalement, que je ne pense pas que le risque qu'un éditeur reprenne un de mes textes publiés sous licence libre et le diffuse sans me demander mon avis et sans me payer soit réel. Comme je l'expliquais dans mon article précédent sur ce sujet, je pense que pour un éditeur qui fait un boulot sérieux, il est plus intéressant de payer 10% de droits d'auteurs et de s'assurer ainsi que je vais faire un peu de promotion pour l'ouvrage, plutôt que de ne pas me payer et s'exposer à mon ire. Comme témoignait le président-directeur général et actionnaire majoritaire de SharkEditing, qui avait envisagé d'imprimer Pas tout à fait des hommes à 100 000 exemplaires sans me rémunérer afin de pouvoir se payer une nouvelle Porsche :





Elle ne disait rien. Elle ne menaçait pas, elle ne hurlait pas. Elle se contentait de me regarder. Et c'était pire. Ses yeux étaient comme une porte ouverte sur l'abîme, comme un tunnel ouvert vers l'Enfer. Son regard accusateur, pire que celui qui avait fixé Caïn dans la tombe, avait une intensité plus brûlante encore que les flammes qui avaient englouti ma première Porsche pendant la loi travail. J'ai senti une terreur s'emparer de moi comme je n'en avais pas connu depuis mes cauchemars d'enfance, et je me suis mis à courir en criant et pleurant, et j'ai arraché ma cravate et déchiré ma chemise, jurant de ne plus jamais penser à exploiter le travail de quelqu'un d'autre, comprenant que mon âme ne connaîtrait le repos que lorsque la propriété privée des moyens de production serait abolie.




Évidemment, c'est moins vrai pour un éditeur « vautour » qui ne chercherait pas à faire un boulot sérieux, mais à faire son beurre en vendant au format numérique de nombreux livres publiés sous licence libre. Cela dit, ce n'est pas très différent des sites de piratage[9] qui ne regardent pas spécialement si le texte est libre ou pas. Le fait qu'il y ait le droit de le faire ne change, au final, pas grand-chose.




Évidemment, je peux me tromper[10], mais dans les faits j'ai l'impression que contrairement au monde de l'informatique, jusqu'à maintenant l'exploitation commerciale de romans ou de BDs libres s'est plutôt faite soit de manière très marginale, soit avec l'accord de l'auteur.




Les raisons de le faire quand même


Voyons maintenant les raisons qui me poussent, malgré tout, à vouloir continuer à proposer des textes sous licence libre. D'abord, je dois admettre que ce n'est pas forcément évident : autant je suis convaincue non seulement de la pertinence, mais de la necessité d'utiliser des licences libres pour le logiciel, autant pour des œuvres culturelles ça me paraît plus discutable, d'autant plus pour quelque chose comme l'écriture qui reste, essentiellement, assez peu collaborative ou qui a besoin d'être adaptée. Autant il peut m'arriver d'avoir envie[11] de modifier un programme pour qu'il fasse quelque chose qui corresponde (plus) à mes besoins, autant je me suis rarement dit « ce bouquin est bien, mais ce serait mieux si la fin était différente, je pourrais la réécrire ». D'ailleurs, j'ai des bouquins qui doivent être sous licence libre depuis près de dix ans, et à ma connaissance personne n'en a fait de versions modifiées[12].




D'un autre côté, je vois quand même un certain nombre de choses qui pourraient avoir un intérêt et rentrent plus ou moins dans la notion d'œuvre dérivée, même s'il ne s'agit pas strictement de réécrire l'œuvre :




l'édition est peut-être celle qui se rapproche le plus de la réécriture, mais qui ne l'est pas forcément : je mets là-dedans à la fois le fait d'apporter des corrections orthographiques ou de lourdeurs, d'enlever ou de réagencer des passages, mais aussi l'aspect mise en page, ajouts d'illustrations, etc.
la traduction (qui entraîne forcément, aussi, une part de réécriture) ;
la « fanfiction », c'est-à-dire la reprise de personnages ou de l'univers pour faire d'autres histoires ;
l'adaptation sous d'autres formats (jeux vidéos, films, bande dessinée, etc.) ;
et, bien sûr, la simple reproduction sans modification (parfois avec une mise en page différente, donc ça se mélange un peu avec le premier point).



Pour le coup, même si ce n'est pas arrivé très régulièrement, j'ai déjà eu des demandes de ce genre pour des nouvelles, le plus souvent pour me demander l'autorisation de reproduire sans modification, et une fois ou deux pour des projets d'adaptation sous d'autres formats. J'ai toujours répondu positivement, mais avoir une licence (plutôt qu'une autorisation par mail ou message privé) permettrait, d'une part, d'éviter que des gens n'osent pas demander, et d'autre part de poser un cadre qui évite des conflits ou des incompréhensions[13].




Une petite remarque pour finir : licence libre, cela veut dire en autorisant les modifications et sans restriction commerciale. J'avais aussi envisagé d'autres formes de licences, plus restrictives (notamment les clauses non-commercial et non-derivative des licences Creative Commons), mais je trouve ces restrictions au finales pas forcément pertinentes :




En ce qui concerne l'autorisation de modifications, personnellement elle ne me gêne pas plus que ça, et les inconvénients (restriction pour trouver un éditeur, risque que quelqu'un se fasse de l'argent sur mes textes sans me payer) sont a priori les mêmes sans autoriser de modifications, donc autant les autoriser.
En ce qui concerne la clause « pas d'utilisation commerciale », j'avoue qu'elle pourrait me parler, car l'idée que quelqu'un se fasse de l'argent sur mes textes sans me rémunérer ne me plaît pas trop. Cependant, une telle clause bloquerait aussi des usages que je n'ai pas envie d'empêcher, comme l'impression de type fanzine dans des lieux « alternatifs ». À l'inverse[14], elle n'interdit pas quelqu'un de diffuser un texte gratuitement sur un site qui se fait de l'argent grâce à son contenu gratuit (Facebook, hébergeur de blogs avec de la publicité, etc.). Dans les faits, je ne suis pas sûre qu'il y aurait une formulation qui puisse avoir du sens d'un point de vue juridique et qui permettrait de trancher facilement entre les usages que j'estime légitimes et ceux qui me posent problème.



 La suite au prochain épisode


Voilà, tout ça pour dire ce que je vous apprenais déjà à peu près dès le début : je compte passer prochainement les quelques textes disponibles sur ce site sous licence libre. Dans le prochain article de ce feuilleton qui commence à être un peu ennuyeux[15] et n'intéressera sans doute à ce stade plus que les libristes convaincu·e·s, je réfléchirai à ce que je voudrais voir dans une telle licence, et, partant de là, quelle licence choisir, sachant (teaser) qu'aucune ne convient parfaitement à ce que je voudrais.








Si vous aimez ce que j'écris et que vous voulez me soutenir financièrement, il y a une page Tipeee où vous pouvez vous abonner à partir d'1€ par mois. En contrepartie, vous aurez accès à mes prochains textes de fiction en avant-première.





Notes

[1] Bien que je ne suis pas sûre que ce soit très consistant pour tous les textes.


[2] En utilisant éventuellement un logiciel comme BookletImposer pour transformer le fichier en A4 avec deux pages A5 (et dans le bon ordre une fois les feuilles repliés) par page A4).


[3] Pas tout à fait des hommes est même sous double licence avec la GNU General Public License.


[4] Pour rajouter un peu de complexité, précisons également que la nouvelle couverture de Pas tout à fait des hommes n'est pas dans ces dépôts, puisqu'elle utilise des images tirées de sites de stock photos pour lesquelles j'ai une autorisation, mais pas le droit de refiler cette autorisation à d'autres gens.


[5] À part pour moi, puisque ça me fait un backup des données.


[6] Et ce n'est pas toujours la position que j'ai eue, ni celle que j'aurais forcément pour une œuvre plus « intime ».


[7] Avec l'argument que le texte a déjà été diffusé et a donc quelque part, trouvé son public. Assez ironiquement au vu des textes auto-édités qui sont ensuite repris par des grands éditeurs, il semblerait que ça s'applique paradoxalement plus à un texte diffusé à vingt personnes sur un blog qu'à un texte auto-édité et vendu à des centaines de milliers d'exemplaires. Allez comprendre.


[8] Et, faut-il le rappeler ? À partir du moment où on a autorisé des gens à diffuser un texte, on ne peut plus revenir sur cette autorisation et en empêcher sa diffusion.


[9] Qu'ils proposent réellement le texte ou pas, d'ailleurs ; je pense qu'un certain nombre arnaquent aussi la personne qui veut télécharger, en lui proposant juste des pages de pub sans fin ou des programmes vérolés.


[10] Et le développement du livre numérique fait que mes certitudes sont peut-être moins assurées que dans le passé.


[11] Les capacités techniques, le temps, la motivation, c'est autre chose.


[12] Certes, ce ne sont pas des non plus des best-sellers.


[13] Pour prendre un exemple, admettons qu'une dessinatrice me demande l'autorisation pour faire une BD sur son blog à partir d'une petite nouvelle et que je dise « ok, pas de problème ». La dessinatrice se met au travail et fait cette BD. Est-ce qu'elle a le droit de diffuser l'œuvre commercialement ? Ou gratuitement, mais ailleurs que sur son blog ? Est-ce que, moi, j'ai le droit de rediffuser cette BD sur mon site ? Et si, finalement, je n'aime pas cette BD, est-ce que je peux lui demander de ne pas la diffuser ? Tout ça n'est pas clair, et il vaut mieux s'assurer qu'on se comprenne bien avant que quelqu'un n'investisse de l'énergie dans un travail possiblement assez long.


[14] À condition que j'ai compris clairement le texte juridique de la licence, ce qui n'est pas tout à fait évident.


[15] Et qui contient beaucoup trop de notes de bas de page.

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Published on September 06, 2016 14:11

September 3, 2016

Création d'une page Tipeee

J'ai créé une page Tipeee où vous pouvez me faire des dons mensuels si vous le souhaitez (et, évidemment, si vous le pouvez). L'idée de cette plate-forme, c'est que les donateurs s'inscrivent pour faire des dons réguliers (c'est un abonnement) à des « créateurs de contenu » (j'aime pas ce mot, mais bon...) et permettre ainsi de soutenir leur travail.




Je vais tâcher de ne pas trop répéter les informations que vous pourrez trouver sur la page en question, et plutôt de les compléter en expliquant la démarche qui m'a emmenée à faire ce choix.




L'argent, c'est utile des fois


Évidemment, tout ça part d'un constat : des fois l'argent c'est utile, par exemple pour acheter à manger ou payer le loyer. Je ne vais pas m'étaler sur ma vie privée, mais disons simplement que je n'ai pas de boulot rémunéré régulier qui me permet d'exercer l'écriture simplement comme un loisir, que pour des tas de raisons que je ne détaillerai pas c'est compliqué d'en trouver un, et qu'à côté de ça des fois j'ai besoin ou envie de me payer des trucs.




Bien entendu, l'idéal aurait été que je connaisse un succès faramineux avec les textes que j'écrivais et que les éditeurs se bousculent au portillon pour me faire signer des contrats avec des avances de 10 000€, qu'HBO ou Netflix me propose une adaptation en série, mais malheureusement jusqu'ici ça n'a pas trop été le cas. Donc, il y a quelques mois, j'ai essayé d'écrire[1] des textes plus alimentaires, à la qualité assez douteuse, qui sans me permettre de me faire une fortune (loin s'en faut), m'ont rapporté un peu plus d'argent par rapport au temps investi que mes autres textes.




Le truc, c'est que je n'aime pas franchement ça, à la fois pour des raisons artistiques, éthiques, et, disons le honnêtement, de santé mentale. Après, ce n'est pas spécialement que je porte dans mon cœur Tipeee et les entreprises du genre qui ont pas mal fleuri ces dernières années[2], mais disons que dans le monde tel qu'il est c'est une alternative que j'avais envie d'essayer.




Ce que j'espère de cette source de financement


L'intérêt de ce moyen de financement serait de pouvoir publier des textes en gagnant un peu d'argent et avec un peu plus d'autonomie que si je m'engageais sur une exclusivité Amazon (cf un article précédent, Le fonctionnement d'Amazon pour les auteurs/autrices auto-édité·e·s, qui explique un peu comment Amazon pousse à accepter cette exclusivité). Ce serait aussi de pouvoir éviter d'avoir une approche trop commerciale de l'écriture et de pouvoir écrire un peu plus ce que j'ai envie d'écrire, bref de pouvoir continuer à faire ce que vous pouvez lire dans les textes disponibles sur ce site : pas spécialement de la Haute Littérature, mais des écrits que j'espère divertissants mais qui peuvent se permettre d'aborder des questions comme la luttes des classes, les thématiques communautaires LGBT, le féminisme, etc.




(En relisant ce passage je réalise que cette présentation peut donner un peu l'impression que si tout ça ne marche pas, je vais arrêter complètement d'écrire les textes que j'ai envie d'écrire. Ce n'est pas le cas : même si le « compteur de tips » plafonne à zéro €, je continuerai à écrire ce que j'aime bien. Par contre à un moment donné il y a des contraintes financières qui font que je risque d'avoir moins de temps pour ça.)




Idéalement, ça serait suffisant pour pouvoir publier les textes gratuitement et accessibles à tout le monde, voire sous licence libre. Pour l'instant, l'idée plus réaliste serait de rendre les futurs textes accessibles en avant-première aux personnes qui « cotisent », de les diffuser également de manière payante sur les plate-formes diverses (sans exclusivité) et éventuellement sur ce site[3], et de les rendre disponibles gratuitement/à prix libre au bout d'une certaine période. Je pense qu'il y a des détails qui évolueront au fur et à mesure que ça se mettra en place, mais c'est en gros l'idée que j'ai en tête derrière la création de cette page Tipeee.




Les projets que ça va concerner


Tout ceci concerne uniquement les textes futurs à paraître en auto-édition. Donc ça ne concerne pas les textes déjà publiés, qui restent disponibles sur ce site et ne vont pas être réservés aux personnes qui « cotisent ». Ça ne concerne pas non plus les textes qui seront publiés par un éditeur (notamment Enfants de Mars et de Vénus), et ça ne veut pas dire que je ne veux plus bosser avec des éditeurs, juste qu'actuellement ce n'est pas la solution pour tous mes textes[4].




Donc, quels sont les textes que ça va concerner ? En gros, les textes que je compte auto-éditer au courant de l'année (ou après mais on va déjà parler de l'année à venir). Je ne vais pas trop m'avancer sur ce que ce sera exactement, mais j'aimerais au moins que ça inclut :




Un des trois romans que j'ai écrits ces dernières années et qui n'ont pas encore été publiés. Je ne vais pas livrer un pitch tout de suite parce que je ne sais pas encore lequel exactement ce sera (ça dépend de plusieurs facteurs) mais ça devrait être assez sûr que je vais en auto-publier au moins un.
Une série épisodique, un peu sur le format d'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), que ce soit pour la taille des épisodes et la thématique lesbo-lycanthropo-vampirique, avec moins de transidentité, plus de romance et de sexe (parce qu'à la base ça devait être un truc purement commercial), et aussi plus de discussion sur le syndicalisme chez les créatures surnaturelles (parce que ça a un peu dévié en cours d'écriture).



Bon, ce n'est pas très détaillé, mais je donnerai plus de détail d'ici quelques temps, pour présenter chaque projet en question quand les choses seront un peu plus abouties.




Les contreparties


Évidemment, vous pouvez cotiser à la page Tipeee juste par altruisme ou parce que vous m'aimez bien, mais l'idée est quand même plutôt de proposer une sorte d'abonnement numérique : à partir d'1€ par mois, vous aurez accès à ces textes au moment de leur sortie (et même un peu avant) Évidemment, si vous avez envie de mettre plus j'en serais très contente mais l'idée est tout de même de rendre ces livres à peu près accessibles financièrement, avec un tarif de base qui reste à peu près dans les cordes par rapport au prix moyen du livre numérique et au nombre de sorties prévues dans l'année.




(Il y aussi l'idée d'abonnement « VIP » pour recevoir des exemplaires papiers et dédicacés de ces textes au moment de leur sortie, actuellement à 15€ par mois mais dont le prix va sans doute un peu varier parce que je ne sais pas trop pour l'instant à quelle fréquence je sortirai ces livres et donc combien ça peut coûter[5].)




 Les alternatives


Si vous voulez me soutenir financièrement parce que vous avez aimé les textes que vous avez pu lire gratuitement, mais que vous ne souhaitez pas passer par Tipeee ou faire un don mensuel, vous pouvez également faire un paiement à prix libre via Payal[6], ou encore acheter les versions papier.




Si vous avez envie de soutenir ce que je fais parce que vous trouvez ça cool, mais que vous n'avez pas les moyens que ça passe par le biais financier, vous pouvez aussi bien évidemment parler des livres autour de vous, sur les réseaux sociaux ou sur votre blog, laisser un commentaire sur les sites où vous êtes inscrit·e qui permettent de commenter les livres, etc. (D'ailleurs, ça marche aussi si vous n'avez pas aimé et que vous voulez permettre à d'autres personnes de ne pas se faire avoir, mais je ne devrais pas le dire.)




Voilà, désolée pour ce billet très orienté commercial et auto-promotion, c'est pas un truc que j'aime spécialement faire, mais l'état du monde fait que j'y suis bien obligée parfois. (Et désolée aussi pour les gens qui trouvent que je dis trop souvent que je suis désolée.)


Notes

[1] Sous un autre pseudonyme.


[2] Quant à PayPal, je n'en dirai pas de mal.


[3] Si j'arrive à trouver un système qui marche à peu près pour faire des ventes directes.


[4] Et dans l'absolu il n'y a rien qui empêche que je signe un contrat pour un livre déjà publié de cette façon, même si en pratique la majorité des éditeurs demandent à ce que ce soit inédit.


[5] J'avais à la base aussi prévu une récompense hors de prix qui permettrait que votre nom figure dans les remerciements de chaque texte paru, mais même si ça a l'air de beaucoup se faire pour ce genre de projets j'ai préféré la supprimer, d'une part car je doute que quelqu'un veuille mettre autant par mois, et d'autre part parce que je crois que ce genre de contrepartie me met un peu mal à l'aise. Je préférerais mettre des remerciements pour les gens qui ont participé à une œuvre que pour les gens qui sont riches. À la place, j'ai mis en place une récompense absolument hors de prix où je m'engage à me faire une coupe mulet, parce que je me suis dit que c'était plus rigolo.


[6] Celui Dont On Ne Peut Pas Dénigrer Le Nom.

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Published on September 03, 2016 10:29

August 31, 2016

Art, licence libre, édition et capitalisme : quelques réflexions

Un article publié sur S.I.Lex, Pepper et Carrot : une bande dessinée Open Source publiée chez Glénat, a suscité pas mal de discussion et un peu de controverse entre libristes, aut·eur·ice·s, et aut·eur·ice·s libristes. J'avais envie de revenir dessus pour tenter de formuler mes réflexions un peu plus clairement que sur Twitter, parce que je pense que ça soulève des questions intéressantes.




Histoire du logiciel libre


Avant de parler de ce cas précis, revenons un peu en arrière pour examiner ce que le principe d'une licence libre, ce qui veut dire parler un peu d'où a émergé l'idée, c'est-à-dire du monde du logiciel.




À l'époque préhistorique où l'informatique n'était qu'émergente, la plupart des programmes circulaient sous forme de code source sans qu'il y ait vraiment d'attention porté à la propriété du code, pour différentes raisons : les logiciels venaient beaucoup du monde de la recherche et pas encore des industries, les systèmes d'exploitation offraient moins de sécurité mémoire ou de moyens de vérifier ce que faisait un programme donc il était préférable de pouvoir regarder le code source pour s'assurer que ça n'allait pas tout faire péter, etc.




Ensuite, les choses ont commencé à changer, il y a eu l'idée qu'un programme appartenait à une entreprise et que n'importe qui n'avait pas à mettre son nez dedans pour regarder comment c'était foutu et éventuellement l'adapter à ses besoins.




Cela dit, ça posait des problèmes. Parmi ceux-ci, il y a l'histoire d'une imprimante qui ne pouvait pas être réparée parce que le code source du logiciel n'était pas disponible. En 1983, le projet GNU (GNU is Not Unix) naît, impulsé par Richard Stallman, et la Free Software Foundation est créée en 1985. Celle-ci se donne comme objectif d'assurer quatre libertés fondamentales à l'utilisat·eur·rice d'un programme informatique :




La liberté d'utiliser le programme comme tu en as envie et pour faire ce que tu veux ;
La liberté d'étudier comment ce programme marche, et notamment pour ça d'accéder à son code source ;
La liberté de redistribuer des copies pour que tu puisses aider ton voisin (c'est comme ça que c'est dit) ;
La liberté de distribuer des copies des versions modifiées que tu as faites.



Par ailleurs, l'idée est de lutter pour que tous les logiciels soient libres. C'est pour ça que la GNU General Public License (GPL), favorisée par la Free Software Foundation inclut une clause « virale » de copyleft : tu as le droit de redistribuer le logiciel, et sous des versions modifiées, mais à condition de donner les mêmes droits à l'utilisatrice, c'est-à-dire, sous la même licence.




Logiciel libre VS Open-source


Le projet GNU va connaître un certain succès, notamment lorsque le noyau Linux sort et permet en utilisant les deux ensemble d'avoir un système d'exploitation complet capable de faire fonctionner votre ordinateur : GNU/Linux, et qui est maintenant disponible avec plein de distributions différentes et ne nécessite plus un bac+5 en informatique pour être utilisable.




À la fin des années 90, le terme open-source commence à être utilisé. Sur un plan purement technique, il n'y a pas de différence fondamental avec le logiciel libre : une licence open-source est libre, une licence libre est open-source. En revanche, les motivations qui sont derrières sont différentes : là où le but du logiciel libre était de libérer l'utilisateur, l'open-source met surtout en avant un modèle coopératif qui marche mieux, qui permet aux entreprises de développer plus rapidement du code plus performant. Là où les défenseurs et défenseuses du logiciel libre poussent pour que le code distribué soit sous licence copyleft, pour assurer qu'une version modifiée ne puisse être « verrouillée », le camp de l'open-source insiste que ce n'est pas négatif, et que cela peut pousser les entreprises à contribuer à la version originale (mainstream) du projet tout en commercialisant sous licence propriétaire une version modifiée. Des tas de boîtes ont maintenant inclu ça dans leur business model en publiant une partie de leurs programme sous licence open-source : Google, Apple, et même Microsoft.




Un peu d'analyse politique en terme d'exploitation


Ni le logiciel libre, qui vise uniquement la liberté de l'utilisat·eur·rice, ni l'open-source, plus corporate friendly, ne se posent la question de l'exploitation que peut ou pas engendrer ces licences. Dans les deux cas notamment, rien n'interdit à quelqu'un de commercialiser le programme : une licence qui ne permet pas une utilisation ou une diffusion commerciale n'est pas libre.




En revanche, en favorisant des licences qui n'incluent pas de clause copyleft, l'open-source favorise l'exploitation des contributeurs et contributrices, et je pense que c'est d'ailleurs un des objectifs : si j'utilise une bibliothèque open-source de MegaCorp, et que je propose une amélioration qui correspond à mes besoins, et que cette entreprise peut ensuite utiliser cette amélioration dans les logiciels propriétaires qu'elle commercialise, alors de fait j'ai fait du travail gratuit pour MegaCorp. La clause de copyleft n'empêche pas cette exploitation, mais elle la minore un peu : au moins, je sais que les améliorations que j'ai pu apporter ne seront utilisées que dans des logiciels libres, que je pourrais à mon tour utiliser et améliorer. Ça n'empêche pas la boîte de faire de l'argent sur mon travail, mais au moins en contrepartie je peux utiliser ses améliorations à mon travail.




Malheureusement, cette question de l'exploitation est rarement abordée dans le milieu FLOSS (Free, Libre & Open-Source Software). Pire (oui, j'ai un point de vue orienté sur le sujet), j'ai l'impression que ces dernières années le courant open-source est devenu plus majoritaire et que les licences les plus populaires sont celles qui ne mettent aucun verrou sur des dérivés propriétaires par des entreprises.




Les licences libres pour l'art et la culture


À côté de ça, les licences libres ou open-source se sont étendues en dehors du monde de l'informatique, et on a vu l'apparition (entre autres) d'abord de la GNU Free Document License (FDL), utilisée d'abord pour les documentations techniques du projet GNU, puis par Wikipedia (et par d'autres projets, évidemment), puis des licences Creative Commons, qui sont une famille de licences dont certaines sont libres, d'autres pas (les clauses « pas d'utilisation commerciale » et « pas de modification » ne sont pas libres), certaines avec une clause copyleft (« partage dans les mêmes conditions »), d'autres pas.




On notera que la définition des quatre libertés ne peut pas s'appliquer exactement de la même manière que pour les logiciels : la question de la liberté d'utilisation ou de la liberté d'étudier l'œuvre ne s'appliquent pas vraiment pour un roman ou une bande dessinée[1]. Les libertés de pouvoir redistribuer l'œuvre et de la modifier restent pertinentes, et personnellement je trouve intéressant que des romans, des bandes dessinées, etc. soient diffusés sous ces licences. Je l'ai d'ailleurs fait moi-même, avec Pas tout à fait des hommes et Noir & Blanc, diffusés sous la plus très populaire Licence Art Libre.




Cependant, je pense que la situation n'est pas forcément la même que l'informatique. D'abord parce qu'un roman sous droit d'auteur classique n'est néfaste comme un logiciel propriétaire peut l'être (un roman ne risque pas de supprimer toutes vos données personnelles, d'envoyer votre numéro de carte bleue ou d'avoir une backdoor de la NSA[2]). Ensuite l'aspect collaboratif n'a en général pas la même ampleur (le simple programme affichant « Hello, world! » implique déjà l'utilisation de bibliothèques écrites par d'autres personnes et pour lesquels des problèmes de licence peuvent potentiellement se poser, alors qu'il est possible d'écrire tout un cycle de fantasy sans avoir à utiliser la moindre ligne écrite par quelqu'un d'autre). Et je pense aussi que la situation financière des auteurs/autrices et celle des informaticien·ne·s n'est en général pas la même, ce qui fait que je peux comprendre que des auteurs et autrices ne voient pas forcément d'un bon œil l'annonce d'« une bande dessinée Open Source publiée chez Glénat ».




Où on finit enfin par revenir au sujet


Examinons donc un peu cette situation. Il y a une personne, David Revoy, qui a publié une bande dessinée, Pepper & Carrot, sous licence CC-BY, donc licence open-source sans clause de copyleft. Cette bande dessinée a un certain succès, a connu des traductions grâce au fait que la licence soit libre, et permet a son auteur de gagner pas mal d'argent grâce à du financement participatif. Et c'est plutôt bien, tant mieux pour lui.




Là où le titre de l'article Une bande dessinée Open Source publiée chez Glénat est un peu trompeur, c'est que Glénat ne publie pas vraiment une version open-source, mais, grâce à l'absence de clause copyleft, une version légèrement différente pour justifier une certaine plus-value. Cette version n'est pas libre ni open-source.




Donc, est-ce qu'il y a vraiment à se féliciter de ça ? Je ne trouve pas. Plus qu'autre chose, ça s'inscrit dans la tendance de pas mal de gros éditeurs à se reposer sur des œuvres qui connaissent le succès par d'autres biais plutôt que d'aller faire leur boulot de découverte. Si Glénat avait publié une BD sous licence libre qui était diffusée sur une page web à 20 vues par mois, peut-être que je pourrais saluer leur travail, mais là je ne vois rien de bien enthousiasmant.




Je ne trouve pas non plus que la décision de Glénat de rétribuer l'auteur (350€ par mois) ou d'avoir modifier l'œuvre en concertation avec lui alors qu'ils n'étaient pas obligés soit particulièrement généreuse. J'imagine que Microsoft paie ses développeurs plus que le salaire minimal sans y être obligés, mais dans les deux cas je doute que ce soit uniquement par bonté d'âme.




On revient pour le coup sur la différence entre logiciel et roman ou BD : contrairement au logiciel, une BD ou un roman reste associé·e fortement à un, ou deux, ou éventuellement trois auteur/autrice(s) et peu à l'éditeur. Ce n'est donc pas dans l'intérêt d'un éditeur qui veut diffuser un bouquin à une échelle un peu importante de ne pas s'assurer la coopération de l'auteur. Pourquoi risquer que des médias mettent en avant que l'auteur ne gagne rien sur l'œuvre, celui que l'auteur décourage d'acheter la version papier, alors que pour quelques dollars de plus tu peux faire en sorte qu'il fasse de la promo et t'assurer en prime une image positive ?




Bref, autant en tant que « libriste » je suis plutôt contente du succès de cette BD et que son auteur puisse en vivre comme ça, autant je ne comprends pas vraiment comment cette publication par Glénat peut être vue comme quelque chose de génial ni même de spécialement novateur (après tout, les éditeurs publient depuis longtemps des livres dont le contenu est dans le domaine public et donc « open-source » de fait).




Après, en tant qu'autrice, je ne pense pas non plus que l'utilisation pour des romans ou des BDs de licences libres/open-sources (même sans clause copyleft) soient vraiment une grosse menace pour les revenus, même si ça venait à se répandre. Pourquoi prendre le risque que l'auteur/l'autrice refuse de faire la promo, voire fasse de l'« anti-promo », alors qu'il y a tellement moyen de jouer sur le « vous avez de la chance d'être édité·e » pour s'assurer de son soutien, de son temps pour faire des dédicaces, etc. sans que ça coûte tellement plus cher ? Je pense que le vrai problème, il n'est pas dans l'utilisation des licences libres, mais dans cette idée que le moindre sou que dépense un éditeur pour l'auteur est un acte de générosité.




Je trouve que sur ce coup-là, la rémunération de Glénat est bien faible par rapport au nombre d'exemplaires tirés et ce qu'une avance et une part de droits d'auteurs décentes devraient être s'il y avait un contrat classique ; mais d'un autre côté, ce n'est pas un contrat d'édition classique qui garantit la décence de la rémunération, puisque des droits d'auteurs minimes, des avances inexistantes (voire des droits d'auteurs qui ne sont payés que si une certaine somme ou un certain nombre de livres vendus sont dépassés, donc l'équivalent d'une avance négative), c'est des pratiques qu'on trouve ailleurs, qui sont tout à fait légales, et où pour le coup l'auteur cède en plus tous ses droits sur ce qu'il a fait, donc ne peut pas gagner d'argent ailleurs (sur cette œuvre). Est-ce qu'il faut encenser Glénat parce qu'il y a d'autres éditeurs qui font pire ? Certainement pas. Mais je ne pense pas non plus que les auteurs et autrices devraient craindre spécialement que l'utilisation de licences libres se répande.




Après, c'est évident que l'émergence de l'auto-édition, d'autres formes de financement, (qui marchent plus ou moins bien), du numérique, les changements dans les modes d'impression, tout ça bouleverse un peu le jeu et qu'il y en a à qui ça va profiter et d'autres qui payer les pots cassés.




Est-ce qu'en soit cette évolution est positive ou pas ? Je pense que ce n'est pas vraiment la question. Dans un article sur les licences libres, je devrais peut-être citer Richard Stallman, mais là-dessus je pense que c'est deux autres barbus qui s'expriment le mieux :





La bourgeoisie n’existe qu’à la condition de révolutionner sans cesse les instruments de travail, par conséquent le mode de production, par conséquent tous les rapports sociaux. La conservation de l’ancien mode de production était, au contraire, la première condition d’existence de toutes les classes industrielles précédentes. Ce bouleversement continuel des modes de production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation, cette insécurité éternelles, distinguent l’époque bourgeoise de toutes les précédentes. Tous les rapports sociaux traditionnels et profondément enracinés, avec leur cortège de croyances et d’idées admises depuis des siècles se dissolvent ; les idées et les rapports nouveaux deviennent surannés avant de se cristalliser. Tout ce qui était stable est ébranlé, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés enfin d’envisager leurs conditions d’existence et leurs relations mutuelles avec des yeux désillusionnés.




(Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste, traduction de Laura Lafargue, citation prise sur Wikisource)


Notes

[1] Quoique, avec les DRM qui veulent interdire de faire ce qu'on veut des livres numériques qu'on a achetés, ça peut se discuter.


[2] Là encore, avec les livres numériques sous DRM, ce n'est pas tout à fait vrai, puisque la lecture du livre sous DRM implique l'utilisation d'un logiciel qui peut tout à fait avoir ces soucis, mais c'est un autre sujet.

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Published on August 31, 2016 20:44

August 18, 2016

Nouvelles versions papier pour Pas tout à fait des hommes, Noir & Blanc, et Sorcières & Zombies

Suite à la mise à jour de leur mise en page et les relectures que cela a pu entraîner, il y a eu aussi quelques changements pour les versions papiers de mes livres.




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Noir & Blanc, novella policière surnaturelle, est le livre qui est le moins touché puisqu'à part quelques petites corrections mineures c'est peu ou prou le même livre, que vous pouvez toujours commander pour 5€ si vous ne l'avez pas déjà fait.





Pour sa première enquête sur un meurtre, Mélanie est servie.



Non seulement son amie (ou était-ce ennemie ?) d'enfance est apparemment impliquée dans cette sombre histoire, mais en plus il ne s'agit jpas d'un évènement isolé.



Mais le plus gênant, c'est que «Lumière Blanche», secte vouée à l'élimination des démons et autres créatures maudites, a décidé de reprendre l'affaire en main pour faire le ménage.



Son enquête va mener Mélanie plus loin qu'elle ne l'aurait pensé et qu'elle ne l'aurait voulu.




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En ce qui concerne Pas tout à fait des hommes, roman de fantasy, pas de grosses modification non plus, mais une qui est tout de même nettement plus visible, puisqu'il s'agit de la couverture. Le livre peut être commandé pour la somme de 12€ et des poussières.





« Je voyais les elfes plus grands »



Kalia, la seule elfe de la ville à travailler dans la garde, se contente d'ordinaire d'essayer de survivre et d'éviter les ennuis... Du moins, jusqu'au jour où elle rencontre Axelle, une voleuse démoniaque qui va bouleverser sa vie.



Avant de réaliser ce qui lui arrive, Kalia va se retrouver confrontée à des orcs révolutionnaires, des nains remontés, un général belliqueux, un vampire schizophrène, une prophétie obscure, une épée sacrée, un Élu au coeur pur, ainsi qu'une multitude d'autres choses potentiellement mortelles mais au nom moins impressionnant.




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Pour finir, le recueil de nouvelles Sorcières & Zombies est maintenant également disponible en version papier, et plus uniquement en numérique. Il peut être commandé pour un peu plus de 6€.





Sorcières & Zombies est un recueil de nouvelles mêlant fantastique et fantasy, humour et horreur, vampirisme et homosexualité, morts-vivants et enquête, transsexualité et sorcellerie.



Ce recueil contient quatre textes : « Route de nuit » et « Créatures de rêve » (fantastique) revisitent les clichés de l'horreur en jonglant entre cauchemar et réalité, tandis que « Sortir du cercueil » (fantasy) s'attaque aux vampires et que « Une mine de déterrés » (fantasy) mélange surnaturel et enquête policière.




Culpabilité de l'auto-éditée


Quelque mots sur le choix de passer par Amazon (par le biais de CreateSpace) pour ces trois livres : comme vous le savez peut-être, il s'agit d'impression à la demande, ce qui fait que seuls les livres commandés sont imprimés. L'avantage est que je ne me trimballe pas un stock de deux cents livres que je dois écouler pour essayer de rembourser l'argent investi pour l'impression. L'inconvénient est que le prix individuel du livre est plus important, et notamment pour des livres de petite taille (comme Noir & Blanc et Sorcières & Zombies) cela peut vite devenir un peu exorbitant par rapport au contenu, surtout qu'au prix du livre lui-même s'ajoute des frais de port qui peuvent être importants (ce qui n'est pas le cas avec Amazon et ses 0,01€). (Par ailleurs, le fait de passer par Amazon a l'avantage non-négligeable que le livre est disponible... sur Amazon, ce qui permet à des gens qui ne passent pas par mon site de savoir qu'il existe en version papier.)




J'ai bien conscience que ce choix est critiquable. Malheureusement, l'alternative était de proposer des livres produits un peu plus « équitablement » (même si tout est relatif : s'il existe quelques imprimeries coopératives ou autogérées, je n'ai pas connaissance que ce soit le cas pour de l'impression à la demande), peut-être aussi d'un peu meilleure facture, mais que seules des personnes en ayant les moyens auraient pu se payer. Je me pose pas mal de questions auxquelles je n'ai pas de réponses tranchées, j'essaie de réfléchir à d'autres méthodes (peut-être faire des souscriptions et ne lancer une impression que s'il y a un certain nombre de pré-ventes ? peut-être faire de l'impression plus DIY au format brochure pour des nouvelles, avec là encore le risque que le prix soit un peu démesuré par rapport au contenu ? ne plus proposer de version papier pour mes livres auto-édités, et me contenter du format numérique, mais se couper des gens qui n'ont pas de liseuse et n'aiment pas lire sur écran ?) ; en attendant j'ai pour l'instant fait ce choix, qui est évidemment discutable.




Tout ça pour dier que je comprendrais tout à fait que vous refusiez d'acheter ces versions papiers, et ces livres sont de toute façon toujours disponibles en version numérique sur ce site, gratuitement (même si vous pouvez faire un don en échange si vous aimez). Sinon, voilà, ils sont disponibles, et si vous les achetez j'espère qu'ils vous plairont.

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Published on August 18, 2016 06:21

August 17, 2016

Mise à jour de la mise en page d'un certain nombre de textes

J'ai mis à jour la mise en page d'un certain nombre de romans et nouvelles disponibles sur ce site, en passant à un nouvel outil (Crowbook, dont j'avais déjà parlé quelques mois plus tôt). Les textes concernés sont les suivants :




Pas tout à fait des hommes ;
Noir & Blanc ;
Sorcières & Zombies, et les nouvelles que ce recueil contient :

Route de nuit ;
Créatures de rêve ;
Sortir du cercueil ;
Une mine de déterrés ;

Blonde à forte capacité pulmonaire ;
La mémoire de l'eau.



Il y a encore quelques textes qui n'ont pas été convertis au nouveau système, mais ça constitue quand même l'essentiel de ce qui est disponible sur ce site.




Normalement, il ne devrait y avoir que des avantages :




ces textes sont maintenant disponibles au format EPUB (livre numérique), ce qui était déjà le cas d'une partie, mais pas de tous ;
la mise en page HTML et EPUB devraient être améliorées, sans changement notable pour les versions PDF.



J'en ai aussi profité pour corriger un peu Sorcières & Zombies au passage, avec des modifications un peu plus lourdes sur Créatures de rêve puisque la fin a été modifiée.




Évidemment, il est possible qu'il y ait eu quelques soucis, et que quelques problèmes de mise en page ou des coquilles se soient glissées au cours de cette conversion ; n'hésitez pas à me les signaler, ou à me faire part de vos retours sur la mise en page si vous pensez qu'il y a un souci avec un format (ou un support de lecture, c'est dur de tester partout).

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Published on August 17, 2016 16:56

June 2, 2016

Autrices et auteurs en soutien aux grévistes Amazon

Je n'ai pas trop le temps pour faire un long article élaboré, aussi vais-je surtout me contenter de mettre les liens importants :




À l'initiative de Tanx, il y a cette vente de gravures, dessins, affichettes et livres au profit de la caisse de grève des grévistes d'Amazon. J'ai décidé d'y participer modestement en proposant dix exemplaires d'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires).




Il commence à y avoir pas mal de choses de Tanx, Alexis Horellou, Oriane Lassus, ..., dont les bénéfices des ventes seront reversés aux grévistes.




Vous pouvez aussi bien entendu directement donner au pot commun pour la caisse de grève. Il y a aussi pas mal d'autres caisses de grève en ce moment, comme celle lancée par CGT Infocom en soutien notamment aux grévistes des raffineries. L'idée de soutenir les grévistes d'Amazon, c'est aussi, pour une fois, de marquer une solidarité des auteurs et autrices avec les autres travailleurs et travailleuses dans la chaîne du livre.




Antoine Kirsch et Tanx ont fait des articles plus aboutis que je vous invite à lire, mais surtout : soutenez les grévistes, d'Amazon et de partout ailleurs, que ce soit financièrement, en faisant grève si vous pouvez, en allant sur des piquets ou dans la rue, etc. Ce n'est qu'un début, continuons le combat !

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Published on June 02, 2016 05:13

May 26, 2016

Le fonctionnement d'Amazon pour les auteurs/autrices auto-édité·e·s

Une fois n'est pas coutume, voici un article pour parler d'aspects un peu techniques de l'auto-édition, à la fois parce que ça peut potentiellement intéresser des personnes qui voudraient s'y mettre, mais aussi de manière plus large pour examiner un peu plus en détail certaines pratiques de cette entreprise, et sa mainmise sur le livre numérique.




Le livre numérique sur Amazon


Amazon est, comme vous le savez sans doute, l'un des plus grands fournisseurs de livres numériques, à la fois parce que c'est devenu la librairie incontournable pour le livre en général, mais aussi parce que sa liseuse, la (le?) Kindle, est la plus répandue. Il y aurait beaucoup de choses à dire là-dessus, et notamment le choix de préférer le format MOBI plutôt que le format EPUB qui a le mérite d'être ouvert, le flicage auquel peut procéder Amazon, y compris en effaçant sur votre liseuse des bouquins que vous avez téléchargés (ils l'avaient notamment fait pour certaines éditions des livres de George Orwell, comme 1984 et La ferme des animaux, ce qui avait été d'autant plus mal perçu, mais ce petit scandale n'a semble-t-il pas beaucoup nui à leur succès).




Donc, en gros, Amazon vent des livres numériques (ebooks), que vous pouvez ensuite lire sur votre liseuse Kindle ou avec l'application, disponible pour Smartphone et ordinateur. N'étant moi-même pas une grande cliente en livre numérique chez Amazon, j'ignore un peu certains détails techniques de ce point de vue, donc je ne vais pas m'attarder là dessus et plutôt parler de la facette qui concerne les auteurs et autrices.




L'auto-édition sur Amazon


Il est très facile pour n'importe qui de publier un livre numérique sur Amazon : il suffit de s'inscrire à KDP, Kindle Direct Publishing, qui permet très facilement de publier un ebook qui sera disponible sur tous les sites Amazon (.com, .fr, .co.uk, .ca, etc.), puisqu'il suffit de convertir un fichier EPUB au format MOBI (par exemple via Calibre), voire directement d'envoyer un fichier Word, de rentrer quelques détails sur la description, l'auteur/autrice, la couverture, etc., et c'est en général en ligne en vingt-quatre heures.




C'est sans doute ce qui a contribué à son succès : depuis, d'autres sites offrent la même facilité, mais je crois qu'Amazon a été la première librairie à permettre à n'importe qui de diffuser largement son livre au monde entier et de gagner de l'argent dessus. Pas forcément beaucoup pour l'auteur/autrice auto-édité·e qui ne vendra que quelques exemplaires, mais beaucoup plus pour Amazon et ses millions d'œuvres disponibles. Il faut bien voir qu'à côté de ça, pour pas mal de librairies numériques alternatives, c'est la croix et la bannière, ou tout simplement pas possible, si on veut y figurer en tant qu'auteur/autrice indépendante. On peut critiquer Amazon tant qu'on voudra (et je compte bien le faire), mais il faut reconnaître que s'ils ont une telle position c'est quand même parce qu'ils savent faire un truc qui techniquement tient la route et qu'ils ont été (parmi?) les premiers sur certaines évolutions des usages.




Bon, et niveau rémunération, ça se passe comment ? Ben sur le principe c'est assez simple : vous fixez un tarif, qui est de 0,99€/$ minimum, pour votre livre, et vous touchez un pourcentage sur chaque vente, qui est de 70% si vous êtes dans la fourchette de prix qui arrange Amazon (de 2,99€/$ à 9,99€/$), et de 30% sinon. Donc, si vous achetez un livre à 2,99$ sur Amazon, l'autrice touche 2,093$ (70%). Si vous achetez un livre à 0,99$, l'auteur touche 29,7 cents (30%).




Bon, en vrai quand on regarde dans le détail, c'est horriblement complexe, parce que chaque site doit s'adapter aux règles et usages de chaque pays, aux règles de TVA différentes, que pour certains pays il y a des fonctionnements un peu différents où le taux de 70% n'est pas disponible ou réservé aux auteurs et autrices KDP Select (je reviendrai en détail sur ce que c'est en dessous), qu'il est parfois possible d'avoir un livre en prix promo en dessous du seuil de 2,99 mais de quand même avoir un taux de 70%, mais en gros, c'est l'idée.




Ah, et un autre truc de positif pour Amazon : ils sont réglos pour ce qui est de payer. Société américaine oblige, c'est un peu la galère de remplir les formulaires de l'IRS (Internal Revenue Service), mais sinon une fois qu'on a filé un RIB, dès qu'Amazon nous doit de l'argent, il paye, sans avoir à s'emmerder avec des seuils à la con. Par exemple, j'ai déjà reçu des chèques de 30 centimes venant d'Amazon Allemagne. Ce qui n'est pas le cas de toutes les librairies numériques : Kobo, par exemple, ne paye que passé un seuil de 100€. Pour la majorité des auteurs et autrices auto-édité·e·s qui ne font pas tant de ventes que ça, ça veut dire que leur argent va dormir (ou plutôt, je le soupçonne, servir de fond de roulement) longtemps sur le compte de cette société. C'est vraiment un truc que je ne trouve pour le coup vraiment pas correct, mais bon, passons, pour le coup là on parle d'Amazon, qui est honnête là-dessus.




Le programme KDP Select


Là où on rentre, à mon avis, dans les trucs moins réglos, c'est quand on commence à regarder le programme KDP Select. Le principe est simple : vous offrez l'exclusivité de votre livre à Amazon, et en échange vous bénéficiez de certains avantages. Bon, clairement, le but est simple : s'assurer qu'une partie des livres numériques disponibles sur Amazon ne soient pas disponibles ailleurs, pour être sûr que les client·e·s achètent leurs livres sur Amazon, achètent des liseuses construites par Amazon, etc.




Ce qui déjà, quand on y réfléchit, est un peu chelou comme principe, non ? Pour un livre papier, il me semble que ça paraîtrait un peu fou qu'une librairie ait l'exclusivité d'un livre, et qu'on vienne dire "Le dernier Werber, on ne peut l'acheter qu'à la Fnac, tu ne peux pas le commander au libraire du coin". Mais bon, soit.




Donc, vous accordez l'exclusivité de votre livre à Amazon sur une période de 3 mois (90 jours, plus exactement) minimum. C'est une exclusivité sur le contenu du livre, ou tout contenu « substantiellement similaire », donc pas juste sur une édition précise, donc pas possible de rajouter une préface à la con et de dire "Édition exclusive Amazon" (oui, j'y ai pensé) : il faut vraiment que le contenu du livre ne soit disponible sur aucune autre plate-forme et sur aucun autre site, même gratuitement. En échange de ça, vous bénéficiez de quelques avantages, dont notamment :




avoir droit à mettre le livre en promotion gratuite un maximum cinq jours tous les 3 mois ;
OU faire une promotion de prix un maximum de sept jours tous les 3 mois ;
et, surtout, faire partie de Kindle Unlimited ou Abonnement Kindle.



Les deux premiers points sont, à mon avis, un peu merdiques. Notamment parce que, si ton livre est disponible ailleurs, tu peux très bien changer le prix là-bas ou le mettre gratos, et Amazon sera obligé de fixer le même prix sur sa plate-forme à cause du prix unique du livre (du moins pour la France, mais de fait même pour les autres pays Amazon se calque sur les offres les moins chères qu'il repère ailleurs).




Le dernier point, en revanche, a quand même un intérêt non négligeable.




L'abonnement Kindle


L'offre d'abonnement Kindle est en effet un service où les gens payent 10€ par mois, et peuvent en échange lire tous les livres qu'ils et elles veulent. Du moins, tous les livres qui font partie de cette offre. Donc, pour les auteurs et autrices auto-édité·e·s, si vous avez bien suivi, uniquement les livres qui sont en exclusivité sur Amazon.




Comment ça marche pour les auteurs et autrices ? Tout l'argent des abonnements est collecté, et réparti entre tous les livres répartis dans cette offre (enfin, j'imagine qu'Amazon se garde une part, évidemment). La façon de répartir a un peu changé : avant, c'était par le nombre de téléchargements, ce qui avantageait plutôt les nouvelles courtes (si j'écris six nouvelles et que quelqu'un télécharge les six, ça compte comme six ventes, alors que si j'ai écrit un roman de mille pages, un téléchargement ne me fait qu'une seule vente). Maintenant, le système se fait en fonction du nombre de pages lues, ce qui avantage pour le coup plutôt les romans longs à, disons, un texte concis mais qui se lit moins vite.




Tous les mois, l'argent collecté par les abonnements est divisé par le nombre de pages lues, et un tarif par page est calculé, qui varie entre 0,4 et 0,5 centimes de dollars. Donc, si ce mois ci c'est 0,45 centimes par page, une nouvelle de 30 pages me rapportera (si elle est lue en entier) 0,135 dollars. Un roman de 400 pages me rapportera, lui (là encore, s'il est lu en entier) 1,8$.




En soi, cette rémunération n'est pas follichonne, mais elle est intéressante pour les auteurs et autrices pas très connu·e·s : un lecteur mettra plus facilement de l'argent pour le dernier tome de GRR Martin que pour le bouquin d'une illustre inconnue, alors qu'avec cette offre d'abonnement c'est possible d'avoir les deux sans payer plus et de découvrir quelqu'un qu'on ne connaît pas sans « prendre de risques ».




Possibilité, donc, à laquelle on n'a pas accès si on veut refuser de céder l'exclusivité de ses livres à Amazon.




À noter qu'à cause de la loi française sur les offres d'abonnement pour les livres (?), lorsqu'on est inscrit·e en France, il faut fixer soi-même un tarif par page, qui peut être de 0,1, 0,2, ou 0,3 centimes d'euro par page. Sur la page de ce choix, Amazon nous explique que cela n'aura aucune incidence sur la rémunération réelle, et que de toute façon il nous paiera son tarif à lui. J'avoue que je n'ai pas trop compris la raison du pourquoi de ce fonctionnement, et que je n'aurai rien contre un éclaircissement : je lis surtout ça comme « ah ah ah, encore une loi à la con censée nous empêcher de faire ce qu'on veut, mais on va faire comme avec l'interdiction du prix de port gratuit qu'on avait mis à un centime et vous faire un bras d'honneur. »




Les classements de vente


Sur Amazon comme sur la plupart des autres libraires, les classements de vente sont importants, puisqu'ils jouent sur quelles œuvres seront affichées en premier dans telle ou telle catégorie ou avec tels ou tels mots-clés. Ce n'est pas une nouveauté : il y a même des sites, à la légalité douteuse, qui vous proposent de payer pour qu'ils achètent votre livre plein de fois, ce qui le fait monter dans le classement mais vous coûte de l'argent, sauf que vous espérez que les ventes supplémentaires que cette visibilité vous accordera vous remboursera et vous fera gagner plus d'argent.




Les ventes qui passent par l'abonnement Kindle sont également comptabilisées dans ce classement, même si je ne suis pas sûre exactement de comprendre de quelle manière exactement : est-ce qu'une personne qui télécharge compte comme une vente, ou est-ce que c'est en fonction du nombre de pages lues ? Toujours est-il qu'en ayant votre livre dans l'offre d'abonnement Kindle, vous serez selon toute probabilité mieux classé·e (ventes normales + téléchargements des abonné·e·s Kindle) que s'il n'y est pas.




Donc, puisque pour être proposé aux abonné·e·s Kindle, votre livre doit être dans le programme KDP Select, et donc en exclusivité sur Amazon, on voit apparaître un truc un peu pernicieux, qui ne m'a sauté aux yeux que récemment : un livre qui est disponible exclusivement sur Amazon sera, en général, mieux classé et plus visible qu'un livre qui est également disponible sur d'autres plate-formes.




La mainmise d'Amazon


Tous ces mécanismes ont pour effet d'inciter les auteurs et autrices à signer des pactes d'exclusivité sur leurs œuvres avec Amazon, ce qui a non seulement pour effet de permettre à Amazon d'avoir la mainmise sur les auteurs/autrices, mais également sur les lecteurs/lectrices, puisque si un livre n'est disponible que sur Amazon, quelqu'un qui veut l'acheter sera bien obligé de passer par Amazon. Ce qui fait, par conséquent, que les ventes de livres se font principalement par Amazon, et que les auteurs/autrices ont intérêt à privilégier les bénéfices d'une exclusivité avec Amazon au détriment des ventes que leur apporteraient d'autres plate-formes. Et la boucle est bouclée.




Je ne sais pas trop comment conclure cet article : je voulais juste parler du fonctionnement d'Amazon avec la facette que je connais un peu parce que c'est celle avec laquelle j'interagis. Personnellement, je vous encourage à passer par des altenatives à Amazon, soit en tant que lecteur/lectrice en achetant vos livres ailleurs, soit en tant qu'auteur et autrice en refusant cette exclusivité ; tout en ayant conscience que, parfois, le livre qu'on veut n'est disponible que sur Amazon, ou que parfois en tant qu'auteur/autrice on a besoin de la thune que nous apporte cette exclusivité de merde.




Et, bien évidemment : soutien aux travailleurs et travailleuses d'Amazon qui se sont mis en grève et ont bloqué trois des quatre sites de distribution en France ce jeudi. Je rêve qu'on ait un jour des syndicats d'autrices et auteurs qui aient un peu de la gueule et soient moins corporatistes (et, accessoirement, là aussi plus ouverts aux auto-édité·e·s), qui appelleraient à des retraits temporaires massifs de livres sur Amazon en soutien dans ce genre de circonstances, mais ça, c'est hors sujet.

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Published on May 26, 2016 15:50

May 22, 2016

Création d'une liste de diffusion, si vous voulez être tenu·e au courant de mon actualité littéraire

Environ vingt ans après que les listes de diffusion soient un peu passées de mode, après que les flux RSS les aient plus ou moins remplacées pour se faire ensuite obsoletiser par les réseaux sociaux, j'ai enfin décidé d'en créer une pour ce site et mes écrits.




Donc si vous voulez être tenu·e au courant de ce que je fais (d'un point de vue littéraire, s'entend), de mes dernières parutions, etc., vous pouvez vous abonner ici. (Oui, j'ai conscience que c'est assez moche, et pas très Web 2.0, tout ça.)




Ne vous en faites pas, ça m'arrive rarement de sortir douze bouquins par mois, donc ce n'est pas ça qui saturera trop votre boîte mail : je ne pense dans tous les cas pas vous envoyer plus d'un message par mois.




Pour celles et ceux qui préfèrent être au courant en temps réel de tous les textes que je peux relayer, de mes opinions politiques, de mon humeur du jour et de ce que j'ai mangé à midi, je rappelle que j'ai également un compte Twitter: @Crowdagger.

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Published on May 22, 2016 06:05