Lizzie Crowdagger's Blog, page 18
February 28, 2015
Nouvelle : La mémoire de l'eau
La mémoire de l'eau est une nouvelle que j'avais écrite il y a des années de cela, et que je n'avais pas remis à disposition sur ce site pour des raisons obscures[1], mais la voici donc.
Il s'agit d'une enquête, où Karine Réveaux, policière dans un petit village, se retrouve à devoir faire équipe avec Ana Delame, une voyante/guérisseuse/homéopathe/magnétiseuse. Je ne sais pas si c'est à proprement parler du fantastique, aussi je vous laisserai vous faire votre opinion sur le sujet.
Le texte complet est disponible :
en version PDF (plutôt pour impression papier, ou lecture sur ordinateur) ;
au format Epub (liseuse) ;
au format HTML (à lire dans navigateur) ;
ou encore au format ODT (OpenOffice/LibreOffice).
Notes
[1] J'avais zappé, quoi.
February 25, 2015
Lettre aux vilains pirates et autres téléchargeurs de livres
Cher·e téléchargeu·r·se de livres,
On ne se connaît pas, ou peut-être que si, peu importe, mais j'ai envie de t'écrire cette petite lettre parce que j'ai vu une lettre d'auteur sur ce sujet pour expliquer à quel point les méchants lecteurs qui pirataient des livres étaient responsables de la pauvreté des auteurs ; et je ne me situe pas dans la même perspective.
D'abord, je voudrais te dire que j'ai bien conscience que « téléchargement » ne veut pas dire piratage. Un drôle de mot, d'ailleurs, piratage, pour parler que de ce qui n'est jamais qu'un téléchargement illégal. Mais admettons que tu télécharges illégalement des livres et, pire, que tu télécharges illégalement mes livres.
Ce n'est pas terrible.
D'abord parce qu'il se trouve que jusqu'à présent les bouquins que j'ai écrits sont disponibles en téléchargement légal, soit sur ce site, soit sur le site de l'éditeur, parce que j'ai un éditeur qui est cool et qui pense à l'accès à lecture pour les gens qui ont pas de thune. Donc dans ces conditions, ce serait un peu con d'aller te faire chier à les télécharger illégalement. Cela dit, ça ne sera peut-être pas le cas pour tous mes bouquins, et peut-être qu'à un moment tu auras envie d'enfiler un bandeau noir et de pirater une de mes œuvres.
Alors franchement, si tu as de la thune, et que je te permets, grâce à ce que j'écris, de passer un bon moment, je trouverais ça sympa que tu m'en files un peu. De manière générale, je trouverais ça cool que les gens qui le peuvent achètent plus de bouquins, si possible d'auteurs qui ne sont pas des best-sellers, si possible publiés par des petits éditeurs alternatifs, si possible en passant par une librairie indépendante plutôt que par Amazon.
Après, des fois c'est compliqué, je comprends. Des fois t'as pas de thune, des fois Amazon c'est quand même le plus simple, et des fois t'as envie d'acheter le dernier bouquin dont tout le monde parle plutôt qu'un truc obscur que t'es pas sûr·e d'aimer. Je comprends. Je fais pareil.
Mais c'est vrai que c'est pas terrible.
Après, laisse-moi t'expliquer pourquoi, même s'ils n'étaient pas disponibles en téléchargement légal (et le fait que ce soit légal ou pas ne change pas grand chose au final si on considère qu'une lecture téléchargée gratuitement est forcément un manque à gagner pour l'auteur), je ne pleurerais pas trop si tu piratais un de mes bouquins. Ça veut dire parler un peu de la rémunération des auteurs.
En gros, la plupart du temps, pour des éditions papier, un auteur touche un « à valoir ». C'est de l'argent que tu touches avant la parution du livre, et qui correspond à une sorte d'avance sur les droits d'auteur. Ensuite, tu touches des droits d'auteurs sur chaque vente, sauf qu'en fait tu ne les touches pas vraiment, puisque ça rembourse l'à-valoir. Pour vraiment toucher les droits d'auteurs sur les ventes, il faut donc dépasser un certain nombre de ventes. Ça n'arrive en fait pas forcément très souvent.
(Un petit aparté pour les éditions numériques : j'ai l'impression que les éditeurs numériques ont souvent tendance, eux, à ne pas filer d'à-valoir du tout. Ça, tu vois, cher·e téléchargeu·r·se de livres, c'est de mon point de vue pire que pas terrible, et en terme de rémunération des auteurs je pense que ce genre de pratique éditoriale est plus dommageable que tes petits piratages, mais il n'est pas de bon ton de trop critiquer les éditeurs quand tu veux essayer de leur refourguer tes bouquins. Oups.)
Autrement dit, concrètement, pour parler des livres qui sont édités (l'auto-édition étant un cas encore différent), tu peux pirater le livre, tu peux le chourrer dans une librairie qui l'a, tu peux faire une prise d'otages dans une librairie qui l'a pas pour demander à ce qu'on t'en donne un, ça n'a pas d'impact concret sur ma rémunération à moi. Ça ne veut pas dire qu'il faut faire tout ça, d'un côté parce que ça en aurait un peu sur celle de mon éditeur, qui est en l'occurrence un petit éditeur associatif qui n'est pas pété de thune ; et toi, de ton côté, tu risquerais de te faire choper et ça n'en vaut probablement pas la peine.
Il y a autre chose à savoir sur la rémunération des auteurs : elle n'est pas terrible. C'est très dur d'en vivre. Alors oui, c'est cool si tu files un peu de thune à des auteurs qui galèrent. Mais tu sais quoi ? Moi, par exemple, ma principale source de revenu c'est le RSA, pas les droits d'auteurs.
Alors je pourrais dire que c'est de ta faute, que si tu piratais pas le milieu de l'édition serait génial et que je pourrais me payer plein de trucs avec mes droits d'auteurs. Mais en fait, j'en doute. Alors je préfèrerais te demander de ne pas râler sur ces feignant·e·s d'assisté·e·s qui touchent des allocations au lieu de se trouver un vrai travail. Mieux, que tu pirates ou pas, tu sais ce qui serait super ? C'est de se mobliser quand les différents gouvernement font passer de nouvelles lois pour fliquer encore plus les chômeu·r·se·s, pour réduire leurs allocs, pour remettre en cause différents acquis sociaux ou démanteler le droit du travail.
Parce qu'au final, la défense corporatiste des intérêts des auteurs face à ceux de leurs lecteurs, je ne suis pas sûre que ça mène à grand chose, et quitte à réclamer de la thune à des gens, peut-être qu'on pourrait s'allier pour la prendre dans les poches de ceux qui en ont vraiment.
December 19, 2014
À propos d'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), #2 : les méchants
Voici le deuxième article qui a pour objectif de poser quelques éléments de réflexion diverses autour d'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires). Pour rappel, le premier article sur le sujet tournait autour des aspects un peu politiques liés à la représentation de minorités (en l'occurrence lesbiennes et femmes trans). Toujours pour rappel, si vous ne l'avez pas encore lu, vous pouvez notamment commander le livre sur le site de l'éditeur, Dans nos histoires.
Et en l'occurrence, si vous ne l'avez pas encore lu, vous devriez peut-être vous arrêter là pour l'instant, parce que si le premier article était sans spoiler, ce ne sera pas forcément le cas de celui-ci, puisque je vais notamment parler de « méchants » et de qui sont les antagonistes dans la première partie du livre.
Un bon méchant fait le mal, et il le fait bienAvoir un bon méchant, c'est important dans une histoire. Bon, d'accord, peut-être pas dans toutes les histoires : si on prend le film Gravity, il n'y ait pas évident qu'il y ait vraiment un « méchant »[1]. Mais dans la plupart des histoires, il y a un « méchant », ou tout du moins (pour se libérer de l'aspect moral qui n'est pas vraiment la question ici) un antagoniste, et c'est le conflit entre lui et les le(s) « héros » (ou protagonistes) qui sert de moteur à l'histoire.
Je pense que c'est d'autant plus vrai dans la fantasy, et particulièrement dans la fantasy épique : non seulement, il y a un méchant, mais il faut que ce méchant soit particulièrement méchant et impressionnant, histoire que les héros qui s'opposent à lui soient, de leur côté, d'autant plus héroïques. Allez, pour citer des exemples : Sauron du Seigneur des Anneaux, Darth Vader de Star Wars[2], etc.
Ce qui m'amène à une confession : je crois que je ne suis pas douée pour les méchants. Ce n'est pas vraiment mon truc. Si je repense à tout ce que j'ai écrit, j'ai du mal à trouver des méchants particulièrement mémorables. Il faut dire que je n'aime pas spécialement passer beaucoup de temps sur les méchants dans ce que j'écris. Je le fais parfois un peu, mais c'est par obligation : je me force à aller voir des conseils pour écrire des bons méchants, j'essaie de leur donner des motivations, un peu de profondeur, un peu de charisme, mais bon, franchement ça ne me branche pas plus que ça. Je pense que j'ai du mal à me motiver à me «projeter» dans un gars dont le rôle essentiel est en général de se faire dessouder.
Pour être plus précise : ce n'est pas vraiment que je n'arrive pas à me projeter dans mes personnages de méchant·e·s. C'est juste qu'à peu près à chaque fois que j'y arrive, j'ai tendance à transformer ces personnages en « gentils » (ou en tout cas, en personnages qui finissent par s'allier aux protagonistes, ça n'implique pas forcément de gentillesse).
Les méchants dans Pour une poignée d'hormones
Ce qui m'amène à Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), ou plus exactement à sa première partie, Pour une poignée d'hormones[3], parce que dans cette partie j'ai adopté une approche un peu plus radicale que d'habitude concernant les « méchants ».
Comme je l'ai dit, en temps normal, les méchants, ce n'est pas ma tasse de thé, mais j'essaie de faire un effort. Je ne prétends pas écrire des méchants transcendants (je m'intéresse plus aux dynamiques entre protagonistes qu'entre protagonistes et antagonistes) mais j'essaie au moins qu'ils fassent le boulot. Là, ça n'a pas été le cas. Du tout.
(Ceci est un rappel que cet article contient des spoilers. Et genre, là, ça va venir vraiment.)
Dans Pour une poignée d'hormones, il y a deux groupes de méchants. D'un côté un groupe de trois loups-garous (que Morgue est chargée de « calmer ») et de l'autre un groupe de trois humains (qui harcèlent Cassandra dans la rue et le métro). Aucun n'est nommé : ils sont pour ainsi dire indissociables. Je ne crois pas non plus qu'ils aient de description physique, ou alors elle est vraiment limitée.
Ce n'est pas uniquement par fainéantise. Il s'agit d'un choix : l'histoire est racontée du point de vue de Cassandra, qui ne s'intéresse absolument pas à la motivation de ces antagonistes, à leur vie, à ce qu'ils sont. S'ils ne sont pas nommés ce n'est pas uniquement parce que j'avais la flemme de leur trouver des noms[4] mais surtout parce que les nommer ce serait les « humaniser », ce que refuse de faire Cassandra.
Il y a un autre aspect important à propos des « méchants » de Pour une poignée d'hormones, c'est la mise à égalité entre les deux groupes. Le premier est constitué de loups-garous, armés, qui sont membres d'un gang. Le second est constitué d'agresseurs ordinaires qu'on peut au final croiser tous les jours dans la rue ou dans le métro.
Les deux groupes (et j'avais prévenu que ça spoilerait) se font flinguer. Dans le premier cas, je pense que ça ne choque pas : c'est de la violence typique qu'on peut trouver dans ce genre de romans, où il est assez normal que vampires et loups-garous s'affrontent avec des gros calibres. Pour le second cas, je pense que c'est plus choquant, parce que ça fait tout de suite un peu féministe extrêmiste et misandre de dire que les gars qui font du harcèlement de rue méritent d'être flingués. À vrai dire j'avais hésité à laisser cette scène, mais je la trouve intéressante pour deux raisons. D'abord parce qu'elle montre une évolution de l'« héroïne », et ensuite parce que je trouvais le message (même s'il pourra sembler excessif) intéressant : la violence, quand on est une meuf, lesbienne et/ou trans (et on pourrait rajouter d'autres oppressions, mais en l'occurrence c'est celles qui sont abordées), elle ne provient pas uniquement de psychopathes armés, mais aussi et surtout de gens qu'on croise dans notre quotidien et qui ne se considèrent sans doute même pas comme des agresseurs.
Les vrais antagonistes ne sont pas toujours ceux qu'on croient
Cela dit, la question est : est-ce que les méchants décrits ci-dessus sont vraiment les antagonistes de Pour une poignée d'hormones ? On peut voir les choses comme ça, puisque ce sont clairement les ennemis, qui s'opposent aux protagonistes et avec qui il y a des échanges de coups de feu.
Cela dit, on peut avoir une autre approche. Par exemple, pour John Truby, dans Anatomie du scénario, une bonne histoire doit forcément avoir un bon antagoniste, dont la situation conflictuelle avec le protagoniste sert de moteur à l'histoire. Seulement, l'antagoniste n'est pas forcément le «méchant», la personne avec qui le protagoniste se bat physiquement : dans le cas d'une romance ou même d'un buddy-movie, l'antagoniste principal va être, en fait, le second protagoniste[5].
Dans ce cas précis, il ne me paraît pas du tout absurde de considérer que Morgue est la véritable antagoniste de cette histoire. De fait, l'intrigue est surtout alimentée par la relation (plus ou moins conflictuelle) entre elle et Cassandra ; les « méchants » décrits ci-dessus servent plus de péripéties secondaires que d'antagonistes majeurs.[6] La vrai tension au niveau du scénario n'est pas tant de savoir si la narratrice va se sortir vivante de ses différentes fusillades (après tout, si elle peut raconter l'histoire, c'est qu'il y a des chances qu'elle soit encore en vie) mais de savoir si elle va faire un choix entre la « vie normale » et le « monde surnaturel » (ou, si on se focalise sur l'aspect romantique, de savoir si Morgue et Cassandra vont coucher ensemble, mais je ne pense pas que ce soit le plus important).
Au moment de l'écriture, j'avais envisagé de faire de cette histoire une histoire de transformation en vampire, un peu à la façon des chroniques des vampires, mais en plus léger (Cassandra, la narratrice, ne voyant — en tout cas pour l'instant —pas ça comme une malédiction mais comme un truc cool). Au final, Cassandra reste une humaine (là encore, pour l'instant) mais l'essentiel des éléments thématiques qu'induisaient une transformation vampiriques sont là. À la fin du récit, Cassandra n'est pas devenue une vampire, mais elle n'est plus, non plus, une simple mortelle.
Une petite conclusion
Voilà, j'espère que cette espèce d'«analyse» aura intéressé quelques personnes. Je voudrais tout de même préciser quelque chose : j'écris ces lignes environ trois ans après l'écriture du manuscrit original. C'est donc dans un esprit de relecture à froid : je ne sais pas si c'est vraiment ce que j'avais en tête quand j'écrivais dans mon calepin[7]. Par ailleurs, je ne pense pas qu'avoir écrit une œuvre place forcément dans une bonne position pour l'analyser, même sommairement ; et je ne pense pas non plus que « la critique est facile, mais l'art est difficile » : il s'agit de deux deux choses distinctes et je n'excelle pas vraiment dans l'analyse de textes.
Tout ça pour dire que, dans cette petite série d'articles, il n'y a pas l'idée de donner « la vraie signification » de l'œuvre sous le prétexte que j'en serais l'auteure ; juste de faire un petit exercice de rétrospective que je trouve intéressant au moins pour moi (et peut-être pour d'autres).
Notes
[1] Même si on pourrait estimer que c'est le personnage de George Clooney qui joue, d'une certaine façon, le rôle de l'« antagoniste ».
[2] Oui, je pense qu'on peut ranger Star Wars dans la fantasy. C'est dans l'espace, d'accord, mais c'est typiquement une histoire de fantasy. De toute façon, ils se battent à l'épée, donc c'est de la fantasy. CQFD.
[3] Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) a une structure un peu particulière, puisque si l'on suit une même protagnoniste tout du long, le roman est divisé en trois épisodes relativement indépendants. La même analyse ne pourrait pas, notamment, être appliquée à la troisième partie, où les antagonistes ont des personnalités et des motivations plus clairement définies.
[4] Même si, je l'admets, c'est toujours un passage un peu laborieux de l'écriture.
[5] D'où ma première note de bas de page sur Gravity.
[6] Je pense d'ailleurs que c'est un schéma au final relativement commun dans ce sous-genre précis de la fantasy (la fantasy urbaine, et plus précisément la bitlit, même si je n'aime pas trop ce terme), qui contient moins de grands méchants qui sont en train d'asservir le monde, et plus, soit de romance, soit en tout cas de rapports un peu compliqués entre personnages qui ne savent pas toujours sur quels pieds danser.
[7] Pour l'anecdote, Pour une poignée d'hormones est un des rares textes que j'ai écrits à la main et pas à l'ordinateur. Comment ça, tout le monde s'en fiche ?
December 4, 2014
Intervention à Strasbourg le 28 novembre
Le 28 novembre dernier, j'avais l'occasion d'être invitée à La Station (Centre LGBTI de Strasbourg Alsace), à l'occasion du TDOR (Transgender Day Of Remembrance) pour parler de mon livre, Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires). Pour les personnes que cela intéresse, voilà une version rédigée des notes de mon intervention.
Bonjour à toutes et à tous. Avant de commencer je voudrais remercier la Station
de m'avoir invitée à parler de mon livre, Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), et vous remercier d'être
venu·e·s. Je tiens à préciser que c'est la première fois que je me
livre à ce genre d'exercice donc j'espère que vous serez un peu
indulgent·e·s sur la forme.
Quelques rappels sur le TDOR
Cette présentation a lieu dans le cadre du TDOR, ce qui me met dans
une situation un peu délicate puisque j'ai écrit un livre plutôt léger qui
parle de vampires et des loups-garous, alors que le TDOR, à
l'inverse est quelque chose de grave et de plutôt lourd
émotionnellement.
Le TDOR c'était le 20 novembre dernier, ça veut dire Transgender Day
of Remembrance. C'est la journée du souvenir trans, en mémoire des personnes
trans assasinées.
Il me paraît important de rappeler que les meurtres des personnes
trans ne concernent pas toutes les personnes trans de la même façon,
et qu'on a parfois tendance à invisibiliser d'autres axes
d'oppression. La majorité des personnes trans qui sont victimes
d'assasinat sont en effet des femmes, racisées, et/ou prostituées. Une
étude sur les chiffres américains[1] montre en effet que 53% des meurtres de personnes
LGBT (donc pas uniquement des personnes trans) concernent des femmes
trans ; par ailleurs 73% des meurtres de personnes LGBT concernent des
personnes qui ne sont pas blanches.
Ce n'est pas suprenant : les personnes qui ont le plus de risques
d'être victimes de meurtres sont celles qui sont les plus
marginalisées, qui cumulent plusieurs axes d'oppression. C'est celles
dont la vie, dans notre société patriarcale, raciste et capitaliste,
sont considérées comme ne valant pas grand-chose.
Cela se constate dans le traitement judiciaire de ces meurtres : la
plupart de ces assasinats ne sont pas reconnus comme des crimes de
haine. Au contraire, dans un certain nombre de cas le fait que la
victime était trans va être utilisé comme une circonstance atténuante
par la défense, qui va plaider que c'était, quelque part, de la faute
de la victime si elle a été tuée. C'est l'argument comme quoi une
femme trans «tromperait sur la marchandise» si elle ne revèle pas
qu'elle est trans, ce qui autorise ou en tout cas dédouane de ses
actes un homme hétérosexuel qui se sent floué et décide donc de tuer
cette femme.
Si le système judiciaire protège souvent les agresseurs, il s'acharne
en revanche sur les victimes qui osent se défendre, surtout si elles
ont le malheur d'être noires. C'est ce qui est notamment arrivé à Cece
MacDonald, une femme trans afro-américaine qui a passé 19 mois dans
une prison pour homme parce qu'elle s'était défendue face à des agresseurs racistes, transphobes
et misogynes.
Le 25 novembre dernier, c'était également la journée de lutte contre
les violences faites aux femmes, et je pense que ce n'est pas sans
lien. Car, comme je l'ai mentionné, l'écrasante majorité des personnes
trans assassinées sont des femmes.
Au Brésil, pays qui recense le plus de personnes trans assasinées (ce
qui doit être nuancé avec le fait qu'on possède au niveau mondial
assez peu de données sur les assassinats de personnes trans, qui sont
par conséquent forcément sous-évalués), Bérénice Sento parle de transféminicide. Contrairement
à certaines analyses «LGBT classiques», qui ont parfois tendance à considérer les catégories LGBT comme un bloc homogène et à calquer les oppressions subies sur l'homobie, elle rapproche plus ces meurtres de meurtres misogynes (d'où la partie «féminicide») que des
meurtres homophobes et fait le lien avec une haine du féminin dans
notre société.
Elle donne un certain nombre de critères caractériques du
transféminicide, qui s'appliquent au Brésil mais aussi pour beaucoup à
d'autres pays du monde, dont le nôtre. Parmi ceux-ci, le plus frappant
est sans doute le caractère ultra violent de ces meurtres, qu'elle
qualifie de «ritualisé». Il ne
s'agit pas de simples homicides, mais d'une volonté de détruire
complètement la personne et ce qu'elle représente. Il s'agit de
dizaines de coups de couteaux, comme à Marseille, ou d'assassinat à
coups de marteau, comme pour le meurtre de Mylène à Limoges. Il s'agit
donc de meurtres excessivement violents.
Un autre élément que l'on retrouve également en France, c'est que
l'identité des victimes est complètement niée après la mort, qu'il
s'agisse du certificat du légiste, mais aussi de la présentation dans les
journaux, etc. L'identité des victimes n'est jamais respectée et la
transphobie continue après la mort ; par
ailleurs les journaux, lorsqu'ils en parlent, se contentent d'aborder
le sujet sous l'angle du fait divers et les traitent comme des
évènements insolites plutôt que comme un fait social (quelque chose qu'on retrouve également dans la plupart des articles traitant de violences misogynes, et notamment de viols).
Voilà, c'était quelques petits rappels rapides sur ce qu'est le TDOR.
Transition difficile
Difficile après ça de faire une transition pour parler d'un livre
léger, plutôt rigolo, avec des vampires et des loups-garous.
Cela dit, même s'il est important de rappeler et de lutter contre les
violences commises contre des femmes, contre des lesbiennes, et/ou
contre des personnes trans, je pense que c'est aussi important de dire
qu'on ne vit pas non plus que des choses plombantes et que nos vies ne
se limitent pas à nos morts.
Avoir des œuvres plus légères, qui n'ont pas forcément la prétention de
parler en détail et de manière très sérieuse d'un sujet, je pense que
c'est important malgré le fait que quand on est une
femme, une lesbienne, ou une personne trans on soit confrontée à des
violences, à des agressions, à des viols, à des meurtres. Et je dirais
même que c'est important parce que on subit toutes ces violences,
que nos vies sont compliquées, et que des fois avoir un moyen de
penser à autre chose en se plongeant dans une fiction légère peut être
bien.
Représentation des lesbiennes et des femmes trans dans la fiction
Malheureusement, c'est souvent compliqué de trouver des histoires un
peu cool où il y a comme protagonistes des lesbiennes, ou encore des
femmes trans. Notamment parce que même dans la fiction nos existences
ne sont visibles que lorsqu'il s'agit de parler de nos morts.
Je ne compte plus le nombre de séries ou de films où je me suis dis, toute
contente, «chouette, des personnages de lesbiennes ou de femmes
bisexuelles» et où au final elles subissent une mort violente. Quand
j'ai vu Bound pour la première fois j'ai vraiment été surprise,
positivement, par la fin du film, parce que c'était inimaginable pour
moi que des lesbiennes s'en sortent dans un film de ce genre (polar/film noir).
Et là mon exemple porte sur les lesbiennes mais il est également vrai pour les personnages de femmes trans ; et j'ai l'impression que
même s'il y a des spécificités il y a un certain nombre de traits
communs dans la façon dont lesbiennes et femmes trans sont
représentées.
Lorsqu'on n'est pas tuées à l'écran, ou parfois pour justifier qu'on
soit tuées à l'écran, on est représentées comme des monstres. Soit de manière pseudo-humoristique, comme des monstres ridicules
dont il faut de moquer, soit de manière dramatique, comme des monstres
dangereux qui mettent les honnêtes gens en danger. Là encore je pense
que c'est vrai pour les lesbiennes comme pour les femmes trans d'être
représentées comme des psychopathes sanguinaires qu'il faut éliminer,
même si les lesbiennes vont plutôt être accusées de vouloir pervertir
les jeunes femmes innocentes pour au final soit les tuer elles, soit
leurs mecs, tandis que chez les femmes trans ça va plutôt être soit de
«tromper sur la marchandise» pour s'en prendre aux pauvres hommes
hétéros, soit de dépecer des cadavres de femmes pour se faire des
manteaux avec leur peau.
Une autre représentation possible c'est l'hyper-sexualisation. Il y a
plein de films où on ne mettrait jamais un personnage important homo ou
bi, et encore moins trans, mais où on va voir une scène ou deux dans
un bar avec
de la musique techno avec des nanas qui s'embrassent ou se caressent
les seins pour montrer que c'est une ambiance chaude voire un peu
décadente. De même pour les femmes trans, où il va y avoir souvent
apparition d'un personnage de femme trans de manière anecdotique et
hypersexualisé, avec parfois le cliché transphobe du héros qui la
trouve sexy mais qui réalise après que c'est une femme trans et
mon dieu quelle horreur.
Dans ces cas là on ne peut même pas parler de personnages réels,
puisque le «lesbianisme» (qui n'en est évidemment pas vraiment puisqu'il s'agit avant tout de plaire aux hommes) ou la transidentité sont là uniquement pour
poser une ambiance, montrer qu'un lieu est décadent, ou qu'un film
s'encanaille à montrer de tels personnages pour le rendre plus sexy
pour les hommes. En cela on rejoint un peu la représentation des lesbiennes et des femmes trans dans la pornographie pour hommes hétéros.
Dans les représentations que j'ai données, j'ai groupé lesbiennes et
femmes trans, car il y a un certain nombre de points communs dans le
traitement. Cela dit il y aussi des clichés plus spécifiques (la
lesbienne qui va être converti parce qu'elle a trouvé le bon mec, ce
qui est est parfois plus que limite au niveau de prôner le viol
correctif, ou pour les femmes trans la focalisation sur les organes
génitaux et sur l'opération ou non).
Évidemment, je ne prétends pas que toutes les représentations de
lesbiennes ou de femmes trans se résument à ces trois catégories, il y
a aussi des œuvres qui en font de vrais personnages intéressants, mais
au final je trouve qu'on retrouve dans la fiction ce qu'on trouve dans
la vie : soit faire de nous des monstres, soit éventuellement des
victimes mortes, soit des morceaux de viande pour mec hétéro.
Et malheureusement il y a assez peu d'œuvres de fiction où les
héroïnes soient des lesbiennes ou des femmes trans, et
particulièrement dans les genres que j'aime personellement, qu'il
s'agisse de la fantasy, de la science-fiction ou des films d'action.
Pourquoi j'écris
Je pense que c'est en bonne partie pour ça que j'écris de la fiction,
et en tout cas c'est comme ça qu'est née Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) : parce que j'avais envie de m'évader un peu et pouvoir
vivre les aventures d'un gang de lesbiennes, les Hell
Bitches ou Hell Butches, qui ont des flingues et des motos. Et ça se
passe dans un univers de fantasy urbaine, c'est-à-dire dans un monde
semblable au notre si ce n'est la présence de vampires, de
loups-garous, de sorcellerie, etc., parce que j'aime ce genre
littéraire. Ce n'est pas parce que je me suis dit «tiens, je vais
écrire un truc profond sur le féminisme, le lesbianisme ou la
transidentité, et la thématique du vampire permettrait de donner un
bon angle d'approche et servir d'allégorie» ou je ne sais quoi (même
s'il y aurait moyen de faire une discussion de deux heures sur le
vampire comme figure de l'homosexualité ou de la bisexualité dans la
fiction).
C'est juste que j'aine écrire les histoires que j'aimerais lire.
Codes du genre
Pour parler un peu du contenu du roman, d'abord je vais parler un peu
du genre littéraire dans lequel il s'inscrit, puisqu'il utilise pas
mal les codes de ce genre. Comme je l'ai dit, il s'agit de fantasy
urbaine, et peut-être plus précisément d'un sous-genre de celle-ci, la bitlit qui
est un peu, pour caricaturer, la chicklit de la fantasy. Et pour
schématiser on retrouve souvent les ingrédients suivants :
il y a en général une héroïne (contrairement au reste de la Fantasy où c'est souvent un héros)
qui découvre le monde surnaturel ou en tout cas une partie de celui-ci
dont la vie oscille entre monde réel normal, quotidien d'un côté et monde surnaturel de l'autre
cette héroïne tombe en général amoureuse d'un vampire ou d'un loup-garou puissant et ténébreux, ou hésite entre un vampire et un loup-garou qui sont jaloux l'un de l'autre, avec souvent une relation «hyper-hétérosexuelle» où le mec est souvent très dominant
en général cette héroïne va évoluer, à la fois psychologiquement mais c'est aussi souvent concrétisé par de nouvelles capacités surnaturelles.
Si je dis ça ce n'est pas pour vous ennuyer avec les détails des
sous-sous-genres de la Fantasy, mais parce qu'avec Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) j'ai plutôt respecté ce schéma, avec parfois quelques
aménagements, et notamment sur la critique principale que je ferais à
ce sous-genre, qui est que c'est désespérement hétérosexuel et que
même si l'héroïne est une meuf il faut toujours qu'il y ait des gars
et au final que l'histoire tourne autour d'eux.
Non seulement l'héroïne est une femme, mais une lesbienne, et on suit un gang de lesbiennes avec vampires et louves-garous. Plutôt que de centrer l'histoire sur ce qui arrive aux mecs, il y a de la solidarité entre meufs et un côté Ma famille, mon crew entre lesbiennes. Le fait que ce gang soit hors-la-loi est aussi un détournement ou une réappropriation du cliché des méchantes lesbiennes psychopathes évoqué plus tôt, ou simplement des accusations de méchantes féministes violentes.
Cassandra, la narratrice a au départ le rôle d'humaine normale qui découvre le monde surnaturel et peut raconter l'histoire plus facilement
Par ailleurs donc, comme le titre l'indique, elle est trans, ce qui est notamment intéressant dans le va-et-vient entre monde réel et monde surnaturel : la transidentité fait plutôt partie de ce qui la rattache au monde réel que présenté comme un élément bizarre, étrange, extraordinaire comme c'est le cas d'habitude.
Il y a une histoire d'amour qui suit en même temps pas mal les codes du genre mais qui concerne deux personnages de lesbiennes au lieu d'un couple hétérosexuel, ce qui est quand même mieux.
Cassandra, la narratrice, évolue au cours du récit, surtout dans la première partie. Ça se traduit un tout petit peu par des changements surnaturels mais surtout par son rapport aux autres, à sa transidentité, aux agressions, et au fait qu'elle ose s'affirmer.
Au final je n'aurais peut-être pas dû présenter les choses comme ça
puisque ça montre que je suis pas mal les codes du genre plutôt que
d'être originale. Cela dit je pense que ça n'empêche pas de traiter de
sujets qui ne sont pas forcément abordés d'habitude, et surtout il y a
des héroïnes qui ne sont pas les héroïnes habituelles.
Bien sûr, il y a des limites à suivre les codes du genre. Par exemple, il y a notamment un conseil que j'ai souvent pu lire pour écrire de la Fantasy, et que George Martin par exemple applique très bien, c'est de tuer ses propres personnages. L'intérêt est de permettre aux lecteurs et lectrices d'être plus impliqué·e·s dans la lecture car ils et elles ont l'impression que les personnages sont vraiment en danger, que le héros ne va pas s'en sortir à tous les coups.
Et au fil des années je me suis dit qu'en fait ce conseil n'était pas très pertinent lorsqu'on écrit des histoires avec des héroïnes lesbiennes ou des femmes trans, puisqu'on n'a pas franchement besoin qu'on nous rappelle qu'on risque tout le temps de se faire tuer, et que peut-être que si on lit un roman de ce genre c'est pour penser à autre chose. Peut-être que d'un point de vue purement littéraire ce serait un bon conseil, mais plutôt que des lecteurs, et surtout des lectrices, sentent vraiment que les héroïnes peuvent être en danger, je trouve plus important qu'ils et elles puissent se dire « ah, cool, poun une fois des lesbiennes qui meurent pas et qui gagnent. »
Conclusion
Je n'ai ni la prétention d'avoir écrit une oeuvre politique sur la transidentité,
le lesbianisme ou le féminisme, ni (encore moins)d'un point de vue littéraire de
révolutionner la littérarure ou le genre dans lequel j'écris. Je voulais juste écrire
un livre dans le genre de la fantasy urbaine, (monde réel
avec vampires, loups-garous, sorcellerie) parce que c'est les
histoires que j'aime lire. Et un livre où les héroïnes sont
lesbiennes, et où la narratrice est une lesbienne trans, parce c'est
les histoires que j'aimerais lire.
Et même si je l'ai écrit dans une logique de divertissement et d'évasion plus que dans un but politique, j'ai bien
conscience que malgré c'est forcément politique. Parce que même dans la fiction à but
de divertissement ou d'évasion, c'est pas souvent qu'on peut être
autre choses que des monstres, des sex-toys ou des cadavres. Et c'est pas souvent qu'on a le droit de monter sur des motos pour tuer les méchants.
Notes
[1] Pour plus d'information sur cette étude et sur les intersections entre ces axes d'oppression, je vous invite à consulter l'article Sur la non homogénéité de la catégorie trans, dans la mort et autres violences, sur Chonik de Nègre(s) Inverti(s)
November 10, 2014
À propos d'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), #1 : politique et représentation
Cela fait maintenant quelques temps que la nouvelle édition d'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) est sortie (pour rappel, si vous ne l'avez pas encore lu, vous pouvez commander le livre sur le site de l'éditeur, Dans nos histoires — ou en librairie, d'ailleurs), et j'avais dit que je ferai un article pour parler un peu plus du livre, de sa création, et de petites choses comme cela.
Il se trouve qu'il m'a fallu un peu plus de temps pour clarifier mes idées, et plutôt que de faire un long article en essayant de mettre tout ce que je peux dire, je me suis dit qu'il serait plus simple d'essayer de faire des textes plus courts sur des axes plus précis.
Ici, je vais donc essayer de parler de politique et représentation ; si j'arrive à mettre au clair mes idées sur des choses plus «littéraire» (l'écriture même, le genre littéraire...) je ferai peut-être un autre article plus tard.
Le titre
Mais d'abord, commençons par le titre. Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires). À la réflexion, ce n'est probablement pas un très bon titre. Je n'ai aucune excuse : c'est moi qui l'ai choisi, ce n'est pas l'éditeur qui me l'a imposé.
D'abord, il est beaucoup trop long. Cinquante-deux caractères. Allez faire la promo du livre sur Twitter avec ça. Et il n'y a pas que Twitter qui met des restrictions sur les longueurs de titres. Ce qui fait qu'il est parfois tronqué en Une autobiographie transsexuelle (tout court), ce qui pose clairement souci parce que, hé bien, ce n'est pas du tout une autobiographie transsexuelle (il serait aussi possible, techniquement, d'abréger en Avec des vampires, ce qui correspond plus au contenu mais ferait un titre assez boîteux).
Ce qui nous emmène au second souci avec le titre : ça peut induire en erreur sur le contenu du bouquin. Bon, c'était un peu voulu, c'était une sorte de blague, c'est-à-dire que la partie Une autobiographie transsexuelle est par nature contradictoire avec la partie (avec des vampires). À moins de croire que les vampires existent vraiment.
Moi je trouvais ça clair : de même qu'Entretien avec un vampire n'est pas basé sur un entretien réel en remplaçant avec un vampire, il me semblait évident qu'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) n'est pas une forme d'autobiographie où il y a aurait quelques ajouts d'éléments vampiriques. Pourtant, il y a quelques personnes qui semblaient croire que c'était de l'auto-fiction, alors je le dis clairement : non. Absolument pas.
La génèse de l'histoire
En fait, par rapport à d'autres livres que j'ai pu écrire, il y a assez peu d'éléments autobiographiques (évidemment, il y en a toujours, on met forcément un peu de soi dans les personnages, là n'est pas la question). Parce qu'il y a quelque chose que je dois bien reconnaître : c'est qu'en commençant à écrire ce livre, je ne me suis pas dit que je voulais parler de féminisme, de thématiques trans, de luttes en non-mixité, etc. J'avais juste envie d'écrire de la fantasy urbaine, avec des histoires de vampires, de loups-garous, de réglements de compte, de magie, etc., parce que c'est ce que j'aime bien lire. Et avec un groupe d'« héroïnes » lesbiennes, parce que c'est ce que j'aimerais bien lire.
Là où je veux en venir, c'est qu'en écrivant ce livre, je n'avais pas la prétention de faire passer un profond message sur la société. Je voulais juste me changer les idées, et éventuellement permettre à d'autres gens de le faire aussi. Il se trouve, cela dit, que faire le choix de se focaliser sur un groupe de lesbiennes, sans héros masculin, ça devient quelque chose de politique (même si je pense que faire un bouquin de fantasy avec un groupe de mecs comme héros a aussi un aspect politique, même s'il n'est pas réfléchi consciemment).
Je n'ai pas encore parlé d'avoir un personnage de femme trans comme héroïne, tout simplement parce que ce n'était pas prévu à la base[1]. En gros j'avais une idée de personnages, éventuellement des aventures à leur faire vivre, mais je n'arrivais pas trop à trouver un angle pour rendre les choses intéressantes. Cassandra est venue en dernière et m'a un peu débloquée parce qu'elle a (en tout cas au début) un rôle assez classique et «pratique» dans ce genre d'œuvre, c'est-à-dire l'humaine extérieure au monde surnaturel (et au gang) et qui découvre un peu les choses en même temps que le lecteur.
L'idée de ce personnage m'est venue parce qu'on m'avait passée à ce moment une (vraie) autobiographie d'une (vraie) personne trans et qu'à vrai dire je trouvais un peu ridicule le côté très dramatique qu'il y avait, pas propre à cette œuvre mais aux descriptions médiatiques de ce qu'est qu'être trans, c'est à dire un truc complètement exceptionnel, un saut dans le vide, une double vie, etc., et où au final le fait d'être trans est pratiquement présenté comme quelque chose de «surnaturel».
Le personnage de Cassandra était un peu le complet opposé : l'idée était donc d'avoir un personnage trans et, qu'au lieu de balancer ce genre de choses, il y ait un groupe de hors-la-loi surnaturelles (et en l'occurrence surtout le personnage de Morgue) qui lui renvoient surtout à la figure qu'elle n'est qu'une pathétique mortelle ordinaire.
Heureusement, c'est devenu un peu plus que ça, parce que ça aurait pu donner un message pas forcément terrible, du genre « ahlalala ces femmes trans superficielles qui ne font que parler hormones et maquillage alors que les gens sérieux doivent régler les vrais problèmes à coups de revolver ». Au final on a un schéma assez classique de ce genre littéraire, c'est-à-dire l'héroïne au départ tout à fait ordinaire qui découvre le monde surnaturel et finit par y prendre goût, et avec l'alternance assez classique dans ce genre entre vie normale et monde surnaturel. Ce qui donne, je l'espère, quelque chose d'intéressant où la transidentité de l'héroïne est présentée comme quelque chose de « normal » et relevant du monde réel et pas comme un truc extraordinaire (voire, pour certaines œuvres Science-Fiction/Fantasy qui abordent ce sujet, pour un élément surnaturel ou de SF).
Jouer avec les clichés (un jeu dangereux)
Ce qui m'amène à parler un peu de ma façon d'écrire : j'aime bien jouer avec les clichés. Ça inclut reprendre des scènes un peu cultes et répétées (il y a dans le bouquin des références implicites ou explicites à des œuvres comme Fight Club, L'arme Fatale III, Bad Boys II, Kill Bill, ...) et jouer sur les archétypes (mis à part Cassandra — et encore, puisqu'elle a un rôle au final assez classique expliqué ci-dessus — la plupart des personnages sont un peu basés sur des figures habituelles du genre : la badass' un peu psychopathe, la hackeuse'' incompréhensible, la sorcière plus raisonnable, ...).
Un exemple à la con : le cliché de la voiture qui explose quand on lui tire dessus. On peut le réutiliser tel quel (parce que finalement c'est cool et tant pis si ça ne correspond pas à la réalité), on peut le renverser (le personnage qui tire sur une voiture et est déçu parce qu'elle n'explose pas) ou jouer avec d'autres manières.
Ça s'applique aussi pour les représentations de choses comme le lesbianisme ou la transidentité : je trouve intéressant de partir de la façon dont on parle de ces identités, à la fois de manière majoritaire mais aussi parfois dans les milieux concernés. Par exemple, sur les lesbiennes, il y a une petite référence à l'expression « lesbienne invisible » :
« C’est là depuis longtemps ? demandai-je. Je passe dans cette rue régulièrement, et…
— Filtre perceptif, expliqua Valérie en déverrouillant la porte. Ça pousse les esprits non entraînés à regarder ailleurs. Sauf si on sait ce qu’on cherche… »
Voilà qui expliquait sans doute pourquoi, à chacune de nos rencontres, je ne m’étais pas rendue compte de sa présence avant qu’elle ne m’adresse la parole.
« Je comprends mieux l’expression « lesbienne invisible », maintenant… »
Là-dessus, je dois avouer que c'est une des raisons qui font que j'aime bien avoir des personnages trans : il y a des tonnes de clichés et de représentations, et pratiquement aucune œuvre qui a déjà joué avec, ne serait-ce que parce qu'on est encore au stade (peut-être un peu moins maintenant qu'il y a quelques années) où la plupart des œuvres existantes sur le sujet reproduisent et perpétuent bêtement ces représentations. (C'est une très mauvaise chose par ailleurs, parce que ça montre qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire pour faire évoluer les mentalités sur ce sujet, mais le bon côté c'est qu'il est par conséquent de faire quelque chose d'«original» sur le sujet.)
Quelques exemples de ces clichés sur lesquels jouent Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) :
les gens bienveillants qui expliquent à quel point les personnes trans sont courageuses ;
la notion que les personnes trans ne sont pas « biologiques » ;
l'idée que les femmes trans sont des hommes qui veulent s'infiltrer dans les espaces de femmes ;
la focalisation sur « l'opération ».
Seulement, jouer avec les clichés est assez inoffensif lorsqu'il s'agit de reprendre ou détourner le coup de la voiture qui explose quand on lui tire dessus, mais c'est un jeu plus dangereux lorsque il s'agit de représentations de groupes de personnes minorisées. C'est intrinsèquement casse-gueule.
Un exemple de ça, c'est le concept même du bouquin : un gang de lesbiennes hors-la-loi. C'est en partie parce que des hors-la-loi qui ont des motos, c'est cool, et encore plus si elles sont lesbiennes, mais aussi parce qu'il existe dans des tas d'accusations comme quoi les lesbiennes et les féministes sont des harpies enragées misandres et violentes qui veulent inverser les rapports de domination et imposer leur loi. Et quand on t'accuse de faire partie d'un clan de féministes qui terrorisent les honnêtes gens, à un moment t'as envie de te dire « mais si on le faisait vraiment, ce serait assez cool, en fait ». Sauf que je peux admettre que c'est critiquable et que ça montre une image des lesbiennes qui ne correspond évidemment pas à la réalité.
De même pour le message que peut renvoyer l'œuvre par rapport au fait d'être trans : d'un côté il y a ce que je disais plus haut sur le fait que c'est un élément de « normalité » par rapport au monde surnaturel, mais de l'autre Cassandra rencontre ce monde surnaturel parce qu'elle veut se procurer des hormones illégalement, alors on pourrait aussi bien lire l'œuvre comme « ne laissez pas vos enfants devenir trans car c'est le premier pas vers le monde du crime organisé » (même si je préférerais le formuler comme « à force de dénier le statut d'êtres humains à des gens et de les considérer comme des monstres, peut-être qu'ils risquent de répondre en se comportant de manière inhumaine et monstrueuse »).
Le fait d'écrire dans un cadre fantasy allège un peu le problème, puisqu'il est évident qu'il n'y a pas de prétention à décrire fidèlement le monde réel, mais ça ne le règle pas entièrement : il y a toujours la question du message que peut envoyer le fait de jouer sur tel cliché ou de choisir telle représentation. Ce serait évidemment trop facile de se cacher derrière « c'est un monde alternatif qui n'est pas le nôtre » pour évacuer toute critique sur le sujet.
Conclusion
Je ne dis pas ça pour me flageller particulièrement : je n'ai pas l'impression qu'au final Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) donne une image particulièrement réactionnaire des lesbiennes ou des personnes trans (surtout comparé à ce qui se fait dans le domaine). Ce que je veux dire, c'est que c'est important d'admettre que je peux me « planter », ou en tout cas au moins qu'il n'y ait pas forcément une seule compréhension possible d'un message clairement explicité.
Et je pense que c'est une différence, au final, entre une œuvre de fiction, qui certes peut contenir (y compris si le but est principalement de se divertir) des éléments politiques, et un tract ou un pamphlet militant : il n'y a pas forcément un unique message, clair et univoque. Il y a des éléments contradictoires, des personnages qui ont leur point de vue propre qui n'est pas forcément celui de l'auteur·e, qui ne correspondent pas forcément à l'idéal de ce qu'on pourrait souhaiter comme positionnement politique ou comme comportements.
Notes
[1] Pour les personnes que cela intéresse éventuellement, la première ébauche des aventures des Hell B☠tches était censé avoir comme narratrice (et donc personnage un peu central) Bull, qu'on voit un peu dans la troisième partie du livre. J'avais fini par abandonner cette option parce que, d'une part, ça ne marchait pas très bien, et d'autre part car j'avais l'impression de refaire un peu trop la même chose que ce que j'avais déjà fait avec un autre personnage, Lev, comme narratrice.
September 18, 2014
Extrait : Vraie vampire
La sortie récente d'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) m'a donné envie de replonger un peu dans cet univers et avec ces personnages. Ceci est donc un extrait de ce qui pourrait être le début d'une nouvelle, ou bien d'autre chose, dont le titre très temporaire est pour l'instant « Vraie vampire ».
Contrairement à Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), qui est raconté selon le point de vue de Cassandra, l'idée est de partir du point de vue de Morgue. Ce qui est amusant, c'est qu'à l'époque il me semblait impossible de prendre son point de vue pour la narration : en effet Morgue est censée être une vampire badass qui raconte beaucoup de choses pas toujours vraies sur son passé. À l'opposé, Cassandra avait le rôle d'« humaine normale » qui découvre le gang de bikeuses en même temps que le lecteur, ce qui en faisait la narratrice idéale (la même raison, en bref, qui fait que c'est le Docteur Watson et pas Sherlock Holmes qui est narrateur des livres de Conan Doyle).
Bref, tout ça pour dire qu'avoir une narration à la première personne avec Morgue me paraissait un peu casse-gueule, mais au final j'avais envie d'essayer. Ce qui suit est donc plus une façon de voir ce que ça donne qu'un projet très lancé.
Sur ce, le bla-bla de présentation est en train de devenir plus long que l'extrait lui-même, alors le voici :
Je m'appelle Morgue, et je suis une vampire.
Avant qu'on commence, il y a deux choses que vous devriez savoir sur moi.
La première, c'est que je suis une vraie vampire. Je ne fais pas partie de ces non-morts qui essaient de s'intégrer aux valeurs de la République, qui ne boivent que du substitut à l'hémoglobine et portent fièrement un bracelet noir indiquant qu'ils suivent un traitement les dégoûtant du sang humain. (J'ai pris ce traitement pendant deux mois, pour essayer. Vous avez une piqûre tous les mois, et c'est sensé vous empêcher de planter vos crocs dans un honnête citoyen. En réalité, tout ce que ça fait, c'est vous faire vomir quelques minutes après. Les humains présentent cela comme la solution idéale au « problème vampirique », feignant sans doute de voir que les séances à dégueuler dans les chiottes après des soirées trop arrosées ne les ont, eux, jamais empêcher de vider la bouteille de Vodka.)
Je suis une vraie vampire. J'ai plusieurs milliers d'années. J'étais là lorsque Jésus Christ se faisait planter sur sa croix. J'étais là quand Néron foutait le feu à Rome. J'étais là quand Danton se faisait guillotiner, à la prise du Palais d'Hiver, quand Hitler se tirait une balle dans la tête ou encore au premier concert de AC/DC.
J'ai tué Dracula, qui n'était pas aussi fort qu'il le croyait. J'ai rencontré le Premier Vampire, celui dont nous descendons tous et qui n'est qu'une légende pour la majorité des morts-vivants. J'ai côtoyé des elfes lorsqu'ils étaient encore dans ce monde.
La seconde chose que vous devriez savoir sur moi, c'est que je suis légèrement mythomane. Vous feriez mieux de ne pas croire sur parole tout ce que je raconte.
August 27, 2014
Sortie d'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires)
Voilà, on est le 28 août, et ça y est, c'est la sortie d'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) ! Le livre peut être commandé directement sur le site de l'éditeur, Dans Nos Histoires, ou a priori dans n'importe quelle librairie.
Le quatrième de couverture
« J’ai conscience que, pour beaucoup de gens, je ne peux pas être une vraie lesbienne parce que je suis trans. Et j’avoue que j’ai du mal à imaginer qui pourrait tomber amoureuse d’une fille comme moi.
— Je vais te donner le même conseil qu’aux jeunes vampires qui viennent de subir leur transformation et qui ont une sale tendance à se lamenter sur le fait qu’ils sont des monstres et qu’on les regarde bizarrement : oui, c’est difficile au début, oui, les gens sont des connards, mais, non, je ne suis pas la bonne personne auprès de qui venir chercher du réconfort ou à qui déclamer des poèmes qui illustrent la douleur de ton âme tourmentée. Rassure-moi, tu n’écris pas de poèmes ? »
Afin d'avancer dans son parcours transsexuel, Cassandra décide de se procurer des hormones de manière illégale, sans se douter que l'association lesbienne à laquelle elle s'adresse sert en fait de couverture à un gang de motardes surnaturelles. A travers un univers fantastique mêlant vampires, loups-garous et sorcellerie, le roman de Lizzie Crowdagger nous raconte l'histoire d'une émancipation. 'Vous avez toujours trouvé que les biographies trans manquaient de guns et de motos ? Vous n'avez jamais compris cette obsession pour la poésie chez les auteures lesbiennes ? Alors vous aimerez Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), située entre 'Buffy', 'True Blood' et 'Sons Of Anarchy', mais avec plus de gouines'.
Quelques petites choses en plus
Si le quatrième de couverture n'est pas suffisant pour vous faire une idée (ou que vous avez envie de retrouver brièvement certains personnages après avoir lu le livre), j'avais aussi écrit quelques petites nouvelles centrées sur des personnages qui apparaissent dans ce roman :
Une histoire pour enfants, où l'on retrouve la vampire Morgue ;
Réagir sans violence, avec le personnage de Sigkill, une hackeuse.
Accessoirement, si vous n'avez pas d'argent pour acheter le livre, ce n'est pas la peine de le voler en magasin ou de chercher une version numérique pirate sur un site bourré de publicités, il est possible de le lire en ligne sur le site de l'éditeur.
Voilà, c'est tout pour cette annonce : j'avais prévu d'en raconter un peu plus sur l'écriture de ce livre mais je suis un peu en retard, alors ce sera pour les jours à venir, si ça vous intéresse. En attendant, j'espère que ce bouquin plaira à celles et ceux qui le liront !
May 28, 2014
À propos des différents formats numériques
Remarque préliminaire : ce billet a pour but d'informer sur les différents formats numériques dans lesquels sont disponibles mes livres. Il ne s'agit donc pas de considérations globales sur les formats possibles pour le livre numérique, ou en tout cas celles-ci sont assez périphériques.
Les livres en téléchargement sur ce site
Un certain nombre de textess de fiction que j'ai écrits sont disponibles sur ce site, et peuvent être téléchargés gratuitement[1]. J'essaie, dans la mesure du possible, de les proposer sous plusieurs formats différents, pour correspondre aux différents usages :
le format PDF, qui est plutôt destiné à l'impression, mais peut aussi être adapté à la lecture sur ordinateur ;
le format HTML, qui est destiné à être lu à l'intérieur du navigateur, et me semble adapté soit pour des textes relativement courts, soit pour commencer un roman et voir si on aime avant de lancer une autre application ou de le transférer sur liseuse[2] ;
le format Epub, plutôt destiné à être transféré sur une liseuse mais qui peut aussi être lu sur d'autres supports (ordinateur, tablette, un de ces téléphones modernes qui fait le café).
Comme je l'ai dit, j'essaie. Ce qui implique que ce n'est pas forcément toujours parfait, et notamment que certains formats ne sont pas toujours disponibles (notamment en Epub, que j'essaie de produire systématiquement depuis assez peu de temps). Donc si, pour une raison ou pour une autre, vous observez des manques à ce niveau, comme par exemple si vous vous rendez compte :
qu'un texte donné n'est pas disponible au format Epub alors que vous aimeriez bien le mettre sur votre liseuse ;
qu'un fichier PDF a un format bizarre (par exemple en A6) et que ça ne vous arrange pas (sachant que par défaut j'essaie de générer du format A5[3], pour permettre une lecture correcte sur écran et d'imprimer en mode brochure avec deux pages par feuille, mais n'hésitez pas à critiquer si ça ne vous convient pas) ;
qu'il y a des problème de formatage dans le fichier ;
etc.
n'hésitez pas à me le signaler par mail (lizzie at crowdagger point fr). Même si c'est une tâche assez rébarbative, j'essaie d'être réactive là-dessus, donc vraiment, n'hésitez pas à me dire si vous aimeriez lire un texte sur votre liseuse mais que le bon format n'est pas disponible.
Pair ailleurs, n'hésitez pas à me signaler si vous voulez d'autres formats que PDF/Epub/HTML. Pour l'instant ce sont les formats qui me semblent le plus pertinents[4] mais s'il y en a d'autres auxquels je ne pense pas qui vous semble indispensables, n'hésitez pas à me contacter (par mail — voir ci-dessus — ou en commentaire ici-même).
Les livres en téléchargement sur des plate-formes de vente
Un certain nombre de mes textes sont également disponibles en téléchargement (payant ou gratuit) sur des plate-formes de vente, comme Kobo, Amazon, ou Ibookstore. Dans tous les cas, mes livres sont sans DRMs. Je suis en effet absolument contre les systèmes de Digital Rights Management, qui ont pour but de contôler ce qu'un utilisateur peut faire d'un media numérique[5]. Par conséquent, si un de mes livres est distribué avec des DRMs, c'est qu'il y a un problème ; merci de me le signaler pour que je puisse le corriger, et éventuellement vous fournir à la place une version qui ne soit pas verrouillée.
Notes
[1] Pour être honnête, j'essaie de mettre en place un principe de « prix libre » afin d'encourager mes quelques lectrices et lecteurs à donner une petite somme de leur choix en échange de ce téléchargement, mais d'une part vous pouvez, de fait télécharger ces textes gratuitement, et, d'aitre part, ce n'est pas le sujet de cet aticle.
[2] Après, vous pouvez aussi lire tout le roman en HTML dans votre navigateur, moi je m'en fous, c'est juste que je trouve que ça fait vite mal aux yeux.
[3] Mais je pense qu'une fois sur deux je me plante et j'envoie le format adapté à la dernière impression, qui peut être du A6, du 6x8 pouce, etc.).
[4] Il y aurait aussi le Mobi (lisible sur Kindle), mais, vu l'état actuel de mes compétences, je suis incapable de faire autre chose qu'une conversion du Epub avec Calibre, ce que vous pouvez tout aussi bien faire vous-même.
[5] Les DRM peuvent concrètement vous emmerder si vous avez envie de lire votre livre sur une liseuse d'une autre marque, si vous ne souhaitez pas utiliser le logiciel officiel que vous devriez utiliser, si vous voulez en faire une copie de sauvegarde, ou encore si le distributeur décide pour une raison arbitraire que vous n'avej plus le droit de llire ce bouquin. C'est notamment arrivé à un certain nombre de personnes qui ont vu Amazon retirer 1984 de leur liseuse, sans doute pour montrer que la réalité pouvait rejoindre la fiction.
à propos des différents formats numériques
Remarque préliminaire : ce billet a pour but d'informer sur les différents formats numériques dans lesquels sont disponibles mes livres. Il ne s'agit donc pas de considérations globales sur les formats possibles pour le livre numérique, ou en tout cas celles-ci sont assez périphériques.
Les livres en téléchargement sur ce site
Un certain nombre de textess de fiction que j'ai écrits sont disponibles sur ce site, et peuvent être téléchargés gratuitement[1]. J'essaie, dans la mesure du possible, de les proposer sous plusieurs formats différents, pour correspondre aux différents usages :
le format PDF, qui est plutôt destiné à l'impression, mais peut aussi être adapté à la lecture sur ordinateur ;
le format HTML, qui est destiné à être lu à l'intérieur du navigateur, et me semble adapté soit pour des textes relativement courts, soit pour commencer un roman et voir si on aime avant de lancer une autre application ou de le transférer sur liseuse[2] ;
le format Epub, plutôt destiné à être transféré sur une liseuse mais qui peut aussi être lu sur d'autres supports (ordinateur, tablette, un de ces téléphones modernes qui fait le café).
Comme je l'ai dit, j'essaie. Ce qui implique que ce n'est pas forcément toujours parfait, et notamment que certains formats ne sont pas toujours disponibles (notamment en Epub, que j'essaie de produire systématiquement depuis assez peu de temps). Donc si, pour une raison ou pour une autre, vous observez des manques à ce niveau, comme par exemple si vous vous rendez compte :
qu'un texte donné n'est pas disponible au format Epub alors que vous aimeriez bien le mettre sur votre liseuse ;
qu'un fichier PDF a un format bizarre (par exemple en A6) et que ça ne vous arrange pas (sachant que par défaut j'essaie de générer du format A5[3], pour permettre une lecture correcte sur écran et d'imprimer en mode brochure avec deux pages par feuille, mais n'hésitez pas à critiquer si ça ne vous convient pas) ;
qu'il y a des problème de formatage dans le fichier ;
etc.
n'hésitez pas à me le signaler par mail (lizzie at crowdagger point fr). Même si c'est une tâche assez rébarbative, j'essaie d'être réactive là -dessus, donc vraiment, n'hésitez pas à me dire si vous aimeriez lire un texte sur votre liseuse mais que le bon format n'est pas disponible.
Pair ailleurs, n'hésitez pas à me signaler si vous voulez d'autres formats que PDF/Epub/HTML. Pour l'instant ce sont les formats qui me semblent le plus pertinents[4] mais s'il y en a d'autres auxquels je ne pense pas qui vous semble indispensables, n'hésitez pas à me contacter (par mail â voir ci-dessus â ou en commentaire ici-même).
Les livres en téléchargement sur des plate-formes de vente
Un certain nombre de mes textes sont également disponibles en téléchargement (payant ou gratuit) sur des plate-formes de vente, comme Kobo, Amazon, ou Ibookstore. Dans tous les cas, mes livres sont sans DRMs. Je suis en effet absolument contre les systèmes de Digital Rights Management, qui ont pour but de contôler ce qu'un utilisateur peut faire d'un media numérique[5]. Par conséquent, si un de mes livres est distribué avec des DRMs, c'est qu'il y a un problème ; merci de me le signaler pour que je puisse le corriger, et éventuellement vous fournir à la place une version qui ne soit pas verrouillée.
Notes
[1] Pour être honnête, j'essaie de mettre en place un principe de « prix libre » afin d'encourager mes quelques lectrices et lecteurs à donner une petite somme de leur choix en échange de ce téléchargement, mais d'une part vous pouvez, de fait télécharger ces textes gratuitement, et, d'aitre part, ce n'est pas le sujet de cet aticle.
[2] Après, vous pouvez aussi lire tout le roman en HTML dans votre navigateur, moi je m'en fous, c'est juste que je trouve que ça fait vite mal aux yeux.
[3] Mais je pense qu'une fois sur deux je me plante et j'envoie le format adapté à la dernière impression, qui peut être du A6, du 6x8 pouce, etc.).
[4] Il y aurait aussi le Mobi (lisible sur Kindle), mais, vu l'état actuel de mes compétences, je suis incapable de faire autre chose qu'une conversion du Epub avec Calibre, ce que vous pouvez tout aussi bien faire vous-même.
[5] Les DRM peuvent concrètement vous emmerder si vous avez envie de lire votre livre sur une liseuse d'une autre marque, si vous ne souhaitez pas utiliser le logiciel officiel que vous devriez utiliser, si vous voulez en faire une copie de sauvegarde, ou encore si le distributeur décide pour une raison arbitraire que vous n'avej plus le droit de llire ce bouquin. C'est notamment arrivé à un certain nombre de personnes qui ont vu Amazon retirer 1984 de leur liseuse, sans doute pour montrer que la réalité pouvait rejoindre la fiction.
April 19, 2014
Rock'n troll
Voilà une très courte nouvelle, pas forcément transcendante, qui est sans doute inspirée des discussions enflammées (pour ne pas dire des flamewars) sur les réseaux sociaux et des proportions que ça peut prendre, mais qui vient surtout du fait que je réalisais qu'il y avait un genre que je n'avais abordé dans mes écrits, et qui pourrait peut-être être rigolo. Ou pas. Je ne sais pas si je développerai cet aspect-là , mais en attendant, voilà le petit texte en question.
Comme d'habitude, vous pouvez le lire en-dessous, ou alors récupérer le texte au format :
Epub
HTML
ODT
(Ouais, vu la taille du texte, c'était peut-être pas indispensable...)
Thomas décapsula sa canette de bière et fit craquer ses doigts. Il s'apprêtait à passer à l'attaque. Pas physiquement, non, puisqu'il était seul dans son appartement, situé au septième étage d'un immeuble du centre ville. Thomas s'apprêtait à passer à l'attaque depuis son canapé.
Thomas était un troll. Pas la créature mythologique à la taille imposante : si Thomas n'était pas particulièrement petit, il n'était pas non plus très grand, et n'avait guère la carrure d'une armoire à glace. Thomas se contentait de sévir sur Internet, et particulièrement sur les réseaux sociaux qu'il affectionnait beaucoup ces derniers temps. Il était spécialisé dans l'attaque contre les féministes et les minorités déviantes, qu'il se faisait plaisir à insulter et à harceler. Il trouvait ensuite jubilatoire de voir les réactions outrées de ces salopes hystériques lorsqu'il se moquait d'elles.
Ce soir, il avait décidé de passer un cran au-dessus. Il avait repéré le site d'une de ces connasses, fouillé de fond en comble pour y trouver tout ce qu'il pouvait, et réussi à dégotter quelques informations compromettantes dont il savait pertinemment qu'elles feraient mal à Femigrrrl. Par exemple, révéler qu'elle s'appelait en réalité Sylvie Lefèvre, ou encore son adresse. Voilà qui la ferait flipper.
Lorsqu'il posta les informations qu'il avait réussies, par ses compétences techniques, à se procurer, la réaction de l'intéressée ne se fit pas attendre.
Tu sais quoi, trouduc ? Ce genre de choses pourrait te coûter cher.
Thomas eut un grand sourire devant la menace. Comme si elle allait porter plainte, c'était tellement crédible. Et évidemment, vu que lui faisait attention à ne poster que sous pseudonyme et à ne rien révéler de sa vraie vie, il ne craignait pas grand chose.
Thomas prit le temps d'avaler une gorgée de bière en réfléchissant à une réplique cinglante.
Tu me fais trop peur, Sylvie. Je me fais pipi dessus. Tu vas appeler ton petit copain Pierre ?
Thomas avait en effet réussi, en cherchant bien, à trouver des mails privés qui n'auraient jamais dû se trouver sur un serveur public. Quelle couillonne, cette fille. Elle l'avait cherché aussi. Ãa lui apprendrait peut-être à se servir d'Internet.
Il y eut rapidement un réponse de Femigrrrl.
Tu devrais arrêter tes conneries MAINTENANT et présenter des excuses. Ou alors tu auras des soucis. Dernier avertissement.
Thomas se mit à rire, seul devant son ordinateur. Elle s'imaginait vraiment lui faire peur ?
Oh, je suis mort de trouille. LOL.
Il sirota ensuite une autre gorgée de bière, attendant la réponse de l'hystérique débile.
Déguste bien ta Heineken et réfléchis à ce que je dis. DERNIÃRE CHANCE.
Thomas faillit recracher sa gorgée et regarda sa canette, qui était effectivement une Heineken. Comment est-ce qu'elle savait ? Par hasard, peut-être ? Des tas de gens buvaient de la Heineken, non ?
Oh, tu as failli en foutre partout. Ãa aurait été dommage de tacher ton beau canapé en cuir.
Thomas soupira. La webcam. Cette connasse avait dû pirater son ordinateur. Il devait admettre qu'il l'avait sous-estimée. Cela dit, ça ne l'inquiétait pas plus que ça. Au pire, elle allait lui faire quoi, lui effacer ses fichiers ? La belle affaire, il avait des sauvegardes sur son autre ordinateur. Il commença par cacher la caméra avec son doigt, puis tapa maladroitement de l'autre main :
OMG une script-kiddie. Tu sais te servir d'un programme de P1RATE, LOL. J'ai trop peur.
Il regardait les étagères devant lui à la recherche d'un rouleau de scotch. Il n'allait pas pouvoir rester éternellement le doigt sur sa caméra.
Derrière lui, il entendit deux vibrations et se retourna, surpris. Il fit un bond en arrière lorsqu'il aperçut la femme qui était en train de consulter son portable.
Elle était plutôt grande, mais pour le reste, c'était dur de voir à quoi elle ressemblait, car elle avait une cagoule violette sur la tête. Elle portait également une combinaison noire avec des lignes violettes, des docs violettes, et une cape violette et noire.
Elle tenait un téléphone d'une main, et une batte de base-ball de l'autre, qui reposait sur son épaule.
« Je ne suis pas une script-kiddie, répondit-elle, amusée. Je suis Captain Feminist. »
Thomas resta un moment bouche bée, la peur se mêlant à l'incompréhension.
« Quoi ? finit-il par réussir à dire.
â Le nom n'est pas forcément définitif », admit Captain Feminist.
Elle lui envoya alors un coup de batte en plein dans la jambe, sans qu'il n'ait pu s'y attendre. Tout au plus avait-il eu le temps de la décaler légèrement, sauvant temporairement son genou.
« Par contre, reprit la super-héroïne, je pense vraiment que je vais garder la batte. »