Sylvain Johnson's Blog, page 19

December 28, 2014

Lecture de : Folie(s) 18 textes échappés de l’asile des éditions des artistes fous.

a010 Un recueil de nouvelles sur la folie. Voilà qui risque fort de plaire aux plus fous d’entre nous. Dieu sait qu’il y en a légions par les temps qui courent. Mais qu’est-ce que la normalité? La folie? Il m’arrive de voir en l’asile un refuge contre la vraie folie. Pas celle qui nous pousse à discuter avec un être imaginaire ou à faire des lampes avec les peaux de nos victimes. La véritable folie ne consiste pas à se nettoyer les mains 120 fois par jour, par peur immodérée des germes et microbes. Se parler et se répondre tout seul n’est peut-être pas si fou que cela. En tant qu’écrivain, ce sujet me touche particulièrement. Il m’arrive souvent de basculer d’un côté ou de l’autre de la raison, traverser la frontière qui sépare la santé mentale et la déchéance absolue, sans trop savoir ce qui est acceptable ou non.


Ce recueil nous dévoile ce qui gît en nous, ce petit quelque chose d’inquiétant qu’on oublie, qu’on repousse en croyant que ce n’est rien. Jusqu’au jour où notre monde s’écroule, notre raison bascule, et n’est plus qu’un souvenir d’une autre époque.


Plongeons donc dans la lecture et prions pour notre retour sain et sauf. Le tout agréablement accompagné d’illustrations pour chaque nouvelle.



Les nouvelles:
 Nuit blanche – Sylvie Chaussée-Hostein

Cette nouvelle est un choix judicieux pour amorcer l’anthologie. Un très bon texte, bien écrit, représentatif du thème. Une normalité fragile, qui peu à peu se détériore. C’est un voyage dans le doute qui attend le lecteur. Un parcours semé de moments de confusions, pour lentement préparer la venue d’un éclatement dangereux.


C’est un bon suspense psychologique qui m’a tout de suite captivé et dont les descriptions vivides nous font ressentir l’ambiance froide et neigeuse de cette route déserte, du danger imminent auquel le personnage fait face.


 La couleur de la folie – Éric Udéka Noël

C’est une nouvelle de folie à grande échelle. On y parle de maladies mentales, de guérisons et de dons. Mais aussi, et surtout, de couleurs. De couleurs particulières et importantes. De la venue d’un enfant pas comme les autres. C’est une histoire qui, à un moment donné, m’a fait penser à un récit sur les zombies, en particulier la scène dans le village où les deux héros sauvent le gamin. Ceci dit, ce n’est pas une mauvaise chose, l’auteur est parvenu à nous faire comprendre l’horreur du moment et la folie passagère des villageois.


La fin est remplie d’espoir, le genre d’espoir né dans la tragédie.


 Cauchemar – Maniak

Une de mes préférées. C’est une histoire déroutante, autant par son ambiance faite d’angoisse et de mystère, que par sa lente progression vers un dénouement tout comme la nouvelle, absurde et très efficace. Sans trop savoir pourquoi, le début m’a fait penser au film « Hellraiser ». On nous transporte dans l’horreur, la réalité et un mélange des deux.


 Coccinelle — Émilie Querbalec

Un récit qui s’amorce avec l’appréhension d’une mère face à son nouveau-né. Un sujet d’actualité, parce que ma femme devrait accoucher au mois de mars. Comment réagir face à cette petite chose inhumaine et rosée, qui ne ressemble qu’à une créature venue d’un autre monde? L’auteur à bien mit en place le sentiment contradictoire de la mère envers le bébé envahissant. L’intrusion des coccinelles fait chavirer la certitude. La fin nous laisse tirer nos propres conclusions, folie ou autre chose?


 Le même sang coule dans mes veines — NokomisM

La folie. Une maladie? Que dire de ceux qui se coupent et se blessent volontairement? C’est sous cet angle énigmatique et pourtant très réel que l’auteur accueille le lecteur dans son récit. Pour avoir travaillé durant plusieurs années dans le réseau de la santé mentale, je trouve la psychologie du personnage de l’adolescente problématique très bien représenté.


C’est la fascination d’un acte incompréhensible. Pourquoi souffrir volontairement? S’imposer des blessures pénibles? Le choix est-il vraiment là?


L’auteur ne s’arrête pas là. L’intrusion d’un autre personnage, le père, viendra complètement bouleverser la vie de l’adolescente et du lecteur. Le sang est un véhicule génétique très important, qu’en est-il de notre mémoire ancestrale, collective?


C’est un bon texte qui nous guide dans une direction, pour aussitôt nous faire pivoter vers une autre. Sombre et troublant.


 Marie-Calice, Missionnaire de l’extrême — Nelly Chadour

Le caractère religieux convient très bien à la folie. Il suffit de penser à tous les prophètes, visionnaires ou autres. Leurs visions ne sont-elles pas un signe de folie? Des buissons en feu? Une mer qui se sépare en deux? Un homme qui marche sur les eaux? C’est la folie religieuse des masses. J’aime bien le personnage de la sœur, prise avec ses propres démons, sa bonne volonté d’accomplir une mission.


 La nuit où le sommeil s’en est allé — Cyril Amourette

Une très bonne nouvelle littéraire. Possiblement une des meilleures du recueil. C’est une histoire de fin du monde étrange, sans explication, sombre et catastrophique. C’est troublant à souhait. L’auteur n’utilise que peu d’artifice, se repose sur les mots. Le texte est bien structuré, nous passons d’une étape à l’autre de la folie, dans le corridor de la déchéance humaine. Narration très efficace, très forte.


 Entre-deux — Louise Revoyre

Ce texte ne m’a pas interpellé. Est-ce qu’on y parle bien de folie? Ou simplement de manque de maturité? La manière dont la nouvelle a été écrite porte à confusion. Je ne doute pas des bonnes intentions de l’auteur ou de son talent.


 La convenance de la bête — Leith

C’est un récit bien insolite. On débute avec un peu d’humour, on y ajoute la fin du monde et une situation déconcertante. L’histoire m’a fait penser un moment aux épisodes de l’incroyable Hulk. On y parle aussi d’extraterrestres. C’est un mélange hétéroclite de genres et d’idées qui me font demander : est-ce bien de la folie? Cet homme détient-il vraiment les pouvoirs dont il fait mention? Où est-ce une désillusion de maniaque? Le texte ne nous donne aucun indice et me laisse perplexe, même à la toute fin.


 C15 — Herr Mad Doktor

Intéressant voyage journalistique. Folie? Certainement, puisque l’humanité possède indéniablement une nature démente, une folie décuplée par une libération complète. Très bonne ambiance, décor et descriptions d’un texte solide. Le mystère sur le moment des 15 minutes est maintenu jusqu’à la fin, même si on devine rapidement en quoi cela consiste. Références amusantes (Tom Cruise et Obama). Beauté poétique des descriptions (Central Ashstray park).


 Jour gras — Southeast Jones

Petit conte prévisible. Se lit bien. Amusant, par son sujet et son traitement.


 Le maitre des bélugas — Julie Conseil

C’est un questionnement sur l’ordre établi des choses. On y fait un parallèle entre la folie et le rêve. Les rêves éveillés qui nous obsèdent, qui se mélangent à nos désirs, à notre réalité individuelle. Un voyage dans l’absurdité des rêves, des comportements, et croyances énigmatiques pour le commun des mortels. Bon texte qui nous fait réfléchir. Qui sont les vrais fous? Agréable lecture.


 Maman de Martin — Morgane Caussarieu

Bonne nouvelle littéraire. Relations tordues et complexes entre une mère et son fils. Comment élever un enfant en souffrant de problèmes mentaux? En étant aux prises avec une folie incurable? Le récit est un adroit mélange de surnaturels, de pouvoirs intriguant. Texte bien écrit, avec d’intenses descriptions. Histoire tordue à souhait.


 Europe — Pénélope Labruyère

Sans aucun doute ma préférée de l’anthologie. C’est une bonne nouvelle de science-fiction, au traitement très cinématographique. Le texte est solide, le langage nous charme d’une justesse surprenante. Un récit d’action, d’espoirs, et avant tout une tragédie humaine à grande échelle. Folie et solitude se mélangent avec douceur, s’insinuent dans l’esprit du lecteur pour nous captiver. La psychologie et la profondeur des émotions des personnages sont bien travaillées. Ce texte serait un super point de départ pour un roman.


 Sanguines — Adam Roy

Un autre très bon texte du recueil. Un texte dur, percutant. On y parle de la folie d’un espoir qui se perd dans l’ultime folie. Un récit sombre, apocalyptique, fataliste. Un de ceux qui nous font tourner les pages (même pour un livre numérique)


 Transfert — Julien Heylbroeck

Ce texte humoristique se transforme en un dialogue déroutant. C’est une conversation avec un patient d’asile. Un questionnement qui se retourne contre celui qui ose troubler la paix d’un patient désigné comme fou. L’auteur parvient à détourner l’attention, pour nous faire demander : qui est le vrai fou?


Une étude sur la démence qui s’insinue dans le langage, dans un dialogue qui dérape. Un petit brio.


 Les soupirs du voyeur — Corvis

C’est un autre de mes textes préférés de l’anthologie. Attention, pas seulement en raison du sexe. Parce que ce récit est sans la moindre censure. C’est très érotique, vivide, et bourré de fantaisie les plus tordues les unes que les autres. Corvis serait-il un écrivain d’histoires érotiques? Il en a surement le talent. Il transforme le sujet de l’impuissance sexuelle en un récit à faire pâlir d’embarras « 50 Shades of Grey ». Nous plongeons ici dans le plaisir coupable, honteux et jouissif. Il emmène le lecteur à se questionner. Qu’est-ce que la réalité? Un récit malade et sombre à souhait. Violent.


 Le décalage — Ludovic Klein

Un texte bien choisi pour terminer ce bouquin. Un récit touchant et d’une beauté poétique. Une histoire qui traite de la tristesse de ce pénible moment qu’on appelle l’après. Bon choix éditorial pour conclure.


 Ma note : 7.5/10

Les éditions des artistes fous






 


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Published on December 28, 2014 09:03

December 21, 2014

Lecture de l���entretien d���Antoine Ga��ani

Lentretien-JPEG


Qu���est-ce que l���entretien? J���ai r��fl��chi �� la meilleure fa��on de d��crire cette histoire et en suis venu �� une seule et unique conclusion.


Il faut vraiment lire ce texte particulier pour en saisir toute l���essence. Il est plus facile de dire ce qu���il n���est pas. N���est pas ennuyeux, n���est pas rempli de clich��s, n���est pr��visible, n���est pas psychologiquement vide de toute substance.


En lisant l���entretien, je n���avais aucune id��e de ce qui m���attendait. La couverture simple m���intriguait. Jamais dans votre existence vous n���aurez la chance, le plaisir, l���horreur ou la folie de vivre un tel entretien d���embauche. Dieu vous en pr��serve!


L���auteur nous fait d��couvrir deux individus tout �� fait diff��rents l���un de l���autre. Notre personnage principal Laurel Montant qui aurait grandement besoin d���un peu de th��rapie, peut-��tre m��me de m��dicaments pour se normaliser. Sauf si on consid��re la normalit�� comme une chose malsaine. Il est un homme complexe, avec des manies ��tranges, des pens��es, et une vie que peu de gens voudraient. Nous le retrouvons face �� Peter Prite, un embaucheur insistant, confiant, puissant, et tout �� fait d��concertant.


C���est donc au travers d���une r��union intime, d��stabilisante et absurde que vous pourrez suivre le dialogue de nos deux gaillards. Dans un bureau au sommet d���une tour, o�� surgit l���impr��visible.


Une profondeur psychologique remarquable, un texte bien ��crit, une tournure des ��v��nements intrigante et une fin �� l���image du texte. Percutante et complexe. Tout est dans les d��tails.


C���est donc un petit texte de 90 pages que j���ai ador��, rafraichissant par son traitement de sujets divers, un petit brio litt��raire qui m���a surpris. J���ai ��vit�� de donner des d��tails sur ce qui se passe dans ce bureau, parce que c���est �� vous de le d��couvrir.


Faites seulement attention en refermant la porte, qui sait si vous pourrez la rouvrir �� nouveau.


Ma note��: 9/10



Pour vous procurez le livre num��rique : ��ditions HOuse MaDe Of DaWn


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Published on December 21, 2014 17:23

Lecture de l’entretien d’Antoine Gaïani

Lentretien-JPEG


Qu’est-ce que l’entretien? J’ai réfléchi à la meilleure façon de décrire cette histoire et en suis venu à une seule et unique conclusion.


Il faut vraiment lire ce texte particulier pour en saisir toute l’essence. Il est plus facile de dire ce qu’il n’est pas. N’est pas ennuyeux, n’est pas rempli de clichés, n’est prévisible, n’est pas psychologiquement vide de toute substance.


En lisant l’entretien, je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait. La couverture simple m’intriguait. Jamais dans votre existence vous n’aurez la chance, le plaisir, l’horreur ou la folie de vivre un tel entretien d’embauche. Dieu vous en préserve!


L’auteur nous fait découvrir deux individus tout à fait différents l’un de l’autre. Notre personnage principal Laurel Montant qui aurait grandement besoin d’un peu de thérapie, peut-être même de médicaments pour se normaliser. Sauf si on considère la normalité comme une chose malsaine. Il est un homme complexe, avec des manies étranges, des pensées, et une vie que peu de gens voudraient. Nous le retrouvons face à Peter Prite, un embaucheur insistant, confiant, puissant, et tout à fait déconcertant.


C’est donc au travers d’une réunion intime, déstabilisante et absurde que vous pourrez suivre le dialogue de nos deux gaillards. Dans un bureau au sommet d’une tour, où surgit l’imprévisible.


Une profondeur psychologique remarquable, un texte bien écrit, une tournure des évènements intrigante et une fin à l’image du texte. Percutante et complexe. Tout est dans les détails.


C’est donc un petit texte de 90 pages que j’ai adoré, rafraichissant par son traitement de sujets divers, un petit brio littéraire qui m’a surpris. J’ai évité de donner des détails sur ce qui se passe dans ce bureau, parce que c’est à vous de le découvrir.


Faites seulement attention en refermant la porte, qui sait si vous pourrez la rouvrir à nouveau.


Ma note : 9/10



Pour vous procurez le livre numérique : Éditions HOuse MaDe Of DaWn


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Published on December 21, 2014 17:23

December 19, 2014

Lecture d���Abysses de Christophe Rosati

couv-cthulhu-c-rosatiDe quoi avez-vous peur? De vous retrouver dans l���espace, loin de votre terre natale? Sur une plan��te inconnue? Dans un submersible trop ��troit, vuln��rable, et prisonnier d���un cercueil d���acier? Au fin fond d���un oc��an abyssal sombre peupl�� de choses ��tranges et dangereuses?


Pourquoi pas tout cela en m��me temps? Tant qu����� vous faire peur, aussi bien mettre toutes vos frayeurs ensemble, non?


C���est ce que Christophe Rosati a d��cid�� de faire dans cette nouvelle litt��raire de l���excellente et surprenante s��rie ����Calling Cthulhu����. Cette s��rie regroupe de nombreux textes d���auteurs talentueux qui se veulent un hommage �� la mythologie cr����e par H.P. Lovecraft.


Dans cette nouvelle, nous suivons les d��boires d���un commandant de navire en pleine mission sur une plan��te ��trang��re avec son ��quipage. C���est au travers de son journal de bord tenu au fil des ��v��nements dramatiques que nous le suivons. J���ai trouv�� l�����criture et le ton de narration employ�� par l���auteur tr��s efficace. On se laisse non seulement embarquer, mais c���est une tr��s belle aventure, souvent angoissante, dans un monde visuellement tr��s beau et tr��s bien imagin��. Une science-fiction solide et une odyss��e qui fait r��fl��chir sur la stupidit�� et l���avidit�� de notre race bien petite face �� l���immensit�� de notre univers.


Avec son imagerie intense, le texte nous conduit vers une fin tragique et gigantesque.


Une tr��s bonne nouvelle pour une s��rie qui m���a d��j�� s��duite.


Ma note��: 9/10
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Published on December 19, 2014 01:40

Lecture d’Abysses de Christophe Rosati

couv-cthulhu-c-rosatiDe quoi avez-vous peur? De vous retrouver dans l’espace, loin de votre terre natale? Sur une planète inconnue? Dans un submersible trop étroit, vulnérable, et prisonnier d’un cercueil d’acier? Au fin fond d’un océan abyssal sombre peuplé de choses étranges et dangereuses?


Pourquoi pas tout cela en même temps? Tant qu’à vous faire peur, aussi bien mettre toutes vos frayeurs ensemble, non?


C’est ce que Christophe Rosati a décidé de faire dans cette nouvelle littéraire de l’excellente et surprenante série « Calling Cthulhu ». Cette série regroupe de nombreux textes d’auteurs talentueux qui se veulent un hommage à la mythologie créée par H.P. Lovecraft.


Dans cette nouvelle, nous suivons les déboires d’un commandant de navire en pleine mission sur une planète étrangère avec son équipage. C’est au travers de son journal de bord tenu au fil des évènements dramatiques que nous le suivons. J’ai trouvé l’écriture et le ton de narration employé par l’auteur très efficace. On se laisse non seulement embarquer, mais c’est une très belle aventure, souvent angoissante, dans un monde visuellement très beau et très bien imaginé. Une science-fiction solide et une odyssée qui fait réfléchir sur la stupidité et l’avidité de notre race bien petite face à l’immensité de notre univers.


Avec son imagerie intense, le texte nous conduit vers une fin tragique et gigantesque.


Une très bonne nouvelle pour une série qui m’a déjà séduite.


Ma note : 9/10
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Published on December 19, 2014 01:40

December 16, 2014

Interview de l���auteur montr��alais Sylvain Johnson

Publi�� initialement sur Montr��al Attitude��:


Sylvain blog MTL��*L���auteurSylvain Johnson sur la terrasse de l���Oratoire Saint-Joseph, Montr��al (Qc)*





En tant qu���auteure, je ne pouvais imaginer de tenir un blog sur Montr��al sans parler de litt��rature. J���envisage de vous proposer r��guli��rement des interviews d���amis auteurs ou ��diteurs montr��alais/fran��ais expatri��s. J���inviterai ��galement des amis auteurs fran��ais dont les intrigues de romans et nouvelles se situent �� Montr��al afin qu���ils nous parlent de leur passion pour cette ville.



Pour cette premi��re interview, j���ai eu envie de vous pr��senter un ami talentueux, membre du collectif d���auteurs franco-qu��b��cois Les Fossoyeurs de R��ves, auquel nous appartenons : Sylvain Johnson.





* Sylvain, pourrais-tu te pr��senter �� nos lecteurs ?



SJ : Je m���appelle Sylvain Johnson. Je suis n�� �� Montr��al en 1973 �� l���h��pital Saint-Luc. Je suis ��crivain de romans et de nouvelles litt��raires. Exil�� aux ��tats-Unis depuis quelques ann��es, je tente de me faire conna��tre dans la���


Voir l���original 757 autres mots


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Published on December 16, 2014 07:55

Interview de l’auteur montréalais Sylvain Johnson

Publié initialement sur Montréal Attitude :


Sylvain blog MTL *L’auteurSylvain Johnson sur la terrasse de l’Oratoire Saint-Joseph, Montréal (Qc)*





En tant qu’auteure, je ne pouvais imaginer de tenir un blog sur Montréal sans parler de littérature. J’envisage de vous proposer régulièrement des interviews d’amis auteurs ou éditeurs montréalais/français expatriés. J’inviterai également des amis auteurs français dont les intrigues de romans et nouvelles se situent à Montréal afin qu’ils nous parlent de leur passion pour cette ville.



Pour cette première interview, j’ai eu envie de vous présenter un ami talentueux, membre du collectif d’auteurs franco-québécois Les Fossoyeurs de Rêves, auquel nous appartenons : Sylvain Johnson.





* Sylvain, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs ?



SJ : Je m’appelle Sylvain Johnson. Je suis né à Montréal en 1973 à l’hôpital Saint-Luc. Je suis écrivain de romans et de nouvelles littéraires. Exilé aux États-Unis depuis quelques années, je tente de me faire connaître dans la…


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Published on December 16, 2014 07:55

December 15, 2014

L���objectophile

Note de l���auteur:


Ce petit texte m���a ��t�� inspir�� lors de lectures concernant la diff��rence entre le livre papier et num��rique. Beaucoup de gens parlent de l���avantage du livre papier. Ils aiment l���odeur d���un bon vieux bouquin, le ����feeling���� qu���il procure. Mon esprit tordu �� tout de suite pens�� �� quelque chose que j���ai couch�� sur papier. Ne soyez pas offens��, ce n���est pas un texte accusant les amateurs de livres papier d�����tre des monstres ni une propagande pour le livre num��rique.


Juste un petit texte con, par un ��crivain con, un lundi encore plus con. Une excuse pour repousser mes corrections, pour passer le temps.


Merci.


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L���objectophile


��J���en ai vraiment marre. Dans l���autobus, au bureau, dans la salle d���attente du docteur, sur Facebook, partout o�� je vais, on ne cesse de me parler de ces tablettes et autres machines permettant la lecture de livres num��riques. Foutaises! Je n���ai aucune intention de m���approprier un de ces objets aberrants. Je pr��f��re, et de beaucoup, le bon vieux livre papier r��confortant. C���est d���ailleurs ce que je suis en train de faire, lire un nouveau livre de mon ��crivain pr��f��r��, Stephen King. Je suis au lit, en sous-v��tements, bien au chaud sous les couvertures. Un cognac sur ma table de nuit. Dire qu���en ce moment m��me, certains de ces zigotos sont en train de tripoter des engins plastifi��s pour lire��� quelle horreur!


Le livre est ferme dans ma main, il ��pouse la forme de mes deux paumes. C���est un contact suffisamment lourd pour me donner des frissons. Mes doigts agiles caressent la couverture, et je peux sentir le grain du papier, la lumi��re de ma lampe joue avec les reflets sur l���encre noire. Je me repositionne. Un livre, un vrai livre en papier, est quelque chose de sensuel. Son odeur est unique, je hume ce compagnon de mes nuits, mon nez effleure les pages, me chatouille, un rire m�����chappe et mon ��rection soul��ve les draps.


Je d��pose le livre sur mon bas ventre, une sensation extraordinaire, mon p��nis qui atterrit entre les pages, qui effleure le papier lisse comme un orifice humide. Mon organe qui se gonfle de sang s���impr��gne de l���essence de ce bouquin.


Je le dis, et je le r��p��te, rien ne vaut un bon livre papier, son contact, son odeur, ses caresses. Lorsque j���asperge les pages de ma substance chaude, je repousse le livre, conscient que ma semence s��chera durant la nuit, tenant les pages coll��s ensemble.


*


Je reviens chez moi, apr��s une soir��e catastrophique. Une soir��e de No��l avec la famille, les oncles et les tantes, ma m��re encore vivante et les cendres de mon p��re dans un vase sur le foyer. J���ai re��u plusieurs cadeaux, mais le pire est celui que l���oncle Richard m���a offert. Je crois qu���il savait tr��s bien �� quel point j���ai en horreur ces choses impersonnelles et vulgaires. L���insulte que j���ai ressentie en ouvrant le cadeau, en d��ballant la bo��te, et de voir une tablette de lecture pour les livres num��riques. C�����tait comme d���offrir du chocolat pour le diab��tique, une vodka pour l���alcoolique en r��mission, un prix Nobel de paix pour un policier du Missouri. J���ai failli lui sauter �� la gorge, le mordre au nez pour le lui arracher, lui cracher le moignon ensanglant��. J���ai retenu mes pulsions meurtri��res, parce qu���il y avait trop de t��moins, parce que je ne suis pas un meurtrier.


Je suis maintenant au lit, et je repousse mon Stephen King de c��t��. Mon regard vogue vers cette chose noire qui repose sur ma table de nuit. La tablette re��ue. Richard qui m���annonce avec une joie perverse qu���elle est d��j�� charg��e de plusieurs livres. J���ai voulu jeter l���objet, mais je suis conscient du co��t de cette chose. Le gaspillage m���horripile. Que faire? Cette horreur me toise en silence, me d��fit par sa pr��sence impunie. J���h��site, et je m���en empare, avec la m��me expression qu���un pi��ton se penchant pour prendre de la merde de chien fra��che du bout de ses doigts non gant��s.


��J�����tudie l���objet en question. Je suis surpris par son poids, c���est tr��s l��ger. Le plastique est lisse, s���harmonise avec la temp��rature ti��de de la pi��ce. Mon doigt vagabond effleure une touche sur le c��t�� et l�����cran s���illumine. Je sursaute, le reflet de l�����cran illuminant mon visage grima��ant d���horreur. Les ondes qui ��manent de ce bidule peuvent-elles me donner le cancer? Br��ler ma r��tine? Me rendre st��rile? Comme le four �� micro-onde et le t��l��phone cellulaire?


L���image devant moi est celle d���une couverture de livre. Avec le nom de l���auteur, de la maison d�����dition et de la collection auquel appartient le livre en question. C���est donc cela, une tablette? Curieux de l���effet, je tends le bras et ��teins ma lampe de nuit. Malgr�� l���obscurit��, je peux continuer �� consulter le lecteur. Cela m���intrigue, comme une nouvelle voisine sexy qui vous sourit dans le couloir, de l���immeuble, vous fait des clins d�����il. Il n���y a pas de mal �� essayer, non? Je pr��f��re toujours le contact du livre papier, son odeur et son poids familier. Mais autant me prouver que cette pi��ce plastifi��e est aussi mauvaise que je le croyais.


Je tourne les pages, surpris de l���animation qui imite un vrai livre. Les mots sont facilement lisibles, je peux ajuster la clart��, la dimension des caract��res, souligner des passages entiers et laisser des notes. Tout cela sans le besoin de papier et crayons. C���est amusant, un peu comme un de ces ordinateurs avec lesquels j���ai peu exp��riment��.


J���approche la tablette de mon nez, je veux v��rifier l���odeur qui en ��mane. Celle du plastique un peu chaud, puisque la batterie et ma poigne humide r��chauffent l���objet. Ce n���est pas si mal. Cela me fait bri��vement penser �� l���odeur du cuir dans une voiture neuve, d���une tenue assez os��e en cuir avec fouet, rev��tu pour une soir��e excitante. Le m��lange de chaleur et d���odeur r��confortante me trouble. J���aurais d�� d��tester le contact, mais je l���appr��cie de plus en plus. Mon poignet me fait moins mal qu���en tenant un livre de Stephen King de 800 pages, je peux m��me rester coucher sur le c��t�� et tourner les pages d���un seul doigt, sans devoir remuer.


Je souris et me sens tout de suite coupable. Je ne peux pas aimer le num��rique, c���est mauvais, c���est l���incarnation m��me du mal. Une abomination qui menace ces livres papier qui me donnent des frissons de jouissances.


D���une main tremblante, j���approche la tablette de mon bas ventre. Elle ��pouse la forme de mon corps, effleure mon membre raidi avec douceur, la chaleur se diffusant dans tout mon corps qui s���arque d���une euphorie accusatrice. La luminosit�� de l�����cran se d��pose au plafond. J���approche mes doigts de mes narines, renifle les effluves de plastique qui s���attardent.


En fait, c���est avec une grande culpabilit�� que je retrouve un peu ce sentiment physique qu���apportent les livres papier. Plus l��g��re, la tablette est comme une jeune femme svelte, avec son parfum fruit��, ses courbes et ses lignes parfaites que les ravages du temps n���ont pas encore entam��. Sa chaleur m���attise, sa clart�� m���illumine. Je ferme les yeux et laisse le flot des ��motions couler comme la s��ve d���un ��rable au printemps qu��b��cois.


Je m���endors ce soir avec la certitude que je m�����tais tromp��.


Aucune page ne restera coll��e au matin, l�����cran se nettoie facilement.


Ma vie est �� tout jamais chang��e.




��Article int��ressant:


http://www.lapresse.ca/vivre/sexualite/201003/22/01-4263065-objectophiles-des-humains-qui-desirent-sexuellement-des-objets.php




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Published on December 15, 2014 07:28

L’objectophile

Note de l’auteur:


Ce petit texte m’a été inspiré lors de lectures concernant la différence entre le livre papier et numérique. Beaucoup de gens parlent de l’avantage du livre papier. Ils aiment l’odeur d’un bon vieux bouquin, le « feeling » qu’il procure. Mon esprit tordu à tout de suite pensé à quelque chose que j’ai couché sur papier. Ne soyez pas offensé, ce n’est pas un texte accusant les amateurs de livres papier d’être des monstres ni une propagande pour le livre numérique.


Juste un petit texte con, par un écrivain con, un lundi encore plus con. Une excuse pour repousser mes corrections, pour passer le temps.


Merci.


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L’objectophile


 J’en ai vraiment marre. Dans l’autobus, au bureau, dans la salle d’attente du docteur, sur Facebook, partout où je vais, on ne cesse de me parler de ces tablettes et autres machines permettant la lecture de livres numériques. Foutaises! Je n’ai aucune intention de m’approprier un de ces objets aberrants. Je préfère, et de beaucoup, le bon vieux livre papier réconfortant. C’est d’ailleurs ce que je suis en train de faire, lire un nouveau livre de mon écrivain préféré, Stephen King. Je suis au lit, en sous-vêtements, bien au chaud sous les couvertures. Un cognac sur ma table de nuit. Dire qu’en ce moment même, certains de ces zigotos sont en train de tripoter des engins plastifiés pour lire… quelle horreur!


Le livre est ferme dans ma main, il épouse la forme de mes deux paumes. C’est un contact suffisamment lourd pour me donner des frissons. Mes doigts agiles caressent la couverture, et je peux sentir le grain du papier, la lumière de ma lampe joue avec les reflets sur l’encre noire. Je me repositionne. Un livre, un vrai livre en papier, est quelque chose de sensuel. Son odeur est unique, je hume ce compagnon de mes nuits, mon nez effleure les pages, me chatouille, un rire m’échappe et mon érection soulève les draps.


Je dépose le livre sur mon bas ventre, une sensation extraordinaire, mon pénis qui atterrit entre les pages, qui effleure le papier lisse comme un orifice humide. Mon organe qui se gonfle de sang s’imprègne de l’essence de ce bouquin.


Je le dis, et je le répète, rien ne vaut un bon livre papier, son contact, son odeur, ses caresses. Lorsque j’asperge les pages de ma substance chaude, je repousse le livre, conscient que ma semence séchera durant la nuit, tenant les pages collés ensemble.


*


Je reviens chez moi, après une soirée catastrophique. Une soirée de Noël avec la famille, les oncles et les tantes, ma mère encore vivante et les cendres de mon père dans un vase sur le foyer. J’ai reçu plusieurs cadeaux, mais le pire est celui que l’oncle Richard m’a offert. Je crois qu’il savait très bien à quel point j’ai en horreur ces choses impersonnelles et vulgaires. L’insulte que j’ai ressentie en ouvrant le cadeau, en déballant la boîte, et de voir une tablette de lecture pour les livres numériques. C’était comme d’offrir du chocolat pour le diabétique, une vodka pour l’alcoolique en rémission, un prix Nobel de paix pour un policier du Missouri. J’ai failli lui sauter à la gorge, le mordre au nez pour le lui arracher, lui cracher le moignon ensanglanté. J’ai retenu mes pulsions meurtrières, parce qu’il y avait trop de témoins, parce que je ne suis pas un meurtrier.


Je suis maintenant au lit, et je repousse mon Stephen King de côté. Mon regard vogue vers cette chose noire qui repose sur ma table de nuit. La tablette reçue. Richard qui m’annonce avec une joie perverse qu’elle est déjà chargée de plusieurs livres. J’ai voulu jeter l’objet, mais je suis conscient du coût de cette chose. Le gaspillage m’horripile. Que faire? Cette horreur me toise en silence, me défit par sa présence impunie. J’hésite, et je m’en empare, avec la même expression qu’un piéton se penchant pour prendre de la merde de chien fraîche du bout de ses doigts non gantés.


 J’étudie l’objet en question. Je suis surpris par son poids, c’est très léger. Le plastique est lisse, s’harmonise avec la température tiède de la pièce. Mon doigt vagabond effleure une touche sur le côté et l’écran s’illumine. Je sursaute, le reflet de l’écran illuminant mon visage grimaçant d’horreur. Les ondes qui émanent de ce bidule peuvent-elles me donner le cancer? Brûler ma rétine? Me rendre stérile? Comme le four à micro-onde et le téléphone cellulaire?


L’image devant moi est celle d’une couverture de livre. Avec le nom de l’auteur, de la maison d’édition et de la collection auquel appartient le livre en question. C’est donc cela, une tablette? Curieux de l’effet, je tends le bras et éteins ma lampe de nuit. Malgré l’obscurité, je peux continuer à consulter le lecteur. Cela m’intrigue, comme une nouvelle voisine sexy qui vous sourit dans le couloir, de l’immeuble, vous fait des clins d’œil. Il n’y a pas de mal à essayer, non? Je préfère toujours le contact du livre papier, son odeur et son poids familier. Mais autant me prouver que cette pièce plastifiée est aussi mauvaise que je le croyais.


Je tourne les pages, surpris de l’animation qui imite un vrai livre. Les mots sont facilement lisibles, je peux ajuster la clarté, la dimension des caractères, souligner des passages entiers et laisser des notes. Tout cela sans le besoin de papier et crayons. C’est amusant, un peu comme un de ces ordinateurs avec lesquels j’ai peu expérimenté.


J’approche la tablette de mon nez, je veux vérifier l’odeur qui en émane. Celle du plastique un peu chaud, puisque la batterie et ma poigne humide réchauffent l’objet. Ce n’est pas si mal. Cela me fait brièvement penser à l’odeur du cuir dans une voiture neuve, d’une tenue assez osée en cuir avec fouet, revêtu pour une soirée excitante. Le mélange de chaleur et d’odeur réconfortante me trouble. J’aurais dû détester le contact, mais je l’apprécie de plus en plus. Mon poignet me fait moins mal qu’en tenant un livre de Stephen King de 800 pages, je peux même rester coucher sur le côté et tourner les pages d’un seul doigt, sans devoir remuer.


Je souris et me sens tout de suite coupable. Je ne peux pas aimer le numérique, c’est mauvais, c’est l’incarnation même du mal. Une abomination qui menace ces livres papier qui me donnent des frissons de jouissances.


D’une main tremblante, j’approche la tablette de mon bas ventre. Elle épouse la forme de mon corps, effleure mon membre raidi avec douceur, la chaleur se diffusant dans tout mon corps qui s’arque d’une euphorie accusatrice. La luminosité de l’écran se dépose au plafond. J’approche mes doigts de mes narines, renifle les effluves de plastique qui s’attardent.


En fait, c’est avec une grande culpabilité que je retrouve un peu ce sentiment physique qu’apportent les livres papier. Plus légère, la tablette est comme une jeune femme svelte, avec son parfum fruité, ses courbes et ses lignes parfaites que les ravages du temps n’ont pas encore entamé. Sa chaleur m’attise, sa clarté m’illumine. Je ferme les yeux et laisse le flot des émotions couler comme la sève d’un érable au printemps québécois.


Je m’endors ce soir avec la certitude que je m’étais trompé.


Aucune page ne restera collée au matin, l’écran se nettoie facilement.


Ma vie est à tout jamais changée.




 Article intéressant:


http://www.lapresse.ca/vivre/sexualite/201003/22/01-4263065-objectophiles-des-humains-qui-desirent-sexuellement-des-objets.php




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Published on December 15, 2014 07:28

December 14, 2014

Lecture de Stephen King -11/22/63

22-11-63


 


11/22/63


Lire un roman de Stephen King est toujours un plaisir et une aventure. Parce qu’on parle rarement d’un petit roman de cent vingt pages. Dans le cas présent, c’est un livre de près de huit cents pages, une brique.


Il est inutile de présenter Stephen King, de parler de son talent, de son influence sur les jeunes et moins jeunes auteurs de notre génération. Certains le considèrent comme un maître, d’autres croient qu’il est sur le déclin. Il ne fait pas l’unanimité et c’est tout à fait normal. Les goûts sont dans la nature.


Personnellement, j’ai rarement eu de déceptions en lisant une de ses œuvres. Même avec les plus distantes de son genre de prédilection. Ses écrits sur le monde carcéral ou le baseball font, à mon avis, partie de son cheminement littéraire et valent la peine d’être découverts.


Dès mes premières lectures de King, j’ai été grandement impressionné par la variété de ses personnages, leurs profondeurs psychologiques et leur étrangeté. Je me disais que cet écrivain avait un talent fou pour créer des êtres loufoques, compliqués, énigmatiques et parfois complètement fous. Je lui concède le talent d’être en mesure de les détailler sur papier, sauf que je suis prêt à faire une déclaration concernant ses personnages. Je sais, certains vont vouloir me lapider pour oser dire une chose aussi horrible. J’ai vécu au Maine durant une dizaine d’années. J’ai habité dans un petit village de moins de mille habitants, au centre de l’État, et j’ai côtoyé la population locale. Mon impression de ces gens ou du moins de certains d’entre eux est qu’ils sont tout droit sortis d’un roman du King. Ce qui me pousse à dire ceci : Stephen a le mérite de faire vivre ses personnages, mais il ne fait que s’inspirer des gens auprès desquels il vit. Je me souviens d’un après-midi d’hiver où un des habitants du village m’a accosté dans l’unique « Supermarket » de la localité. Bien entendu, on entre dans la banque et l’épicerie avec son fusil sur l’épaule, sa veste à carreaux et son long couteau à la taille. Le visage tordu d’une grimace, non rasé et avec son haleine d’oignon, il m’annonce qu’il va gravir le clocher de la petite église pour s’y placer, dans l’attente de voir le facteur et lui tirer dessus avec son fusil de chasse. Les autres, qui nous écoutent, hochent la tête, comme s’ils détestaient aussi le facteur, qu’ils comprenaient sa haine pour cet individu. Je lui demande timidement pourquoi il veut faire une chose pareille. Il me regarde comme si j’étais un imbécile, parce que pour lui, cela doit sauter aux yeux. « Mais parce qu’il est de la C.I.A ». Je ne sais pas s’il est passé aux actes, mais il se promenait avec un fusil et des munitions.


Bon, je m’égare, mais durant mes années de vies dans cet état, j’ai appris à ne plus être surpris par les gens aux comportements étranges.


Revenons au roman, voulez-vous?


Le voyage dans le temps. Un sujet largement exploité, que j’ai même utilisé dans un de mes manuscrits soumis à des éditeurs. C’est un sujet exploité, souvent surexploité. Comment s’en tire King avec 11/22/63? Je crois qu’il s’en tire très bien. Parce qu’il ne se contente pas d’utiliser le sujet, mais il lui donne une forme bien spéciale, le modifie selon ses conditions. Son voyage dans le temps est peut-être un prétexte pour nous faire découvrir les années cinquante et soixante d’un pays en pleins changements. Mais on s’y laisse facilement guider, en raison de sa facilité à nous raconter la vie des autres. Ses détails sont juteux. Il a basé son récit sur une importante recherche historique qu’il avouera à la fin du livre. Une véritable équipe l’a aidé à rendre les éléments de son récit le plus vraisemblable possible.


Ce qui diffère dans son voyage dans le temps et qui m’a bien plut, ce sont les conditions qui entourent ledit voyage. Il ne suffit pas de programmer une date, d’y aller et de revenir une fois sa besogne accomplie. Cela serait trop facile dans le monde du King de Bangor. C’est un processus avec des conditions mises en place par des forces obscures et impénétrables. L’erreur de plusieurs écrivains est souvent d’en dévoiler trop, de passer tout leur temps à vous expliquer le pourquoi et le comment des choses, au détriment du voyage lui-même. J’aime prendre l’avion, mais je n’ai aucun intérêt à connaitre les lois de la physique qui rendent possible une telle chose. J’accepte toutefois de monter dans l’avion.


Son voyage dans le temps se veut aussi un prétexte pour explorer un mythe culturel et historique le plus ancré dans la conscience collective d’une nation narcissique. L’assassinat du président Kennedy. Un jour ou l’autre, nous avons tous lu, visionné un film, entendu des histoires au sujet de cet évènement. Il existe des films de fictions, d’archives et des millions de théories du complot qui circulent sur Internet. C’est un sujet riche qui me fascine personnellement. King n’a pas la prétention de nous dévoiler qui est le vrai tueur, qui est à l’origine des supposés complots. Il est toutefois intéressant de suivre les déboires du personnage principal dans une Amérique sur le point de sombrer dans l’horreur.


Imaginez le pouvoir de sauver Kennedy de la mort? De réécrire les livres d’histoires? Mais être obligé de vivre dans ce passé durant cinq ans. C’est ce qui arrive ici au personnage principal. Une suite d’aventure, de déboire qui se perdent parfois sur un sentier qui semble nous éloigner du sujet principal. Mais avec King, les forces de l’ombre veillent à nous ramener constamment du bon côté de la folie.


Certaines des critiques que j’ai lues au sujet de ce livre, une fois la lecture terminée, déplorent deux choses. La raison du voyage dans le temps, la motivation du personnage principal est mis en doute. Un copain propriétaire d’un restaurant à hamburger qui convainc un banal enseignant de risquer sa vie pour sauver un président mort dans une autre époque. Est-ce que c’est plausible? Je dis, quant à moi, que oui. Les raisons que les gens ont de poser des gestes ne tiennent pas toujours de la pure logique. Il l’a fait pour son ami, mais je crois qu’il le fait davantage pour lui. Il a ses raisons.


L’autre critique que j’ai lue à maintes reprises concerne cette propension du King à nous renvoyer vers des lieux ou personnage de ses autres romans. Dans ce livre, l’auteur à intégrer la ville de Derry et ses mystères dans l’action. Est-ce un problème? Je n’en vois pas. Il a créé tout un univers et son talent lui donne tous les droits dans ses propres livres. J’aime bien les références aux autres personnages ou lieux précédemment explorés. C’est le monde qu’il a enfanté.


Outre sa mission principale, le personnage se fait une vie toute coquette dans les États-Unis de l’époque, dans un monde de guerre froide et de soda à cinq sous. Au début, j’étais perplexe, puisque nous nous éloignons de notre objectif principal. Mais le talent de l’auteur m’a captivé, m’a gardé prisonnier dans ce récit au cœur du récit. Les forces obscures y sont toujours, ajoutons un peu de romance et de tragédie, vivre dans l’univers du King est parfois périlleux. Ce roman m’a quelque peu fait penser à « Bag of Bones », sans trop savoir pourquoi.


Je crois que l’unique point négatif (si c’est vraiment négatif) est la fin qui n’en finissait plus. On croit le roman terminé et un autre chapitre s’ajoute. Puis un autre. Mais à la fin, on se rend compte qu’il n’a fait que nous éclairer, répondre à nos questions. Aurais-je préféré une fin plus brusque? Peut-être.


C’est un très bon roman. Une lecture à conseiller pour ceux qui aiment Stephen King. Ceux qui aiment l’histoire et n’ont pas peur d’une petite escapade amoureuse. Les forces du passées, l’étrangeté de la vie, et de la mort font partie de ce roman intense.


Ma note 9/10



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Published on December 14, 2014 09:26