Alan Spade's Blog, page 35
October 2, 2014
[Archive 21/10/2010] Un rêve, cela peut coûter cher : démonstration
La triste démonstration de mon billet précédent est venue d'une discussion sur Facebook, où Yurani Andergan, lui aussi auteur, (voir ici son site) a pointé un lien vers le blog (La brosse Gherta) d'un troisième auteur, lequel a pour sa part eu le bonheur de voir son roman publié par les Editions Leo Scheer. Je vous soumets ici le bilan chiffré qu'il tire de son expérience. Il ne s'agit bien sûr pas ici d'avoir le moindre soupçon de condescendance pour l'intéressé, Nicolaï Lo Russo, qui a suivi ce qui ressemble d'après son billet au parcours classique du postulant à l'édition, simplement de montrer les limites d'un système, celui de l'édition traditionnelle, qui génère plus de pilon qu'il ne rapporte de ventes. Et de dénoncer au passage les revenus modiques eu égard à la somme d'efforts fournis. Qu'on se le dise, même dans l'écriture, tout travail mérite salaire ! Ma conclusion : l'édition traditionnelle est dans une très large mesure inadaptée au monde moderne. On s'en doutait un peu, bien sûr...
Published on October 02, 2014 02:10
October 1, 2014
[Archive 11/10/2010] Un rêve, cela peut coûter cher
Je ne joue jamais au loto. J’estime qu’à partir du moment où il n’y a qu’une chance sur mille d’être tiré au sort, l’incertitude devient beaucoup trop grande. Sans vouloir stigmatiser personne, je dirais que les millions de personnes qui tentent leur chance sont avant tout des millions de perdants en puissance, et qu’ils contribuent à alimenter les caisses de gens qui ne le méritent pas. Le rêve de ces millions-là rapporte peut-être beaucoup à l’Etat, mais il coûte à chacun. Le parallèle avec le secteur qui me concerne, la littérature, est facile à faire, quoiqu’il faille bien sûr nuancer la chose.
Peut-on croire que des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes enverraient chaque année leur manuscrit à des éditeurs en sachant que les chances d’être choisi sont infimes, peut-on croire qu’ils le feraient sans, quelque part, jouer au loto ? Ils tentent leur chance, personne ne saurait le nier. Alors oui, il existe des manuscrits publiés par de grandes maisons d’édition qui arrivent par la poste. Oui, leurs auteurs peuvent connaître le succès. Mais quel est, derrière, le sacrifice que l’on demande à la société ? N’en doutez pas, il est abyssal, c’est celui de dizaines de millions, voire de milliards d’heures de travail. Et ce qui n’est pas comptabilisable représente la partie immergée de l’iceberg. C’est le goût de cendres dans la bouche des auteurs dont le manuscrit est partout rejeté, c’est l’amertume qui monte. On sait qu’à compétences égales, après présélection du comité de lecture, c’est le coup de cœur du directeur de collection qui va faire la différence. Donc, quelque chose d’éminemment subjectif. Qu’est-ce que nous, auteurs, indiquons aux éditeurs, quand nous sommes des dizaines de milliers à leur envoyer des manuscrits dans ces conditions ? C’est simple, nous leur démontrons que le rapport de force leur est extrêmement favorable. Si nous sommes prêts à soumettre entièrement nos millions d’heures de travail réunies à leur seule subjectivité, que ne sommes-nous prêts à accepter d’autre ?
« Je fais du commercial pour pouvoir publier des auteurs intéressants »
L’argument des éditeurs selon lequel ils publient des livres commerciaux pour avoir la possibilité de mettre en avant des ouvrages intéressants et donc de promouvoir la culture est bien connu. La logique mise en avant est simple : de nombreux livres ne se vendraient pas, et ne seraient donc pas rentables si eux seuls étaient publiés, il faut donc leur adjoindre des livres commerciaux pour que les maisons d’édition gardent la tête hors de l’eau. Je vous le demande, n’est-ce pas là une manière artificielle d’assurer une diffusion nationale ou internationale à des livres ? A l’inverse, en quoi les auteurs ayant mis tout leur cœur, leur talent voire leurs tripes dans un roman et réussissant à se faire publier par de grandes maisons d’édition ne servent-ils pas d’alibi ? Ces maisons peuvent ainsi continuer à publier des livres people ou politique et faire du business en toute quiétude. Si ces maisons ne publiaient que ces livres people ou politique, souvent écrits par des prête-noms littéraires, est-ce qu’à terme, leur image de marque de « grands éditeurs » resterait la même ? La part des choses Il faut tout de même faire la part des choses. De nombreux auteurs, loin de jouer la stratégie du manuscrit envoyé à l’aveugle, établissent le contact lors de salons et ne se font publier que lorsqu’ils sont en confiance, et à des conditions décentes. Dans ce cas, il est vrai, ce sont à des petits éditeurs qu’ils s’adressent, qui n’ont pas toutes les clés du marché. Mais s’ils veulent viser plus haut, s’ils n’ont pas ce qu’on appelle un « nom », plus ils voudront être diffusés, plus ils devront faire de concessions sur les droits d’auteur. Je dois bien l’avouer, depuis que je suis dans le métier, après avoir commencé en tant qu’autoédité, puis m’être fait publier avant de revenir vers la case autoédition, j’ai le sentiment de participer à un jeu dont les règles sont faussées. La perversité du système ne doit pas être imputée uniquement aux financiers ni aux éditeurs, ni à la médiatisation ou à la société de spectacle. La faute, selon moi, revient principalement aux auteurs eux-mêmes, les écrivains en place bien sûr, mais aussi tous les autres, ceux qui se déconsidèrent et méconnaissent le pouvoir qui est le leur. Si les choses doivent changer, de toute façon, c’est par la base que cela se fera. Il y aurait beaucoup moins de déception et de frustration dans la profession si l’on envisageait ce métier, non pas comme une branche du spectacle où 100% des perdants ont tenté leur chance, mais bien comme un artisanat, avec diffusion locale ou régionale de chacun, par l’autoédition s’il le faut et si on le désire, et nationale et internationale uniquement par le biais d’Internet et de la technologie de l’impression à la demande. En définitive, vouloir faire rêver les gens avec le mythe de « l’éditeur-sauveur », la-loterie-magique-de-la-société-spectacle-qui-va-vous-rendre-riche-et-célèbre, vouloir favoriser cela, c’est les entretenir dans l’illusion, les couper de la réalité du marché et susciter des vocations qui, disons les choses comme elles sont, n’ont pas lieu d’être. Ce n’est pas que la littérature doive être réservée à une élite : tous ceux qui veulent en faire profession devraient se confronter à la réalité du métier, à savoir, se faire relire par d’autres personnes, tenir compte des avis, retravailler son texte - et à ce sujet, il est possible de s’appuyer sur des associations telles Cocyclic et/ou de s’entraider via des forums d’auteurs jusqu’à satisfaction mutuelle. Puis, il faudra rechercher le contact avec le public et lui soumettre ses productions, ce qui passe en général par des séances de dédicaces. Nul besoin d’un éditeur pour cela, de nos jours.
Peut-on croire que des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes enverraient chaque année leur manuscrit à des éditeurs en sachant que les chances d’être choisi sont infimes, peut-on croire qu’ils le feraient sans, quelque part, jouer au loto ? Ils tentent leur chance, personne ne saurait le nier. Alors oui, il existe des manuscrits publiés par de grandes maisons d’édition qui arrivent par la poste. Oui, leurs auteurs peuvent connaître le succès. Mais quel est, derrière, le sacrifice que l’on demande à la société ? N’en doutez pas, il est abyssal, c’est celui de dizaines de millions, voire de milliards d’heures de travail. Et ce qui n’est pas comptabilisable représente la partie immergée de l’iceberg. C’est le goût de cendres dans la bouche des auteurs dont le manuscrit est partout rejeté, c’est l’amertume qui monte. On sait qu’à compétences égales, après présélection du comité de lecture, c’est le coup de cœur du directeur de collection qui va faire la différence. Donc, quelque chose d’éminemment subjectif. Qu’est-ce que nous, auteurs, indiquons aux éditeurs, quand nous sommes des dizaines de milliers à leur envoyer des manuscrits dans ces conditions ? C’est simple, nous leur démontrons que le rapport de force leur est extrêmement favorable. Si nous sommes prêts à soumettre entièrement nos millions d’heures de travail réunies à leur seule subjectivité, que ne sommes-nous prêts à accepter d’autre ?
« Je fais du commercial pour pouvoir publier des auteurs intéressants »
L’argument des éditeurs selon lequel ils publient des livres commerciaux pour avoir la possibilité de mettre en avant des ouvrages intéressants et donc de promouvoir la culture est bien connu. La logique mise en avant est simple : de nombreux livres ne se vendraient pas, et ne seraient donc pas rentables si eux seuls étaient publiés, il faut donc leur adjoindre des livres commerciaux pour que les maisons d’édition gardent la tête hors de l’eau. Je vous le demande, n’est-ce pas là une manière artificielle d’assurer une diffusion nationale ou internationale à des livres ? A l’inverse, en quoi les auteurs ayant mis tout leur cœur, leur talent voire leurs tripes dans un roman et réussissant à se faire publier par de grandes maisons d’édition ne servent-ils pas d’alibi ? Ces maisons peuvent ainsi continuer à publier des livres people ou politique et faire du business en toute quiétude. Si ces maisons ne publiaient que ces livres people ou politique, souvent écrits par des prête-noms littéraires, est-ce qu’à terme, leur image de marque de « grands éditeurs » resterait la même ? La part des choses Il faut tout de même faire la part des choses. De nombreux auteurs, loin de jouer la stratégie du manuscrit envoyé à l’aveugle, établissent le contact lors de salons et ne se font publier que lorsqu’ils sont en confiance, et à des conditions décentes. Dans ce cas, il est vrai, ce sont à des petits éditeurs qu’ils s’adressent, qui n’ont pas toutes les clés du marché. Mais s’ils veulent viser plus haut, s’ils n’ont pas ce qu’on appelle un « nom », plus ils voudront être diffusés, plus ils devront faire de concessions sur les droits d’auteur. Je dois bien l’avouer, depuis que je suis dans le métier, après avoir commencé en tant qu’autoédité, puis m’être fait publier avant de revenir vers la case autoédition, j’ai le sentiment de participer à un jeu dont les règles sont faussées. La perversité du système ne doit pas être imputée uniquement aux financiers ni aux éditeurs, ni à la médiatisation ou à la société de spectacle. La faute, selon moi, revient principalement aux auteurs eux-mêmes, les écrivains en place bien sûr, mais aussi tous les autres, ceux qui se déconsidèrent et méconnaissent le pouvoir qui est le leur. Si les choses doivent changer, de toute façon, c’est par la base que cela se fera. Il y aurait beaucoup moins de déception et de frustration dans la profession si l’on envisageait ce métier, non pas comme une branche du spectacle où 100% des perdants ont tenté leur chance, mais bien comme un artisanat, avec diffusion locale ou régionale de chacun, par l’autoédition s’il le faut et si on le désire, et nationale et internationale uniquement par le biais d’Internet et de la technologie de l’impression à la demande. En définitive, vouloir faire rêver les gens avec le mythe de « l’éditeur-sauveur », la-loterie-magique-de-la-société-spectacle-qui-va-vous-rendre-riche-et-célèbre, vouloir favoriser cela, c’est les entretenir dans l’illusion, les couper de la réalité du marché et susciter des vocations qui, disons les choses comme elles sont, n’ont pas lieu d’être. Ce n’est pas que la littérature doive être réservée à une élite : tous ceux qui veulent en faire profession devraient se confronter à la réalité du métier, à savoir, se faire relire par d’autres personnes, tenir compte des avis, retravailler son texte - et à ce sujet, il est possible de s’appuyer sur des associations telles Cocyclic et/ou de s’entraider via des forums d’auteurs jusqu’à satisfaction mutuelle. Puis, il faudra rechercher le contact avec le public et lui soumettre ses productions, ce qui passe en général par des séances de dédicaces. Nul besoin d’un éditeur pour cela, de nos jours.
Published on October 01, 2014 09:54
September 30, 2014
[Archive 11/04/2010] Récriminer ou être un mouton
Lorsqu'on est auteur édité, on a parfois l'impression qu'il existe peu d'alternatives entre les mille et une raisons que l'on aurait de récriminer contre son éditeur ou bien le fait de demeurer passif, dans la position du mouton qui attend d'être tondu. D'autres voies existent cependant, qui méritent d'être explorées...
Examinons tout d'abord les motifs de récrimination que l'on pourrait avoir contre les éditeurs. Cela pourra paraître surprenant qu'il puisse en exister, puisque, dans un contexte où il est si difficile de se faire publier, les éditeurs peuvent apparaître comme les hommes et les femmes providentiels, les grands philanthropes de notre temps. En un mot, les sauveurs. Mais, que voulez-vous, la nature humaine est ainsi faite, et nous autres auteurs sommes des êtres si ingrats... Voici donc une petite liste, non exhaustive, de motifs de reproches (reproches qui, pour n'être pas toujours exprimés, n'en existent pas moins, à des degrés variables d'intensité) : - la marge auteur, c'est à dire l'argent touché pour chaque livre vendu, qui avec certains éditeurs, peut atteindre les 2% du prix du livre pour l'auteur et se situe plus généralement aux alentours de 8 ou 10% (ce qui reste inférieur à ce que va toucher, par exemple, le distributeur, celui qui transporte le livre jusqu'aux divers points de vente, avec 12 ou 14%) - la qualité de la couverture, ce qui peut correspondre, si l'on affine, au choix de l'illustrateur/trice et/ou à la qualité d'impression de la couverture (et donc, au choix de l'imprimeur) - la mise en page et la typographie - la qualité d'impression (ce qui revient à dire, le choix de l'imprimeur) - la qualité des corrections effectuées sur le manuscrit - l'appui proprement littéraire (relecture sur le fond, cohérence, intérêt de l'intrigue, du suspense, qualité du style, conseils, etc.) - la promotion (publicité presse écrite, radio, TV et Internet, envoi d'exemplaires en Service Presse) - l'absence d'événement de lancement au moment de la sortie du livre (salon ou même simple séance de dédicaces dans une librairie) - le défaut de participation aux grands événements littéraires de la saison - le défaut de participation à quelque événement que ce soit - être placé, lorsqu'on participe à un salon, juste en face d'une fenêtre, au fond de la salle, oui, là-bas, derrière les grands panneaux d'un autre éditeur (l'éditeur aura mal négocié la place...) - de manière plus générale, les problèmes d'intendance ou la mauvaise organisation (souvent lié à un événement littéraire) - ne pas être défrayé quand on va sur un salon, devoir payer l'hôtel - l'éditeur ne veut pas que l'on travaille avec un agent littéraire - l'absence de reddition des comptes (nombre de livres vendus, annonce d'un retirage...) - le manque ou l'absence totale de communication - le fait de ne pas être payé ou de l'être avec du retard - le manque de respect - l'absence d'exploitation de votre livre, ou l'interruption de son exploitation Sans pour autant se transformer en mouton, un bon moyen de réduire si ce n'est de supprimer la plupart de ces petites aigreurs consiste à mettre en rapport les moyens de son éditeur avec les objectifs désirés. Le principe de réalité permet ainsi d'évacuer les exigences les plus utopistes. Méfions-nous cependant, car certains des reproches évoqués plus haut (et évidemment le dernier) constituent clairement des motifs de rupture de contrat. Il convient aussi d'avoir une appréciation claire de ce dont est capable votre éditeur, ce qui est loin d'être toujours aisé (notamment pour tout ce qui ressort des possibilités financières). L'une des voies dont je parlais plus haut pour éviter de trop récriminer contre son éditeur est évidemment l'investissement personnel, qui nous amène à nous battre, à ses côtés ou de notre côté, pour la promotion de l'ouvrage. L'action évite ainsi de trop cogiter, et si une vraie relation de confiance existe, le sentiment d'être un mouton qui attend qu'on vienne lui prendre sa laine n'aura aucune raison de venir hanter vos nuits. Poussé à son paroxysme, cet investissement personnel peut se transformer, par exemple en cas de défaillance complète de l'éditeur, au final, en quelque chose de bien différent. Honnie par certains, acclamée par d'autres, je veux parler de l'autoédition. Il ne sera pas question ici de l'édition à compte d'auteur, déguisé ou non, mais bien de l'autoédition telle qu'ont pu la pratiquer, en leur temps, Denis Diderot et bien d'autres. Sans vouloir parer cette formule de toutes les vertus, il est difficile de ne pas reconnaître son côté dynamisant : les motifs de récrimination cités plus haut "sautent" tous d'un coup (à moins de vouloir se morigéner), et s'il peut malgré tout arriver de récriminer contre d'autres personnes (l'imprimeur, par exemple, ou les libraires s'ils ne paient pas les factures à temps), c'est de manière beaucoup plus dispersée. La charge de travail est évidemment considérable, ce qui a l'immense avantage, avec l'expérience, de pouvoir mieux comprendre quelle peut être la marge de manoeuvre d'un petit éditeur - pour les gros, mieux vaudra travailler en tant que comptable à leur service pour s'en faire une idée, ce qui n'est évidemment guère compatible avec l'autoédition. Beaucoup ne voudront pas se priver du fantasme de "l'éditeur qui va me rendre célèbre". Les rêves, les utopies sont précieuses et nous font souvent avancer. A ceux-là, il restera donc à réussir, et à devenir un auteur d'un tel renom, dont les best-seller s'empileront avec un tel poids et une telle régularité qu'un seul froncement de sourcils envers son agent devrait lui suffire à faire sauter tous les motifs de récrimination avant même qu'ils n'émergent. C'est une autre voie pour éviter les deux écueils à la fois, mais pas la plus facile...
Examinons tout d'abord les motifs de récrimination que l'on pourrait avoir contre les éditeurs. Cela pourra paraître surprenant qu'il puisse en exister, puisque, dans un contexte où il est si difficile de se faire publier, les éditeurs peuvent apparaître comme les hommes et les femmes providentiels, les grands philanthropes de notre temps. En un mot, les sauveurs. Mais, que voulez-vous, la nature humaine est ainsi faite, et nous autres auteurs sommes des êtres si ingrats... Voici donc une petite liste, non exhaustive, de motifs de reproches (reproches qui, pour n'être pas toujours exprimés, n'en existent pas moins, à des degrés variables d'intensité) : - la marge auteur, c'est à dire l'argent touché pour chaque livre vendu, qui avec certains éditeurs, peut atteindre les 2% du prix du livre pour l'auteur et se situe plus généralement aux alentours de 8 ou 10% (ce qui reste inférieur à ce que va toucher, par exemple, le distributeur, celui qui transporte le livre jusqu'aux divers points de vente, avec 12 ou 14%) - la qualité de la couverture, ce qui peut correspondre, si l'on affine, au choix de l'illustrateur/trice et/ou à la qualité d'impression de la couverture (et donc, au choix de l'imprimeur) - la mise en page et la typographie - la qualité d'impression (ce qui revient à dire, le choix de l'imprimeur) - la qualité des corrections effectuées sur le manuscrit - l'appui proprement littéraire (relecture sur le fond, cohérence, intérêt de l'intrigue, du suspense, qualité du style, conseils, etc.) - la promotion (publicité presse écrite, radio, TV et Internet, envoi d'exemplaires en Service Presse) - l'absence d'événement de lancement au moment de la sortie du livre (salon ou même simple séance de dédicaces dans une librairie) - le défaut de participation aux grands événements littéraires de la saison - le défaut de participation à quelque événement que ce soit - être placé, lorsqu'on participe à un salon, juste en face d'une fenêtre, au fond de la salle, oui, là-bas, derrière les grands panneaux d'un autre éditeur (l'éditeur aura mal négocié la place...) - de manière plus générale, les problèmes d'intendance ou la mauvaise organisation (souvent lié à un événement littéraire) - ne pas être défrayé quand on va sur un salon, devoir payer l'hôtel - l'éditeur ne veut pas que l'on travaille avec un agent littéraire - l'absence de reddition des comptes (nombre de livres vendus, annonce d'un retirage...) - le manque ou l'absence totale de communication - le fait de ne pas être payé ou de l'être avec du retard - le manque de respect - l'absence d'exploitation de votre livre, ou l'interruption de son exploitation Sans pour autant se transformer en mouton, un bon moyen de réduire si ce n'est de supprimer la plupart de ces petites aigreurs consiste à mettre en rapport les moyens de son éditeur avec les objectifs désirés. Le principe de réalité permet ainsi d'évacuer les exigences les plus utopistes. Méfions-nous cependant, car certains des reproches évoqués plus haut (et évidemment le dernier) constituent clairement des motifs de rupture de contrat. Il convient aussi d'avoir une appréciation claire de ce dont est capable votre éditeur, ce qui est loin d'être toujours aisé (notamment pour tout ce qui ressort des possibilités financières). L'une des voies dont je parlais plus haut pour éviter de trop récriminer contre son éditeur est évidemment l'investissement personnel, qui nous amène à nous battre, à ses côtés ou de notre côté, pour la promotion de l'ouvrage. L'action évite ainsi de trop cogiter, et si une vraie relation de confiance existe, le sentiment d'être un mouton qui attend qu'on vienne lui prendre sa laine n'aura aucune raison de venir hanter vos nuits. Poussé à son paroxysme, cet investissement personnel peut se transformer, par exemple en cas de défaillance complète de l'éditeur, au final, en quelque chose de bien différent. Honnie par certains, acclamée par d'autres, je veux parler de l'autoédition. Il ne sera pas question ici de l'édition à compte d'auteur, déguisé ou non, mais bien de l'autoédition telle qu'ont pu la pratiquer, en leur temps, Denis Diderot et bien d'autres. Sans vouloir parer cette formule de toutes les vertus, il est difficile de ne pas reconnaître son côté dynamisant : les motifs de récrimination cités plus haut "sautent" tous d'un coup (à moins de vouloir se morigéner), et s'il peut malgré tout arriver de récriminer contre d'autres personnes (l'imprimeur, par exemple, ou les libraires s'ils ne paient pas les factures à temps), c'est de manière beaucoup plus dispersée. La charge de travail est évidemment considérable, ce qui a l'immense avantage, avec l'expérience, de pouvoir mieux comprendre quelle peut être la marge de manoeuvre d'un petit éditeur - pour les gros, mieux vaudra travailler en tant que comptable à leur service pour s'en faire une idée, ce qui n'est évidemment guère compatible avec l'autoédition. Beaucoup ne voudront pas se priver du fantasme de "l'éditeur qui va me rendre célèbre". Les rêves, les utopies sont précieuses et nous font souvent avancer. A ceux-là, il restera donc à réussir, et à devenir un auteur d'un tel renom, dont les best-seller s'empileront avec un tel poids et une telle régularité qu'un seul froncement de sourcils envers son agent devrait lui suffire à faire sauter tous les motifs de récrimination avant même qu'ils n'émergent. C'est une autre voie pour éviter les deux écueils à la fois, mais pas la plus facile...
Published on September 30, 2014 01:50
September 29, 2014
[Archive 9/11/2012] Les DRM facultatifs chez Numilog
Après avoir appris l'existence d'un onglet "sans DRM" sur le site de ventes d'ebooks Numilog, j'ai contacté par l'entremise de Facebook et du site jepublie.com l'une des personnes en charge des relations avec les autoéditeurs pour obtenir plus de précisions. Il en ressort que les DRM sont bel et bien devenus facultatifs chez Numilog.
C'est une évolution très importante, qui montre, à l'instar de ce qui s'est passé aux Etats-Unis avec l'éditeur Tor (filiale de l'un des Big 6, Macmillan) que le non-DRM gagne du terrain. Et franchement, je m'en réjouis, car cela montre que certains parmi les milieux traditionnels de l'édition prennent en compte ce qui s'est passé avec la musique, et comprennent que ce n'est pas en entravant les lecteurs que l'on s'attire leurs faveurs.
Il est encore suffisamment tôt, en France, pour développer cette politique anti-DRM qui, conjuguée à des prix abordables et à une éventuelle présence en bibliothèque (à condition que le prêt d'ebooks en bibliothèque soit tout de même plus contraignant que l'achat en ligne), devrait permettre d'éviter le piratage à tout-va.
A partir du moment où le piratage devient la norme, il ne faut pas s'étonner que les gens s'éduquent à l'idée fausse que le numérique doit être gratuit.
Qu'une immense partie du numérique soit gratuite (ebooks libre de droits), je trouve cela formidable, que l'on puisse trouver sur des sites des documents ou des livres qui ne sont plus exploités par les éditeurs ou les auteurs est une excellente chose, mais désolé, tout travail mérite salaire, à mon sens. Ou alors, on instaure un revenu universel plus conséquent que le RSA. Nous n'en sommes pas encore là.
Pour en revenir à Numilog, en principe, plus rien ne s'oppose donc à ce que l'on y trouve mes ebooks. Sauf que. Sauf que Numilog fait toujours payer des forfaits (un auteur m'a parlé de 80 € pour un fichier epub) pour intégrer les fichiers ebooks à son site. Sauf que les revenus d'auteur n'y sont que de 50%.
Voici donc ce que j'ai répondu par e-mail en substance en guise de conclusion à nos échanges : Après mûre réflexion, j'ai décidé de ne pas travailler avec vous pour le moment : les redevances d'auteur sont inférieures chez Numilog à celles de grands concurrents comme Amazon, Apple ou Kobo, qui offrent 70%. Ces trois concurrents ne font payer aucun forfait sur les ebooks aux auteurs et éditeurs. La possibilité de télécharger des extraits existe aussi chez ces concurrents, et compense l'absence de la fonction particulière de feuilletage (qui existe pour les livres papier chez Amazon). Et enfin, le fait que Numilog ait développé des applications pour Android et Apple ne compense pas l'absence de liseuse dédiée liée exclusivement à Numilog comme Chapitre.com peut par exemple l'être à Sony, ou Cultura.fr à Bookeen.
Le changement par rapport aux DRM est une évolution positive que je salue, mais désolé, cela ne suffit pas en ce qui me concerne.
Des sites comme Amazon tiennent compte des retours de leurs développeurs ou partenaires, et je suis presque certain que Numilog sera réceptif à mes critiques et remarques. Je ne suis en la matière que le porte-parole d'une logique de marché et de compétitivité implacable. Cette même logique qui a si souvent joué contre les auteurs...
C'est une évolution très importante, qui montre, à l'instar de ce qui s'est passé aux Etats-Unis avec l'éditeur Tor (filiale de l'un des Big 6, Macmillan) que le non-DRM gagne du terrain. Et franchement, je m'en réjouis, car cela montre que certains parmi les milieux traditionnels de l'édition prennent en compte ce qui s'est passé avec la musique, et comprennent que ce n'est pas en entravant les lecteurs que l'on s'attire leurs faveurs.
Il est encore suffisamment tôt, en France, pour développer cette politique anti-DRM qui, conjuguée à des prix abordables et à une éventuelle présence en bibliothèque (à condition que le prêt d'ebooks en bibliothèque soit tout de même plus contraignant que l'achat en ligne), devrait permettre d'éviter le piratage à tout-va.
A partir du moment où le piratage devient la norme, il ne faut pas s'étonner que les gens s'éduquent à l'idée fausse que le numérique doit être gratuit.
Qu'une immense partie du numérique soit gratuite (ebooks libre de droits), je trouve cela formidable, que l'on puisse trouver sur des sites des documents ou des livres qui ne sont plus exploités par les éditeurs ou les auteurs est une excellente chose, mais désolé, tout travail mérite salaire, à mon sens. Ou alors, on instaure un revenu universel plus conséquent que le RSA. Nous n'en sommes pas encore là.
Pour en revenir à Numilog, en principe, plus rien ne s'oppose donc à ce que l'on y trouve mes ebooks. Sauf que. Sauf que Numilog fait toujours payer des forfaits (un auteur m'a parlé de 80 € pour un fichier epub) pour intégrer les fichiers ebooks à son site. Sauf que les revenus d'auteur n'y sont que de 50%.
Voici donc ce que j'ai répondu par e-mail en substance en guise de conclusion à nos échanges : Après mûre réflexion, j'ai décidé de ne pas travailler avec vous pour le moment : les redevances d'auteur sont inférieures chez Numilog à celles de grands concurrents comme Amazon, Apple ou Kobo, qui offrent 70%. Ces trois concurrents ne font payer aucun forfait sur les ebooks aux auteurs et éditeurs. La possibilité de télécharger des extraits existe aussi chez ces concurrents, et compense l'absence de la fonction particulière de feuilletage (qui existe pour les livres papier chez Amazon). Et enfin, le fait que Numilog ait développé des applications pour Android et Apple ne compense pas l'absence de liseuse dédiée liée exclusivement à Numilog comme Chapitre.com peut par exemple l'être à Sony, ou Cultura.fr à Bookeen.
Le changement par rapport aux DRM est une évolution positive que je salue, mais désolé, cela ne suffit pas en ce qui me concerne.
Des sites comme Amazon tiennent compte des retours de leurs développeurs ou partenaires, et je suis presque certain que Numilog sera réceptif à mes critiques et remarques. Je ne suis en la matière que le porte-parole d'une logique de marché et de compétitivité implacable. Cette même logique qui a si souvent joué contre les auteurs...
Published on September 29, 2014 01:16
September 28, 2014
[Archive 21/04/2012] Le spectre des DRM
Dans la panoplie d'arguments cités par les détracteurs de l'ebook, l'on avance souvent les DRM (Digital Rights Management, verrous numériques). Et pour faire bien peur, on cite la possibilité pour Amazon d'effacer des lecteurs d'ebooks des livres déjà achetés, par le biais de ces DRM. Scandaleux, n'est-ce pas ? Or, on oublie une chose : Amazon donne la possibilité aux éditeurs de mettre ou non des DRM. Ils ont le choix.
A ma connaissance, l'un des rivaux d'Amazon, le Nook de Barnes & Noble, impose les DRM à tous les auteurs indépendants et éditeurs qui y mettent en ligne leurs ebooks. De même, la plate-forme de vente en ligne Numilog impose les DRM pour tous les ebooks qui y sont vendus. Et qui retrouve-t-on derrière Numilog ? Le groupe Hachette. [EDIT] : Numilog vient d'être rétrocédé à son fondateur, Denis Zwirn. La nouvelle date du 17 avril. Source : Cnet . Je m'en réjouis, et ce n'est pas trop tôt. Néanmoins, mon argumentaire reste valide, puisqu'on ne connait pas encore la politique que mettra en place Denis Zwirn.
Dans les romans policiers, les détectives recherchent toujours le mobile du crime. Qui a intérêt à imposer un contrôle maximal pour lutter contre le piratage ? Les éditeurs, bien sûr. Encore qu'il n'est pas sûr que leur véritable intérêt soit bien compris d'eux-mêmes, ni de leurs auteurs. Amazon a eu l'intelligence de permettre aux éditeurs, et aux auteurs indépendants, de ne pas mettre de DRM sur leurs ebooks. Je crois qu'il est important de le rappeler ici, étant donné certaines infos qui circulent, y compris sur des sites comme ActuaLitté.
Le plus grand défaut du site d'Amazon vient à mon sens de l'absence d'indication "avec ou sans DRM", c'est pourquoi, pour mes propres ebooks vendus chez eux, j'ai fait le choix de mentionner dans la présentation qu'ils sont vendus sans DRM.
Attention aussi à ne pas faire l'amalgame entre DRM et format propriétaire. Amazon impose un format propriétaire : en conséquence, vos ebooks Kindle ne pourront être lus sur d'autres lecteurs d'ebooks que si vous vous servez d'un logiciel gratuit comme calibre pour les convertir au format epub, le plus universel. Les DRM empêchent la conversion en un autre format. Et vous ne pourrez rapatrier des epubs sur votre Kindle qu'en les convertissant en format prc mobi ou azw (formats amazon).
D'autres concurrents utilisent des systèmes propriétaires, comme Apple ou Barnes & Noble. Ces systèmes visent à fidéliser les lecteurs. C'est cette stratégie qui a d'ailleurs historiquement permis à Apple de survivre contre Microsoft et Windows. Dans le cadre des ebooks, je n'y suis pas favorable personnellement, puisque les formats propriétaires nuisent à la liberté des lecteurs.
Mais il faut être réaliste : toutes les personnes ne sauront ou ne voudront utiliser un logiciel comme calibre. Tout le monde n'aime pas "mettre les mains dans le cambouis". Tout le monde n'est pas geek. Si vous êtes un lecteur non geek, que vous recherchez la compatibilité et êtes prioritairement intéressés par les ebooks gratuits, j'aurais tendance à vous conseiller une liseuse numérique de type Bookeen, Sony ou Kobo.
Si vous êtes non geek et que vous cherchez à lire les dernières nouveautés de librairie, en français ou en anglais, je recommanderais le Kindle. Pas forcément à cause de l'appareil en lui-même, mais parce que l'écosystème du site d'Amazon est supérieur à tous les autres. Meilleure navigabilité, plus grand choix de livres, etc.
A ce sujet, cela tombe bien, les nouveaux Kindle Touch et Kindle 3G sortent aujourd'hui . Amazon a avancé sa date de sortie d'une semaine. A noter qu'il y a aussi des ebooks gratuits sur les sites marchands que sont Kobobooks et Amazon, entre autres.
Enfin, si vous êtes un geek, vous irez forcément vers les liseuses assurant le plus de compatibilité, donc les Bookeen, Sony, Kobo, ou autres capables de lire directement de l'epub. Quitte à récupérer ensuite des ebooks que vous ne pouvez trouver que sur Amazon pour les convertir sur votre liseuse grâce à Calibre.
Dernier conseil : lisez les extraits de livres avant d'acheter. Des sites comme Kobobooks et Amazon, contrairement au site de la Fnac.fr, donnent la possibilité de télécharger directement sur votre liseuse les extraits d'ebooks. Profitez-en pour tester les auteurs que vous ne connaissez pas. Le cas échéant, n'hésitez pas à vous rendre sur leur site personnel, pour savoir ce qu'ils font d'autre. Et si vous souhaitez vraiment encourager les auteurs indépendants, vous pouvez même acquérir leurs ebooks sur leur site !
Sur le mien, par exemple , vous trouverez les deux formats, Mobi et epub. ;)
A ma connaissance, l'un des rivaux d'Amazon, le Nook de Barnes & Noble, impose les DRM à tous les auteurs indépendants et éditeurs qui y mettent en ligne leurs ebooks. De même, la plate-forme de vente en ligne Numilog impose les DRM pour tous les ebooks qui y sont vendus. Et qui retrouve-t-on derrière Numilog ? Le groupe Hachette. [EDIT] : Numilog vient d'être rétrocédé à son fondateur, Denis Zwirn. La nouvelle date du 17 avril. Source : Cnet . Je m'en réjouis, et ce n'est pas trop tôt. Néanmoins, mon argumentaire reste valide, puisqu'on ne connait pas encore la politique que mettra en place Denis Zwirn.
Dans les romans policiers, les détectives recherchent toujours le mobile du crime. Qui a intérêt à imposer un contrôle maximal pour lutter contre le piratage ? Les éditeurs, bien sûr. Encore qu'il n'est pas sûr que leur véritable intérêt soit bien compris d'eux-mêmes, ni de leurs auteurs. Amazon a eu l'intelligence de permettre aux éditeurs, et aux auteurs indépendants, de ne pas mettre de DRM sur leurs ebooks. Je crois qu'il est important de le rappeler ici, étant donné certaines infos qui circulent, y compris sur des sites comme ActuaLitté.
Le plus grand défaut du site d'Amazon vient à mon sens de l'absence d'indication "avec ou sans DRM", c'est pourquoi, pour mes propres ebooks vendus chez eux, j'ai fait le choix de mentionner dans la présentation qu'ils sont vendus sans DRM.
Attention aussi à ne pas faire l'amalgame entre DRM et format propriétaire. Amazon impose un format propriétaire : en conséquence, vos ebooks Kindle ne pourront être lus sur d'autres lecteurs d'ebooks que si vous vous servez d'un logiciel gratuit comme calibre pour les convertir au format epub, le plus universel. Les DRM empêchent la conversion en un autre format. Et vous ne pourrez rapatrier des epubs sur votre Kindle qu'en les convertissant en format prc mobi ou azw (formats amazon).
D'autres concurrents utilisent des systèmes propriétaires, comme Apple ou Barnes & Noble. Ces systèmes visent à fidéliser les lecteurs. C'est cette stratégie qui a d'ailleurs historiquement permis à Apple de survivre contre Microsoft et Windows. Dans le cadre des ebooks, je n'y suis pas favorable personnellement, puisque les formats propriétaires nuisent à la liberté des lecteurs.
Mais il faut être réaliste : toutes les personnes ne sauront ou ne voudront utiliser un logiciel comme calibre. Tout le monde n'aime pas "mettre les mains dans le cambouis". Tout le monde n'est pas geek. Si vous êtes un lecteur non geek, que vous recherchez la compatibilité et êtes prioritairement intéressés par les ebooks gratuits, j'aurais tendance à vous conseiller une liseuse numérique de type Bookeen, Sony ou Kobo.
Si vous êtes non geek et que vous cherchez à lire les dernières nouveautés de librairie, en français ou en anglais, je recommanderais le Kindle. Pas forcément à cause de l'appareil en lui-même, mais parce que l'écosystème du site d'Amazon est supérieur à tous les autres. Meilleure navigabilité, plus grand choix de livres, etc.
A ce sujet, cela tombe bien, les nouveaux Kindle Touch et Kindle 3G sortent aujourd'hui . Amazon a avancé sa date de sortie d'une semaine. A noter qu'il y a aussi des ebooks gratuits sur les sites marchands que sont Kobobooks et Amazon, entre autres.
Enfin, si vous êtes un geek, vous irez forcément vers les liseuses assurant le plus de compatibilité, donc les Bookeen, Sony, Kobo, ou autres capables de lire directement de l'epub. Quitte à récupérer ensuite des ebooks que vous ne pouvez trouver que sur Amazon pour les convertir sur votre liseuse grâce à Calibre.
Dernier conseil : lisez les extraits de livres avant d'acheter. Des sites comme Kobobooks et Amazon, contrairement au site de la Fnac.fr, donnent la possibilité de télécharger directement sur votre liseuse les extraits d'ebooks. Profitez-en pour tester les auteurs que vous ne connaissez pas. Le cas échéant, n'hésitez pas à vous rendre sur leur site personnel, pour savoir ce qu'ils font d'autre. Et si vous souhaitez vraiment encourager les auteurs indépendants, vous pouvez même acquérir leurs ebooks sur leur site !
Sur le mien, par exemple , vous trouverez les deux formats, Mobi et epub. ;)
Published on September 28, 2014 07:17
September 27, 2014
[Archive 23/10/2012] Dupliquez vos ebooks !
Etant données les possibilités d'achat à distance qu'offrent à présent les liseuses numériques connectées, étant donnés les services de "cloud computing" qui permettent de stocker des Gigas de données sur des serveurs dédiés, on pourrait aisément se demander à quoi sert l'espace de stockage de nos ordinateurs ou disques durs personnels. L'exemple de cette cliente norvégienne (Linn Jordet Nygaard) qui stockait tous ses ebooks sur son Kindle et qui s'est vu effacer son compte par Amazon pour un problème de règlement intérieur nous enseigne que nos disques dur et autres clés USB déconnectés sont encore, et pour un bon bout de temps, précieux.
Le Big brother du numérique va-t-il vous spolier de vos ebooks ? L'ogre capitaliste menace-t-il de régner en despote sur le contenu de vos liseuses numériques ? Sur Internet, il est facile de monter en épingle un fait isolé comme la déconvenue brutale dont a été victime Linn Jordet Nygaard.
Pourtant, si l'on y réfléchit deux secondes, on se rend compte que la prise de contrôle de données via les DRM (protections numériques) d'une liseuse connectée n'est que l'un des aspects du problème. Le fait de stocker tous ses ebooks au même endroit, dans sa liseuse, peut aussi entraîner le même type de désagrément, en cas de perte de l'appareil par exemple.
Pour se débarrasser des DRM, on peut, comme l'indique le site Actualitté, faire appel à certaines ressources sur le net . Mais pour être sûr d'avoir son ebook en double, on peut décider de l'acheter systématiquement à partir de son ordinateur de bureau, pour ne le transférer que dans un deuxième temps dans son Kindle ou Kobo ou autre (pour Amazon, le dossier où l'on retrouve ses ebooks se nomme My Kindle content sur son ordinateur).
Ou bien, lorsqu'on recharge sa liseuse (en la branchant via un câble USB à son ordinateur), on peut en profiter pour copier tous les fichiers ebooks de sa liseuse dans le disque dur de l'ordinateur, en créant un dossier ebooks. On peut aussi dans un deuxième temps, précaution supplémentaire, transférer le tout dans une clé USB dédiée, ou sur un disque dur externe. Cela marchera à condition que ces fichiers ebooks n'embarquent pas de DRM.
D'où l'importance d'acheter des ebooks sans DRM. Amazon.fr est le site où l'on aura le plus de chance de les y trouver, car les auteurs indépendants y sont mis en avant en fonction de leurs ventes (système d'algorithme propre à Amazon). Il suffit de regarder le top 100 des ventes Kindle sur Amazon.fr pour s'en persuader. Or, les indépendants vendent le plus souvent sans DRM.
Sur les sites de la Fnac ou de Kobo, ce sont les ouvrages des grandes maison d'édition qui sont mis en avant. A de rares exceptions près, les maisons d'édition en question privilégient les ebooks avec DRM, que vous ne pourrez pas copier si facilement. Eh oui.
Je regrette toutefois qu'Amazon ne signale pas clairement sur son site les ebooks avec ou sans DRM. [EDIT 27/09/2014] : en fait, Amazon le signale: voir cet article ] C'est pourquoi, comme le savent les fidèles de ce blog puisque c'est un sujet récurrent, je précise au début des présentations de mes ebooks qu'ils sont vendus sans DRM . Après, chacun fait comme il veut, mais je trouve cela plus clair pour tout le monde.
Le Big brother du numérique va-t-il vous spolier de vos ebooks ? L'ogre capitaliste menace-t-il de régner en despote sur le contenu de vos liseuses numériques ? Sur Internet, il est facile de monter en épingle un fait isolé comme la déconvenue brutale dont a été victime Linn Jordet Nygaard.
Pourtant, si l'on y réfléchit deux secondes, on se rend compte que la prise de contrôle de données via les DRM (protections numériques) d'une liseuse connectée n'est que l'un des aspects du problème. Le fait de stocker tous ses ebooks au même endroit, dans sa liseuse, peut aussi entraîner le même type de désagrément, en cas de perte de l'appareil par exemple.
Pour se débarrasser des DRM, on peut, comme l'indique le site Actualitté, faire appel à certaines ressources sur le net . Mais pour être sûr d'avoir son ebook en double, on peut décider de l'acheter systématiquement à partir de son ordinateur de bureau, pour ne le transférer que dans un deuxième temps dans son Kindle ou Kobo ou autre (pour Amazon, le dossier où l'on retrouve ses ebooks se nomme My Kindle content sur son ordinateur).
Ou bien, lorsqu'on recharge sa liseuse (en la branchant via un câble USB à son ordinateur), on peut en profiter pour copier tous les fichiers ebooks de sa liseuse dans le disque dur de l'ordinateur, en créant un dossier ebooks. On peut aussi dans un deuxième temps, précaution supplémentaire, transférer le tout dans une clé USB dédiée, ou sur un disque dur externe. Cela marchera à condition que ces fichiers ebooks n'embarquent pas de DRM.
D'où l'importance d'acheter des ebooks sans DRM. Amazon.fr est le site où l'on aura le plus de chance de les y trouver, car les auteurs indépendants y sont mis en avant en fonction de leurs ventes (système d'algorithme propre à Amazon). Il suffit de regarder le top 100 des ventes Kindle sur Amazon.fr pour s'en persuader. Or, les indépendants vendent le plus souvent sans DRM.
Sur les sites de la Fnac ou de Kobo, ce sont les ouvrages des grandes maison d'édition qui sont mis en avant. A de rares exceptions près, les maisons d'édition en question privilégient les ebooks avec DRM, que vous ne pourrez pas copier si facilement. Eh oui.
Je regrette toutefois qu'Amazon ne signale pas clairement sur son site les ebooks avec ou sans DRM. [EDIT 27/09/2014] : en fait, Amazon le signale: voir cet article ] C'est pourquoi, comme le savent les fidèles de ce blog puisque c'est un sujet récurrent, je précise au début des présentations de mes ebooks qu'ils sont vendus sans DRM . Après, chacun fait comme il veut, mais je trouve cela plus clair pour tout le monde.
Published on September 27, 2014 09:23
September 25, 2014
[Archive 21/09/2013] Comment repérer sur Amazon les ebooks "verrouillés"
Excellente nouvelle, il existe un moyen très simple de distinguer sur le Kindle Store d'Amazon (boutique Kindle) les ebooks verrouillés des non verrouillés, c'est à dire dépourvus de DRM - les fameuses protections numériques qui en empêchent le transfert ou la conversion lorsque l'on change d'appareil. Mon conseil : privilégiez les ebooks sans DRM!
Je ne l'ai appris qu'hier, et bien sûr, je vous en fais part aussitôt, à vous, fidèles lecteurs de ce blog : sur la boutique Kindle d'Amazon, en dessous de la description des livres, dans le pavé Détails sur le produit, si vous voyez apparaître la mention : Utilisation simultanée de l'appareil : illimité , c'est que vous avez affaire à un ebook sans DRM, c'est à dire sans protection numérique.
Si vous ne voyez apparaître aucune mention Utilisation simultanée de l'appareil : illimité, c'est que c'est un ebook avec DRM, donc verrouillé. C'est ce type d'ebook qu'Amazon ou d'autres distributeurs comme Google ont le pouvoir de retirer de votre liseuse à volonté, si vous ne respectez pas certaines conditions comme... le passage de frontières ! Ne croyez pas que je fabule, cela s'est déjà produit .
Il s'agit de la quatrième ligne en partant du haut
J'avoue que je n'ai pas résisté à l'envie de vérifier si certains de mes collègues auteurs et petites maisons d'édition publiaient avec ou sans DRM. Et on est parfois surpris... Je peux en tout cas vous le garantir, mes ebooks sont sans DRM .
Juste au moment où j'apprenais cela, une nouvelle étonnante concernant les DRM m'est parvenue : la proposition de la députée d'Europe Ecologie Les Verts Isabelle Attard de taxer les ebooks avec DRM à 19,6% et non 5,5% .
En effet, un livre avec DRM ne serait plus un livre mais un service, d'après Isabelle Attard. Et cela paraît effectivement logique. Etonnant que personne n'y ait pensé avant elle.
Une excellente proposition à mon avis, et qui risque bien de déranger de gros poissons. Car qui, d'après vous, met en place les DRM?
Eh bien, deux types d'acteurs sont responsables :
- les distributeurs comme Amazon, Apple, Kobo ou Google, qui en permettent la mise en place au niveau des systèmes d'exploitation de leurs appareils
- les éditeurs : ils ont le choix ou non d'appliquer les DRM.
Je dirais que la responsabilité des DRM revient à 70% aux éditeurs et à 30% aux distributeurs. Parce que ce sont les éditeurs qui ont le dernier mot à ce sujet. Donc, dans l'hypothèse (à mon avis utopique, mais on peut rêver), où la proposition d'Isabelle Attard serait validée par les autorités en place, le paiement de la taxe devrait être réparti à 70/30 entre les deux. Ou bien à 50/50, si l'on veut couper la poire en deux pour ne pas s'aliéner irrévocablement les uns ou les autres.
Cela rendrait les ebooks avec DRM encore plus chers et impopulaires, mais nous permettrait peut-être à terme de bannir ces mauvaises herbes numériques. Qu'en pensez-vous?
Je ne l'ai appris qu'hier, et bien sûr, je vous en fais part aussitôt, à vous, fidèles lecteurs de ce blog : sur la boutique Kindle d'Amazon, en dessous de la description des livres, dans le pavé Détails sur le produit, si vous voyez apparaître la mention : Utilisation simultanée de l'appareil : illimité , c'est que vous avez affaire à un ebook sans DRM, c'est à dire sans protection numérique.
Si vous ne voyez apparaître aucune mention Utilisation simultanée de l'appareil : illimité, c'est que c'est un ebook avec DRM, donc verrouillé. C'est ce type d'ebook qu'Amazon ou d'autres distributeurs comme Google ont le pouvoir de retirer de votre liseuse à volonté, si vous ne respectez pas certaines conditions comme... le passage de frontières ! Ne croyez pas que je fabule, cela s'est déjà produit .
Il s'agit de la quatrième ligne en partant du haut
J'avoue que je n'ai pas résisté à l'envie de vérifier si certains de mes collègues auteurs et petites maisons d'édition publiaient avec ou sans DRM. Et on est parfois surpris... Je peux en tout cas vous le garantir, mes ebooks sont sans DRM .
Juste au moment où j'apprenais cela, une nouvelle étonnante concernant les DRM m'est parvenue : la proposition de la députée d'Europe Ecologie Les Verts Isabelle Attard de taxer les ebooks avec DRM à 19,6% et non 5,5% .
En effet, un livre avec DRM ne serait plus un livre mais un service, d'après Isabelle Attard. Et cela paraît effectivement logique. Etonnant que personne n'y ait pensé avant elle.
Une excellente proposition à mon avis, et qui risque bien de déranger de gros poissons. Car qui, d'après vous, met en place les DRM?
Eh bien, deux types d'acteurs sont responsables :
- les distributeurs comme Amazon, Apple, Kobo ou Google, qui en permettent la mise en place au niveau des systèmes d'exploitation de leurs appareils
- les éditeurs : ils ont le choix ou non d'appliquer les DRM.
Je dirais que la responsabilité des DRM revient à 70% aux éditeurs et à 30% aux distributeurs. Parce que ce sont les éditeurs qui ont le dernier mot à ce sujet. Donc, dans l'hypothèse (à mon avis utopique, mais on peut rêver), où la proposition d'Isabelle Attard serait validée par les autorités en place, le paiement de la taxe devrait être réparti à 70/30 entre les deux. Ou bien à 50/50, si l'on veut couper la poire en deux pour ne pas s'aliéner irrévocablement les uns ou les autres.
Cela rendrait les ebooks avec DRM encore plus chers et impopulaires, mais nous permettrait peut-être à terme de bannir ces mauvaises herbes numériques. Qu'en pensez-vous?
Published on September 25, 2014 03:06
September 24, 2014
[Archive 24/09/2013] La guerre des commentaires aux Etats-Unis
La guerre des commentaires frauduleux sur les sites de ventes continue à faire rage aux Etats-Unis. On le sait, ces commentaires frauduleux touchent de nombreuses variétés de sites sur Internet, et les autorités new-yorkaises commencent à sévir sérieusement à ce sujet. Ce qui m'intéresse ici bien sûr, c'est avant tout les commentaires de livres et ebooks sur Amazon. Avec, en toile de fond, les manoeuvres de l'édition traditionnelle pour discréditer l'autoédition.
Dans un récent développement, l'auteur Hugh Howey, dont l'ouvrage Wool a été commenté plus de 6200 fois sur le seul Amazon, a décidé de s'expliquer sur son blog . Hugh Howey est l'un des auteurs indépendants les plus emblématiques, l'un des rares à avoir obtenu de l'un des cinq grands éditeurs aux Etats-Unis de garder ses droits sur ses ebooks. Et surtout, il a expliqué comment il a mené ses négociations. Le but ? Permettre aux auteurs d'obtenir de meilleurs contrats. Pour cela bien évidemment, je le respecte et l'admire énormément.
Pourquoi, alors, Hugh Howey a-t-il fait le serment sur sa vie (et sur Jolie, sa chienne préférée décédée), de n'avoir jamais acheté un commentaire ? Tout simplement parce qu'on l'accuse de l'avoir fait. Et pas seulement lui, de très nombreux auteurs autoédités également.
Et c'est là que le bât blesse : le site Amazon Alert : your guide to unethical authors (Alerte Amazon : votre guide des auteurs immoraux), se présentant comme un collectif de citoyens en ayant assez des commentaires faussés, ne liste que des auteurs autoédités ou issus de l'autoédition, comme Amanda Hocking. Y est aussi cité Joe Konrath, l'un des porte-paroles les plus en vue (et en voix) de l'autoédition.
Je l'ai vérifié personnellement, pratiquement t ous les auteurs incriminés qui semblent être publiés par une maison d'édition de cette liste sont en réalité autoédités.
Quelle est la crédibilité de ces accusations ? Eh bien, du moment que le site ne livre aucune preuve, on serait tenté de répondre aucune. Lorsqu'on parcourt la liste des auteurs incriminés sur Amazon, il faut reconnaître qu'ils ont tous de nombreux commentaires, mais du moment que ce sont des auteurs qui vendent bien, il est normal qu'ils en aient. Amazon Alert parle aussi du pourcentage de commentaires favorables à Hugh Howey, très élevé, mais cela reste à vérifier.
Amazon Alert cite néanmoins deux sources intéressantes, le site Fiverr et le site qui a fermé, http://www.GettingBookReviews.com . C'est sur ce dernier site que l'auteur autoédité John Locke a reconnu avoir acheté des commentaires payants. Amazon Alert aurait obtenu les noms des auteurs qui ont eu recours à ce site, ainsi qu'à Fiverr.
Je l'avoue, ce que j'attendais avec impatience en parcourant cette liste, c'était de découvrir des auteurs publiés par de grandes maisons d'édition, qui ne soient pas des porte-étendards de l'édition indépendante, ou autoédition.
Eh bien il n'y en a pas.
Est-ce que cela signifie que toutes les grandes maisons d'édition qui publient des auteurs célèbres sont pures et innocentes comme l'agneau qui vient de naître ? Là, j'ai comme un doute, vous voyez.
Souvenez-vous de mon article S'acheter une place sur la liste des best-sellers . L'auteur Soren Kaplan disait que les manoeuvres consistant à faire acheter son livre en masse par des sociétés tierce pour qu'il apparaisse dans les premiers rangs sur la liste des best-sellers était une pratique courante dans les grandes maisons d'édition. Il ne parlait pas de commentaires payés, mais à partir du moment où vous vous achetez des places, la frontière éthique avec le fait de s'acheter des commentaires me semble tout de même très perméable.
C'est bien là le talon d'achille de la vente sur Internet : de la même manière que les athlètes se dopent, lorsque vous n'avez plus que du virtuel, l'un des rares leviers à votre disposition pour faire progresser les ventes, ce sont les commentaires. Cela ne justifie bien sûr en rien le fait d'acheter les commentaires, de même que le dopage est injustifiable d'un point de vue moral.
Comment pourraient réagir les auteurs indépendants américains face à cette campagne menée contre eux ? Eh bien, en enquêtant à leur tour sur les pratiques moralement condamnables des grandes maisons d'édition, et en les dénonçant au grand jour. Le problème étant bien sûr que beaucoup d'auteurs, y compris autoédités, marchent sur des oeufs : ils ne veulent pas être blacklistés par les maisons d'édition traditionnelles dans l'espoir de vendre des livres papier, et ils ne souhaitent pas non plus que les fans d'auteurs publiés par des maisons d'édition traditionnelles et qui seraient mis en cause s'en prennent à eux à l'aide de "campagnes de commentaires 1 étoile" sur Amazon ou sur GoodReads.
Et il faut savoir que sur le site de lecture GoodReads (racheté par Amazon), justement, le règlement vient de changer et l es commentaires axés sur le comportement des auteurs sont désormais supprimés . Et ce, pour tenter de limiter les commentaires qui ne soient pas axés sur les livres. Cela n'est pas arrivé comme ça, mais bien suite à de nombreuses campagnes de dénigrement et de lynchage online. Oui, la guerre fait rage aux Etats-Unis.
Je suis bien sûr contre le fait de payer des commentaires ou des ventes. On peut imaginer, comme Hugh Howey le fait sur son blog, que quelqu'un en voulant à un auteur autoédité à succès lui achète des commentaires (y compris des commentaires disant du bien de son livre) pour le décrédébiliser. Quel serait le moyen de se défendre, si l'auteur a déjà par lui-même obtenu plus d'une centaine de commentaires ?
Ces guerres qui sont menées ont pour but primaire ou secondaire de décrédibiliser la vente sur Internet, et en particulier sur Amazon. Au profit d'éditeurs qui maîtrisent le réseau de distribution physique des livres.
Il est très très difficile de se défendre lorsqu'on est accusé d'avoir acheté des commentaires. C'est l'une des raisons pour lesquelles le système de commentaires d'Amazon me semble être mis en péril par ce qui est en train de se passer.
A l'avenir, lorsqu'on vous dira que tel ou tel auteur a triché, méfiez-vous, regardez les pratiques de la concurrence, et surtout, lisez au moins les extraits de livre pour vous faire votre propre opinion. Ce sont les livres qui doivent parler pour les auteurs, pas les campagnes de dénigrement infondées sur le net.
Dans un récent développement, l'auteur Hugh Howey, dont l'ouvrage Wool a été commenté plus de 6200 fois sur le seul Amazon, a décidé de s'expliquer sur son blog . Hugh Howey est l'un des auteurs indépendants les plus emblématiques, l'un des rares à avoir obtenu de l'un des cinq grands éditeurs aux Etats-Unis de garder ses droits sur ses ebooks. Et surtout, il a expliqué comment il a mené ses négociations. Le but ? Permettre aux auteurs d'obtenir de meilleurs contrats. Pour cela bien évidemment, je le respecte et l'admire énormément.
Pourquoi, alors, Hugh Howey a-t-il fait le serment sur sa vie (et sur Jolie, sa chienne préférée décédée), de n'avoir jamais acheté un commentaire ? Tout simplement parce qu'on l'accuse de l'avoir fait. Et pas seulement lui, de très nombreux auteurs autoédités également.
Et c'est là que le bât blesse : le site Amazon Alert : your guide to unethical authors (Alerte Amazon : votre guide des auteurs immoraux), se présentant comme un collectif de citoyens en ayant assez des commentaires faussés, ne liste que des auteurs autoédités ou issus de l'autoédition, comme Amanda Hocking. Y est aussi cité Joe Konrath, l'un des porte-paroles les plus en vue (et en voix) de l'autoédition.
Je l'ai vérifié personnellement, pratiquement t ous les auteurs incriminés qui semblent être publiés par une maison d'édition de cette liste sont en réalité autoédités.
Quelle est la crédibilité de ces accusations ? Eh bien, du moment que le site ne livre aucune preuve, on serait tenté de répondre aucune. Lorsqu'on parcourt la liste des auteurs incriminés sur Amazon, il faut reconnaître qu'ils ont tous de nombreux commentaires, mais du moment que ce sont des auteurs qui vendent bien, il est normal qu'ils en aient. Amazon Alert parle aussi du pourcentage de commentaires favorables à Hugh Howey, très élevé, mais cela reste à vérifier.
Amazon Alert cite néanmoins deux sources intéressantes, le site Fiverr et le site qui a fermé, http://www.GettingBookReviews.com . C'est sur ce dernier site que l'auteur autoédité John Locke a reconnu avoir acheté des commentaires payants. Amazon Alert aurait obtenu les noms des auteurs qui ont eu recours à ce site, ainsi qu'à Fiverr.
Je l'avoue, ce que j'attendais avec impatience en parcourant cette liste, c'était de découvrir des auteurs publiés par de grandes maisons d'édition, qui ne soient pas des porte-étendards de l'édition indépendante, ou autoédition.
Eh bien il n'y en a pas.
Est-ce que cela signifie que toutes les grandes maisons d'édition qui publient des auteurs célèbres sont pures et innocentes comme l'agneau qui vient de naître ? Là, j'ai comme un doute, vous voyez.
Souvenez-vous de mon article S'acheter une place sur la liste des best-sellers . L'auteur Soren Kaplan disait que les manoeuvres consistant à faire acheter son livre en masse par des sociétés tierce pour qu'il apparaisse dans les premiers rangs sur la liste des best-sellers était une pratique courante dans les grandes maisons d'édition. Il ne parlait pas de commentaires payés, mais à partir du moment où vous vous achetez des places, la frontière éthique avec le fait de s'acheter des commentaires me semble tout de même très perméable.
C'est bien là le talon d'achille de la vente sur Internet : de la même manière que les athlètes se dopent, lorsque vous n'avez plus que du virtuel, l'un des rares leviers à votre disposition pour faire progresser les ventes, ce sont les commentaires. Cela ne justifie bien sûr en rien le fait d'acheter les commentaires, de même que le dopage est injustifiable d'un point de vue moral.
Comment pourraient réagir les auteurs indépendants américains face à cette campagne menée contre eux ? Eh bien, en enquêtant à leur tour sur les pratiques moralement condamnables des grandes maisons d'édition, et en les dénonçant au grand jour. Le problème étant bien sûr que beaucoup d'auteurs, y compris autoédités, marchent sur des oeufs : ils ne veulent pas être blacklistés par les maisons d'édition traditionnelles dans l'espoir de vendre des livres papier, et ils ne souhaitent pas non plus que les fans d'auteurs publiés par des maisons d'édition traditionnelles et qui seraient mis en cause s'en prennent à eux à l'aide de "campagnes de commentaires 1 étoile" sur Amazon ou sur GoodReads.
Et il faut savoir que sur le site de lecture GoodReads (racheté par Amazon), justement, le règlement vient de changer et l es commentaires axés sur le comportement des auteurs sont désormais supprimés . Et ce, pour tenter de limiter les commentaires qui ne soient pas axés sur les livres. Cela n'est pas arrivé comme ça, mais bien suite à de nombreuses campagnes de dénigrement et de lynchage online. Oui, la guerre fait rage aux Etats-Unis.
Je suis bien sûr contre le fait de payer des commentaires ou des ventes. On peut imaginer, comme Hugh Howey le fait sur son blog, que quelqu'un en voulant à un auteur autoédité à succès lui achète des commentaires (y compris des commentaires disant du bien de son livre) pour le décrédébiliser. Quel serait le moyen de se défendre, si l'auteur a déjà par lui-même obtenu plus d'une centaine de commentaires ?
Ces guerres qui sont menées ont pour but primaire ou secondaire de décrédibiliser la vente sur Internet, et en particulier sur Amazon. Au profit d'éditeurs qui maîtrisent le réseau de distribution physique des livres.
Il est très très difficile de se défendre lorsqu'on est accusé d'avoir acheté des commentaires. C'est l'une des raisons pour lesquelles le système de commentaires d'Amazon me semble être mis en péril par ce qui est en train de se passer.
A l'avenir, lorsqu'on vous dira que tel ou tel auteur a triché, méfiez-vous, regardez les pratiques de la concurrence, et surtout, lisez au moins les extraits de livre pour vous faire votre propre opinion. Ce sont les livres qui doivent parler pour les auteurs, pas les campagnes de dénigrement infondées sur le net.
Published on September 24, 2014 00:23
September 22, 2014
[Archive 4 août 2013] La bourde cosmique d'Amazon.fr
Que cela soit clair, je me range plutôt parmi les admirateurs d'Amazon que de ses détracteurs. Mais il m'est impossible, en tant qu'auteur indépendant, de faire deux poids deux mesures, et d'un côté de dénoncer le fait, pour de grandes maisons d'édition, de s'acheter une place sur la liste des best-sellers, pour ensuite taire le fait que des auteurs auto-édités agissent de même grâce à un nouveau service. Surtout quand Amazon.fr semble cautionner cela. Et même si, comme le spécifie l'article d'ActuaLitté, le service en question est aussi bien utilisé par certains éditeurs que par des auteurs indépendants.
Quelle est donc cette bourde si énorme commise par Amazon.fr, qui puisse laisser penser qu'Amazon cautionne le recours pour des auteurs et éditeurs à une entreprise tierce afin de générer artificiellement des ventes sur sa plate-forme Kindle, permettant à des auteurs d'entrer dans le top 20 si convoité? Eh bien tout simplement d'avoir permis à l'auteur du mois de la lettre d'information Kindle, une newsletter qui touche tous les auteurs et éditeurs indépendants publiés sur le Kindle Store, de mentionner ledit service.
Résumons donc : en payant 178 euros, l'auteur fait appel à une société qui profite d'une faille d'Amazon, et fait appel à un "club de lecteurs" pour acheter à environ une centaine d'exemplaires en quelques heures votre ebook.
L'auteur de la newsletter, bien que ses ebooks n'aient pas été lus, profite de ces achats simultanés pour entrer dans le top 20.
Amazon.fr récompense l'auteur dont les ebooks vendus, en très grande majorité, n'ont pas été lus au moment de son entrée dans le top 20, en lui permettant de parler dans sa newsletter, et de toucher en grande majorité d'autres auteurs et éditeurs.
Dans un élan sincère de générosité (et il n'y a pas d'ironie de ma part ici), afin de faire profiter les autres d'un "bon plan", l'auteur parle de ce service qui lui a permis d'accéder au top 20 sans être lue.
Vous commencez à saisir ? Amazon.fr, en laissant passer l'info, ne se tire pas une balle dans le pied. Elle se l'explose avec une grenade.
Un top 20 est censé récompenser les meilleurs livres ou en tout cas les plus populaires, pas être une tête de gondole virtuelle comme celles que, dans le monde réel, les gros éditeurs louent en librairie pour donner plus de visibilité à leurs ouvrages.
En faisant indirectement, et sans doute involontairement, la promotion d'un système basé sur l'achat massif d'ebooks en un temps donné, Amazon.fr nuit à son image et décrédibilise la valeur d'une partie des ebooks du top 20.
Ceux qui payent les pots cassés sont les auteurs autoédités et éditeurs qui ont joué le jeu et sont parvenus à entrer dans le top 20 en se faisant graduellement connaître pour la qualité de leur travail. Par effet d'assimilation, eux aussi passent pour des traders faisant de la spéculation, ou des magouilleurs.
Car il ne faut pas mettre les autoédités dans un même sac, la grande majorité cherche loyalement à augmenter son lectorat. Mes propres ebooks, par exemple, ne sont jamais rentrés dans le top 100. Je ne veux pas d'une victoire remportée grâce à un tour de passe-passe. Si l'argent avait été mon seul objectif, j'aurais pu vendre de la bière ou n'importe quoi d'autre.
Que des gros éditeurs truquent les cartes ne saurait être un argument pour en faire autant.
Il y a deux mois, l'un des lecteurs appartenant au "club de lecture" est venu mettre une publicité concernant le "service" que je dénonce ici, dans les commentaires de ce blog .
Voici ce que je lui répondais alors : Ce que propose [ce service] équivaut à s'acheter des ventes, ce qui selon moi s'apparente à de la fraude. Je dénonçais déjà ce type de système avec les éditeurs traditionnels, je ne vais pas le préconiser pour des auteurs indépendants. C'est tromper le lecteur.
Voir cet article : http://emmanuelguillot.over-blog.com/...
Un système que je pourrais accepter, en revanche, serait des newsletters envoyées à des lecteurs qui se seraient volontairement abonnés, une par genre de prédilection, avec des livres d'auteurs indépendants dans la newsletter, livres critiqués par l'équipe de la newsletter sous réserve d'acceptation des candidatures des auteurs.
Et là, effectivement, on pourrait envisager un paiement par les auteurs de ce service, du moment que leur candidature aurait été avalisée. A condition bien sûr de s'adresser à un nombre de lecteurs suffisant dans ces newsletters.
Et puis :
même en admettant que ce ne soit pas une arnaque pour les auteurs, c'en est une pour les lecteurs, qui achètent des ebooks en se fiant à un classement artificiellement boosté. Cela tend à dénaturer le système mis en place par Amazon.
Le plus gros reproche que j'ai à faire à ce service est qu'il trompe le lecteur et ne cherche qu'à faire vendre, sans aucune appréciation qualitative.
A l'inverse, un service comme Babelio aurait tendance à s'adresser aux lecteurs, avec de vraies critiques selon leurs goûts. Sauf que le système de Masse Critique, où des livres sont envoyés à des lecteurs en échange de critiques, ne s'adresse qu'à des éditeurs. En outre, on peut toujours se poser la question de l'impartialité de commentaires de lecteurs qui ont reçu gratuitement des livres.
Le défi pour les auteurs indépendants consiste à informer les lecteurs consentants sans les spammer. En ce qui me concerne, je les invite pour cela à s'inscrire à ma newsletter , mais je n'utilise pas de bots inscrivant automatiquement comme cela se fait de plus en plus.
Aux Etats-Unis, il existe un site appelé Bookbub : il s'adresse vraiment aux lecteurs en leur envoyant une newsletter selon leur goût. C'est aux lecteurs de s'inscrire sur le site, c'est une démarche volontaire de leur part.
L'auteur va envoyer son ebook au service Bookbub, qui va l'évaluer. En cas d'avis positif, qui est loin d'être automatique, l'auteur va pouvoir débourser 400 dollars pour toucher les lecteurs abonnés à cette newsletter, à condition de mettre son ebook gratuit ou à 0,99 $ au moment où Bookbub va en parler.
Il y a évidemment une forme de manipulation là-dedans, mais cela me semble beaucoup plus correct comme service, puisqu'il y a d'une part un filtre préalable des ebooks, et d'autre part une volonté réelle de lecteurs de lire ces ebooks sélectionnés selon leur genre de prédilection.
Pour conclure, je dirais que je ne m'estime pas meilleur qu'un autre. Dans la volonté d'accroître son lectorat, son influence et son prestige, tout n'est pas blanc pour un auteur. Mais nous avons tout de même un point de repère, et c'est le respect du lecteur. Le service dont Amazon.fr a fait indirectement la promotion est selon moi à cet égard, et dans son état actuel, une duperie.
Je pense qu'il ne faut pas se cacher la tête dans le sable, mais évoquer tout cela pour faire avancer les choses en positif. Et je crois avoir essayé de le faire de manière constructive dans cet article.
[EDIT 09/09/2013] : MyKindex aurait cessé son activité depuis peu. Voir à ce sujet le blog de Romain Godest .
Quelle est donc cette bourde si énorme commise par Amazon.fr, qui puisse laisser penser qu'Amazon cautionne le recours pour des auteurs et éditeurs à une entreprise tierce afin de générer artificiellement des ventes sur sa plate-forme Kindle, permettant à des auteurs d'entrer dans le top 20 si convoité? Eh bien tout simplement d'avoir permis à l'auteur du mois de la lettre d'information Kindle, une newsletter qui touche tous les auteurs et éditeurs indépendants publiés sur le Kindle Store, de mentionner ledit service.
Résumons donc : en payant 178 euros, l'auteur fait appel à une société qui profite d'une faille d'Amazon, et fait appel à un "club de lecteurs" pour acheter à environ une centaine d'exemplaires en quelques heures votre ebook.
L'auteur de la newsletter, bien que ses ebooks n'aient pas été lus, profite de ces achats simultanés pour entrer dans le top 20.
Amazon.fr récompense l'auteur dont les ebooks vendus, en très grande majorité, n'ont pas été lus au moment de son entrée dans le top 20, en lui permettant de parler dans sa newsletter, et de toucher en grande majorité d'autres auteurs et éditeurs.
Dans un élan sincère de générosité (et il n'y a pas d'ironie de ma part ici), afin de faire profiter les autres d'un "bon plan", l'auteur parle de ce service qui lui a permis d'accéder au top 20 sans être lue.
Vous commencez à saisir ? Amazon.fr, en laissant passer l'info, ne se tire pas une balle dans le pied. Elle se l'explose avec une grenade.
Un top 20 est censé récompenser les meilleurs livres ou en tout cas les plus populaires, pas être une tête de gondole virtuelle comme celles que, dans le monde réel, les gros éditeurs louent en librairie pour donner plus de visibilité à leurs ouvrages.
En faisant indirectement, et sans doute involontairement, la promotion d'un système basé sur l'achat massif d'ebooks en un temps donné, Amazon.fr nuit à son image et décrédibilise la valeur d'une partie des ebooks du top 20.
Ceux qui payent les pots cassés sont les auteurs autoédités et éditeurs qui ont joué le jeu et sont parvenus à entrer dans le top 20 en se faisant graduellement connaître pour la qualité de leur travail. Par effet d'assimilation, eux aussi passent pour des traders faisant de la spéculation, ou des magouilleurs.
Car il ne faut pas mettre les autoédités dans un même sac, la grande majorité cherche loyalement à augmenter son lectorat. Mes propres ebooks, par exemple, ne sont jamais rentrés dans le top 100. Je ne veux pas d'une victoire remportée grâce à un tour de passe-passe. Si l'argent avait été mon seul objectif, j'aurais pu vendre de la bière ou n'importe quoi d'autre.
Que des gros éditeurs truquent les cartes ne saurait être un argument pour en faire autant.
Il y a deux mois, l'un des lecteurs appartenant au "club de lecture" est venu mettre une publicité concernant le "service" que je dénonce ici, dans les commentaires de ce blog .
Voici ce que je lui répondais alors : Ce que propose [ce service] équivaut à s'acheter des ventes, ce qui selon moi s'apparente à de la fraude. Je dénonçais déjà ce type de système avec les éditeurs traditionnels, je ne vais pas le préconiser pour des auteurs indépendants. C'est tromper le lecteur.
Voir cet article : http://emmanuelguillot.over-blog.com/...
Un système que je pourrais accepter, en revanche, serait des newsletters envoyées à des lecteurs qui se seraient volontairement abonnés, une par genre de prédilection, avec des livres d'auteurs indépendants dans la newsletter, livres critiqués par l'équipe de la newsletter sous réserve d'acceptation des candidatures des auteurs.
Et là, effectivement, on pourrait envisager un paiement par les auteurs de ce service, du moment que leur candidature aurait été avalisée. A condition bien sûr de s'adresser à un nombre de lecteurs suffisant dans ces newsletters.
Et puis :
même en admettant que ce ne soit pas une arnaque pour les auteurs, c'en est une pour les lecteurs, qui achètent des ebooks en se fiant à un classement artificiellement boosté. Cela tend à dénaturer le système mis en place par Amazon.
Le plus gros reproche que j'ai à faire à ce service est qu'il trompe le lecteur et ne cherche qu'à faire vendre, sans aucune appréciation qualitative.
A l'inverse, un service comme Babelio aurait tendance à s'adresser aux lecteurs, avec de vraies critiques selon leurs goûts. Sauf que le système de Masse Critique, où des livres sont envoyés à des lecteurs en échange de critiques, ne s'adresse qu'à des éditeurs. En outre, on peut toujours se poser la question de l'impartialité de commentaires de lecteurs qui ont reçu gratuitement des livres.
Le défi pour les auteurs indépendants consiste à informer les lecteurs consentants sans les spammer. En ce qui me concerne, je les invite pour cela à s'inscrire à ma newsletter , mais je n'utilise pas de bots inscrivant automatiquement comme cela se fait de plus en plus.
Aux Etats-Unis, il existe un site appelé Bookbub : il s'adresse vraiment aux lecteurs en leur envoyant une newsletter selon leur goût. C'est aux lecteurs de s'inscrire sur le site, c'est une démarche volontaire de leur part.
L'auteur va envoyer son ebook au service Bookbub, qui va l'évaluer. En cas d'avis positif, qui est loin d'être automatique, l'auteur va pouvoir débourser 400 dollars pour toucher les lecteurs abonnés à cette newsletter, à condition de mettre son ebook gratuit ou à 0,99 $ au moment où Bookbub va en parler.
Il y a évidemment une forme de manipulation là-dedans, mais cela me semble beaucoup plus correct comme service, puisqu'il y a d'une part un filtre préalable des ebooks, et d'autre part une volonté réelle de lecteurs de lire ces ebooks sélectionnés selon leur genre de prédilection.
Pour conclure, je dirais que je ne m'estime pas meilleur qu'un autre. Dans la volonté d'accroître son lectorat, son influence et son prestige, tout n'est pas blanc pour un auteur. Mais nous avons tout de même un point de repère, et c'est le respect du lecteur. Le service dont Amazon.fr a fait indirectement la promotion est selon moi à cet égard, et dans son état actuel, une duperie.
Je pense qu'il ne faut pas se cacher la tête dans le sable, mais évoquer tout cela pour faire avancer les choses en positif. Et je crois avoir essayé de le faire de manière constructive dans cet article.
[EDIT 09/09/2013] : MyKindex aurait cessé son activité depuis peu. Voir à ce sujet le blog de Romain Godest .
Published on September 22, 2014 04:11
September 19, 2014
[Archive 24/02/2013] S'acheter une place sur la liste des best-sellers
S'il y a une chose dont on peut être sûr, c'est que l'amour ne s'achète pas. Pour le succès et la gloire, il semble bien qu'il en aille autrement. Dans le milieu de la grande édition notamment, l'auteur Soren Kaplan décrit dans un billet ravageur comment il a acheté pour son ouvrage Leapfrogging une place dans la liste des best-sellers du New-York Times. Pour cela, il a utilisé les services d'une société, Resultsource, habituée à travailler pour les grands groupes d'édition, selon ses dires. C'est un énorme éléphant malodorant de dix mille livres dans la salle de conférence que chacun s'applique de son mieux à ignorer, selon les propres termes de Soren Kaplan. En d'autres termes, tout le monde le sait dans le mileu de l'édition. En y mettant suffisamment d'argent, un auteur esseulé (cela a été le cas pour Soren Kaplan) ou une entreprise d'édition peut payer une société comme Resultsource pour que le livre soit acheté et apparaisse dans la liste des best-sellers du New York Times et du Wall Street Journal. Il suffirait d'après Kaplan que le livre soit acheté 3000 fois dans une courte période pour apparaître dans la liste du Wall Street Journal, et 11000 fois (dans les points de vente et librairies appropriés) dans la même période pour que le livre apparaisse dans la liste des best-sellers du New-York Times. L'intérêt ? Aux Etats-Unis, apparaître dans ces listes est un véritable tremplin pour la carrière de n'importe quel auteur. Il peut alors inscrire sur la couverture de son prochain livre la mention "New-York Times bestseller". Cela ne signifie pas pour autant que le bouche-à-oreille ou les goûts du public n'ont aucune incidence, ou qu'un livre vraiment mauvais puisse rester très longtemps dans ces fameuses listes. Mais vous êtes vous déjà demandé pourquoi un livre qui vous paraissait médiocre devenait best-seller ? Vous avez la réponse. On savait déjà, depuis l'affaire John Locke aux Etats-Unis, qu'un auteur pouvait payer pour bénéficier de commentaires sur Amazon. On savait déjà que les grandes maisons d'édition payaient pour que les livres de leurs auteurs les plus vendeurs figurent en évidence, face avant sur les meilleurs tables des libraires. On savait déjà qu'environ un tiers des livres sortis en librairie étaient écrits par des nègres littéraires, ou ghostwriters, rémunérés par les grandes maisons d'édition. On savait déjà, pour la France, qu'il existe des arrangements entre maisons d'édition sur la désignation des prix littéraires (qui sont notre équivalent des listes de best-sellers du New-York Times). On savait déjà que des grandes maisons d'édition comme Penguin n'hésitaient pas à racheter une entreprise comme Author's Solution, entreprise d'édition à compte d'auteur notoirement reconnue pour tirer parti de la naïveté d'auteurs. On savait déjà qu'il existait une forme de loi de silence dans le milieu de l'édition, loi qui permet de faire en sorte d'éviter que la plupart des faits ci-dessus exposés ne soient connus du grand public. On se doute aussi qu'il existe des listes noires afin de faire en sorte que certains auteurs trop critiques envers le milieu de l'édition ne puissent être publiés par de grands éditeurs. On sait donc à présent jusqu'où peut aller l'emploi du mot "business" quand il est accolé à celui d'"édition". Il ne s'agit pas ici de dire que tous les éditeurs sont pourris et les auteurs (notamment autoédités) de blanche colombes. John Locke est par exemple un auteur autoédité. Il ne s'agit pas non plus de dire que les règles du jeu sont systématiquement truquées et que ça ne vaut pas le coup d'essayer de faire son trou. Elles le sont en grande partie, oui. Et elles le resteront. Le but de ce type d'article est d'éveiller la conscience du public. Eh oui, je ne pense pas que ce genre d'affaire fera la une du 20H. Heureusement, Internet est en train de devenir un média puissant. Si cela peut permettre de faire un peu moins confiance aux listes des bestsellers et un peu plus au jugement propre de chacun, je crois que l'on s'en portera mieux. Pas vous ? [Edit 07/03/2013 : à lire aussi pour les anglophones,
l'article du Wall Street Journal
sur le sujet.]
Published on September 19, 2014 02:44


