Alan Spade's Blog, page 38
July 22, 2014
With a little help from... Kindle Books & Tips
Michael Gallagher's blog, Kindle Books & Tips, is currently featuring Ardalia: The Breath of Aoles (my fantasy book comes third on this blog post). The ebook is discounted at $0.99 on Amazon, Kobo, iTunes, Barnes & Noble and Google Play from today through August 8th. If you follow me on Facebook or Google+, please share the link as it may help the book being noticed.
The book has had great reviews recently, but to this date hasn't found its public. As an author, I'm all for the promotion on different platforms, but I have to acknowledge that Michael Gallagher's does wonderful things to promote the ebook for Kindle users. For example, if you click on the cover below, the smart url will link to your personal Kindle store: Mexico, India, USA, Australia, UK, France, Germany...
Isn't that cool?
Another site will promote my book, Ereaders News Today, on July 27th, on all the various platforms. For a self-publisher like me, it was not easy to be featured by these two blogs, because a minimum number of reviews is required. So, it feels like a little victory in itself. Cheers! :)
July 15, 2014
The Breath of Aoles edited
In May 16, I received a review for The Breath of Aoles, first book of the Ardalia fantasy trilogy on Goodreads and Amazon.com. Though the reader who wrote the review enjoyed the book, giving it a five stars on Amazon, she signaled several errors of grammar and typos. I immediately decided to have the book professionally edited, and this time, I gave the job to Ingrid Hall. At the end of June, the editing was finished. Ingrid did a very good job, not only fixing errors but also improving the sentence structure. I will definitely work with her again.
Now my book Ardalia: The Breath of Aoles has gathered ten reviews on Amazon.com. The most recent review, from July 3 is this one by Sabrina:
I love this book and cannot wait to read book 2. The style of writing pulled me in and made me fall in love with the characters. I found myself being frightened and cheering on the main character Pelmen. I felt the love and lose that he felt. I loved learning the way he thinks and reacts to everything that is going on threw out the book. Getting an inside look at him developing from a tanner boy to warrior and becoming so in tuned to his abilities with the animals is amazing!
This writer as the amazing talent of being able to pull you in and making you feel a part of his story! I will be anxiously watching for more to come.
Of course, we as writers are taught to ignore reviews, but this one helped me to feel better, especially since, I won't deny it, for the moment the book has been selling very poorly. So, I'm working on the sequel, Turquoise Water, with a lot of heart, and I'm very grateful for the reviews.
On the promotional side, there will be a new Giveaway on Goodreads with the edited version in September. I feel that I owe this to my Goodreads reader, the new version being much better than the previous one. It was a nice surprise to see such a welcome for my fantasy book on Goodreads, with more than 600 people participating in the giveaway.
I love people who love to read, so thank you.
July 14, 2014
Mise à jour de mon site
Mon site d'auteur vient d'être remis à jour. Je vous invite notamment à visiter les nouvelles pages Offres spéciales, Les Flammes de l'Immolé, Fantastique, Illustrations Le Souffle d'Aoles, et BD.
Histoires gratuites : fin d'une expérience
Après avoir présenté ici chaque lundi, au cours des derniers mois, les différentes nouvelles dont je suis l'auteur, j'ai décidé de mettre fin à l'expérience. J'ai été heureux de donner à lire mes différentes nouvelles de Fantasy, SF et thrillers sur ce blog. Cela m'a bien sûr permis de mesurer les fréquentations et les retombées. Il en ressort que cela ne m'amène ni plus ni moins de visiteurs que pour tout autre type d'article. Je n'ai pas constaté de changement dans mes chiffres de vente d'ebook, je considère donc que les retombées sont, pour mon cas personnel, nulles. Cela ne signifie pas que je déconseille aux autres auteurs de tenter le coup. C'est juste que ça ne fonctionne pas pour moi.
July 4, 2014
Une pétition en faveur des prix bas pour les ebooks
Depuis quelque temps, certains médias prennent ouvertement parti pour Hachette dans les négociations entre la multinationale de Lagardère et Amazon. Amazon vient récemment de déclarer que ces négociations portent sur le prix des ebooks. Toutes les personnes qui lisent des ebooks savent que les gros éditeurs négocient pour obtenir les prix les plus élevés. En France, cela a des répercussions immédiates, les livres de poche se retrouvant, de manière scandaleuse, moins chers que les versions numériques, dont le coût de fabrication et de stockage est pourtant nettement moindre.
Or, de nombreux best-sellers et auteurs traditionnellement publiés tels Stephen King, Douglas Preston ou Lee Child, viennent mettre tout leur poids dans la balance pour qu'Amazon rétablisse les privilèges dont bénéficiaient les auteurs d'Hachette et de ses filiales américaines. Parmi ces privièlèges, les boutons de pré-commandes sur Amazon et le fait de stocker les livres d'Hachette dans les entrepots d'Amazon pour accélérer le traitement des commandes.
Ces auteurs viennent de signer une pétition demandant à Amazon de rétablir les privilèges des auteurs Hachette. Ils pèsent ainsi très nettement sur les négociations en faveur d'Hachette, puisque le fait de priver ces auteurs de ces privilèges, tout en continuant, il importe de le souligner, à vendre les livres de ces mêmes auteurs sur Amazon, constitue un levier non négligeable pour Amazon dans ces négociations.
On peut penser qu'Amazon a en fait un double objectif dans ces négociations: maintenir un prix des ebooks bas, et améliorer sa marge, notamment, très certainement, en se faisant payer davantage les privilèges qu'il offre aux auteurs Hachette, privilèges que n'obtiennent pas la grande majorité des auteurs indépendants, à savoir, les boutons de pré-commande, le fait de solder certains best-sellers à perte, et le fait, comme déjà dit, de stocker des livres d'Hachette et ses filiales dans ses propres entrepots.
Je n'ai pendant longtemps pas mentionné cette bataille entre deux prédateurs, me contentant de prendre les pop-corns et d'observer. Je n'étais pas loin de considérer que c'était bonnet blanc et blanc bonnet. Hélas, les gros éditeurs bénéficient bien sûr du soutien des médias, et le fait que des auteurs comme Preston, Rowling ou Stephen King se mettent à peser dans la balance rend l'impact médiatique de plus en plus défavorable à Amazon.
C'est pourquoi j'ai décidé de signer la pétition des auteurs indépendants qui vise à exprimer la reconnaissance des auteurs, pour la plupart indépendants, envers les lecteurs, et à soutenir des prix raisonnables (dans le sens bien sûr, peu élevés) pour les ebooks. Retrouvez cette pétition ici.
Si vous êtes auteur et que vous vous sentiez concerné(e), je vous invite à la signer, car cette bataille aura forcément des conséquences en France. Il faut savoir qu'en France, jusqu'à présent, ce sont les gros éditeurs, grâce à leurs soutiens politiques et aux médias, qui remportent la partie. Si en tant qu'auteur, vous souhaitez que le prix des ebooks baisse en France aussi, ce qui augmentera le nombre de personnes lisant des ebooks, et donc, les opportunités de s'affranchir de la tutelle des gros éditeurs pour vivre de sa plume sur des récits de fiction, signez la pétition.
June 27, 2014
Changement de couverture, de présentation... et de titre !
Un exemplaire ebook. Sur mon site. C'est le bilan des ventes en format ebook du recueil Votre santé, c'est notre avenir à ce jour. Quant à la novella Votre santé, c'est notre avenir, elle s'est vendue elle aussi à un exemplaire. Sur mon site aussi, mais ce n'était pas la même personne. Rien sur Amazon, ni sur les autres plates-formes de ventes d'ebook. Je ne me plains pas, notez-le. Ces personnes ne font pas partie de mes proches, je suis donc particulièrement fier de ces deux ventes. Néanmoins, après avoir recueilli l'avis de deux blogueuses et de nombreux lecteurs en dédicace, j'ai décidé de changer mon fusil d'épaule pour ce recueil.
Amazon Kobo La Fnac (à venir) Google Play
Présentation :
Ancien mercenaire parti faire le djihad en Afrique, Vick Lempereur est depuis peu devenu simple vagabond. Témoin d’un meurtre dans le train le plus long du monde en Mauritanie, il doit mener l’enquête sous peine de voir son passé le dévorer (Le Vagabond). Au fil de ses errances, il se lancera sur la piste d’une lionne au cours d’un safari en Tanzanie (Le Baiser de la lionne), ce qui le conduira par la suite à infiltrer l’un des plus grands laboratoires de France (Votre santé, c’est notre avenir). Il y découvrira un scandale de nature à reléguer l’affaire du Mediator au rang de simple fait divers... Deux autres nouvelles de type thriller, Shopping et Grand Pouvoir Séculaire (GPS), viennent compléter ce recueil punchy, rythmé et épicé. Un cocktail détonnant.
Les quatre premières nouvelles se suivent chronologiquement, mais peuvent aussi être lues indépendamment les unes des autres. La cinquième, GPS, liée aux autres par sa thématique, n’en reprend aucun des personnages.
*****
J'ai déjà dit sur ce blog qu'il vaut mieux se fier à des chiffres de ventes annuels, et à des résultats annuels, plutôt qu'à des résultats mensuels en autoédition. Néanmoins, il y a de forts éléments d'actualité sur lesquels je pensais pouvoir surfer avec Votre santé, c'est notre avenir. Au niveau des ebooks, la déception a donc été vive. Pour tout vous dire, j'étais tellement surpris de n'avoir aucune vente sur Amazon, que je me suis moi-même acheté un exemplaire de l'ebook pour vérifier si tout fonctionnait correctement - ce qui est le cas, et c'est la seule raison pour laquelle l'ebook a obtenu un classement sur Amazon (la personne qui a écrit le seul commentaire à ce jour sur Amazon est une blogueuse qui a reçu l'ebook à titre gracieux).
En tant qu'autoéditeur, il faut tout de même noter que je tire l'essentiel de mes revenus des ventes de livres papier. J'avais fait un tirage initial de 250 exemplaires de Votre Santé, c'est notre avenir. A ce jour, deux mois après la sortie, j'en ai vendu un peu plus d'une centaine. C'est à dire que la dépense initiale est déjà rentabilisée - elle le sera en tout cas dès lors que les différents centres culturels se seront acquittés de leurs factures.
Donc, en réalité, la sortie de ce recueil est pour moi un succès et non un échec. Eh oui, il fallait lire l'article jusqu'au bout. ;) Néanmoins, j'ai conscience d'être plutôt un bon baratineur. Cette énorme différence entre les ventes papier et ebook restant inquiétante, j'ai réalisé qu'il ne fallait pas seulement que je laisse ma langue s'agiter dans sa bouche, mais que j'ouvre aussi mes oreilles.
C'est donc en écoutant, et en lisant la chronique d'une autre blogueuse, Chocolatcannelle (la première, CoCCinelle, ayant apprécié la couverture et le titre) que j'ai compris où se situait le défaut majeur : le titre et la couverture se rapprochent trop d'un livre de non-fiction.
En fait, c'était quelque part le but recherché: j'en avais assez de m'entendre dire si souvent en dédicace "il y a trop d'imagination dans ce que vous écrivez", je voulais quelque chose de réel, même si, dans le fond, je ne renie pas l'aspect fantastique non plus. Et quoi de plus réel, et d'universel que la santé?
En conséquence, c'est mon esprit journalistique qui a pris le relais au moment du marketing. Avec "Votre santé, c'est notre avenir", j'ai choisi un titre intelligent, dans le sens "qui s'adresse à l'intellect". J'aurais pu mettre en sous-titre "Le Mediator n'était que le sommet de l'iceberg", ou encore "Enquête dans l'industrie pharmaceutique", et là, pour le coup, le livre aurait été clairement identifié comme un livre d'actualité pur et dur.
Sauf que l'on reste dans la fiction, comme le démontre la présentation. Qu'est-ce qui se passe quand vous avez un cheval qui tire d'un côté et l'autre de l'autre? Le char se brise en deux et vous n'avancez plus. C'est donc ce qui m'est sans doute arrivé avec les versions ebook.
Bien évidemment, on peut réaliser une couverture intelligente, et un titre intelligent, c'est même recommandé, mais l'ingrédient principal pour faire vendre de la fiction demeure l'émotion. Couverture et titre doivent rencontrer une résonnance chez le lecteur, et être en harmonie avec la présentation.
La première question, la question essentielle est aussi la plus basique: à quel genre appartient le livre? En l'absence de réponse claire, ne vous attendez pas à des ventes.
J'ai donc fait le choix de modifier la couverture et le titre pour la version ebook comme pour la version Createspace (papier) vendue sur Amazon de Votre santé, c'est notre avenir, qu'il faudra maintenant appeler: Le Vagabond et quatre autres thrillers. Je pense qu'il y a beaucoup moins d'ambiguïté avec ce titre à présent.
L'ebook de la novella Votre santé restera quant à lui inchangé.
N'oublions pas qu'il s'agit tout de même d'un recueil de nouvelles. Même avec ces changements, il est très possible que les ventes d'ebooks ne décollent pas pour ce recueil (j'avais déjà fait un remaniement de présentation pour Shopping, qui n'a donné aucun résultat à ce niveau). J'aurais tort de ne pas bouger, cela dit, la souplesse de l'autoédition, et la possibilité d'expérimenter figurant parmi nos plus grands atouts.
June 23, 2014
Histoire gratuite : Votre santé, c'est notre avenir (1ère partie)
L'histoire gratuite de ce lundi est issue du recueil Votre Santé, c'est notre avenir (thriller/polar), paru en mai 2014. Elle restera une semaine sur ce blog avant de disparaître. Vous pouvez vous la procurer sous format ebook sur mon site d'auteur, Amazon, Apple, Kobo et la Fnac, ou vous procurer le recueil complet sous format ebook et papier sur Amazon, ou sous format ebook sur Apple, Kobo et la Fnac. Et si vous habitez dans la région parisienne et que vous souhaitez vous procurer un exemplaire dédicacé du recueil, bien sûr, vous pouvez vous rendre à l'une des séances de dédicace indiquées sur la colonne de droite de ce blog. Ceci est la première partie de cette novella réservée à un public averti, qui en comportera trois étant donnée la taille du texte.
« Six mois après l’affaire Cyberzyme, de nombreuses victimes des logiciels développés par cette société tristement célèbre n’ont toujours pas été indemnisées. Les familles font circuler une pétition réclamant une accélération de la procédure, pétition qui a déjà recueilli plus de cent mille signatures. » Sur la tablette d’Henri Lempereur, le visage lisse et parfaitement maquillé de la présentatrice d’Info Online grossit. « Les avocats des familles évoquent des dommages irréversibles, ce que démentent les ex-dirigeants de Cyberzyme. Alors, qu’en est-il réellement ? Pour la première fois, l’un de nos reporters a pu pénétrer dans l’annexe de la clinique Notre Dame à Villefranche. Le reportage de Gaëlle Lervois. »
Nouveau visage à l’écran. La femme d’une quarantaine d’années avait une coupe de cheveux toute simple, au bol. Elle parlait lentement, en articulant avec difficulté. « J’ai… j’ai encore du mal à me… détacher. Mais je vais mieux. Je vais mieux, je crois. » La détresse se lisait dans ses yeux d’opaline, contredisant les mots qui sortaient de ses lèvres fines. Henri poussa un juron. Sa main droite ornée d’une chevalière en argent glissa le long de ses cheveux courts, coiffés avec soin en arrière. Aristide ne l’avait pas prévenu en lui envoyant le lien. « Une vidéo qui devrait t’intéresser » disait juste le message, bien dans sa manière laconique. La caméra prit du champ tandis que la jeune femme se replongeait dans l’examen perplexe des chiffres sur son moniteur. Imaginer que ce fantoche peinant à exécuter les opérations les plus basiques avait été Karine Lagoumenie, l’un des cerveaux les plus brillants de sa génération, spécialisée dans la neuroinformatique et la biotechnologie… Son discours dans la grande salle de conférences de DamelinServanNielzen avait été ponctué d’applaudissements, Henri s’en souvenait encore. Même lui qui n’entendait rien au galimatias scientifique avait à l’époque trouvé son exposé clair et prometteur.
Un véritable gâchis. Non seulement l’argent investi par DSN dans Cyberzyme avait été irrémédiablement perdu, mais le laboratoire médical n’avait pas anticipé les effets radicalement addictifs des logiciels Cyberzyme. Si cela avait été le cas, le département recherches aurait pu pondre un traitement. Le marché était juteux, pas autant que celui du diabète ou du cancer, mais tout de même...
Henri éteignit sa tablette, la rangea dans l’étui prévu à cet effet et sortit de sa Mercedes de fonction. Il rajusta son nœud papillon et s’avança dans la cour du château de Crussy. Parmi les invités en tenue de soirée se distinguaient la silhouette rondouillarde et le crâne dégarni du vieux Servan. Légèrement en retrait, impeccable dans son smoking et arborant son habituel sourire carnassier, Aristide avait au bras une grande et svelte blonde qu’il lui voyait pour la première fois. De nombreux autres visages lui étaient inconnus. La plupart des personnes présentes contemplaient l’une des deux ailes du château. De style néoclassique, son centre se trouvait plongé dans l’obscurité quand les deux ailes, par contraste, irradiaient d’un éclat argenté plus brillant que celui de la lune.
Des chants grégoriens accompagnés de musique classique s’élevèrent. Peu à peu, le double halo lumineux se propagea pour se rejoindre et ne faire qu’un au niveau de l’imposante porte d’entrée rehaussée de bas-reliefs. Des pierres précieuses scintillantes apparurent tout le long de la façade entre les fenêtres, suscitant des « Oh ! » émerveillés. Elles se mirent à tourner sur elles-mêmes comme pour mieux faire admirer leur beauté évanescente. Chacune à leur tour, cependant, les gemmes devinrent floues. Comme la musique se transformait, perdait de son harmonie et de sa solennité, elles se dédoublèrent, donnant naissance à des reflets d’elles-mêmes en négatif. De teinte marron, auréolés de rouge, les étranges cristaux se multiplièrent, envahirent toute la devanture, noircissant les murs sur leur passage. Ce qui avait été un palais rutilant ressemblait à présent à un corps irrévocablement corrompu, gangrené. Les accords s’étaient faits oppressants, menaçants.
Henri observa avec amusement les expressions interloquées autour de lui. Ce faisant, il comparait les visages à la liste des invités qu’il avait étudiée la veille au soir. Les grands pontes de l’agroalimentaire, il les avait repérés, de même que certains ténors de l’industrie automobile et aéronautique. Le vieux Servan avait déjà souhaité la bienvenue à Madame le Ministre de la Santé et à son mari.
Les murs semblaient à présent se soulever, ondoyer comme une mer agitée par la tempête. La musique, déchaînée, évoquait celle de Bernard Hermann dans un film d’Hitchcock. Elle atteignait son point culminant lorsqu’un coup de cymbales retentit.
Une fermeture éclair surgit alors au bas du château, et tendit qu’elle s’élevait à la verticale, les pans de murs eux-mêmes paraissaient s’écarter. Un soleil brillait là-derrière, des rayons dorés qui repoussaient la noirceur infectée de rouge, la faisaient refluer vers les ailes, jusqu’à la faire disparaître et la remplacer toute entière. Les notes, d’abord apaisantes, s’accompagnèrent bientôt de nouveaux chants grégoriens, emplis de joie.
Atomes et molécules apparurent à cet instant, puis se profilèrent des seringues, dont les pointes perforèrent certaines des molécules. Des chaînes d’ADN s’enroulèrent autour des atomes, les agrégeant et sinuant de manière à former finalement les lettres et le logo « D », « S », « N » sur le haut de la partie centrale. Toute la paroi scintillait d’or. La musique, qui s’était faite vibrante, diminua avant de s’éteindre peu à peu.
Les applaudissements s’élevèrent, mêlés à des murmures de ravissement.
Henri s’avança, hochant la tête devant les visages approbateurs de ses patrons, Lucien Servan et Aristide Damelin. Le budget qui lui avait été alloué en tant que Directeur commercial adjoint n’avait pas été dépensé en vain – les principaux invités avaient bien répondu présents, et la soirée s’annonçait sous les meilleurs auspices.
A mi-chemin dans la cour il fut rejoint par Stéphanie. Vêtue d’une mini-robe moulante, soyeuse et d’un violet nacré, échancrée sur le devant, sa collaboratrice marchait d’un pas fluide du haut de ses talons aiguilles. Ses boucles blondes s’embrasaient sous les rayons des projecteurs toujours braqués sur la façade. D’autres jeunes femmes à la beauté provocatrice, escortées par leurs collègues mâles de DSN suivaient derrière.
« Vous êtes superbe, ma chère.
– Pour autant que vous puissiez en juger, rétorqua-t-elle.
– Remballez-moi ce sourire narquois, murmura-t-il. L’un n’empêche pas d’apprécier l’autre. »
Elle eut une moue dubitative, qui ne tarda heureusement pas à s’effacer de son impertinente petite face. Il pouvait la virer et la faire remplacer, elle le savait, peut-être pas d’un claquement de doigts mais assez facilement. Ce ne seraient pas les candidates qui manqueraient pour toucher à sa place son salaire. Il n’hésiterait pas à le faire, d’ailleurs, si elle ne se montrait pas à la hauteur de la tâche.
« Monsieur Henwi ! » L’accent écossais de l’homme qui venait ainsi de l’interpeller et le timbre de sa voix ne laissaient pas de doute sur son identité. Brian Mac Erwin, le Directeur commercial du groupe Dactel, arborait un sourire rayonnant. « Ça a été fowmidable, mon ami ! » fit le grand gaillard blond en lui serrant la main d’une poigne de fer, avant de l’étreindre d’une non moins vigoureuse accolade. « Une splendide entwée en matièwe ! Spectacular ! »
Henri fut parcouru d’un frisson. Ce salaud de Brian savait qu’il l’attirait, et il en jouait sans vergogne. Henri avait pour principe de ne jamais mêler plaisir et travail, mais c’était parfois plus difficile de s’en souvenir. Du moins l’autre n’était pas venu en kilt. Il hocha la tête en s’efforçant de masquer son trouble.
« Mes hommages, Madame », fit l’Ecossais en se pliant en deux pour déposer un rapide baisemain.
Elle eut un rire de gorge.
« Alow, quoi de neuf ? dit Brian en leur emboîtant le pas. Tandis qu’ils franchissaient le seuil et que Stéphanie confiait son sac à main à l’un des maîtres d’hôtel, Henri entretint Brian des prochaines campagnes de financement de DSN et de ceux des résultats du groupe dont le caractère n’était pas confidentiel. Ce faisant, ils s’engagèrent dans un couloir, puis franchirent la porte qui donnait sur la grande salle de bal. Des tables rondes nappées de satin et une estrade y avaient été installées, sous un plafond ornementé de dorures où pendaient des lustres chargés de cristaux.
Le plan de table avait été établi par l’assistante de direction d’Aristide, Marlyse Remaclo, en fonction de ce qui était connu des affinités ou des divergences des uns et des autres, en priorisant bien entendu les objectifs du groupe. Henri et Stéphanie prirent place à une table où s’installa également un couple dont l’homme était associé dans une entreprise de recyclage. Les rejoignirent plusieurs jeunes cadres d’une usine de biochimie et l’expert médical qu’Henri attendait, Bertrand Luvergne.
Des serveurs s’approchèrent et remplirent de champagne les flûtes en face de chaque convive. Ils avaient pour instruction de ne pas revenir faire leur office plus de trois fois – il s’agissait de provoquer un état de légère euphorie parmi les riches invités, pas de les griser.
Au bout d’un petit quart d’heure, le temps de laisser les uns et les autres faire connaissance ou se retrouver, Aristide s’avança de son pas élastique en direction de l’estrade, sur laquelle il monta avant de s’emparer d’un micro sur un pupitre. Après l’avoir testé, il commença son discours.
« Mes chers amis, tout d’abord un grand merci d’avoir accepté de vous joindre à nous ce soir pour notre gala de bienfaisance annuel. » Il fit une pause en balayant du regard l’assistance, un sourire aux lèvres. « “Nous vous aidons à vivre heureux plus longtemps”, telle est, vous le savez, la devise de DamelinServanNielzen. »
Comme il prononçait ces mots, le vidéoprojecteur installé dans un emplacement peu visible du plafond fit apparaître derrière lui une image où figurait en toutes lettres le slogan.
« Quel objectif plus noble pourrions-nous poursuivre, je vous le demande ? La recherche du bonheur est l’une des aspirations fondamentales de l’humanité. Chez DamelinServanNielzen, c’est ce qui nous porte, nous donne envie d’aller plus loin, de nous surpasser. Seulement voilà, je ne vous l’apprends pas, cette recherche du bonheur, elle n’est possible qu’en bonne santé. C’est la base. Depuis trente-sept ans qu’a été fondé notre laboratoire, nos scientifiques recherchent, analysent, explorent les différentes voies possibles. Expérimentent. Et nos spécialistes imaginent et mettent au point de nouveaux produits. Des médicaments qui aident à se porter mieux ou même à vaincre la maladie, qu’elle soit héréditaire ou contractée au cours de la vie. Thérapie génique, cellules souches, neuroscience, nous sommes prêts à aller toujours plus loin pour vous aider à aller mieux. Aucun défi ne nous arrête. Et je n’ai pas peur de dire que DSN contribue chaque jour au bien-être, et donc à la recherche du bonheur de millions d’individus. »
Des applaudissements se firent entendre, trop peu nombreux au goût d’Henri.
Nouveau regard circulaire. Aristide aimait jouer les tribuns et cela se sentait. Il puisait dans cette exposition au public une assurance qu’il renvoyait décuplée. « Mais pour que nous puissions vous aider, il faut nous aider. Les recherches sont toujours plus pointues et demandent toujours plus de fonds. Avec l’arrivée de certains génériques, les lourds investissements qu’exige la mise sur le marché d’un nouveau médicament ne sont parfois pas payés de retour. Et pourtant, je peux vous dire une chose : quel que soit ce que vous choisirez de donner ce soir, vous en aurez pour votre argent. »
Il s’éclaircit la gorge. « Je ne veux pas vous ennuyer avec un long discours, ce soir. Derrière moi, vous verrez défiler les différents résultats accomplis ces dernières années. Ils sont spectaculaires. Le diabète, le cancer, le sida, la mucoviscidose, les maladies rares... nous faisons reculer tous ces fléaux. Sachez-le, une bonne part de nos projets n’auraient pas vu le jour sans votre générosité. Merci de vous en souvenir au moment de passer auprès de ma charmante assistante, Liliane, à la fin du repas. (Il désigna la grande blonde d’un geste désinvolte.) Et surtout, amusez-vous bien ! »
Aristide quitta l’estrade, sous des applaudissements plus nourris cette fois. Le projecteur se mit à faire défiler les statistiques des sujets traités à l’aide de médicaments provenant des différents départements de DSN, distinguant les simples rémissions des cas de guérison totale.
Des serveurs tournaient autour des tables, y déposant avec grâce des plateaux de canapés. Deux des voisins de Stéphanie, des jeunes premiers dont l’un avait le visage parsemé de taches de rousseur et le second une barbe de trois jours, rivalisaient d’attention envers la jeune femme. Celle qui devait être la comptable de la boîte, une quinquagénaire aussi austère que sa robe à col montant, leur décochait par intermittence des regards agacés qu’ils ignoraient royalement.
Stéphanie, cependant, réagissait à peine à leurs plaisanteries, réservant ses sourires les plus enjôleurs pour son voisin le plus proche, Luvergne. Ce dernier avait tout du médecin guindé tout juste soustrait au formol de son laboratoire, avec son crâne dégarni, ses favoris noirs et ses petites lunettes ovales. A sa manière, il ne semblait pas non plus insensible aux charmes de la petite dinde.
« Vous savez, je suis très frustrée, disait-elle. Nous sommes entourés d’hommes de science à DSN, mais je n’ai jamais l’occasion de discuter avec eux – ils sont trop occupés. Mais vous, vous en êtes un, n’est-ce pas ?
– On peut dire ça.
– Alors, je ne vais plus vous lâcher de la soirée ! Vous apportez tant au monde, vous autres ! » D’un geste, elle désigna l’écran où figuraient en gros plan des pilules oblongues rouges et blanches.
Luvergne eut un sourire gêné.
Henri reporta son attention sur les autres tables. Ses employées s’étaient disposées selon le plan convenu. Trois d’entre elles étaient rassemblées autour d’un patron de presse venu seul, le couvrant de leurs sollicitudes. L’imbécile souriait d’un air fat. Elles étaient l’indispensable huile dans les rouages, celles qui faciliteraient les relations avec les partenaires commerciaux, en permettant à ceux des cadres masculins qui n’étaient pas venus en couple de relâcher l’espace d’une soirée, voire d’une nuit, leur tension. Aucune ne craignait de donner de sa personne – elles étaient payées assez cher pour cela.
Des plats fins furent servis. Ils n’avaient pas fait appel à un chef étoilé pour rien, et tout en dégustant ses queues de langoustine flambées au whisky, Henri songea que le budget de leur petite sauterie absorberait à lui seul une partie des dons. Il n’en fallait pas moins, pour mettre dans les meilleures dispositions les grands noms réunis autour des tables.
Après le repas, les différents chefs d’entreprise et dirigeants étaient tour à tour montés sur l’estrade remettre leur chèque à Liliane, l’assistante personnelle d’Aristide. Stéphanie n’avait guère prêté attention aux sommes énoncées au micro, suivies des noms des boîtes. Elle observait à présent d’un œil distrait les gymnastes et acrobates en tenue moulante sur l’estrade dont les numéros rivalisaient de témérité. Les regards en coin de Luvergne sur son décolleté plongeant auraient été prometteurs, si le médecin ne montrait pas autant de retenue malgré ses encouragements. Une approche frontale n’ayant que de faibles chances de réussir, elle décida de tâter le terrain de manière plus circonspecte. « Je suis curieuse de nature, commença-t-elle. Dites-moi, que pensez-vous de notre soirée ?
– Charmante, répondit-il sans hésiter. Et la présentation de vos réalisations, et de vos résultats, était très convaincante. » Devant le sourire de l’expert, Stéphanie haussa légèrement les sourcils. « Evidemment, nous savons tous qu’il y a beaucoup de poudre aux yeux là-dedans. La majorité de votre chiffre d’affaires provient de médicaments de confort. Les nouvelles molécules vraiment utiles ne sont découvertes que rarement, et leur mise au point prend du temps. Et à côté de ça, le médicament, en France, c’est quoi ? Plus de trente milliards d’euros de chiffre d’affaires par an ? »
Les traits de Stéphanie se figèrent. Déstabilisée, elle jeta un coup d’œil en direction d’Henri, qui n’avait pu réprimer une grimace. Son supérieur détourna le visage, la laissant régler le problème.
Salaud, songea-t-elle.
Luvergne, quant à lui, savourait l’instant – ses yeux pétillaient. Se remémorant sa formation, Stéphanie reprit son sang-froid. « Bien sûr, c’est vous le spécialiste, concéda-t-elle, et pourtant... Les malades qui ont bénéficié de nos médicaments ne seraient sans doute pas de votre avis. Le diabète, le cancer... Ce sont de grandes causes, non ? Elles valent la peine de se battre pour elles.
– C’est vrai. Et il est vrai que DSN se bat avec beaucoup de générosité, cela va sans dire. » Son regard s’abaissa de nouveau vers sa poitrine.
Elle se contenta de sourire, ne souhaitant pas pousser plus loin la conversation. D’après Henri, ce rat de laboratoire pouvait bel et bien être un allié. Un super allié, en effet. Malgré tout, il ne fallait surtout pas entrer dans la polémique avec lui. Si elle foirait sa mission, elle pouvait dire adieu à son poste, et sans doute à son loft de deux cents mètres carrés aussi bien qu’à ses prochaines vacances aux Seychelles. Elle changea donc de sujet, commentant d’un ton léger les prouesses des acrobates.
Un peu plus tard, Aristide reprit le micro, et convia chacun des invités à terminer la soirée dans la salle de bal à l’étage.
« Cela risque d’être ennuyeux pour moi, s’excusa Luvergne en se levant, je n’ai pas de cavalière.
– Oh ! Mais si ! protesta Stéphanie. Je vous avais bien dit que je ne vous lâcherais pas de la soirée. » Henri inclina imperceptiblement le menton, signifiant son approbation.
« C’est trop d’honneur. » Luvergne souriait avec suffisance. Stéphanie lui prit familièrement le bras et ils suivirent la cohorte en smoking et robe de soirée.
Des globes scintillants trouaient la semi-pénombre de la grande salle de bal de leurs mille éclats de couleur. Stéphanie entraîna Luvergne au centre de la piste, au milieu des autres. Le DJ, blond albinos, était un spectre qui se tortillait dans le fond de la salle, derrière sa table de mixage. La musique était un pot-pourri de pop, de rock et de techno. Avec une maîtrise née d’une longue habitude, Stéphanie se déhancha souplement. Ses seins ne demandaient qu’à jaillir de son soutien-gorge sous-dimensionné. C’était bon de se sentir regardée et convoitée, elle en oubliait jusqu’à la douleur dans ses pieds soumis à la torture – elle ne comptait retirer ses talons aiguilles qu’un peu plus tard dans la soirée. Très vite, elle attira autour d’elle plusieurs mâles aussi rompus qu’elle à ces trémoussements sensuels.
Bertrand Luvergne ne se sentait visiblement pas à la hauteur. Au bout du deuxième morceau seulement, il se dirigea vers le bar installé dans un recoin de la salle. Stéphanie attendit à peine la fin des vibrations ensorcelantes de Daft Punk pour le rejoindre, au grand dépit de sa cour immédiate. Luvergne avait opté pour une coupe de champagne, elle fit de même. Le liquide doré, rafraîchissant, pétillait agréablement sous la langue.
Le rat de laboratoire l’étudiait avec roublardise. Ayant vérifié que nul à proximité ne pourrait l’entendre, elle se pencha vers lui. Cette fois, elle laissa tomber les pincettes. « J’espère que cette soirée vous incitera à faire pencher la balance du bon côté, demain, pour le Limolin. »
Luvergne fit la grimace. « Je me demandais quand vous aborderiez le sujet. Malheureusement, les premières analyses ne sont pas très rassurantes. Le Limolin affaiblirait bel et bien les défenses immunitaires. »
C’était la raison principale pour laquelle le médicament avait été refusé par le premier comité, comme ne l’ignorait pas Stéphanie.
« En plus, il y aurait des effets secondaires assez curieux. »
Elle le scrutait, les lèvres pincées.
« Evidemment, poursuivit-il, rien n’est encore complètement prouvé. Et ma mémoire peut se montrer assez capricieuse.
– Et à combien pourrait nous revenir un... caprice de votre mémoire ?
– Cinq millions d’euros. »
Les yeux de Stéphanie s’arrondirent. Ses sourcils à lui, d’un noir de jais, se froncèrent, ses traits se durcirent.
« Une paille pour vous. Ne me prenez pas pour un idiot, je sais que ce marché peut se monter à au moins un milliard d’euros. Il n’y aura pas d’appel, après la commission, puisque le médicament a déjà été refusé une fois. S’il passe demain, c’est pour de bon, vous êtes tranquilles. Cinq millions, ce n’est rien. Un cadeau du ciel. N’oubliez pas que je joue ma carrière.
– Un cadeau du ciel, vous en avez de bonnes ! gloussa-t-elle. Trois millions.
– Hum. A trois millions, je ne peux rien garantir. Avec cinq, vous pouvez dormir tranquilles. Pas avec trois.
– Quatre millions, fit-elle, les dents serrées. Je n’ai pas été autorisée à négocier au-delà.
– Quatre, c’est mieux, murmura-t-il. Ce n’est pas encore satisfaisant, mais... »
Ses yeux la déshabillèrent de nouveau.
« Quatre, dit-elle en prenant aussitôt son ton le plus langoureux, et je vous promets une nuit que vous n’oublierez jamais. Je connais une chambre, au troisième étage, où nous serons tranquilles. Après tout, devenir millionnaire, ça se fête...
– Intéressant. »
Elle se pencha vers lui pour chuchoter, s’assurant de mettre sa poitrine en valeur. « Je suis sûre que vous ne l’avez jamais fait dans un lit à baldaquin. » Elle lut dans ses yeux son désir, et sut que le marché était conclu.
Ils contemplèrent les danseurs quelques instants encore. Lorsqu’elle se leva, il la suivit. Comme elle remontait un corridor, puis s’engageait dans le grand escalier tapissé de velours carmin, elle s’imagina être une princesse dans son palais d’argent.
En réalité, pour aussi assurée que fût sa démarche, elle savait qu’elle ne faisait que contrôler sa peur. Elle ne lui faisait guère confiance, avec ses mirettes de renard et ses joues grêlées. Si les autres filles du groupe n’avaient pas été occupées à accomplir leurs propres objectifs, elle lui aurait bien proposé un plan à trois histoire de se rassurer un peu.
La chambre que lui avait indiquée Henri était l’avant-dernière du couloir – les chances qu’un autre couple s’y introduise étaient minimes. Elle ouvrit la porte marquetée et alluma. Les lueurs rouges qui jaillirent des lampes de part et d’autre du grand lit à baldaquin étaient propices à une atmosphère intime. Elle se dirigea vers la table de chevet de droite et en ouvrit le tiroir tandis que Luvergne refermait derrière lui.
« Banane, fraise, framboise ? fit-elle en lui présentant trois préservatifs dans leur étui.
– Pas de capote, fit-il d’une voix rauque. Sinon, ce sera tout sauf inoubliable. »
A contrecœur, elle les remit dans le tiroir. Puis elle se colla contre lui tout en lui palpant l’entrejambe. « Hmm. J’ai l’impression qu’on est à l’étroit », fit-elle.
S’agenouillant, elle baissa sa braguette et lui sortit la queue, qu’elle se mit à sucer. L’odeur et le goût étaient forts, mais surmonter sa révulsion était presque devenu une seconde nature. De la main droite, elle lui massait la bourse, puis remontait le long du pénis. Lorsqu’elle le sentit suffisamment gros et dur dans sa bouche, elle se dégagea, le souffle court, et se remit debout. Il posa ses mains sur ses seins, mais elle le repoussa gentiment.
Elle tenait à défaire elle-même sa robe de grand couturier. Ses gestes étaient gracieux et étudiés. Lui était tellement pressé qu’il fit sauter trois de ses boutons de chemise en arrachant celle-ci.
Après s’être elle-même savamment titillé le clitoris sous ses yeux ébahis, elle commença par se faire prendre en levrette. Luvergne n’était pas très expérimenté ni attentionné, mais pas assez brutal non plus pour lui faire vraiment mal au début. Chacun de ses mouvements à elle était calculé pour lui procurer un maximum de plaisir. Ils n’accomplirent certes pas toutes les positions du Kâmasûtra cette nuit-là, mais elle était suffisamment habile pour l’arrêter à chaque fois qu’il s’engageait avec un peu trop de détermination dans le Chemin de l’Explosion Finale. Elle avait l’habitude d’entretenir son corps au club de fitness de DSN, et quant à lui, il était bien tel qu’elle l’avait pressenti, un rat de laboratoire. C’était donc elle qui le mettait le plus souvent hors d’haleine, même lorsqu’elle donnait toute l’impulsion. Quand elle lui permit enfin de jouir, il avait la figure rouge, et les membres tremblants, au bord de la rupture. Il poussa un très long gémissement extatique.
Oui, il se souviendrait un bout de temps de cette nuit.
***
Henri Lempereur était plongé dans un rapport décrivant les résultats de la dernière campagne promotionnelle au Venezuela quand la sonnerie du téléphone retentit. C’était Aristide.
« C’est bon, mon vieux, dit-il sans préambule. La commission l’a validé.
– Excellent.
– Je nous ai gardé une bouteille de “champ” de côté, hier soir. Si tu veux passer...
– De suite. » Comme il raccrochait, un large sourire s’étala sur son visage. Il rajusta sa cravate marron et se mit en route. Il parcourut un premier couloir recouvert de moquette, lequel communiquait avec les bureaux des employés dont il avait la responsabilité avant de déboucher sur le corridor principal qu’il remonta quelques instants. Pour un non-initié, le laboratoire pouvait faire figure de labyrinthe. Les locaux bénéficiaient d’une double configuration en pentagone. Sur la circonférence se trouvaient les bureaux du personnel administratif et de la direction, et dans la partie centrale étaient installés les laboratoires intérieurs, sécurisés et aseptisés. L’on ne pouvait y pénétrer que muni d’une blouse, d’un masque et d’un badge spécifique.
Publicité, import-export, design et marketing, informatique, comptabilité, ressources humaines... même sans inclure les accès vers les salles de labo, les bureaux s’étendaient en un véritable réseau arachnéen. A condition de ne pas prêter attention aux inscriptions sur les portes ou les panneaux, on pouvait faire le tour du bâtiment et revenir sur ses pas sans s’en apercevoir, les lieux se révélant le plus souvent uniformes.
Les chaussures à deux mille euros d’Henri – une marque italienne – ne faisaient aucun bruit sur la moquette. Il se sentait bien. Il y avait des journées où les obstacles se déblayaient comme par eux-mêmes, et où l’univers formait un couloir d’honneur pour les laisser passer, lui et les différents cadres et associés de DSN. Il chérissait cette sensation.
Aristide rayonnait, lui aussi. Lorsque Henri entra dans le vaste bureau où le jour s’engouffrait par une baie vitrée dont il était possible de modifier l’opacité à l’aide d’une télécommande, il le trouva en train d’exhaler des volutes de fumée de l’un de ces cigarillos qu’il faisait importer directement de Cuba. Le Limolin était son projet. Sa réussite lui permettrait de racheter d’autres parts de la société pour en devenir l’actionnaire majoritaire. Si Servan et Nielzen n’y prenaient garde, ils allaient se retrouver lentement, mais fermement, poussés vers la porte de sortie.
Issu d’une famille aisée, Aristide Damelin était survenu comme un sauveur dans les années 90, une époque où le laboratoire Servan, criblé de dettes, vacillait sur ses bases. Il avait présenté à Servan le troisième associé, Nielzen, rencontré en Allemagne, dont le centre de recherche était spécialisé dans la génétique. En injectant de l’argent frais et en élargissant les champs d’expérimentation, en adoptant également des méthodes commerciales agressives et en sachant s’entourer politiquement, il avait sauvé le labo, réussissant même à en faire l’un des acteurs incontournables du marché en France. Le maire de Rouen, Gérard Deflos, lui mangeait dans la main, de même que plusieurs députés et sénateurs.
Aristide lui désigna le fauteuil face au bureau derrière lequel il était installé. « Excellent boulot hier, commenta-t-il après avoir formé un dernier rond de fumée. Le son et lumière, le choix de Stéphanie pour “entretenir” notre ami... tout était parfait. » Posant son cigarillo sur le cendrier, il saisit l’une des deux coupes de champagne en face de lui et la leva. Henri se hâta de prendre la sienne pour trinquer avec lui.
« Je savais que j’avais eu raison de te choisir pour ce poste, lui confia Aristide. Avec toi au moins, j’étais sûr qu’il n’y aurait pas d’histoires au moment des entretiens d’embauche avec tes assistantes... ou après.
– C’était le seul motif ?
– Ne te vexe pas. » Aristide avala posément une gorgée. « Tu avais un bon CV, mais je ne vais rien t’apprendre, un CV, ça se trafique. C’est en bossant avec toi que j’ai vraiment pu apprécier tes qualités. »
Henri hocha la tête, acceptant le compliment.
« Tu auras la prime que tu m’avais demandée. Et Stéphanie aura la sienne, bien sûr.
– Merci. Les médias... il y en avait quand la décision a été rendue ?
– Aucun. Là encore, les fonds investis ont fait merveille. » Son sourire dévoila ses canines. « Il est aussi utile d’acheter le silence que de se payer une couverture médiatique, dans nos métiers.
– C’est clair.
– Ce n’est pas ce cher Archimède qui me contredira, n’est-ce pas, il suffit d’utiliser les bons leviers pour faire basculer le monde. »
Ils finirent leur champagne, après quoi Aristide évoqua ses idées quant aux prochaines campagnes promotionnelles pour le Limolin. Comme à leur habitude, Stéphanie et les autres assistantes démarcheraient les médecins, soit directement soit à l’occasion de congrès et conventions. Leur talent de persuasion allié aux montants virés sur les comptes occultes de nombreux experts, et à une campagne ciblée dans la presse spécialisée, devraient une fois encore générer des commandes en masse parmi les professionnels. Ce qui se traduirait, bien sûr, par des profits exponentiels et une hausse de la valeur de l’action en Bourse.
La séance de brainstorming dura deux bonnes heures, que Henri vit à peine passer. Il ne fut pas fâché, néanmoins, de regagner son bureau. Le temps de retranscrire sur ordinateur les différentes idées développées et de les sauvegarder, il était déjà 18h30.
Il aurait pu se faire commander un repas auprès des cuisines, dont une partie du personnel était tenue de rester jusqu’à 20h00 chaque jour. Ce n’aurait pas été la première fois qu’il aurait sacrifié sa soirée pour le travail. Il n’en fit rien – ce n’était pas le jour. Une petite descente au Gentlemen’s Lounge, la boîte gay de Rouen, voilà qui lui siérait beaucoup mieux. Il y retrouverait Jason – son ami lui avait laissé un message sur son smartphone – pour une soirée romantique.
La plupart des employés avaient vidé les lieux. Henri fit mine de ne pas voir le technicien de surface sur sa nettoyeuse autoportée, débadgea et franchit la double porte d’entrée. Pas un souffle de vent au-dehors. Il prit le chemin du parking réservé à la direction, de taille plus modeste que celui accessible au reste du personnel.
Une curieuse impression le titilla en se dirigeant vers sa Mercedes. Il fit volte-face mais ne vit rien. Les étendues de pelouse vert vif coupé ras environnant le laboratoire étaient aussi désertes que l’on pouvait s’y attendre à cette heure. Haussant les épaules, il déverrouilla son véhicule et s’assit à la place du conducteur – les chauffeurs étaient réservés aux grandes occasions.
Avec une synchronisation parfaite, un homme se glissa en même temps que lui côté passager. Henri sursauta si violemment que son crâne heurta la vitre de la portière qu’il venait de refermer. L’inconnu était une sorte de SDF au vu de sa barbe de trois jours, de son gilet et de son bermuda en jean carrément miteux.
Des muscles saillaient dans l’entrebâillement de son gilet et sur ses bras.
« Eh bien, cousin ? T’as pas l’air spécialement content de me revoir, on dirait. »
Henri écarquilla les yeux. Cette mèche blanche dans ces cheveux châtains ébouriffés, il était difficile d’en faire abstraction. Les traits de visage étaient devenus autrement burinés et bronzés, mais... oui, l’homme pouvait être une caricature du Vick qu’il avait croisé au cours de réunions de famille, dans son enfance. « Croisé » était un bien grand mot, d’ailleurs. S’il y avait une branche pourrie parmi les Lempereur, c’était bien celle-là. A une époque, le père d’Henri avait essayé d’encourager son frère, l’oncle Bertrand, à démarrer une cure de désintoxication – le vieux de Vick avait de tout temps été un alcolo. Peine perdue. Les lunettes de soleil de la tante d’Henri n’avaient jamais quitté son visage, dérisoire tentative pour dissimuler les traces de coups. Comment avait-elle fait pour rester mariée si longtemps, d’ailleurs ? Quant à Vick, c’était un cancre notoire, un bas de plafond qui lui avait cassé la figure par deux fois – à la suite de quoi les contacts s’étaient espacés entre les deux familles, avant de s’interrompre pour de bon.
« Que... qu’est-ce que tu deviens ? bégaya-t-il.
– Ah ! s’exclama Vick avec un grand sourire, en écartant les bras et regardant en l’air, comme si la question avait été du plus haut comique. Beaucoup de choses, cousin. Un peu trop, même.
– Ah bon ?
– Y faut qu’on cause, tous les deux. Entre gentlemen, pour ainsi dire. Mais pas ici. Chez toi. »
Henri émit un gémissement de protestation. L’autre y fut insensible, et il n’osa aller au-delà. Son cousin, avec ses jambes repliées, ressemblait à une bête fauve aux aguets. Il le savait capable de lui sauter à la gorge, et ce n’était pas avec ses soixante-cinq kilos tout mouillés et sa séance de fitness mensuelle qu’il ferait le poids.
Encore sous le coup de l’émotion, tâchant de maîtriser son tremblement, il s’efforça d’insérer la clé dans le contact. La main de Vick se posa sur la sienne et la guida, attouchement révulsant. Aussitôt après avoir démarré, Henri repoussa la main. Le raté de la famille arborait un sourire de dérision qui lui fit l’effet d’un coup de fouet. Pourquoi fallait-il qu’il se retrouve à chaque fois en situation d’infériorité en sa présence ? C’était son cousin, la sous-merde. Lui, Henri, avait réussi, il s’était élevé bien plus haut que l’autre ne pourrait le faire dans ses rêves les plus fous.
Mais bien sûr, il avait aussi beaucoup plus à perdre dans une confrontation physique.
Pris d’une colère froide, il démarra rageusement. Il sortit du parking, s’engagea sur la nationale et accéléra. Vick, lui, n’avait pas daigné s’attacher. L’air plus stupide encore qu’à son habitude, il paraissait se demander la cause du signal d’alerte qui retentissait dans l’habitacle.
« Ta ceinture, fit Henri d’un ton excédé.
– T’as pas beaucoup changé, lâcha Vick en ajustant la lanière avec une lenteur insupportable.
– Toi, c’est ton apparence qui a changé, rétorqua-t-il entre ses dents. Pour le reste, je n’ai pas l’impression qu’il y a beaucoup de changement non plus. »
Vick partit dans un ricanement. « Je comprends mieux, maintenant que je te revois, dit-il, pourquoi tu m’as autant manqué. »
Henri jugea préférable de laisser courir.
Après avoir dépassé Darnetal, la circulation se densifia comme d’habitude. Même à cette heure-là – on s’approchait des 19h00 – le boulevard de la Paix et la Rocade nord-est de Rouen étaient encore encombrés.
Le silence se faisait pesant. Henri adressa un regard de biais à son cousin. Celui-ci paraissait à l’inverse parfaitement détendu, allant jusqu’à incliner le dossier de son siège comme s’il s’apprêtait à faire un somme. Henri se mit à dénombrer les années qui les séparaient de leur dernière rencontre. Cela devait bien faire vingt ans. Déjà à l’époque, son sens de la répartie était affûté, et il ne pouvait s’empêcher de mettre en boîte son attardé de cousin. C’était tellement facile... Les conséquences, hélas, se faisaient rarement attendre, le contraignant à rechercher l’autorité parentale en guise de refuge.
Il réprima une grimace. Il avait mûri, depuis, et ne prendrait plus ce genre de risques.
Au bout d’un temps qui lui parut bien trop long, ils s’engagèrent dans la rue d’Amiens, se dirigeant vers le centre-ville. Quelques centaines de mètres et plusieurs embranchements plus loin, ils s’arrêtèrent devant un parking souterrain, dont Henri ouvrit la barrière d’accès à l’aide de sa télécommande.
Il se gara dans son box, puis conduisit l’autre à contrecœur en direction de l’ascenseur. L’idée de s’y retrouver confiné en compagnie de cette brute épaisse ne le tentait pas plus que cela. Il ne pouvait plus reculer, hélas. Du moins son cousin n’empestait-il ni la vinasse ni la sueur. Cela ne laissait d’ailleurs pas de le surprendre, étant donnée sa tenue.
« Ce que tu as à me confier doit être sacrément important, avança-t-il tandis qu’ils s’élevaient vers le cinquième étage, pour que tu te sois donné la peine de me retrouver ?
– T’imagines bien, répondit Vick. Mais le hasard a aussi joué son rôle. Je ne savais pas du tout ce que tu étais devenu, et du coup, au départ, j’ai cru à une homonymie. Ce n’est qu’en surfant sur le net que j’ai reconnu ta bobine sur le site de DSN. »
Vick dut repérer son haussement de sourcils, car il précisa d’un ton mordant : « Eh ouais, j’me connecte de temps en temps. Les cybercafés, c’est pas fait pour les clébards. »
Pour cinglante qu’elle fût, Henri laissa passer la remarque sans ciller. Une seule raison avait pu pousser son dégénéré de cousin à sortir du bois après aussi longtemps. L’argent. Etonnamment, Vick n’y avait encore fait aucune allusion. Il pouvait être plus subtil qu’Henri ne l’avait cru, à moins que sa « subtilité » ne soit en réalité qu’un instinct de prédateur. En se faisant conduire chez lui, il lui faisait la démonstration que plus aucune retraite n’était possible. Vick connaissait à présent son adresse, et pourrait revenir. Henri était bien placé pour le savoir, lorsqu’il s’agissait de négocier, les menaces implicites étaient tout aussi valables pour faire prévaloir son point de vue que les tentatives de séduction. Parfois même, bien plus efficaces.
Il sortit son trousseau de clés avec une assurance qu’il était loin de ressentir. Tant qu’il ne montrerait pas sa peur, l’autre n’aurait pas prise sur lui – c’était la théorie, en tout cas.
Vick émit un sifflement en s’avançant dans le grand appartement recouvert d’une moquette immaculée. Henri lui-même considéra sa baie vitrée, son sofa en cuir blanc, la table du séjour, ses chaises et meubles en chêne massif, sa chaîne et son écran plat de deux mètres d’un œil nouveau. « Y a pas à dire, la maladie, ça rapporte, commenta Vick. J’ose à peine te demander si t’es propriétaire ou locataire...
– Propriétaire, et alors ? »
Cela se précisait. Son cousin n’allait pas tarder à évoquer ses problèmes de fin de mois, voire de mois tout court.
« Bravo. Pas si courant, pour un trentenaire.
– Viens-en au fait, s’il te plaît.
– Pressé, hein ? D’accord. Albert Grandjean, ça te dit quelque chose ? »
Henri fut un instant désarçonné. Son cousin était moins prévisible qu’il ne l’avait cru. « Nous avons quelqu’un de ce nom, oui. Un chimiste. Un original qui travaille le plus souvent sur le terrain, si je me souviens bien. »
Le visage de Vick revêtit une expression étrange. Henri n’aurait su dire s’il souriait ou bien montrait les dents.
« Pour être original, c’est un original, ton gars. Et c’est aussi un repenti. Il m’a chargé de te dire qu’il regrettait toutes les saloperies qu’il a pu faire à des innocents, en Afrique. Je crois que dans votre jargon, vous appelez ça des expériences in vivo.
– Je ne vois pas de quoi tu parles.
– Ah ouais ? Eh bien, par exemple, il m’a fait avaler un truc qu’il appelait le XT-07. D’après lui, c’était censé pouvoir aider les militaires à rester éveillé la nuit, ou quelque chose comme ça. Il a tout simplement testé cette merde sur moi, sans m’en avertir bien sûr.
– C’est... très surprenant. Cela va à l’encontre de toutes nos procédures. Et ça t’a fait quelque chose ? »
Henri scrutait son cousin, s’attendant à le voir lui sauter à la gorge. Il brûlait de se mettre à l’abri derrière la table du séjour et d’empoigner une chaise pour faire bonne mesure.
La peur. Hideuse et abjecte. Il devait absolument la contrôler, ou elle se retournerait contre lui. Vick ne montrait aucun signe d’agitation, pour l’instant.
« Et comment, lâcha-t-il entre ses dents. Je ne sais pas si ça marche, mais en tout cas, il y a de sacrés effets secondaires...
– Lesquels ? » Henri n’était pas sûr de vouloir entendre la réponse. Il ignorait tout des méthodes d’expérimentation de Grandjean. C’était l’un des chimistes d’Aristide, l’un des personnages dont le cofondateur de DSN lui avait révélé qu’il valait mieux ne pas se montrer trop curieux quant à la nature exacte des activités, étant donné ses résultats spectaculaires. Certaines questions ne devaient pas être posées, certains problèmes devaient éviter d’être soulevés si l’on désirait monter en grade et faire carrière. Un axiome d’une telle évidence que garder le silence sur ces sujets était devenu une seconde nature pour Henri.
« Disons que je vois parfois des choses. Des choses que je préférerais pas voir. Que personne n’aimerait voir, tu peux me croire.
– Et qu’est-ce que tu attends de moi ?
– Pas besoin d’avoir fait tes études pour percuter, cousin. Ce XT machin a été fabriqué dans ton labo, par des collègues à toi. Il me faut l’antidote. Capice ? »
Il l’empoigna par la cravate et le rapprocha irrésistiblement, faisant grossir les poils châtains de sa barbe de trois jours. Ses yeux marron le fixaient avec une intensité effrayante. A demi étouffé, Henri hocha la tête. La pression sur sa glotte était insupportable.
Enfin, Vick le lâcha et Henri, la respiration sifflante s’empressa de dénouer sa cravate. Il se massa le cou. Cette fois, il battit sans autre forme de procès en retraite derrière la table, ne cherchant pas même à se donner une contenance. L’enfoiré était beaucoup plus fort encore que dans son souvenir.
« Je... je vais voir ce que je peux faire, articula-t-il en faisant effort pour regarder la brute épaisse. Je ne peux rien promettre, mais... Tu as un numéro de portable où je puisse te joindre ? »
L’autre fit un signe négatif. « Je reviendrai te voir, cousin. Un autre jour. Mais fais gaffe. Tout ça tu vois, fit-il en balayant d’un geste le salon, c’est bien beau, mais ça pourrait s’arrêter. D’un seul coup. Eh ouais. Grandjean est prêt à tout balancer dans la presse, en échange de son immunité. Si tu ne veux pas que toutes les petites magouilles de ton labo soient étalées au grand jour, un conseil, fais vite. » Son fumier de cousin hocha la tête, fit demi-tour et vida enfin les lieux. Henri resta une bonne minute à fixer la porte refermée, transformé en statue de pierre.
June 3, 2014
La gagnante s'appelle Pauline, de Paris
Le tirage au sort du jeu Votre santé, c'est notre avenir à gagner sur Goodreads a été effectué. La gagnante se prénomme Pauline, habite Paris, et c'est une vraie lectrice, passionnée de mangas mais qui aime aussi les romans de Maxime Chattam et de Stephen King, entre autres. Elle recevra son recueil dédicacé cette semaine. Bien que le nombre de participants ait été faible (13 personnes), cette initiative est selon moi un succès, dans la mesure où elle me permet de me mettre en relation avec des lecteurs (et surtout, des lectrices puisqu'elles semblent largement majoritaires sur Goodreads) de manière pertinente, en fonction de leurs goûts.
May 28, 2014
Distribution étendue Createspace : une réponse d'Amazon
Suite à l'article d'hier intitulé Ingram, Createspace, Amazon et la distribution globale, Amazon a envoyé une réponse à un autre auteur qui leur a posé des questions après que je l'ai prévenu. Cette fois-ci, c'est l'équipe Amazon.fr qui a répondu. La réponse contient un lien très intéressant qui permet de signaler directement à Amazon des prix trop bas. Mes réflexions juste après leur réponse. N'oubliez pas aussi de lire les commentaires du premier article.
Voici la réponse d'Amazon.fr non retouchée:
Bonjour,
Suite à votre email , je comprends que vous vous interrogez sur le prix de vos livres sur notre site Amazon.fr.
Tout d'abord, notre politique de prix se traduit par la pratique constante de prix bas sur toute notre gamme de produits, tout en maintenant le niveau de qualité de nos services qui fait notre réputation. Nous n’avons cependant pas de politique d’alignement de prix sur nos concurrents. Dès lors, il est possible que vous puissiez acheter un article à prix plus bas chez un autre commerçant.
J'ai effectué des recherches et vous informer que les livres dont vous m'avez envoyé les liens sont actuellement proposés sur la plateforme Marketplace d’Amazon à la fois par Amazon et par des vendeurs tiers.
Les livres vendus par des vendeurs tiers sur la plateforme Marketplace sont signalés avec le message « Disponible chez ces vendeurs » qui remplace l'indication du prix Amazon. Dans d'autres cas, ils sont listés sous le prix Amazon avec le mention "neuf" ou "d'occasion".
Les vendeurs collectent des livres d’occasion ou les achètent en gros chez les éditeurs.
Ils sont libres de fixer leurs propres prix. Les offres de la plateforme Marketplace ne peuvent pas être supprimées.
Néanmoins, si un de vos livres est vendu à l'état neuf par un vendeur et que la différence de prix est supérieur ou inférieur au prix fixé par l'éditeur, nous vous demandons de remplir le formulaire ci-desous :
https://www.amazon.fr/gp/help/reports/infringement
Ce formulaire est ensuite traité par notre équipe légale qui vérifiera si le vendeur viole ( ou non) la loi Lang sur le prix du livre. Je vous invite à bien préciser l'objet de votre demande dans la case "informations supplémentaires.
A bientôt sur Amazon.fr
Voici maintenant mes réflexions :
- Il est très étonnant qu'Amazon dise qu'il n'a pas de politique d'alignement des prix sur la concurrence, alors que pour les ebooks, Amazon les aligne automatiquement sur le prix le plus bas (peut-être la réponse ne portait-elle que sur les livres papier). En même temps, comme je l'avais signalé dans mon article, Amazon se bat (et est en train de se battre, contre Hachette) pour obtenir la possibilité de pratiquer des remises sur les ventes de livres et d'ebooks, tout en continuant à payer l'intégralité du prix des livres aux éditeurs et autoéditeurs. C'est dans leur ADN d'obtenir les prix les plus bas pour leurs clients (l'équivalent de Leclerc chez nous, en quelque sorte).
- J'ai personnellement rempli le formulaire d'infringement pour tous mes livres
- Je ne crois pas vraiment à l'explication "les vendeurs achètent les livres en gros chez l'éditeur": cela ne m'est jamais arrivé qu'on m'achète des livres en gros. Pour moi, il y a un danger très clair qu'un imprimeur à la demande fabrique illégalement nos livres et les vende dans notre dos, ou plutôt sous notre nez, sur le marketplace amazon. Ce danger persistera tant que les rapports de vente ne feront pas état clairement des ventes effectuées par les vendeurs tiers, et tant qu'Amazon ne fera pas en sorte que les ventes par des vendeurs tiers sur son site déclenchent la remontée en classement d'un livre.
- d'après la réponse faite, j'en déduis que les liens d'achat marketplace ne disparaîtront pas, mais qu'Amazon va demander un alignement des prix aux vendeurs sur le neuf. A noter que pour l'auteur Jacques Vendroux (voir les commentaires du premier article), les vendeurs tiers ont disparu aussitôt qu'il a supprimé la distribution globale pour son livre (réaction ultra rapide). Chez moi, un vendeur sur deux a été supprimé. Pour mon dernier livre, Votre santé c'est notre avenir, le vendeur tiers pratique 26% de réduction, ce qui le met à 11€! (En fait, la réduction est bien moins importante si l'on tient compte des frais de port. N'hésitez pas à en profiter si vous vous sentez de l'acheter, mais dans ce cas, envoyez-moi un message par le biais du formulaire de contact de ce blog pour me prévenir, afin que je puisse vérifier si la vente apparaît sur mon tableau de bord.)
- la réponse d'Amazon lui permet de rester à peu près dans les clous par rapport au prix unique du livre, mais on voit qu'il y a quand même pas mal de contradictions. L'explication tient à ce qu'Amazon s'efforce de rester dans la légalité tout en appliquant sa propre politique.
Autre article sur le même sujet :
Distribution étendue Createspace: une réponse d'Amazon
Suite à l'article d'hier intitulé Ingram, Createspace, Amazon et la distribution globale, Amazon a envoyé une réponse à un autre auteur qui leur a posé des questions après que je l'ai prévenu. Cette fois-ci, c'est l'équipe Amazon.fr qui a répondu. La réponse contient un lien très intéressant qui permet de signaler directement à Amazon des prix trop bas. Mes réflexions juste après leur réponse. N'oubliez pas aussi de lire les commentaires du premier article.
Voici la réponse d'Amazon.fr non retouchée:
Bonjour,
Suite à votre email , je comprends que vous vous interrogez sur le prix de vos livres sur notre site Amazon.fr.
Tout d'abord, notre politique de prix se traduit par la pratique constante de prix bas sur toute notre gamme de produits, tout en maintenant le niveau de qualité de nos services qui fait notre réputation. Nous n’avons cependant pas de politique d’alignement de prix sur nos concurrents. Dès lors, il est possible que vous puissiez acheter un article à prix plus bas chez un autre commerçant.
J'ai effectué des recherches et vous informer que les livres dont vous m'avez envoyé les liens sont actuellement proposés sur la plateforme Marketplace d’Amazon à la fois par Amazon et par des vendeurs tiers.
Les livres vendus par des vendeurs tiers sur la plateforme Marketplace sont signalés avec le message « Disponible chez ces vendeurs » qui remplace l'indication du prix Amazon. Dans d'autres cas, ils sont listés sous le prix Amazon avec le mention "neuf" ou "d'occasion".
Les vendeurs collectent des livres d’occasion ou les achètent en gros chez les éditeurs.
Ils sont libres de fixer leurs propres prix. Les offres de la plateforme Marketplace ne peuvent pas être supprimées.
Néanmoins, si un de vos livres est vendu à l'état neuf par un vendeur et que la différence de prix est supérieur ou inférieur au prix fixé par l'éditeur, nous vous demandons de remplir le formulaire ci-desous :
https://www.amazon.fr/gp/help/reports/infringement
Ce formulaire est ensuite traité par notre équipe légale qui vérifiera si le vendeur viole ( ou non) la loi Lang sur le prix du livre. Je vous invite à bien préciser l'objet de votre demande dans la case "informations supplémentaires.
A bientôt sur Amazon.fr
Voici maintenant mes réflexions :
- Il est très étonnant qu'Amazon dise qu'il n'a pas de politique d'alignement des prix sur la concurrence, alors que pour les ebooks, Amazon les aligne automatiquement sur le prix le plus bas (peut-être la réponse ne portait-elle que sur les livres papier). En même temps, comme je l'avais signalé dans mon article, Amazon se bat (et est en train de se battre, contre Hachette) pour obtenir la possibilité de pratiquer des remises sur les ventes de livres et d'ebooks, tout en continuant à payer l'intégralité du prix des livres aux éditeurs et autoéditeurs. C'est dans leur ADN d'obtenir les prix les plus bas pour leurs clients (l'équivalent de Leclerc chez nous, en quelque sorte).
- J'ai personnellement rempli le formulaire d'infringement pour tous mes livres
- Je ne crois pas vraiment à l'explication "les vendeurs achètent les livres en gros chez l'éditeur": cela ne m'est jamais arrivé qu'on m'achète des livres en gros. Pour moi, il y a un danger très clair qu'un imprimeur à la demande fabrique illégalement nos livres et les vende dans notre dos, ou plutôt sous notre nez, sur le marketplace amazon. Ce danger persistera tant que les rapports de vente ne feront pas état clairement des ventes effectuées par les vendeurs tiers, et tant qu'Amazon ne fera pas en sorte que les ventes par des vendeurs tiers sur son site déclenchent la remontée en classement d'un livre.
- d'après la réponse faite, j'en déduis que les liens d'achat marketplace ne disparaîtront pas, mais qu'Amazon va demander un alignement des prix aux vendeurs sur le neuf. A noter que pour l'auteur Jacques Vendroux (voir les commentaires du premier article), les vendeurs tiers ont disparu aussitôt qu'il a supprimé la distribution globale pour son livre (réaction ultra rapide). Chez moi, un vendeur sur deux a été supprimé. Pour mon dernier livre, Votre santé c'est notre avenir, le vendeur tiers pratique 26% de réduction, ce qui le met à 11€! (En fait, la réduction est bien moins importante si l'on tient compte des frais de port. N'hésitez pas à en profiter si vous vous sentez de l'acheter, mais dans ce cas, envoyez-moi un mail pour me prévenir, afin que je puisse vérifier si la vente apparaît sur mon tableau de bord.)
- la réponse d'Amazon lui permet de rester à peu près dans les clous par rapport au prix unique du livre, mais on voit qu'il y a quand même pas mal de contradictions. L'explication tient à ce qu'Amazon s'efforce de rester dans la légalité tout en appliquant sa propre politique.
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