Alan Spade's Blog, page 40

March 31, 2014

Histoire gratuite: Grand Pouvoir Séculaire (GPS)

Grand Pouvoir Séculaire (GPS) est ma toute première nouvelle de type thriller. D'autres ont suivi dernièrement, qui devraient donner naissance au mois d'avril à un recueil de nouvelles de type thriller/polar en format papier et numérique. Pour le moment, vous pouvez retrouver GPS sur Amazon, Apple, La Fnac et Kobo. Comme d'habitude, la nouvelle restera gratuite une semaine sur ce blog avant de disparaître.



 





 



Les sons de basse font vibrer l’air sur le passage de la 911 Carrera. Précédée par le faisceau de ses puissants phares, la Porsche file dans la nuit noire. Dans l’habitacle, le mètre quatre-vingt-quinze d’Hippolyte N’Djamiey oscille de manière synaptique à chaque battement sourd, agitant les dreadlocks qui encadrent son visage. Le voyant de ceinture de sécurité non attachée clignote mais son signal sonore est inaudible, recouvert par la musique.



« À six cents mètres, à l’embranchement, tournez à droite. » La musique s’est mise en sourdine le temps pour la voix préenregistrée de délivrer son message. Par réflexe, les yeux d’Hippolyte se posent sur l’écran du Grand Pouvoir Séculaire, suivant les contours de la flèche. Le grand gaillard se plaît à détourner la signification des multiples sigles et initiales du quotidien. Dans son bolide, l’ABS devient l’Abus de Biens Sociaux, le GPS le Grand Pouvoir Séculaire et le PSM le Premier Sportif du Monde.



Coup de frein. L’aiguille sur l’écran passe de cent soixante kilomètres-heure à quatre-vingts, puis à cinquante tandis qu’Hippolyte joue sèchement du levier de vitesse. Sans ceinture, sa grande carcasse se décolle du siège, attirée par le pare-brise.



Il ne s’en formalise pas. C’est dans ces moments de légères pertes de contrôle que les sensations sont les plus intenses. Il maîtrise.



Les pneus crissent et Hippolyte s’accroche à son volant en se penchant vers la droite pour contrer l’énergie cinétique. L’effigie suspendue au rétro, esprit de ses ancêtres zoulous, rejoint presque le plafond.



La Porsche vrombissante s’est engagée sur la départementale. Le décompte du GPS indique encore trois cent quarante kilomètres. Hippolyte songe au pack de bières qui l’attend dans le frigo. Pas grand-chose à fêter mais le liquide frais et mousseux sera agréable au palais.



La sonnerie du téléphone s’intercale aux beuglements des hauts-parleurs. Hippolyte presse le bouton du volant qui baisse le son, puis celui acceptant l’appel.



« Hé, salut racaille !



– Salut, minable, rétorque Hippolyte. T’as vu le match ?



– Sûr que j’l’ai vu. Trop chanmé ! Deux partout contre Chateaurepère sur Loire !



– Hé ouais. C’est qui qu’a perdu son pari ?



– Putain, cent millions d’euros d’budget, ça valait l’coup pour se sauver à la dernière journée. D’un point. Bravo, les gars !



– Je t’emmerde. On a fait le boulot.



– J’ai vu ça, j’ai vu ça. C’est même toi qui as égalisé.



– Hé ouais.



– Y t’as pas soufflé très fort dessus, le Gravillac, pour que tu tombes, non ? Rappelle-moi, tu pèses combien ? Quatre-vingt-cinq kilos ?



– Et alors, je l’ai mise au fond, non ? C’est ce qu’on appelle le métier.



– C’est clair. En ton honneur, y devraient même rebaptiser la surface de vérité. Surface des truqueurs, ça le f’rait mieux, non ?



– Hé, va t’faire foutre ! s’énerve Hippolyte. T’es le président des Fred Boyz, oui ou merde ? Ça devrait te réjouir qu’on se maintienne !



– Ouais, ouais. En tout cas, la GT2, c’est pas pour tout d’suite…



– Fais gaffe, si tu continues comme ça, moi et mes frères black on va débarquer chez toi. On va te pourrir, j’te dis !



– C’est ça… »



Le GPS vient de signaler un radar. Hippolyte raccroche tout en pressant la pédale de frein. Biceps et muscles des avant-bras se contractent comme il resserre sa prise sur le volant.



Pas de flash. Il esquisse un sourire – la prune a été évitée de justesse malgré cet abruti de Manuel qui l’a déconcentré.



Son sourire s’évanouit quand Hippolyte repense à la Porsche GT2 qu’il convoitait. Jusqu’à la cinquième journée de championnat, il avait espéré signer à Everton. Le transfert, juteux à souhait, aurait couvert ce qu’il appelait ses « petits frais annexes. » Hélas, la défaite 5-0 contre Bordeaux avait refroidi les Anglais. Par la suite, les choses n’avaient cessé d’empirer. La 911 GT2 et ses cinq cent trente chevaux, capable de passer du zéro à cent kilomètres heures en moins de quatre secondes s’étaient éloignée définitivement.



Le téléphone sonne de nouveau. Hippolyte prend une grande inspiration et décroche.



« Ouais ? gueule-t-il.



– Mister N’Djamiey ?



– Ah… euh… Monsieur Hatkins ?



– Lui-même, sir.



– Où en sont nos affaires ?



– Le pétrole continue de baisser. Vous avez bien fait de vendre la majorité de vos actions quand les cours étaient au plus haut, la trésorerie s’en porte on ne peut mieux.



– Et la Johnson Bank ?



– Au bord de la liquidation. Intoxiquée par les subprimes. C’est un achat que je vous déconseille formellement, sir.



– Mmm... Pas vraiment surprenant par les temps qui courent. Pour tout dire, j’avais envisagé cette hypothèse et réfléchi à autre chose.



– Yes, sir ?



– Vous allez me monter le dossier des dix entreprises au potentiel le plus juteux et dont le cours s’est effondré suite à la crise. Puisque la trésorerie se porte bien, nous allons en profiter pour... »



Éclairée par le faisceau lumineux des phares, la silhouette gracile de ce qui ressemble à un daim vient d’apparaître en plein milieu de la route. La jambe d’Hippolyte se détend comme un ressort et les puissants freins de la Porsche se mettent en action. Sous la pression, Hippolyte embrasse presque le pare-brise cette fois.



La Porsche s’immobilise moteur arrêté. Dans sa poitrine, le cœur d’Hippolyte bat à tout rompre.



« Merci à toi, murmure-t-il, Abus de Biens Sociaux. Tu m’as sauvé la mise. » Il tremble tant qu’il lui faut s’y reprendre à deux reprises pour éteindre le téléphone, puis la radio. Il ouvre la portière, se glisse dehors et déplie sa carcasse.



Une épaisse forêt se presse en bordure de la route. L’animal n’est plus visible, mais les empreintes de ses sabots se dessinent dans les graviers du fossé, éclairées par les phares. Malgré des jambes encore cotonneuses, Hippolyte s’élance dans la direction où il a disparu.



« Espèce d’enfoiré ! beugle-t-il. On t’a jamais appris à regarder avant de traverser ? La prochaine fois que j’te vois, tu finis dans mon assiette ! Je te cuisinerai au ketchup et à la harissa ! »



Il n’y a que le signal d’alerte des phares laissés allumés pour lui répondre. Les yeux d’Hippolyte s’accoutument à l’obscurité tandis que sa respiration recouvre un rythme normal. Les ombres des bois profonds sont indistinctes, nul mouvement n’est perceptible.



Hippolyte s’en retourne en marmonnant et secouant la tête. « Putain d’merde… »



À peine a-t-il repris pied sur l’asphalte qu’il se fige sur place. Un vieil homme se tient près de la Porsche. Il porte une tunique de cuir d’un autre âge, a le nez recourbé et les cheveux grisonnants.



« Hé, qu’est-ce vous faites là ! Dégagez de ma bagnole ! »



L’inconnu le transperce du regard. Ses pupilles brillent d’un éclat extraordinairement vif.



« Ce n’est guère prudent de laisser votre portière ouverte sur cette route. 



– De quoi j’me mêle ? gronde Hippolyte.



– Il n’est pas non plus recommandé d’insulter les animaux de cette forêt. Pas quand Veglith revêt cet éclat particulier. »



Abasourdi, Hippolyte ouvre la bouche sans répondre. Presque contre son gré, il suit la direction du regard de l’inconnu. Là-haut dans le ciel entre les nuages, une étoile unique, cyclopéenne, perfore la nuit d’un étrange feu écarlate altéré de jaune.



Hippolyte fronce les sourcils et baisse la tête. « D’où vous sortez, d’abord ? »



Il écarquille les yeux. Seul le silence de la nuit a accueilli ses paroles. L’insolite individu a dû se fondre dans le décor, mais Hippolyte ne perçoit pas même le bruit de ses pas. En vain fait-il le tour complet de la voiture.



Il se glisse dans l’habitacle en serrant les dents. Du moins la clé est-elle toujours sur le tableau de bord. Le contact mis, Hippolyte lâche un nouveau juron. « C’est quoi ce putain de bug ? Y’a qu’à moi qu’ça arrive ! » L’écran du Grand Pouvoir Séculaire a pris une teinte verdâtre digne des préhistoriques ordinateurs monochromes. À l’endroit où devrait être affiché le nombre de satellites visibles figure un unique mot : Veglith. Plus aucune mention des kilomètres restant à parcourir ni de la route sur laquelle il se trouve. Juste ce mot.



Incrédule, Hippolyte joue de la molette de contrôle de l’ordinateur de navigation. Son poing ne tarde pas à s’abattre sur le volant. Non seulement il ne parvient pas à trouver la commande “dernières destinations”, mais il lui est également impossible d’en saisir une nouvelle. Le seul répertoire général est disponible. Hippolyte fait défiler les noms sans en reconnaître aucun. Des destinations telles Samarkand ou Gwe’lich ne lui disent rien qui vaille. En désespoir, de cause, il presse le bouton “escape”. Il continue à marmonner en passant la seconde. « Même pas sûr que ça soit couvert par l’assurance… »



Malgré la teinte verdâtre, on distingue encore les directions sur le GPS et bientôt, la voix féminine familière lui indique de prendre sur la gauche. Peut-être le programme initial n’a-t-il pas été modifié en fin de compte. Il faut l’espérer, car fidèle à ses habitudes, Hippolyte ne s’est pas muni de carte pour ce déplacement. Une brume naissante se densifie peu à peu, si bien que quelques kilomètres plus loin, il se voit contraint d’allumer les antibrouillards.



Hippolyte émet un grondement de contrariété en ralentissant. « Putain, on n’y voit que dalle. » Plus puissants que des halogènes, les antibrouillards peinent malgré tout à transpercer la brume épaisse comme de la poix. 



« Et c’est quoi ça ? Y taillent pas les arbres, ici ? »



En effet, les contours de branchages se penchent à présent au-dessus de la route, comme autant de doigts avides et décharnés, qui ne demanderaient qu’à agripper la Porsche. Hippolyte aimerait être ailleurs, mais n’ose accélérer. Le brouillard est vraiment trop épais et si d’autres animaux surgissent…



Un bruit sourd retentit soudain à la verticale. Hippolyte coule un regard oblique sur le plafond tout en étreignant son volant. Le toit s’est déformé sous le choc.



Le coup de frein est magistral. Une chose poilue roule sur le pare-brise, s’écrase sur le capot puis sur le bitume où elle finit par s’immobiliser. Pétrifié, Hippolyte n’ose ni sortir ni se remettre en route. Il contemple l’animal, cherchant fébrilement à quelle espèce il peut bien appartenir.



Il vient de se résoudre à passer la marche arrière quand la créature redresse sa carcasse de cauchemar. Les poils lui recouvrant le torse sont brun fauve, tandis que son crâne étiré vers l’arrière, parcouru de replis et tubulures s’avère entièrement dégarni. Ses yeux sont d’onyx.



Clic !



La portière passager s’est ouverte. Hippolyte voit au ralenti une main griffue se poser sur le plancher – à l’instar des singes, il semble bien que ces créatures soient quadrumanes – et le second intrus planter sur le siège à son côté un unique croc noir et suppurant d’un liquide verdâtre, relié à un organe préhensile.



Une fraction de seconde seulement s’est écoulée. Les doigts d’Hippolyte se posent de leur propre initiative sur la poignée de sa portière et il se détend en arrière au moment où son regard est sur le point de s’abîmer dans le puits sans fond des yeux inhumains. Il s’appuie de la main sur le bitume, pivote. Ses pieds trouvent des appuis et il s’élance, il court droit devant, vers la forêt. Ses jambes puissantes ont tôt fait de le propulser sous le couvert des arbres. Dans l’obscurité totale, il se heurte à une première branche.



Une masse s’abat sur lui. Hippolyte perçoit confusément l’odeur animale des poils juste avant qu’une terrible douleur ne lui laboure le dos. La créature vient de le sabrer à l’aide de son croc de boucher.



L’habitude éprouvée des duels visant à conquérir le ballon de la tête en s’aidant des avant-bras sauve peut-être Hippolyte, car c’est d’un violent coup de coude qu’il écarte l’agresseur. La douleur irradie alentour tandis qu’il se dégage comme un forcené des branchages. Se mordant la lèvre inférieure il se remet à courir, plus vite que jamais. Comment fait-il pour éviter les obstacles malgré l’obscurité ? Il l’ignore. Peut-être ses sens, tout à coup plus aiguisés, l’en préservent-ils. À mesure qu’il s’enfonce dans la forêt, la décharge d’adrénaline se dissipe peu à peu. Une sensation plus qu’inquiétante se superpose à la douleur lancinante dans son dos.



Ses membres ont tendance à se raidir. Hippolyte comprend que le poison diffusé par le croc est en train d’agir, que la paralysie le gagne. Il sait qu’il devrait rester en mouvement, mais il doit reprendre haleine. Il s’appuie sur une souche, son souffle rauque s’échappant de sa poitrine. Ses ennemis sont en nombre, il les entend au loin battre les fourrés. Aucun ne semble s’approcher, ce qui est déjà une bonne chose.



Waaaaaah ! Waaaah !



Le sang d’Hippolyte se fige dans ses veines. Les braillements – ceux d’un nouveau-né à l’évidence – sont tout proches. Ils ne peuvent manquer d’attirer sur lui les quadrumanes.



Dans son crâne, les pensées se bousculent. Et si c’était là son salut ? Il lui suffit de déguerpir au plus vite, les monstres vont s’occuper du petit brailleur et il pourra les contourner. Faire le détour pour rejoindre sa caisse. Le merdeux n’avait rien à foutre là de toute façon.



Sauf que… Pourra-t-il jamais regarder en face Ibrahim après ça ? Ibrahim, son fils de cinq ans qui avec ses grands yeux noirs emplis d’innocence, prend son père pour un héros…



« Et merde… » Hippolyte a de la peine à remuer les membres. Le fourré d’où émanent les cris n’est pas bien loin. Le brailleur a les joues potelées et la peau très douce. Il le prend sous les aisselles et s’emploie à faire fonctionner ses jambes. À coup sûr, il vient de signer leur arrêt de mort à tous deux – c’était plus fort que lui.



Blotti contre sa poitrine, le bébé cesse enfin ses cris. De toutes parts, les craquements se sont rapprochés. Hippolyte n’a d’autre choix que de s’enfoncer plus avant dans les bois. Plus d’une fois, il va donner de l’épaule contre une branche ou un tronc, il lui arrive aussi de buter sur un caillou ou une racine, mais il continue. Complètement perdu, il ne se guide qu’en fonction du son de ceux qui le poursuivent.



Ils gagnent sur lui. Des ronces lui lacèrent les mollets sans presque réveiller ses jambes engourdies. Là-bas, il y a une lueur. Il va s’en approcher le plus possible, le plus possible avant de cesser tout mouvement. Encore quelques pas… Le halètement des créatures se rapproche. Aiguillonné par la terreur, Hippolyte se découvre des ressources inconnues. Il accélère. Du moins dans l’obscurité ne pourra-t-il voir leurs cruels yeux d’onyx lorsqu’ils le déchiquetteront. L’air vibre de chuintements et frottements tandis qu’éclairées par la lueur soudain plus vive, branches, lianes et plantes se resserrent autour d’Hippolyte. Quelques pas plus loin il s’écroule sur les genoux et regarde en arrière, incrédule. Emprisonnés dans le fouillis végétal qui tout à coup a pris vie, ses poursuivants se débattent frénétiquement. La lueur orangée grandit encore, illuminant leur physique répugnant et projetant des ombres alentour.



« Merci d’avoir sauvé ma fille. »



L’homme qui a parlé ainsi lui enlève le nourrisson d’un geste vif. La lueur provient de l’extrémité d’un bâton qu’il tient dans la main droite. Hippolyte peut à présent distinguer les boucles rousses du bébé. Il voudrait se relever, mais c’est impossible. Le poison a fait son œuvre. C’est la fin de la route.



Le type le dévisage en fronçant les sourcils. C’est un homme de plus petite taille que lui mais bien bâti, au nez rectiligne. Il passe derrière lui sans un mot, puis réapparaît. « Les crocs des slugaths » constate-t-il. Derrière lui Hippolyte perçoit le gémissement du bois qui peine à retenir les monstres.



L’inconnu dépose le nourrisson sur l’herbe et sort un flacon d’une poche de sa tunique sans se préoccuper de sa nouvelle crise de larmes – ni de quoi que ce soit d’autre.



« Buvez cet élixir. »



Hippolyte aimerait lui dire que de toute façon il n’a pas le choix, mais réussit à peine à entrouvrir la bouche. Le liquide aromatique s’écoule dans son palais, puis vers son estomac. À son contact, son corps semble se réveiller.



L’homme murmure une formule en pointant son bâton sur le dos meurtri. Une douce chaleur se répand, fait refluer la douleur, l’accule dans ses dernières extrémités. Abasourdi, Hippolyte s’aperçoit qu’il reprend peu à peu le contrôle sur son corps. Il se lève.



« Fuyons, dit l’homme en reprenant son enfant qui se calme aussitôt. Le sortilège d’Entrave ne les retiendra plus longtemps. »



La lueur qui émane du bâton est rassurante. Sur le passage de son possesseur, la végétation s’écarte, de sorte que les fourrés les plus inextricables cessent d’être un obstacle. Branches et feuillages se referment derrière eux. Hippolyte se laisse guider jusqu’à se sentir plus en sécurité. Ses forces lui sont revenues comme par miracle.



« Il faut que je retourne à ma bagnole » dit-il en tirant l’homme par la manche.



Ce dernier le fixe sans comprendre.



« La route ! Il faut aller vers la route ! 



– Nous risquons de croiser d’autres slugath.



– Sans moi tu pouvais dire adieu à ta fille, rétorque Hippolyte. Tu me dois bien ça.



– Inutile de le rappeler. »



Son guide oblique alors. Hippolyte l’examine en marchant à ses côtés. L’homme se déplace avec majesté, sans paraître se soucier du poids de sa fille qu’il tient d’une main contre son épaule.



« Qu’est-ce qu’elle faisait en plein milieu de la forêt ? s’enquiert Hippolyte en la désignant.



– Le Grand Esprit Abashan m’a commandé de la déposer à l’endroit où vous l’avez trouvée.



– Et t’as obéi ? T’es complètement chtarbé !



– Abashan savait que vous passeriez et sauveriez Olana. Je dois au Grand Esprit tous mes pouvoirs.



– C’est bien ce que j’disais. Complètement chtarbé. »



L’homme le regarde d’un air irrité et Hippolyte hausse les épaules. Il se conforme toutefois sans discuter aux injonctions de son guide, s’immobilisant ou se plaquant contre les arbres qu’il lui indique. Par deux fois, ce dernier pointe son bâton vers l’une des créatures qu’il nomme slugath. Enserrés par la végétation qui prend vie autour d’eux, les monstres sont réduits à l’impuissance.



Hippolyte se sent submergé de soulagement lorsqu’enfin apparaît le bon vieux bitume, si familier et si normal. La Porsche est là-bas, au loin sur la droite. Dans quel état ? Difficile à dire, bien que le brouillard se soit en partie levé. Hippolyte se tourne vers son sauveur, qui lui fait signe que la voie est libre. Les phares se sont affaiblis, il se presse. Pas question de rester coincé ici.



C’est à peine s’il prête attention aux sièges, lacérés mais non éventrés. Ses mains sont moites tandis qu’il remet le contact.



Le son du moteur est un véritable hymne à la joie. Pour la première fois depuis le début de sa mésaventure, Hippolyte est capable de penser à autre chose qu’à sa survie immédiate. Sous le regard de l’homme demeuré avec sa fille sur le bord de la route, il échafaude l’histoire qu’il va servir à l’assurance. Un puma ? Oui, mais y en a-t-il en France ? Un touriste pourrait l’avoir apporté.



Non, trop tiré par les cheveux. Un lynx, peut-être. Échappé d’un zoo...



Ses yeux tombent alors sur le GPS. Maintenant qu’il y repense, Hippolyte est certain de ne pas avoir longé d’arbres se penchant de la sorte à l’aller. Le Grand Pouvoir est sûrement déréglé.



Son guide est toujours là, attendant visiblement son départ. Hippolyte laisse le moteur tourner et ressort.



« On est où ici ? interroge-t-il.



– Dans la Forêt Oubliée.



– Connaît pas. Tu sais lire ? »



L’homme acquiesce, et Hippolyte désigne l’intérieur de la voiture. « Je voudrais te faire voir quelque chose. Allons, viens par ici. Pose tes fesses là. Là ! »



Non sans réticence, l’intéressé s’installe sur le siège passager.



« Je cherche à rentrer chez moi, dit Hippolyte. J’habite dans la banlieue proche de Paris.



– Paris ?



– Tu connais pas ? Me dis pas que tu connais pas ? »



L’homme hoche la tête négativement.



« Attends, c’est quoi, ça ? On est vraiment dans le trou du c… » Hippolyte retient de justesse les mots qui lui viennent. Ce n’est pas en insultant l’inconnu qu’il obtiendra des résultats. Ses narines se dilatent comme il gonfle d’air ses poumons.



« Voyons. Tu ne sais pas si l’une de ces destinations (son doigt tapote l’écran) pourrait me rapprocher de Paris, je suppose. Non, évidemment. Bon, est-ce que l’un des noms te dit au moins quelque chose ? »



L’homme se penche sur l’écran. À l’aide de la molette, Hippolyte fait défiler lentement la liste. Après la trentième ville, il commence à se demander si son guide ne s’est pas laissé hypnotiser par l’écran quand ce dernier arrête sa main.



« Là, dit-il. Juste avant N’garoth.



– Megelith ?



– Oui, Megelith. Je ne connais pas tous les noms. Certains sont des lieux quasi désertiques, d’autres trop dangereux pour un mortel. Megelith est une ville splendide. Vous y serez bien.



– Le truc, tu vois, c’est que j’veux pas prendre du bon temps. Comme je t’ai dit, je cherche à rentrer chez moi. Tu sais, retrouver ma famille, tout ça…



– J’ignore si c’est le bon chemin. Vous y serez plus en sécurité qu’ici de toute manière. » Le regard qu’il coule vers les profondeurs de la forêt parle de lui-même. « Là-bas, vous aurez au moins le temps de vous retourner. Peut-être retrouverez-vous votre voie. »



L’homme salue et sans attendre de réponse sort de la voiture. Hippolyte soupire, puis ferme la portière derrière lui. Megelith est toujours surligné sur l’écran du GPS. Son index résigné presse la touche “entrée”.



« Il n’y a pas la distance, dit-il en se penchant par la fenêtre. C’est loin d’ici ?



– Par-delà la forêt, vous trouverez Megelith.



– Eh bien avec ça, je suis renseigné. Le bonjour chez vous. »



Hippolyte embraye en écrasant l’accélérateur. Le moteur rugit, les pneus crissent et l’air s’emplit de l’odeur de gomme brûlée. La Porsche bondit sur l’asphalte, en quelques secondes, elle est déjà loin.



Seul face à la route, Hippolyte renonce à chercher à comprendre la succession d’événements qui se sont abattus depuis qu’il s’est engagé dans ce satané brouillard – il tient à sa santé mentale. Ses yeux explorent les bas-côtés et il lui semble entrevoir de rapides silhouettes. Il frissonne.



De ses doigts, il effleure les boutons de son volant. Aucun des appels qu’il tente de passer n’aboutit. Conduisant d’une main en habitué de la chose, il empoigne alors un premier puis un deuxième cellulaire. À chaque fois, le même silence de mort.



« Là, je suis mal » lâche-t-il d’une voix blanche.



Unique point positif, la jauge d’essence indique un réservoir aux trois quarts plein.



La voix du GPS s’élève de nouveau dans l’habitacle. « Dans un kilomètre, prenez à droite. »



Hippolyte a l’impulsion de l’ignorer. Il lui faut pourtant se tirer au plus vite de cette putain de forêt, et le cul-terreux lui a dit que Megelith était en dehors. Si le gadget n’est pas complètement détraqué, ce sera toujours ça de gagné. Il prend donc à droite, comme la voix vient de le lui répéter.



Les lignes droites sans fin se succèdent. Dans un sursaut, Hippolyte se rend compte qu’il s’est mis à dodeliner de la tête. Il est épuisé – le contrecoup des émotions, sans doute. Le ciel s’est éclairci. La voiture se met à vibrer de toutes parts tandis que les pneus tressautent. Hippolyte s’aperçoit que la route s’est muée en voie dallée.



« Mais qu’est-ce que c’est qu’ce bordel, encore… »



Du moins a-t-il franchi l’orée du bois. La campagne alentour est verdoyante, les collines moutonnent gentiment. À présent raffermie, la lumière s’avère irréelle, si douce et… exotique qu’on jurerait qu’elle ne provient pas du soleil.



Un point devant lui grandit – beaucoup trop vite. Hippolyte braque. Dans une violente embardée, son bolide évite l’attelage lancé à fond de train, tiré par quatre chevaux blancs.



« Bordel de bordel » gémit Hippolyte.



Il ralentit encore au moment de dépasser des personnages circulant entre des palmiers – des palmiers ! – sur le bord de la route, accoutrés de toges, tuniques chamarrées ou au contraire austères soutanes. Ils paraissent au moins aussi effarés que lui. Certains s’arrêtent pour se prosterner sur son passage.



« Une fête médiévale. C’est ça, ça doit être une de ces saloperies de fête médiévale ! Ils s’y croient vraiment, ici. » La démarche de ceux des passants dont la capuche recouvre le visage a quelque chose de tellement insolite qu’Hippolyte doit se forcer pour l’attribuer à des êtres humains.



La ville est à présent en vue. Minarets aux murs lisses et dorés, tours ciselées d’abondants encorbellements, ziggourats au faîte desquels figurent des jardins suspendus y côtoient des palais de marbre bleu dont les dômes réfléchissent l’étrange lueur tombée du ciel. La Porsche franchit un pont de pierre enjambant un fleuve miroitant. Parmi les habitations, nombreuses sont les plantations où prospèrent des arbres fruitiers chargés d’insolites trésors. Aux coins des rues se dressent des statues de jaspe tour à tour hideuses ou envoûtantes, révoltantes ou admirables. La foule étant conséquente, Hippolyte roule au pas.



Ceux qui se prosternent deviennent de plus en plus nombreux. D’autres courent au loin, comme pris de panique. Hippolyte tambourine sur son volant, résolu à accélérer s’il le faut.



« Vous êtes arrivé » déclare le GPS.



Un groupe s’est formé à l’extrémité de la grande avenue sur laquelle il vient de s’engager. À sa tête, un homme vêtu d’une toge noire et d’un turban blanc, arborant une barbe grise bien fournie. Le rassemblement grossit à mesure qu’il avance dans sa direction. Hippolyte serre la mâchoire.



L’homme s’arrête à quelques pas, contraignant Hippolyte à immobiliser son véhicule. Le meneur se tourne vers la foule en levant les bras. Puis il les abaisse, et la foule se baisse avec eux.



Bouche bée, Hippolyte contemple la multitude de dos arrondis, de turbans touchant le sol. L’homme en noir s’agenouille à son tour et courbe l’échine jusqu’à disparaître sous le capot. Rien ne bouge. La ville suspend son souffle.



N’y tenant plus, Hippolyte ouvre sa portière et sort.



Aucune réaction de la foule. Chacun se tient toujours front contre terre.



« Hé toi ! dit Hippolyte, brisant le silence. Toi, l’enturbanné ! »



L’individu lève les yeux. Il semble à peine oser respirer.



« Que signifie tout ceci ? interroge Hippolyte. Allons, relève-toi ! »



L’homme jette un regard derrière lui avant d’obéir. Ses épaules et sa nuque demeurent courbées dans une attitude d’humilité.



« Bienvenue à toi, murmure-t-il, ô puissant envoyé de Tar Al’shran. »



Hippolyte le considère avec perplexité. Le simple d’esprit le prend apparemment pour quelqu’un tenu en haute estime dans la ville. Il ignore la cause de sa méprise, mais à n’en pas douter, il y a là une opportunité à saisir. Il s’éclaircit la gorge.



« Toi et les tiens ne vous attendiez pas à ma venue » risque-t-il.



La réaction de l’enturbanné lui prouve qu’il a vu juste. « Ne vous inquiétez pas, seigneur, répond-il, vos appartements au temple sont toujours prêts à vous accueillir. Les mets les plus délicats vous y seront servis, accompagnés de nectars revigorants, comme il se doit.



– Voilà qui est bien. Mais au fait, pourrais-tu m’indiquer l’office de tourisme ? »



Une lueur de terreur s’allume au fond des yeux de l’homme. Il baisse la tête. « Est-ce là une énigme que vous me soumettez, seigneur ? Vous me mettez à l’épreuve ? »



Hippolyte renifle bruyamment. « Laisse béton, lâche-t-il au bout d’un moment. Je veux dire, on n’en parle plus. Tu avais parlé d’appartements ?



– Je vais vous y conduire.



– D’accord. Mais attention (Hippolyte élève la voix), que personne ne touche à cette tire ! »



Dans un bruissement de murmures, la foule alentour se recule.



Déconcerté, Hippolyte précise : « La voiture reste où elle est. Personne n’y touche, compris ? 



– Il en ira selon votre volonté » articule son interlocuteur d’une voix étranglée.



Hippolyte lui fait signe de le conduire, satisfait de la tournure des événements. La foule s’écarte à distance respectueuse sur leur passage. Le guide mène Hippolyte devant un imposant temple de marbre blanc. Arrivée sur le parvis, la foule cesse de les suivre. À l’intérieur de l’édifice, trône en surplomb d’un autel orné de sinueux bas-reliefs, la statue d’un œil unique exorbité au centre d’un crâne écailleux, sur lequel ont élu domicile de véritables serpents.



Hippolyte pâlit. Il continue néanmoins de suivre son guide, espérant ne rien laisser transparaître de son trouble. Après avoir gravi les degrés d’un escalier recouvert d’un luxueux tapis grenat et traversé un corridor, ils pénètrent dans une pièce dont les dimensions s’apparentent à celles d’une salle du trône. Son guide abandonne Hippolyte devant une table de marbre démesurée, lui assurant qu’il va donner des ordres pour qu’il soit servi au plus vite.



Machinalement, Hippolyte fait le tour et examine les motifs baroques des vitraux, puis s’assoit et attend. Les plats tardent à arriver et il se remet à somnoler. Leurs odeurs parfumées le tirent de son engourdissement. Les serviteurs avancent tête baissée, n’osant le dévisager. Ils lui découpent les meilleurs morceaux de chair avec recueillement.



Hippolyte mange tout d’abord du bout des lèvres. Surpris par la finesse et la richesse des saveurs, il se met à engloutir. Il fait signe à un serviteur de petite taille, presque efféminé.



« Dis-moi, tu saurais où je peux trouver… une bibliothèque ? »



L’homme recule, effrayé. « Je… je vais faire venir le Grand Prêtre. Il saura. »



Quelques instants plus tard, en effet, un haut dignitaire vêtu d’une toge émeraude et arborant un saphir sur son turban apparaît. Il s’incline bien bas, sans toutefois se prosterner.



« Bienvenue à toi, ô prophète. » 



Hippolyte se redresse sur son siège et lève le menton. « Je cherche une bibliothèque, si vous avez ça ici. »



La question semble plonger l’individu dans la confusion. « Pardonnez mon audace, élu de notre dieu, mais n’avez-vous pas souvenance des lieux de la cité ?



– Eh bien… c’est une épreuve que m’a imposée notre dieu, improvise Hippolyte. J’ai perdu certains souvenirs.



– Oh… Tar Al’shran donne et Tar Al’shran reprend, bien sûr… je vais vous conduire en personne, maître.



– Dès que j’aurai fini ces excellents fruits. Tu en veux ?



– Je… je ne suis pas digne d’un tel honneur » répond le dignitaire en pâlissant.



Hippolyte se détourne et croque dans la membrane mauve gorgée de pulpe. Il prend son temps pour achever son repas, puis se laisse de nouveau guider au travers des méandres de la ville. Les gens ne cessent de s’attrouper ou de se prosterner sur son passage, ce qui a le don de l’agacer. Il ne sait dans quelle dimension il a échoué depuis que son GPS lui a annoncé Veglith pour seul satellite visible. Il sait en revanche qu’il doit se fixer des objectifs et s’y tenir. Ils parviennent devant un bâtiment de granit sur la terrasse duquel on aperçoit des palmiers. « Attends-moi ici » intime Hippolyte. Le Grand Prêtre de Tar Al’shran nourrit peut-être déjà des doutes sur sa véritable identité et Hippolyte sait que sa propre ignorance risque de lui faire commettre des impairs. Inutile de livrer davantage d’indices.



Les couloirs qu’il traverse sont faiblement éclairés par des lampes à huile. Parchemins et grimoires s’entassent dans des coffres entrouverts. Une femme à la figure sillonnée de rides est plongée dans l’étude d’un ouvrage posé sur une table de pierre. Hippolyte l’interroge, et après avoir reformulé deux fois sa question, finit par obtenir qu’elle le conduise devant un coffre qu’elle ouvre à l’aide d’une des clés accrochées à sa ceinture.



Hippolyte ne trouve pas comme il l’espérait des cartes de la région, juste des récits de voyageurs. Il n’aime pas lire, cependant il ne voit aucun autre moyen de retrouver son chemin. Ses recherches n’aboutissent pas cet après-midi là mais la vieille femme, la maîtresse des lieux, s’habitue à le voir revenir pour compulser de nombreux manuscrits. Étrangement, elle ne lui témoigne pas de la même vénération que ses concitoyens. Sur l’une des pages jaunies, il tombe un jour sur une représentation du prophète de Tar Al’shran précédée d’une description. « Plus grand que les plus grands, sa peau est d’ébène et les serpents sur son crâne aspirent l’âme des élus de Tar Al’shran », dit le texte.



Les doigts d’Hippolyte palpent ses dreadlocks. Sa coiffure ne l’aura jamais si bien servi.



Dans les jours qui suivent, Hippolyte découvre les mille canaux de la cité, les charmants jardins intérieurs et l’architecture insolite des bâtiments. Conscient de son autorité sur ses concitoyens, il prend plus de libertés. Des danseuses aux seins d’albâtre viennent égayer ses repas, accompagnées de joueurs de luth, de cistre et de tambour.



L’idée du départ lui vient plus d’une fois mais il la repousse, prolongeant ce qu’il appelle ses vacances. Les créatures qui se dissimulent sous des capuches, qu’ici l’on nomme Naylith sont les seules à l’inquiéter un tant soit peu – Hippolyte évite tout contact avec elles. On dit que la cité de Megelith leur appartenait jadis. À présent, elles se contentent de pratiquer le commerce avec les humains.



Avec le temps, les souvenirs de sa femme Mélanie et de son fils Ibrahim lui viennent moins souvent. Parfois, Hippolyte est même pris du désir d’entreprendre l’une des servantes quand ce n’est pas l’une des danseuses – ce serait tellement facile. Il réfrène pourtant cet appétit. Les habitants le considèrent déjà avec étonnement quand il bat le pavé, il ne sait ce qui adviendra de lui s’il témoigne trop ostensiblement de son humanité.



À l’occasion de l’une de ses visites à la bibliothèque, Hippolyte surprend la maîtresse des lieux à hocher la tête et sourire vers lui. Il se dirige droit sur elle.



« Tout le monde me craint ici sauf toi, la vieille. J’attends tes explications.



– Tu n’en as pas besoin. Tu sais que je sais. »



Ses yeux sont vifs malgré son âge, ils le transpercent tandis qu’Hippolyte demeure bouche bée. Il s’humecte les lèvres.



« Tu oses me tutoyer ? Que sais-tu ?



– Les astrologues ont prévu le retour du réel prophète de Tar Al’shran pour dans deux jours. À ton arrivée, ils ont cru que leur prédiction était légèrement trop tardive. Bien sûr, il n’en est rien.



– Tu veux dire… que ce soi-disant prophète va se pointer dans deux jours ?



– Il ne sera pas ravi qu’un autre occupe ses appartements. Selon les chroniques d’Abd Almeneisch, le seul contact de l’un des serpents sur son crâne suffit à rendre fou les esprits les plus solides. Ses tortures ne doivent pas manquer de raffinement. Peut-être ira-t-il jusqu’à te conduire à son maître, s’il te juge digne de Lui. »



Hippolyte étudie son interlocutrice. Rien n’indique qu’elle ment et il ne voit pas quel intérêt elle aurait à le faire – à part peut-être faire en sorte qu’il ne vienne plus la déranger.



De retour au temple, allongé dans son lit au milieu des coussins de soie, Hippolyte réfléchit à la situation. La vie ici est douce. L’idée de repartir se révèle désagréable, mais plus désagréable encore est la perspective de se voir déchu de son statut de prophète, soumis à la vindicte de son rival et peut-être du peuple qu’il a dupé.



Il lui faut obtenir une confirmation des propos de la vieille femme, mais comment interroger l’un des astrologues sans se dévoiler ? Hippolyte met longtemps à s’endormir, cette nuit-là. Au matin, il se réveille sans avoir trouvé de solution. Après s’être restauré, il descend les escaliers, jette un regard évasif sur l’effigie de Tar Al’shran, puis sur un serviteur qui, l’air troublé, contemple lui aussi la statue du dieu. Intrigué, Hippolyte examine l’œil grotesque.



Une lueur jaune diffuse est apparue dans le cristallin.



Hippolyte frissonne en se souvenant que selon les dires de la bibliothécaire, le véritable prophète doit se présenter dès le lendemain. La coïncidence a de quoi laisser songeur. Indécis, il joue quelques instants avec ses tresses. Enfin, il s’avance vers le serviteur.



« Convoque le Grand Prêtre. Immédiatement. »



L’homme s’empresse de lui obéir. Hippolyte s’éloigne de la statue, mettant une colonne entre eux. Si cela n’avait tenu qu’à lui, il aurait fait enlever l’abomination depuis belle lurette. Il se met à faire les cent pas.



À l’arrivée du Grand Prêtre, il se contraint à l’immobilité. « Tar Al’shran m’a envoyé un signe, annonce-t-il en faisant de son mieux pour adopter un ton dénué de toute émotion. Il me faut de l’or. »



Le prêtre hausse les sourcils, pour s’incliner aussitôt après. « Les signes de Tar Al’shran ont valeur de commandement, dit-il.



– Tout juste. Rassemble l’or que tu pourras trouver et fais-le amener devant ma voiture. »



Un peu plus tard, Hippolyte ouvre lui-même son coffre aux serviteurs du temple, qui l’emplissent de joaillerie et autres statuettes en or massif. L’arrière de la Porsche s’abaisse à vue d’œil. Le coffre rempli, Hippolyte fait un signe pour écarter les serviteurs. Le déclic de fermeture remue un je-ne-sais-quoi en lui, comme toutes ces choses familières que l’on croit perdues dans les méandres de la mémoire et qui ressurgissent à l’improviste.



La voiture a pris la poussière depuis le temps. Jusque-là, Hippolyte a évité de l’utiliser de peur d’engendrer de trop vives réactions. Il se racle la gorge en contemplant la foule qui se rassemble. Sans tarder, il fait un pas vers la portière du conducteur, l’ouvre et non sans un froncement de sourcil en direction des sièges lacérés, s’installe. Il met le contact.



La Porsche crachote sans démarrer.



À la deuxième tentative, le démarreur paraît s’éveiller d’outre-tombe et les passants s’écartent, effrayés. Le levier de vitesse au point mort, le moteur se stabilise et se met à ronronner.



Le Grand Pouvoir Séculaire a conservé sa teinte verdâtre. Hippolyte lâche un soupir. Un moment s’écoule avant qu’il ne se décide à consulter le répertoire. Il n’a pas à tourner bien longtemps la mollette pour que l’un des noms lui remette en mémoire une phrase d’un des manuscrits de la bibliothèque :



« En Anatilia, les cristallines aux courbes suaves parcourent les plaines sous un ciel azuréen. »



Ici en Megelith, le ciel revêt une teinte indéfinissable, proche du doré. Il n’est jamais bleu. Cet autre endroit, Anatilia, le rapprochera peut-être du monde qu’il a connu et dont le souvenir s’est déjà tant éloigné.



Hippolyte appuie sur le bouton “entrée” du GPS puis passe la première. Un bref coup de klaxon pour disperser les curieux – ceux-là ne lui manqueront pas – et il accélère.



Il a pris en risque en se faisant livrer tout cet or. Craignant à chaque instant d’être arrêté et lynché sur place ou bien traîné jusqu’au temple de Tar Al’shran pour y rendre des comptes, il franchit le dédale des rues.



« Ma petite indemnité de transfert, murmure-t-il. J’y ai droit. »



Au bout d’un interminable laps de temps, il franchit un pont, plus large que celui traversé à l’aller. Il s’engage dans les faubourgs puis s’éloigne dans la campagne. Le GPS le guide toujours de la voix, mais le plan verdâtre a été remplacé – à quel moment, difficile à dire – par une boussole. Plus de « prenez la première à droite » mais plutôt des « passez entre les deux collines au nord » ou bien « longez le ruisseau sur votre gauche ». La voie pavée s’est muée en chemin à peine distinct s’étirant au sein de vastes étendues herbeuses. Des créatures à triple corne, pourvues d’un pelage tacheté de brun et s’apparentant à des chèvres paissent ici et là. Le ciel est bleu.



Les lèvres d’Hippolyte se déploient en un large sourire quand il aperçoit l’une des cristallines. La robe turquoise miroitante qui lui vaut son nom flotte au-dessus du sol – aucun pied n’est visible. La géante doit dépasser les quatre mètres de haut. Son visage au teint de nacre est d’une régularité, d’une douceur angélique, ses yeux opales reflètent la sagesse d’ères depuis longtemps oubliées. Hippolyte en est convaincu, elle saura lui indiquer quels lieux choisir pour rentrer chez lui.



La cristalline se penche sur l’un des quadrupèdes pour le caresser ou peut-être qui sait, lui extraire le lait que doivent contenir ses pis gonflés.



Hippolyte hoquète de stupeur. À l’instant où la cristalline a touché l’animal, le corps et le visage de l’entité sont devenus transparents, révélant un squelette longiligne surmonté d’un crâne édenté. Le poil de la sorte de chèvre a blanchi. Les côtes soudain saillantes, elle s’est laissée glisser au sol pour ne plus se relever.



La cristalline a aperçu la Porsche et, ayant recouvré sa physionomie séduisante, s’approche désormais à vive allure. Hippolyte écrase l’accélérateur.



De nouvelles entités apparaissent de derrière les collines, toujours plus nombreuses.



En désespoir de cause, Hippolyte tapote les boutons de son ordinateur de bord, bouge la molette, choisit une destination au hasard et valide. La Porsche alourdie zigzague follement sous les coups de volant désespérés de son conducteur.



« Derrière le bosquet, tournez à droite, puis engagez-vous dans le tunnel. »



Hippolyte ne sait comment, mais il semble avoir réussi à briser l’encerclement des cristallines. Le groupe d’arbres n’est pas bien loin, il y dirige sa voiture, essuyant d’un revers de manche la sueur sur son front. Quelques instants et un virage à droite plus tard, il débouche devant le tunnel. S’y engouffre. Il y fait tellement noir qu’il doit mettre les phares. Combien de temps demeure-t-il dans les interminables galeries, le regard rivé sur la boussole de son GPS ? Impossible à dire. À un certain moment, des grognements se répercutent dans le souterrain, et bientôt, des yeux incandescents surgissent dans le rétroviseur. Ils deviennent plus distincts comme ils le rattrapent. Ce ne sont plus des cristallines, mais autre chose.



Non sans pousser un gémissement accablé, Hippolyte fait de nouveau défiler la liste des noms. Il n’en reconnaît aucun et doit une fois de plus laisser le hasard décider pour lui.



 



***



 



Dans la pièce aux murs stériles, seul le bip bip du moniteur cardiaque retentit. Ibrahim se tient aux côtés de sa mère et du chirurgien en blouse blanche qui, non loin de la vitre le séparant du lit où est allongé le corps émacié d’Hippolyte, se passe la langue sur les lèvres. Cinq ans se sont écoulés depuis qu’est survenu l’Accident. Cinq ans d’attente larvée, cinq ans où Ibrahim, à son corps défendant, est devenu familier du jargon des médecins, de termes tels “lésion cérébrale”, “compression thoracique” ou “respiration assistée”. Il en a maintenant dix et sait que le moment est important.



« La technique est encore à l’état, disons, de prototype » déclare le chirurgien de sa voix grave. « Nous allons introduire à l’aide d’une sonde microscopique un gène dans la région du thalamus. Je vous épargne les détails, mais en gros, sur son passage ce gène va aider à reconstituer les synapses en raccordant les connexions internes.



– Ce qui veut dire ? demande la mère d’Ibrahim.



– Disons pour faire simple que nous espérons que ce gène va indiquer au cerveau de votre mari comment retrouver le chemin de la conscience. Un peu comme, si vous voulez, un GPS. »



Ibrahim écarquille les yeux en direction du corps de son père. A-t-il rêvé ou celui-ci vient-il d’être pris d’un frémissement ?

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Published on March 31, 2014 05:06

March 24, 2014

Histoire gratuite : Le Plasmode

Suite à des problèmes de connexion, j'ai failli ne pas réussir à poster l'histoire du lundi. C'est heureusement chose faite, mais juste à temps! La nouvelle Le Plasmode est issue du recueil de nouvelles SF (space opera) Les Explorateurs, que vous pouvez retrouver sur Amazon, la Fnac, et Apple.



 



 



En certaine période de l’année, la petite planète Segrelem se trouve presque à équidistance d’Henim, la géante rouge en perpétuelle fusion, et de Benax, l’étoile bleue dont les rayons miroitants n’apportent qu’une faible tiédeur. Dans cette sorte de duel que se livrent ces deux encombrants parents pour s’approprier la garde du petit, Henim finit invariablement par l’emporter, Benax ne pouvant rivaliser avec sa masse et son pouvoir d’attraction. Segrelem serait-elle trop proche de la périphérie d’Henim, son destin serait de s’en rapprocher toujours plus. En quelques millions d’années la structure planétaire se déformerait selon les caprices de la gravitation et des volcans naissants, pour finalement s’embraser et se désintégrer au contact de l’étoile.



Cependant, aussi disproportionnés que puissent paraître les rapports de force à première vue, la position de Segrelem garantit sa stabilité au cours du prochain milliard d’années. Nul volcan ne s’y est formé, nulle éruption ne s’y manifeste. A l’époque du récit, seuls les vents gravitationnels venaient rejouer à la surface le conflit opposant les deux titans, composant avec les sables omniprésents un florilège de tourbillons de particules ocre. Des grains si fins et légers que pris isolément, ils semblent pour ainsi dire dépourvus de substance.



Un étranger doté du sens de l’esthétique ne manquerait pas d’être saisi par l’âpre beauté du décor, fasciné par les convulsions internes d’Henim, ébloui par les feux bleutés de Benax. Le mariage entre l’écarlate et l’azur des rayons unis par la frêle atmosphère conférait aux maelströms chevauchant les dunes un relief en perpétuelle transmutation. D’éphémères vagues donnaient le sentiment de surgir du sol avant de s’abattre en pluie. Des colonnes tournoyantes se télescopaient, se repoussaient puis s’effondraient sur elles-mêmes. Des amas de particules en suspension, déchirés entre plusieurs courants contradictoires, cessaient d’exister.



Parfois les nuées retombaient et tout s’immobilisait. Dans un calme surnaturel, les dunes se figeaient comme si jamais plus elles ne devaient changer d’aspect. Quand des remous survenaient alors, c’était juste sous la surface, de manière presque imperceptible. Ces mouvements n’étaient pas dus à une quelconque caractéristique géologique mais bien à la présence de vie sous-jacente. Une forme de vie à la fois unique et divisée en des millions de composants. Car au sein des profondeurs insondables de Segrelem, lovée autour du noyau de la planète, une gigantesque entité appelée Multiscient a créé les plasmodes, émanations conscientes et intelligentes parcourant les étendues souterraines.



L’un de ces plasmodes se dirigeait vers la surface. Protégé par une fine carapace translucide, il se déplaçait avec aisance grâce à la faible densité des couches sédimentaires alliée aux propriétés volatiles de leurs atomes. Ses deux larges nageoires pectorales étaient garnies de longs cils sensitifs. Soudain il interrompit sa progression et, déployant les nageoires tout en se positionnant à la verticale, attendit. Il avait détecté dans le lointain un rift. Quand l’immense vague le rejoignit, il se laissa porter en avant, gagnant de la vitesse et accomplissant en quelques minutes plus de kilomètres qu’il n’aurait pu en parcourir en une journée par ses propres moyens.



C’était un jour particulier pour ce plasmode car son cycle de conscience s’achevait. Tous ses instincts le lui soufflaient, le temps de la métempsycose approchait. Au cours de sa période d’activité il avait fidèlement servi le Multiscient. Partageant en permanence un lien télépathique avec l’entité, il l’avait informé des millions d’infinitésimales variations de la composition des particules de sable, de la nature du double rayonnement stellaire, des vents gravitationnels et de leur influence sur le relief des dunes, des changements climatiques, de mille choses encore. En somme il avait participé avec le concours des autres plasmodes à la mise à jour en temps réel d’une incommensurable base de données relative à Segrelem et son environnement.



A trois reprises il avait rendu compte de l’impact de météorites et contribué à leur assimilation progressive au sein de la couche sédimentaire.



Son action ne s’était d’ailleurs pas confinée à cela. En frôlant les objets stellaires à l’aide de ses longs cils, il avait fait sien l’étonnant pouvoir d’intuition du Multiscient. Le plasmode avait retracé en quelques instants l’histoire de ces météorites et analysé une partie des composants chimiques de la nébuleuse et des deux comètes dont elles étaient issues.



Eût-il été capable d’émotion peut-être aurait-il ressenti une certaine nostalgie, voire l’équivalent d’un serrement de cœur à l’évocation de ces souvenirs des plus grands accomplissements de son cycle. Tel n’était pas le cas.



Quand le moment fut échu il se sépara de sa coquille, délaissant ce faisant sa mémoire et tout ce qui avait jusque-là constitué son identité. Le plasmode se trouvait maintenant sous sa forme la plus fragile et vulnérable. Il ne pouvait survivre plus de quelques heures, c’est pourquoi il s’était auparavant rapproché de plusieurs carapaces vides, sans chercher cependant à les analyser à distance car une barrière inconsciente le lui interdisait. Seul le hasard devait présider au renouvellement du cycle.



Guidé par l’instinct, il nagea vers la plus proche, masse terne repliée sur elle-même. Il se glissa à l’intérieur pour s’y rouler en boule. Alors commença la Régénération. La coquille qu’il avait investie avait appartenu à un autre plasmode, les souvenirs de cet alter ego étaient encore présents en elle. Tandis qu’il les intégrait peu à peu à sa conscience, par un complexe procédé les cellules de son corps envoyaient à sa nouvelle enveloppe les signaux nécessaires à sa régénération. Durant les jours suivants la maturation se prolongea. Lorsqu’elle arriva à son terme, la carapace avait recouvré lustre et vitalité, le plasmode avait acquis une identité neuve et chacun de ses organismes cellulaires avait rajeuni.



 



Quelque temps plus tard, le plasmode se vit confier une mission pour le moins inhabituelle. Réagissant à l’impulsion du Multiscient, il se porta en un point précis à moins d’une demi-journée de nage. Un vaisseau, assemblage primitif d’atomes et de molécules, venait de se poser. Pour cela il avait eu recours à un densifieur gravitationnel, agglomérant – au prix d’une dépense d’énergie que le plasmode jugea très excessive – un socle de sable. Il balayait les alentours de rayons de détection également rudimentaires, auxquels le plasmode se déroba en neutralisant sa propre biosignature.



Conformément aux instructions, ce dernier s’approcha de la surface et de la périphérie du cube solidifié, afin d’être en mesure d’utiliser certaines de ses capacités sensorielles.



La meilleure manière d’analyser un objet pour un plasmode consiste à l’effleurer de ses cils, cependant le bloc aggloméré barrait le passage pour le moment. Sa seule alternative reposait sur ses deux antennes frontales, qu’il pointa hors du sable. Elles donneraient des résultats moins détaillés mais il faudrait s’en contenter. Le plasmode balaya le vaisseau de biosignaux quasiment indétectables. L’appareil appartenait à des êtres humains, deux bipèdes dont la présence était nettement perceptible. Vêtus d’un scaphandre et armés de bâtons énergétiques, ils se tenaient non loin.



Le Multiscient voulut aussitôt s’informer de leurs intentions : il ne s’agissait pas de la première confrontation avec cette espèce, toutefois jusqu’à présent le dialogue avait été impossible. Un plasmode avait été enlevé à l’occasion du deuxième contact, amoindrissant irrémédiablement le champ de conscience du Multiscient – il avait créé ses émanations une fois pour toutes et ne pouvait les remplacer.



Désireux quant à lui d’en savoir davantage sur cette espèce, le plasmode puisa dans les prodigieuses connaissances du Multiscient tout en livrant ce qu’il fut capable de recueillir à distance. Des capacités d’absorption hors norme lui permirent d’apprendre en un instant la langue, l’histoire et une partie de la culture des Humains. L’assimilation s’accompagnait de compréhension, laquelle rendait plus claires les informations que le plasmode soustrayait des banques de données telles la désignation des deux individus, leur planète mère, le type de vaisseau et ses caractéristiques, etc.



Une curieuse espèce que ces Humains. Leur monde d’origine et eux-mêmes étaient tributaires de ce qu’ils appelaient les lois de la nature. Pour le plasmode, qui jamais n’avait connu la faim ni l’appétit de reproduction et ne subissait guère les contingences du sommeil, ces règles qui gouvernaient le règne animal et humain ressemblaient fort à des contraintes. Et même pour tout dire, à du stress, état réactionnel de l’organisme soumis à une agression. Animaux et humains étaient stressés par le fait de devoir s’alimenter, se reproduire ou trouver un abri leur permettant d’échapper aux aléas climatiques. La mort était un stress supplémentaire pour eux. Le plasmode apprit que les humains en particulier se libéraient de leurs tensions à l’aide de ce qu’ils dénommaient « humour » et « divertissement », toutefois ces inventions lui semblaient pour le moins abstraites.



L’évolution de ces bipèdes était intéressante. Dans un lointain passé ils avaient été la proie de formes de vie plus dangereuses et en apparence mieux armées pour les combattre. Puis, les rôles s’étaient inversés… mais le processus dans son intégralité avait conditionné leur développement. En s’inventant une culture, des règlements et une philosophie, ils avaient donné un nom au concept dont ils étaient sortis vainqueurs, l’appelant « droit du plus fort » ou « loi de la jungle ». Le plus fort, mais aussi le plus rusé et le plus opportuniste avait droit de vie et de mort sur les plus faibles. A cela, les philosophes avaient opposé « droit naturel » (fondé sur la supposée supériorité de l’homme) et « droit positif » (ensemble des lois de l’Etat). Ainsi les Humains avaient-ils cru pouvoir s’élever au-dessus de leur condition animale.



Leur capacité à se jeter de la poudre aux yeux paraissait d’autant plus étonnante au plasmode qu’il avait des difficultés à appréhender le concept d’émotion et d’émotivité. Toujours est-il que leur évolution démontrait que bien loin d’échapper aux décrets de la nature, ils s’étaient inscrits dans son cycle. Non contents de transférer les notions antiques de faim, reproduction, territoire, position au sein du clan et droit du plus fort sous les formes plus élaborées et policées de richesse, apparence et séduction, pouvoir et système économique, ils avaient inventé de nouveaux stress ou avaient accentué les anciens : cela s’appelait, entre autres, course à la performance – dès le plus jeune âge, la pression exercée sur les individus était difficilement compréhensible sachant que leurs géniteurs avaient conscience des retombées autodestructrices – course au logement et recherche d’emploi. Usant du prétexte du « bien pour le plus grand nombre », ils avaient créé de toutes pièces des enclaves. Ceux qui ne s’y assujettissaient pas, ils les nommaient « loqueteux », « gueux », « mendiants », « miséreux », « bannis », « déshérités », « marginaux », « sans domicile fixe » ou « déviants ».



Leurs tentatives pour canaliser leurs pulsions et se « civiliser » avaient cependant rencontré un certain succès, le plasmode devait le reconnaître. A force d’erreurs et de tâtonnements, mais également de remises en cause, leur système judiciaire s’était amélioré. Sous l’influence d’individus ou de groupes d’individus visionnaires, ils avaient peu à peu dessiné les contours d’un avenir idéal. Mais quelles barbaries et régressions par ailleurs, comme ils retombaient pesamment dans la gangue dont ils étaient issus ! Leur quête d’absolu les menait aussi bien vers les plus hauts sommets que vers les plus profonds abîmes. Que leur conception du progrès de la science implique une remise en question permanente des acquis était une chose. Encore devaient-ils respecter ce qu’ils étaient et avancer avec subtilité. La nature les gouvernait – leur propre nature comme les contingences extérieures – et tant qu’ils croiraient qu’ils pouvaient évoluer contre elle et non avec elle, ils ne feraient qu’augmenter leur stress.



L’afflux d’informations chez le plasmode était tel qu’il avait l’impression que chaque cellule de son corps était portée à incandescence, aussi cessa-t-il sur-le-champ d’extraire des données du Multiscient.



 



***



 



« Tu as bien enclenché la fonction paralyseur de ton bâton ? demanda Reith O’Neill à son compagnon. Le gars du Comité d’Exobiologie m’a raconté qu’ils avaient divisé la prime par deux à d’autres Chasseurs parce qu’ils leur avaient apporté l’un de ces machins alien en trop mauvais état.



— T’inquiètes c’est fait. De toute façon si l’un de ces pseudo scientifiques s’amuse à vouloir me rouler, il entendra causer d’Alistair Symes (le corpulent bonhomme tapota de la main son arme). Je n’ai pas parcouru quinze années-lumières pour des fraises.



— Ouais. Tu parles d’une galère, d’arriver jusqu’ici ! Juste avant d’atterrir j’ai cru que les boucliers anti-radiation allaient lâcher. 



— C’est sûr, on peut pas dire que le coin soit accueillant. Un grand désert de sable qui n’est même pas du sable…



— …coincé entre le marteau et l’enclume, compléta Reith. En tout cas on a intérêt à faire gaffe.



— Tu penses à ces vaisseaux qui sont venus ici et dont on n’a plus de nouvelles ?



— Ouais.



— Leurs boucliers étaient peut-être moins costauds que les nôtres. Ou alors ils ont trouvé ce qu’ils cherchaient, l’ont revendu en secret à des rivaux du Comité qui leur offraient plus de pognon et se sont fait oublier. Paraît que pour être peinard faut vivre caché.



— Possible (Reith consulta son omnicomp). Pour l’instant, les détecteurs ne relèvent toujours aucune activité. Plutôt mauvais signe, je dirais.



— Mmm… Je serais toi je me fierais pas entièrement à ces trucs-là. Rien ne vaut l’instinct du chasseur. Tu n’es jamais allé sur Chrysalin ?



— Euh… non pourquoi ?



— Si tu y étais allé tu saur… bordel ! »



Les yeux d’Alistair s’étaient fixés sur un point juste à la périphérie du socle. Si la chose n’avait pas bougé, il ne l’aurait pas aperçue tant la couleur de ses antennes se confondait avec l’environnement. Le scaphandre d’Alistair limitait sa liberté de mouvement, c’est pourquoi il procéda avec précaution, abaissant lentement l’extrémité de son bâton vers sa cible.



Reith le contemplait en retenant son souffle. Il ne voyait pas ce que son compagnon visait mais du moment que c’était quelque part dans le sable, cela ne pouvait pas faire de mal. Et peut-être allaient-ils toucher le gros lot, au bout du compte… Une seconde avant qu’Alistair ne frôle le bouton de tir le regard de Reith fut attiré par un soubresaut. Le rayon paralysant s’abattit à l’endroit précis où la chose – ce devait être l’alien – avait bougé.



 



***



 



Le trait d’énergie qui venait de manquer le plasmode confirma au Multiscient ce qu’il soupçonnait, sans pour autant savoir si ces humains passeraient réellement à l’action. Ils avaient agi d’une manière typique, mais non systématique de ceux de leur espèce, en n’essayant en aucune façon d’évaluer les conséquences possibles. Ceux-là s’étaient conformés à leur modèle d’évolution originel, où seule la force primait. Sans doute ignoraient-ils qu’un tel modèle n’avait pas lieu d’être partout dans la galaxie.



Sur son injonction, des milliers de plasmodes se rassemblèrent sous le Stygis – c’était le nom du vaisseau.



Leurs mouvements étaient si harmonieusement synchronisés alors qu’ils se disposaient en colonnes verticales qu’ils paraissaient ne plus faire qu’un – et d’une certaine manière, c’était le cas. Puis, ils se mirent à souffler de concert, libérant des ondes répulsives.



Le sable fut repoussé sur des dizaines de mètres. Un rift se forma sous le socle du vaisseau. Déséquilibré, celui-ci bascula avec ses occupants dans le fossé d’effondrement. Il fut enseveli et s’immobilisa loin sous la surface, subissant le même sort que trois autres de ses prédécesseurs.



Les plasmodes se rapprochèrent de l’épave pour l’étudier.



De leur côté, les deux chasseurs de prime s’agitèrent futilement avant de réaliser l’inanité de leurs efforts. Ils moururent quand le système de survie de leur scaphandre tomba en panne d’énergie. Leur savoir et leurs expériences personnelles ne furent néanmoins pas perdus pour tout le monde. Grâce à eux le Multiscient eut un aperçu de différents univers, portions de la galaxie, cultures et sous-cultures.



La vie reprit son cours, le vent recouvrit les traces. En surface, rien ne laissa plus transparaître ce qui s’était produit.

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Published on March 24, 2014 15:49

March 23, 2014

The very first review for Ardalia: The Breath of Aoles

The blog Piece of My Mind is the very first to publish a review for the science-fantasy novel Ardalia: The Breath of Aoles. Many thanks to Ailyn Koay for an honest review.



 



Author: Alan Spade

Series: Ardalia book 1

Genre: alien, adventure, fantasy

ASIN: B00IO2SIXM





Synopsis from Amazon: Lured away by the prospect of untold riches, Teleg, a carpenter, finds himself a prisoner of the Nylevs, fierce fire-wielding worshippers of the god of destruction. Now Pelmen, a young archer, must overcome his fears and travel across the land, in search of his childhood friend. Along the way, he will ally himself with strange beings: a shaman who controls the Breath of Aoles, or the power of the wind, a krongos, a creature who can become living rock, and a malian, adept at water magic.



 

If this is a game, it would be an RPG where Pelmen is the hero. This game will start with a FMV where you would see Pelmen being disgruntled with his life as a tanner. Then a short cut scene later, you can use Pelmen to train as an archer, then cue cut scene. 

 

Done right, this might just be a game where Pelmen engages in tutorials and mock battles, throw in some random monster and I can see him leveling up as he moves up long the boss fight to save his friend.



Jokes aside, Alan Spade is a game reviewer, I should say this because that was how I felt before even knowing that he is a game reviewer. All I felt was that this could be a fellow gamer writing a script for a well thought out game.



You might be angry at me for saying this, but even games have to be thought out, and pre-scripted for an RPG to progress. How do you think Final Fantasy games get so popular?



Back to this book, I did find it a bit slow in some bits and faster paced at others. Pelmen is an interesting enough but it is the world and its supportive characters that gives the book a unique feel. We have krongos, malian, hevelen and a few more species that makes up the land of Astrian.



A few battles and cut scene later, Pelmen emerges successful, and like a good trilogy game, there is a sequel. So I am looking forward to Turquoise Water.



Summary:

Interesting story but a little on the long side

unique characters: cover is pretty correct =P 

 

The ebook is offered at $0.99 until March, 27th, so get it now!

 

Discover here the first five chapters (100 pages):

 

 



The Breath of Aoles 152x229 5 first chapters.pdf


The PDF file for the first five chapters

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Published on March 23, 2014 11:31

March 21, 2014

Le Salon du livre de Paris moins pertinent chaque année

L'édition 2014 du Salon du livre de Paris Porte de Versailles ouvre ses portes aujourd'hui. Si le salon continue à attirer le grand public, il devient chaque année moins pertinent pour deux catégories de personnes qui jouent un rôle pivot dans l'édition: les lecteurs voraces et les auteurs.



 



Sélectif, le Salon du livre de la Porte de Versailles l'a été dès sa création. Il n'aurait pu en être autrement, étant donné les milliers de mètres carrés que représente ce salon en plein Paris. Le coût se répercute sur les exposants, et on peut penser en outre que l'organisateur, Reed Expositions, génère chaque année des profits substantiels sur la seule location des stands - sans même parler des entrées payantes.



 



De tout temps, donc, une très grande majorité d'auteurs ou d'éditeurs qui n'ont pas les moyens de se payer un stand n'ont pas été représentés. Même lorsque c'est le cas, même lorsque de petits éditeurs se groupent pour offrir un créneau (souvent restreint) à leurs auteurs, même lorsque des régions subventionnent certains petits éditeurs, vous pouvez être certain que les auteurs présents au salon auront toutes les peines à écouler leurs livres. Pourquoi? Non seulement à cause de la crise, mais parce que les lecteurs qui viennent se faire dédicacer des ouvrages le font pour des têtes d'affiche.



 



Les petits auteurs n'intéressent que médiocrement le grand public, qui vient pour les grands noms. Et il y en a beaucoup au salon du livre. Ce sont eux qui se partagent les ventes, et encore leur éditeur n'est-il même pas sûr de rentabiliser son stand. En fait, il y a de fortes chances pour que les gros éditeurs eux-mêmes ne rentabilisent pas leurs stands, puisqu'ils sont présents pour l'image de marque, parce qu'il "faut" y être.



 



Le Salon du livre de Paris porte de Versailles est une parfaite illustration de ce que peut être une industrie de sommet de pyramide.



 



Si ce salon convient si bien aux gros éditeurs, c'est qu'ils ne visent pas forcément le même public qu'un auteur autoédité. Le gros éditeur va chercher à faire ses ventes avec le public de lecteurs voraces, bien sûr, mais surtout et avant tout avec les lecteurs occasionnels. D'où la publicité permanente que s'offrent les éditeurs (et croyez-moi, cela coûte de l'argent) en rendant visible chaque jour leurs ouvrages en librairie.



 



Pour créer du best-seller il "suffit" ensuite de générer un buzz suffisant pour que ce livre sur lequel vous avez misé gros soit celui que le public doit acheter. Certains buzz peuvent d'ailleurs être accidentels, comme la diatribe de Jean-François Coppé sur le livre pour enfants Tous à poil, devenu un certain temps n°1 des ventes. On a en tout cas là un livre typiquement acheté par le lecteur occasionnel, le réel "public-cible" des gros éditeurs.



 



Une bonne part de lecteurs voraces viendra sans doute au Salon du livre, mais la grande majorité d'entre eux sait bien que la vérité est ailleurs. A l'époque où Internet n'existait pas et que les lecteurs d'ebooks performants n'étaient pas entrés en scène, le Salon du livre de Paris pouvait encore se targuer d'avoir une réelle pertinence, puisque l'espace d'exposition est si grand qu'il représente de nombreuses librairies. 



 



Plus maintenant. Et en tout cas, de moins en moins chaque année. Car non seulement les lecteurs voraces savent que la diversité de livres que l'on peut trouver sur Internet est mille fois plus variée que sur ce salon du livre, mais de plus en plus d'auteurs le savent aussi.



 



Nous, auteurs de romans de fiction, ne pouvons plus ignorer que le nombre de librairies décroît chaque année en France, que de nombreux libraires se mettent à vendre d'autres produits en parallèle des livres, réduisant encore la surface d'exposition des livres. Ce n'est pas seulement le Salon du livre de Paris qui devient moins pertinent chaque année, mais aussi les librairies, les éditeurs traditionnels, et pratiquement toute la chaîne du livre.



 



Doit-on pour autant s'en frotter les mains? Bien sûr, on ne peut que se réjouir de voir des éditeurs exploitant outrageusement des écrivains à l'aide de contrats léonins vaciller sur leurs bases. Le problème, c'est que la politique entre aussi en jeu.



 



Contrairement à ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis, ces gros éditeurs, qui tiennent aussi les médias, sont soutenus par les hommes politiques. Alors même que l'on a enfin un moyen merveilleux de démocratiser la lecture avec l'ebook, alors même que l'on a moyen d'augmenter le nombre de lecteurs voraces (les gens lisent plus lorsqu'ils ont acheté une liseuse électronique, c'est reconnu) et de créer une véritable économie numérique du livre, infiniment plus juste pour les auteurs, on laisse les gros éditeurs s'entendre sur des prix trop élevés pour les ebooks.



 



On ne favorise pas la concurrence, et devinez ce qui se passe? Les gens se tournent vers autre chose. Internet en tant qu'agrégateur de contenus est à la fois une formidable opportunité et un terrible concurrent pour la lecture de romans. Vidéos, jeux vidéos, clips musicaux, news en tout genre... si l'on veut faire autre chose que lire, ou lire autre chose que des romans, l'offre n'a jamais été aussi extraordinairement variée et attractive.



 



Je comprends le désir de préserver des secteurs de l'économie, fut-elle une économie de sommet de pyramide, mais ce désir est en train de devenir complètement contre-productif. Cela tue la lecture, et d'autant plus en temps de crise où les moyens des gens se réduisent comme peau de chagrin. Alors certes, un lecteur d'ebook peut représenter un certain investissement au départ, mais il sera rapidement rentabilisé, à condition que le prix des ebooks baisse. Il serait temps que nos femmes et hommes politiques le comprennent.



 



Sur le même sujet:



 



Pourquoi les maisons d'édition sont pertinentes, selon Hachette



 



Une industrie de sommet de pyramide

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Published on March 21, 2014 03:26

March 13, 2014

Histoires gratuites: une nouvelle expérience

Il faut parfois savoir copier les bonnes idées. L'auteur Kristine Kathryn Rusch offre chaque lundi une nouvelle gratuite en lecture sur son blog. La durée de publication n'est que d'une semaine avant que la nouvelle ne disparaisse du blog. La section ebooks gratuits n'étant pas, et de loin, la plus visitée, j'ai eu l'idée de faire de même. Je commencerai lundi prochain.



 



La nouvelle est un genre qui se lit moins que le roman complet, quel que soit le pays. Néanmoins, c'est un format spécialement adapté aux blogs. Blogs qui sont eux-mêmes adaptés à la lecture sur liseuse électronique, tablette ou smartphone.



 



Ce blog s'est de plus en plus penché sur l'industrie de l'édition et les voies de l'autoédition, tant il est vrai qu'en tant qu'auteur, j'ai l'impression qu'il y a plus d'auteurs que de lecteurs sur internet. Cette impression, toutefois, ne correspond pas forcément à la réalité.



 



Le fait de publier les nouvelles directement sous forme de billet à courte durée de vie peut, qui sait, amener un nouveau dynamisme pour mes écrits. Me permettre de toucher un autre lectorat, sur ce blog. C'est en tout cas une bonne expérience pour voir si mes statistiques de visites, environ 25 par jour, s'effondrent complètement, se maintiennent ou augmentent.

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Published on March 13, 2014 05:02

March 5, 2014

Pelmen en Amérique : premier bilan

Le jeudi 27 février (la semaine dernière) sortait The Breath of Aoles, la version anglaise du premier tome du Cycle d'Ardalia, Le Souffle d'Aoles, et la nouvelle A Brief History of Ardalia. Ces sorties conjointes sont la concrétisation de lourds investissements et de plusieurs mois d'efforts intenses, à telle enseigne qu'à certains moments, j'ai interrompu complètement l'écriture de mon prochain recueil de nouvelles, qui a pris du retard. Bien qu'ayant depuis la sortie poursuivi mes efforts, cette fois sur le plan promotionnel, je m'attendais à de très faibles ventes. Sur ce plan-là, du moins, je n'ai pas été déçu.



 



J'avais prévenu en novembre 2013 dans mon billet l'aventure américaine que le marché outre-Atlantique était très difficile à pénétrer. Nombre d'auteurs français s'y sont cassés les dents, je ne serai donc pas le premier.



 



Connaissant la prédominance d'Amazon sur le marché anglo-saxon de l'ebook, j'ai pour la première fois utilisé KDP Select pour la nouvelle A Brief Story of Ardalia, afin de mettre cette nouvelle gratuite pendant les cinq premiers jours.



 



En principe, je suis opposé à la notion d'exclusivité attachée à ce type de promotion Amazon, c'est pourquoi je n'ai utilisé KDP Select que pour la nouvelle, pas pour le roman The Breath of Aoles que l'on peut retrouver sur Kobo, Apple, Smashwords et bientôt sur Barnes&Noble (Nook) en plus d'Amazon.



 



J'estime que donner une simple nouvelle pendant 6 mois (la période pendant laquelle je compte jouer avec KDP Select) exclusivement à Amazon ne porte pas trop préjudice aux autres plates-formes.



 



Pendant les cinq jours qu'a duré la promotion, A brief story of Ardalia a été téléchargée 89 fois sur Amazon.com. La nouvelle a été téléchargée 12 fois sur Amazon.co.uk (Angleterre) 6 fois sur Amazon.de (Allemagne), 1 fois sur Amazon.fr et 8 fois sur Amazon.ca (Canada). Rien sur Amazon Australie ou Inde.



 



Donc 116 fois en tout. Pas grand-chose à voir avec les 60000 téléchargements qu'est capable d'obtenir un auteur comme Joe Konrath en cinq jours sur le même support.



 



A son plus haut, alors qu'une quarantaine d'ebooks avaient été téléchargés sur Amazon.com, A brief History of Ardalia s'est hissée vers la 4800ème place sur Amazon.com, et dans deux sous-listes de best sellers gratuits (environ à la 50ème place pour les Fairy Tales pour enfants et à la 85ème place en Sword & Sorcery).



 



Dans le même temps, avec 8 ebooks téléchargés sur Amazon.co.uk, A brief History of Ardalia s'est hissée à la 4300ème place. On peut donc estimer que pour obtenir un rang équivalent au rang britannique avec Amazon.com, il faut avoir 5 à 6 fois plus d'ebooks gratuits téléchargés.



 



Cela signifie que le potentiel de téléchargement d'oeuvres gratuites est bien plus important aux Etats-Unis que dans le pays européen où les ebooks ont le mieux percé. Par extension, on peut en déduire qu'il en va de même pour les oeuvres payantes.



 



The Breath of Aoles s'est quant à lui vendu à deux exemplaires sur Amazon.com, deux sur Amazon.co.uk, un sur Amazon.ca, et un sur Amazon.fr. Zéro sur les autres pays. 



 



Sur les autres plates-formes comme Google Play, Apple, Kobo ou Smashwords, aucun exemplaire de The Breath ne s'est vendu.



 



Donc, six ventes en tout environ une semaine après sa sortie. Il m'en reste encore 29994 à vendre pour pouvoir donner sa prime de plus de 2000 dollars à Stephen Harmon, le second traducteur du livre, et pouvoir commencer à toucher de l'argent dessus. Ou bien 9994 après le 27 mars, lorsque le prix de The Breath of Aoles aura été remonté à 2,99$ (je toucherai alors 1$ par exemplaire et non plus 0,30$).



 



Les ebooks qui se sont vendus sur Amazon.com l'ont surtout été au début, il n'est pas évident que ce soit lié à la promo sur A brief History of Ardalia, qui comprend les cinq premiers chapitres de The Breath.



 



Il est possible, en revanche qu'une ou deux ventes soient liées aux mails de promo que j'ai envoyés à une soixantaine de blogueuses américaines (en très grande majorité des femmes, donc la féminisation est volontaire de ma part) afin d'obtenir des critiques, non seulement sur les blogs, mais aussi sur Amazon.



 



J'ai trouvé beaucoup plus aisé de contacter les blogueuses et blogueurs américains que français: il y a très souvent un lien "review policy" expliquant comment s'y prendre et les genres acceptés, avec le contact par email.



 



En revanche, il est très difficile d'obtenir des commentaires: seules, deux réponses favorables pour l'instant, dont l'une (The Review Board) pour une critique qui ne se fera qu'en février 2015. Quand les blogueuses ne répondent pas au bout d'une semaine, c'est que la réponse est négative.



 



Les blogs A TiffyFit's Reading Corner (le 25 mars) et Celtic'sLady Review (le 13 mars) ne donneront pas d'appréciation, mais ont accepté d'annoncer la sortie du livre (Spotlight).



 



De nombreux blogs proposent aussi bénévolement des interviews d'auteur, mais j'avoue que j'ai un peu peur de perdre mon temps avec cela. En tout cas, on sent qu'il existe une vraie solidarité avec les auteurs indépendants, avec une énorme majorité de blogs qui acceptent de lire la version ebook du livre.



 



Je suis même tombé sur une blogueuse qui disait à peu près cela: "Je n'aurais jamais cru pouvoir écrire cela un jour, mais envoyez-moi de préférence la version Kindle".



De la SF? De l'utopie? Non, du réel. Du vécu. Vive 2014!



 



Pour ceux qui s'y connaissent un peu, j'ai tenté une promo avec Pixel of Ink, mais ils n'ont pas donné suite. Bookbub m'a de son côté signifié son refus, arguant que seuls 20 à 30% des demandes (contre rémunération) de promo dans leur newsletter étaient validées.



 



Le blog kboards, dédié aux auteurs Kindle, et figurant parmi les 5000 blogs les plus regardés aux Etats-Unis, a accepté mes 15 dollars pour annoncer la sortie du livre le 18 mars.



 



Vous allez me dire, malgré tout, la déception doit être terrible, les ventes et téléchargements sont vraiment microscopiques. C'est sûr, je pense qu'il faut être costaud dans sa tête pour accepter plus de 7000 dollars de perte (l'argent que j'ai dépensé en frais de traduction/révision, et qui ne comprend pas l'éventuelle prime de 2000$ en cas de ventes, que Stephen Harmon pourra toucher dans les trois premières années).



 



Néanmoins, je ne considère pas tout à fait cet argent comme une perte sèche. J'ai appris. Pendant plus de deux mois, Stephen Harmon et moi-même avons échangé plus de 180 e-mails. Il corrigeait la première traduction cinq pages par cinq, je lui signalais au fur et à mesure les erreurs d'interprétation, changements stylistiques et améliorations que je désirais, et on en discutait tous les deux pour garder la meilleure solution.



 



Ce furent des échanges très riches d'enseignement et appréciables pour moi. Je ne dirais pas que je me sens capable de traduire facilement les deux tomes suivants par moi-même, mais disons que mon précédent billet (écrit sans aide) me semble démontrer que je ne suis pas totalement une quiche en anglais.



 



Donc, si je devais continuer à prendre ma loupe pour examiner mes ventes américaines, il m'est désormais possible d'envisager de faire la traduction moi-même, et de passer dans un deuxième temps par un correcteur anglais, qui serait bien meilleur marché qu'un traducteur. L'avantage que nous autres auteurs avons sur les traducteurs, c'est que nous savons exactement ce que nous avons voulu dire. L'inconvénient, c'est la maîtrise sur les tournures de phrases et la structure de celles-ci, nettement plus difficile à acquérir.



 



Je ne souhaite toutefois pas sacrifier mon temps d'écriture à une autre traduction dans l'immédiat. Et je préférerais bien sûr repasser par Stephen Harmon, avec lequel je bosse bien.



 



Pour l'instant, je fais beaucoup de promo en contactant les blogs de langue anglaise, mais je me suis aussi remis à écrire (en français), et ce temps-là reste sacré. Ce qui sautera, à terme, sera ma promo vers des blogs de langue anglaise.



 



Il ne faut pas se le cacher, l'investissement en temps et en argent reste colossal pour toucher le marché anglo-saxon, mais l'avantage, lorsqu'on est autoédité, c'est que l'on peut se permettre des choses que de petites maisons d'édition ne se permettraient pas (sauf très fortes relations entre l'auteur et l'éditeur).

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Published on March 05, 2014 04:43

February 28, 2014

The Breath of Aoles released

I'm glad to announce the release of Ardalia's first volume: The Breath of Aoles. I've strived to write the best novel possible, but it wasn't until Kristine Kathryn Rusch helped me to meet the author Stephen Harmon (from Utah) that the project could really take shape. Steve helped me to make the novel much smoother, and more than 180 emails later, here we are...



 



The Breath of Aoles, a 120,000 words science-fantasy novel is on sale on Amazon, Kobo and Smashwords at $0.99 for a period of one month (until march, 27). At the same time, I also make available exclusively on Amazon A brief story of Ardalia, a short story which describes in a few pages the genesis of the four great civilizations of Ardalia and the most significant events preceding the Ardalia trilogy. It is free until the fourth of February.



 



By outsourcing some of the work on this first volume, I've already spent $7015 ($4000 went to Stephen Harmon, who entirely deserves it, and he will get an additional $2000 if the novel sells enough within the first three years). So, for the novel and the short story to begin to bring me money, they have to sell at least 30,000 copies on the first month of exploitation.



 



On march, 27, The Breath of Aoles' price will be raised to $2.99, so at that time, 9000 paid downloads would be enough for me to give his entire bonus to Stephen, and to begin to make money with the novel. There will also be a Createspace version (paper book) of the novel. I'm working on it.



 



So, it may not be entirely reasonable to set the price so low, but for me, it's a matter of discoverability. Nobody owes me anything. I chose to spend that money, not you. I'm perfectly conscious I'm a no-name guy, and the reader, by picking my book, takes two chances: for her money and for her time. Her time is for me the most valuable, so I wouldn't want that experience to cost her too much money.



 



Now, to the heart of the matter:



Ardalia, volume one: The Breath of Aoles



The hevelens are children of Aoles, god of the wind

The hevelens are children of Aoles, god of the wind

Pelmen hates being a tanner, but that’s all he would ever be, thanks to the rigid caste system amongst his people, the hevelens. Then he meets Master Galn Boisencroix and his family. The master carpenter opens up the world of archery to young Pelmen, who excels at his newfound skill. But Pelmen’s intractable father would have none of it, and tries to force Pelmen to stay in the tannery.





One day, however, Pelmen’s best friend and Master Galn's son, Teleg, disappears. Lured away by the prospect of untold riches through mining amberrock, the most precious substance in the world, Teleg finds himself a prisoner of the Nylevs, fierce fire-wielding worshippers of the god of destruction.



 



Now Pelmen must leave all he knows behind, overcome his fears and travel across the land, in search of his childhood friend. Along the way, he will ally himself with strange and fantastic beings: a shaman who controls the Breath of Aoles, or the power of the wind, a krongos, a creature of the mineral realm who can become living rock, and a malian, adept at water magic.



 



Amazon    Kobo    Smashwords



 



Why would I buy this book?



 



You should, because:



- as for the Harry Potter series, it's an initiatory quest, where the main character evolves through the three books: the young reader grows with him, Pelmen becomes a companion



- the main character is not a superhero: he has his fails, he makes mistakes, but he is endearing



- it's a great story about friendship



- the plot become more and more complex, with twists and turns (the book is designed for YA and adults)



- there are strong female characters



- it's an entirely new world, fun to discover



- it can remind The Lord of the Rings, but in a prehistoric world, with four people each linked to one element: wind, water, earth and fire



- there's a ptat



 



A brief story of Ardalia




The Breath of Aoles released

This mythological, not to say cosmogonic, story describes in a few pages the genesis of the four great civilizations of Ardalia and the most significant events preceding the Ardalia trilogy. For those who have read The Breath of Aoles, Turquoise Water and The Flames of the Immolated, it offers an interesting adjustment of perspective. For others, it permits an easy introduction to the details of the universe while furnishing a complete synoptic history benefiting from a different viewpoint.



As a bonus: the five first chapters of The Breath of Aoles.



 



Get it on Amazon



 



I'm always seeking to improve, so I would be glad for commentaries and reviews.

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Published on February 28, 2014 08:01

February 21, 2014

D'utilité publique : les chiffres des droits d'auteur et d'avances

Si un blogueur en France informe sur les droits d'auteur et avances des éditeurs français, je serais heureux de reproduire ici son billet, avec un lien vers son blog. Voici en tout cas les droits d'auteur et avances aux Etats-Unis tels qu'on peut les retrouver sur le blog de Brenda Hiatt. Et notamment ceux d'Harlequin, Hachette, Pocket... Je ne pense pas qu'une traduction soit utile, les chiffres parlant d'eux-mêmes...



 



Le premier chiffre en haut à droite est le nombre de titres inclus dans l'étude.

 



Avon/HarperCollins………………………………………………………………………61

Average advance (first book): $17,400  Median: $8000

Average advance (subsequent books): $28,300  Median: $12,500

Advance range: $5000 – $180,000

Standard print royalty: 8%  Electronic: 25% (net)

Average earn-out: $18,000  Median: $13,500  Range: $9,000 – $35,000



Baker/Revell……………………………………………………………………………….12

Average advance: $8800  Median: $9250

Advance range: $6700 – $10,000

Standard print royalty: 8-17% (net) Electronic: 25-50% (net)

Average earn-out: n/a



Ballantine………………………………………………………………………………….21

Average advance (first book): $40,000  Median: $40,000

Average advance (subsequent books): $172,000  Median: $175,000

Advance range: $40,000 – $275,000

Standard print royalty: 8%

Average earn-out: n/a



Bantam/Dell……………………………………………………………………………….15

Average advance: $17,000  Median: $20,000

Advance range: $7500 – $25,000

Standard print royalty: 8%

Average earn-out: n/a



Barbour & Co. (Novellas) …………………………………………………………………12

Average advance: $1000  Median: $1000

Standard print royalty: 2.5%

Average earn-out: n/a



Barbour & Co. (Trade Fiction) ……………………………………………………………4

Average advance: $8750  Median: $8750

Standard print royalty: 8%

Average earn-out: n/a



Belle/Bell Bridge Books……………………………………………………………………..7

Average advance: $330  Median: $250

Standard print royalty: 8% Electronic: 40% (net)

Average earn-out: $13,000  Median: $10,600



Berkley/Jove………………………………………………………………………………78

Average advance (first book): $8100  Median: $7000

Average advance (subsequent books): $12,200  Median: $8000

Advance range: $4000 – $40,000

Standard print royalty: 6% – 8% Electronic: 15% (cover) – 25% (net)

Average earn-out: $15,700  Median: $10,000  Range: $5000 – $50,000



Berkley (novellas) ………………………………………………………………………………4

Average advance: $6900  Median: $6300

Standard print royalty: 2-3.75%

Average earn-out: n/a



Breathless Press …………………………………………………………………………………8

Average advance: none

Standard electronic royalty: 40%

Average earn-out: $200  Median: $150



Cerridwen/Blush (EC)……………………………………………………………………………9

Average advance: none

Standard print royalty: 7.5% Electronic 37.5% onsite 37.5% (net) elsewhere

Average earn-out: $400  Median: $100



Dutton/Signet/NAL……………………………………………………………………………..35

Average advance (first book): $9400  Median: $10,000

Average advance (subsequent books): $21,000  Median: $12,500

Advance range: $6000 – $85,000

Standard print royalty: 7.5 – 8%

Average earn-out: n/a



Ellora’s Cave……………………………………………………………………………………..138

Average advance: none

Standard print royalty: 7.5% Electronic 40% onsite 40% (net) elsewhere

Average earn-out: $3100  Median: $2300  Range: $250 – $14,000



Ellora’s Cave (anthologies/novellas) ………………………………………………….38

Average advance: none

Standard electronic royalty: varies by number of authors

Average earn-out: $2250  Median: $2100  Range: $430 – $7100



Entangled…………………………………………………………………………………11……….11

Average advance: none

Standard print royalty: 9% Electronic 40% onsite 40% (net) elsewhere

Average earn-out: $89,000  Median: $32,600  Range: $500 – $500,000



Five Star/Thorndike (hardcover) ………………………………………………………….8

Average advance: $1150  Median: $1000

Advance range: $750 – $2000

Standard print royalty: 10%

Average earn-out: $1850  Median: $850  Range: $750 – $4000



Grand Central Publishing (Warner/Hachette) ……………………………………….61

Average advance (first book): $7000  Median: $6000

Average advance (subsequent books): $16,500  Median: $10,000

Advance range: $5000 – $75,000

Standard print royalty: 8%

Average earn-out: $38,500  Median: $31,500  Range: $8300 – $100,000



Harlequin American…………………………………………………………………………..23

Average advance (first book): $4400  Median: $4500

Average advance (subsequent books): $5000  Median: $5000

Advance range: $4000 – $8500

Standard print royalty: 6%  Electronic: 6%

Average earn-out: $7100  Median: $7600 Range: $4500 – $10,100



Harlequin Blaze………………………………………………………………………………..31

Average advance (first book): $4350  Median: $4000

Average advance (subsequent books): $5500  Median: $5300

Advance range: $4000 – $10,500

Standard print royalty: 6%  Electronic: 6%

Average earn-out: $12,500  Median: $12,300  Range: $10,500 – $15,000



Harlequin Desire ……………………………………………………………………………..42

Average advance (first book): $4400  Median: $4000

Average advance (subsequent books): $5600  Median: $5000

Advance range: $4000 – $8,000

Standard print royalty: 6%  Electronic 6%

Average earn-out: $17,200  Median: $17,000  Range: $11,000 – $26,000



Harlequin Historical …………………………………………………………………………33

Average advance (first book): $3400  Median: $2500

Average advance (subsequent books): $5400  Median: $5500

Advance range: $2500 – $8,000

Standard print royalty: 6%  Electronic: 6%

Average earn-out: $9100  Median: $8650  Range: $6700 – $13,000



Harlequin Intrigue……………………………………………………………………………..23

Average advance (first book): $3900  Median: $4000

Average advance (subsequent books): $4700  Median: $4500

Advance range: $3500 – $7000

Standard print royalty: 6%  Electronic: 6%

Average earn-out: $12,000  Median: $12,000  Range: $8,000 – $17,500



Harlequin Mills & Boon (Incl. Medical) ……………………………………………….24

Average advance (first book): $3600  Median: $4000

Average advance (subsequent books): $3900  Median: $4000

Advance range: $2000 – $5000

Standard print royalty: 6%  Electronic: 6% (20%net)

Average earn-out: n/a



Harlequin Nocturne……………………………………………………………………………..10

Average advance: $6300  Median: $62500

Advance range: $6000 – $8000

Standard print royalty: 6%  Electronic 20% (net)

Average earn-out: n/a



Harlequin Nocturne (Bites)…………………………………………………………………..5

Average advance: $1000  Median: $1000

Standard print royalty: 6%  Electronic 20%

Average earn-out: $1000  Median: $1000



Harlequin Romance……………………………………………………………………………..16

Average advance (first book): $2400  Median: $2400

Average advance (subsequent books): $3200  Median: $2400

Advance range: $2400 – $7000

Standard print royalty: 6%  Electronic: 6%

Average earn-out:  $10,100  Median: $10,000  Range: $7400 – $12,800



Harlequin Romantic Suspense ……………………………………………………………..13

Average advance (first book): n/a

Average advance (subsequent books): $5600  Median: $5500

Advance range: $4000 – $7500

Standard print royalty: 6%  Electronic 6%

Average earn-out: $11,000  Median: $11,000 Range: $9500 – $13,500



Harlequin Special Edition ……………………………………………………………………29

Average advance (first book): $4100  Median: $4000

Average advance (subsequent books): $7300  Median: $8000

Advance range: $4000 – $13,000

Standard print royalty: 6%  Electronic 6%

Average earn-out: $17,500  Median: $17,000  Range: $12,000 – $23,000



Harlequin Superromance……………………………………………………………………..73

Average advance (first book): $5000  Median: $5000

Average advance (subsequent books): $5500  Median: $5500

Advance range: $4000 – $7000

Standard print royalty: 6%  Electronic: 6%

Average earn-out: $15,000  Median: $15,000  Range: $8,000 – $28,000



HQN………………………………………………………………………………………14

Average advance: $18,000  Median: $19,000

Advance range: $8500 – $55,000

Standard print royalty: 8%  Electronic: 25% (net)

Average earn-out: n/a



Harper Teen………………………………………………………………………………………..8

Average advance: $51,000  Median: $40,000

Advance range: $20,000 – $80,000

Standard print royalty: 6% trade 10% hc Electronic: 25% (net)

Average earn-out: n/a



Kensington/Zebra………………………………………………………………………149

Average advance (first book): $3500  Median: $3000

Average advance (subsequent books): $7100  Median: $3700

Advance range: $1750 – $60,000

Standard print royalty: 6 – 8%  Electronic: 25% (net)

Average earn-out: $6200  Median: $3800  Range: $2500 – $17,800



Kensington (novellas) ……………………………………………………………………………29

Average advance:  $2750  Median: $1500

Advance range: $750 – $9000

Standard print royalty: 2 – 3.75%

Average earn-out:  n/a



Liquid Silver………………………………………………………………………………………14

Average advance: none

Standard electronic royalty: 40%

Average earn-out: $900  Median: $230  Range: $70 – $3400



Loose Id…………………………………………………………………………………………..25

Average advance: none

Standard print royalty: 7%  Electronic: 35%

Average earn-out: $2200  Median: $1450  Range: $200 – $9000



Love Inspired ………………………………………………………………………………………….71

Average advance (first book): $4200  Median: $4000

Average advance (subsequent books): $5750  Median: $5500

Advance range: $3500 – $9500

Standard print royalty: 6%  Electronic: 6%

Average earn-out: $11,400  Median: $10,900  Range: $6500 – $18,000



Medallion Press………………………………………………………………………………………..6

Average advance: $1200  Median: $1000

Advance range: $1000 – $2000

Standard print royalty: 10%

Average earn-out: n/a



MIRA………………………………………………………………………………………8

Average advance: $80,000  Median: $17,500

Advance range: $15,000 – $450,000

Standard print royalty: 8%  Electronic: 8%

Average earn-out: n/a



Pocket……………………………………………………………………………………..30

Average advance (first book): $10,400  Median: $5000

Average advance (subsequent books):  $16,700  Median: $12,500

Advance range: $5000 – $50,000

Standard print royalty: 8 – 10%  Electronic: 25% (net)

Average earn-out: n/a



Random House/Delacorte (YA)…………………………………………………………………….7

Average advance (first book): $28,000  Median: $18,000

Average advance (subsequent books):  $90,000  Median: $92,500

Advance range: $15,000 – $125,000

Standard print royalty: 6 – 10%

Average earn-out: $110,000  Median:  $128,000



Red Sage (novellas) …………………………………………………………………………………11

Average advance:  $550  Median: $750

Advance range:  $50 – $1000

Standard print royalty: 1.5 – 6% (varies by # of authors)

Average earn-out: $2300  Median: $2250  Range: $1000 – $3600



St. Martin’s Press…………………………………………………………………………………….35

Average advance (first book): $18,000  Median: $7500

Average advance (subsequent books): $37,000  Median: $18,000

Advance range: $4500 – $200,000

Standard print royalty: 7.5-10% Electronic: 25% (net)

Average earn-out:  n/a



Samhain………………………………………………………………………………….28

Average advance: $60  Median: $100

Advance range: $0 – $100

Standard print royalty: 8 – 10%  Electronic: 40% onsite 30% elsewhere

Average earn-out: $3500  Median: $1750  Range: $300 – $15,000



Simon & Schuster Pulse/McElderry/UK (YA)……………………………………………..7

Average advance: $17,000  Median: $22,000

Advance range: $10,000 – $25,000

Standard print royalty: 6%mm 7% t 10%hc

Average earn-out: n/a



Siren Bookstrand………………………………………………………………………………26

Average advance: none

Standard print royalty: 6%  Electronic: 40% onsite 50%(net) elsewhere

Average earn-out: $5500  Median: $1700  Range: $100 – $24,000



Sourcebooks………………………………………………………………………………43

Average advance (first book): $2000  Median: $1600

Average advance (subsequent books): $4200  Median: $1700

Advance range: $1000 – $17,500

Standard print royalty: 6-8%  Electronic: 8-25% (net)

Average earn-out: n/a



Tor/Forge…………………………………………………………………………………22

Average advance (first book): $11,000  Median: $10,000

Average advance (subsequent books): $14,000  Median: $14,000

Advance range: $7500 – $20,000

Standard print royalty: 8%

Average earn-out: n/a



Wild Rose Press………………………………………………………………………………………21

Average advance: none

Standard print royalty: 7%  Electronic: 35% onsite 35% (net) elsewhere

Average earn-out: $3500  Median: $230  Range: $50 – 65,000



© 2001 – 2013 by Brenda Hiatt  (last update: 7/13)



 

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Published on February 21, 2014 09:38

February 20, 2014

Nouveau rapport sur 54 000 ebooks sur Amazon.com

Hugh Howey et son informaticien anonyme, Data Guy, révèlent à présent sur le site authorearnings.com, un rapport qui concerne les 54 000 ebooks les mieux vendus sur Amazon.com, tous genres confondus. De quoi commencer à répondre aux critiques sur l'aspect trop partiel de la première étude (7000 titres). Les tendances se confirment, avec de bien meilleurs revenus pour les auteurs indépendants, et un nombre de ventes qui fait des auteurs indépendants sur amazon.com le premier éditeur d'ebooks américain, si ce n'est mondial.



 



Etude author earnings 50k



 



Pour les auteurs français, bien qu'il s'agisse d'une étude exclusivement américaine, les graphiques les plus intéressants sont à mon sens ceux des auteurs de fiction littéraire (étude portant sur 900 ebooks): ce sont les genres les mieux vus en France, ceux qui donnent souvent lieu aux prix Goncourt, par exemple. On s'aperçoit que les auteurs littéraires, même aux Etats-Unis, sont formidablement "captés" par l'édition traditionnelle, même si en ce qui concerne les revenus ebooks, ils gagnent moins que s'ils s'étaient autoédités.



 



D'après Hugh Howey et Data Guy, les auteurs indépendants gagnent en effet 5,6 fois plus sur les ventes d'ebooks par rapport aux auteurs traditionellement édités. Ces derniers ont donc intérêt à se rattraper fortement sur les ventes de livres papier.



 



On comprend mieux, en tout cas, pourquoi dans un pays comme la France, qui donne autant la prééminence aux auteurs de littérature blanche (en dehors, donc, du polar, de la SF, de la Fantasy ou de la littérature sentimentale et érotique), les grands éditeurs ont encore le vent en poupe, et les ventes d'ebooks ne représentent officiellement que 4% des ventes totales.



 



Je parle bien de prééminence sur un plan dogmatique, liée à la culture et à l'éducation. Je serais curieux de connaître les chiffres réels en France, avec le nombre de ventes en genres littéraires comparés avec les ventes de littérature dite "blanche". Aux Etats-Unis, dans cette étude sur Amazon.com, sur 50000 ebooks les auteurs de fiction littéraire ne représentent que 5% du nombre de ventes quotidiennes, et 6% du revenu total des ventes.



Nouveau rapport sur 54 000 ebooks sur Amazon.com Nouveau rapport sur 54 000 ebooks sur Amazon.com
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Published on February 20, 2014 05:24

February 19, 2014

Un peu de tendresse...

Une sortie en famille de temps en temps pour se détendre, ça fait du bien. Mais en même temps, le travail n'est jamais bien loin. Ma visite lundi dernier (17 février) au parc des félins à Nesles (77) m'a permis de matérialiser sous forme de vidéo la nouvelle Le Baiser de la lionne. Eh oui! Déjà une adaptation en film pour l'une de mes oeuvres! :) J'ai demandé à la lionne si elle voulait une dédicace, mais elle m'a répondu: "uniquement sur un quartier de boeuf." Ça n'a pas pu se faire... ;)



 



A regarder en HD de préférence:





 



Amazon     Site d'auteur    Fnac    Kobo    iTunes Store



 



Au fil de ses errances, Vick Lempereur, aventurier et surtout vagabond sans le sou, se retrouve à Kahama, cité tanzanienne en pleine expansion. A la recherche d’un moyen de subsistance, il rencontre Albert Granjean, photographe de son état, qui lui propose de devenir son chauffeur pour quelques jours. Vick ne peut refuser l’offre généreuse.



En se lançant à la poursuite de grands fauves dans un safari endiablé, il ignore encore quels fantômes vont le rattraper.



 



Et puisque vous êtes allé jusqu'ici, une nouvelle vidéo avec cette fois un tigre blanc:

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Published on February 19, 2014 05:04