Alan Spade's Blog, page 31

December 11, 2014

[Archive 31 octobre 2012] Succès, gloire... et amour ?

Rassurez-vous, ce blog ne s'est pas d'un seul coup transformé en extension de Voici ou Gala. Simplement, je suis tombé hier sur cette info : la moitié des footballeurs européens finissent ruinés. Par ailleurs, selon le même article, en NFL (football américain), 78% des joueurs ont tout perdu moins de deux ans après avoir raccroché, et 60% des joueurs de NBA n'ont plus rien dans les cinq ans qui suivent l'arrêt de leur carrière. Wow. C'est leur problème, me direz-vous. Mais ce serait oublier qu'ils relèvent d'un modèle, le star-système, qui impacte une majorité de la population.   Il est beaucoup plus difficile d'avoir ce genre de chiffres pour des artistes car pour eux, la fin de carrière signifie souvent la fin de vie. Mais je suis persuadé que le problème est à peu près identique.   L'article donne la raison principale, le manque d'éducation : Le train de vie dispendieux des athlètes (achats de maisons, voitures de luxes, bijoux) n’expliquerait pas tout. La faillite de certains serait plus souvent le fait de mauvais placements, d’investissements désastreux, de divorce coûteux et de la mauvaise influence d’agents et des conseillers peu scrupuleux.   L'argent facile peut conduire à vouloir afficher sa fortune, par ses possessions, son train de vie et ses fréquentations. Cela nous renvoie à un narcissisme qui remonte à l'adolescence, à l'époque où il fallait une paire de baskets ou un sac à main de marque pour afficher son rang.   Eh oui, notre société n'est pas seulement jeuniste, elle nous pousse à revenir au stade de l'adolescence. Est-ce parce que les "p'tits gars du marketing" ont calculé que c'est à cet âge qu'on dépense le plus par rapport à ce que l'on possède ?   Pour les artistes et les sportifs de haut niveau, évidemment, ce problème de narcissisme se trouve décuplé, parce qu'il y a le regard du public, que ce soit dans les stades de foot ou les salles de concert (qui sont parfois un seul et même lieu).   Quand un artiste tombe amoureux d'un fan, est-ce qu'il tombe amoureux de la personne ou bien de son propre succès qui lui est renvoyé comme dans un miroir ? L'artiste ou le/la sportif(ve) aura beau jeu de dire après le divorce que son mari ou sa femme l'a épousé pour son argent ou sa célébrité, les torts seront partagés, parce que lui ou elle aussi aura fait ce choix pour les mauvaises raisons.

Sans vouloir faire de morale, quand on n'est pas aimé pour soi-même, quand de soi-même, naturellement, on ne donne pas sans espoir de recevoir quelque chose en retour, il ne faut pas s'étonner que la relation s'interrompe brutalement (et douloureusement). En la matière, il ne faut pas se fier aux déclarations de l'autre, mais bien aux actes. Et aussi à ses propres actes.   Si les psychologues sont et resteront dans les années à venir une profession en vogue dans notre société-qui-marche-sur-la-tête, c'est parce qu'ils peuvent parfois aider à franchir des étapes initiatiques, des étapes qui permettent de passer à l'âge adulte et d'obtenir une meilleure estime de soi (notion très différente de l'image que l'on projette aux autres, qui renvoie au narcissisme).   Mieux vaut construire sur du réel et du solide.   Je n'irai pas jusqu'à dire que les footballeurs ont besoin de redevenir pauvres pour comprendre ce qu'est la vie, ce serait cynique et sans doute faux. Néanmoins, se mettre dans des conditions permettant de se trouver soi-même, voilà qui ne ferait pas de mal à des personnes n'ayant jamais connu que l'opulence - l'idée de "stage de pauvreté" n'est pas nouvelle, elle est déjà exploitée par des producteurs d'émissions de télé-réalité par ailleurs très contestables.  
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Published on December 11, 2014 01:34

December 9, 2014

[Archive 7 août 2012] Edition/autoédition : Comment mieux vendre, par Dean W. Smith

L'écrivain américain Dean Wesley Smith a écrit un billet intitulé : Edition : comment tuer ses ventes coup après coup, (Publishing : killing your sales one shot at a time). J'ai préféré le traduire ici par le plus positif quoique banal "comment mieux vendre", même si cela ne reflète pas la métaphore et l'humour particulier de l'auteur. Bref. Il y est question de couverture et de quatrième de couverture, c'est à dire les différents aspects marketing sur lesquels un autoéditeur "a la main". Les conseils recoupent en partie ma propre expérience, et m'ont paru suffisamment pertinents pour recommander aux personnes intéressées de faire un tour sur son site, en suivant ce lien.
 
On sait qu'outre la qualité intrinsèque du livre, sujet que je n'aborderai pas ici, il n'y a pas de recette miracle pour vendre. Les professionnels ne sont pas toujours d'accord entre eux sur de nombreux aspects. Ces conseils ne conviendront pas à tout le monde, il est d'ailleurs possible qu'un jour, des ebooks se vendent précisément en raison de leur aspect "non professionnel".
 
En ce qui me concerne, j'essaie comme Dean Wesley Smith de donner un aspect pro, ou au moins semi-pro, à mes livres. On peut y arriver sans tenir compte du moindre conseil, mais en observant simplement scrupuleusement ce qui se fait, et ce qui marche.
 
A ce titre, l'expérience des séances de dédicaces est précieuse, puisque je peux voir, en terme de présentation rapide de mes livres, ce qui fait mouche parmi les personnes que je rencontre. Et le reproduire plus ou moins pour mes quatrième de couverture.
 
Les différents conseils de pro peuvent tout de même faire gagner du temps, c'est pourquoi je les lis avec attention, bien évidemment sans me départir de mon esprit critique.
 
Des conseils tout simples comme ceux que donne Dean Wesley Smith: augmenter la taille du nom de l'auteur pour le rendre plus repérable sur les petites vignettes, faire en sorte de donner le même look aux séries de livres, écrire une présentation qui ne décrive pas l'intrigue, mais permette aux lecteurs de savoir de quoi il retourne (d'après ce que j'ai compris, on privilégie alors la thématique et les genres et sous-genres), faire en sorte de donner du contraste aux caractères d'imprimerie et de choisir les mieux adaptés au genre en question, tout cela me semble pertinent.
 
N'hésitez pas non plus à lire la section commentaires du billet de Dean W. Smith, les débats permettent toujours de mieux se forger une opinion.
 
Un autre auteur, Jordan Strafford, estime que la couverture représente 40% des ventes . D'après lui, le prix de votre roman ou ebook représente aussi 40% des ventes. Les 20% restants représentent le reste, les critiques de votre livre, et les opinions des gens ("j'ai aimé votre bouquin et je vais essayer le suivant").
 
Jordan Strafford analyse également avec un certain détail différentes couvertures qui marchent, exemples à l'appui : les couleurs, le contraste. Son billet vaut aussi le détour. En gardant à l'esprit, bien sûr, que tout cela n'est pas une science exacte, et que l'originalité peut aussi être un atout.
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Published on December 09, 2014 00:38

December 8, 2014

Infantilisation

La montée du chômage provoque, c'est connu, une tension croissante qui rigidifie les mentalités et stratifie les gens dans leur travail, rendant la mobilité de plus en plus difficile. Le pouvoir des "petits chefs" se trouve d'autant plus renforcé quand la peur de perdre son travail augmente. Ce phénomène renforce bien souvent le processus d'infantilisation au sein de l'entreprise. Dans le milieu de l'édition, où les places sont plus chères qu'ailleurs, ce processus d'infantilisation est encore bien plus présent qu'ailleurs.

On pourrait penser que le métier d'auteur publié à compte d'éditeur par l'édition traditionnelle se rapproche de celui d'un libéral, par exemple d'un journaliste pigiste. En effet, les auteurs ne bénéficient pas de la mutuelle d'une société, ni des primes accordées par les sociétés d'édition à leurs employés, ils n'ont pas les avantages liés à un comité d'entreprise (vacances, voyages, tickets restaurant) et n'ont pas les mêmes cotisations retraites. 

L'Agessa, la caisse qui règle la sécurité sociale et les différentes cotisations des auteurs revient plus cher aux auteurs, dont l'immense majorité ne gagne déjà pas sa vie avec l'écriture, que le coût des caisses de cotisations des grosses maisons d'édition aux employés de ces structures. Pour tout dire, l'Agessa n'est pas réputée faire preuve d'une grande générosité envers les auteurs traditionnellement publiés.

Il y a donc un sacrifice important fait par ces auteurs. Logiquement, la contrepartie de ce sacrifice devrait être une liberté bien plus grande, la possibilité par exemple de changer de maison d'édition en un clin d’œil, ou de travailler avec un agent littéraire pour négocier au mieux ses droits. 

J'ai déjà dit ici que les agents littéraires étaient largement contestés aux Etats-Unis, car réputés œuvrer au premier chef pour le bénéfice des éditeurs et non des auteurs qu'ils sont censés représenter. Mais bon, il y a des exceptions, et la démarche de base, vouloir se rapprocher d'une personne (qui peut être aussi un avocat spécialisé dans l'édition) susceptible d'aider l'auteur publié de manière traditionnelle à négocier au mieux ses droits et à changer d'éditeur si le besoin s'en fait sentir, cette démarche est saine.

Malheureusement, on s'aperçoit que la liberté des auteurs dans l'édition traditionnelle est complètement illusoire. Le simple fait de vouloir travailler avec un agent littéraire peut vous contraindre à cesser aussitôt toute relation avec votre éditeur, et ce, même quand vous vous appelez Fred Vargas .

L'éditeur, à partir du moment où il fait vivre l'auteur de sa plume, devient ainsi une sorte de père nourricier auquel l'auteur ne peut rien refuser. Ainsi, seuls quelques rares bestsellers auront le dernier mot quant aux corrections apportées à leur manuscrit. 

Alors que l'on demande à ces mêmes auteurs traditionnels d'assurer eux-mêmes leur propre promo, ils sont la plupart du temps privés de la parole comme un enfant sous l'autorité d'un père ou d'une mère rigide à table, n'ayant pas le droit de dire ce qu'ils pensent du contenu de leur contrat.

Même là où ils pourraient s'exprimer, l'autocensure joue aussi un rôle énorme. L'auteur traditionnellement édité consent donc à d'énormes sacrifices personnels, pour se retrouver avec tous les inconvénients d'un employé soumis à un petit chef. 

L'autoédition représente une masse importante de travail pour un résultat incertain, mais la marge de manœuvre est beaucoup plus importante que dans l'édition traditionnelle, et le deviendra d'autant plus que le marché de l'ebook prendra son essor et permettra de vrais débouchés.

Les effets pervers de l'autorité et de la verticalisation, auxquels on pourrait opposer la décentralisation et l'indépendance, se font sentir à tous les niveaux dans la société. On sait par exemple que les Assédics, qui étaient organisés en différents départements dans la région Ile de France à l'époque où ils portaient ce nom, sont devenus bien moins efficaces depuis qu'ils ont été regroupés au sein de Pôle Emploi. On a cassé quelque chose qui fonctionnait juste pour centraliser les choses. 

Ces notions de verticalité et de marge de manœuvre qu'il faut ou non laisser sont bien sûr issues de la structure familiale, plus ou moins patriarcale. Mais dès l'enseignement, le fait d'ériger les chiffres et la compétition en repères sacrés fait des ravages. L'expérience a été faite de réunir au sein d'une même classe uniquement des élèves surdoués. Eh bien à la fin de l'année, cette classe possédait ses cancres, ses élèves moyens et ses meilleurs élèves. Pourquoi? Parce que l'enseignant, en donnant des notes aux élèves, avait fait ce qu'on lui demandait, c'est à dire qu'il avait établi une hiérarchie dans sa classe. 

L'enseignant le plus habile n'est pas celui qui se crispe sur son autorité et son pouvoir. Les logiques de coopération et de décentralisation sont bien plus favorables à l'individu comme au groupe. C'est souvent la peur de l'inconnu et de l'expérimentation qui empêche les meilleures initiatives.

L'autoédition, qui pourrait apparaître comme le summum de l'égoïsme, fournit au contraire de très beaux exemples d'entraide entre auteurs, et à titre personnel, je me sens beaucoup plus libre depuis que j'ai choisi cette voie. Libre, mais pas forcément isolé.
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Published on December 08, 2014 02:29

December 4, 2014

[Archive 21 avril 2012] Le spectre des DRM

Dans la panoplie d'arguments cités par les détracteurs de l'ebook, l'on avance souvent les DRM (Digital Rights Management, verrous numériques). Et pour faire bien peur, on cite la possibilité pour Amazon d'effacer des lecteurs d'ebooks des livres déjà achetés, par le biais de ces DRM. Scandaleux, n'est-ce pas ? Or, on oublie une chose : Amazon donne la possibilité aux éditeurs de mettre ou non des DRM. Ils ont le choix.
 
A ma connaissance, l'un des rivaux d'Amazon, le Nook de Barnes & Noble, impose les DRM à tous les auteurs indépendants et éditeurs qui y mettent en ligne leurs ebooks. De même, la plate-forme de vente en ligne Numilog impose les DRM pour tous les ebooks qui y sont vendus. Et qui retrouve-t-on derrière Numilog? Le groupe Hachette. [EDIT 04/12/2014] : Numilog a été rétrocédé à son fondateur, Denis Zwirn. La nouvelle date du 17 avril 2012. Source : Cnet . En outre, Numilog permet désormais aux autoédités de publier sans DRM , mais le site reste payant.
 
Dans les romans policiers, les détectives recherchent toujours le mobile du crime. Qui a intérêt à imposer un contrôle maximal pour lutter contre le piratage ? Les éditeurs, bien sûr. Encore qu'il n'est pas sûr que leur véritable intérêt soit bien compris d'eux-mêmes, ni de leurs auteurs. Amazon a eu l'intelligence de permettre aux éditeurs, et aux auteurs indépendants, de ne pas mettre de DRM sur leurs ebooks. Je crois qu'il est important de le rappeler ici, étant donné certaines infos qui circulent, y compris sur des sites comme ActuaLitté. 
 
Le plus grand défaut du site d'Amazon vient à mon sens de l'absence d'indication "avec ou sans DRM", c'est pourquoi, pour mes propres ebooks vendus chez eux, j'ai fait le choix de mentionner dans la présentation qu'ils sont vendus sans DRM.
 
Attention aussi à ne pas faire l'amalgame entre DRM et format propriétaire. Amazon impose un format propriétaire : en conséquence, vos ebooks Kindle ne pourront être lus sur d'autres lecteurs d'ebooks que si vous vous servez d'un logiciel gratuit comme calibre pour les convertir au format epub, le plus universel. Les DRM empêchent la conversion en un autre format. Et vous ne pourrez rapatrier des epubs sur votre Kindle qu'en les convertissant en format prc mobi ou azw (formats amazon).
 
D'autres concurrents utilisent des systèmes propriétaires, comme Apple ou Barnes & Noble. Ces systèmes visent à fidéliser les lecteurs. C'est cette stratégie qui a d'ailleurs historiquement permis à Apple de survivre contre Microsoft et Windows. Dans le cadre des ebooks, je n'y suis pas favorable personnellement, puisque les formats propriétaires nuisent à la liberté des lecteurs.
 
Mais il faut être réaliste : toutes les personnes ne sauront ou ne voudront utiliser un logiciel comme calibre. Tout le monde n'aime pas "mettre les mains dans le cambouis". Tout le monde n'est pas geek. Si vous êtes un lecteur non geek, que vous recherchez la compatibilité et êtes prioritairement intéressés par les ebooks gratuits, j'aurais tendance à vous conseiller une liseuse numérique de type Bookeen, Sony ou Kobo.
 
Si vous êtes non geek et que vous cherchez à lire les dernières nouveautés de librairie, en français ou en anglais, je recommanderais le Kindle. Pas forcément à cause de l'appareil en lui-même, mais parce que l'écosystème du site d'Amazon est supérieur à tous les autres. Meilleure navigabilité, plus grand choix de livres, etc.
 
A ce sujet, cela tombe bien, les nouveaux Kindle Touch et Kindle 3G sortent aujourd'hui . Amazon a avancé sa date de sortie d'une semaine. A noter qu'il y a aussi des ebooks gratuits sur les sites marchands que sont Kobobooks et Amazon, entre autres.
 
Enfin, si vous êtes un geek, vous irez forcément vers les liseuses assurant le plus de compatibilité, donc les Bookeen, Sony, Kobo, ou autres capables de lire directement de l'epub. Quitte à récupérer ensuite des ebooks que vous ne pouvez trouver que sur Amazon pour les convertir sur votre liseuse grâce à Calibre.
 
Dernier conseil : lisez les extraits de livres avant d'acheter. Des sites comme Kobobooks et Amazon, contrairement au site de la Fnac.fr, donnent la possibilité de télécharger directement sur votre liseuse les extraits d'ebooks. Profitez-en pour tester les auteurs que vous ne connaissez pas. Le cas échéant, n'hésitez pas à vous rendre sur leur site personnel, pour savoir ce qu'ils font d'autre. Et si vous souhaitez vraiment encourager les auteurs indépendants, vous pouvez même acquérir leurs ebooks sur leur site !
 
Sur le mien, par exemple , vous trouverez les deux formats, PRC Mobi et epub. ;)
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Published on December 04, 2014 02:39

December 2, 2014

[Archive 9 avril 2012] L'auto-promotion, l'apanage des auteurs auto-édités ?

Il est généralement admis que la réussite et la visibilité d'un auteur autoédité passent entre autres par une auto-promotion massive. Pour un auteur publié de manière traditionnelle, il est rassurant et réconfortant  de se dire qu'il va pouvoir entièrement se reposer sur son éditeur pour cet aspect des choses. D'autant que la promo est un peu la syphilis de la profession, la maladie honteuse. Hélas, la réalité est bien éloignée de cette conception idéaliste des choses.
 
Quel est à votre avis le tout premier acte promotionnel d'un auteur ? La réponse est simple. La toute première auto-promo, c'est de faire lire à autrui ses textes. Cela peut être un proche ou quelqu'un de plus éloigné, peu importe. L'auteur franchit le pas de la publicité qu'il donne à son oeuvre, par essence, quand il la fait lire à quelqu'un d'autre.
 
Donc, l'un des tout premiers actes d'auto-promo, n'en doutez pas, consiste à envoyer votre manuscrit à un agent littéraire ou un éditeur. Certes, il peut exister des cas où la démarche est effectuée par un proche qui croit énormément en l'auteur et fait parvenir ses écrits à un éditeur, mais même dans ces cas-là, l'auteur donne de manière plus ou moins tacite son consentement.
 
Maintenant, en dehors de l'écriture, qu'est-ce qui, en tant qu'auteur autoédité, me prend le plus de temps et me demande le plus d'énergie ? Les séances de dédicaces, bien sûr. Et quel est le point commun entre un auteur autoédité et un auteur publié qui entend vraiment prendre sa carrière en main et faire connaître ses livres tout en augmentant sa notoriété personnelle ? Les séances de dédicaces. La rencontre avec le public.
 
Quand un Bernard Werber va signer deux cents romans en une journée au Salon du livre Porte de Versailles, ne me dites pas qu'il le fait seulement pour les beaux yeux de son éditeur. Même chose quand il fait la tournée des plateaux télés ou participe à un shooting photo pour que sa trombine apparaisse sur les affiches du métro. L'éditeur et l'auteur mettent ensemble au point une marque qui doit devenir connue, celle du nom de l'auteur. Pour celui-ci, on est bien tout à la fois dans la promo et l'auto-promo.
 
Comme on le voit, là où l'objectif est le même, les moyens de l'obtenir peuvent parfois se rejoindre. En ce qui concerne l'auto-promo, la seule différence notable que je vois entre un autoédité et un auteur publié en quête de notoriété, c'est l'envoi de SP (Service Presse), ces livres à destination des médias. L'autoédité les envoie lui-même là où l'éditeur se chargera de les envoyer à la place de l'auteur publié. Il s'agit d'un domaine extrêmement spécifique, et qui représente une activité très restreinte - et d'autant plus que l'efficacité des SP au regard de la publicité donnée à l'oeuvre devient de plus en plus discutable.
 
Pour le reste, on ne parlera plus d'auto-promo, mais de logistique et d'apport financier et relationnel : oui, un autoédité doit s'occuper de l'aspect logistique, à savoir l'organisation des séances de dédicaces et le recouvrement des factures. Oui, il doit aussi financer ses livres. Oui, une grande maison d'édition apporte de son côté en plus un budget marketing, des listes de diffusion et un réseau relationnel.
 
Mais croire, pour un auteur traditionnellement publié, qu'il pourra entièrement se reposer sur son éditeur pour la promo relève du fantasme. De nombreux auteurs publiés ont leur blog, leur page Facebook ou leur Twitter, et mettent eux-mêmes la main à la pâte.
 
Alors évidemment, il est possible, voire souhaitable que dans un avenir assez proche, l'aspect promotionnel perde de son importance du fait de la pertinence des algorithmes des sites de vente en ligne comme Amazon. On n'aurait plus à faire connaître nos livres, puisque les lecteurs les trouveraient d'eux-mêmes.
 
Néanmoins, il faudra toujours assurer un point de départ à son activité d'auteur, un lectorat de base. Que cela soit en parlant de son livre à ses proches ou en faisant sa promo sur le net, l'auteur ne pourra se défausser de cette responsabilité inhérente au métier. J'ai la faiblesse de croire que l'on peut garder sa dignité d'homme ou de femme tout en s'inscrivant dans cette démarche. Pour moi, la véritable indignité consisterait à donner mes droits à un éditeur pour quelques miettes.
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Published on December 02, 2014 06:38

December 1, 2014

[Archive 28 février 2012] Les artistes doivent-ils expier pour la société ?

La réponse est dans la question, bien sûr. Le sujet pourrait sembler déplacé à l'heure où la comédie The Artist triomphe aux Oscars, il pourrait même paraître tout à fait à contre-courant quand, par exemple, la téléréalité promet de faire de n'importe quel inconnu une star. Mais l'époque n'en est pas à une contradiction près.
 
En tant qu'auteur autoédité, je suis bien placé pour dire que l'écrémage massif qui se fait en maison d'édition au moment du tri des manuscrits, ces spaghettis lancés sur le mur et dont on attend de voir s'ils vont coller ou pas, pour reprendre l'expression imagée de Barry Eisler, cette élimination impitoyable et forcenée est, dans une mesure non négligeable, injustifiée. Oh, je ne vais pas prétendre que tous les manuscrits sont publiables, loin de là. Mais lorsque l'on voit que même de bons auteurs publiés peuvent ensuite retomber dans l'oubli du jour au lendemain pour d'obscures raisons, il y a de quoi se poser des questions.
 
Cette sélection procède d'une volonté de créer des marques fortes, avec des auteurs souples et malléables autant que possible. Les contraintes physiques et matérielles n'expliquent pas tout, loin de là. Amazon a prouvé qu'avec de la bonne volonté et de l'imagination, on pouvait d'ailleurs faire largement reculer ces contraintes d'espace sur les rayons. Si les grandes maisons d'édition s'étaient dotées de secteurs de recherche et développement, elles n'auraient pas vu un tel concurrent débouler avec autant de force et de percussion. N'allez pas me dire qu'elles n'en avaient pas les moyens...
 
L'idée redoutablement élitiste selon lequel l'entonnoir doit avoir l'extrémité la plus fine possible pour ne laisser passer que les meilleurs se retrouve battue en brèche par le succès d'auteurs autoédités outre-Atlantique. Mais cette idée s'inscrit dans une tendance lourde, celle de l'expiation des artistes ou de ceux qui voudraient le devenir.
 
Regardez les 35 heures. On sait que l'on produit plus avec moins d'efforts, on sait que certains s'enrichissent toujours plus aux dépens du plus grand nombre, on sait que l'on va à grands pas vers une société de loisirs, et malgré tout, on reste sur cette idée doctrinaire et stupide de la méritocratie par le "travail". Et quand je dis "travail", il faut l'entendre au sens étymologique du terme : du latin tripaliare, torturer. Car bien sûr, quand les grands pontes du gouvernement français, notre président à leur tête, parlent du travail, c'est celui des ouvriers, pas celui du publicitaire ou du trader. Vous avez dit réactionnaire ?
 
Ces gouvernants jouent bien entendu sur les nombreuses peurs qu'engendrent ces mutations profondes de la société. Si l'on fait disparaître la "valeur travail", pensent-ils, tout va se casser la gueule. Et comme le travail intellectuel est infiniment moins facile à mesurer que celui reposant sur la force des biceps, on fait reposer toute la méritocratie sur le travail des ouvriers dans les usines. Mais les machines et les nouvelles technologies ne vont pas tout à coup disparaître pour se conformer à des mentalités arriérées (je ne parle pas de celles des ouvriers, mais de celles de certains dirigeants).
 
Ces mutations, il va bien falloir les accepter. La société des loisirs, il va bien falloir l'intégrer, et la valoriser à son tour. Dans mon autre vie, celle dont je ne parle pas sur ce blog, je cotoie des intermittents du spectacle. Le nombre de tracasseries qu'on leur fait subir simplement du fait qu'ils sont intermittents du spectacle est tout bonnement incroyable. La manière dont certains médias proches du pouvoir ont détourné (torpillé ?) le système de l'intermittence à leur profit est également exemplaire de l'hypocrisie et du cynisme qui règnent dans ces sphères. Ce détournement est d'ailleurs régulièrement dénoncé par la Cour des comptes. 
 
Tout se passe comme si la société dans son ensemble, et bien souvent les artistes et auteurs eux-mêmes, formattés comme les autres, opéraient un déni de cette nouvelle industrie des loisirs. Ce déni vient à mon avis de cette peur absurde, irrationnelle, que les gens cesseraient du jour au lendemain de travailler si l'industrie des loisirs devenait plus fréquentable. 
 
L'un des enjeux du XXIème siècle va consister à redéfinir le mot "travail". Et à valoriser, enfin, les activités des artistes et les artistes eux-mêmes, y compris les anonymes comme moi ou de nombreux autres. Et de préférence, de leur vivant... 

[Edit 01/12/2014] Ce discours à Harvard de J.K. Rowling , l'auteur de la série Harry Potter, ne date pas d'hier, mais pourrait faire figure à lui seul de plaidoyer pour un Etat providence et en faveur des droits de l'homme (j'ai été d'autant plus sensible à la partie concernant Amnesty International que ma femme travaille dans une association de lutte contre la torture). 
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Published on December 01, 2014 00:45

November 27, 2014

[Archive 29 janvier 2012] Entre hauts sommets et abysses...

...il doit y avoir un juste milieu. Le fait de recevoir un commentaire sur un blog ou un réseau social, ou de faire une vente, génère une petite dose de plaisir. Ces doses accumulées créent une addiction qui entretient le narcissisme, comme me le démontre mon expérience actuelle "sans Facebook pendant un mois". Donc, je crois que j'ai de la chance de ne pas avoir (ou presque) de commentaires sur ce blog, parce que j'y suis trop sensible. Après un tel constat, on serait presque tenté de se retirer totalement du monde. Sauf qu'à mon humble avis, il faut entretenir une relation avec le public. Ou du moins, se réserver une certaine disponibilité.
 
Alors, quelle conclusion ? En ne répondant plus à personne, un auteur peut facilement passer pour hautain et méprisant. Mais il peut aussi donner l'impression d'avoir "pris le melon" s'il parade sur les réseaux sociaux. Ma conclusion est qu'il ne faut pas rechercher le contact avec les autres auteurs ou le public, mais essayer de répondre aux questions dans la mesure du possible, si on le juge nécessaire. Il n'y a pas de règle fixe en la matière, c'est à l'appréciation de l'auteur. Cela dépend aussi de son état d'esprit.
 
Le plus important pour le lecteur, c'est de toute façon le prochain livre de l'auteur, s'il a apprécié son dernier. C'est là notre principale responsabilité, à nous autres auteurs. Avec deux enfants, une femme, un travail alimentaire et de gros efforts pour rendre visible mes livres au public, je sais ne pas pouvoir consacrer autant de temps que je le souhaiterais à l'écriture. Mais ce temps, je dois le prendre où je peux. C'est un combat de tous les jours. L'un des seuls qui vaille vraiment d'être mené, à la vérité.
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Published on November 27, 2014 23:55

[Archive 27 octobre 2011] Vampire, vous avez dit vampire?

Les vampires existent, je les ai rencontrés. Les vampires, c'est moi, c'est vous, c'est nous. A défaut de sucer le sang, nous nous gorgeons d'émotion. Dans les médias, dans les arts, dans les divertissements, dans la vraie vie et la virtuelle, les émotions et sentiments sont notre pâture, notre mets préféré. Je ne devrais pas dire ça, c'est sûr. On pourra me reprocher à juste raison de cracher dans la soupe. Les émotions, c'est une grande partie de mon travail, de mon gagne-pain, de mon business, appelez ça comme vous voudrez. C'est un truisme, bien sûr, mais il me serait impossible de toucher des lecteurs si mes ouvrages étaient aussi désincarnés que le bottin... Le problème, c'est que je ne suis pas le seul à faire ce travail de romancier. Les médias le font. Les hommes politiques s'entourent de conseillers pour leur bâtir un story telling bien poignant. Et finalement, tout le monde vampirise tout le monde. Pas étonnant qu'un livre (et un film) comme Twilight soient dans l'air du sang euh... du temps, pardon. Et avec lui, toute la littérature de type bit lit.


Il existe évidemment une infinité de registres et de gammes d'émotions, de celle, de type Mc Do, bien grasse et gouleyante que l'on va trouver dans les chiens écrasés à celles beaucoup plus subtiles et raffinées qui nichent dans les recoins de bibliothèques. Mais peut-être importe-t-il, de temps en temps, de s'arrêter et de se poser une ou deux questions. Où va nous mener cette boulimie ? J'ai conscience, en écrivant ces lignes, de la banalité de mon propos, mais je ne suis pas sûr que cela en diminue pour autant la pertinence. Toutes ces émotions factices que l'on se crée ne vont-elles pas, à terme, tuer toute vérité de sentiment en nous ? Réagissons-nous ainsi par défiance envers la montée des technologies, pour nous retrouver en terrain connu ? Et paradoxalement, cette surexposition ne nous transforme-t-elle pas en machine dans notre vie quotidienne, à force de nous blinder contre les images qui nous sont imposées ? Le jeu, faire battre un peu plus vite nos coeurs, en vaut-il toujours la chandelle ? Ceux qui alimentent cette grande machine des passions dans notre société des loisirs, et moi le premier, le savent : si l'effet recherché est celui produit, l'argent est à la clé.   Je ne suis pas sûr que cela puisse me dédouaner, mais en ce qui me concerne, quand j'écris, je ne cherche pas seulement à faire vivre des émotions et des sensations. Je recherche la justesse et le sens. Et, si possible, la justesse de sens. Je me suis demandé en écrivant ce billet si je ne devrais pas me tourner vers l'écriture de polars, qui privilégient les capacités de déduction et de réflexion. Il est possible que je le fasse un jour. Mais je crois malgré tout qu'il est possible d'aller vers la justesse quel que soit le genre littéraire que l'on privilégie - y compris la bit-lit. En conclusion, mon conseil sera des plus banals, mais plus que jamais d'actualité : faites fonctionner vos neurones et votre sens critique. Privilégiez la presse écrite, sur le net, le papier ou les liseuses, celle qui donne à penser plutôt qu'à voir. N'oubliez pas que les hommes politiques s'entourent de conseillers pour se construire une image, et qu'à partir du moment où il y a information, il y a mise en forme et manipulation. Et gardez votre coeur pour les moments propices.
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Published on November 27, 2014 03:28

November 25, 2014

[Archive 5 août 2009] Droit de préférence : abusif dans le cadre de l'édition numérique

Si le droit de préférence, clause de priorité portant sur les prochains ouvrages d'un auteur, apparaît comme abusif dans le cadre de l'édition numérique, ou édition à petits tirages, c'est tout simplement qu'il n'a pas été conçu pour ce mode particulier d'édition que permettent les nouvelles technologies d'impression. Pourquoi les éditeurs ont-ils recours au droit de préférence? Pourquoi celui-ci est-il plus adapté à l'édition faisant appel à la technologie offset d'impression ? Explications.
Les éditeurs ont parfois recours au pacte de préférence, pour un à cinq ouvrages au maximum, entendant ainsi ne pas se faire ravir un auteur qui connaîtrait le succès par une maison d'édition rivale aux moyens plus puissants, susceptible de proposer un contrat ou des à-valoirs (avances sur les droits d'auteur) séduisants à cet écrivain ayant trouvé son public.  En effet, pour un petit éditeur ayant décidé de faire une mise en place des ouvrages de l'auteur conséquente en librairie, c'est à dire lui garantissant une véritable exploitation dans les points de vente, l'investissement va sans problème atteindre plusieurs milliers d'euros. "Mise en place conséquente ?" Une mise en place de combien d'ouvrages au fait ?

Eh bien en 2004, d'après le Centre national du livre, on recensait 2500 à 3000 points de vente qui avaient le livre pour activité principale. Même si le nombre de points de vente a diminué, il faudrait donc au bas mot une mise en place dans ces points de vente de 2000 exemplaires pour assurer une véritable exploitation au livre. Ce tirage très important requiert donc un investissement à la hauteur, et ce, d'autant plus si l'on prend en compte les frais annexes de stockage des livres, les frais de distribution et de retours de libraires, et les frais de promotion. On comprend mieux qu'avec de tels investissements, un éditeur soit en droit d'essayer de s'assurer une certaine continuité de  travail avec son auteur. Et d'inclure un pacte de préférence au contrat qu'il lui fait signer.


 Une imprimerie offset

Avec l'"édition numérique", on change radicalement d'échelle, puisqu'il s'agit d'éditer des livres à petits tirages à l'aide de la technologie numérique, qui se rapproche de celle des photocopieuses en plus perfectionnée. Les tirages vont entre 1 et 1000 exemplaires. A partir de 1000 livres et plus, c'est l'impression en offset qui va être privilégiée.  Un éditeur utilisant la technologie numérique va le plus souvent opter pour des tirages réduits de 50, 100 ou 200 exemplaires, dans le but bien sûr de minimiser le risque financier.


Une imprimerie numérique  
Pour savoir si le droit de préférence est adapté à l'édition numérique, faisons un petit calcul. Si l'éditeur assume un tirage de 100 exemplaires, cela va lui revenir à 4 à 5 euros pour un ouvrage de 200 pages, et cela peut même monter à 7 euros l'exemplaire si l'ouvrage fait environ 400 pages. Donc un investissement, disons de 700 euros. A cela peuvent s'ajouter des frais annexes : frais de référencement du livre chez Dilicom, la base de données des libraires, par exemple, frais de promotion. Il sera rare, toutefois, que l'investissement de l'éditeur excède un SMIC mensuel. Maintenant, prenons l'auteur auquel on va demander de s'engager sur, par exemple, ses trois prochains exemplaires. Le travail sur ces trois exemplaires sera très rarement inférieur à un an, et cela peut demander beaucoup plus selon les auteurs. Donc en échange d'un investissement d'un SMIC mensuel, cet auteur garantirait à un éditeur le fruit de plus d'un an de travail  ?  Et n'oublions pas que les perspectives de vente seront évidemment limitées puisque le livre ne pourra être présent dans tous les points de vente.

En conséquence, l'application d'un droit de préférence pour l'édition numérique semble tout sauf équitable. On peut même parler d'une clause abusive du contrat, puisque c'est une clause empruntée à un mode d'édition se faisant sur une bien plus grande échelle.

La même chose peut être affirmée, et avec plus de force encore, concernant la cession des droits, qui ne devra jamais être dans l'édition numérique "tout le temps que durera la propriété littéraire de l'auteur", c'est à dire à vie plus 70 ans, mais de préférence pour une durée ne devant pas dépasser, à mon avis, 5 ans renouvelable tacitement.


Marc Autret , l'auteur de 150 questions sur l'édition, a une position claire à ce sujet : l'édition numérique est un univers où les parties devraient toujours se garantir mutuellement contre des contrats aliénants et longue durée. Il faudrait, bien au contraire, privilégier la flexibilité maximale. Cela n'empêche pas un contrat d'être précis et bien balisé.
J'ajouterais qu'à partir du moment où les enjeux financiers demeurent restreints, il paraît naturel que ce soient des liens de confiance réciproques qui animent les deux parties, beaucoup plus qu'un contrat. Si l'éditeur fait son travail de conception de l'objet-livre, direction littéraire, promotion et mise en valeur dans les salons, il n'y a pas de raisons que l'auteur ne lui accorde pas sa confiance pour un autre livre à l'avenir. Ce n'est qu'un avis personnel, bien sûr.
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Published on November 25, 2014 01:07

November 24, 2014

[Archive 10 janvier 2014] Si je devais mourir demain

Il arrive parfois qu'à la mort d'un auteur, sa notoriété s'accroisse et que les ventes de ses livres s'envolent. Dans ces cas-là, on peut avoir l'impression que la seule chose qui empêchait à la société de faire du business autour de l’œuvre d'un auteur, c'était l'auteur lui-même.
Il faut parer à toute éventualité, même à la plus inconcevable ou irréaliste. Même au succès après sa mort. C'est pourquoi j'ai dit aujourd'hui à ma femme que si je devais mourir demain (ou en tout cas avant elle), elle toucherait bien sûr les droits sur la vente de mes ebooks et sur les exemplaires imprimés à la demande via Createspace, et nos descendants si le cas se présente, jusqu'aux 70 ans après ma mort, mais que je ne souhaitais aucun business auprès de l'édition traditionnelle.
Oui pour une adaptation auprès d'Hollywood si par extraordinaire il devait y avoir des propositions, mais non à la republication de mes ouvrages par une maison d'édition quelle qu'elle soit. Pas de livres de poche, pas de présence en librairie. Pas tant que les 70 ans après ma mort ne se soient écoulés. Après cette période, le business se fera s'il doit se faire, mais du moins, ce ne seront plus forcément les personnes qui auront vécu pendant que j'étais de ce monde qui tireront les marrons du feu. 
On va me dire, c'est égoïste. Certes. Mais c'est aussi pour moi le moyen de rétablir une certaine justice. Les lecteurs auront moyen d'accéder à mes livres après ma mort, mais uniquement sous le format ebook ou sous format papier grâce à Createspace ou un éventuel autre imprimeur à la demande que j'aurais choisi moi-même de mon vivant.
Pourquoi ? Parce que ce sont les deux seuls formats, qui de mon vivant, ont été justes avec moi. Le système traditionnel est tellement inique, tellement déséquilibré contre la très grande majorité des auteurs, que seul un méga succès peut permettre à un auteur de rétablir l'équilibre et d'obtenir des droits corrects.
Anti-système ? En tout cas oui, j'ai toujours trouvé injuste ce qui était arrivé à Van Gogh. L'aveuglement de la société qui consiste à dire "il doit en baver pour être un grand artiste" doit cesser. Est-ce que l'art de Michel-Ange aurait été plus abouti s'il n'avait bénéficié du mécénat d'un prince, et s'il avait dû se serrer la ceinture toute sa vie? Je ne le crois pas.
Le format numérique a donné à tous les auteurs l'espoir d'un vrai changement, changement qui n'a pas pris une ampleur souhaitable pour les artistes en France pour le moment. Les décisions politiques y sont pour beaucoup.
Mais que se passera-t-il si les sociétés technologiques aujourd'hui généreuses en terme de droits d'auteur deviennent les grands prédateurs de demain, me direz-vous? Après tout, elle sont déjà ressenties comme telles. On ne peut pas tout contrôler. Je fais confiance à ma femme pour s'informer et prendre les décisions que j'aurais prises moi-même.
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Published on November 24, 2014 03:06