Alan Spade's Blog, page 30

January 21, 2015

Le gratuit, c'est rentable ?

Rien n'est pire pour un auteur que l'obscurité. Ne pas être vu, ne pas être lu, même gratuitement, est la garantie de ne jamais rien vendre. Pour autant, les ebooks gratuits téléchargés sont-ils réellement lus une fois au chaud dans leur liseuse? Quel est l'impact promotionnel de la gratuité? Mon ebook gratuit, la nouvelle Les Explorateurs, s'est retrouvé propulsé au troisième rang sur le Kindle Store d'Amazon.fr dans la période du 20 au 23 décembre 2014, ce dont j'ai été le premier surpris. L'occasion de faire le point sur cet événement particulier, et de manière plus générale, sur les retombées pour l'auteur indépendant de cet outil promotionnel. 

Etant assez fainéant sur la partie promotionnelle propre à Internet, j'ai fait le choix du permafree pour certaines de mes nouvelles, ne pratiquant la gratuité pour des romans ou recueils de nouvelles que de manière très exceptionnelle. Le permafree, c'est la gratuité permanente sur les plates-formes qui le permettent, Amazon ayant tendance (pas automatiquement cela dit) à réagir dans un deuxième temps en s'alignant sur cette gratuité. 

Pour la première partie de ce retour d'expérience je m'en tiendrai dans un premier temps à mes chiffres Amazon.

Je n'ai fait l'expérience de KDP Select (exclusivité Amazon) que pour une seule de mes nouvelles, A brief history of Ardalia (traduction anglaise d' Une brève histoire d'Ardalia ), sur une période de 180 jours. Les résultats ont été décevants, avec seulement 179 exemplaires gratuits téléchargés sur toute l'année 2014. Ces promos m'ont tout de même permis de toucher des plates-formes inhabituelles, comme Amazon Brésil.

En comparaison, je n'ai que rarement mis The Breath of Aoles gratuit aux Etats-Unis, et pas en passant par KDP Select, mais la seule fois où Amazon s'est aligné sur la gratuité, l'ebook a été téléchargé à 500 exemplaires en deux jours, le propulsant aux alentours du 700ème rang sur Amazon.com. Il est vrai que le restant de l'année, j'ai beaucoup plus axé mes efforts sur la promotion du roman The Breath plutôt que sur l'histoire courte (promotions sur l'ebook à prix réduit en collaboration avec des sites ou blogs payants).

Les retombées des promos gratuites sont impossibles à quantifier en termes de vente pour mes ebooks anglais, à cause des autres promos à prix réduit. Il n'y a en tout cas pas eu de pic de vente, même après le téléchargement des 500 exemplaires gratuits de The Breath. 

Mes ebooks français en permafree sont: Une brève histoire d'Ardalia (fantasy), Les Explorateurs (Science-Fiction), et Le Vagabond (thriller).

En temps normal, je suis persuadé que ces ebooks en permafree me génèrent des ventes, que ce soit sur des nouvelles ou des romans. Ainsi, pour Une brève histoire d'Ardalia, dans le pavé "ceux qui ont acheté cet article ont également acheté", on retrouve les trois tomes du cycle d'Ardalia. Ce n'est malheureusement pas le cas pour A brief history of Ardalia , dont le prix n'est malheureusement pas aligné sur la gratuité des autres plates-formes: il n'est pourtant plus sur KDP Select, mais justement, j'y vois une conséquence négative d'avoir été sur KDP Select.

Avant de se hisser au troisième rang sur Amazon.fr en décembre 2014, ma nouvelle gratuite Les Explorateurs avait été téléchargée 12000 fois entre 2011 et 2012 sur Apple, et nous en sommes à présent à 16000 téléchargements rien que pour Apple.

Nous avons donc le recul, en faisant un petit tour sur l'article Bilan 2010 à 2014 pour constater les effets du gratuit, et en particulier du gratuit de type permafree. Et que constate-t-on? Eh bien, une longue traîne de titres se vendant grosso modo entre 1 et 50 exemplaires par an. Des titres qui sont pour la plupart des nouvelles, mais comprennent aussi mes recueils. 

Les nouvelles ne bénéficiant pas ou très peu de l'effet promotionnel de mes séances de dédicace, je crois qu'on peut créditer mes exemplaires gratuits de ces quelques ventes. Pour la vente de romans, il est incontestable que le gratuit aide aussi, mais il arrive selon moi, en termes de retombées, loin derrière les séances de dédicace: comme j'ai écrit un cycle, celui d'Ardalia, et que le premier roman s'est vendu à plus de 2000 exemplaires en version papier, je pense que la plupart des ventes des deuxième et troisième volumes, même sous format ebook, sont liées aux ventes du premier tome. 

Si la nouvelle Les Explorateurs est arrivée en troisième position sur Amazon, je crois que c'est lié à un lecteur qui l'a par hasard signalé sur le site Dealabs , sans mon intervention. Je n'avais pas utilisé KDP Select pour obtenir ce résultat, et la nouvelle a été téléchargée 583 fois en décembre. 

Par comparaison, sur ce mois de janvier, la même nouvelle n'a été téléchargée que 80 fois. Elle est maintenant classée un peu avant la 300ème place.

Là encore, les retombées que j'ai pu constater sont de type longue traîne: j'ai eu 5 téléchargements du recueil Les Explorateurs sur le mois de décembre (aucun en janvier), mais avec 2 demandes de remboursement! 

L'impression que j'ai eue n'était pas très positive, mon hypothèse étant que certains de ceux qui venaient pour la nouvelle gratuite estimaient aussi devoir bénéficier du recueil gratuit. Cela ne m'arrive en effet pratiquement jamais d'avoir des ebooks remboursés (je n'en vends sans doute pas assez pour cela). 

De mon expérience sur le permafree, je retiens donc que cette tactique permet une longue traîne de toutes petites ventes.

Je pense que stratégiquement, mieux vaut tenter des opérations ponctuelles de gratuité plus punchy (comme ce que j'ai pu faire avec The Breath of Aoles) et qui génèrent de meilleures retombées. Rien n'empêche de toute façon de mener les deux en parallèle.

L'un des effets favorables du permafree reste tout de même une forme de petite notoriété qui fait que pas mal de gens reconnaissent la couverture de votre livre en dédicace, parce qu'ils ont déjà la nouvelle gratuite en ebook (je pense aux Explorateurs). Ils ont l'impression de déjà vous connaître, ce qui est une aide appréciable. 

J'aurais tendance à vous recommander de ne pas attendre monts et merveilles de vos histoires en permafree. Par exemple, bien que la nouvelle gratuite le Vagabond se soit téléchargée à des centaines d'exemplaires en 2014, ma meilleure vente en ebook de type thriller n'a pas dépassé les 12 exemplaires en 2014 ( Le baiser de la lionne ).

Néanmoins, tout peut arriver avec l'autoédition, comme l'a prouvé l'histoire d' Anna Todd , qui a publié son livre chapitre après chapitre sur Wattpad, et connaît un immense succès. 

Il s'agissait cela dit d'une démarche beaucoup plus volontaire et active que le simple permafree, puisque sur Wattpad elle était vraiment en contact avec ses lectrices (principalement), réagissait à leurs suggestions, interagissait, bref, se donnait à fond. 

Si vous avez des exemples chiffrés avec le permafree ou la gratuité à titre promotionnel, n'hésitez pas à les partager en commentaire sur ce blog. 
 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on January 21, 2015 10:05

January 16, 2015

Jacques Vandroux, ou le miracle de l'autoédition

Evénement historique en ce moment pour l'autoédition en France: un auteur autoédité en France, Jacques Vandroux, habitué du fameux "top 100" du Kindle Store en France, devenu auteur Amazon par le biais de la maison d'édition Amazon Crossing, voit son ebook en prévente, Heart Collector, dont la sortie est prévue pour le 1er février 2014, propulsé au moment où j'écris ces lignes au 4ème rang des ventes sur Amazon.com (Amazon Etats-Unis), avec déjà plus de 90 commentaires! Historique à double titre puisque à ma connaissance, Jacques Vandroux est le premier auteur français à monter aussi haut dans le classement du Kindle Store US depuis sa création, et puisqu'il est aussi l'un des tout premiers auteurs Amazon Crossing. Mieux que Marc Levy et consorts, en tout cas pour l'ebook!

Un grand coup de chapeau à Jacques Vandroux et à son épouse pour cette réussite. Vous pouvez retrouver la version US d'Heart Collector ici , et sa version française sur Amazon.fr, ici (n°56 du top 100 Kindle en France au moment où j'écris ces lignes). Vous pouvez aussi aller saluer de ma part Jacques Vandroux et son épouse sur leur blog

Bien que j'aie pris la décision rapidement d'écrire ce billet, cela a provoqué en moi un débat interne, quasiment un dilemme. D'une part, Jacques Vandroux utilise fréquemment le service KDP Select à destination des auteurs autoédités: c'est par exemple le cas pour son dernier roman Projet Anastasis, n°2 du top 100. 

J'ai toujours dit, et je le maintiens, que KDP Select est une mauvaise chose pour la concurrence d'Amazon, et partant pour la diversité de choix des lecteurs au moment d'acheter leur liseuse électronique, puisque l'auteur, en optant pour ce service, rend son roman exclusif à Amazon pendant trois mois (90 jours). Cela entraîne un risque réel qu'Amazon détruise ses concurrents dans le domaine de l'ebook et se retrouve seul sur ce marché. Amazon ne manquerait pas dans ce cas d'augmenter sa propre marge aux dépens de tous les autoédités. 

Etant donné le poids de certains de ses concurrents comme Apple et Google, une éradication totale reste toutefois un scénario très hautement improbable. Néanmoins, ni Apple ni Google ne produisent de liseuses à base d'encre électronique, le seul véritable pure player, qui a repris les boutiques Sony, étant Kobo. (On pourrait aussi citer Pocketbook en association avec les centres Cultura en France). Et Google ne donne que 50% sur la vente de chaque ebook aux autoédités, contre 70% en ce moment pour Amazon... Je ne voudrais pas que Kobo disparaisse à cause d'Amazon, ce ne serait pas sain du tout pour la concurrence. 

La deuxième grosse raison qui m'a fait hésiter, c'est que Heart Collector est donc édité par Amazon Crossing, une division d'Amazon Publishing. Nous ne sommes donc plus dans l'autoédition... mais pas non plus tout à fait dans l'édition traditionnelle: même si les avances d'auteur sont très faibles avec Amazon, les conditions, notamment de reversion des droits des contrats Amazon sont plus favorables, et il ne faut pas oublier que Au Coeur du Solstice, la version correspondant à Heart Collector, reste en autoédition.

Chaque ebook édité par Amazon Crossing est distribué en exclusivité sur Amazon, comme avec Select, mais cette fois, pour toute la durée de l'exploitation de l’œuvre, c'est à dire toute la vie de l'auteur + 70 ans si l'ebook continue à bien marcher durant cette période. Eh oui, on ne retrouve pas Heart Collector ni sur Kobo, ni sur Apple ou les autres concurrents, et on n'est pas près de l'y retrouver.

On a donc tout le poids de la machine Amazon derrière Heart Collector, et ce, d'autant qu'Amazon a sélectionné l'ebook comme un ebook Kindle First. Il faut savoir que chaque mois, Amazon choisit quatre ebooks qui feront partie de Kindle First: ces ebooks sont téléchargeables gratuitement par les abonnés à Amazon Prime pendant le mois de promotion Kindle First, et ne coûtent que 1,99$ pendant ce même mois pour les autres. Chaque téléchargement, même gratuit, compte comme une vente, ce qui améliore évidemment grandement le classement du livre. 

En agissant de la sorte, Amazon s'aligne sur le modèle de l'édition traditionnelle d'au moins deux manières: 
- occuper les places les plus visibles et rentables aux dépens des autres éditeurs
- profiter de la publicité générée par ces ventes pour attirer un maximum d'autoédités vers KDP Select, qui est en quelque sorte le "laboratoire d'essai" d'Amazon Publishing et Amazon Crossing.

Si vous avez lu mes différents articles, vous pouvez comprendre mon hésitation à évoquer le succès de Jacques Vandroux. 

Alors pourquoi est-ce que j'en parle? On pourrait estimer qu'Amazon et les gros éditeurs comme Hachette, c'est exactement bonnet blanc et blanc bonnet, et qu'Amazon va utiliser, à terme, le même schéma pyramidal pour arnaquer les créateurs.

Avant de répondre à cette question cruciale, une chose qui a beaucoup pesé dans ma décision: personne ne parle du succès de Jacques Vandroux aux Etats-Unis en ce moment dans les médias spécialisés ou autres en France, sur Internet ou ailleurs. 

J'avais donc le choix de me rallier à la grande majorité des médias en France, dont la plupart sont liés aux grands groupes d'édition traditionnels, et qui estiment qu'Amazon est le Mal incarné, ou évoquer ce nouveau phénomène, qui je le répète, est historique à l'échelle de l'autoédition en France, puisque Jacques Vandroux n'aurait jamais obtenu ce contrat sans avoir été autoédité.

Il faut aussi savoir que moi-même, en tant qu'auteur j'ai fait traduire en anglais mon roman le mieux vendu, Le Souffle d'Aoles , et je sais toute l'énorme difficulté de percer sur le marché américain, même avec l'aide d'Amazon . Mon roman n'est bien sûr pas sur Kindle Select, mais ne pas évoquer le cas Jacques Vandroux aurait pour moi été une réaction de jalousie et d'envie. 

Je ne dis pas que je n'ai aucune envie par rapport au succès de Jacques: bien sûr que j'aimerais avoir le même niveau de reconnaissance du public et de ventes. Je suis humain. Jacques Vandroux a dépassé les dix mille ventes sur Amazon.fr pour son dernier roman, Projet Anastasis , il a vendu à plus de trente mille exemplaires en France et je suis sûr que ses romans vont cartonner aux Etats-Unis. Je le lui souhaite de tout cœur!

J'ai donc fait le choix assumé d'en parler ici. Autant d'auteurs, autant de chemins différents. Je suis à fond pour la pluralité des plates-formes d'édition dans le domaine de l'ebook, mais mes principes personnels ne doivent pas me faire occulter une partie si importante de la réalité. Sinon, je deviendrais dogmatique, ce qui serait la pire des choses. Et Amazon continue, même pour les auteurs l'utilisant de manière non exclusive, à être un partenaire de valeur, comme l'atteste mon bilan 2014 .

D'autant que le cas Jacques Vandroux est la plus belle démonstration de mon billet d'hier, L'illusion de la diffusion/distribution universelle . Imaginez, un auteur qui vend à plus de trente mille exemplaires sur un site Internet français et qu'on ne retrouve dans aucune librairie en France, et qui n'a même jamais reçu aucune proposition d'un éditeur français! N'y a-t-il pas là une énorme anomalie? 

Et si vous pensez que Heart Collector (dont le livre papier est classé au-delà de la 600000ème place sur Amazon.com) se vendra dans les librairies américaines parce qu'il est édité par Amazon, c'est tout le contraire. Dans le milieu des revendeurs physiques (libraires), Amazon est aussi peu prophète en son pays qu'il l'est en France. 

Certains auteurs que je connais ne liront même pas ce billet en disant: "encore un billet pro-Amazon d'Alan Spade". Si vous êtes arrivé jusqu'au bout de cet article, vous savez les énormes nuances que je mets à mon soutien d'Amazon. Mais c'est promis: si Amazon rachète Le Monde, Le Figaro et TF1, j'arrête d'écrire des billets de ce type...
 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on January 16, 2015 01:33

January 15, 2015

L'illusion de la "diffusion/distribution universelle"

La plupart des auteurs cherchant à se faire publier ou s'autoéditant ont en eux un idéal, celui que leurs ouvrages soient présents partout, de manière universelle et à tout moment. Cet idéal, qui peut aussi se rapprocher de celui de la culture universelle, partagée par tous, se heurte bien sûr à la réalité. Même (et surtout) à l'ère d'Internet... 
Le dernier exemplaire de Charlie Hebdo est tiré à cinq millions d'exemplaires. On pourrait donc penser qu'il devrait être omniprésent, et pourtant, nombre de personnes ayant voulu s'en procurer un ont échoué en raison de la très forte demande, et des personnes sans scrupules en revendent des exemplaires à des tarifs assassins au marché noir et sur ebay. 

Ce qui prouve, d'une part, les limites de la distribution physique, mais aussi la manière dont un idéal peut se heurter à la réalité. 

De manière rationnelle, on sait que même avant qu'Internet ne débarque en créant une nouvelle catégorie de personnes, celles qui ne lisent qu'en ligne, tout le monde n'était pas fait pour la lecture, et même pas pour la bande dessinée.

Tous les auteurs qui se posent la question deux secondes savent que leur idéal de diffusion/distribution universelle ne tient pas la route. Ils savent que cela fait partie d'un rêve qui les aide à avancer, même s'il peut aussi coûter cher...

Ils se disent donc que mieux vaut ne pas tomber dans la rationalisation excessive pour ne pas tuer le rêve. "D'accord, je ne serai pas présent exactement partout," concèdent-ils à la rigueur "mais je serai au moins dans toutes les librairies." 

Ceux qui ont une certaine expérience de la publication savent en revanche qu'il vaut mieux avoir une idée du dessous des cartes si l'on ne veut pas se retrouver bien vite plumé... Ainsi, la durée de la présence en librairie est-elle une donnée essentielle, et là encore, la confrontation avec la réalité risque de faire tomber de haut, puisque la moyenne est estimée à deux à trois mois pour des auteurs traditionnellement publiés.

Et pour ceux qui veulent vivre de leur art et ne sont pas là uniquement pour le prestige, ils constateront aussi qu'il n'y a pas forcément corrélation entre la présence en librairie et le nombre de ventes (même si, pour les auteurs connus, les théories de "prophéties auto-satisfaites" se réalisent souvent). 

On pourrait se consoler en se disant: "mon éditeur est forcé d'envoyer les exemplaires de mon livre à la BnF, dans le pire des cas j'ai une chance d'y être lu". Sauf que la BnF et ses bibliothèques partenaires sont soupçonnées de pilonner (détruire) des exemplaires de dépôt légal.  

La plupart des auteurs traditionnellement édités le sont par des petits éditeurs. Ils sont les mieux placés pour savoir que même après être passé par le tamis d'un comité de lecture et avoir été "officiellement approuvé", leur ouvrage n'est pas diffusé dans toutes les librairies, loin s'en faut. Les plus gros éditeurs occupent déjà le terrain, parce qu'ils ont l'argent pour louer les meilleurs emplacements à l'année, parce qu'ils ont de quoi financer des diffuseurs, distributeurs et espaces de stockage. 

Et même les auteurs diffusés par les éditeurs les plus en vue savent le côté éphémère de la présence de leur ouvrage en librairie. 

Depuis quelques années (on va dire, pour ratisser large, les deux dernières décennies), une nouvelle force est entrée en jeu pour venir entretenir cette illusion d'universalité de la diffusion tout en nous rappelant également à la réalité de manière brutale: Internet. 

Internet peut permettre d'être présent partout... où il y a des ordinateurs, des réseaux câblés, des fournisseurs d'accès, bref toute l'infrastructure et les services qui vont avec. Et il peut permettre à tout un chacun de se publier en ligne, que ce soit sur un site Internet ou, dans le cadre des ebooks, via des fournisseurs de service spécialisés style KDP Publishing ou Kobo Writing Life.

Le rêve de l'universalité pouvait presque être touché du doigt aux débuts d'Internet, mais bien sûr, le retour à la réalité vient de la profusion des contenus: le temps que l'on a à accorder à votre livre est divisé par la masse énorme de contenu, que ce soit du contenu de qualité, ou du contenu dont la qualité première et quasiment unique est celle d'attirer l'attention.

Le pouvoir de l'argent, bien que dilué dans une certaine mesure par la masse de contenu gratuit, est également bien présent, et l'on sait que des sites comme Kobo ou la Fnac offrent une meilleure visibilité aux éditeurs en échange de financements, de la même manière d'ailleurs qu'Amazon. 

Amazon, qui a l'immense mérite de permettre un bien meilleur référencement de base à un auteur autoédité, et donc un meilleur potentiel de visibilité (le meilleur du marché). 

Toutefois, cet acteur majeur bat lui-même en brèche la notion d'universalité de la diffusion et de la culture, en offrant les meilleurs avantages promotionnels internes à des auteurs autoédités en exclusivité chez Amazon. 

En d'autres termes, pour bénéficier du meilleur référencement possible chez Amazon, votre ebook ne doit pas être présent chez la concurrence. Amazon veut bien de l'universalité de la diffusion, mais à condition d'être le seul acteur sur le marché. De la même manière, d'ailleurs, que les gros éditeurs cherchent, au niveau de la distribution physique, à faire en sorte que leurs ouvrages soient les seuls distribués en librairie. 

On voit donc bien que l'universalité de la diffusion n'est qu'une vaste blague, un leurre. En fonction du choix qu'un auteur va faire, il va favoriser tel ou tel acteur économique, acteur qui lui permettra une visibilité de ses ouvrages en un temps et sur des lieux donnés. 

Afin de nous garantir à nous autres auteurs auto-édités les meilleurs marges possibles, le meilleur choix, je l'ai toujours dit sur ce blog, est de favoriser la diversité de partenaires, et la concurrence.

Comme je le disais, Amazon permet à des auteurs non distribués exclusivement de faire des ventes, et leur assure une vraie visibilité et des marges tout à fait honnêtes. Tant qu'il en sera ainsi, je continuerai à le considérer comme un partenaire de valeur, mais le fait qu'Amazon s'efforce d'obtenir une exclusivité de diffusion/distribution de manière électronique me rendra toujours très vigilant à son égard.

1 like ·   •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on January 15, 2015 05:34

January 1, 2015

Bilan 2010 à 2014, année par année

L'année 2014 aura marqué un tournant, celui du passage, pour moi, à temps plein dans l'activité d'auteur autoédité, ou indépendant. Un pari réussi? Pour 2014, en tout cas, j'ai tenu la route. Cet article de blog, qui commence par mon bilan chiffré 2014, reprend aussi tous les autres bilans depuis 2010 en commençant par les plus récents (en cela le titre du blog est trompeur ). Il marque aussi la fin de la reparution des archives de mon ancien blog.

Bilan 2014
Livres (couverture souple) : 
Ardalia, tome 1, Le Souffle d'Aoles : 398 livres (tiens, comme en 2010), soit 2075 depuis 2010. Ardalia, tome 2, Eau Turquoise : 75 livres. (426 livres depuis sa sortie en avril 2011). Ardalia, tome 3, Les Flammes de l'Immolé : 89 livres (142 livres depuis sa sortie en juin 2013). Les Explorateurs : 139 livres (394 depuis que je l'ai repris en autoédition, auxquels il faut ajouter moins de 200 lorsqu'il était édité, de 2009 à 2011).Votre santé c'est notre avenir/Le Vagabond : 274. The Breath of Aoles : 0 (non vendus en dédicace)
Sorti le 22 avril 2014 sous le titre Votre santé, c'est notre avenir, mon recueil de thrillers a bien fonctionné en papier mais très mal en ebook, ce qui m'a conduit à changer titre et couverture. Depuis, il continue à bien se vendre en dédicace, et à  sous-performer en ebook.
Total : 975 livres papier. Les ventes de livres papier ont été multipliées par deux depuis mon passage à temps plein en autoédition. Les séances de dédicaces ont aussi été plus nombreuses.
Palmarès des trois meilleurs centres culturels 2014 :
1er Cultura Claye Souilly : 141 ventes, 3 séances 2ème Cultura Carré-Sénart : 126 ventes, 6 séances 3ème Centre Leclerc Fosses : 92 ventes, 4 séances
Un grand merci au Cultura Carré-Sénart, qui m'a souvent accueilli en 2014.
Afin de mieux distribuer les quelques 6 millions de Franciliens, j'ai bien sûr essayé de diversifier les endroits où je dédicace. Si vous pensiez que le fait de vendre plus de 3000 livres papier depuis 2010 m'a ouvert des portes, c'est sans doute le cas, néanmoins certains endroits (par exemple le Cultura Plaisir) me restent fermés, et les négociations pour obtenir des séances dans d'autres (Cultura Ste Geneviève par exemple) demeurent très difficiles. 
J'ai toutefois eu le plaisir de commencer une collaboration avec le Cultura Villennes en 2014, et en 2015, je compte travailler avec au moins trois magasins Auchan.
Le recouvrement des factures a été plus efficace en 2014. Le fait de passer à temps plein dans l'activité d'autoédition y a bien sûr contribué. 
Bilan Createspace : 12 livres papier vendus sur Createspace (Amazon.fr), en baisse par rapport à l'an dernier (19 ventes en 2013). Parmi eux, aucun exemplaire de la traduction anglaise The Breath of Aoles. 
Bilan Fnac : 16 livres papier vendus sur la Fnac.fr, en nette hausse par rapport aux 6 de l'an dernier. A noter les 14 livres commandés rien qu'en décembre 2014 (commandes fermes de stock), qui ne seront comptabilisés que dans les comptes 2015. 
ebooks 2014 :
Ardalia, tome 1, Le Souffle d'Aoles : 101 Ardalia, tome 2, Eau Turquoise : 76 Ardalia, tome 3, Les Flammes de l'Immolé : 89 Les Explorateurs (recueil complet) : 33Votre santé/Le Vagabond (recueil complet) : 2 Trilogie Ardalia :15 Grand Pouvoir Séculaire (GPS) :3 Désastre : 11 Entre deux feux : 3 Marinopolis :4 Confrontation : 11 La Chasse :3 Source de Jouvence :4 Les Explorateurs (la nouvelle) : 5 (Amazon) Le Vagabond (la nouvelle) : 10 (Amazon) Shopping :5 Le baiser de la lionne : 12 Une brève histoire d'Ardalia : 5 (Amazon)Votre santé, c'est notre avenir (la nouvelle) : 3A brief story of Ardalia : 3 The Breath of Aoles : 88
Total : 470 ebooks
ebooks vendus sur Amazon : 321 (68,29 %) ebooks vendus sur Apple : 42 (8,93 %) ebooks vendus sur Kobo : 83 (17,65 %) ebooks vendus sur Smashwords : 0 (0%) ebooks vendus sur mon site d'auteur : 7 (1,48 %) ebooks vendus sur Google Play : 17 (3,61%)
On relèvera l'étonnante différence entre les ventes de livres papier de mon recueil Le Vagabond et quatre autres thrillers (274) et les ventes d'ebooks du même recueil (2). Je suis avant tout identifié comme un auteur SF et Fantasy, et il n'est pas toujours simple de changer de genre. Mes ventes d'ebooks sont souvent liées aux séances de dédicace et au matériel promotionnel qui me permet de me faire connaître, mais ces séances ne semblent avoir aucun impact sur les ventes du Vagabond en version ebook.
En ce qui concerne les livres électroniques, mon année a été sauvée par les ebooks anglo-saxons, puisque sans ces 91 vendus (dont 88 The Breath) en grande majorité aux Etats-Unis, mon chiffre serait inférieur à celui de l'an dernier. Malheureusement, sur ces 91, plus de la moitié sont liés à des promos à 0,99$, promos annoncées sur des sites payants la plupart du temps, et qui n'ont pas été rentabilisées. En tout, ces promos m'ont coûté un peu plus de 160€ sur l'année.
Autocritique: compte tenu du fait que je n'avais que deux titres en anglais, dont l'un est une histoire courte, j'ai financé trop de promotions en 2014. Mais il était nécessaire que je commette certaines erreurs pour y voir un peu plus clair. 
Je ne considère pas l'expérience américaine comme un ratage total, ayant obtenu plus de 20 commentaires sur Amazon.com pour The Breath of Aoles, soit davantage pour le premier des romans de la trilogie en anglais que pour la trilogie complète sur Amazon.fr! Les auteurs indépendants sont d'après mon humble expérience mieux accueillis par les lecteurs/commentateurs (entendez par là, les lecteurs qui postent leur appréciation du livre sur leur blog ou sur les sites de ventes) aux Etats-Unis qu'en France. Certains de ces commentaires m'ont vraiment "boosté", et me boostent encore.
Je mène aussi des expérimentations sur les prix, et j'ai pu constater vendre un ou deux ebooks à 6,99$ et à 8,99$ en dehors des périodes de promo, et un nombre un peu plus important à 4,99$. 
Il est extrêmement réconfortant pour moi d'arriver à vendre des ebooks anglais en dehors de périodes promotionnelles, même si pour le moment c'est encore très rare. Je sais pertinemment que ce n'est pas le cas de toutes les œuvres françaises traduites en anglais.
En dehors des promos avec l'aide de sites payants, mes périodes de ventes à 0,99$ ont été décevantes.   Pour terminer sur mes résultats globaux, je dirais que j'ai doublé mon chiffre d'affaire en passant à temps plein sur l'autoédition, et que je suis donc arrivé à en vivre en 2014, et ce malgré mes frais de traduction et de correction. Champagne! C'est bien sûr un combat quotidien, encore plus difficile que celui que j'avais mené en tant que journaliste pigiste (et brièvement titulaire) entre 1996 et 2004. Je fais des sacrifices, j'ai un niveau de vie restreint au minimum. Mais cela en vaut la peine, surtout lorsque je pense aux dégradations de la qualité de travail dans mon boulot alimentaire quitté fin 2013. J'avais beau ne travailler qu'à 60%, j'avais l'impression d'avoir une sorte de nœud coulant autour de mon activité d'autoédition dans cette période. A cet égard, passer à temps plein sur l'autoédition a été à la fois une libération et un épanouissement personnel.
Je garde espoir quant à mes ebooks de langue anglaise, et poursuis mes efforts en ce sens.
Bonne année 2015 à tous!

[Archive 2 janvier 2014] Bilan 2013
Bonne année 2014 à tous les lecteurs de ce blog ! Dans ce bilan 2013, ne figurent pas suite à des retards de paiement plus de 70 livres papier déjà vendus. Cela rend le bilan des ventes d'ebooks légèrement supérieur aux ventes papier, alors que normalement, l'inverse aurait dû être vrai. Sachant que j'ai assuré moins de séances de dédicaces en 2013 afin de pouvoir terminer le dernier tome du cycle d'Ardalia, on peut parler de déclin de ventes d'ebooks en ce qui me concerne. Le bilan financier est quant à lui en déficit d'environ 600 euros suite aux deux traductions différentes en anglais du Souffle d'Aoles (la deuxième étant toujours en cours), et à différents aléas. Tous les espoirs restent néanmoins permis pour 2014.    Bilan livres papier 2013 :
Ardalia, tome 1, Le Souffle d'Aoles : 225 livres.(1677 livres depuis sa sortie en mars 2010, mais en réalité on serait déjà à plus de 1700 sans les retards de paiement). Ardalia, tome 2, Eau Turquoise : 51 livres. (351 livres depuis sa sortie en avril 2011). Ardalia, tome 3, Les Flammes de l'Immolé : 53 livres (sorti en juin 2013). Les Explorateurs : 82 livres.
Total : 411 livres papier.
Palmarès des trois meilleurs centres culturels 2013 :
1er Cultura Carré-Sénart : 47 ventes, deux séances 2ème Cultura Claye Souilly : 44 ventes, deux séances 3ème Centre Leclerc Fosses : 39 ventes, deux séances
On parle bien des séances dont les factures ont été réglées. On peut faire deux observations à ce sujet, c'est que par rapport au bilan 2012, les ventes sont proportionnellement en baisse, même avec un nombre de titres plus important à la vente depuis la sortie des Flammes de l'Immolé juin 2013 (quatre au lieu de trois).
Le point le plus important reste une baisse très sensible du nombre de séances de dédicaces, aussitôt répercutée sur les ventes. A cet égard, mon passage à temps plein dans mon activité d'autoédition devrait faire beaucoup de bien.
Par ailleurs, le référencement de mes livres sur la base de données Electre devrait en 2014 faciliter les négociations pour obtenir des séances de dédicace.
Bilan Createspace : 19 livres papier vendus sur Createspace (Amazon.fr), en hausse sensible par rapport à l'an dernier où un seul avait été vendu par ce biais (et sept par d'autres canaux sur Amazon.fr). Un Souffle d'Aoles, 6 Eau Turquoise, 12 Les Flammes de l'Immolé.
Bilan Fnac : 6 livres papier vendus sur la Fnac.fr, en baisse par rapport à l'an dernier : 2 Souffle d'Aoles, 2 Eau Turquoise, 2 Les Flammes de l'Immolé.
A noter que je ne négocie aucune séance de dédicace avec les magasins physiques Fnac en raison de leur intransigeance sur les marges libraires (ils restent à 40%, alors que j'estime effectuer l'essentiel du travail de vente, et j'amène mes livres).
Bilan ebooks 2013 :
Ardalia, tome 1, Le Souffle d'Aoles : 104 Ardalia, tome 2, Eau Turquoise : 75 Ardalia, tome 3, Les Flammes de l'Immolé : 49 Les Explorateurs (recueil complet) : 51 Trilogie Ardalia : 7 Grand Pouvoir Séculaire (GPS) : 6 Désastre : 19 Entre deux feux : 32 Marinopolis : 15 Confrontation : 16 La Chasse : 11 Source de Jouvence : 9 Les Explorateurs (la nouvelle) : 23 (Amazon) Le Vagabond : 4 Shopping : 2 Le baiser de la lionne : 1 Une brève histoire d'Ardalia : 5 (Amazon)
Total : 429 ebooks
ebooks vendus sur Amazon : 270 (62,93 %) ebooks vendus sur Apple : 52 (12,12 %) ebooks vendus sur Kobo : 66 (15,38 %) ebooks vendus sur Smashwords : 0 (0%) ebooks vendus sur YouScribe : 4 (0,93%) ebooks vendus sur mon site d'auteur : 11 (2,56 %) ebooks vendus sur Google Play : 9 (2,09%) ebooks vendus sur Chapitre : 17 (3,96%)
La vente d'ebooks en 2013 a représenté 702,06€, contre 1118,88€ l'an dernier. Impossible de comparer les pourcentages par rapport au bénéfice en 2012, puisqu'il n'y a pas eu bénéfice en 2013 mais déficit (les comptes auraient été légèrement au-dessus de l'équilibre sans les retards de paiements pour les livres papier).
Plusieurs choses intéressantes se dégagent de ces chiffres : à l'exception du Souffle d'Aoles, pour les livres papier, les ventes d'ebooks qui possèdent une version papier suivent à peu près la courbe des ventes papier. On peut en déduire que mes ventes d'ebooks se font aussi, dans une certaine mesure, grâce aux séances de dédicace.
Pour les versions uniquement ebooks déjà existantes en 2012, on constate soit une baisse, soit une stabilisation.
Le cas le plus remarquable est celui de mes ebooks de type thrillers sortis en 2013 : nous sommes à 13 exemplaires vendus pour les quatre ebooks sortis, soit une moyenne de trois ebooks par titre! Un chiffre aggravé par le fait que Kobo ne paye environ que tous les 5 mois pour les ebooks vendus, en ce qui me concerne. Je pense néanmoins que j'aurais tort de sauter tout de suite aux conclusions, en parlant d'échec cuisant pour ces ebooks ou de l'absence de "vrais fans" (qui achètent tous les livres ou ebooks d'un auteur).
Comme je l'ai déjà dit, il faut attendre la sortie du recueil de nouvelles pour savoir si ce nouveau domaine que j'ai abordé en 2013, le thriller fantastique, est porteur pour moi. Il est certain qu'en changeant de genre, c'est un peu comme si je recommençais tout du début, et dans ce cas précis, il ne faut pas s'attendre forcément à revendre à d'anciens lecteurs.
Mais même en cas de méventes sur le recueil de nouvelles, je compte bien continuer sur le thriller en 2014, avant un retour vers la Science-Fiction un peu plus tard.
Concernant les pourcentages d'ebooks selon les plate-formes, remarquable stabilité d'Amazon par rapport à l'an dernier, et progrès notable de Kobo aux dépens d'Apple.
Pour le petit nouveau, Chapitre, j'ai décidé de ne pas poursuivre la vente d'ebooks avec eux tant que le système de facturation/paiement sera aussi contraignant. En d'autres termes, pour les relances téléphoniques sur les factures impayées, je préfère me concentrer sur les livres papier, les ebooks (du moins chez Chapitre) ne me rapportant pas suffisamment pour justifier la dépense d'énergie. Et le fait de devoir établir des factures pour des ventes d'ebooks me paraît inapproprié.  
En résumé, 2013 aura été une année difficile. Certes, la vente de livres papier et d'ebooks n'a pas été divisée par deux, mais nous n'en sommes pas loin...
Si la sortie d'un nouveau tome peut parfois permettre de relancer une série, il n'en a rien été pour moi, et notamment pour mes ventes d'ebooks. Il est possible, cela dit, que mes chiffres en ebook aient été encore plus faibles si je n'avais pas sorti ce troisième volume du cycle d'Ardalia.
Une brève histoire d'Ardalia, nouvelle gratuite contenant les 5 premiers chapitres du Souffle d'Aoles est téléchargé en ce moment environ à hauteur d'un ebook par jour pour chacune des deux grandes plate-forme où la gratuité est permise, Apple et Kobo. L'impact sur les ventes du Souffle d'Aoles et de la trilogie n'est pas sensible pour le moment.
Néanmoins, il me paraît raisonnable de dire que la stratégie de gratuité (permafree) pour ma nouvelle Les Explorateurs est ce qui me permet de stabiliser le nombre de ventes, à la fois du recueil et des nouvelles individuelles de SF.
Je suis malgré tout plutôt optimiste pour mes ventes de livres en France en 2014. J'ose espérer que les difficultés pour recouvrer les factures vont se tasser. La véritable inconnue demeure l'accueil qui va être réservé, notamment outre-Atlantique, à The Breath of Aoles et A Brief Story of Ardalia...
[Archive 1er janvier 2013] 2012 : autant d'ebooks vendus que de livres papier

L'année 2012 aura vu pour ma petite entreprise d'autoédition la vente d'un peu plus de livres numériques (ebooks) que de livres au format papier : 711 ebooks contre 706 livres. C'est une première et peut-être le début d'une nouvelle ère (93 ebooks vendus en 2011). Au niveau écriture, l'année 2013 verra la parution du troisième tome du cycle d'Ardalia. Ce sera aussi une année où je vais prendre plus de risques financiers. Dicton du jour: "en 2013, je serre les fesses." Et je croise les doigts.
  
Bilan écriture avril 2011 - 2012 : il est médiocre. En un an et neuf mois, j'ai écrit 150 000 mots et des poussières sur le troisième tome du cycle d'Ardalia. J'en suis au 20ème chapitre, et il devrait en comporter 23 ou 24. J'espère pouvoir le sortir pour l'été, peut-être avant si je peux. Je préfère attendre le dernier moment avant de fixer une date précise.
 
Une note d'espoir, mon rythme d'écriture a doublé depuis que j'ai divisé par deux le nombre de séances de dédicace. Cette réduction des séances se traduit par un effritement des ventes du livre papier. Je resterai donc à deux séances par mois tant que le troisième tome n'est pas sorti. Dans les quelques mois suivant la sortie du troisième, j'irai davantage en dédicace, avant de revenir à deux séances mensuelles de nouveau pour privilégier l'écriture. 
 
Bilan livres papier 2012 :
 
Ardalia, tome 1, Le Souffle d'Aoles : 411 livres.(1452 livres depuis sa sortie en mars 2010).
Ardalia, tome 2, Eau Turquoise : 138 livres. (300 livres depuis sa sortie en avril 2011).
Les Explorateurs : 157 livres.
 
Palmarès des trois meilleurs centres culturels 2012 :
 
1er Cultura Carré Sénart : 92 ventes, 3 séances
2ème Centre Leclerc Fosses : 96 ventes, 4 séances
3ème Cultura Compiègne-Venette : 55 ventes, 3 séances
 
Bilan CreateSpace : 1 seul livre papier vendu (Eau Turquoise au Royaume Uni), mais qui n'apparaît pas dans les ventes 2012 parce que le seuil des reversements des revenus d'auteur n'a pas été atteint sur ce livre. En 2012, je n'ai fait appel à Createspace qu'à partir de septembre 2012, et comme je vends très peu par correspondance, il est logique que les ventes soient inexistantes ou presque.
 
Je vais donc continuer à travailler avec Createspace dans l'avenir, aussi bien qu'avec Lightning Source pour mes tirages en nombre.
 
Livres papier sur Amazon.fr : 7, dont 6 Eau Turquoise.  
Livres papier sur la Fnac.fr : 11, dont 8 Eau Turquoise.
Livres papier sur Chapitre.com : 2 Eau Turquoise.
 
Par correspondance, je vends beaucoup plus d'Eau Turquoise que de Souffle en version papier. En revanche, en dédicace, c'est l'inverse, parce que je démarche les gens sur le premier tome et qu'il est difficile de sortir 42 € pour deux livres.
 
Bilan ebooks 2012 :
 
Ardalia, tome 1, Le Souffle d'Aoles : 296
Ardalia, tome 2, Eau Turquoise : 189
Les Explorateurs (recueil complet) : 60
Grand Pouvoir Séculaire (GPS), nouvelle fantastique : 16
Désastre : 45
Entre deux feux : 31
Marinopolis : 21
Confrontation : 17
La Chasse : 18
Source de Jouvence : 8
Les Explorateurs (la nouvelle) : 10
 
ebooks vendus sur Amazon : 465 (65,40 %)
ebooks vendus sur Apple : 152 (21,37 %)
ebooks vendus sur Kobo : 70 (9,84 %)
ebooks vendus sur Smashwords : 12 (1,68%)
ebooks vendus sur mon site d'auteur : 9 (1,26 %)
ebooks vendus sur Google Play : 3 (0,42%)
 
Bilan général :
 
Chiffre d'affaires : 11 741 €
Dépenses : 4001 €
Bénéfice : 7740 €
 
Revenus ebooks :1118,88 €
 
Les revenus ebooks représentent 14,45 % du bénéfice total.
 
Que prouvent ces chiffres ?
 
Eh bien, que pour les petits éditeurs fantasy et sf, les ventes d'ebooks peuvent représenter 50% en volume et environ 15% du bénéfice. Pour un autoéditeur comme moi qui vend ses ebooks à très bas prix, il est évident que les bénéfices ne peuvent pas, à moins de très forts volumes, être énormes.
 
Mais demandez à David Forrest (auteur français autoédité) si ses 25 000 ebooks vendus en 2012 représentent seulement 15% de ses bénéfices... La situation peut se révéler très variable suivant les différents acteurs.
 
Amazon domine mes ventes avec 65,40% du total des ventes ebooks, et a agi comme stimulateur. C'est d'ailleurs le cas d'une manière globale, je crois, en France comme dans tous les pays où Amazon a lancé ses stores. Je précise n'avoir jamais fait d'exclusivité sur aucun de mes ebooks avec Amazon.
 
J'ai fait 4 ou 5 ventes en ebook avec Chapitre.com, qui n'apparaissent pas ici car elles ne seront payées qu'en février 2013.
 
Concernant Google Play, on voit que la très faible visibilité consentie aux auteurs autoédités se traduit dans les chiffres. Ils n'ont sans doute pas besoin des ventes d'autoédités, mais c'est dommage pour la diversité de l'offre sous Android. Et donc, dommage pour les lecteurs.
 
Promo de fin d'année
 
Mes résultats ebooks de fin d'année sont très médiocres, y compris les ventes liées à la promo du 25 décembre (article précédent). Je suis à vingt ventes sur Amazon en décembre avec la promo. Sans, je serais resté à 7 ou 8.
 
Bon, les ventes ebooks fluctuent, et je crois important de regarder les chiffres annuels et non les chiffres mensuels. Et globalement, mes chiffres sont bons, il me semble.
 
La conclusion de tout cela, c'est que je ne vis toujours pas de ma plume, mais que l'espoir perdure puisque je suis passé de 4353 € en 2011 de bénéfices à 7740 € en 2012.
 
Bonne année 2013 à tous !
[Archive 31 décembre 2011] Bilan 2011 : en progrès  L'année 2011 aura souvent été éprouvante, mais également riche en expériences et en émotions. Elle se conclut sur un sentiment d'espoir comme j'en ai rarement connu. Il y aura, pour moi, un avant décembre 2011 et un après décembre 2011. C'est le mois où l'auteur américain Joe Konrath a vendu 7000 ebooks en moins de deux jours. C'est le mois où je suis passé, à mon échelle infiniment plus modeste, de 21 ebooks vendus sur le Kindle Store d'Amazon le 25 décembre à 53 ebooks le 31 décembre, c'est à dire après le changement de prix. Ce n'est pas rien, si l'on tient compte du taux d'équipement encore réduit en matière de Kindle en France. Et j'espère fermement voir arriver mes ebooks sur d'autres plates-formes comme le Kobo Store (je suis en contact avec eux) ou le Bookeen Store. Retour chiffré sur une année qui m'aura permis de faire progresser mon activité, avec plus de 1000 Souffle d'Aoles vendus (en version brochée) et le quasi doublement du bénéfice et du chiffre d'affaire... mais aussi des dépenses.   Petite précision tout d'abord, à propos de mon recueil Les Explorateurs, je n'évoquerai ici que les chiffres de vente des exemplaires papier réalisés en autoédition, c'est à dire depuis la reprise des droits en novembre 2011 (il était précédemment édité chez Lokomodo).   Versions brochées :   Le Souffle d'Aoles : 643 exemplaires (produit des ventes déjà perçu) vendus en 2011, soit 1041 exemplaires depuis sa parution en mars 2010.   Eau Turquoise : 162 exemplaires vendus depuis sa sortie en avril 2011. Je n'ai jamais évoqué les ventes d'Eau Turquoise jusqu'à présent, parce que, je l'avoue, j'étais déçu. Je m'attendais à recevoir plus de commandes du deuxième tome, d'autant qu'au moment de sa parution, j'en avais vendu déjà plus de 500 du premier. Je ne suis pas une machine. Ces ventes plus faibles que prévu ont entraîné un doute sur la viabilité de mon activité. Et comme, lorsque j'écris, je doute aussi systématiquement de la qualité de ma prose (aussi bien de la forme que du fond, c'est une manière pour moi de m'améliorer), toutes ces interrogations ont ralenti mon écriture du troisième tome du cycle. Mais je sais que je mènerai ce projet à terme. Je le dois aux lecteurs, bien sûr, mais avant tout à moi-même. Et il faut voir que le tirage initial de 250 exemplaires d'Eau Turquoise a largement été rentabilisé.   Les Explorateurs : 16 Explorateurs depuis novembre. Ce n'est pas beaucoup, mais dans mon activité, le moindre apport est vital. Et puis il ne faut pas oublier 10 autres exemplaires de ce recueil déjà vendus que je n'inclus pas parce qu'ils n'ont pas été réglés. Le tirage initial des Explorateurs est de 150 exemplaires. Ces derniers ne seront vendus qu'après écoulement du stock précédent, sauf en cas de commande Internet.   Pour en arriver là, il aura fallu 36 séances de dédicaces (en réalité 38, mais les deux dernières n'ont pas encore été réglées). Les 821 livres vendus ne l'ont pas tous été en dédicace, mais je dirais que je suis à 18 exemplaires vendus par séance. Au moins.   Versions ebooks :   Pour rappel, j'avais  vendu 3 ebooks en 2010. Les chiffres de cette année ne tiennent pas compte des ventes depuis octobre, qui n'ont pas encore été réglées, et commenceront à l'être en janvier. Donc, les ventes Kindle, dont les 56 ebooks vendus ce mois-ci n'apparaissent pas ci-dessous (j'en parle néanmoins un peu plus bas).   Le Souffle d'Aoles : 9   Eau Turquoise : 8   Les Explorateurs, le recueil : 21   Grand Pouvoir Séculaire (GPS), nouvelle fantastique : 29   Désastre : 9   Entre deux feux : 5   Marinopolis : 4   Confrontation : 3   La Chasse : 4   Source de Jouvence : 1   Total des ventes réglées : 93 ebooks. C'est à dire qu'en nombre, les ebooks représentent 11,32 %  des exemplaires, ce qui n'est pas négligeable. En valeur, c'est beaucoup moins.   Chiffre d'affaires total 2011 : 17 145 €. C'est le total de l'argent généré par mes livres, marge libraire comprise. Chiffre d'affaires : 13346,50 €. Le même chiffre, moins la marge libraire. C'est donc l'argent, en quelque sorte, que j'ai vu passer.   Dépenses : 8910,99 €. Dont 7105,13 € de frais d'imprimeur. Cela comprend deux tirages de 250 exemplaires du Souffle d'Aoles et un tirage de 500 exemplaires du Souffle d'Aoles, ainsi que le tirage de 250 exemplaires d'Eau Turquoise, celui de 150 exemplaires des Explorateurs, la reprise des 54 exemplaires des Explorateurs parus aux éditions Lokomodo, et divers petits tirages et frais de révision des fichiers par l'imprimeur.   Bénéfice : 4435,51 €. Contre 2244,49 € en 2010. Pas encore de quoi en vivre, ni même suffisamment pour passer semi-pro, mais en progrès.   Bénéfice des ebooks : 179,12 €. Soit 4% des bénéfices totaux. Un chiffre finalement fidèle à celui du marché des ebooks en France en 2011, mais qui ne tient pas compte, répétons-le, des ventes Kindle.   Ventes Kindle depuis octobre (non comprise dans le bilan 2011) :   26 ebooks en octobre et novembre, plus 53 ce mois-ci soit 79   Ventes Apple depuis octobre :   9 ebooks (7 ce mois-ci). Mes ventes Apple se sont effondrées dès octobre, soit dès le lancement du Kindle Store en France. Je ne sais pas si d'autres que moi sont dans le même cas.   Je suis en tout cas persuadé que le chiffre de 4% de bénéfices provenant de la vente d'ebooks va s'améliorer en 2011. L'important est pour moi de ne pas m'enflammer, sachant qu'on ne maîtrise pas grand-chose en ce qui concerne les ventes dans ce domaine.
[Archive 15 mars 2011] Bilan 2010 Le Souffle d'Aoles - Les Explorateurs
Publier un bilan chiffré d'activité, si ce blog s'adressait principalement à des lecteurs, paraîtrait incongru. Vous l'avez sans doute deviné depuis que vous suivez celui-ci, je m'adresse également à des auteurs. En France, il faut le savoir, la grande majorité des écrivains ne bénéficient pas de l'appui d'un agent littéraire susceptible de défendre leurs intérêts. A combien d'exemplaires faut-il vendre pour intéresser un agent? 50 000, 100 000 ? Je l'ignore. Toujours est-il que lorsqu'un "jeune" auteur se présente devant un éditeur, il est le plus souvent seul. Sans agent. Sans avocat. Et vous pouvez parier que dans la plupart des cas, il n'y a même pas négociation des droits. L'auteur accepte les conditions de l'éditeur, point. J'ai eu la chance de vivre deux expériences distinctes, être édité à compte d'éditeur en 2009 aux éditions Lokomodo pour mon recueil de nouvelles Les Explorateurs, puis décider en 2010 de prendre à bras-le-corps une activité d'autoéditon pour le cycle d'Ardalia, en commençant par le premier tome, Le Souffle d'Aoles. J'en ai tiré au moins un enseignement : en l'absence d'agent littéraire, les auteurs ont tout intérêt à mener eux-mêmes leurs propres expériences de terrain, afin de savoir ce qui leur rapporte le plus en terme littéraire, mais aussi bien sûr, en monnaie sonnante et trébuchante. Car on ne vit pas que de belles lettres, il faut se le dire. Nous autres auteurs avons en outre besoin de confronter nos expérimentations. Nous avons besoin d'éléments chiffrés. De concret, pour sortir des idées reçues. Voici donc un petit exemple pratique, avec le bilan 2010 des ventes du Souffle d'Aoles et des Explorateurs. Dernière précision, si les éditions Lokomodo souhaitent un rectificatif ou un droit de réponse, qu'ils m'envoient les éléments, je les publierai sur ce blog.
La raison qui m'amène à interrompre le temps d'un billet le travail sur Eau Turquoise, le deuxième tome du cycle d'Ardalia, est celle-ci : nous sommes aujourd’hui le 15 mars 2011, et cela fait un an jour pour jour que Le Souffle d’Aoles est sorti en autoédition. Avant de parler du bilan 2010 de mes deux livres, voici donc le chiffre de vente du Souffle sur un an : 559.   Ce chiffre peut paraître dérisoire. Pour moi, au contraire il représente beaucoup. C’est un accomplissement, et un accomplissement qui n’aurait pas été possible sans ma femme, Anne-Christine. Non seulement elle m’apporte de précieux conseils sur le fond et la forme en phase d’écriture, mais quand je dédicace, c’est elle qui s’occupe de nos deux enfants de trois et cinq ans. S’il y a un héros dans l’histoire, c’est une héroïne, et c’est elle.   Bilan 2010 (premier janvier au 31 décembre) :   Le Souffle d’Aoles (éditions Emmanuel Guillot) : 399 ventes – 2244,49 euros de bénéfice net   Les Explorateurs (éditions Lokomodo) : 67 ventes – 69,66 euros de droits d’auteur   On va me dire, 67 ventes, c’est catastrophique pour une société comme Lokomodo qui est éditeur et diffuseur sur le plan national. En réalité, pas du tout : Les Explorateurs s’était déjà vendu à 73 exemplaires en 2009, ce qui fait un total de 140. Les professionnels vous le diront, pour un recueil de nouvelles de science-fiction d’un auteur inconnu, c’est un chiffre acceptable. En outre, et c’est une donnée fondamentale, la prise de risque de l’éditeur a été minimale : il n’y a pas eu d’à-valoir, le premier tirage était de 100 exemplaires, et le deuxième est également de 100. A ma connaissance, Les Explorateurs a donc jusqu’à présent été rentable pour Lokomodo, et c’est une grande fierté pour moi. Bien sûr, un tirage de 100, tout de même un peu faible, n’autorise pas une très bonne marge pour l’éditeur, mais de ce côté-là, je ne peux que louer la sagesse d’une société qui entend progresser pas à pas, à son rythme.   Pour ce qui me concerne, j’ai procédé par tirages de 250, mais je n’avais qu’un seul livre à gérer, et non 13 (25 à l’heure actuelle) comme Lokomodo.   Là où le bât blesse, c’est donc, on l’aura compris, dans la rémunération d’auteur. Il ne faut bien évidemment pas confondre des droits d’auteur avec un bénéfice net, mais les deux ont tout de même un point commun : c’est cela qui tombe au final dans la poche de l’auteur. Avec plus de 2000 euros de bénéfices en moins d’un an, je peux avoir l’espoir de passer un jour semi-pro. Avec 70 euros, je suis désolé, non. Je sais ce qu’on va me dire : « mais dans un an, dans cinq ans, ça peut tourner. » Oui, certes. Dans un an, dans cinq ans, je peux gagner au loto, aussi. Sauf que comme je l’ai dit quelque part, je ne joue pas au loto avec mon travail.   Ces chiffres en dessous des 100 euros de droits d’auteur par an, ils sont monnaie courante, si je puis dire, dans la petite ou micro-édition. Faisons maintenant un calcul un peu osé : imaginons que nous transformions ces 2244,49 euros en droits d’auteur. Mon chiffre d’affaires sur 2010 a été de 6673,54 euros après marge libraire (prélevée à la source, soit 8379 euros de CA au total), mes dépenses ont été de 4429,05 euros. Concernant ses dernières, elles ont été progressives, de 2600 euros au départ, puis ont augmenté au fil des mois. Donc, ce bénéfice de 2244,49 représenterait, si l’on est audacieux,  26,78 % de droits d’auteur.   Alors, il est vrai qu’un éditeur en SARL comme Lokomodo va payer des charges, des frais de location pour gérer les stocks, des frais d’impression plus importants puisque le tirage est moindre, de la TVA…   Mais ce qu’il faut savoir, c’est que pour les Explorateurs : - la couverture a été gratuite, grâce à la générosité de l’illustratrice - il n’y a pas eu de corrections, donc pas de frais de ce côté   Alors que si on prend le budget 2010 du Souffle d’Aoles, dans les dépenses, on a le versement de 800 euros à l’illustrateur ( pour les deux couvertures, celle du Souffle et de la suite, Eau Turquoise à paraître en avril 2011), plus 200 euros de frais d’huissier pour le concours d’illustrations. Soit 1000 euros. Donc, c’est vrai qu’en tant qu’autoéditeur, je ne paie pas la TVA, c’est vrai que je n’ai pas non plus eu de frais de correction ni de maquette (j’ai réalisé celle-ci moi-même), mais grosso modo, on peut penser que les fortes dépenses en 2010 compensent le fait que je ne paye ni charge ni TVA.   Quels sont donc les enseignements à tirer de tous ces chiffres ? Eh bien, tout d’abord, cela met fin à l'idée reçue selon laquelle un livre ne peut être rentabilisé, sauf exception, dès la première année : Le Souffle a été rentable en moins d’un an, et il y a fort à parier que Les Explorateurs aussi.   D’autre part, si on avait voulu que l’éditeur répartisse équitablement les gains avec l’auteur, il aurait dû me verser 13% de droits d’auteur. Un éditeur intelligent aurait d’ailleurs tout intérêt à rémunérer encore plus largement un auteur  pour s'assurer sa fidélité et progresser avec lui : 20, voire 25%.   Cela vous semble irréaliste, comme demande ? Il y a au moins une chose, en tant qu’auteurs, que l'on devrait tous négocier : faire en sorte que les livres que nous dédicaçons, en salons, par correspondance ou ailleurs, nous soient rémunérés au minimum à 25 ou 30%. Dites-vous bien que quand vous avez écrit un livre, et que vous l’avez dédicacé, c’est vous qui avez décroché la timbale : vous avez fait au moins 90% du job.   Je pense enfin, que dans le cadre de l’édition à grands volumes, il devrait y avoir un pourcentage minimal de droits d’auteur (je dirais de 25%, on ne pourrait descendre en dessous), et que les pourcentages devraient être indexés sur les ventes. Exemple, vous vendez 10 000 exemplaires ou plus sur une année, vous touchez 50% de droit d’auteur. Ce serait pour moi le pourcentage maximal sur un livre papier, parce qu’il faut aussi rémunérer les différents acteurs de la chaîne du livre. Vous en vendez 3000 l’année suivante, vous retombez à 35%. Evidemment, il serait totalement irréaliste de demander 50% sur des petits tirages la première année. Si j’avais dû le faire pour mon propre cas, je me serais retrouvé avec un déficit de 1100 euros en fin d’année. En revanche, vous pouvez demander 50% des bénéfices de l’éditeur sur votre ouvrage, mais vous perdez alors la référence par rapport au prix du livre.   Si je trouve que l’autoédition, à condition qu’elle soit prise à bras-le-corps, est une bonne expérience, c’est qu’elle apprend la valeur des choses. Aux Etats-Unis, où il y a des agents littéraires, toutes les différentes parties d’un contrat sont négociées. On fait même des contrats spécifiques pour les droits audiovisuels, pour les droits d’une édition de poche ou pour les droits numériques, par exemple. En France, on fourre tout dans un même contrat, et on a de la chance si on parvient à négocier quelque chose à l’intérieur.   Pour finir, le dernier conseil que j’aurais à donner, c’est : ne cédez jamais vos droits à vie (pour la durée littéraire de l’œuvre). Même si vous signez à seulement 5% (de l’esclavage, soit dit en passant), si vous avez signé pour trois ans tacitement renouvelables et que vous en vendez 10 000, dans cette période de trois ans, après remboursement de l’à-valoir, vous serez en position de force, soit pour renégocier, soit pour démarcher d’autres éditeurs – voire les deux. Pourquoi les auteurs ne feraient-ils pas jouer la concurrence des éditeurs, alors que les éditeurs font jouer la concurrence des manuscrits ? Il faut être logique.

P-S : pour être complet, concernant les exemplaires numériques du Souffle d'Aoles, il ne s'en est vendu que trois en 2010 et un en 2011 (trois ePub, un PDF). 
 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on January 01, 2015 12:00

December 23, 2014

[Archive 15 mai 2014] "Je me sens piégé dans mon boulot"

On parle souvent du "fléau", du "cancer du chômage". On parle beaucoup moins des Français sans doute plus nombreux encore qui se sentent piégés dans leur boulot. On se rend bien compte que cette angoisse permanente (et sous-jacente) liée à l'opprobre du chômage, à la perte de sécurité sociale (même si la couverture maladie universelle existe) et d'une mutuelle, à l'impossibilité de se constituer une retraite, toute cette anxiété est totalement contreproductive et mine les fondements de la société. Mais comment y remédier? Sans prétendre vouloir régler le problème, il serait bon de se pencher sérieusement sur le sujet.
En tant qu'auteur qui a fait le choix de quitter son travail alimentaire pour passer à plein temps sur l'écriture, on comprendra que ce sujet me touche particulièrement. L'un de mes pairs, Neil Jomunsi, a publié récemment un article sur son blog intitulé Du revenu de base et de ses potentiels effets inattendus sur la littérature (et l’art en général) , qui, tout en me donnant des pistes de réflexion, m'a incité à me poser la question de manière plus générale.
Les premiers jours après être passé à temps plein sur l'écriture, je l'avoue, j'ai mal dormi. Bien que me trouvant dans une situation privilégiée, et n'ayant, grâce à un héritage familial, plus besoin de rembourser mon prêt immobilier, j'ai tout de suite été victime de la pression sociale.
Ma femme a soutenu mon choix, mais elle ne pouvait me protéger contre mes propres angoisses. Etant l'auteur de l'article Mediastox, un outil pour évaluer la toxicité des médias , et ayant été formé dans une Ecole de Journalisme à Paris, je connaissais parfaitement l'aspect "caisse de résonnance" des angoisses qui nous viennent des médias, et en particulier des médias audiovisuels (radio et télé).
Je savais que le fait de maintenir la population dans une anxiété permanente est en fait une stratégie marketing visant, soit à susciter davantage d'audience, soit à susciter plus facilement des actes d'achat pour le consommateur (les deux étant étroitement liés, de par les publicités diffusées avant et/ou après les infos). Je savais les enjeux immenses pour les grands groupes derrière cette stratégie.
Depuis les problèmes de harcèlement au travail dont a été victime ma femme , je savais aussi, non plus en théorie mais en pratique, quel pouvoir cette angoisse sous-jacente de perdre son boulot, et tous les avantages qui vont avec, pouvait donner à des petits chefs qui masquent leur propre incompétence en privilégiant l'attaque pour ne pas avoir à rendre eux-mêmes des comptes.
L'une de mes motivations non négligeables en tant qu'auteur à temps plein me vient justement du fait de ne plus devoir dépendre d'un petit chef pour vivre de mes activités.
J'avais donc déjà des armes pour lutter contre mon angoisse. Gavin de Becker, avec son ouvrage The Gift of Fear m'a donné deux autres règles cardinales: - Le fait précis que vous craignez quelque chose est la preuve formelle que cette chose n'est pas en train de vous arriver - Ce qui engendre la peur réelle est rarement ce que vous pensez que vous craignez - c'est ce que vous liez à la peur.
Mon interprétation de la seconde règle de De Becker est la suivante, au travers de cet exemple: lorsque vous êtes en face d'un chien qui grogne, la peur que vous ressentez est fondée car votre intuition sait qu'un chien qui grogne va attaquer de manière imminente (selon les comportementalistes canins, les chiens qui aboient ne sont pas directement en phase d'attaque, ils le font pour rallier d'autres membres de la meute, c'est leur instinct qui les guide). Le fait qu'il ne l'ait pas encore fait vous laisse une marge de manoeuvre, ce qui nous ramène à la première règle. Mais lorsque vous croisez un chien sans son maître dans la rue et que vous vous mettez à penser qu'il a peut-être la rage juste parce qu'il n'a pas de maître, là, c'est votre imagination qui se met à construire une hypothèse infondée.
Donc, nos craintes conscientes et élaborées ne sont pas en rapport avec un danger réel et immédiat pour nos vies. C'est une évidence, mais cela vaut la peine d'être souligné, dans le climat si propice à l'exacerbation des angoisses dans lequel nous vivons.
Il n'en reste pas moins que perdre son travail a des conséquences directes, bien sûr. Ces conséquences sont mille fois plus anxiogènes dans un contexte de chômage que dans celui de plein emploi. Ce qui, bien sûr, stratifie de plus en plus les gens dans leur boulot. Ils se sentent pris au piège, et à juste titre. 
Si une solution devait être trouvée, elle devrait selon moi consister à retrouver l'état d'esprit des Trente Glorieuses. Comment? Eh bien, non seulement grâce au revenu de base , mais grâce à un système entier de prise en charge social et de logement qui ne laisserait personne sur le carreau.
Il faudrait aussi, bien entendu, déculpabiliser les personnes sans travail, et que les médias et hommes politiques cessent de brandir à tout bout de champ le Roi Chômage comme un épouvantail.
Oui, il y a moins de travail dans une société qui n'est plus en reconstruction. Et alors? Il faudrait repartir avec "une bonne guerre"? Se retrouver terrés à des kilomètres sous terre dans des abris, et y attendre 500 ans la fin de l'hiver nucléaire, dans l'espoir de pouvoir de nouveau rebâtir et connaître le plein emploi? Et avoir enfin la chance infinie que les médias cessent de nous casser les oreilles avec le chômage?
Alors certes, le système que je préconise ressemble à une utopie. De même que la Sécurité Sociale aurait parue utopique au XVIème siècle. Il faudrait bien entendu repenser en profondeur le système de répartition des richesses.
Mais dans ce cas, ne pourrait-on pas objecter qu'un Etat qui peut d'un claquement de doigts faire disparaître tous les privilèges des citoyens serait un véritable cauchemar, et que seule l'initiative privée peut sauver les individus?
Franchement, je ne crois pas en cette dernière hypothèse. Je crois que nous devons nous faire confiance en tant que collectivité, restaurer les valeurs de solidarité entre citoyens. Il nous faut un filet de sécurité universel et non culpabilisant pour ceux qui y ont recours. Quelque chose qui nous permette, non pas d'être plus dépendants, mais plus libres, au contraire, dans nos choix professionnels. Quelque chose de facilitant pour l'initiative privée, et non l'inverse.
Et dans ce filet universel, le logement doit occuper la première part, car c'est sans doute l'une des principales causes de stress. J'ai bien conscience que je n'aurais pas pu faire ce choix de vie porté à 100% vers l'écriture si ce problème n'avait pas été résolu pour moi.
Et pour ma retraite et ma mutuelle, me direz-vous? Eh bien oui, j'ai fait le choix personnel de m'en priver, parce que ces deux facteurs limitaient de trop ma liberté et ma marge de manoeuvre. C'est un choix personnel, et chaque personne en face d'un tel choix doit soigneusement peser le pour et le contre.
Autre article sur le même sujet: Un nouvel article des Droits de l'Homme
 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on December 23, 2014 02:31

December 22, 2014

[Archive 30 décembre 2013] Un nouvel article des Droits de l'Homme

En devenant parent, je me suis aperçu que je participais avec plus de poids encore à ce qu'on appelle "pression sociale". En y réfléchissant et de fil en aiguille, j'ai eu l'idée d'un petit additif à la Déclaration universelle des droits de l'homme.
Il est des questions plus lourdes de sens que d'autres. Des questions qui en apparence peuvent paraître bien innocentes, comme : "qu'est-ce que tu feras plus tard dans ta vie?", ou sa variante, "qu'est-ce que tu veux devenir plus tard?"
Certains parents ont l'idée de faire entreprendre à leur rejeton, par exemple des études commerciales dans de grandes écoles. En soi, l'idée peut se justifier: mieux vaut devenir patron ou cadre dirigeant qu'employé. Mieux vaut se tenir du bon côté du fusil...
Sauf évidemment que le succès n'est pas garanti, et que l'échec peut entraîner des conséquences terribles pour qui aura été poussé à fond dans cette voie, sans que ce ne soit vraiment la sienne.
Pour les milliers d'autres Français, de l'ouvrier à la secrétaire, pour qui la fonction en quelque sorte "fait l'homme", perdre son emploi peut avoir des conséquences cataclysmiques, surtout s'ils n'en retrouvent pas.
N'écoutez pas les médias: nous ne sommes pas dans une crise mais bien dans une mutation progressive de la société. D'un point de vue strictement économique, il est normal de préférer à des employés humains des machines, ou des programmes d'ordinateur, qui vont créer davantage de richesse à moindre coût.
Que l'économie détruise toujours plus d'emplois chaque année est donc normal. Que la richesse produite par les machines, machines qui pour une bonne part, devraient selon moi appartenir à un patrimoine commun de l'Humanité au même titre que le Louvre ou le Mont Rushmore, ne bénéficie qu'à quelques-uns l'est beaucoup moins.
Facteur aggravant, l'humanité aime toujours autant l'autoflagellation qu'à l'époque où le peuple suivait en masse les sermons dans les églises, et il ne paraît pas choquant à des journalistes de prétendre que chaque Français naît avec 20 000 euros de dettes.
Oui, le Péché Originel s'est quelque peu transformé, mais il est toujours là, dans les mentalités.
Autre facteur de pression sociale, les droits et devoirs des citoyens (comprenez surtout: devoirs) dont on nous rebat les oreilles lors des périodes électorales, et que l'on demande aux conseillers emplois de dicter aux personnes qui recherchent un emploi.
Nous sommes d'accord, l'assurance chômage fonctionnant sur la base de cotisations de ceux qui travaillent, pour qu'elle tourne, il faut beaucoup plus de gens qui travaillent que de personnes en inactivité. En revanche, à quoi cela sert-il de s'acharner sur une personne ne pouvant retrouver d'emploi parce que l'économie en détruit?
Afin de faire diminuer cette satané pression sociale qui provoque chaque année plus de suicides, j'ai eu l'idée de rajouter un additif à la Déclaration universelle des droits de l'homme. Ce serait une sorte d'article n°3 bis, le n°3 précisant: 
Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.

 Voici à présent l'article dont j'ai eu l'idée:
De la date de sa naissance à celle de sa mort, à aucun moment, l'homme ou la femme ne devra être amené à justifier de sa vie ou de son existence.

Quand je dis "justifier de sa vie ou de son existence", il s'agit bien de la vie ou de l'existence de la personne, non de son mode de vie ou de son mode d'existence.
Cela signifie, dans mon esprit, qu'on ne peut faire d'adéquation entre la valeur d'une vie humaine et le fait, pour la personne détentrice de cette vie humaine, d'exercer ou non une fonction dans la société.
En clair, la vie est plus précieuse que l'emploi, quel qu'il soit. On ne peut pas vous dire: "vous ne faites rien, donc vous êtes pire que personne, vous êtes des parasites".
Si le pouvoir politique désirait appliquer des programmes à grande échelle visant à remplacer des centaines de milliers d'emplois par an par des machines, sachez que ce serait d'ores et déjà possible. Et notamment en ce qui concerne l'industrie du bâtiment.
Ce que n'ont pas prévu les utopistes qui au cours du XXème siècle, rêvaient de remplacer les hommes par des machines, c'est l'attachement des hommes à leurs emplois. C'est cette idée finalement assez perverse selon laquelle l'homme équivaut à sa fonction. 
Donc, je crois qu'il faut trouver une juste mesure avec les emplois que l'on veut conserver (souvent à coups de subventions, puisque de toute façon les machines font la plupart du temps mieux), mais surtout, envisager très sérieusement une bien meilleure redistribution des richesses.
Ne pas oublier, non plus, que si tout le monde avait les moyens de se rendre aux Bahamas, cela provoquerait une catastrophe écologique. Donc, opérer cette redistribution en fonction de l'environnement.

L'urgence pour moi, avec cet article, c'est surtout d'amener à faire diminuer la pression sociale sur l'individu. Parmi les premiers touchés en France, on trouve bien entendu les artistes, dont l'apport et la créativité demeurent, en 2013, très largement dépréciés.
 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on December 22, 2014 08:16

December 17, 2014

[Archive 18 juin 2013] Réactionnaire, l'exception culturelle française ?

José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, a récemment qualifié la France de "réactionnaire" eu égard à sa position à propos de ce qu'il est convenu d'appeler "exception culturelle." De nombreux artistes français, particulièrement dans le cinéma, se sont positionnés pour défendre cette exception. C'est leur droit. Mais cette question fondamentale, il faut le savoir, touche également l'édition, puisque l'exception culturelle française est régulièrement invoquée pour préserver le prix unique des livres, et notamment des livres numériques.
En préambule, on pourrait citer l'écrivain Mario Vargas Llosa : 

« La chose la plus importante que j’ai apprise est que les cultures n’ont pas besoin d’être protégées par les bureaucrates et les forces de police, ou placées derrière des barreaux, ou isolées du reste du monde par des barrières douanières pour survivre et rester vigoureuses. Elles doivent vivre à l’air libre, être exposées aux comparaisons constantes avec d’autres cultures qui les renouvellent et les enrichissent, leur permettant de se développer et de s’adapter au flot constant de la vie. La menace qui pèse sur Flaubert et Debussy ne vient pas des dinosaures de Jurassic Park mais de la bande de petits démagogues et chauvinistes qui parlent de la culture française comme s’il s’agissait d’une momie qui ne peut être retirée de sa chambre parce que l’exposition à l’air frais la ferait se désintégrer. »
Que le système français d'aides et de subventions permette à de nombreux films et festivals d'exister, soit. Au départ, le principe est généreux. Mais comme tout système politique, il est aisément détournable par les grands groupes et leurs lobbies. Rien ne dit que l'exception culturelle française ne permette pas à des producteurs de tourner des émissions de télé-réalité, par exemple.
Rien ne dit que ce système ne permette pas de favoriser certains médias audiovisuels, qui à leur tour aideront les gouvernements en place, de droite ou de gauche.
Là où il devient flagrant que l'exception culturelle conforte la situation de prédominance des grands groupes aux dépens des artistes, c'est bien dans l'édition. Non seulement en France, mais en Allemagne, où le prix unique du livre existe aussi depuis un certain temps, la révolution ebook ne s'est pas réellement produite pour le moment.
Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, en revanche, c'est une toute autre histoire : de nombreux auteurs indépendants vivent à présent de leur plume. Ils sont bien plus nombreux qu'en France à pouvoir en vivre, ou à être en mesure d'opposer un refus aux conditions terriblement injustes - on est dans la servitude moderne - que proposent les grands éditeurs. Certains best-sellers indépendants réussissent même à négocier des conditions décentes, à l'instar de Hugh Howey.
Je suis auteur indépendant. La meilleure aide que pourrait m'apporter le gouvernement serait de ne pas subventionner des grands groupes qui louent des espaces en librairie à l'année. Ce serait de ne pas épauler des grands groupes qui exploitent outrageusement mes pairs. De ne pas favoriser des grands groupes qui prennent les consommateurs pour des vaches à lait, en maintenant des prix de vente outrageusement hauts, notamment en numérique.

Ce serait de favoriser la diversité et la concurrence, y compris dans le milieu culturel.
La culture s'en porterait mieux à mon avis. Quand les aides sont détournées au point de ne favoriser qu'une toute petite minorité de créateurs, elles se mettent à jouer contre la création en général.
 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on December 17, 2014 01:41

December 16, 2014

[Archive 13 janvier 2013] "Je suis devenu trop vieux pour la science-fiction"

J'étais hier en dédicace au Cultura de Claye-Souilly. Cela s'est bien passé, mais le soir, je repensais au nombre de personnes toutes séances confondues qui me disent avec un sourire condescendant : "cela fait bien longtemps que je ne lis plus de la SF (ou de la Fantasy)". Sous-entendu : "je suis bien trop vieux, bien trop mûr, bien trop expérimenté pour en lire à présent, je suis passé à autre chose."   Bien entendu, cela peut être une question de goût. Les goûts peuvent évoluer, et cela ne se discute pas. Bien entendu, je suis le premier à encourager les lecteurs à ne pas s'en tenir à un seul genre littéraire, mais à avoir la curiosité d'explorer d'autres littératures.   On pourrait aussi estimer que ces sourires condescendants ne sont qu'une projection imaginaire de ma part, liée au complexe d'infériorité de l'auteur qui écrit dans les "mauvais genres".   Je ne le crois pas. Je me demande plutôt dans quelle mesure ces personnes ne cèdent pas à une forme de pression de la société qui existe, encore de nos jours en 2013, vis-à-vis de la science-fiction.   La même pression qui pourrait exister, par exemple, pour des lecteurs de comics, de bande dessinées ou de mangas. Celle de se voir catégorisé en tant que "lecteur immature".   Dans ce cas, je suis immature. Et fier de l'être.   Au sujet de la SF, il n'y en a pas une mais plusieurs : hard science fiction, fiction spéculative, space et planet opera, cyberpunk, post-apocalyptique, militaire, steampunk, voyage dans le temps... Des SF en perpétuelle évolution et qui, comme les autres genres littéraires, ne sont pas figés dans le temps mais reflètent l'évolution de la société en même temps que des technologies.   Faire preuve d'éclétisme oui, bien sûr, mais si vous faites réellement preuve d'éclectisme, vous lisez aussi de la SF. Et de la Fantasy. Sans honte, de préférence. Avec les liseuses électroniques, rassurez-vous, personne ne saura de toute façon si vous lisez de la SF, de la littérature érotique ou le dernier traité de philo...   Je n'aurais pas écrit ce billet si je n'avais rencontré hier une personne qui à elle seule a quasiment illuminé ma séance. Un vieux bonhomme dans les soixante-quinze ans.    Une étincelle dans les yeux, il m'a parlé des auteurs de l'âge d'or de la SF, du premier numéro de la revue Fiction (1953) qu'il possède encore, de Jimmy Guieu... Il ne donnait pas l'impression d'être vieux mais jeune. Jeune de sa passion.   Alors oui, quand il m'a pris un exemplaire de mon recueil les Explorateurs, mon ego n'aurait pas davantage été boosté si Robin Hobb m'avait acheté un exemplaire du Souffle d'Aoles.   Mais ce n'était pas seulement une question d'ego. Il m'a redonné de l'espoir. On peut continuer à aimer la SF à 75 ans. On n'était pas aux Jeux Olympiques, mais il m'a transmis la flamme.
 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on December 16, 2014 02:33

December 15, 2014

Offre Kindle Unlimited : une bonne chose, mais pas pour les auteurs autoédités

Depuis peu, l'offre Kindle Unlimited est arrivée en France. Elle permet de télécharger en illimité "plus de 700 000 titres, dont 20 000 en français, pour 9,99 € par mois." Avec en tête de liste des romans comme Harry Potter à l'école des sorciers, de J.K. Rowling, Mémé dans les orties, d'Aurélie Valogne, Troie, de David Gemmel, ou le tout récent Projet Anastasis, de Jacques Vandroux. Une offre très intéressante pour les lecteurs, qui a l'avantage de mettre sur le devant de la scène les ebooks... mais nettement moins intéressante pour les auteurs autoédités.

Sois toi-même ton concurrent le plus féroce, et pour cela, Ne crains pas de chambouler ton propre modèle, tels pourraient être les deux adages suivis par Jeff Bezos, le patron d'Amazon. Qui nous en offre de nouveau une belle illustration avec l'offre Kindle Unlimited (KU). 

Dans la lignée d'offres illimitées comme celles de Netflix pour les films, et de la montée en puissance du streaming (lecture en continu sur Internet) KU a l'avantage de remettre le livre, et l'ebook en particulier, sur le devant de la scène. Le livre n'a en effet jamais été autant concurrencé, que ce soit par les jeux vidéos ou par les films et séries TV, que de nos jours.

En tant qu'amoureux des livres et romans, je me réjouis donc de cette nouvelle perturbation qu'introduit Jeff Bezos dans un univers qui a tendance à un peu trop ronronner. Je m'en réjouis d'autant plus que par contraste, cette offre révèle l'absurdité, et la tendance à la rigidification, causée par la loi sur le prix unique du livre numérique en France.

Certains acteurs, comme le président du Centre National du livre Vincent Monadé, se demandent en effet à juste raison comment une telle offre pourrait être compatible avec cette loi sur le prix unique du livre numérique. Elle ne l'est sans doute pas, mais à mon sens, cela remet davantage en cause cette loi protectionniste et rigide plutôt que cette offre.

Mais Amazon est-il vraiment le précurseur de ce type d'offre? Ou ne vient-il que concurrencer certains services qui existent déjà? Après tout, France Loisirs ne date pas d'hier.

D'autres acteurs réagissent, comme le Tiers livre , avec son pass 20€ pour accéder de manière permanente à l'ensemble de ses ebooks.

Alors pourquoi, alors même qu'en tête d'article, je citais deux romans autoédités, Projet Anastasis , le nouveau thriller de Jacques Vandroux (n°1 de la boutique Kindle à l'heure où j'écris ces lignes) et Mémé dans les Orties d'Aurélie Valognes (n°3 de la boutique Kindle), deux romans qui marchent donc très très fort, pourquoi est-ce que j'ose prétendre que Kindle Unlimited n'est pas favorable aux auteurs indépendants? 

Parce que, pour leur immense majorité, c'est le cas. 

Amazon sait très bien jouer de l'effet marketing que permettent des positions de leader, mais l'immense majorité des auteurs indépendants ne possèdent aucun roman dans le top 100 des livres. Pour avoir son œuvre sur Kindle Unlimited, l'auteur indépendant, contrairement à l'auteur traditionnellement publié, doit rendre disponible en exclusivité ce livre en format numérique sur Amazon. Or, si votre livre ne figure pas dans le top 100, il y a de très fortes chances que vous perdiez de l'argent en ne le rendant pas disponible sur d'autres plates-formes comme Kobo ou Apple. 

Aux Etats-Unis, où l'on possède la distance nécessaire pour juger des effets de Kindle Unlimited, la dernière étude d'Author Earnings , qui date d'octobre 2014, établit exactement cela: dans l'immense majorité des cas pour les auteurs indépendants, à moins de "fonctionner" déjà avec KDP Select (les ebooks en exclusivité chez Amazon), il n'est pas rentable de mettre ses livres sur Kindle Unlimited.

Pire encore, de nombreux auteurs indépendants américains habitués à fonctionner en exclusivité avec Kindle, reconnaissent qu'ils perdent de l'argent avec Kindle Unlimited, y compris l'un des plus ardents défenseurs d'Amazon, l'auteur Joe Konrath (il l'a dit en passant et son billet ne portait pas sur KU, mais tout de même).  Les sommes perçues par les auteurs sont en effet fixes, et encore faut-il que plus de 10% des ebooks aient été lus pour que leurs auteurs perçoivent ces sommes, souvent inférieures au prix habituel du livre lorsqu'il n'était pas présent sur Kindle Unlimited.

L'auteur Jacques Vandroux a déjà laissé un commentaire sur ce blog. S'il accepte de nouveau de le faire, il pourra sans doute témoigner que Kindle Unlimited lui est profitable, et je n'ai aucun doute là-dessus. 

Si Kindle Unlimited n'était pas lié à la notion d'exclusivité, j'aurais moi-même volontiers essayé ce nouveau service pour au moins l'un de mes romans. J'estime en effet qu'il peut amener un regain de visibilité, mais je l'aurais fait à titre expérimental, en étant persuadé que pour moi, auteur dont les ebooks ne figurent jamais dans le top 100, ce service n'apporterait de toute façon pas grand-chose.

Je l'aurais fait parce que mes ventes d'ebooks ne sont pas ce qui me fait vivre, cette année par exemple, j'ai vendu largement plus du double de livres en format papier. 

Et je pense que pour certains éditeurs traditionnels qui le font, comme Mango Jeunesse ou Fleurus , cela peut être un plus. 

Si j'étais éditeur d'une petite maison d'édition et que l'un de mes auteurs soit susceptible d'accrocher le top 100, étant donné qu'il n'y a pas de notion d'exclusivité pour les maisons d'édition, je tenterais le coup avec l'accord de l'auteur en question, bien sûr. 

Est-ce que ce genre d'offre risque d'entraîner une perte de valeur des ebooks, et de renforcer la notion que tout ce qui est numérique doit être gratuit ou presque? Le débat est ouvert, mais je vais tout de même "me mouiller". 

Je pense que la plupart des lecteurs qui adhèrent à ces offres sont des lecteurs voraces ou des curieux, et qu'ils savent pertinemment qu'ils ne bénéficient pas d'un choix aussi large que les autres. Les abonnés de France Loisirs que je rencontre en dédicace savent qu'ils ne retrouveront pas mes livres en catalogue. 

Je pense donc qu'avec ce type d'offre, on développe un autre type de lectorat tout en donnant un coup de projecteur aux livres, et dans l'ensemble, je suis persuadé que c'est favorable au livre en général. 

En tant qu'auteur indépendant, je n'utiliserais néanmoins pas cette formule tant qu'elle se présentera sous cette forme, c'est à dire sous condition d'exclusivité. 

[EDIT] Un premier retour d'expérience de l'auteur Jacques Vandroux pour son roman Projet Anastasis. Jacques a eu la gentillesse de laisser un commentaire sur ce blog (cliquer sur "les plus récents d'abord"). Voir aussi le blog de Jacques, KDP Select or not KDP Select?
Pour les anglophones, un retour d'expérience datant d'Octobre 2014 de l'auteur K. Matthew. Je n'avais pas lu l'article auparavant, mais ses conclusions rejoignent en grande partie les miennes. Avec un ajout de taille, tout de même: Kindle Unlimited peut être intéressant pour les histoires courtes (nouvelles).
 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on December 15, 2014 10:22

December 12, 2014

[Archive 11 décembre 2012] Quand le net devient un véritable outil de partage

Vous avez remarqué à quel point Internet devient interconnecté? Avec, par exemple, des sites comme Facebook qui vous permettent de vous connecter à de nombreux autres sites sans changer de mot de passe. Cela devient d'autant plus intéressant pour les auteurs quand cette interconnexion peut permettre de relier votre livre sur Babelio à votre page de vente Amazon, sans que vous n'ayez eu aucune intervention à faire. Et l'intérêt se démultiplie encore avec les fonctions de partage d'extraits de livres sur les réseaux sociaux des nouvelles liseuses à base d'encre électronique.
 
Oui, cela a été une bonne surprise pour moi de voir les pages de mes livres sur Babelio se doter, non seulement de boutons Facebook et Twitter où tout un chacun peut "cliquer son intérêt" pour les ouvrages en question, mais aussi de boutons de partage vers une adresse mail ou même un blog - avec dans ce dernier cas le code HTML de la page du livre Babelio à recopier dans votre billet. Ce à quoi il faut ajouter, bien sûr, le bouton d'achat vers la page Amazon de mes ebooks et livres papier.
 
Tout cela sans mon intervention. Il a bien sûr fallu que je me crée un profil Babelio et que je référence mes livres, mais ensuite, les pages ont évolué "toutes seules". C'est une bonne surprise parce que l'aspect promotionnel sur internet est une sorte de gouffre où l'on a le plus souvent l'impression de perdre son temps.
 
Babelio a d'ailleurs bien progressé, devenant un réseau social du livre convivial et dynamique, avec une sélection très rapide des titres que vous avez lu, la possibilité de les noter (et, comme on a vu, de les partager), un quizz sur les ouvrages qui apparaît sur la page d'accueil, des critiques et appréciations, et même des vidéos (interviews d'auteur notamment). Bref, tout ce qu'il faut pour les vrais mordus des livres, en évitant les myriades de gadgets inutiles de Facebook.
 
Tout cela est donc excellent pour les lecteurs et les auteurs. Avec un bémol, toutefois, c'est que les ventes, quant à elles, se font malgré tout rarement toutes seules.
 
En fait, plus je progresse dans ma connaissance des outils promotionnels, plus je me rends compte que chez certains auteurs, lesquels ne font en cela qu'imiter les éditeurs, l'amélioration des ventes est un jeu de pouvoir et d'influence. Il faut se créer une base de "fans", de "vrais lecteurs", et, en quelque sorte, les instrumentaliser en leur envoyant des livres ou ebooks, à condition qu'ils rédigent des commentaires sur les différents sites de vente sur le net au moment de (ou même avant) la parution de l'ouvrage.
 
On se retrouve ainsi avec de nombreux commentaires, sur les sites en question, qui ne représentent finalement que ces "groupes de pression", du moins dans un premier temps. Une tradition qui nous vient, comme je le disais, des éditeurs.
 
On peut aussi, à un niveau corporatiste, pour un groupe d'auteurs ou d'éditeurs, tout miser sur une seule identité d'un commentateur internet, afin de le faire monter en crédibilité auprès du public. Je n'explique pas autrement les 28 000 commentaires et plus d'Harriet Klausner sur Amazon. A ce sujet, il serait grand temps que les sites de ventes signalent quand un commentaire a été rémunéré, en nature (livre ou ebook) ou par virement. Question d'honnêteté.
 
Ces aspects promotionnels seraient, je dois dire, plutôt de nature à me dégoûter par rapport à mon statut d'auteur qu'à m'encourager à l'écriture. Je les comprends (il faut bien faire bouillir la marmite) sans pour autant les accepter.
 
Heureusement, il y a aussi des auteurs qui réussissent à percer sans mettre sur pied ces groupes de pression. Et puis il y a la passion de la lecture, qui doit de toute façon nous relier au public. Et justement, les fonctions de partage des dernières liseuses électroniques, ou derniers lecteurs d'ebooks, comme on veut, ouvrent des perspectives aux lecteurs.
 
Je viens d'acquérir une liseuse Kindle Paperwhite. Il est possible d'y partager un livre (lien d'achat) sur Facebook et Twitter, mais aussi des passages d'un livre, qui peuvent représenter plus d'une page. On peut y ajouter un message d'une centaine de caractères au maximum. Dommage que cela ne soit pas (encore ?) relié à des sites comme Babelio.
 
Dictionnaire intégré, possibilités de traduction d'une langue à l'autre de certains mots (à condition d'être en mode connecté), recherche de termes sur un ou plusieurs volumes (mode déconnecté ou connecté sur le cloud) ou sur Wikipédia (connecté), les possibilités de la Paperwhite n'ont plus rien en commun avec les premières générations d'ebooks.
 
Le goût de lire s'en trouve stimulé, et on peut espérer qu'à l'avenir, il soit de plus en plus facile de découvrir et d'apprécier de nouveaux auteurs.
 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on December 12, 2014 06:54