Alan Spade's Blog, page 26
January 6, 2016
Auteurs : sommes-nous les pires fraudeurs ?
D'après les statistiques de l'Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (Alpa), un internaute sur trois a consulté pendant l'été 2015 au moins une fois par mois un site illégal. En élargissant la question au téléchargement illégal dans son ensemble, j'ai eu l'intuition que nous autres, les auteurs, pourrions bien être ceux qui téléchargent illégalement le plus fréquemment.
A noter que l'article que j'ai cité est fortement critiqué par la plupart des commentateurs du site, et notamment cette notion de "site illégal", par trop floue.
Malgré le bien-fondé de ces critiques, l'une des réactions en commentaire m'a parue révélatrice d'un certain état d'esprit: Quant à l'idée de dire que certains on les moyens de payer, oui bien sur que j'ai les moyens, mais payer un film 5€ ou meme 2€50 je suis désolé hein mais faut arreter les conneries!!!
Est-ce à dire que le fait d'avoir été habitué à regarder et enregistrer des films pour les revoir aurait créé une sorte de "droit au téléchargement illégal"? Une sorte de droit d'usage, parce que cela se fait et que l'on doit pouvoir continuer à le faire? Pour tous les films, y compris ceux qui ne sont pas encore diffusés sur les chaînes?
Ou bien est-ce une réaction au prix de places de cinéma à 9€? Au fait de ne pas vouloir repayer pour du déjà vu? Auquel cas, ça ne s'appliquerait que pour les films déjà vus au cinéma.
On peut en tout cas voir au travers de cette réaction à quel point la notion d'éducation au numérique peut être importante dès lors qu'il s'agit de l'utilisation d'Internet dans notre vie quotidienne.
Maintenant, pourquoi est-ce que j'ai l'intuition que nous, les auteurs, faisons partie de ceux qui téléchargent le plus illégalement? Après réflexion, plusieurs pistes se dégagent:
1) Le niveau de revenu: même si l'étude de l'Alpa précise que 46% de ceux qui ont recours à ces sites illégaux gagnent entre 27 000 et 54 000 euros par an, même si, à titre personnel, je connais un cadre sup gagnant plus de 3000 euros par mois qui télécharge autant qu'il le peut, un faible niveau de revenu me semble de nature à inciter à recourir plus fréquemment au téléchargement illégal. Or, les auteurs ne sont pas connus, dans leur immense majorité, pour bien gagner leur vie.
2) L'ego: je peux témoigner à titre personnel avoir un ego plus développé que la moyenne, et je pense que de nombreux auteurs partagent ce trait. Quand vous avez de l'ego, l'égoïsme n'est pas loin derrière. Nous pouvons nous croire dispensés des règles que nous voudrions voir appliquées par d'autres, dès lors qu'il s'agit de nos propres écrits. Simplement parce que nous le valons bien, n'est-ce pas. Notre nombril. Notre pomme, avant tout.
3) Nous baignons dans le milieu de la culture: et nous ne voulons pas d'entrave, surtout avec les moyens de téléchargement de plus en plus puissants, comme la fibre. En tant que participants à la création, nous estimons que notre travail est déjà un moyen de la rémunérer, et donc, que nous sommes dispensés de le faire par nous-mêmes.
4) Le manque d'empathie: la célèbre phrase de Confucius, ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse, nous l'avons désapprise à force d'individualisme, de rester seuls devant nos écrans. Les gens que nous voyons sur Internet ne sont par réellement proches de nous. Loin des yeux, loin du cœur.
5) Nos pulsions l'emportent sur notre raison: nous sommes, à la base, des animaux, et il nous reste beaucoup de cette héritage. Nous avons le pouvoir, et nous en profitons, bordel! Ces pulsions sont renforcées par notre ego, et l'effet cumulatif devient plus important que pour la moyenne de la population.
6) Nous nous donnons parfois de mauvaises raisons: en estimant par exemple que les biens numériques veulent être libres et gratuits .
Tous ces différents facteurs viennent contrebalancer la seule raison et le bon sens: lorsque nous réfléchissons à l'aspect économique des choses, nous savons qu'il y a des milliers d'auteurs, des auteurs qui sont souvent des lecteurs. Et encore, je ne parle que de ceux qui sont publiés sur Amazon. Si l'on va en dehors, on devrait plutôt parler de millions d'auteurs-lecteurs, uniquement en France.
Si leur soif de lecture, à ces auteurs/lecteurs, se traduisait plus souvent par des achats, des achats par exemple d'ebook à moindre coût, tous les auteurs en seraient bénéficiaires.
Je pense ne jamais m'être plaint en tant qu'auteur d'avoir eu mes œuvres sur des sites de téléchargement illégaux. Je n'ai jamais essayé de faire fermer ce type de site, parce que j'estime que c'est du temps perdu - ce n'est pas le bon combat.
En revanche, j'ai observé à de très nombreuses reprises des auteurs se plaindre de voir leurs œuvres sur ces sites. Ces auteurs n'ont-ils jamais téléchargé illégalement? Vraiment? Pas un seul, sur les centaines que je vois se plaindre sur Facebook?
N'y a-t-il pas de l'hypocrisie à se plaindre à propos du piratage, lorsqu'on télécharge soi-même illégalement de la musique, des jeux vidéo, des films, ou même de l'ebook?
Regardons-nous bien en face dans le miroir, et demandons-nous si l'ennemi, ce ne serait pas nous-même.
Nous nous plaignons de ne pas vendre assez de livres papier, mais nous-mêmes achetons tous nos livres dans des boutiques de revendeurs de livres usés. Est-ce que nous ignorons que nos collègues auteurs ne toucheront pas un centime sur un livre d'occasion?
Nous nous plaignons de voir nos revenus de vente d'ebook baisser, au profit des prêts Kindle Unlimited. Mais nous-mêmes sommes inscrits à Kindle Unlimited , et nous n'achetons jamais l'un des ebooks que nous empruntons via ce service.
Dans le miroir, je vous dis. J'ai utilisé le "nous" à dessein, parce que je ne m'estime pas au-dessus du lot. Certes, j'essaye d'acheter des ebooks quand je le peux et je ne suis pas inscrit à KU, ni en tant qu'auteur ni en tant que lecteur, mais il m'est déjà arrivé d'accepter des fichiers téléchargés illégalement par des amis ou des collègues. Y compris des ebooks.
J'ai aussi conscience que le budget de chacun est limité. Et je sympathise avec les auteurs dans le besoin. Ce qui me gêne vraiment aux entournures, ce sont les gens qui ont un budget culture de zéro euro, parce qu'ils estiment que c'est un acquis, que tous les biens culturels leur sont dus.
Cela, et le fait que les auteurs se tirent à ce point des balles dans le pied à force d'égoïsme...
Balayons chacun devant nos portes, en cette année 2016. Eduquons-nous , éduquons nos enfants. Peace.
A noter que l'article que j'ai cité est fortement critiqué par la plupart des commentateurs du site, et notamment cette notion de "site illégal", par trop floue.
Malgré le bien-fondé de ces critiques, l'une des réactions en commentaire m'a parue révélatrice d'un certain état d'esprit: Quant à l'idée de dire que certains on les moyens de payer, oui bien sur que j'ai les moyens, mais payer un film 5€ ou meme 2€50 je suis désolé hein mais faut arreter les conneries!!!
Est-ce à dire que le fait d'avoir été habitué à regarder et enregistrer des films pour les revoir aurait créé une sorte de "droit au téléchargement illégal"? Une sorte de droit d'usage, parce que cela se fait et que l'on doit pouvoir continuer à le faire? Pour tous les films, y compris ceux qui ne sont pas encore diffusés sur les chaînes?
Ou bien est-ce une réaction au prix de places de cinéma à 9€? Au fait de ne pas vouloir repayer pour du déjà vu? Auquel cas, ça ne s'appliquerait que pour les films déjà vus au cinéma.
On peut en tout cas voir au travers de cette réaction à quel point la notion d'éducation au numérique peut être importante dès lors qu'il s'agit de l'utilisation d'Internet dans notre vie quotidienne.
Maintenant, pourquoi est-ce que j'ai l'intuition que nous, les auteurs, faisons partie de ceux qui téléchargent le plus illégalement? Après réflexion, plusieurs pistes se dégagent:
1) Le niveau de revenu: même si l'étude de l'Alpa précise que 46% de ceux qui ont recours à ces sites illégaux gagnent entre 27 000 et 54 000 euros par an, même si, à titre personnel, je connais un cadre sup gagnant plus de 3000 euros par mois qui télécharge autant qu'il le peut, un faible niveau de revenu me semble de nature à inciter à recourir plus fréquemment au téléchargement illégal. Or, les auteurs ne sont pas connus, dans leur immense majorité, pour bien gagner leur vie.
2) L'ego: je peux témoigner à titre personnel avoir un ego plus développé que la moyenne, et je pense que de nombreux auteurs partagent ce trait. Quand vous avez de l'ego, l'égoïsme n'est pas loin derrière. Nous pouvons nous croire dispensés des règles que nous voudrions voir appliquées par d'autres, dès lors qu'il s'agit de nos propres écrits. Simplement parce que nous le valons bien, n'est-ce pas. Notre nombril. Notre pomme, avant tout.
3) Nous baignons dans le milieu de la culture: et nous ne voulons pas d'entrave, surtout avec les moyens de téléchargement de plus en plus puissants, comme la fibre. En tant que participants à la création, nous estimons que notre travail est déjà un moyen de la rémunérer, et donc, que nous sommes dispensés de le faire par nous-mêmes.
4) Le manque d'empathie: la célèbre phrase de Confucius, ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse, nous l'avons désapprise à force d'individualisme, de rester seuls devant nos écrans. Les gens que nous voyons sur Internet ne sont par réellement proches de nous. Loin des yeux, loin du cœur.
5) Nos pulsions l'emportent sur notre raison: nous sommes, à la base, des animaux, et il nous reste beaucoup de cette héritage. Nous avons le pouvoir, et nous en profitons, bordel! Ces pulsions sont renforcées par notre ego, et l'effet cumulatif devient plus important que pour la moyenne de la population.
6) Nous nous donnons parfois de mauvaises raisons: en estimant par exemple que les biens numériques veulent être libres et gratuits .
Tous ces différents facteurs viennent contrebalancer la seule raison et le bon sens: lorsque nous réfléchissons à l'aspect économique des choses, nous savons qu'il y a des milliers d'auteurs, des auteurs qui sont souvent des lecteurs. Et encore, je ne parle que de ceux qui sont publiés sur Amazon. Si l'on va en dehors, on devrait plutôt parler de millions d'auteurs-lecteurs, uniquement en France.
Si leur soif de lecture, à ces auteurs/lecteurs, se traduisait plus souvent par des achats, des achats par exemple d'ebook à moindre coût, tous les auteurs en seraient bénéficiaires.
Je pense ne jamais m'être plaint en tant qu'auteur d'avoir eu mes œuvres sur des sites de téléchargement illégaux. Je n'ai jamais essayé de faire fermer ce type de site, parce que j'estime que c'est du temps perdu - ce n'est pas le bon combat.
En revanche, j'ai observé à de très nombreuses reprises des auteurs se plaindre de voir leurs œuvres sur ces sites. Ces auteurs n'ont-ils jamais téléchargé illégalement? Vraiment? Pas un seul, sur les centaines que je vois se plaindre sur Facebook?
N'y a-t-il pas de l'hypocrisie à se plaindre à propos du piratage, lorsqu'on télécharge soi-même illégalement de la musique, des jeux vidéo, des films, ou même de l'ebook?
Regardons-nous bien en face dans le miroir, et demandons-nous si l'ennemi, ce ne serait pas nous-même.
Nous nous plaignons de ne pas vendre assez de livres papier, mais nous-mêmes achetons tous nos livres dans des boutiques de revendeurs de livres usés. Est-ce que nous ignorons que nos collègues auteurs ne toucheront pas un centime sur un livre d'occasion?
Nous nous plaignons de voir nos revenus de vente d'ebook baisser, au profit des prêts Kindle Unlimited. Mais nous-mêmes sommes inscrits à Kindle Unlimited , et nous n'achetons jamais l'un des ebooks que nous empruntons via ce service.
Dans le miroir, je vous dis. J'ai utilisé le "nous" à dessein, parce que je ne m'estime pas au-dessus du lot. Certes, j'essaye d'acheter des ebooks quand je le peux et je ne suis pas inscrit à KU, ni en tant qu'auteur ni en tant que lecteur, mais il m'est déjà arrivé d'accepter des fichiers téléchargés illégalement par des amis ou des collègues. Y compris des ebooks.
J'ai aussi conscience que le budget de chacun est limité. Et je sympathise avec les auteurs dans le besoin. Ce qui me gêne vraiment aux entournures, ce sont les gens qui ont un budget culture de zéro euro, parce qu'ils estiment que c'est un acquis, que tous les biens culturels leur sont dus.
Cela, et le fait que les auteurs se tirent à ce point des balles dans le pied à force d'égoïsme...
Balayons chacun devant nos portes, en cette année 2016. Eduquons-nous , éduquons nos enfants. Peace.
Published on January 06, 2016 05:02
January 1, 2016
Top 10 des articles les plus utiles de ce blog
Mon but en créant ce blog était avant tout de me créer une plate-forme à des fins promotionnelles. Cela peut se comprendre, je suis auteur. Mais je désirais aussi que d'autres puissent y découvrir les articles que j'aurais aimé trouver, moi, en tant qu'auteur à mes débuts. Pour ne pas tomber dans des embûches. Pour me faire gagner du temps. Pour apprendre. Voici donc regroupés les 10 articles qui sont à mon sens les plus utiles pour un auteur, sur les 118 que comporte ce blog. J'en profite bien sûr pour vous souhaiter mes meilleurs vœux, et une excellente année 2016!
Si ce sont des articles pratiques et des tutoriels qui occupent la plus grande partie de ce top 10, c'est parce que ce sont les articles qui ont été les plus commentés, les plus vus et ont donc eu le plus d'impact auprès des lecteurs de ce blog, qui sont en grande majorité des auteurs.
Le combat que je mène depuis un certain temps, celui de prouver, par l'exemple, que l'autoédition est un meilleur choix que l'édition traditionnelle pour un auteur (à l'exception des quelques bestsellers déjà en place dans les grosses maisons) me semble gagné, c'est pourquoi les articles théoriques qui peuvent guider un auteur par rapport au choix entre l'édition traditionnelle et l'autoédition n'interviennent qu'en deuxième partie de classement.
Quand je dis que le combat de l'autoédition me semble gagné, il ne faut pas comprendre que c'est un acquis définitif: chaque nouveau livre autoédité doit bien sûr continuer à faire la preuve qu'il est aussi réussi, sur la forme comme sur le fond, sinon meilleur qu'un livre traditionnellement édité. Il faut continuer à se retrousser les manches pour chaque livre, cela va de soi.
Mais disons que je serais très surpris qu'un auteur puisse fonder son opinion sur la seule lecture de ce blog. Les sources d'information sont tellement diverses et variées de nos jours que je ne peux prétendre, au mieux, qu'être un facilitateur de choix pour une fraction infime d'auteurs.
Disons que si vous êtes vraiment sérieux par rapport à l'écriture, si vous avez réfléchi à la masse de travail que représente un livre, si vous vous êtes rendu(e) compte que vous n'aviez qu'une chance sur mille d'être sélectionné par une maison d'édition, si vous avez compris que cette maison ne publiera votre livre qu'un an ou deux après l'avoir sélectionné, si vous savez que les maisons d'édition ont tendance à mettre en avant en priorité leurs auteurs phares en termes de marketing, si vous avez, finalement, calculé que votre livre n'aura qu'une chance sur mille de rester plus de trois mois en librairie une fois traditionnellement publié, vous en aurez déduit logiquement que la démarche d'envoyer votre manuscrit à un éditeur ne portera ses fruits que dans un cas sur un million.
Et si vous avez de l'expérience dans le domaine de l'écriture, vous n'aurez peut-être pas envie de jouer au loto avec quelque chose qui vous a demandé autant de travail, non?
L'article qui occupe le premier rang dans le classement est un article concernant l'impression à la demande, et ce n'est évidemment pas sans raison eu égard à mon parcours personnel. Malgré son ancienneté, il garde toute son actualité.
J'estime en effet que les marges dégagées par l'impression à la demande sont plus importantes que celles de l'ebook, et selon cette logique, un auteur aura plus de chances d'en vivre en vendant moins de livres.
Mais je concède volontiers que l'impression à la demande est aussi ce qui va demander le plus de travail. Je n'oublie pas que 95% des ventes sur le papier viennent dans mon cas personnel des séances de dédicace indiquées en colonne de droite de ce blog.
Vous êtes libres d'effectuer votre propre classement. Mon évaluation est forcément subjective, car tirée de mon parcours personnel. D'autres expériences seront entièrement différentes.
Si vous êtes auteur et que ce blog vous a aidé à un moment ou à un autre, que vous vous souveniez d'un article en particulier ou non, je vous invite à laisser un commentaire au bas de ce post. N'hésitez pas à poster des liens vers vos articles préférés, s'il y en a!
1. Mon expérience avec Createspace... et Cyberscribe/Ediweb
2. Les étapes de la création d'un ebook 1ère partie
3. Les étapes de la création d'un ebook 2ème partie
4. Retour sur une promo réussie, ou comment les pubs Facebook m'ont donné le coup de pouce nécessaire au moment d'une promo négociée avec la plate-forme Kobo/La Fnac
5. Mon point de vue sur les corrections et réécritures en externe
6. Traduction de romans: attention, terrain miné!
7. Bilan 2010 à 2014, année par année
8. Un rêve, cela peut coûter cher
9. L'illusion de la "diffusion/distribution universelle"
10. Le dépôt-vente en librairie
Comme je suis un grand rebelle et que je me sens à l'étroit dans ces dix articles, je rajoute l'un des articles qui explique le mieux ma position par rapport à l'édition traditionnelle, Une industrie de sommet de pyramide .
Si ce sont des articles pratiques et des tutoriels qui occupent la plus grande partie de ce top 10, c'est parce que ce sont les articles qui ont été les plus commentés, les plus vus et ont donc eu le plus d'impact auprès des lecteurs de ce blog, qui sont en grande majorité des auteurs.
Le combat que je mène depuis un certain temps, celui de prouver, par l'exemple, que l'autoédition est un meilleur choix que l'édition traditionnelle pour un auteur (à l'exception des quelques bestsellers déjà en place dans les grosses maisons) me semble gagné, c'est pourquoi les articles théoriques qui peuvent guider un auteur par rapport au choix entre l'édition traditionnelle et l'autoédition n'interviennent qu'en deuxième partie de classement.
Quand je dis que le combat de l'autoédition me semble gagné, il ne faut pas comprendre que c'est un acquis définitif: chaque nouveau livre autoédité doit bien sûr continuer à faire la preuve qu'il est aussi réussi, sur la forme comme sur le fond, sinon meilleur qu'un livre traditionnellement édité. Il faut continuer à se retrousser les manches pour chaque livre, cela va de soi.
Mais disons que je serais très surpris qu'un auteur puisse fonder son opinion sur la seule lecture de ce blog. Les sources d'information sont tellement diverses et variées de nos jours que je ne peux prétendre, au mieux, qu'être un facilitateur de choix pour une fraction infime d'auteurs.
Disons que si vous êtes vraiment sérieux par rapport à l'écriture, si vous avez réfléchi à la masse de travail que représente un livre, si vous vous êtes rendu(e) compte que vous n'aviez qu'une chance sur mille d'être sélectionné par une maison d'édition, si vous avez compris que cette maison ne publiera votre livre qu'un an ou deux après l'avoir sélectionné, si vous savez que les maisons d'édition ont tendance à mettre en avant en priorité leurs auteurs phares en termes de marketing, si vous avez, finalement, calculé que votre livre n'aura qu'une chance sur mille de rester plus de trois mois en librairie une fois traditionnellement publié, vous en aurez déduit logiquement que la démarche d'envoyer votre manuscrit à un éditeur ne portera ses fruits que dans un cas sur un million.
Et si vous avez de l'expérience dans le domaine de l'écriture, vous n'aurez peut-être pas envie de jouer au loto avec quelque chose qui vous a demandé autant de travail, non?
L'article qui occupe le premier rang dans le classement est un article concernant l'impression à la demande, et ce n'est évidemment pas sans raison eu égard à mon parcours personnel. Malgré son ancienneté, il garde toute son actualité.
J'estime en effet que les marges dégagées par l'impression à la demande sont plus importantes que celles de l'ebook, et selon cette logique, un auteur aura plus de chances d'en vivre en vendant moins de livres.
Mais je concède volontiers que l'impression à la demande est aussi ce qui va demander le plus de travail. Je n'oublie pas que 95% des ventes sur le papier viennent dans mon cas personnel des séances de dédicace indiquées en colonne de droite de ce blog.
Vous êtes libres d'effectuer votre propre classement. Mon évaluation est forcément subjective, car tirée de mon parcours personnel. D'autres expériences seront entièrement différentes.
Si vous êtes auteur et que ce blog vous a aidé à un moment ou à un autre, que vous vous souveniez d'un article en particulier ou non, je vous invite à laisser un commentaire au bas de ce post. N'hésitez pas à poster des liens vers vos articles préférés, s'il y en a!
1. Mon expérience avec Createspace... et Cyberscribe/Ediweb
2. Les étapes de la création d'un ebook 1ère partie
3. Les étapes de la création d'un ebook 2ème partie
4. Retour sur une promo réussie, ou comment les pubs Facebook m'ont donné le coup de pouce nécessaire au moment d'une promo négociée avec la plate-forme Kobo/La Fnac
5. Mon point de vue sur les corrections et réécritures en externe
6. Traduction de romans: attention, terrain miné!
7. Bilan 2010 à 2014, année par année
8. Un rêve, cela peut coûter cher
9. L'illusion de la "diffusion/distribution universelle"
10. Le dépôt-vente en librairie
Comme je suis un grand rebelle et que je me sens à l'étroit dans ces dix articles, je rajoute l'un des articles qui explique le mieux ma position par rapport à l'édition traditionnelle, Une industrie de sommet de pyramide .
Published on January 01, 2016 10:42
December 8, 2015
Mon point de vue sur les corrections et réécritures en externe
Mine de rien, le fait de voir son livre réécrit et amélioré par une maison d'édition, cette idée de franchir un ou plusieurs "paliers de qualité", constitue toujours un facteur de motivation non négligeable pour de nombreux auteurs... et donc, une partie du "fonds de commerce" des maisons d'édition. Quant aux auteurs indépendants dont je fais partie, rien ne nous empêche bien sûr d'externaliser nos corrections. Mais quelle attitude, point de vue et méthode peut-on adopter dès lors qu'il s'agit de corrections?
A l'époque où je travaillais en tant que rédacteur, puis chef de rubrique jeux vidéo pour le magazine PC Team, au début des années 2000, nous avions un secrétaire de rédaction qui faisait plus que de la retouche d'article: souvent au grand dam de notre directeur de publication, il s'engageait dans la réécriture complète de certains articles, et partielle de tous les articles. Entraînant des retards de publication qui faisaient grincer des dents.
Le but? Créer une véritable empreinte éditoriale permettant de dire que tel ou tel article relève d'une entité collective. Une entité collective appelée PC Team à l'époque.
Mes articles n'étaient jamais entièrement réécrits, mais déjà à l'époque, je trouvais ces retouches souvent agaçantes.
Je savais qu'une partie de l'identité de l'individu vient de sa manière de dire le monde, de l'exprimer, et je ressentais dans mes tripes cette dilution de l'identité individuelle au moment de l'intégration de cette entité collective, de cette fameuse ligne éditoriale du magazine.
Lorsque j'ai été amené à quitter PC Team (pour d'autres raisons que celle-ci, je pensais avoir une opportunité ailleurs qui ne s'est pas concrétisée), je me suis mis à rechercher un poste entre deux piges.
L'une de mes pistes m'a amené à une légère réorientation: j'ai postulé pour un poste de secrétaire de rédaction. Mon expérience chez PC Team m'avait déjà conduit à avoir une opinion bien arrêtée sur la réécriture. Ainsi, j'expliquai lors de mon entretien d'embauche ma philosophie, qui serait de respecter au maximum la pensée originale de l'auteur et son style d'écriture, en allégeant les retouches.
Il s'est trouvé que le recruteur recherchait exactement l'inverse, donc l'entretien n'a pas débouché sur un emploi.
Je ne suis pas sûr, avec le recul, qu'il se soit agi d'un échec. Cette affirmation de l'importance de l'auteur portait en germe celui que j'allais devenir, et en particulier, l'auteur indépendant qui était en moi. Ce que le recruteur avait refusé était l'affirmation de mon identité profonde. J'avais tout à gagner à la défendre, et tout à perdre à la renier.
Même en ayant été publié entre 2009 et 2011 par une micro maison d'édition, je n'ai jamais travaillé avec un éditeur pratiquant les corrections et la réécriture. Pour autant, je sais que nous développons parfois le fantasme du Guy de Maupassant ou du Victor Hugo qui, en tant que correcteur dans une maison d'édition, va permettre à notre manuscrit de franchir un ou plusieurs paliers, nous élevant au niveau des plus grands noms.
J'ai aussi fait partie de ceux qui pensent que le simple fait de travailler aux côtés de grands pros va nous aider à nous améliorer. A peu près tous les auteurs souffrent, à des degrés divers, d'un complexe de légitimité de leurs écrits. Stephen King lui-même souffre de ne pas avoir intégré certains cénacles d'écrivains, s'il faut en croire l'auteur Kristine Kathryn Rusch (désolé, je n'ai pas le lien vers l'article exact où elle en parlait).
Et il est vrai que travailler avec d'autres auteurs peut vous aider à vous améliorer, à partir du moment où les critiques sont constructives et ne visent pas à imposer un point de vue, j'allais dire un égo, sur un autre. En ce sens, les forums d'entraide entre auteurs peuvent être d'une aide infiniment précieuse.
J'ai moi-même un jour donné des conseils d'écriture à un de mes pairs, mais je me suis aperçu en voulant le faire à fond que c'était en réalité mon point de vue que j'essayais d'imposer sur le sien. Ma manière de dire les choses. Faute de pouvoir définir une frontière nette entre ce qui relevait de ma personnalité et une correction entièrement neutre et objective, j'ai décidé de ne plus jamais recommencer l'expérience.
Si je me méfie de moi-même en tant qu'auteur-correcteur, vous pensez bien que je me méfie de n'importe quel auteur qui pratique des corrections, qu'il le fasse de manière indépendante ou au sein d'une maison d'édition.
Et je ne parle pas que des grosses maisons d'édition. J'ai récemment appris de source sûre qu'une petite maison que je connais, mais uniquement de l'extérieur, réécrivait des chapitres entiers de livres. Peut-être les maisons qui agissent ainsi devraient-elles se mettre en relation avec des spécialistes en développement personnel.
Encourage-t-on vraiment l'éclosion d'une vraie personnalité, d'une vraie voix en remodelant à tout bout de champ de manière autoritaire? Je ne le crois pas.
S'il est une chose essentielle si l'on veut savoir écrire, c'est de savoir lire. Mon style d'auteur, c'est au travers de mes lectures que je l'ai développé. Par agrégation ou rejet. Des choix personnels, à chaque fois. Qui reflètent l'homme que je suis.
Pour autant, je ne conseille absolument pas aux auteurs de tout faire tout seul. Une vision extérieure sur nos écrits reste indispensable, à la fois sur la forme et sur le fond. Pour des problèmes d'orthographe, de grammaire, de syntaxe, mais aussi de logique, de cohérence, de rythme, de prévisibilité de l'intrigue. De bon sens.
Il existe de nombreux paramètres qui sont objectifs et qui vont nous permettre d'améliorer notre prose.
Ma méthode pour tout ce qui est intrigue et développement de fond d'une histoire consiste à la soumettre à un ou plusieurs lecteur(s) de bon sens, mais pas à un auteur. Il faut bien évidemment connaître la ou les personnes, et la notion de confiance est ici fondamentale.
Pour les problèmes de forme, un logiciel comme Antidote est un outil précieux, à condition d'en identifier les limitations. Cela ne dispense pas de faire appel à un professionnel, mais là encore, attention, car la forme est souvent indissociable du fond.
Si par exemple, à cause d'un problème de syntaxe, la personne qui vous corrige vous suggère une nouvelle phrase, rien n'empêche de faire une ou plusieurs contre-propositions, sous forme de commentaires en renvoyant le texte.
Si vous faites comme moi une traduction de votre propre livre, vous pouvez même prendre les devants en proposant plusieurs expressions et tournures possibles sous la forme de commentaires, afin d'être certain que le sens que vous souhaitez sera présent au final.
C'est l'un des plus grands avantages de l'autoédition: c'est vous qui de toute façon aurez le dernier mot. Et dites-vous bien une chose, c'est que l'écriture ne sera jamais une science aussi exacte que les mathématiques.
C'est bien plus organique que cela. Et c'est tant mieux.
A l'époque où je travaillais en tant que rédacteur, puis chef de rubrique jeux vidéo pour le magazine PC Team, au début des années 2000, nous avions un secrétaire de rédaction qui faisait plus que de la retouche d'article: souvent au grand dam de notre directeur de publication, il s'engageait dans la réécriture complète de certains articles, et partielle de tous les articles. Entraînant des retards de publication qui faisaient grincer des dents.
Le but? Créer une véritable empreinte éditoriale permettant de dire que tel ou tel article relève d'une entité collective. Une entité collective appelée PC Team à l'époque.
Mes articles n'étaient jamais entièrement réécrits, mais déjà à l'époque, je trouvais ces retouches souvent agaçantes.
Je savais qu'une partie de l'identité de l'individu vient de sa manière de dire le monde, de l'exprimer, et je ressentais dans mes tripes cette dilution de l'identité individuelle au moment de l'intégration de cette entité collective, de cette fameuse ligne éditoriale du magazine.
Lorsque j'ai été amené à quitter PC Team (pour d'autres raisons que celle-ci, je pensais avoir une opportunité ailleurs qui ne s'est pas concrétisée), je me suis mis à rechercher un poste entre deux piges.
L'une de mes pistes m'a amené à une légère réorientation: j'ai postulé pour un poste de secrétaire de rédaction. Mon expérience chez PC Team m'avait déjà conduit à avoir une opinion bien arrêtée sur la réécriture. Ainsi, j'expliquai lors de mon entretien d'embauche ma philosophie, qui serait de respecter au maximum la pensée originale de l'auteur et son style d'écriture, en allégeant les retouches.
Il s'est trouvé que le recruteur recherchait exactement l'inverse, donc l'entretien n'a pas débouché sur un emploi.
Je ne suis pas sûr, avec le recul, qu'il se soit agi d'un échec. Cette affirmation de l'importance de l'auteur portait en germe celui que j'allais devenir, et en particulier, l'auteur indépendant qui était en moi. Ce que le recruteur avait refusé était l'affirmation de mon identité profonde. J'avais tout à gagner à la défendre, et tout à perdre à la renier.
Même en ayant été publié entre 2009 et 2011 par une micro maison d'édition, je n'ai jamais travaillé avec un éditeur pratiquant les corrections et la réécriture. Pour autant, je sais que nous développons parfois le fantasme du Guy de Maupassant ou du Victor Hugo qui, en tant que correcteur dans une maison d'édition, va permettre à notre manuscrit de franchir un ou plusieurs paliers, nous élevant au niveau des plus grands noms.
J'ai aussi fait partie de ceux qui pensent que le simple fait de travailler aux côtés de grands pros va nous aider à nous améliorer. A peu près tous les auteurs souffrent, à des degrés divers, d'un complexe de légitimité de leurs écrits. Stephen King lui-même souffre de ne pas avoir intégré certains cénacles d'écrivains, s'il faut en croire l'auteur Kristine Kathryn Rusch (désolé, je n'ai pas le lien vers l'article exact où elle en parlait).
Et il est vrai que travailler avec d'autres auteurs peut vous aider à vous améliorer, à partir du moment où les critiques sont constructives et ne visent pas à imposer un point de vue, j'allais dire un égo, sur un autre. En ce sens, les forums d'entraide entre auteurs peuvent être d'une aide infiniment précieuse.
J'ai moi-même un jour donné des conseils d'écriture à un de mes pairs, mais je me suis aperçu en voulant le faire à fond que c'était en réalité mon point de vue que j'essayais d'imposer sur le sien. Ma manière de dire les choses. Faute de pouvoir définir une frontière nette entre ce qui relevait de ma personnalité et une correction entièrement neutre et objective, j'ai décidé de ne plus jamais recommencer l'expérience.
Si je me méfie de moi-même en tant qu'auteur-correcteur, vous pensez bien que je me méfie de n'importe quel auteur qui pratique des corrections, qu'il le fasse de manière indépendante ou au sein d'une maison d'édition.
Et je ne parle pas que des grosses maisons d'édition. J'ai récemment appris de source sûre qu'une petite maison que je connais, mais uniquement de l'extérieur, réécrivait des chapitres entiers de livres. Peut-être les maisons qui agissent ainsi devraient-elles se mettre en relation avec des spécialistes en développement personnel.
Encourage-t-on vraiment l'éclosion d'une vraie personnalité, d'une vraie voix en remodelant à tout bout de champ de manière autoritaire? Je ne le crois pas.
S'il est une chose essentielle si l'on veut savoir écrire, c'est de savoir lire. Mon style d'auteur, c'est au travers de mes lectures que je l'ai développé. Par agrégation ou rejet. Des choix personnels, à chaque fois. Qui reflètent l'homme que je suis.
Pour autant, je ne conseille absolument pas aux auteurs de tout faire tout seul. Une vision extérieure sur nos écrits reste indispensable, à la fois sur la forme et sur le fond. Pour des problèmes d'orthographe, de grammaire, de syntaxe, mais aussi de logique, de cohérence, de rythme, de prévisibilité de l'intrigue. De bon sens.
Il existe de nombreux paramètres qui sont objectifs et qui vont nous permettre d'améliorer notre prose.
Ma méthode pour tout ce qui est intrigue et développement de fond d'une histoire consiste à la soumettre à un ou plusieurs lecteur(s) de bon sens, mais pas à un auteur. Il faut bien évidemment connaître la ou les personnes, et la notion de confiance est ici fondamentale.
Pour les problèmes de forme, un logiciel comme Antidote est un outil précieux, à condition d'en identifier les limitations. Cela ne dispense pas de faire appel à un professionnel, mais là encore, attention, car la forme est souvent indissociable du fond.
Si par exemple, à cause d'un problème de syntaxe, la personne qui vous corrige vous suggère une nouvelle phrase, rien n'empêche de faire une ou plusieurs contre-propositions, sous forme de commentaires en renvoyant le texte.
Si vous faites comme moi une traduction de votre propre livre, vous pouvez même prendre les devants en proposant plusieurs expressions et tournures possibles sous la forme de commentaires, afin d'être certain que le sens que vous souhaitez sera présent au final.
C'est l'un des plus grands avantages de l'autoédition: c'est vous qui de toute façon aurez le dernier mot. Et dites-vous bien une chose, c'est que l'écriture ne sera jamais une science aussi exacte que les mathématiques.
C'est bien plus organique que cela. Et c'est tant mieux.
Published on December 08, 2015 03:47
November 24, 2015
Plus de 1000 livres papier vendus cette année
A la date du 24 novembre, j'ai vendu 1050 livres papier sur l'année 2015, principalement au cours de diverses séances de dédicace. Un seuil symbolique que je n'avais jamais atteint précédemment, bien que je m'en sois fortement rapproché l'an dernier (2014), qui était ma première année à temps plein en tant qu'auteur indépendant.
J'ai décidé de mettre un terme à la bonne vieille tradition de mes bilans annuels . Cette tradition avait tendance à devenir contraignante d'une part, et mes ventes me semblent plutôt stables d'une année sur l'autre. J'étais à 975 livres papier l'an dernier, je vais terminer au-delà des 1100, à 1200 au maximum.
Je pense que je vais continuer à tourner entre 800 et 1200 livres papier par an, donc cela va vite devenir monotone.
Pour ce qui est des ventes d'ebook, je vais finir l'année 2015 aux alentours de 500.
Mon but n'était de toute façon pas de rendre des comptes année après année, mais de montrer qu'un auteur indépendant pouvait faire aussi bien qu'un micro éditeur, et surtout arriver à en vivre au bout d'un certain temps.
Mais je ne prétends pas non plus que cela soit chose facile. J'ai bénéficié de circonstances favorables dans ma vie, notamment d'héritages qui m'ont permis de m'affranchir, il y a deux ans, de mon boulot alimentaire.
J'ai récemment posé ma démission - je ne travaillais plus en tant que conseiller emploi depuis deux ans, mais étant dans l'administration, j'avais gardé sous le coude grâce à la mise en disponibilité une option de reprise - achevant ainsi de franchir une étape décisive pour moi.
Je bénéficie aussi du soutien de mon épouse, qui me permet de bénéficier de sa mutuelle de santé. Le soutien moral est bien sûr le plus important.
Et je ne prétend aucunement m'enrichir financièrement grâce à cette activité: j'étais prêt à abaisser mon niveau de vie, y compris en rognant sur les vacances pour vivre pleinement ma passion.
Cesser de travailler dans mon ancien boulot alimentaire était aussi pour moi une question de santé mentale, je tiens à le souligner. Eh oui, je suis un être fragile, comme tout le monde.
Ne croyez donc pas ceux qui vous diront que je suis une exception. C'est juste qu'ayant été journaliste, la plupart du temps pigiste, entre 1996 et 2004, je me suis entraîné à vivre de ma plume à plein temps.
Je voulais retrouver cela, et bien que je me sois aperçu en cours de route que la société considérait le métier d'auteur comme une activité annexe, ne pouvant se pérenniser non seulement qu'en passant par cette absurde roue de la fortune qu'est l'édition traditionnelle, mais surtout à condition de profiter d'une série invraisemblable de coup de chances, j'ai décidé que ces règles du jeu ne me convenaient pas. J'ai donc inventé les miennes.
Je crois n'être pas le seul dans ce cas. Je crois aussi qu'il y a de nombreuses autres personnes qui vivent grâce à l'écriture dans leur métier, qu'ils soient journalistes pigistes ou autres, et qui sont donc susceptibles de faire aussi bien, sinon mieux que moi en passant dans l'écriture de fiction.
Les outils se sont largement développés pour les auteurs indépendants dans les années 2000.
Je suis quelqu'un qui progresse par défis, le dernier consistant à traduire ma trilogie de Fantasy en anglais. Si l'on me demandait le secret de mon indépendance, je dirais que cela consiste à ne pas laisser d'autres personnes définir mes critères de succès.
J'ai décidé de mettre un terme à la bonne vieille tradition de mes bilans annuels . Cette tradition avait tendance à devenir contraignante d'une part, et mes ventes me semblent plutôt stables d'une année sur l'autre. J'étais à 975 livres papier l'an dernier, je vais terminer au-delà des 1100, à 1200 au maximum.
Je pense que je vais continuer à tourner entre 800 et 1200 livres papier par an, donc cela va vite devenir monotone.
Pour ce qui est des ventes d'ebook, je vais finir l'année 2015 aux alentours de 500.
Mon but n'était de toute façon pas de rendre des comptes année après année, mais de montrer qu'un auteur indépendant pouvait faire aussi bien qu'un micro éditeur, et surtout arriver à en vivre au bout d'un certain temps.
Mais je ne prétends pas non plus que cela soit chose facile. J'ai bénéficié de circonstances favorables dans ma vie, notamment d'héritages qui m'ont permis de m'affranchir, il y a deux ans, de mon boulot alimentaire.
J'ai récemment posé ma démission - je ne travaillais plus en tant que conseiller emploi depuis deux ans, mais étant dans l'administration, j'avais gardé sous le coude grâce à la mise en disponibilité une option de reprise - achevant ainsi de franchir une étape décisive pour moi.
Je bénéficie aussi du soutien de mon épouse, qui me permet de bénéficier de sa mutuelle de santé. Le soutien moral est bien sûr le plus important.
Et je ne prétend aucunement m'enrichir financièrement grâce à cette activité: j'étais prêt à abaisser mon niveau de vie, y compris en rognant sur les vacances pour vivre pleinement ma passion.
Cesser de travailler dans mon ancien boulot alimentaire était aussi pour moi une question de santé mentale, je tiens à le souligner. Eh oui, je suis un être fragile, comme tout le monde.
Ne croyez donc pas ceux qui vous diront que je suis une exception. C'est juste qu'ayant été journaliste, la plupart du temps pigiste, entre 1996 et 2004, je me suis entraîné à vivre de ma plume à plein temps.
Je voulais retrouver cela, et bien que je me sois aperçu en cours de route que la société considérait le métier d'auteur comme une activité annexe, ne pouvant se pérenniser non seulement qu'en passant par cette absurde roue de la fortune qu'est l'édition traditionnelle, mais surtout à condition de profiter d'une série invraisemblable de coup de chances, j'ai décidé que ces règles du jeu ne me convenaient pas. J'ai donc inventé les miennes.
Je crois n'être pas le seul dans ce cas. Je crois aussi qu'il y a de nombreuses autres personnes qui vivent grâce à l'écriture dans leur métier, qu'ils soient journalistes pigistes ou autres, et qui sont donc susceptibles de faire aussi bien, sinon mieux que moi en passant dans l'écriture de fiction.
Les outils se sont largement développés pour les auteurs indépendants dans les années 2000.
Je suis quelqu'un qui progresse par défis, le dernier consistant à traduire ma trilogie de Fantasy en anglais. Si l'on me demandait le secret de mon indépendance, je dirais que cela consiste à ne pas laisser d'autres personnes définir mes critères de succès.
Published on November 24, 2015 08:12
November 20, 2015
Terrorisme médiatique
"Bien des premiers seront les derniers et bien des derniers seront les premiers", nous dit la Bible. Est-il pour autant nécessaire de surmédiatiser les cancres devenus des petites frappes de banlieue, puis des terroristes? En une semaine, l'un de ces cancres à l'origine des attentats de vendredi dernier est devenu le terroriste dont on parle le plus depuis celui à l'origine des attentats du World Trade Center, s'il faut en croire le New-York Times. Ne serait-il pas temps de laisser ces cancres dans l'anonymat dont ils ne devraient jamais sortir? Afin d'éviter de devoir revivre dans un cycle sans fin ces attentats à grand spectacle? Quel modèle veut-on donner à nos enfants?
Une télé-réalité du terrorisme. Voilà ce à quoi j'ai l'impression d'assister depuis une semaine. Alors oui, il est temps pour moi de m'écarter très provisoirement des sujets de prédilection de ce blog.
Certains diront, "Alan Spade, c'est l'exemple type de l'artiste jaloux du succès médiatique d'autrui". Il y a sans doute du vrai là-dedans, puisque après tout, écrire et vouloir être lu, c'est s'exposer à la lumière, mais qui est cet autrui? Quels sont ses mérites, en dehors d'avoir planifié une opération militaire réussie (de son point de vue), dans laquelle il a fini par sacrifier sa vie?
Lorsque les médias disent: "cela va se reproduire, c'est certain", ne peut-on y voir une prophétie auto-réalisatrice?
J'imagine les journalistes de TF1 parler en "off" du visage du cancre ennemi public n°1. "Tu as vu sa trombine? Il a une gueule super charismatique. Il faut qu'on le montre, les gens vont adorer le détester." Et ils nous l'auront montré, sa gueule. Ça oui!
Il est temps de clamer haut et fort que les médias, en offrant à ce cancre le paradis médiatique à défaut de celui des 72 vierges, sont en train de donner naissance à des vocations.
Ils se comportent en imbéciles narcissiques et irresponsables. Mettre ce terroriste à la Une, même pour dénoncer ses actes, c'est aussi se complaire dans la contemplation d'un pouvoir médiatique collectif, au niveau international aussi bien que national. Un pouvoir morbide, en l'occurrence.
Je reconnais que j'avais réagi au moment de l'attentat de Charlie Hebdo en mettant une bannière "Je suis Charlie" sur ma page Facebook. Je me sentais proche des gens de Charlie, mon propre père ayant été dessinateur.
Là, je n'ai pas réfléchi très longtemps avant de refuser la suggestion de Facebook de mettre un drapeau français en transparence sur mon profil. Non pas que j'ai quoi que ce soit à reprocher à ce drapeau.
C'est juste que les apprentis djihadistes qui visitent les réseaux sociaux peuvent voir chaque drapeau comme un trophée. Inutile et contre-productif de leur donner cette satisfaction - même si, bien sûr, je sais pertinemment que ceux qui affichent ce drapeau le font pour ce qu'ils pensent être de bonnes raisons.
Les médias de toute nature envoient des messages subliminaux aux terroristes, mais en ce moment, c'est devenu tellement lourdingue qu'on n'est plus vraiment dans le subliminal.
Alors, comment traiter l'info? Faut-il ne parler de rien, faire l'autruche?
Non, bien sûr. Les Français avaient le droit de savoir ce qu'il se passait. Il faut anonymiser les terroristes. En clair, ne jamais donner leur nom. Ne jamais montrer leur photo. Ne jamais les filmer. Se concentrer sur les victimes, mais tout en évitant de s'étendre.
Cesser de filmer en direct les assauts, et prendre des mesures pour que tout ceux qui filment tombent sous le coup de l'apologie du terrorisme. Tourner la page au plus vite. Ne jamais se faire le complice de la célébrité d'un de ces cancres. Faire taire la fascination morbide qui existe en chacun de nous, et tend à nous transformer en vautours.
Cela n'empêchera ni la police, ni les enquêteurs de faire leur travail. On sera bien plus en sécurité en décourageant les vocations qu'en les encourageant ainsi.
Les médias doivent grandir. Apprendre le sens des responsabilités. Car leur pouvoir est immense, et un grand pouvoir entraîne de grandes responsabilités.
Une télé-réalité du terrorisme. Voilà ce à quoi j'ai l'impression d'assister depuis une semaine. Alors oui, il est temps pour moi de m'écarter très provisoirement des sujets de prédilection de ce blog.
Certains diront, "Alan Spade, c'est l'exemple type de l'artiste jaloux du succès médiatique d'autrui". Il y a sans doute du vrai là-dedans, puisque après tout, écrire et vouloir être lu, c'est s'exposer à la lumière, mais qui est cet autrui? Quels sont ses mérites, en dehors d'avoir planifié une opération militaire réussie (de son point de vue), dans laquelle il a fini par sacrifier sa vie?
Lorsque les médias disent: "cela va se reproduire, c'est certain", ne peut-on y voir une prophétie auto-réalisatrice?
J'imagine les journalistes de TF1 parler en "off" du visage du cancre ennemi public n°1. "Tu as vu sa trombine? Il a une gueule super charismatique. Il faut qu'on le montre, les gens vont adorer le détester." Et ils nous l'auront montré, sa gueule. Ça oui!
Il est temps de clamer haut et fort que les médias, en offrant à ce cancre le paradis médiatique à défaut de celui des 72 vierges, sont en train de donner naissance à des vocations.
Ils se comportent en imbéciles narcissiques et irresponsables. Mettre ce terroriste à la Une, même pour dénoncer ses actes, c'est aussi se complaire dans la contemplation d'un pouvoir médiatique collectif, au niveau international aussi bien que national. Un pouvoir morbide, en l'occurrence.
Je reconnais que j'avais réagi au moment de l'attentat de Charlie Hebdo en mettant une bannière "Je suis Charlie" sur ma page Facebook. Je me sentais proche des gens de Charlie, mon propre père ayant été dessinateur.
Là, je n'ai pas réfléchi très longtemps avant de refuser la suggestion de Facebook de mettre un drapeau français en transparence sur mon profil. Non pas que j'ai quoi que ce soit à reprocher à ce drapeau.
C'est juste que les apprentis djihadistes qui visitent les réseaux sociaux peuvent voir chaque drapeau comme un trophée. Inutile et contre-productif de leur donner cette satisfaction - même si, bien sûr, je sais pertinemment que ceux qui affichent ce drapeau le font pour ce qu'ils pensent être de bonnes raisons.
Les médias de toute nature envoient des messages subliminaux aux terroristes, mais en ce moment, c'est devenu tellement lourdingue qu'on n'est plus vraiment dans le subliminal.
Alors, comment traiter l'info? Faut-il ne parler de rien, faire l'autruche?
Non, bien sûr. Les Français avaient le droit de savoir ce qu'il se passait. Il faut anonymiser les terroristes. En clair, ne jamais donner leur nom. Ne jamais montrer leur photo. Ne jamais les filmer. Se concentrer sur les victimes, mais tout en évitant de s'étendre.
Cesser de filmer en direct les assauts, et prendre des mesures pour que tout ceux qui filment tombent sous le coup de l'apologie du terrorisme. Tourner la page au plus vite. Ne jamais se faire le complice de la célébrité d'un de ces cancres. Faire taire la fascination morbide qui existe en chacun de nous, et tend à nous transformer en vautours.
Cela n'empêchera ni la police, ni les enquêteurs de faire leur travail. On sera bien plus en sécurité en décourageant les vocations qu'en les encourageant ainsi.
Les médias doivent grandir. Apprendre le sens des responsabilités. Car leur pouvoir est immense, et un grand pouvoir entraîne de grandes responsabilités.
Published on November 20, 2015 00:57
November 19, 2015
Les auteurs et écrivains : tous des "hobbyists" (amateurs)?
Si ce qu'on appelle les écrivains ou "grands écrivains" jouissent d'une forme d'estime parmi le grand public, leurs revenus d'écriture font plus souvent qu'à leur tour le grand écart avec cette considération. Lorsque l'on s'intéresse à la place qu'occupent ces auteurs et écrivains dans le marché du livre, on s'aperçoit avec étonnement qu'ils n'en sont que des satellites. Ma théorie personnelle est qu'au-delà des strass et paillettes, ils sont en réalité considérés par les "professionnels du livre" de tout acabit comme des "hobbyists", des personnes pratiquant un hobby. Bonne nouvelle, les choses sont en train de changer, en grande partie grâce à l'autoédition.
Le terme "hobbyist" est un terme anglais qui peut être traduit par une périphrase, "personne pratiquant un hobby, un loisir", ou plus simplement par le terme "amateur". J'aime bien ce terme de "hobbyist", car il dit de manière très directe ce qui n'est décrit que de manière imparfaite en français.
Récemment, on a vu des articles (je pense notamment à un article de BFM) qualifier les auteurs autoédités "d'écrivains du dimanche", qui se rapproche également très fort de l'acception de "personne pratiquant un hobby", mais en y ajoutant une notion péjorative jouant sur le contraste entre "écrivain" et "du dimanche".
Avec un soupçon de malice, on pourrait renverser le sarcasme qui se cache derrière ce terme d'"écrivains du dimanche" pour affirmer que les amateurs, délivrés des soucis pécuniaires, sont les seuls véritables artistes, car les seuls à même de créer sans aucun souci de plaire, ni aucune considération pour le marché.
Après tout, n'y a-t-il pas dans "amateur" le mot "amoureux"? Être amoureux de son art, je ne vois pas où est le problème là-dedans. Cela me paraîtrait même être un prérequis.
De très nombreux auteurs se sont contentés d'être ces amoureux de leur art, produisant des œuvres de qualité en parallèle de leur métier alimentaire, un peu comme un dérivatif. Stefan Wul , de son vrai nom Pierre Pairault, que j'admire énormément, était dans ce cas. J.R.R. Tolkien lui-même était professeur d'anglais.
Robert E. Howard a quant à lui réussi à échapper à ce tropisme, cette tendance lourde, à force de travail et d'abnégation, en soumettant ses nouvelles à des pulps, célèbres magazines dont l'emblématique Weird Tales - concernant Robert E. Howard, si vous comprenez l'anglais, je ne peux que recommander de regarder le film The Whole Wide World .
Il est intéressant de constater que le travail de nouvelliste désirant se faire publier dans un magazine a pas mal de points communs avec celui de journaliste pigiste dans la presse écrite. Là encore, un autre satellite.
La société a beau mettre littéralement au Panthéon certains écrivains, il ne faut pas croire, elle garde les pieds sur terre, et nombreuses sont les personnes à considérer qu'écrivain n'est pas un métier. Ou alors, un métier de crève-la-faim.
Les seuls vrais professionnels seraient les participants de la chaîne du livre, éditeurs, libraires, bibliothécaires, distributeurs, diffuseurs, publicistes, imprimeurs... plus les rarissimes auteurs qui se sont rendus indispensables à ce marché du livre, de par le nombre de lecteurs et fans qui les suivent. Comme avait su le faire R.E. Howard avec Weird Tales.
C'est pourquoi il me semble raisonnable de penser que par défaut, tous les auteurs sont considérés comme des amateurs. Ce qui explique, bien évidemment, les contrats extrêmement défavorables aux auteurs. Oui, pour un éditeur, il y a souvent "bonne poire" écrit en lettres invisibles sur votre front d'auteur.
Et on peut penser que même les auteurs qui ont gagné en notoriété sont toujours considérés comme des bonnes poires par leur éditeur, dans la mesure où il n'ont pas montré une connaissance suffisamment intime du marché pour savoir où se situait leur meilleur intérêt. Pour gagner le respect de quelqu'un, il faut jouer le même jeu que lui, et non s'extraire du jeu en se disant qu'on est au-dessus de tout cela. Ce n'est pas pour rien si l'auteur qui vend le plus au monde, James Patterson, est aussi un expert en marketing.
Loin de moi l'idée de dire que l'on doit viser à devenir le prochain Patterson. Il en va souvent, tout simplement, de l'avenir de l'auteur: rares sont ceux qui arrivent à vivre à plein temps de leur plume, et s'ils y parviennent, ils ont intérêt, s'ils veulent maintenir cette activité d'écriture à temps plein, à se donner les armes pour y parvenir.
Le bouleversement de l'autoédition par voie électronique
L'autoédition est une belle illustration du fait que la professionnalisation des auteurs découle d'un amateurisme de départ. Un journaliste qui voudrait parler d'écrivains du dimanche pourrait sélectionner des milliers d’œuvres autoéditées à titre d'exemple. Tout en oubliant, bien sûr, les auteurs qui ont une démarche vraiment pro.
Si l'autoédition, en France, y compris par voie électronique, n'a pas vraiment changé le fait que très peu d'auteurs en vivent, le véritable chamboulement se situe en réalité dans la démarche: grâce à Internet, de plus en plus d'auteurs ont une démarche professionnelle, s'inscrivant dans un marché. Il n'y a que comme cela qu'ils s'attireront le véritable respect de la société, et qu'ils cesseront de se faire marcher dessus.
Le fait que la plupart des auteurs autoédités qui réussissent passent exclusivement par Amazon, lequel Amazon fonctionne presque en vase clos, est évidemment gênant.
Notez tout de même le "presque": Amélie Antoine, lauréate du prix de l'autoédition Amazon, va se faire publier par Michel Lafon, un éditeur traditionnel. Nul auteur n'est prisonnier d'Amazon.
Le point le plus positif pour les auteurs et leur "viabilité financière" dans la société est bien que ce bouleversement dans la démarche - couvertures de plus en plus léchées, argumentaire percutant, liens tissés avec les lecteurs, notamment au travers de newsletters, des réseaux sociaux ou de blogs - ait eu lieu. Bien que la concurrence ne soit pas pour l'instant à la hauteur d'Amazon, elle a le mérite d'exister, et d'avoir compris l'intérêt de soutenir les auteurs autoédités .
Si la tendance se poursuit, à la fois du côté des auteurs pour ce qui est de la professionnalisation, et des plates-formes pour la mise en valeur, il se pourrait bien qu'un beau jour, on se réveille en constatant que les auteurs ne sont plus considérés par les professionnels du livre comme des "hobbyists".
Le terme "hobbyist" est un terme anglais qui peut être traduit par une périphrase, "personne pratiquant un hobby, un loisir", ou plus simplement par le terme "amateur". J'aime bien ce terme de "hobbyist", car il dit de manière très directe ce qui n'est décrit que de manière imparfaite en français.
Récemment, on a vu des articles (je pense notamment à un article de BFM) qualifier les auteurs autoédités "d'écrivains du dimanche", qui se rapproche également très fort de l'acception de "personne pratiquant un hobby", mais en y ajoutant une notion péjorative jouant sur le contraste entre "écrivain" et "du dimanche".
Avec un soupçon de malice, on pourrait renverser le sarcasme qui se cache derrière ce terme d'"écrivains du dimanche" pour affirmer que les amateurs, délivrés des soucis pécuniaires, sont les seuls véritables artistes, car les seuls à même de créer sans aucun souci de plaire, ni aucune considération pour le marché.
Après tout, n'y a-t-il pas dans "amateur" le mot "amoureux"? Être amoureux de son art, je ne vois pas où est le problème là-dedans. Cela me paraîtrait même être un prérequis.
De très nombreux auteurs se sont contentés d'être ces amoureux de leur art, produisant des œuvres de qualité en parallèle de leur métier alimentaire, un peu comme un dérivatif. Stefan Wul , de son vrai nom Pierre Pairault, que j'admire énormément, était dans ce cas. J.R.R. Tolkien lui-même était professeur d'anglais.
Robert E. Howard a quant à lui réussi à échapper à ce tropisme, cette tendance lourde, à force de travail et d'abnégation, en soumettant ses nouvelles à des pulps, célèbres magazines dont l'emblématique Weird Tales - concernant Robert E. Howard, si vous comprenez l'anglais, je ne peux que recommander de regarder le film The Whole Wide World .
Il est intéressant de constater que le travail de nouvelliste désirant se faire publier dans un magazine a pas mal de points communs avec celui de journaliste pigiste dans la presse écrite. Là encore, un autre satellite.
La société a beau mettre littéralement au Panthéon certains écrivains, il ne faut pas croire, elle garde les pieds sur terre, et nombreuses sont les personnes à considérer qu'écrivain n'est pas un métier. Ou alors, un métier de crève-la-faim.
Les seuls vrais professionnels seraient les participants de la chaîne du livre, éditeurs, libraires, bibliothécaires, distributeurs, diffuseurs, publicistes, imprimeurs... plus les rarissimes auteurs qui se sont rendus indispensables à ce marché du livre, de par le nombre de lecteurs et fans qui les suivent. Comme avait su le faire R.E. Howard avec Weird Tales.
C'est pourquoi il me semble raisonnable de penser que par défaut, tous les auteurs sont considérés comme des amateurs. Ce qui explique, bien évidemment, les contrats extrêmement défavorables aux auteurs. Oui, pour un éditeur, il y a souvent "bonne poire" écrit en lettres invisibles sur votre front d'auteur.
Et on peut penser que même les auteurs qui ont gagné en notoriété sont toujours considérés comme des bonnes poires par leur éditeur, dans la mesure où il n'ont pas montré une connaissance suffisamment intime du marché pour savoir où se situait leur meilleur intérêt. Pour gagner le respect de quelqu'un, il faut jouer le même jeu que lui, et non s'extraire du jeu en se disant qu'on est au-dessus de tout cela. Ce n'est pas pour rien si l'auteur qui vend le plus au monde, James Patterson, est aussi un expert en marketing.
Loin de moi l'idée de dire que l'on doit viser à devenir le prochain Patterson. Il en va souvent, tout simplement, de l'avenir de l'auteur: rares sont ceux qui arrivent à vivre à plein temps de leur plume, et s'ils y parviennent, ils ont intérêt, s'ils veulent maintenir cette activité d'écriture à temps plein, à se donner les armes pour y parvenir.
Le bouleversement de l'autoédition par voie électronique
L'autoédition est une belle illustration du fait que la professionnalisation des auteurs découle d'un amateurisme de départ. Un journaliste qui voudrait parler d'écrivains du dimanche pourrait sélectionner des milliers d’œuvres autoéditées à titre d'exemple. Tout en oubliant, bien sûr, les auteurs qui ont une démarche vraiment pro.
Si l'autoédition, en France, y compris par voie électronique, n'a pas vraiment changé le fait que très peu d'auteurs en vivent, le véritable chamboulement se situe en réalité dans la démarche: grâce à Internet, de plus en plus d'auteurs ont une démarche professionnelle, s'inscrivant dans un marché. Il n'y a que comme cela qu'ils s'attireront le véritable respect de la société, et qu'ils cesseront de se faire marcher dessus.
Le fait que la plupart des auteurs autoédités qui réussissent passent exclusivement par Amazon, lequel Amazon fonctionne presque en vase clos, est évidemment gênant.
Notez tout de même le "presque": Amélie Antoine, lauréate du prix de l'autoédition Amazon, va se faire publier par Michel Lafon, un éditeur traditionnel. Nul auteur n'est prisonnier d'Amazon.
Le point le plus positif pour les auteurs et leur "viabilité financière" dans la société est bien que ce bouleversement dans la démarche - couvertures de plus en plus léchées, argumentaire percutant, liens tissés avec les lecteurs, notamment au travers de newsletters, des réseaux sociaux ou de blogs - ait eu lieu. Bien que la concurrence ne soit pas pour l'instant à la hauteur d'Amazon, elle a le mérite d'exister, et d'avoir compris l'intérêt de soutenir les auteurs autoédités .
Si la tendance se poursuit, à la fois du côté des auteurs pour ce qui est de la professionnalisation, et des plates-formes pour la mise en valeur, il se pourrait bien qu'un beau jour, on se réveille en constatant que les auteurs ne sont plus considérés par les professionnels du livre comme des "hobbyists".
Published on November 19, 2015 06:04
November 13, 2015
Retour sur une promo réussie
Au moment où j'écris ces lignes, la trilogie Ardalia, roman de Fantasy, est n°6 sur le site de la Fnac après avoir été n°4 mardi 10 novembre, et n°1 en Fantasy sur le site de Kobo, suite à une promotion exceptionnelle la semaine dernière. Attention si vous êtes lecteur, vous allez avoir la même impression en lisant la suite que lorsqu'un illusionniste vous explique ses trucs, ou lorsque vous regardez des vidéos expliquant les effets spéciaux d'un film. Si vous êtes auteur ou responsable de la promotion sur les sites de la Fnac, Kobo, Google ou Apple, ceci pourrait toutefois vous intéresser...
Numéro 4 sur l'ensemble des ventes ebook Fnac,
un moment historique pour moi
(Cliquez pour agrandir)
Tout d'abord, il faut rendre à César ce qui est à César. Les deux facteurs primordiaux responsables du succès de cette promotion ont été la chance - une promo qui arrive au bon moment pour les lecteurs - et la collaboration active de Kobo et la Fnac en la personne de Camille Modifi (à présent remplacée par Laurie Baum, mais pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le présent article), responsable des relations avec les auteurs et éditeurs sur ces plates-formes.
J'ai pendant longtemps rêvé de "faire mon trou" tout seul, par mes propres moyens, mais il faut bien reconnaître que la puissance promotionnelle d'un gros site de vente ne doit pas être prise à la légère... surtout puisque l'on parle en fait de deux sites, Kobobooks et la Fnac.
Même chose pour Amazon: lorsque les algorithmes du site ont "repéré" que vous grimpez régulièrement, toute une machine promotionnelle se met en marche, qui n'a rien à voir avec ce dont bénéficie un auteur qui vendrait un ou deux ebooks par jour.
C'est Azel Bury dans le podcast de Cyril Godefroy qui m'a fait prendre conscience que, dans ma volonté farouche de défendre les auteurs indépendants sur ce blog, j'avais peut-être tendance à me renfermer un chouïa sur moi-même - ce qui, j'en conviens, est assez paradoxal pour un auteur qui part chaque week-end à la rencontre de ses lecteurs, à l'occasion de séances de dédicaces sur la région parisienne.
En écoutant Azel dans ce podcast si romantiquement intitulé De l'Amour et des Livres , j'ai compris qu'il était dans mon intérêt de me mettre ponctuellement en contact avec la ou les plates-formes de ventes à l'occasion d'opération promotionnelles.
Je l'ai d'autant mieux compris que l'auteur Philippe Saimbert m'avait laissé entendre à plusieurs reprises que Kobo s'ouvrait aux auteurs indépendants.
J'avais aussi besoin de démontrer aux auteurs persuadés que les auteurs indépendants sont forcément des auteurs Amazon qu'il existe une autre voie possible.
Les lecteurs de ce blog savent que je ne suis pas en faveur de la politique actuelle d'Amazon, en particulier de sa politique d'exclusivité des œuvres des auteurs indépendants sur KDP Select .
Non pas que je déteste Amazon, bien au contraire: je leur ai même donné des conseils susceptibles de me redonner confiance , et de faire de cette plate-forme, non plus l'ennemi public n°1 de toutes les autres, mais quelque chose qui s'intègre un peu plus harmonieusement dans le paysage éditorial.
J'ai donc contacté Camille, de Kobo/Fnac, en lui proposant carrément la promotion la plus importante que j'ai jamais faite sur ma trilogie Ardalia: 0,99 € sur une semaine, du 2 au 9 novembre, pour une trilogie de plus de 1200 pages en format ebook.
J'ai mis en avant le fait que cette trilogie, reliée en un volume, n'est pas en vente sur Amazon (seuls les romans individuels le sont). J'ai aussi indiqué que je prévoyais un budget de 200 € de pub Facebook pour cette promo.
Là encore, un budget jamais atteint pour aucune de mes modestes tentatives de pub sur Facebook.
Quel autre géant, en effet, opposer à l'efficacité de Jeff Bezos et d'Amazon, si ce n'est quelqu'un de presque aussi riche que Jeff, Mark Zuckerberg?
Camille a accepté, et contre toute attente, même après que je lui ai envoyé les éléments sur la pub que je comptais lancer, loin d'annuler la promo, elle m'a indiqué les dates du 2 au 9 novembre.
Les trente personnes qui me suivent sur Facebook seront peut-être étonnées de l'apprendre, puisque je n'ai annoncé officiellement cette promo qu'à partir de mon billet du vendredi 6 novembre .
Cela faisait partie de ma stratégie de montée en puissance.
Publicités Facebook : chiffres et stats
Mes ventes étant quasiment au point mort auparavant, je savais aussi que, en me contentant de la promo Kobo sans faire appel à Facebook, le livre resterait invisible au début et ne ferait sans doute aucune vente tant qu'il n'y aurait pas de vraie mise en avant sur l'un des sites, Kobo ou la Fnac. C'était à moi de susciter les premières ventes. Mais je ne voulais pas le faire en annonçant la promo sur les réseaux sociaux et mon blog, ceci afin de tester de manière plus fine l'efficacité de Facebook.
J'avais décliné deux publicités, une à destination du Québec, une de la France. Les deux ciblant le jeune public, jusqu'à 44 ans. J'ai mis cinq euros dans chacune le premier jour. Pour les spécialistes, je n'ai pas créé de pixel de ventes, c'est à dire d'outil me permettant de mesurer précisément qui, parmi ceux qui cliquaient sur les pubs, achetaient.
Le deux novembre, la trilogie s'est vendue à deux exemplaires (à 0,99€). Huit clics sur la pub française à destination du site de la Fnac. Aucune vente au Québec, j'ai donc ramené le budget Québec à 2 €/jour. Le 3 novembre, je passe à dix euros par jour sur la pub française, avec un seul exemplaire vendu pour 18 clics. Déception, donc.
Je constate en regardant mes stats de vente qu'il n'y a aucun clic à partir de la tranche 34-44 ans. Je supprime donc cette tranche pour les deux pubs: elles s'adresseront dorénavant aux 13-34 ans.
Le 4 novembre, un mercredi, je passe à 20 €/jour pour la pub française (la pub québecoise restera à 2€ par jour, sauf le samedi et le dimanche, où elle passe respectivement à 5 puis 10€). Là, 12 ventes, 42 clics.
J'avoue que je ne sais pas à quel moment la trilogie est rentrée dans le bandeau du "top 50" sur Kobo, ce qui, je le sais, aide les ventes. Mais ce n'était certainement pas avant cette journée du mercredi 4.
Le 5 novembre, je reste à 22 €/jour pour les deux pubs: 6 ventes, 26 clics sur la Fnac.
Le vendredi 6 novembre, l'après-midi je passe à 32 €/jour et j'annonce la promo sur mon blog: 16 ventes, 89 clics.
C'est là que j'ai dérapé. Être auteur indépendant, cela veut dire avoir la capacité d'expérimenter et de faire preuve d'audace. Trop, parfois.
Je suis passé à 50€/jour le samedi 7 novembre (juste avant de partir le même jour en dédicace), ce qui était une très bonne manœuvre, mais j'ai cliqué sur le bouton "Instagram", ce qui était, comme on dit dans le Sud, "une vraie caguade".
Instagram, c'est un réseau social très fréquenté par les jeunes, donc ça rentrait dans le cadre de la pub. Sauf que l'outil Facebook, à partir du moment où on le lie à Instagram, n'est plus du tout, mais alors plus du tout au point.
Le 6 novembre, à 32 €/jour j'étais à 89 clics pour 16 ventes, et le 7 novembre à 55 €/jour, Jour Noir d'Instagram, je passe à 446 clics... ouah! Fantastique! Sauf que non, pas du tout: 12 ventes seulement. Le fait d'avoir mis la pub sur Instagram fausse complètement mes stats, et a grandement réduit mes ventes.
Je n'ai pas pu m'en apercevoir dans la journée, étant en dédicace à Fosses.
Si je n'ai pas mis le soir, en rentrant, le statut Facebook: "Qu'est-ce que j'ai merdé aujourd'hui !", c'est que la trilogie Ardalia pointait à la troisième place du classement Fantasy sur Kobo. Ça aurait paru un peu contradictoire, peut-être.
Mais ce n'est pas fini: le samedi 7 novembre au soir, je décoche le perfide bouton Instagram...qui se venge: je ne m'en rendrai compte que le lundi 9 novembre, mais, par une bizarre alchimie, les pubs Facebook et Instagram sont liées: en retirant la pub Instagram, la moitié la plus percutante de mon argumentaire de vente sur la pub Facebook a disparu! Top délire!
Pourquoi ne m'en suis-je rendu compte que le lundi 9 novembre? Parce que le dimanche 8 novembre, Kobo met la trilogie en avant sur sa plate-forme, faisant d'elle l'ebook du jour, une mise en avant vraiment exceptionnelle.
Résultat, 63 ventes dans la journée. C'est grâce à ce chiffre que la trilogie a pu arriver à la quatrième place. Mais elle aurait pu faire mieux si j'avais mieux maîtrisé l'outil Facebook. Nettement mieux.
Je n'ai jamais suivi les cours complet des auteurs Mark Dawson ni de Nick Stephenson sur les pubs Facebook, juste quelques vidéos gratuites.
Je n'ai jamais prétendu être un pro du marketing. Je glane quelques notions ici et là sur le net, mais j'ai fait des études de journalisme, pas de marketing.
Cela signifie bien sûr que n'importe qui peut arriver au même niveau de résultat que moi, à condition de ne pas avoir peur d'investir sur soi-même.
Le dimanche 8 novembre, dont, 34 clics seulement pour 60 € investis. Gulp. Les 63 ventes semblent bien n'être dues qu'à Kobo/la Fnac.
Le lundi 9 novembre, les ventes retombent. Très sèchement. Pire, alors que j'ai mis un budget de 22€ pour la journée du 9, le taux de clics par rapport aux ventes est très mauvais. C'est alors que je m'aperçois du délire concocté par le bouton Instagram, et que je rectifie le tir en modifiant de nouveau l'argumentaire de la publicité (perdant au passage tous les like et partages pour cette pub).
J'ai tout de même un peu remonté la pente dans la soirée du lundi en faisant 6 ventes (pour 20 clics). Puis, la trilogie est revenue à son prix initial.
Je ne suis pas encore revenu sur les 230 € dépensés en tout, comme on le voit sur l'image ci dessous, mais je pense que l'exposition en valait la dépense, et devrait m'aider pour les séances de dédicace.
Le message que je voudrais adresser aux autres plates-formes, telles Google et Apple, c'est de ne pas prendre les auteurs autoédités de trop haut.
Pendant la période promotionnelle, j'ai fait une vente sur Google de la trilogie et une sur Apple.
Faites comme Kobo et la Fnac: embauchez une personne responsable des relations avec les auteurs indépendants et les éditeurs.
Je tiens aussi à souligner que je m'inscris dans un collectif: mes posts sur Facebook ont été partagés par plusieurs auteurs, c'est pourquoi le succès que j'ai pu obtenir est avant tout un succès collectif.
Comparaison avec Amazon
Les auteurs ayant bénéficié de l'offre éclair ne seront sans doute pas impressionnés par ces chiffres. Suite à la promotion dont j'ai bénéficié, j'ai voulu remettre les pieds sur terre en menant une enquête auprès de collègues auteurs ayant bénéficié de l'offre éclair Amazon.
Il en ressort que l'offre éclair "a rapporté" en un jour entre 500 et 1000 ventes à ces auteurs, qui souhaitent conserver l'anonymat. Je n'ai absolument aucun doute quant à ces chiffres.
Pourquoi une telle différence avec Kobo/la Fnac?
Je suis persuadé que l'efficacité de l'offre éclairs tient à la base de données utilisateurs d'Amazon, et notamment à leur newsletter s'adressant aux personnes désireuses de bénéficier de ces offres éclairs.
La newsletter Amazon est parfaitement mise en valeur sur leur site, il est facile de s'y inscrire. Elle apparaît en haut de l'écran, juste au niveau des yeux. On ne peut pas la louper.
Les "indispensables alertes Fnac" ne semblent pas si indispensables que cela, puisqu'elles apparaissent tout en bas du site, dans un bandeau difficilement lisible sur fond jaune vif.
Quant à la newsletter Kobo... je n'en ai pas trouvé. Il y a une newsletter à destination des auteurs, mais je n'en ai pas vu pour les lecteurs, et je n'en ai pas vu pour les offres du jour.
Mon chiffre de vente du dimanche 8 novembre, entièrement dû à la mise en avant Kobo (puisque ma pub n'était plus efficace à ce moment), prouve qu'il y a un vrai public sur la Fnac et Kobo.
On va peut-être me traiter d'auteur ingrat (ce qui est faux, j'éprouve une vraie gratitude envers le fait que Kobo se tourne vraiment vers les auteurs autoédités, et j'ai conscience que les grands moyens ont été mis au cours de cette promo-ci), me reprocher de faire des critiques, mais j'estime que Kobo et la Fnac gagneraient grandement à entretenir une relation avec les lecteurs via une vraie newsletter.
Et continuez à soutenir les auteurs indépendants. Ils vous le rendront. Ma pub à destination de la Fnac et Kobo a été vue sur Facebook et Instagram par 82 282 personnes en l'espace d'une semaine.
Numéro 4 sur l'ensemble des ventes ebook Fnac,
un moment historique pour moi
(Cliquez pour agrandir)
Tout d'abord, il faut rendre à César ce qui est à César. Les deux facteurs primordiaux responsables du succès de cette promotion ont été la chance - une promo qui arrive au bon moment pour les lecteurs - et la collaboration active de Kobo et la Fnac en la personne de Camille Modifi (à présent remplacée par Laurie Baum, mais pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le présent article), responsable des relations avec les auteurs et éditeurs sur ces plates-formes.
J'ai pendant longtemps rêvé de "faire mon trou" tout seul, par mes propres moyens, mais il faut bien reconnaître que la puissance promotionnelle d'un gros site de vente ne doit pas être prise à la légère... surtout puisque l'on parle en fait de deux sites, Kobobooks et la Fnac.
Même chose pour Amazon: lorsque les algorithmes du site ont "repéré" que vous grimpez régulièrement, toute une machine promotionnelle se met en marche, qui n'a rien à voir avec ce dont bénéficie un auteur qui vendrait un ou deux ebooks par jour.
C'est Azel Bury dans le podcast de Cyril Godefroy qui m'a fait prendre conscience que, dans ma volonté farouche de défendre les auteurs indépendants sur ce blog, j'avais peut-être tendance à me renfermer un chouïa sur moi-même - ce qui, j'en conviens, est assez paradoxal pour un auteur qui part chaque week-end à la rencontre de ses lecteurs, à l'occasion de séances de dédicaces sur la région parisienne.
En écoutant Azel dans ce podcast si romantiquement intitulé De l'Amour et des Livres , j'ai compris qu'il était dans mon intérêt de me mettre ponctuellement en contact avec la ou les plates-formes de ventes à l'occasion d'opération promotionnelles.
Je l'ai d'autant mieux compris que l'auteur Philippe Saimbert m'avait laissé entendre à plusieurs reprises que Kobo s'ouvrait aux auteurs indépendants.
J'avais aussi besoin de démontrer aux auteurs persuadés que les auteurs indépendants sont forcément des auteurs Amazon qu'il existe une autre voie possible.
Les lecteurs de ce blog savent que je ne suis pas en faveur de la politique actuelle d'Amazon, en particulier de sa politique d'exclusivité des œuvres des auteurs indépendants sur KDP Select .
Non pas que je déteste Amazon, bien au contraire: je leur ai même donné des conseils susceptibles de me redonner confiance , et de faire de cette plate-forme, non plus l'ennemi public n°1 de toutes les autres, mais quelque chose qui s'intègre un peu plus harmonieusement dans le paysage éditorial.
J'ai donc contacté Camille, de Kobo/Fnac, en lui proposant carrément la promotion la plus importante que j'ai jamais faite sur ma trilogie Ardalia: 0,99 € sur une semaine, du 2 au 9 novembre, pour une trilogie de plus de 1200 pages en format ebook.
J'ai mis en avant le fait que cette trilogie, reliée en un volume, n'est pas en vente sur Amazon (seuls les romans individuels le sont). J'ai aussi indiqué que je prévoyais un budget de 200 € de pub Facebook pour cette promo.
Là encore, un budget jamais atteint pour aucune de mes modestes tentatives de pub sur Facebook.
Quel autre géant, en effet, opposer à l'efficacité de Jeff Bezos et d'Amazon, si ce n'est quelqu'un de presque aussi riche que Jeff, Mark Zuckerberg?
Camille a accepté, et contre toute attente, même après que je lui ai envoyé les éléments sur la pub que je comptais lancer, loin d'annuler la promo, elle m'a indiqué les dates du 2 au 9 novembre.
Les trente personnes qui me suivent sur Facebook seront peut-être étonnées de l'apprendre, puisque je n'ai annoncé officiellement cette promo qu'à partir de mon billet du vendredi 6 novembre .
Cela faisait partie de ma stratégie de montée en puissance.
Publicités Facebook : chiffres et stats
Mes ventes étant quasiment au point mort auparavant, je savais aussi que, en me contentant de la promo Kobo sans faire appel à Facebook, le livre resterait invisible au début et ne ferait sans doute aucune vente tant qu'il n'y aurait pas de vraie mise en avant sur l'un des sites, Kobo ou la Fnac. C'était à moi de susciter les premières ventes. Mais je ne voulais pas le faire en annonçant la promo sur les réseaux sociaux et mon blog, ceci afin de tester de manière plus fine l'efficacité de Facebook.
J'avais décliné deux publicités, une à destination du Québec, une de la France. Les deux ciblant le jeune public, jusqu'à 44 ans. J'ai mis cinq euros dans chacune le premier jour. Pour les spécialistes, je n'ai pas créé de pixel de ventes, c'est à dire d'outil me permettant de mesurer précisément qui, parmi ceux qui cliquaient sur les pubs, achetaient.
Le deux novembre, la trilogie s'est vendue à deux exemplaires (à 0,99€). Huit clics sur la pub française à destination du site de la Fnac. Aucune vente au Québec, j'ai donc ramené le budget Québec à 2 €/jour. Le 3 novembre, je passe à dix euros par jour sur la pub française, avec un seul exemplaire vendu pour 18 clics. Déception, donc.
Je constate en regardant mes stats de vente qu'il n'y a aucun clic à partir de la tranche 34-44 ans. Je supprime donc cette tranche pour les deux pubs: elles s'adresseront dorénavant aux 13-34 ans.
Le 4 novembre, un mercredi, je passe à 20 €/jour pour la pub française (la pub québecoise restera à 2€ par jour, sauf le samedi et le dimanche, où elle passe respectivement à 5 puis 10€). Là, 12 ventes, 42 clics.
J'avoue que je ne sais pas à quel moment la trilogie est rentrée dans le bandeau du "top 50" sur Kobo, ce qui, je le sais, aide les ventes. Mais ce n'était certainement pas avant cette journée du mercredi 4.
Le 5 novembre, je reste à 22 €/jour pour les deux pubs: 6 ventes, 26 clics sur la Fnac.
Le vendredi 6 novembre, l'après-midi je passe à 32 €/jour et j'annonce la promo sur mon blog: 16 ventes, 89 clics.
C'est là que j'ai dérapé. Être auteur indépendant, cela veut dire avoir la capacité d'expérimenter et de faire preuve d'audace. Trop, parfois.
Je suis passé à 50€/jour le samedi 7 novembre (juste avant de partir le même jour en dédicace), ce qui était une très bonne manœuvre, mais j'ai cliqué sur le bouton "Instagram", ce qui était, comme on dit dans le Sud, "une vraie caguade".
Instagram, c'est un réseau social très fréquenté par les jeunes, donc ça rentrait dans le cadre de la pub. Sauf que l'outil Facebook, à partir du moment où on le lie à Instagram, n'est plus du tout, mais alors plus du tout au point.
Le 6 novembre, à 32 €/jour j'étais à 89 clics pour 16 ventes, et le 7 novembre à 55 €/jour, Jour Noir d'Instagram, je passe à 446 clics... ouah! Fantastique! Sauf que non, pas du tout: 12 ventes seulement. Le fait d'avoir mis la pub sur Instagram fausse complètement mes stats, et a grandement réduit mes ventes.
Je n'ai pas pu m'en apercevoir dans la journée, étant en dédicace à Fosses.
Si je n'ai pas mis le soir, en rentrant, le statut Facebook: "Qu'est-ce que j'ai merdé aujourd'hui !", c'est que la trilogie Ardalia pointait à la troisième place du classement Fantasy sur Kobo. Ça aurait paru un peu contradictoire, peut-être.
Mais ce n'est pas fini: le samedi 7 novembre au soir, je décoche le perfide bouton Instagram...qui se venge: je ne m'en rendrai compte que le lundi 9 novembre, mais, par une bizarre alchimie, les pubs Facebook et Instagram sont liées: en retirant la pub Instagram, la moitié la plus percutante de mon argumentaire de vente sur la pub Facebook a disparu! Top délire!
Pourquoi ne m'en suis-je rendu compte que le lundi 9 novembre? Parce que le dimanche 8 novembre, Kobo met la trilogie en avant sur sa plate-forme, faisant d'elle l'ebook du jour, une mise en avant vraiment exceptionnelle.
Résultat, 63 ventes dans la journée. C'est grâce à ce chiffre que la trilogie a pu arriver à la quatrième place. Mais elle aurait pu faire mieux si j'avais mieux maîtrisé l'outil Facebook. Nettement mieux.
Je n'ai jamais suivi les cours complet des auteurs Mark Dawson ni de Nick Stephenson sur les pubs Facebook, juste quelques vidéos gratuites.
Je n'ai jamais prétendu être un pro du marketing. Je glane quelques notions ici et là sur le net, mais j'ai fait des études de journalisme, pas de marketing.
Cela signifie bien sûr que n'importe qui peut arriver au même niveau de résultat que moi, à condition de ne pas avoir peur d'investir sur soi-même.
Le dimanche 8 novembre, dont, 34 clics seulement pour 60 € investis. Gulp. Les 63 ventes semblent bien n'être dues qu'à Kobo/la Fnac.
Le lundi 9 novembre, les ventes retombent. Très sèchement. Pire, alors que j'ai mis un budget de 22€ pour la journée du 9, le taux de clics par rapport aux ventes est très mauvais. C'est alors que je m'aperçois du délire concocté par le bouton Instagram, et que je rectifie le tir en modifiant de nouveau l'argumentaire de la publicité (perdant au passage tous les like et partages pour cette pub).
J'ai tout de même un peu remonté la pente dans la soirée du lundi en faisant 6 ventes (pour 20 clics). Puis, la trilogie est revenue à son prix initial.
Je ne suis pas encore revenu sur les 230 € dépensés en tout, comme on le voit sur l'image ci dessous, mais je pense que l'exposition en valait la dépense, et devrait m'aider pour les séances de dédicace.
Le message que je voudrais adresser aux autres plates-formes, telles Google et Apple, c'est de ne pas prendre les auteurs autoédités de trop haut.
Pendant la période promotionnelle, j'ai fait une vente sur Google de la trilogie et une sur Apple.
Faites comme Kobo et la Fnac: embauchez une personne responsable des relations avec les auteurs indépendants et les éditeurs.
Je tiens aussi à souligner que je m'inscris dans un collectif: mes posts sur Facebook ont été partagés par plusieurs auteurs, c'est pourquoi le succès que j'ai pu obtenir est avant tout un succès collectif.
Comparaison avec Amazon
Les auteurs ayant bénéficié de l'offre éclair ne seront sans doute pas impressionnés par ces chiffres. Suite à la promotion dont j'ai bénéficié, j'ai voulu remettre les pieds sur terre en menant une enquête auprès de collègues auteurs ayant bénéficié de l'offre éclair Amazon.
Il en ressort que l'offre éclair "a rapporté" en un jour entre 500 et 1000 ventes à ces auteurs, qui souhaitent conserver l'anonymat. Je n'ai absolument aucun doute quant à ces chiffres.
Pourquoi une telle différence avec Kobo/la Fnac?
Je suis persuadé que l'efficacité de l'offre éclairs tient à la base de données utilisateurs d'Amazon, et notamment à leur newsletter s'adressant aux personnes désireuses de bénéficier de ces offres éclairs.
La newsletter Amazon est parfaitement mise en valeur sur leur site, il est facile de s'y inscrire. Elle apparaît en haut de l'écran, juste au niveau des yeux. On ne peut pas la louper.
Les "indispensables alertes Fnac" ne semblent pas si indispensables que cela, puisqu'elles apparaissent tout en bas du site, dans un bandeau difficilement lisible sur fond jaune vif.
Quant à la newsletter Kobo... je n'en ai pas trouvé. Il y a une newsletter à destination des auteurs, mais je n'en ai pas vu pour les lecteurs, et je n'en ai pas vu pour les offres du jour.
Mon chiffre de vente du dimanche 8 novembre, entièrement dû à la mise en avant Kobo (puisque ma pub n'était plus efficace à ce moment), prouve qu'il y a un vrai public sur la Fnac et Kobo.
On va peut-être me traiter d'auteur ingrat (ce qui est faux, j'éprouve une vraie gratitude envers le fait que Kobo se tourne vraiment vers les auteurs autoédités, et j'ai conscience que les grands moyens ont été mis au cours de cette promo-ci), me reprocher de faire des critiques, mais j'estime que Kobo et la Fnac gagneraient grandement à entretenir une relation avec les lecteurs via une vraie newsletter.
Et continuez à soutenir les auteurs indépendants. Ils vous le rendront. Ma pub à destination de la Fnac et Kobo a été vue sur Facebook et Instagram par 82 282 personnes en l'espace d'une semaine.
Published on November 13, 2015 06:11
November 6, 2015
Promo flash : la Trilogie Ardalia
Pendant tout ce week-end et la journée du lundi, la trilogie Ardalia, roman de Fantasy en format ebook, est en promo à 0,99 € seulement sur la Fnac/Kobo, Apple et Google Play. Au moment où j'écris ces lignes, la trilogie est classée n°29 au classement général Fnac des meilleures ventes ebook, et n°6 des meilleures ventes Fantasy sur la Fnac.
Sur le site Kobobooks.com, la Trilogie Ardalia est n°7 en SF et Fantasy/Fantasy, n°3 en SF et Fantasy/Fantasy/Fantasy épique, et n°3 en Jeunesse/Ados et jeunes adultes/Fantastique et magie.
Elle a fait son apparition dans le fameux bandeau top 50 SF et Fantasy du site Kobobooks.
Jusqu'au lundi 9 novembre (inclus) vous pouvez vous procurer ces quelques 1200 pages de lecture à prix modique en cliquant sur l'un de ces liens (prix habituel: 12,99 €) :
La Fnac Kobobooks Apple iBooks Google Play
Si vous possédez une liseuse Kindle, vous avez la possibilité d'acquérir l'ebook compatible sur mon :
Site d'Auteur (colonne de gauche)
Présentation :
Pelmen doit beaucoup à la famille Boisencroix. Jusqu’à sa rencontre avec Teleg, le fils, il avait pour seule perspective la découpe de peaux de bêtes à l’aide d’un silex à la tannerie nauséabonde de son village. C’est ce nouvel ami qui lui a fait découvrir le travail du bois. Mieux encore, Galn, le père de Teleg, l’a initié au tir à l’arc, et Pelmen s’est révélé tellement doué pour cet art qu’il a réussi à infléchir la course de son destin en devenant archer.
Mais un jour, de mystérieux individus entrent en contact avec Teleg dans une taverne. En lui proposant un fragment d’ambreroche, minerai précieux entre tous, et en lui promettant la richesse, les inconnus parviennent à le convaincre de s’exiler pour travailler dans une mine.
Lorsque Pelmen apprend que ces personnages sont des adorateurs du feu, ennemis héréditaires, il n’hésite pas à se lancer dans l’aventure. Pour retrouver son ami et le tirer des griffes des nylevs, serviteurs du dieu de la destruction, il lui faudra surmonter bien des appréhensions et s’allier avec des êtres étranges et fantastiques : un shaman maîtrisant le souffle d’Aoles, autrement dit le pouvoir du vent, un krongos, créature de la terre capable de s’incorporer à la roche, et enfin des malians adeptes de la magie de l’eau.
Le meilleur roman de fantasy autopublié de ces dernières années - Les Chroniques de l'Imaginaire, août 2013.
Cette version compilée du cycle d’Ardalia comprend les romans Le Souffle d’Aoles, Eau Turquoise et Les Flammes de l’Immolé.
Ce qu'en disent les lecteurs
"Ce qui m'a plu dans ce livre c'est la sensibilité de l'auteur qui transparait dans la narration. Le style est élégant sans être lourd, les descriptions sont riches sans être assommantes et on est totalement dépaysés par cet univers inédit peuplé de personnages étonnants." —Ayaquina
"Vraiment excellent ! Parfaitement bien écrit, d'une richesse de personnages extraordinaire, une imagination débordante, un univers époustouflant de trouvailles. Pour ceux qui n'ont pas peur de sortir des sentiers battus et que les néologismes ne rebutent pas, à lire sans modération." —Monique
"Ce que j'ai vraiment aimé dans ce cycle, c'est que nous restons plongés dans l'histoire du début à la fin. Il est très difficile de décrocher avant d'avoir terminé et c'est très plaisant. Et encore une fois, c'est écrit avec une grande simplicité qui n'est pas là pour nous déplaire, bien au contraire!" —Flynn
Sur le site Kobobooks.com, la Trilogie Ardalia est n°7 en SF et Fantasy/Fantasy, n°3 en SF et Fantasy/Fantasy/Fantasy épique, et n°3 en Jeunesse/Ados et jeunes adultes/Fantastique et magie.
Elle a fait son apparition dans le fameux bandeau top 50 SF et Fantasy du site Kobobooks.
Jusqu'au lundi 9 novembre (inclus) vous pouvez vous procurer ces quelques 1200 pages de lecture à prix modique en cliquant sur l'un de ces liens (prix habituel: 12,99 €) :
La Fnac Kobobooks Apple iBooks Google Play
Si vous possédez une liseuse Kindle, vous avez la possibilité d'acquérir l'ebook compatible sur mon :
Site d'Auteur (colonne de gauche)
Présentation :
Pelmen doit beaucoup à la famille Boisencroix. Jusqu’à sa rencontre avec Teleg, le fils, il avait pour seule perspective la découpe de peaux de bêtes à l’aide d’un silex à la tannerie nauséabonde de son village. C’est ce nouvel ami qui lui a fait découvrir le travail du bois. Mieux encore, Galn, le père de Teleg, l’a initié au tir à l’arc, et Pelmen s’est révélé tellement doué pour cet art qu’il a réussi à infléchir la course de son destin en devenant archer.
Mais un jour, de mystérieux individus entrent en contact avec Teleg dans une taverne. En lui proposant un fragment d’ambreroche, minerai précieux entre tous, et en lui promettant la richesse, les inconnus parviennent à le convaincre de s’exiler pour travailler dans une mine.
Lorsque Pelmen apprend que ces personnages sont des adorateurs du feu, ennemis héréditaires, il n’hésite pas à se lancer dans l’aventure. Pour retrouver son ami et le tirer des griffes des nylevs, serviteurs du dieu de la destruction, il lui faudra surmonter bien des appréhensions et s’allier avec des êtres étranges et fantastiques : un shaman maîtrisant le souffle d’Aoles, autrement dit le pouvoir du vent, un krongos, créature de la terre capable de s’incorporer à la roche, et enfin des malians adeptes de la magie de l’eau.
Le meilleur roman de fantasy autopublié de ces dernières années - Les Chroniques de l'Imaginaire, août 2013.
Cette version compilée du cycle d’Ardalia comprend les romans Le Souffle d’Aoles, Eau Turquoise et Les Flammes de l’Immolé.
Ce qu'en disent les lecteurs
"Ce qui m'a plu dans ce livre c'est la sensibilité de l'auteur qui transparait dans la narration. Le style est élégant sans être lourd, les descriptions sont riches sans être assommantes et on est totalement dépaysés par cet univers inédit peuplé de personnages étonnants." —Ayaquina
"Vraiment excellent ! Parfaitement bien écrit, d'une richesse de personnages extraordinaire, une imagination débordante, un univers époustouflant de trouvailles. Pour ceux qui n'ont pas peur de sortir des sentiers battus et que les néologismes ne rebutent pas, à lire sans modération." —Monique
"Ce que j'ai vraiment aimé dans ce cycle, c'est que nous restons plongés dans l'histoire du début à la fin. Il est très difficile de décrocher avant d'avoir terminé et c'est très plaisant. Et encore une fois, c'est écrit avec une grande simplicité qui n'est pas là pour nous déplaire, bien au contraire!" —Flynn
Published on November 06, 2015 08:51
October 13, 2015
Ma réaction "à chaud" à l'article du Monde sur l'autoédition
Florence Aubenas lirait-elle mon blog? Dans un article du 13 octobre 2015 intitulé L'autoédition, cheval de Troie d'Amazon, la journaliste du Monde cite certaines phrases de mon dernier article de blog, quelque peu tirées de leur contexte. Un redoutable honneur, donc, partagé par les auteurs Charlie Bregman et Thibault Delavaud.
Aucun grand auteur ne semble s'être décidé pour l'autoédition sur Amazon Kindle, dit Florence Aubenas dans son article. A part bien sûr J.K. Rowling, qui autoédite les versions ebooks d'Harry Potter. Détail si insignifiant, bien sûr, qu'il ne valait pas la peine d'être mentionné...
Que J.K. Rowling autoédite de manière non exclusive sur Amazon n'en demeure pas moins qu'elle se publie elle-même, et cela fait d'elle, n'en déplaise à certains, une auteur hybride, qui joue sur les deux tableaux.
Ironie mise à part, Florence Aubenas m'a donné l'impression d'utiliser au départ un ton hyper critique envers l'autoédition sur Amazon, un ton qui est d'usage dans la presse grand public lorsqu'il s'agit d'évoquer ce grand perturbateur de géant américain, pour pouvoir ensuite s'autoriser à aller davantage au fond des choses et faire, finalement, un article assez sérieux.
Elle a cité une phrase de mon blog quelque peu sortie de son contexte: si Amazon avec KDP Select joue en effet sur l'espoir et l'émotion des auteurs, que dire des médias lorsqu'ils encensent un Da Vinci Code ou le dernier Goncourt?
Tous les grands médias participent de la pyramide de Ponzi de l'édition traditionnelle , c'est à dire un système d'incitation qui, pris au pied de la lettre, sans recul, se transforme en arnaque pour la très grande majorité des auteurs.
Elle a raison de pointer que le système Amazon fonctionne en vase clos. C'est bien l'une des choses que je dénonce, sans utiliser ce terme, dans mon dernier article de blog : Amazon gagnerait à être plus ouvert sur l'extérieur, et il y a des mesures simples qu'il pourrait mettre en place.
Après, est-ce que pour la plupart des auteurs, l'édition papier demeure un rêve? Cela demande à être vérifié. Je crois que l'idéal d'être publié en papier à des millions d'exemplaires en librairie reste un rêve, mais un rêve qui vient de plus en plus à l'arrière-plan, parce que les auteurs, même lorsqu'ils n'appartiennent pas au cénacle germanopratin, sont de mieux en mieux informés des rouages du système.
Ils connaissent le prix à payer pour ce rêve .
Aucun grand auteur ne semble s'être décidé pour l'autoédition sur Amazon Kindle, dit Florence Aubenas dans son article. A part bien sûr J.K. Rowling, qui autoédite les versions ebooks d'Harry Potter. Détail si insignifiant, bien sûr, qu'il ne valait pas la peine d'être mentionné...
Que J.K. Rowling autoédite de manière non exclusive sur Amazon n'en demeure pas moins qu'elle se publie elle-même, et cela fait d'elle, n'en déplaise à certains, une auteur hybride, qui joue sur les deux tableaux.
Ironie mise à part, Florence Aubenas m'a donné l'impression d'utiliser au départ un ton hyper critique envers l'autoédition sur Amazon, un ton qui est d'usage dans la presse grand public lorsqu'il s'agit d'évoquer ce grand perturbateur de géant américain, pour pouvoir ensuite s'autoriser à aller davantage au fond des choses et faire, finalement, un article assez sérieux.
Elle a cité une phrase de mon blog quelque peu sortie de son contexte: si Amazon avec KDP Select joue en effet sur l'espoir et l'émotion des auteurs, que dire des médias lorsqu'ils encensent un Da Vinci Code ou le dernier Goncourt?
Tous les grands médias participent de la pyramide de Ponzi de l'édition traditionnelle , c'est à dire un système d'incitation qui, pris au pied de la lettre, sans recul, se transforme en arnaque pour la très grande majorité des auteurs.
Elle a raison de pointer que le système Amazon fonctionne en vase clos. C'est bien l'une des choses que je dénonce, sans utiliser ce terme, dans mon dernier article de blog : Amazon gagnerait à être plus ouvert sur l'extérieur, et il y a des mesures simples qu'il pourrait mettre en place.
Après, est-ce que pour la plupart des auteurs, l'édition papier demeure un rêve? Cela demande à être vérifié. Je crois que l'idéal d'être publié en papier à des millions d'exemplaires en librairie reste un rêve, mais un rêve qui vient de plus en plus à l'arrière-plan, parce que les auteurs, même lorsqu'ils n'appartiennent pas au cénacle germanopratin, sont de mieux en mieux informés des rouages du système.
Ils connaissent le prix à payer pour ce rêve .
Published on October 13, 2015 06:13
October 8, 2015
Comment Amazon peut rétablir ma confiance
Amazon doit une partie de son succès au fait d'avoir su être se mettre à l'écoute non seulement de ses clients, mais aussi de ses fournisseurs, et parmi eux, les auteurs. Voici donc une série de suggestions qui, si elles étaient au moins partiellement mises en œuvre, me permettraient en tant qu'auteur indépendant d'envisager l'avenir de la publication d'ebooks sur Amazon, et en particulier Amazon Etats-Unis, avec un peu plus de confiance. Je précise que je ne les fait bien sûr qu'en mon nom propre.
Etant donné les campagnes de presse orchestrées par l'édition traditionnelle contre Amazon, il serait facile de glisser dans une rhétorique visant à propager le doute et l'incertitude à propos du futur de l'autoédition sur cette plate-forme.
Je vous rassure, ce blog n'a en rien vocation à être une chambre d'écho de l'édition traditionnelle.
Je suis persuadé que les auteurs autoédités, à titre individuel comme ici ou de manière plus collective, doivent aussi savoir faire entendre leur voix, tout simplement parce que nous sommes les premiers impactés lorsqu'un revendeur, qui est aussi un éditeur et un diffuseur, décide de changer certaines règles du jeu, de manière induite ou officielle.
Voici donc une série de suggestions visant à permettre une meilleure visibilité pour tous les auteurs indépendants.
1. En finir avec l'exclusivité de publication sur Amazon
Quand les agents des chanteuses Beyoncé ou Rihanna concluent un marché de publication exclusive de leur dernier album pendant un mois sur une plate-forme comme iTunes, cela s'accompagne d'une mise en avant exceptionnelle sur le site, mais aussi à n'en pas douter de jolis chèques.
Cela peut se comprendre. Ce sont des deals ponctuels et sur une durée très limitée, qui concernent très peu de grands noms.
Lorsque Amazon propose, contre une mise en avant sur le site qui n'est pas automatique, mais dépendra de la capacité de l'ebook de l'auteur à attirer des lecteurs, une exclusivité de trois mois tacitement reconductible, nous ne sommes plus dans un deal ponctuel et pas forcément d'une durée limitée.
Lorsque plus d'un million d'ebooks se retrouvent en exclusivité sur le site chaque mois de l'année, nous sommes dans un phénomène massif de distortion de concurrence.
Si un jour, Amazon doit répondre de ses actes devant le Département de la Justice américain pour abus de position dominante, il le devra, à mon humble avis, à KDP Select et à ses conditions d'exclusivité.
Les deux seuls éléments qui empêchent une telle action de la justice pour le moment sont cette précaution de trois mois renouvelables prise par Amazon, et le fait que l'exclusivité ne s'étende pas aux éditeurs traditionnels.
Cependant, si ce million d'ebooks représente à l'heure actuelle un poids économique incontestable, et qui ne fait que se renforcer mois après mois, c'est bien parce que les maisons d'édition se retrouvent peu à peu vidées de leur substance. Je veux parler des auteurs, bien sûr, qui choisissent de plus en plus de s'autopublier ou bien de jouer sur les deux tableaux.
Vous allez me dire, si l'exclusivité tombe, qu'en est-il des avantages spéciaux de visibilité de KDP Select? Amazon ne va pas les fournir gracieusement, sans contrepartie. On veut le beurre et l'argent du beurre?
2. En finir avec la montée en classement pour chaque emprunt Kindle Unlimited
La montée en classement qui se produit à chaque emprunt Kindle Unlimited, c'est la carotte qu'offre Amazon aux auteurs pour les persuader de rejoindre KDP Select.
Cette montée en classement, si elle est favorable à certains auteurs, si elle leur donne des armes pour rivaliser avec l'édition traditionnelle qui a plus de moyens pour ses quelques auteurs phares, dénature le classement Amazon et en remet en question la valeur et la pertinence.
Elle le dénature parce qu'un emprunt n'est pas une vente. Un livre emprunté qui ne sera pas lu ne rapportera rien à l'auteur. Même si le livre est lu dans sa totalité, tout dépend de sa taille: un livre de 200 pages rapporte en ce moment un peu plus d'un euro à l'auteur.
"En ce moment", car l'auteur n'a plus les commandes à partir du moment où son livre se retrouve sur Kindle Unlimited et est emprunté, ce n'est plus lui qui décide du prix, mais bien Amazon, au travers d'une formule suffisamment complexe pour que son entendement puisse échapper au commun des mortels. Un prix révisé chaque mois.
Par ailleurs, l'investissement moral d'un lecteur qui achète un ebook à 2,99€ ne sera pas le même que celui qui emprunte juste un livre dont il ne lira peut-être que dix pages avant de passer au suivant, puisqu'il bénéficie d'une formule illimitée à 9,99€ par mois.
Le classement ne devrait pas mélanger les deux. On peut vouloir être un acteur disrupteur, un perturbateur en bon français, cela ne veut pas dire que l'on doive perturber son propre modèle au point de le faire marcher sur la tête.
Est-ce à dire que je suis contre Kindle Unlimited ? Non, je pense qu'Amazon, les lecteurs et même les auteurs ont intérêt à avoir un système de souscription dynamique, qui favorise en particulier les lecteurs voraces. C'est pourquoi il faudrait:
3. Des algorithmes propres aux ebooks Kindle Unlimited empruntés ainsi qu'un onglet dédié à ces ebooks
Amazon a prouvé, avec l'onglet ebooks gratuits, qu'il pouvait créer une fenêtre de visibilité bénéficiant de ses propres algorithmes. Il serait donc tout à fait envisageable qu'il crée un nouvel onglet dédié aux ebooks Kindle Unlimited (KU). Cela aurait plusieurs avantages:
- permettre aux lecteurs inscrits de retrouver rapidement les ebooks KU populaires
- donner de la visibilité à ces ebooks, qui pourraient bien sûr être achetés de manière classique par les non abonnés
- donner un surcroît de publicité à Kindle Unlimited, ce qui, du point de vue d'Amazon, ne peut qu'être avantageux
- en finir avec le mélange emprunts/livres achetés dans le classement traditionnel
On pourrait bien évidemment avoir des ebooks Kindle Unlimited dans le classement traditionnel, mais ils ne le devraient qu'à leurs ventes, plus à leurs emprunts.
La création d'un nouvel onglet perdrait bien évidemment presque tout son sens si l'ancien système de boost des emprunts devait être maintenu.
4. Autoriser la diffusion multi plates-formes pour les titres des maisons d'édition Amazon
Amazon possède différentes maisons d'édition, dont Amazon Crossing, qui publie notamment l'auteur Jacques Vandroux . Son roman traduit en anglais, Heart Collector , ne peut être acheté sur Apple, Kobo ou Google.
Il en est de même pour tous les ouvrages des auteurs édités par l'une des maisons d'Amazon. Cela fait plusieurs milliers de titres, que les lecteurs de Kobo, par exemple, seraient sans doute heureux de voir débouler sur leur plate-forme.
Et je pense pouvoir dire que les auteurs concernés ne s'opposeraient pas à ce que leurs ebooks soient vendus sur d'autres plates-formes qu'Amazon.
N'est-ce pas le but d'un éditeur, de diffuser le plus largement possible les ouvrages de ses auteurs, et de les faire connaître sans parti pris?
La logique de confrontation, on le sait, est rarement favorable aux affaires.
Si Amazon fait ce geste de publier ses auteurs sur d'autres plates-formes, ce sera un geste fort d'ouverture envers le monde extérieur. Un geste qui montrera qu'Amazon ne se considère plus comme une planète visant à attirer puis assimiler tout ce qui se trouve dans son orbite, mais bien comme un acteur adulte et ouvert sur le monde.
Si Amazon devait aussi en parallèle laisser tomber ses conditions d'exclusivité, il bénéficierait d'un important regain de popularité. Beaucoup plus d'auteurs voudraient y être publiés, car il serait nettement moins perçu comme un prédateur.
On pourrait même envisager qu'à l'instar de Tolino , Amazon puisse essayer de se rapprocher de certains libraires pour y vendre des ouvrages, qu'ils soient autoédités ou de ses auteurs maison. De la science-fiction? Tout est possible quand on est un disrupteur.
5. En finir avec la "course aux armements" des commentaires
Je ne peux que féliciter Alice Quinn d'avoir obtenu 1860 commentaires pour Queen of the Trailer Park , la traduction anglaise d' Un palace en Enfer .
Mais en même temps, je ne peux que m'inquiéter lorsque l'auteur Joanna Penn affirme qu'il faut au moins 100 commentaires pour qu'un livre soit visible sur Amazon Etats-Unis.
Je conçois que les commentaires sont l'une des rares armes qu'Amazon ait à opposer aux romans traditionnellement édités.
Le problème, c'est que de plus en plus d'auteurs vont se mettre à penser qu'à partir du moment où les commentaires d'Amazon viennent le plus souvent de lecteurs inscrits au service premium (Amazon Prime) et bénéficiant, en contrepartie de leurs commentaires, de cadeaux, cela reviendrait au même, en ce qui les concerne, de payer pour ces commentaires.
De même d'ailleurs que les éditeurs offrent des cadeaux aux blogueuses les plus en vue afin qu'elles consacrent du temps aux ouvrages de leurs auteurs.
Bref, tout cela crée une surenchère qui n'est pas propice à la sérénité, ni des auteurs, ni des chroniqueurs, et qui va surtout à l'encontre des lecteurs, lesquels sont bien évidemment en droit de questionner la sincérité de nombreux commentaires.
Réduire de un mois à quinze jours la période des livres dans Amazon First (pour comprendre de quoi il retourne, lisez cet article ) me paraîtrait une bonne mesure pour revenir à un nombre de commentaires plus acceptable.
6. En finir enfin avec la clause de confidentialité des contrats des maisons d'édition Amazon
Amazon souhaite montrer qu'il est un perturbateur? Ce serait un bon moyen. Je suis persuadé que les contrats seraient encore plus favorables aux auteurs s'ils étaient discutés sur la place publique, sur Internet. Faites confiance à l'intelligence collective des auteurs, elle peut accomplir des prouesses.
Historiquement, les clauses de confidentialité ont bénéficié à deux types d'acteurs:
- les super bestsellers, qui avaient moyen d'insérer des clauses spéciales très favorables, de manière à aligner leurs droits d'auteur sur ce que la maison d'édition proposait de mieux aux autres auteurs de cette maison
- les éditeurs, et de manière massive, en privilégiant une loi du silence qui leur permettait d'insérer des clauses aussi infâmes que celles de non compétition ou de droit de préférence
Je peux comprendre qu'il y ait des clauses de confidentialité dans des domaines super stratégiques, dans certains domaines commerciaux sensibles ou dans la sécurité. Mais dans l'édition? Pour les auteurs?
Cela a été avant tout, pour certains auteurs, le moyen de prendre l'ascendant sur d'autres, et pour les éditeurs, de rouler dans la farine le plus grand nombre, pour rester poli.
Je pense qu'il faut en finir avec ces clauses, et qu'Amazon devrait montrer l'exemple.
Voilà pour mes suggestions, un peu longues je sais. Vous remarquerez que les mesures 1, 2 et 3 sont liées. Si elles étaient toutes les trois appliquées, on aurait davantage de livres dans Kindle Unlimited et un système de classement plus fiable.
Etant donné les campagnes de presse orchestrées par l'édition traditionnelle contre Amazon, il serait facile de glisser dans une rhétorique visant à propager le doute et l'incertitude à propos du futur de l'autoédition sur cette plate-forme.
Je vous rassure, ce blog n'a en rien vocation à être une chambre d'écho de l'édition traditionnelle.
Je suis persuadé que les auteurs autoédités, à titre individuel comme ici ou de manière plus collective, doivent aussi savoir faire entendre leur voix, tout simplement parce que nous sommes les premiers impactés lorsqu'un revendeur, qui est aussi un éditeur et un diffuseur, décide de changer certaines règles du jeu, de manière induite ou officielle.
Voici donc une série de suggestions visant à permettre une meilleure visibilité pour tous les auteurs indépendants.
1. En finir avec l'exclusivité de publication sur Amazon
Quand les agents des chanteuses Beyoncé ou Rihanna concluent un marché de publication exclusive de leur dernier album pendant un mois sur une plate-forme comme iTunes, cela s'accompagne d'une mise en avant exceptionnelle sur le site, mais aussi à n'en pas douter de jolis chèques.
Cela peut se comprendre. Ce sont des deals ponctuels et sur une durée très limitée, qui concernent très peu de grands noms.
Lorsque Amazon propose, contre une mise en avant sur le site qui n'est pas automatique, mais dépendra de la capacité de l'ebook de l'auteur à attirer des lecteurs, une exclusivité de trois mois tacitement reconductible, nous ne sommes plus dans un deal ponctuel et pas forcément d'une durée limitée.
Lorsque plus d'un million d'ebooks se retrouvent en exclusivité sur le site chaque mois de l'année, nous sommes dans un phénomène massif de distortion de concurrence.
Si un jour, Amazon doit répondre de ses actes devant le Département de la Justice américain pour abus de position dominante, il le devra, à mon humble avis, à KDP Select et à ses conditions d'exclusivité.
Les deux seuls éléments qui empêchent une telle action de la justice pour le moment sont cette précaution de trois mois renouvelables prise par Amazon, et le fait que l'exclusivité ne s'étende pas aux éditeurs traditionnels.
Cependant, si ce million d'ebooks représente à l'heure actuelle un poids économique incontestable, et qui ne fait que se renforcer mois après mois, c'est bien parce que les maisons d'édition se retrouvent peu à peu vidées de leur substance. Je veux parler des auteurs, bien sûr, qui choisissent de plus en plus de s'autopublier ou bien de jouer sur les deux tableaux.
Vous allez me dire, si l'exclusivité tombe, qu'en est-il des avantages spéciaux de visibilité de KDP Select? Amazon ne va pas les fournir gracieusement, sans contrepartie. On veut le beurre et l'argent du beurre?
2. En finir avec la montée en classement pour chaque emprunt Kindle Unlimited
La montée en classement qui se produit à chaque emprunt Kindle Unlimited, c'est la carotte qu'offre Amazon aux auteurs pour les persuader de rejoindre KDP Select.
Cette montée en classement, si elle est favorable à certains auteurs, si elle leur donne des armes pour rivaliser avec l'édition traditionnelle qui a plus de moyens pour ses quelques auteurs phares, dénature le classement Amazon et en remet en question la valeur et la pertinence.
Elle le dénature parce qu'un emprunt n'est pas une vente. Un livre emprunté qui ne sera pas lu ne rapportera rien à l'auteur. Même si le livre est lu dans sa totalité, tout dépend de sa taille: un livre de 200 pages rapporte en ce moment un peu plus d'un euro à l'auteur.
"En ce moment", car l'auteur n'a plus les commandes à partir du moment où son livre se retrouve sur Kindle Unlimited et est emprunté, ce n'est plus lui qui décide du prix, mais bien Amazon, au travers d'une formule suffisamment complexe pour que son entendement puisse échapper au commun des mortels. Un prix révisé chaque mois.
Par ailleurs, l'investissement moral d'un lecteur qui achète un ebook à 2,99€ ne sera pas le même que celui qui emprunte juste un livre dont il ne lira peut-être que dix pages avant de passer au suivant, puisqu'il bénéficie d'une formule illimitée à 9,99€ par mois.
Le classement ne devrait pas mélanger les deux. On peut vouloir être un acteur disrupteur, un perturbateur en bon français, cela ne veut pas dire que l'on doive perturber son propre modèle au point de le faire marcher sur la tête.
Est-ce à dire que je suis contre Kindle Unlimited ? Non, je pense qu'Amazon, les lecteurs et même les auteurs ont intérêt à avoir un système de souscription dynamique, qui favorise en particulier les lecteurs voraces. C'est pourquoi il faudrait:
3. Des algorithmes propres aux ebooks Kindle Unlimited empruntés ainsi qu'un onglet dédié à ces ebooks
Amazon a prouvé, avec l'onglet ebooks gratuits, qu'il pouvait créer une fenêtre de visibilité bénéficiant de ses propres algorithmes. Il serait donc tout à fait envisageable qu'il crée un nouvel onglet dédié aux ebooks Kindle Unlimited (KU). Cela aurait plusieurs avantages:
- permettre aux lecteurs inscrits de retrouver rapidement les ebooks KU populaires
- donner de la visibilité à ces ebooks, qui pourraient bien sûr être achetés de manière classique par les non abonnés
- donner un surcroît de publicité à Kindle Unlimited, ce qui, du point de vue d'Amazon, ne peut qu'être avantageux
- en finir avec le mélange emprunts/livres achetés dans le classement traditionnel
On pourrait bien évidemment avoir des ebooks Kindle Unlimited dans le classement traditionnel, mais ils ne le devraient qu'à leurs ventes, plus à leurs emprunts.
La création d'un nouvel onglet perdrait bien évidemment presque tout son sens si l'ancien système de boost des emprunts devait être maintenu.
4. Autoriser la diffusion multi plates-formes pour les titres des maisons d'édition Amazon
Amazon possède différentes maisons d'édition, dont Amazon Crossing, qui publie notamment l'auteur Jacques Vandroux . Son roman traduit en anglais, Heart Collector , ne peut être acheté sur Apple, Kobo ou Google.
Il en est de même pour tous les ouvrages des auteurs édités par l'une des maisons d'Amazon. Cela fait plusieurs milliers de titres, que les lecteurs de Kobo, par exemple, seraient sans doute heureux de voir débouler sur leur plate-forme.
Et je pense pouvoir dire que les auteurs concernés ne s'opposeraient pas à ce que leurs ebooks soient vendus sur d'autres plates-formes qu'Amazon.
N'est-ce pas le but d'un éditeur, de diffuser le plus largement possible les ouvrages de ses auteurs, et de les faire connaître sans parti pris?
La logique de confrontation, on le sait, est rarement favorable aux affaires.
Si Amazon fait ce geste de publier ses auteurs sur d'autres plates-formes, ce sera un geste fort d'ouverture envers le monde extérieur. Un geste qui montrera qu'Amazon ne se considère plus comme une planète visant à attirer puis assimiler tout ce qui se trouve dans son orbite, mais bien comme un acteur adulte et ouvert sur le monde.
Si Amazon devait aussi en parallèle laisser tomber ses conditions d'exclusivité, il bénéficierait d'un important regain de popularité. Beaucoup plus d'auteurs voudraient y être publiés, car il serait nettement moins perçu comme un prédateur.
On pourrait même envisager qu'à l'instar de Tolino , Amazon puisse essayer de se rapprocher de certains libraires pour y vendre des ouvrages, qu'ils soient autoédités ou de ses auteurs maison. De la science-fiction? Tout est possible quand on est un disrupteur.
5. En finir avec la "course aux armements" des commentaires
Je ne peux que féliciter Alice Quinn d'avoir obtenu 1860 commentaires pour Queen of the Trailer Park , la traduction anglaise d' Un palace en Enfer .
Mais en même temps, je ne peux que m'inquiéter lorsque l'auteur Joanna Penn affirme qu'il faut au moins 100 commentaires pour qu'un livre soit visible sur Amazon Etats-Unis.
Je conçois que les commentaires sont l'une des rares armes qu'Amazon ait à opposer aux romans traditionnellement édités.
Le problème, c'est que de plus en plus d'auteurs vont se mettre à penser qu'à partir du moment où les commentaires d'Amazon viennent le plus souvent de lecteurs inscrits au service premium (Amazon Prime) et bénéficiant, en contrepartie de leurs commentaires, de cadeaux, cela reviendrait au même, en ce qui les concerne, de payer pour ces commentaires.
De même d'ailleurs que les éditeurs offrent des cadeaux aux blogueuses les plus en vue afin qu'elles consacrent du temps aux ouvrages de leurs auteurs.
Bref, tout cela crée une surenchère qui n'est pas propice à la sérénité, ni des auteurs, ni des chroniqueurs, et qui va surtout à l'encontre des lecteurs, lesquels sont bien évidemment en droit de questionner la sincérité de nombreux commentaires.
Réduire de un mois à quinze jours la période des livres dans Amazon First (pour comprendre de quoi il retourne, lisez cet article ) me paraîtrait une bonne mesure pour revenir à un nombre de commentaires plus acceptable.
6. En finir enfin avec la clause de confidentialité des contrats des maisons d'édition Amazon
Amazon souhaite montrer qu'il est un perturbateur? Ce serait un bon moyen. Je suis persuadé que les contrats seraient encore plus favorables aux auteurs s'ils étaient discutés sur la place publique, sur Internet. Faites confiance à l'intelligence collective des auteurs, elle peut accomplir des prouesses.
Historiquement, les clauses de confidentialité ont bénéficié à deux types d'acteurs:
- les super bestsellers, qui avaient moyen d'insérer des clauses spéciales très favorables, de manière à aligner leurs droits d'auteur sur ce que la maison d'édition proposait de mieux aux autres auteurs de cette maison
- les éditeurs, et de manière massive, en privilégiant une loi du silence qui leur permettait d'insérer des clauses aussi infâmes que celles de non compétition ou de droit de préférence
Je peux comprendre qu'il y ait des clauses de confidentialité dans des domaines super stratégiques, dans certains domaines commerciaux sensibles ou dans la sécurité. Mais dans l'édition? Pour les auteurs?
Cela a été avant tout, pour certains auteurs, le moyen de prendre l'ascendant sur d'autres, et pour les éditeurs, de rouler dans la farine le plus grand nombre, pour rester poli.
Je pense qu'il faut en finir avec ces clauses, et qu'Amazon devrait montrer l'exemple.
Voilà pour mes suggestions, un peu longues je sais. Vous remarquerez que les mesures 1, 2 et 3 sont liées. Si elles étaient toutes les trois appliquées, on aurait davantage de livres dans Kindle Unlimited et un système de classement plus fiable.
Published on October 08, 2015 06:22


