Laurent Kloetzer's Blog, page 60
February 7, 2014
[Publicité] Mémoire vagabonde

Le type qui a écrit ce roman ne savait pas trop ce que sa vie allait devenir. Le texte a été tapé pour l'essentiel sur un ordinateur (trans)portable avec un processeur Intel 286 et un écran monochrome beige, dans une chambre d'étudiant, au lieu d'aller en cours. Puis je suis entré un jour par hasard dans les locaux magiques des éditions Mnémos, passage du Clos Bruneau, à Paris, et Stéphane M. a dit que l'histoire avait l'air pas mal et qu'il rappellerait.
Jaël vit depuis cette époque. Casanova imaginaire, écrivain rêveur, duelliste quand il le faut - il se débrouille bien avec sa rapière mais il n'aime pas ça. S'il est doué pour une chose, c'est bien pour se perdre. Se perdre dans Dvern, la cité de basalte, se perdre dans les bras des femmes, dans les rêves de sa propre vie, dans les rêves des autres. Malgré tous ses défauts, sa belle gueule, son égoïsme, son indifférence, je l'aime bien.Dans Mémoire Vagabonde on le verra donc, chassé par un vent de scandale, arriver dans la grande ville de Dvern, se faire embaucher pour des raisons obscures dans la maison d'une veuve séduisante, se lier d'amitié avec un dieu en exil, séduire - souvent, tomber amoureux - une fois, se faire poursuivre par ses propres démons, jouer sa vie, son âme et tout le reste aux tables de jeu de Jaran Daï Nelles, prince des chimères.
Le texte de roman a connu une toilette cosmétique et est accompagné d'une postface, que les lecteurs de l'édition numérique connaîtront déjà.Je suis bien content de le savoir de nouveau disponible sous forme papier.
La page de Mémoire Vagabonde sur le site des éditions Mnémos.On peut le commander chez un libraire en ligne bien connu.
La version numérique du roman est disponible ici.
Jaël est revenu (dans le corps d'un chat) dans le recueil Petites Morts (on doit aussi pouvoir le commander chez le même libraire).

Published on February 07, 2014 05:18
February 5, 2014
Le vent se lève - Hayao Miyazaki
C'est l'histoire d'un jeune homme qui voulait fabriquer de beaux avions. Ni plus, ni moins. On est au Japon, entre les deux guerres. Les gens sont pauvres, la terre tremble, la guerre gronde, le vent se lève. Le chapeau de Jiro s'envole, une jeune fille le rattrape, sourit, et dit, en français : le vent se lève, il est temps de vivre. Tout le film est là, dans la citation de Paul Valéry.
C'est un film sans artifices, sans émotions calculées, sans ruses de scénario, dans la forme d'art la plus artificielle et la plus fabriquée qui soit, le dessin animé, là où il faut reconstituer complètement le monde. Il n'y a pas de personnages, seulement des personnes, avec leur histoire, leurs désirs, leurs maladresses, leur bonté, leurs relations, toutes justes. Tout est vrai, le laid comme le beau, la tristesse comme la grâce. Le vent se lève, le récit est traversé par une inquiétude de fin du monde, éclairée de moments de beauté. Jiro, enfant, dort, vit, rêve, agit, et sa vie entière, de train en bateau, de voyage en Allemagne en voyage onirique, sa vie est un long rêve éveillé. Jiro arrive à l'hôtel, portant un costume clair, il marche lentement, pensif, et on comprend peu à peu que cet homme est épuisé, presque brisé, et que par la chance d'une rencontre et d'un été, au pied de la montagne magique, il trouvera le bonheur.
Le vent se lève est une merveille. J'ai beaucoup pleuré.


C'est un film sans artifices, sans émotions calculées, sans ruses de scénario, dans la forme d'art la plus artificielle et la plus fabriquée qui soit, le dessin animé, là où il faut reconstituer complètement le monde. Il n'y a pas de personnages, seulement des personnes, avec leur histoire, leurs désirs, leurs maladresses, leur bonté, leurs relations, toutes justes. Tout est vrai, le laid comme le beau, la tristesse comme la grâce. Le vent se lève, le récit est traversé par une inquiétude de fin du monde, éclairée de moments de beauté. Jiro, enfant, dort, vit, rêve, agit, et sa vie entière, de train en bateau, de voyage en Allemagne en voyage onirique, sa vie est un long rêve éveillé. Jiro arrive à l'hôtel, portant un costume clair, il marche lentement, pensif, et on comprend peu à peu que cet homme est épuisé, presque brisé, et que par la chance d'une rencontre et d'un été, au pied de la montagne magique, il trouvera le bonheur.
Le vent se lève est une merveille. J'ai beaucoup pleuré.



Published on February 05, 2014 04:58
February 3, 2014
Axiomatique - Greg Egan

Un cristal qui enregistre toutes nos impressions et toutes nos réactions, qui simule qui nous sommes, peut-il être celui que nous sommes ? Peut-il nous remplacer ?
Un nombre infini de tueurs marchant dans un nombre infini d'univers parallèles peut-il atteindre sa cible si certains d'entre eux font défection ? (1)Et si on pouvait acheter ses croyances au supermarché ? Religions philosophies, systèmes de valeurs... Que vaudraient nos convictions ?Et si un homme changeait de corps chaque matin, usurpant celui de ses voisins, que resterait-il se son identité ?Et si nous recevions, grâce à un paradoxe quantique, le récit du futur ? A quoi serviraient les politiciens ? Vivrait-on des mariages heureux ?Et si un virologue chrétien fondamentaliste parvenait à concevoir un virus forçant le respect de valeurs morales et ne se propageant que chez les sodomites et les adultères ?Et si une bande de kidnappeurs réussissait à enfermer le double numérique de votre femme, un double doté des mêmes valeurs, des mêmes sentiments, des mêmes émotions… Payeriez-vous la rançon ?Axiomatique est un recueil de dix-sept nouvelles de Greg Egan, paru aux éditions du Bélial. Dans un registre de textes plutôt brefs, Egan joue avec les identités, les corps, les croyances, les idées, remettant en question ce qui nous paraît évident ou acquis. On est là dans la science-fiction classique, héritière de l'âge d'or : les personnages ont peu d'importance, les concepts sont parfois amusants et souvent vertigineux, inspirés par la mécanique quantique ou les sciences cognitives. Egan n'écrit pas très bien, mais il est facile à lire, il joue avec nos solipsismes, avec les questions que nous pouvons nous poser sur nos propres identités. Qui sommes-nous ? De quoi sommes-nous faits ? Pouvons-nous changer ? C'est un peu en-dessous du niveau de Ted Chiang, mais ça reste de la littérature de qualité, pleine de surprises et de vertiges. (Et les amateurs noteront et se réjouiront de ce qu'Egan a écrit bien plus de nouvelles que Chiang)Je lirai volontiers les deux autres recueils parus au Bélial.
PS : l'ensemble est disponible en numérique dans une édition soignée. Les textes sont courts, ça se lit très bien dans le métro.
(1) ce texte-là, quasi borgésien dans ses implications, est mon préféré.

Published on February 03, 2014 09:00
December 23, 2013
L'arche part à 8 heures - au petit théâtre

Sur un sujet très "enfantin", voici un excellent spectacle de théâtre à la fois poétique, existentiel et très très drôle. On y parle de la fin du monde, d'amitié, du mythe de Noé et du Déluge, visités en posant des questions impertinentes à la façon d'une certaine tradition juive. L'histoire (adaptée d'un livre allemand écrit par un auteur dramatique, Ulrich Hub) est excellente, personnages et dialogues sont remarquablement écrits et souvent à hurler de rire. Ajoutez à cela des acteurs parfaits (alors qu'ils portent des costumes de pingouins... et de colombe), une mise en scène inventive, des musiciennes/mécaniciennes célestes sur scène, des automates, des marionnettes, une scénographie magnifique (je ne poste aucune photo de l'Arche, il faut la voir), nous avons vu là, avec les enfants, un de nos meilleurs spectacles de l'année. Une co-production de l'excellent petit théâtre de Lausanne, dont on espère qu'elle va tourner loin et longtemps. Je conseille aux parents de prétexter sortir leurs enfants pour aller voir cette merveille.

A partir de sept ans.Mise en scène de Christian Denisart.


Published on December 23, 2013 00:53
December 17, 2013
Le marchand de réalités - Simon Sanahujas


Published on December 17, 2013 23:29
December 15, 2013
Journal de nuit - Jack Womack

Ce livre m'a été conseillé par la librairie Charybde. L'édition Présence du futur dont je dispose est épuisée, mais aux dernières nouvelles Charybde disposait encore de quelques exemplaires en excellent état à un prix modique.
[edit] le livre n'est plus disponible en Charybde, mais on le trouve en Scylla, à l'heure où j'écris.

Published on December 15, 2013 23:18
December 14, 2013
On a retrouvé l'histoire de France - Jean-Paul Demoule


Published on December 14, 2013 01:44
December 12, 2013
Le syndrome de l'éléphant - Thierry Di Rollo


Published on December 12, 2013 23:18
December 9, 2013
Le diable est au piano - Léo Henry


Published on December 09, 2013 22:50
December 8, 2013
Une interprétation des Masques de Nyarlathotep – deuxième partie
Ne pas oublier de se référer aux épisodes précédents pour lire ce qui suit. Attention si vous comptez jouer un jour cette campagne, ce récit comprend quantité de spoilers.
Printemps 1925, Jonas Christiansen et Sam Lipsky débarquent dans la ville de Shanghai au bord de l'explosion sociale. Les ouvriers se mettent en grève, soutenus par le parti communiste, le KMT (et les triades) ou la secte ultranationaliste de la Grosse Femme (le Pang Nuren, en mandarin).
Nos héros prennent bien soin de ne pas débarquer ensemble, Sam est chargé de suivre Jonas de loin et par là même tente de prouver qu'il est aussi doué que son père pour se glisser dans des sociétés inconnues.
Jonas remonte la piste de Brady, par la caserne américaine (où Brady a servi à l'époque en tant que marine), par son ancienne petite amie prostituée (dont il a trouvé l'éventail dans les affaires de Brady chez les Carlyle)… De passage au Cercle Sportif Français, coup de chance, il reconnaît sur une photo de partie de pèche en mer un homme au visage familier… le docteur Huston ! qui se fait appeler ici le docteur Wood et dirige une clinique où il accueille la belle société pour des cures fan-tas-tiques. Quant à Sam, passant des jours et des jours sur le port, il repère le Black Lady, le yacht photographié par son père…
Avec l'aide de M. Li Weng Chen, interprète et guide cultivé, et homme plus audacieux qu'on pourrait croire, Jonas tente une audacieuse filature maritime nocturne du yacht jusqu'à une étrange île rocheuse, Grey Dragon Island.
Jonas finit par se faire repérer par les hommes de Chu Min entourant Brady. Dans une maison inconnue, on l'amène face à un Brady lourd et ténébreux, façon colonel Kurtz dans Apocalypse Now. Il sait déjà que l'histoire de Brady n'a pas été facile… Sa femme chinoise et sa fille ont été enlevées par la secte de la Grosse Femme, et depuis Brady mène contre le groupe de M. Ho une guerre secrète et souterraine.
On aura droit à une dangereuse expédition d'infiltration sur l'île où Jonas découvrira le laboratoire où se fabrique la panacée, mystérieux médicament utilisé par le docteur Wood dans sa clinique de luxe, où Jonas a envoyé sa maîtresse, la belle Alexandra Wong, en reconnaissance. Après cet épisode dangereux, Jonas et Sam disparaissent de la circulation, devenant des mendiants sur le port. C'est sous cette forme que Jonas assistera à l'embarquement d'une étrange marchandise sur le Black Lady… des sacs, contenant des êtres humains vivants.
Jonas est alors retrouvé par Thomas Fludd, détective « maritime » employé habituellement par la Carlyle Shipping Company et envoyé à Shanghai par la riche héritière. Associés, Fludd et Jonas cambriolent la clinique du docteur Wood, y découvrent une étrange machine solénoïdale et volent journaux et notes remplies de hiéroglyphes appartenant à des civilisations inconnues. Nos héros comprennent que ce coup là est le coup de trop, que les amis de Wood/Huston vont se mettre à leur poursuite. Fludd préfère compter sur le plan prévu et sa cache dans une planque jamais visitée auparavant... Ça ne l'empêchera pas d'être capturé quelques jours plus tard. Jonas chasse Sam et le force à s'embarquer pour New York avec tous les papiers volés chez Huston. Quant à lui-même… s'il veut comprendre ce qui se passe, il faut passer de l'autre côté. Bien habillé, rasé de près, il se présente chez Huston et lui offre de collaborer.
Huston est enchanté : cet Européen entreprenant lui sera utile dans ses plans industriels. Voici donc notre héros devenu un intime d'un playboy intelligent et hédoniste qui partage avec lui quelques-uns de ses secrets : la loge Ka, réunissant l'élite des Francs-Maçons de Shanghai, que Huston manipule évidemment, et la machine installée dans la cave de la clinique permettant de projeter son esprit dans le passé. Mais aussi son usine sur l'île du Dragon Gris, où Huston produit la mystérieuse panacée offrant guérisons et jeunesse.
Un soir Jonas, embarque sur le Black Lady en compagnie du terrifiant M. Ho et de sa famille pour assister à une cérémonie sur l'île. Ce qu'il vivra là-bas le marquera à jamais. La musique… les cris… le sang…
Jonas travaille efficacement pour Huston pendant plusieurs mois ; ses talents d'ingénieur lui permettent même d'élaborer un contenant permettant de conserver plus longtemps la panacée. Il s'intéresse, mais pas trop, au mystérieux serviteur nageant dans la piscine de boue où circulent les tuyaux permettant de fabriquer la drogue miraculeuse. Il sauve même Fludd, retrouvé vivant au fond d'un trou puant, les jambes coupées.
Après une longue préparation, Brady, Chu-Min et les siens, aidés de Jonas dans la place, dirigent un assaut furieux contre l'île un soir de « cérémonie ». L'affaire est violente, pris au milieu du feu Jonas abat Huston d'une balle dans la nuque (pas facile de tuer quelqu'un qui vous a offert ses cigares et son whisky), Ho est tué et la plupart de ses lieutenants avec lui, les corps sont jetés dans le puits où se réfugie le serviteur…
A peine le temps de souffler pour Jonas. Depuis Le Caire où elle participe à des fouilles sur les pharaons de la XXIIème dynastie en compagnie d'Alexandre Gautier (le brillant égyptologue de l'exposition Carlyle), Rebecca, la girlfriend de Jonas, annonce que les choses tournent mal et qu'elle rentre aux Etats-Unis. Elle promet de lui envoyer un télégramme quand elle sera à Port-Saïd. Mais rien ne vient.
Pendant ce temps de l'autre côté de l'Atlantique, Erica Carlyle rêve et agit. En compagnie de son beau serviteur grec dont elle a vu le visage gravé dans le flanc d'une montagne du pays des songes, elle fait de curieux voyages dans des coins reculés des Etats-Unis ou dans les archives de sa grande maison pour rassembler la plus étrange des collections, quand elle ne reçoit pas dans sa cave les hommes-chiens des cimetières prétendant que leurs familles sont liées depuis longtemps (est-elle la seule à voir ces créatures ? Elle s'en moque). L'arrivée des envoyés de M. Christiansen la trouble, elle les écoute parfois, semble comprendre ce dont il est question puis s'en désintéresser. M. Li, envoyé aux Etats-Unis, l'aide à acquérir une peinture chinoise du XIXème siècle représentant l'île du Dragon Gris accompagné d'un poème évoquant la cité sous-marine dont l'île n'est que le sommet émergé. Sam l'enchante et l'agace, de même que ce M. Fludd, mutilé à son service… Elle refuse plusieurs propositions de mariage, gagne de l'argent et se soucie que sa meilleure amie, Ms Post, soit devenue si engagée dans la American Ankh Society après la mort tragique de son fiancé. Sans en référer à personne, Ms Carlyle met un peu de distance entre elles. Mais bientôt un invité réellement inattendu débarquera à New York, en la personne de Jack Brady lui même…
A suivre...
Le lecteur constatera que nous nous sommes pas mal écartés des chemins indiqués dans le scénario. Moins de sorcelleries, pas de fusée, Huston transposé à Shanghai (ça me paraissait plus naturel comme ça). Pour le reste il y a toujours des cultes, des bandits et des messages venus des quatre coins du monde. Nous nous sommes rendu compte, à l'usage, que raconter ce genre d'histoire avec un minimum de réalisme donnait un résultat vraiment noir et sanglant. Au stade actuel, Jonas (actuellement au Caire) ne s'est pas encore remis de ce qui s'est passé à Shanghai. Sam, lui, conserve un véritable enthousiasme, mais il a échappé au pire. Quant à Ms Carlyle, elle a surmonté sa phobie des océans et est partie passer des vacances en France en compagnie d'un mathématicien galant et d'une poétesse lesbienne.
PS : une intéressante inspiration, le film Shanghai Triad de Zhang Yimou.

Printemps 1925, Jonas Christiansen et Sam Lipsky débarquent dans la ville de Shanghai au bord de l'explosion sociale. Les ouvriers se mettent en grève, soutenus par le parti communiste, le KMT (et les triades) ou la secte ultranationaliste de la Grosse Femme (le Pang Nuren, en mandarin).
Nos héros prennent bien soin de ne pas débarquer ensemble, Sam est chargé de suivre Jonas de loin et par là même tente de prouver qu'il est aussi doué que son père pour se glisser dans des sociétés inconnues.
Jonas remonte la piste de Brady, par la caserne américaine (où Brady a servi à l'époque en tant que marine), par son ancienne petite amie prostituée (dont il a trouvé l'éventail dans les affaires de Brady chez les Carlyle)… De passage au Cercle Sportif Français, coup de chance, il reconnaît sur une photo de partie de pèche en mer un homme au visage familier… le docteur Huston ! qui se fait appeler ici le docteur Wood et dirige une clinique où il accueille la belle société pour des cures fan-tas-tiques. Quant à Sam, passant des jours et des jours sur le port, il repère le Black Lady, le yacht photographié par son père…
Avec l'aide de M. Li Weng Chen, interprète et guide cultivé, et homme plus audacieux qu'on pourrait croire, Jonas tente une audacieuse filature maritime nocturne du yacht jusqu'à une étrange île rocheuse, Grey Dragon Island.
Jonas finit par se faire repérer par les hommes de Chu Min entourant Brady. Dans une maison inconnue, on l'amène face à un Brady lourd et ténébreux, façon colonel Kurtz dans Apocalypse Now. Il sait déjà que l'histoire de Brady n'a pas été facile… Sa femme chinoise et sa fille ont été enlevées par la secte de la Grosse Femme, et depuis Brady mène contre le groupe de M. Ho une guerre secrète et souterraine.
On aura droit à une dangereuse expédition d'infiltration sur l'île où Jonas découvrira le laboratoire où se fabrique la panacée, mystérieux médicament utilisé par le docteur Wood dans sa clinique de luxe, où Jonas a envoyé sa maîtresse, la belle Alexandra Wong, en reconnaissance. Après cet épisode dangereux, Jonas et Sam disparaissent de la circulation, devenant des mendiants sur le port. C'est sous cette forme que Jonas assistera à l'embarquement d'une étrange marchandise sur le Black Lady… des sacs, contenant des êtres humains vivants.
Jonas est alors retrouvé par Thomas Fludd, détective « maritime » employé habituellement par la Carlyle Shipping Company et envoyé à Shanghai par la riche héritière. Associés, Fludd et Jonas cambriolent la clinique du docteur Wood, y découvrent une étrange machine solénoïdale et volent journaux et notes remplies de hiéroglyphes appartenant à des civilisations inconnues. Nos héros comprennent que ce coup là est le coup de trop, que les amis de Wood/Huston vont se mettre à leur poursuite. Fludd préfère compter sur le plan prévu et sa cache dans une planque jamais visitée auparavant... Ça ne l'empêchera pas d'être capturé quelques jours plus tard. Jonas chasse Sam et le force à s'embarquer pour New York avec tous les papiers volés chez Huston. Quant à lui-même… s'il veut comprendre ce qui se passe, il faut passer de l'autre côté. Bien habillé, rasé de près, il se présente chez Huston et lui offre de collaborer.
Huston est enchanté : cet Européen entreprenant lui sera utile dans ses plans industriels. Voici donc notre héros devenu un intime d'un playboy intelligent et hédoniste qui partage avec lui quelques-uns de ses secrets : la loge Ka, réunissant l'élite des Francs-Maçons de Shanghai, que Huston manipule évidemment, et la machine installée dans la cave de la clinique permettant de projeter son esprit dans le passé. Mais aussi son usine sur l'île du Dragon Gris, où Huston produit la mystérieuse panacée offrant guérisons et jeunesse.
Un soir Jonas, embarque sur le Black Lady en compagnie du terrifiant M. Ho et de sa famille pour assister à une cérémonie sur l'île. Ce qu'il vivra là-bas le marquera à jamais. La musique… les cris… le sang…
Jonas travaille efficacement pour Huston pendant plusieurs mois ; ses talents d'ingénieur lui permettent même d'élaborer un contenant permettant de conserver plus longtemps la panacée. Il s'intéresse, mais pas trop, au mystérieux serviteur nageant dans la piscine de boue où circulent les tuyaux permettant de fabriquer la drogue miraculeuse. Il sauve même Fludd, retrouvé vivant au fond d'un trou puant, les jambes coupées.

Après une longue préparation, Brady, Chu-Min et les siens, aidés de Jonas dans la place, dirigent un assaut furieux contre l'île un soir de « cérémonie ». L'affaire est violente, pris au milieu du feu Jonas abat Huston d'une balle dans la nuque (pas facile de tuer quelqu'un qui vous a offert ses cigares et son whisky), Ho est tué et la plupart de ses lieutenants avec lui, les corps sont jetés dans le puits où se réfugie le serviteur…
A peine le temps de souffler pour Jonas. Depuis Le Caire où elle participe à des fouilles sur les pharaons de la XXIIème dynastie en compagnie d'Alexandre Gautier (le brillant égyptologue de l'exposition Carlyle), Rebecca, la girlfriend de Jonas, annonce que les choses tournent mal et qu'elle rentre aux Etats-Unis. Elle promet de lui envoyer un télégramme quand elle sera à Port-Saïd. Mais rien ne vient.
Pendant ce temps de l'autre côté de l'Atlantique, Erica Carlyle rêve et agit. En compagnie de son beau serviteur grec dont elle a vu le visage gravé dans le flanc d'une montagne du pays des songes, elle fait de curieux voyages dans des coins reculés des Etats-Unis ou dans les archives de sa grande maison pour rassembler la plus étrange des collections, quand elle ne reçoit pas dans sa cave les hommes-chiens des cimetières prétendant que leurs familles sont liées depuis longtemps (est-elle la seule à voir ces créatures ? Elle s'en moque). L'arrivée des envoyés de M. Christiansen la trouble, elle les écoute parfois, semble comprendre ce dont il est question puis s'en désintéresser. M. Li, envoyé aux Etats-Unis, l'aide à acquérir une peinture chinoise du XIXème siècle représentant l'île du Dragon Gris accompagné d'un poème évoquant la cité sous-marine dont l'île n'est que le sommet émergé. Sam l'enchante et l'agace, de même que ce M. Fludd, mutilé à son service… Elle refuse plusieurs propositions de mariage, gagne de l'argent et se soucie que sa meilleure amie, Ms Post, soit devenue si engagée dans la American Ankh Society après la mort tragique de son fiancé. Sans en référer à personne, Ms Carlyle met un peu de distance entre elles. Mais bientôt un invité réellement inattendu débarquera à New York, en la personne de Jack Brady lui même…
A suivre...
Le lecteur constatera que nous nous sommes pas mal écartés des chemins indiqués dans le scénario. Moins de sorcelleries, pas de fusée, Huston transposé à Shanghai (ça me paraissait plus naturel comme ça). Pour le reste il y a toujours des cultes, des bandits et des messages venus des quatre coins du monde. Nous nous sommes rendu compte, à l'usage, que raconter ce genre d'histoire avec un minimum de réalisme donnait un résultat vraiment noir et sanglant. Au stade actuel, Jonas (actuellement au Caire) ne s'est pas encore remis de ce qui s'est passé à Shanghai. Sam, lui, conserve un véritable enthousiasme, mais il a échappé au pire. Quant à Ms Carlyle, elle a surmonté sa phobie des océans et est partie passer des vacances en France en compagnie d'un mathématicien galant et d'une poétesse lesbienne.
PS : une intéressante inspiration, le film Shanghai Triad de Zhang Yimou.

Published on December 08, 2013 10:55