Laurent Kloetzer's Blog, page 78

November 10, 2010

Bara Yogoi - sept autres lieux

J'avais dit ici tout le bien que je pensais du précédent recueil de Jacques Mucchielli et Léo Henry, un voyage dans l'imaginaire de Yirminadingrad, cité déglinguée d'Europe de l'est, un lieu littéraire où je me suis senti vite chez moi. Bara Yogoï prolonge ce recueil de sept nouveaux textes "gravitant" autour de Yirminadingrad. On croit reconnaître des lieux, des noms, des situations évoquées dans le premier recueil.

L'écriture est plus aboutie et plus maîtrisée que dans le premier recueil et les amateurs de voyages bizarres seront satisfaits. J'ai été moi-même ravi du voyage dans ces sept autres lieux. J'avertis toutefois mes chers lecteurs : Bara Yogoï n'est pas un livre facile. A la manière des textes de Daylon ou des recueils de nouvelles de David Calvo, il faut aborder cette collection avec un regard curieux et en sachant qu'on n'aura là que quelques pièces d'un puzzle, sans doute incomplet, en partie brûlé et auquel un gosse mendiant aurait rajouté des morceaux découpés dans du carton. Outre l'intérêt de ces textes par eux-mêmes (chronique de banlieue, plongée ethnographique chez des réfugiés bien abimés d'un abri souterrain, récit d'emprisonnement...), une partie du jeu consiste à comprendre comment ils se relient aux autres textes du recueil et surtout au premier livre. Ne vous inquiétez pas : vous trouverez des réponses et vous vous perdrez.

Bon voyage.





PS : tout comme Yama Loka, Bara Yogoï est un beau livre. Et je pense que Stéphane Perger n'y est pas pour rien.
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Published on November 10, 2010 15:00

November 7, 2010

Exposition Gérôme au Musée d'Orsay

Je ne suis a priori pas trop fan de ce genre de peinture: Gérôme, c'est le réalisateur hollywoodien racoleur de son temps. De beaux décors, des sujets historiques, des filles nues, des gladiateurs, des sujets vendeurs... Une image impeccable, une réalisation léchée, une mise en scène magistrale. L'envie véritable de plaire au public et de vendre.

Là où l'exposition de son oeuvre au musée d'Orsay est excellente, c'est qu'elle permet de plonger dans la carrière de ce notable doué, de comprendre la mécanique de l'oeuvre, ce jeu entre érudition, érotisme soft, goût pour le drame et envie de faire plaisir au public sans trop de scrupules.





Quelques aperçus :





L'affiche de l'expo, une scène classique de péplum... Avant les peplums



Le duel après le bal masqué... Ca donne envie d'inventer l'histoire qui va avec

Une crucifixion intéressante, par un homme qui avait peu de religion

Et c'est parti pour les fantasmes... le marché aux esclaves...



...et les bains. 



Les peintures sont magnifiquement exposées, les couleurs éclatent, le discours est clair. Je reste fasciné par l'orientalisme, cette projection en Europe d'un Orient fantasmé, par la manière dont la photo vient nourrir la peinture et par la filiation assumée de certains peplums avec la peinture de Gérôme. Tout ça était excellent.
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Published on November 07, 2010 22:00

November 4, 2010

Andromaque à la Comédie Française

Puisque Cecci et moi avons passé un peu de temps à Paris, nous en avons profité pour faire une petite cure culturelle. Retour à la Comédie Française, donc. La dernière fois, ça devait être pour Figaro divorce, il y a deux ans...

Cette fois-ci, Andromaque, de Racine. La guerre de Troie a passé, Pyrrhus, fils d'Achille, détient chez lui la femme d'Hector dont il a fini par s'éprendre (sentiments qui ne lui sont pas rendus). Oreste arrive, envoyé par les Grecs, qui voudrait qu'on lui livre le fils d'Andromaque... Pas facile, vu que Pyrrhus est amoureux. Mais Hermione, délaissée par Pyrrhus et objet de l'adoration d'Oreste va mettre son grain de sel dans l'affaire...

Ce qu'il y a d'admirable, chez Racine, outre sa langue de grand style, c'est la mécanique du dilemme. A chaque acte son problème, et à peine un problème évacué (que faire d'Andromaque et surtout de son fils ? Faut-il écouter/épouser Hermione ?...), un nouveau problème se pose, comme un mécanisme bizarre qui ne pourrait aller que jusqu'à la catastrophe.

Je dois bien reconnaître, le texte est bon et la pièce, excellente.







Quant à la mise en scène...

Muriel Mayette, la metteuse en scène (et directrice du théâtre, ceci explique sans doute cela) a dû se souvenir que la Comédie Française devait garder le patrimoine. Alors elle a monté une Andromaque belle comme de l'antique : avec des colonnes, des acteurs habillés de vagues trucs antiques (ressemblant un peu à des serpillères), un peu zombies, un peu statues. C'est lent, compassé, à mourir d'ennui. Les acteurs se défendaient comme ils pouvaient (j'aimais beaucoup Hermione et Oreste, notamment - pas trop Andromaque, trop matrone) mais ils paraissaient englués dans la poussière.

A tout le moins, on a entendu le texte...
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Published on November 04, 2010 23:00

Pierre Etaix à Vidy



Il existe de jeunes artistes talentueux mais aussi de vieux artistes talentueux. Pierre Etaix en fait partie.



Je n'avais jamais entendu parler de monsieur Pierre Etaix avant de lire ce post sur le blog du Docteur Orlof. Etaix est un comique multi-casquettes : auteur dramatique, gagman (j'adore ce nom de métier), clown, magicien, cinéaste... Le spectacle Miousik Papillon tient quant à lui du music-hall : collage de numéros liés par un fil surréaliste (mais mettez vous à ma place ! – D'accord !) avec un pianiste virtuose  pas si virtuose, mime, chansons de jazz, clowns, vieux magicien chinois avec les dents en avant, excès de vitesse en jouant Chopin et angoisses surréalistes de Triboulet, diseur, qui fait des rêves angoissés en apercevant son double dans la salle.



Ce spectacle fait partie de ceux qui émerveillent parce qu'ils sont habités la grâce. La légèreté du jeu des artistes fait oublier les milliers d'heures de travail qu'on imagine nécessaires pour mettre en place une telle fluidité, une telle élégance. Tout coule, tombe en place, les gags, les situations, les personnages. C'est simple et merveilleux. Merci, M. Etaix.(spectacle malheureusement complet à Vidy mais s'il tourne, ne le manquez pas !)









PHOTOS AND COPYRIGHTMARIO DEL CURTO Delcurtomario@gmail.com



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Published on November 04, 2010 01:02

October 6, 2010

Transparence des relations - fin

Après bientôt trois semaines, l'expérience ouverte avec transparence des relations touche à sa fin.

Merci à tous ceux qui l'ont suivie, soutenue et relayée. Merci pour les mails d'encouragement, pour les appels à l'éditeur, pour vos questions et votre soutien.

La dernière version du livre se trouve maintenant en librairie. La dissociation a eu lieu et plus personne ne peut rien en dire. Surtout pas moi.







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Published on October 06, 2010 14:06

September 27, 2010

Chien du heaume - Justine Niogret

Une lecture faite grâce à l'excellent Xavier, de Scylla, puissent les dieux bénir sa librairie et faire pleuvoir sur lui la prospérité !



Chien du heaume est un récit vendu comme une quête un peu gore dans un Haut Moyen Age historique. Chien du heaume est le nom (moitié hommage, moitié insulte) donné à une femme mercenaire armée d'une hache. Elle est petite, laide et n'aime pas qu'on la provoque. Elle tue ceux qu'on lui dit de tuer, pour pouvoir manger, le monde n'est pas très aimable ma bonne dame. Dans Chien du heaume, l'hiver est froid, les nuits sont dures, la forêt est un monde de ténèbres humides où l'on ne pose les pieds qu'avec hésitation. L'évocation du moyen-âge est loin des clichés aimables, on est plutôt ici dans une version glacée et désespérée de l'époque.



Tout cela je le savais avant de lire le livre et de fait, le livre tient ses promesses de froid de désespoir et de violence. Mais au fond, le sujet n'est pas là. Car dès le troisième chapitre, Chien se trouve un ami/protecteur, un maître qui la nourrit dans son château des brumes. Et là le roman, tout en gardant les teintes évoquées précédemment, bascule dans une curieuse douceur. Certes, on y voit des guerriers couverts de fer, un tueur au masque de Salamandre, des représentants d'anciens peuples battant le tambour dans des forêts humides. Mais le maison où se réfugient les mercenaires sans visage, où le Seigneur Sanglier enferme son épousée/enfant de neuf ans, où le forgeron Regehir conte et se lamente et bat le fer dans les ténèbres, cette maison devient pour Chien et le lecteur un refuge, un cocon dont on ferme les portes face à l'hiver, dont l'on cherche l'ombre en été. L'espace d'une enfance, d'une gestation, d'une transformation, et c'est là l'aspect le plus intéressant du livre.Chien du heaume n'est pas un roman parfait. C'est un livre sincère, prenant, avec sa propre musique, qui ouvre plus de portes qu'il ne suit de chemins. Certaines scènes sont des ébauches, certaines situations ne sont pas développées autant qu'elles pourraient. Sa sincérité fait sa force. Une chanson née de l'angoisse, du malaise, d'envies de violence, d'amour et de douceur.
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Published on September 27, 2010 01:49

September 17, 2010

Transparence des relations (edit)

Un peu de communication personnelle, une fois n'est pas coutume.

Il semble parfois vain d'agir. Mais le projet me tient à coeur et je voudrais lui donner une chance de vivre pleinement sa vie. Voici ma manière (sans doute ridicule) de le défendre.Au nom de la transparence !

http://transparencedesrelations.blogspot.com/

Mise à jour:le commentaire de Gromovar sur la première version de ce post me laisse penser que je n'ai pas été très explicite. Je cherche à défendre la parution de Cleer / une fantaisie corporate, à laquelle j'accorde un intérêt légitime. Le blog Au bout de la corde n'est pas vraiment le lieu d'une telle défense (je l'ai toujours pensé comme un espace de chroniques culturelles et affinités plutôt que comme un espace auto-promotionel - mais d'autres verraient peut-être les choses autrement).C'est pourquoi j'ai ouvert un autre blog, Transparence des relations , qui développera les différents moments de la vie éditoriale du livre, quelle que soit sa destinée.

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Published on September 17, 2010 10:08

September 16, 2010

Transparence des relations

Un peu de communication personnelle, une fois n'est pas coutume.





Il semble parfois vain d'agir. Mais le projet me tient à coeur et je voudrais lui donner une chance de vivre pleinement sa vie. Voici ma manière (sans doute ridicule) de le défendre.

Au nom de la transparence !





http://transparencedesrelations.blogspot.com/



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Published on September 16, 2010 22:00

August 21, 2010

Au sujet du podcast...

La publication du dernier épisode de Mademoiselle Belle marque la fin de mes tentatives de podcast.

On retrouvera une liste brève des morceaux podcastés sur cette page. Je ferai peut-être une publication un peu mieux packagée (images, résumés, etc.) des épisodes déjà produits, mais je ne prévois plus de publications régulières à court ou moyen terme (même si j'ai trouvé, dans un certain recueil de nouvelles de SF français, un texte que j'aimerais bien lire...).





Quelques explications, pour les curieux.

Mon idée, derrière le podcast, était de pratiquer la lecture à haute voix, discipline que j'apprécie beaucoup et que je ne pratique pas assez, et de trouver un nouveau canal de diffusion pour des textes personnels et pour des textes que je jugeais trop mal connus. Cette activité s'ajoutait à un paquet d'autres, parmi lesquelles : une vie familiale intéressante, une vie professionnelle exigeante, l'écriture de romans et nouvelles, etc. Je ne voulais pas que la réalisation des enregistrements me prît trop de temps.

Au final, j'ai calculé que pour réaliser un podcast de niveau correct, il me fallait compter 5 à 6 fois le temps de lecture du texte de travail. Soit 3h de boulot pour 30' de résultat final. Ce temps comprend :

- une prélecture du texte suivie d'une phase d'édition de ce dernier (pour mes textes personnels, bien sûr : la lecture à voix haute fait voir des milliers de défauts...),

- l'enregistrement, en plusieurs prises, de la lecture du texte,

- le montage de ce dernier,

- la préparation du billet

Je suis loin d'être satisfait du résultat obtenu, qui est à des kilomètres encore des lectures à haute voix que j'aime et apprécie. Celles d'utopod, et surtout celles de Sophie Loubière, dans Parking de Nuit, maudite soit la direction de France Inter qui a mis fin à cette belle émission. Sophie, vous allez me manquer, je suis sûr que vous auriez aimé lire à l'antenne Maurice Pons et David Calvo.

J'ai déduit de tout cela qu'il allait falloir travailler quelques fondamentaux pour progresser : la diction, la technique d'enregistrement, l'intonation, etc. Lire pour s'enregistrer ne s'improvise pas du tout. Je m'y remettrai peut-être quand je serai plus à l'aise.





Un peu de technique:

j'ai utilisé pour l'enregistrement un micro Samson Go Mic, branché directement en USB sur mon mac.

L'enregistrement et le montage ont été réalisés avec Garage Band.

Le podcast a nécessité l'utilisation de blogger et de feedburner.

Je lis généralement en une prise, en me reprenant chaque fois que je rencontre des difficultés. Le montage élimine ensuite toutes les nombreuses scories.





Je remercie pour leurs conseils et leur soutien: Lucas Moreno, Cédric et Sylvain. Cédric Ferrand, Effelle et tous ceux qui m'ont fait des retours ou qui m'ont soutenu sur ce projet. Et Norn, bien sûr, qui m'a permis d'utiliser des extraits de l'excellent album Fridj.





Les amateurs de SF francophone podcastée se tourneront avec bonheur vers la référence en ce domaine, Utopod. Je sais maintenant la quantité de travail qu'il y a derrière ces publications, et je félicite Lucas et ses amis pour la qualité obtenue.
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Published on August 21, 2010 07:37

Ses cheveux blonds étaient défaits, emmêlés



Ses cheveux blonds étaient défaits, emmêlés, collés par la sueur et la peur à son front, sa longue chemise rouge déchirée la rendait aussi troublante que plus tôt dans le kiosque… Elle était griffée par endroit et la chair de ses poignets portait les marques se ses liens.. Si je me fais enlever par un dragon, viendrez-vous me sauver ?







Voici la cinquième et dernière partie de Mademoiselle Belle, le récit commencé dans ce billet.

Résumé de l'épisode précédent : Jaël est tombé dans le labyrinthe, il est temps de faire face aux monstres...



Ici, la page du recueil aux éditions Mnémos, qui m'ont donné l'aimable autorisation de lire ce texte en ce lieu.Une page consacrée à Jaël, sur le site de l'auteur.

Image (c) Fragonard



Comme je l'ai déjà dit à Effelle, cette version du texte est très différente de celle publiée aux éditions Mnémos. Le style a été énormément retravaillé, et mériterait d'être travaillé encore. 

Les ennemis du RSS et ceux qui ignorent ce sigle pourront s'abonner par e-mail dans la colonne de droite de cette page.



Télécharger l'enregistrement en mp3.







Générique : extrait de Fridj, par Norn. Tous droits réservés.





Creative Commons License

Enregistrement mis à disposition sous un contrat Creative Commons.
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Published on August 21, 2010 07:19