Laurent Kloetzer's Blog
September 28, 2025
Il était une fois dans l'Ouest - Sergio Leone


Oui, bien sûr, je l'avais déjà vu, il y a longtemps, mais c'est une douceur particulière que de dire à Marguerite : "tu avais aimé le bon, la brute et le truand, non ? Assez de temps a passé, ce soir on va regarder un autre film du même type."
Et après les dix-quinze minutes de la scène d'ouverture, le type avec la goutte qui s'écrase sur son chapeau, la mouche sur la face du truand, le grincement de l'éolienne, le cliquètement du télégraphe et le grondement grondement grondement du train avant que l'homme tenant un sac de voyage apparaisse sur le quai et joue de l'harmonica, elle m'a dit "toutes les scènes seront aussi lentes que celle-là". J'ai dit "ben non", et en fait, si.
En vérité, on a aimé, elle et moi. Les longs caches poussières qui claquent dans le vent. La musique qui traine ses ritournelles. Les grands yeux de Claudia Cardinale. Le visages burinés en très très gros plan. Les personnages brutaux et mélancoliques.
Quelques remarques qui nous sont venues en en parlant :
- la dynamique des personnages est assez similaire à celle du "bon...". Il y un gentil pas très gentil (Bronson = Clint), un méchant très méchant (Henry Fonda = Lee Van Cleef) et un type douteux finalement assez sympathique (Cheyenne = Eli Wallach)

- la première moitié du film, quand on ne connaît pas les tenants et les aboutissants de l'histoire, est très flippante. Notamment le moment de l'harmonica dans la nuit devant la maison des McBain.
- Jill est un beau personnage, c'est très chouette de découvrir le récit et la situation à travers son point de vue et sa position, très instable, très fragile. Quel dommage qu'elle ait si peu d'agentivité... Je n'ai pas beaucoup de sympathie pour Leone et Bertolucci là-dessus.
- Les visages d'hommes apparaissent souvent en très gros plan, on en voit toutes les imperfections. Le visage de Claudia Cardinale est toujours impeccablement maquillé et jamais vu de trop près.

- Morton est aussi un bon personnage. Quelle incroyable idée, le type qui se suspend par les mains dans son train !
- Au cinéma, un tiroir ouvert contient toujours un revolver. Ou, au moins, une arme.
- L'homme à l'harmonica est quand même un gros connard alors qu'il pourrait l'être un peu moins. Pourquoi essaie-t-il de violer Jill ? Quel est le sens de cette scène ?
- j'aime le fait que le duel final se passe dans une arrière-cour. Qu'en fait, plus personne n'en a rien à foutre, de l'harmonica, de Frank, de ce qu'ils font. Tout ça passe.
- Mais le pendu... La cloche... Ca donne des frissons.
Bref, super film anyhow.


September 23, 2025
Le passager du Polarlys - Georges Simenon

D'autres Maigret - George Simenon
Dans ce petit post de blog, j'essaie de lister les Maigret que j'ai lus, afin d'éviter d'acheter plusieurs fois les mêmes.
Piotr le Letton : celui-là c'est le Maigret originel. Histoire de bandits internationaux et de grands hôtels dans les années 20/30. Je l'ai adapté sans souci en scénario "roman noir" pour notre PJ détectrive à New York. L'intrigue repose sur un truc officiellement interdit aux auteurs de roman policier, mais qui marche vraiment bien ici. Je l'ai beaucoup aimé !
Maigret et l'homme du banc : un petit employé dans la cinquantaine est retrouvé assassiné dans une ruelle, portant des chaussures jaunes qu'il n'uarait jamais mises... Je suis arrivé à la moitié de ce lui-ci avant de me rendre compte que je l'avais déjà lu. Mais en fait, il est bien, en portait déprimé d'un milieu de petite classe moyenne. Les femmes de ce récit sont toutes horribles. (Ce n'est pas toujours le cas chez Jojo Simenon)
Maigret et monsieur Charles : celui-ci est le tout dernier, écrit dans la maison forteresse suisse de Jojo. Portait psychologique d'un mariage bourgeois qui part en sucette. Je me rappelle qu'il m'a plu.
Maigret et les braves gens : je ne m'en rappelle plus trop, mais je l'avais bien aimé. Encore une histoire de bourgeois.
Maigret et le coroner : Maigret assiste à une enquête aux USA. Le roman est assez bancal, loin de la brasserie Dauphine et des demis posés sur la table en attendant le suspect, mais je me rappelle d'une histoire maligne, avec un assassinat le long d'une voie de chemin de fer.
Le chien jaune : un roman des années 30, thriller des brumes à Concarneau. Vraiment cool.
La nuit du carrefour : lu, mais oublié. M'a laissé une impression très moyenne. (années 30)
La guinguette à deux sous : celui-ci se passe en bord de scènes. J'avais trouvé les ambiances vraiment super (années 30)
Maigret et le ministre : une affaire de magouilles policières et de rapport volé. Je l'avais trouvé bien.
Maigret et le corps sans tête : des bistrots, le canal saint martin et un corps sans tête. Je me rappelle l'avoir beaucoup aimé.
Maigret se trompe - Georges Simenon

Celui-ci est un bon Maigret. L'intrigue est bien arrangée et elle met en scène un intéressant personnage de chirurgien célèbre et ayant du mal à se retenir avec les femmes (=violeur en série) qui sonne assez juste quand on voit certains professionnels de santé qui terminent dans la chronique judiciaire. Bien sûr, là, on est dans les années 50, tout le monde trouve ça très bien. Sauf Maigret, peut-être...
Spoilers: je me demande combien Simenon parle de lui à travers ce chirurgien.
Spoilers 2: pourquoi est-ce que Maigret "se trompe" ? Peut-être parce qu'en vérité il ne parvient pas à amener au procès le principal gros gros connard qui manipule tout le monde avec son air de ne pas y toucher.
September 15, 2025
Dans la maison de la liberté - David Grossman

J'ai trouvé très éclairant et très intéressant ce recueil de conférences et d'interviews de l'écrivain israëlien David Grossman. Il y aborde de nombreux sujets. La mémoire de la Shoah, la cohabitation et la guerre entre Israël et la Palestine, la vie en temps de guerre, le travail de l'écrivain et la liberté qu'il offre dans un monde oppressant. Le relation à l'espoir et au désespoir (écologique dans mon cas) me parle bien.
Même si la plupart des entretiens datent d'il y a dix ou vingt ans, son discours et sa compréhension des manipulations des affects israeliens par l'affreux Netanyahou me semble toujours valable.
Ca m'a donné envie de lire ses livres.
Quelques citations (je pourrais en sortir plein)
Sur l'espoir.
En d'autres termes : l'espoir est le fruit d'un acte volontaire de l'imagination et, dans une certaine mesure, il est possible de le considérer comme un acte de création : il peint pour l'homme asservi, pour la société opprimée tout entière, le tableau d'une existence riche et dynamique, différant fondamentalement du « tableau » dans lequel l'homme et la société se sont momentanément emprisonnés.Et il est aussi possible d'affirmer que l'espoir est une sorte d'ancre jetée du plus profond d'une existence asservie et désespérée dans une réalité qui n'existe pas encore sinon dans les souhaits de l'homme. Mais le fait même de « jeter » une ancre dans le futur, la faculté même de le faire, crée déjà un espace de liberté dans le cœur de l'homme qui ose encore espérer.Voilà donc une démarche intéressante : des individus - ou une société tout entière - projettent au loin, au cœur de l'avenir, une vision ou un rêve et, dès lors, la vision et le rêve commencent à agir sur ceux qui les ont créés et les attirent tel un puissant aimant.Sur "les partis du désespoir" (et la droite israelienne)
Quand les accords d'Oslo ont échoué, nous avons été sévèrement punis pour cette trahison par des années de violences et des centaines de victimes.Mais cette erreur ne sera plus réitérée - promettent les partis du désespoir en Israël -, dorénavant nul ne nous surprendra plus à croire que les relations avec nos voisins et la paix sont possibles. Dorénavant, nous ne croyons plus en aucune promesse, nous ne croyons en aucune chance de réussite.En l'occurrence, la droite a triomphé en Israël. La droite a réussi à inoculer à la majorité des citoyens sa vision du monde qu'elle propageait ces dernières décennies.En un certain sens, si la droite a vaincu la gauche, elle a aussi vaincu Israël. Non seulement parce que cette vision du monde pessimiste accule Israël à la stagnation à un point critique de son existence, là où il lui faut tout faire pour obtenir la paix avec ses ennemis, là où sont exigées audace, souplesse et créativité. Mais encore la droite a vaincu Israël en portant un coup fatal à ce que, jadis, on appelait l'« esprit israélien »: cette étincelle, cette capacité à renaître, à se réinventer, cet esprit du « malgré tout », et le courage, l'initiative, l'espérance.Sur la création de personnages
Je ne peux pas décrire un personnage qui n'est pas moi, et qui ne deviendra pas moi.D'habitude, le plus grand nombre d'entre nous préfère penser qu'il est soit un homme soit une femme, soit un enfant soit un adulte, soit normal soit fou, soit israélien soit palestinien. Quand vous êtes écrivain, vous êtes à même de vous mouvoir de façon très libre sur cette ligne et vous discernez que tant d'options nous constituent. Oui, Je peux donc aussi être une femme, l'enfant que j'ai été et ensuite la personne très âgée que j'espère devenir dans vingt-cinq ans. Je peux être normal et fou, je peux aussi être palestinien et israélien, je peux être colon et gauchiste. Et même, je voudrais être tout ça. C'est une façon d'être dans la réalité. Je ne veux rien dénier totalement, je ne veux pas tourner le dos à quoi que ce soit. J'atteins mes limites quand il s'agit de quelque chose comme Daech.Ses adeptes me sont hermétiques. Je suis sûr qu'ils ont leur logique et leurs croyances, mais comme ils n'amènent que la mort, c'est un lieu qui ne m'intéresse pas. Les puissances qui génèrent la mort ne m'intéressent pas. Mais toutes les autres options humaines, immenses et riches, je ne veux pas les proscrire de mon être. Dans la courte durée de notre vie, pourquoi devrions-nous nous restreindre à telle ou telle chose ?
September 14, 2025
Babel - R.F. Kuang

Babel est une fantasy XIXᵉ où la révolution industrielle est propulsée par une forme de magie originale : des barres d’argent enchantées, gravées de paires de mots (match pairs, j’ai lu en VO) désignant le même objet dans des langues différentes. L’effet magique naît du sens qui se perd dans la traduction. C’est de la magie étymologique : vraiment malin, et les effets proposés sont accompagnés de considérations savantes sur le sens des mots et sur les aspects sociaux et locaux des significations.
L’histoire se déroule dans les années 1830 et suit Robin Swift, un jeune Chinois arraché à la ville de Canton par le professeur Lovell, afin d’être envoyé étudier la traduction à Oxford et d’entrer à Babel, comme on appelle l’Institut royal de traduction. Là, il pourra mettre à profit ses excellentes connaissances en anglais et en mandarin au service de la fabrication de superbes nouvelles match pairs.
(à partir de maintenant, je spoile un peu : fermez les yeux si vous ne voulez rien savoir - les spoilers s'arrêtent dans une dizaine de lignes)
Le jeune homme découvre les merveilles de l’Angleterre, les beautés d’Oxford, les joies de la connaissance, ainsi que de sympathiques camarades dans la même situation que lui : Ramy, un séduisant Indien musulman ; Letitia, une jeune femme de la bonne société anglaise (ooooh, une femme !) ; et Victoire, une jeune personne d’origine haïtienne (ooooh, une femme, et noire en plus !). Bien sûr, Babel est l’institut le plus prestigieux, mais ce n’est pas marrant d’être noir, femme ou « jaune » à Oxford à cette époque. D’autant que Robin reçoit en parallèle une éducation politique un peu brutale et découvre les joies et les bénéfices du colonialisme (pour l’Empire britannique), notamment autour du déclenchement de la première guerre de l’opium — une des petites horreurs coloniales européennes dont on ne parle pas trop parce que bon, c'est vraiment dégueu. Plus intéressant encore : le roman montre combien la recherche universitaire, même sur des sujets apparemment « nobles », peut devenir un instrument de domination.
(fin des spoilers — et début du moment où l’auteur de ces lignes donne son avis)
La partie initiatique du roman et la découverte du monde universitaire sont très réussies. Le livre est un cri d’amour (très critique) envers Oxford, city of dreaming spires. Les ambivalences de Robin, la manière dont il se ment à lui-même, sa relation avec Lovell : tout cela est très fin et vraiment intéressant.
Après que le personnage a traversé le voile, le roman aborde un à un un paquet de thèmes progressistes : décolonialisme, racisme, sexisme. Tous sont soigneusement traités, mais sans subtilité. Je pense que les horreurs coloniales méritent tout à fait d’être dénoncées et expliquées, mais ici le roman y va un peu à la truelle, ce qui a réduit mon intérêt pour le récit. (Chronique écrite par un vieux mec blanc — à percevoir selon votre point de vue personnel.)
Enfin, la structure imaginaire de l’histoire (la magie étymologique remplaçant la machine à vapeur) ne fonctionne pas totalement pour moi. Je n’arrive pas à dire pourquoi, mais ce monde ne me semble pas tenir debout de bout en bout.
Babel reste malgré tout une lecture très intéressante, ne serait-ce que pour sa manière de jouer avec les mots et pour la description sensible de son protagoniste et de sa relation avec son tuteur. Cette dark academia fantasy mérite tout à fait d’être lue.
(merci à Camille pour le cadeau !)
August 9, 2025
Les jours, les mois, les années - YAN Lianke

Un village, dans un coin qu'on imagine dans les montagnes proches du désert de Gobi. Sécheresse terrible, plus rien pousse, les habitants fuient la chaleur et la mort, ne restent plus qu'un vieux (l'aïeul) et son chien aveugle (l'aveugle). Un seul épis de maïs pousse encore, il va crever si personne ne s'en occupe. Lui, il reste.
Ce court roman raconte la lutte misérable du vieux et du chien pour que pousse la plante. Il n'y a plus personne dans la région, plus personne d'humain s'entend... Après chaque jour, chaque souffrance, un nouveau jour, une nouvelle souffrance, et la vie s'accroche et lutte et c'est là toute la beauté et la force de ce court roman. La vie y paraît, au-delà de nous, de nos pauvres efforts.
August 8, 2025
Don Juan - Monbijou-Theater
En vacances dans la grande ville de Berlin, l'auteur de ses lignes, accompagné de Rosa et Marguerite, a pris au sérieux la suggestion de ces dernières : si on allait à ce joli théâtre, voir jouer Molière, en allemand ? Après tout, on connaît l'histoire (ou bien on va la relire vite fait) et on a appris la langue de Goethe à l'école, autant pratiquer un peu.
Le théâtre Monbijou est un théâtre semi circulaire, en plein air, à deux pas de la célèbre Île des musées de Berlin. Bar à l'extérieur, petite restauration, lampions, c'est joli et gentiment punk. La musique va être assurée par JennyRebecca au chant, guitare électrique et looper, perchée avec son haut de forme sur le côté de la scène.


Dom Juan est une super pièce de JBP, mettant en scène ce personnage détestable et magnifique qui ne respecte rien. Ni le mariage, ni ses dettes, ni l'honneur (quoi que), ni surtout pas, Dieu.

La mise en scène du Monbijou est "d'après Molière", ça veut dire qu'ils ont modernisé et destructuré la pièce. L'essentiel y est, les meilleures scènes, mais avec deux actrices et un seul acteur sur scène il a fallu adapter un peu. Beaucoup. En fait, c'était génial. Sagnarelle fume une clope en bordure de scène en balançant des vannes, Dona Elivre apparaît au sommet du grand escalier vêtue d'une robe rouge super classe (et elle éclate la gueule de Don Juan à coups d'arts martiaux - tant pis pour lui) et Don Juan... il est maquillé, queer, ongles bleus, chaussures compensées, l'esprit au scalpel, souple, énergique, il jette des fleurs à tous les membres du public (hommes ET femmes), s'assied à côté de Charlotte là-haut dans la scène et il ne s'arrête jamais, jamais de faire ce qu'il veut, d'aimer qui il veut, de conquérir les coeurs comme Alexandre conquiert les mondes.




C'est un spectacle hyper physique, du théâtre comme j'adore, avec des cris, de la sueur, des acrobaties, des chansons et des images qu'on voudrait garder toujours. (alors oui, c'était en allemand, on n'a pas tout compris et manqué 50% des blagues, mais 1) on connaissait le texte français qu'on a retrouvé ici et là, et 2) un jeu si physique et si visuel te donne toujours le contexte). Et Dom Juan est à la fois affreux et sympathique, se jettant avec orgueuil et obstination et joie vers le gouffre.
Dans la scène finale, Don Louis est remplacé par sa maman, car de nos jours rejeter le père n'est plus une provocation. "Sitz gerade ! Ja, ja, mama", tandis que crier et appeler à la mort de la mère... Et à la fin, Don Juan arrache la nourriture de la bouche de Sganarelle pour son terrible Abendessen où le commandeur va finir par se pointer, et les acteurs font un truc affreux et drôle avec une pastèque, tout ça dans le soir de Berlin, avec la musique des bars autour et les grondements du métro aérien.

C'était génial. Voir Molière ainsi repris, travesti, rendu vivant. Voir, sentir, Don Juan se débattre pour nous, vivre tout ce que nous sommes, ainsi, sur scène, dans un moment de grâce.

August 5, 2025
Au bal des absents - Catherine Dufour

Dans ce petit roman (sa densité et sa brièveté sont une de ses nombreuses qualité), Catherine Dufour explore le genre du "roman de maison hantée" dans la France des années 2020, avec réseaux sociaux, minimas sociaux et workings poors qui dorment dans leur voiture. Et c'est vraiment très bien. Il y a des idées tout le temps, du suspense, des retournements de situations, des personnages secondaires douteux et moins douteux, une héroïne tétue (qualité de pauvre) et ni très jolie ni très sympathique, à la destinée de laquelle on s'attache. On comtpe les euros, on vide le bénitier de l'église d'Iliouville, on observe le prix des vieux meubles et des petits objets sur e-bay... Le passé suinte, et colle, et mord, glacial. On se demande ce que sont devenus les domestiques et qui peut bien faire le ménage dans la maison aux fantômes. Bref, c'est rigolo, pertinent et malin. L'autrice se permet même de nous livrer, quelques trucs sur sa méthode de travail. Et tout ça ne serait rien sans le style à la fois tendre et caustique de Catherine (oui, disclaimer, je la connais et je l'aime bien - mais cette chronique est garantie sans copinage). D'une curieuse façon, ce livre court est un cousin de la trilogie-des-genres de Léo Henry (Le casse du continuum, la panse, Thécel). Ce n'est pas un "grand roman", ça ne veut pas l'être, c'est juste distrayant, intelligent et très bien écrit. Et assez souvent, ça fait peur.
July 23, 2025
Kingdom of Heaven - Ridley Scott
Hier soir, avec Cecci et Marguerite, nous avons regardé Kingdom of Heaven, de Ridley Scott, qui m'avait laissé une impression mitigée à sa sortie. Alors, oui, Orlando Bloom a une seule expression durant tout le film, et il y un seul perso féminin (enfin, deux, mais le premier est mort avant le début du film), donc ça va être hard de passer le test de Bechdel. Et le héros est trop fort, il sait tout faire, apprendre à se battre en cinq minutes, fabriquer des machines de siège et monter un système d'irrigation dans un pays qu'il vient de découvrir parce que les gens qui habitent là, bêtes, n'en ont jamais eu l'idée.


Mais à part ça, on a aussi des costumes superbes, des décors qui ressemblent à des tableaux, des trucs qui flottent dans l'air (cendres, pétales, papiers - Ridley Scott signature), des drapeaux, encore des drapeaux, des armées immenses, des personnages musulmans très beaux, des templiers, et quelques images vraiment puissantes. Avec des drapeaux.Je me suis laissé prendre dans cette quête mystique pas très causante, avec une musique ample et le passage de l'ombre à la lumière, la découverte du monde par ce jeune homme en quête d'un dieu et d'un sens.Marguerite dit que ce film a des points communs avec le treizième guerrier : un personnage qui passe d'un monde à l'autre, la rencontre des cultures et un siège désespéré. Et, fun fact, une citation musicale durant la scène de l'adoubement collectif !Nous avons regardé la director's cut, conseillée par Sabrina K*, et d'après les revues en ligne elle est bien mieux (réellement) que la version cinéma. Le film m'a paru en tous cas avoir une belle cohérence de rythme et de dramaturgie, qui m'a emporté. Narrativement, j'aime l'idée d'un combat final dans lequel on ne souhaite la victoire d'aucun côté. Et sortir en 2005, en pleine war on terror, un film prônant une vie paisible entre chrétiens et musulmans et montrant de manière positive un chef musulmans portant la barbe, c'était quand même pas mal. Et le personnage du roi lépreux... J'aime déjà le film juste à cause de lui.

