Laurent Kloetzer's Blog, page 5

January 6, 2025

Spectaculaire - au cirque d'hiver

Nous sommes passés à Paris pour les fêtes et n'avons pu résister à l'envie d'aller voir le dernier spectacle du cirque d'hiver, Spectaculaire. Ce spectacle était à la hauteur des plus récents que nous avions vus au cirque d'hiver : numéros épatants, lumières classes, musique entraînante et la voix de Michel Palmer pour accompagner le tout, voix sans laquelle le cirque d'hiver ne serait pas le cirque d'hiver.

Cette fois-ci, grande nouveauté, nous avions pris des places au premier rang, ce qui ne nous était jamais arrivé, ce qui a deux conséquences, l'une négative, l'autre positive. La positive : c'est extraordinaire de voir le spectacle depuis le bord de piste. La négative :  nous allons devoir payer plus cher les prochaines fois parce que nous voulons absolument revivre ça.

Petite revue des numéros de cette année.

Le spectacle était accompagné comme toujours par la troupe des Salto dancers, de belles danseuses et beaux danseurs aux costumes sexy et chatoyants. Je me demande ce que c'est que d'être membre de cette troupe, au jour le jour. Les conditions de travail sont-elles bonnes ? Est-ce qu'on s'amuse encore, à danser les mêmes pas, les mêmes figures acrobatiques, deux ou trois fois par jour ? Est-ce que le sourire maquillé se crispe ? The show must go on, sans doute. En tous cas, elles sont douées et leur énergie donne le ton au spectacle.

Note annexe : depuis le ras de la piste, j'ai mieux senti la chaleur et l'adhésion du public.

Quand le jongleur David Larible (anneaux, masses, chapeaux) est arrivé sur scène avec son grand sourire et ses accessoires, j'ai eu l'impression que le public n'était pas encore "dedans".

Après lui, un membre de la famille Bouglione (pas Regina) a présenté un court numéro de chevaux, très simple, avec un grand étalon noir et un tout petit poney. C'était bien, mais comme toujours je regrette le déclin de cette tradition équestre du cirque, Cecci et moi aimons les grands numéros de chevaux.

Les clowns cette année était un groupe pythonesque nommé les mangeurs de lapins. Une bande de trois types bizarres absurdes et ridicules, c'était bien. Ils avaient plusieurs interventions très drôles à travers le spectacle, dont un improbable dressage de varans qui m'a bien fait rigoler.

Puis nous avons vu le numéro de cerceaux de Victoria Bouglione, déjà vu en 2019 avec Défi. Il était bien.

Eliza Kachatryan, une artiste russe, présentait un numéro de danse ballet sur pointes... sur fil de fer. Elle ne souriait pas du tout et s'équilibrait avec un étrange petit éventail. Très fort et impressionnant.

La troupe free fall, de très jeunes hongrois, montrait un beau numéro d'acrobaties où quatre gars lançaient une acrobate, qui faisait des sauts périlleux avant de retomber sur leurs mains, sans agrès, par la simple force des muscles. Très cool.

Le duo sweet darkness, deux françaises, a montré un beau numéro de cerceaux aériens, très intense et bien mis en scène, les deux femmes devenaient des créatures étranges, fortes et sauvages.

La deuxième partie commence par Lusesita et Matteo, un grand porteur et une toute petite acrobate, qui monte en haut d'immenses mats portés sur le front par son partenaire. J'ai adoré.

Natalia et Sampion Bouglione ont montré le beau numéro de sangles aériennes et piano romantique, déjà vu aussi en 2019 (c'est ça, de revenir), mais qui nous a plu également.

Skating Nistorov, le numéro suivant est celui que j'ai le moins aimé : patins à roulette sur petite piste ronde, avec un type qui fait tourner deux belles filles en minijupe autour de lui comme des poupées désarticulées. Je n'ai pas aimé la vibe.

Après cela, Michel Betrian, jongleur virtuose de diabolo, joliment mis en scène, puis un final avec les flying Tabares, un numéro de trapèze volant, qui nous a fait une drôle d'impression parce que vu de tout en dessous, avec les spots dans les yeux et le filet presque juste au-dessus de nos têtes.

















 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on January 06, 2025 23:03

January 2, 2025

The Fisherman - John Langan

Quelques notes sur le roman The Fisherman, de John Langan, chez j'ai lu, traduction de Thibaud Eliroff. Je ne vais pas répéter ici ce qu'en a raconté le camarade Alex Nikolavitch sur son blog.

Allez le lire ici https://nikolavitch-warzone.blogspot.com/2024/12/par-la-ou-tu-as-peche.html vous aurez une super présentation du roman.

Je viens de le finir et j'ai eu beaucoup de plaisir à la lecture. si vous êtes curieux, lisez-le, vous ne le regretterez pas. Maintenant je vais commenter et spoiler.
Comme le dit Alex N, le roman mêle très bien récit quotidien, drame personnel et horreur cosmique, avec des récits enchâssés pas mal fichus. Littérairement, les cinquante-cent premières pages m'ont fait basculer en mode wow, ce qui ne m'arrive pas souvent.
Après, j'ai trouvé ça moins bon. Pas mauvais, non, juste pas à la hauteur du début. Le passage avec l'universitaire allemand est très cool mais aurait mérité d'être beaucoup plus elliptique et allusif. Pendant au moins cent pages ont est dans un super cool scénario de l'AoC mais plus tellement dans un roman qui nous parle de la rivière, du réservoir, de la pêche et du boulot chez IBM au tournant des années 90.  L'aspect fantastique devient parfois trop épais, les images sont explicites, l'allégorie (cette sale ennemie) n'est pas loin.  Contrairement à Notre part de nuit, de Mariana Enriquez, The Fisherman ne m'a jamais fait peur. Le travail narratif est très bon. Le travail poétique pas assez accompli, donnant un roman intéressant, distrayant, mais ne parvenant pas à dépasser le monde des romans de genre.

 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on January 02, 2025 01:15

January 1, 2025

Sous un ciel de sang - Tristan Lhomme


Plutôt que de seulement bitcher sur un tas de suppléments Cthulhu mal fichus, voici une chronique d'un recueil de scénarios paru récement il y a une douzaine d'années. Ce recueil contient trois scénarios complets, plus quelques graines d'histoires, dont je ne parlerai pas.

Point commun : la France des années 20. Les trois histoires sont solidement documentées, avec plein de petits détails qui font vrai pour faire jouer l'époque concernée, des prétirés (inégaux) pour donner des idées de PJs et des aventures intéressantes dans tous les cas. Je le chronique maintenant car, bien que je l'aie acheté à sa sortie, je n'ai fait jouer la dernière histoire qu'hier. Les trois scénarios fonctionnent en one shot et seront difficilement adaptables pour un groupe donné.

Dans l'ordre de jeu : le drame de la fosse 5 a un cadre super original (un accident dans une mine de charbon) et une idée de jeu très sympa : chaque joueur joue deux personnages : un dans les profondeurs, un autre dans l'équipe de secours. Je l'ai fait jouer et il n'a pas du tout marché, je me souviens avoir eu le sentiment que les PJs ne pouvaient rien faire et que c'était hyper dirigiste. Je suis curieux de le relire maintenant pour voir si j'arriverais à le faire jouer de nouveau et corriger le tir, car je crois toujours au potentiel de cette situation et de ce récit d'horreur sociale (new weird, quand tu nous tiens). (4h de jeu, une seule séance)

Les ténèbres au coeur de la montagne est basé sur une autre idée de cadre formidable : le massif central, une région oscure et isolée, où des parisiens qui ne connaissent rien viennent à la recherche d'amis disparus. Petit ville, corbeaux, histoires d'amour tordues et surnaturel, et les longues nuits glaciales d'un pays désolé où les gens de la grande ville sont perdus. Je l'ai fait jouer aussi et il a bien fonctionné (6h de jeu, deux séances, potentiel pour une douzaines d'heure si on aime les ambiances calmes et le roleplay).

Sous un ciel de sang est lui aussi basé sur une super idée : un show aérien à Issy les Moulineaux en 1921, juste après la guerre. Un chouette méchant humain, une chouette créature vraiment étrange, et plein de pistes pour faire durer le plaisir, entre enquête policière et aventure onirique étrange. Notre partie a duré environ 6 heures. L'ambiance était super, avec plein de scènes bizarres, de cauchemar, de policiers perdus, de morts mystérieuses et de spirales. Très bonne histoire (avec un caméo d'une certaine section du deuxième bureau, que j'avais oublié). On a eu beaucoup de plaisir avec cette histoire. Je me serais cru entre Adèle Blanc Sec et Un long dimanche de fiançailles.

Ce recueil contient peu de blabla, pas de fluff, des histoires, des pistes, des PNJs (plein), des noms, des situations, le petit calendrier des deux mois où se déroulent l'histoire, des notes historiques brèves, des aides de jeu marrantes, des photos de trucs d'époque (la bonne idée des bouquins de chez Sans Détour), soit exactement ce qu'il me faut pour avoir envie de jouer et faire jouer.

Bref, un excellent livre de Jdr pour faire jouer de bonnes histoires.

(OK, je suis fan de Tristan Lhomme depuis que j'ai identifié sa signature dans Casus, il y a... euh... longtemps de cela)




 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on January 01, 2025 07:16

December 27, 2024

War of the Rohirrim

Il y a plein de trucs qui ne vont pas dans ce film : on pourrait commencer par l'animation qui est, au mieux, irrégulière. Une partie de décor et des scènes sont en 3D. Les personnages sont en 2D et le collage d'une couche sur l'autre ne marche parfois pas très bien. 

Extrait visuel du film fantastique tiré de l’imaginaire de Tolkien: «Le Seigneur des Anneaux: La Guerre des Rohirrim» , du réalisateur Kenji Kamiyama

L'animation particulière de certains personnages (comme le papa de Wulf) est par ailleurs assez moche. Les chevaux sont corrects mais ils bougent d'une manière raide. Rien de tout cela n'est handicapant mais ça pique parfois les yeux.
Narrativement, l'histoire me semble tres fidèle à l'esprit tolkiennien. Elle est surtout très fidèle aux films. Pas une créature, pas un décor qui n'ait été vu dans les films. Les scénaristes n'ont rien osé inventer de peur de trahir la parole sacrée. Dommage. Le méchant aurait pu être cool, son caractère se limite à celui de l'adolescent incompris.
Et malgré tous ces soucis j'ai regardé cette histoire avec plaisir. D'abord parce qu'elle montre un amour sincère de la matière originale. Ensuite parce que nous sommes tellement habités aux préquelles et séquelles à la con que voir raconter une histoire originale dans une ambiance originale située dans un univers connu à quelque chose de rafraîchissant. Le film est bon quand il se permet d'inventer : la guerrière Olwyn, le délicat Hama, Fort le Cor transformé en château hanté, le peuple des Dunlendings, qu'on comprend, le général mercenaire pragmatique, le hobbit Leif qui se balade avec les sceaux... et ce personnage de roi fou, entre Shakespeare et Conan ! Hera, l'héroïne, sans être très originale, est attachante. La scène où elle escalade les montagnes est très belle. Et tous ces gens nous sont montrés dans un design japonais un peu raide et solennel. En vérité, j'ai été heureux de passer un moment chez ces brutes de Rohirrim. 
 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on December 27, 2024 07:10

December 15, 2024

Cthulhu Tenebris

Hier soir, il faisait froid, il faisait sombre, c'était le moment de déballer ma gamme Cthulhu Tenebris que j'avais commandée par foulancement il y a quelques mois. C'était vers la période de Noël, j'ai accroché au concept (lutter contre le mythe au IXème siècle, une période vraiment fascinante), j'ai tout acheté : le jeu, le supplément, la campagne (des profondeurs). J'ai tout reçu, bien plus tard, je n'étais pas dispo, j'ai entassé les jolis bouquins dans un coin et finalement, hier, je les ai regardés.


Je suis bon client pour les cthulhuteries en jeu de rôle. J'en achète plein, en anglais, en français, Kathulhu, les Encagés ou encore Cthulhu Confidential. Je suis le coeur de cible marketing pour les gens qui publient ces trucs : rôliste old school avec un revenu suffisant pour ne pas trop regarder au prix de tous ces bouquins. J'ai achété du Sans Détour à la pelle et je suis assez confiant dans ce que publient les XII singes (même si mon éditeur star, c'est Pelgrane Pres).

Alors, alors, Tenebris ? Lu auprès du feu en buvant un whisky ?

Et bien ce n'est pas terrible.

On a de jolis bouquins, bien faits, bien maquettés, avec des illustrations dark. On a du blabla historique pas trop mal fait, des cartes, etc. Rien de honteux. Mais en quoi est-ce que ça distingue d'un jdr de fantasy ambiance réaliste avec des horreurs indicibles ? Et bien... je ne saurais trop dire.

Je n'ai pas tout lu en détail et je serais heureux d'être contredit, mais j'ai eu l'impression que ces bouquins oubliaient d'être des livres de jeu de rôle s'intéressant au jeu. Voici ce que j'aurais aimé trouver dans le livre de base:

Découvez IXème siècle européen, un monde inconnu. La dissolution du rêve romain dans un monde en transformation

L'univers mental d'un européen du IXème siècle : dieux et démons

Jouer au IXème siècle, composez votre famille carolingienne

J'aurais aimé avoir quelques pages vie quotidienne et époque, à la façon des excellentes pages (et courtes !) écrites pour Te Deum par J.P. Jaworski, qui donnent envie de se plonger dans ce temps et de jouer.

A la place, le bouquin commence par des règles de création de perso sans aucun intérêt, sans aucune intro, aucune déclaration d'intention, aucune idée de ce que l'auteur (qui semble aimer ce qu'il fait vu le nombre de mots de pages de fluff qu'il a produites) veut faire à cette époque. Aucune idée de comment composer un groupe, aucune vision du mythe sous l'angle de l'époque... A aucun moment on ne dépasse le concept tel qu'énoncé dans l'appel à financement.

On dira que je suis peut-être casse-pieds et exigeant (heu, oui, c'est vrai, je le suis), mais j'attends d'un livre de jeu de rôle qu'il me donne envie de jouer.

Cthulhu invictus n'est pas parfait, mais sa série de scénarios donnait de bonnes idées de jeu. Cthulhu confidential contient de nombreuses et pertinentes notes historiques, des idées intéressantes sur le fait de jouer une femme ou un homme noir dans les années 30. Je n'achète pas du jeu de rôle pour recevoir une synthèse historique moyenne sur une époque - j'ai besoin d'une synthèse historique écrite dans l'idée de faire jouer.

Si je veux comprendre des trucs à l'Europe du haut moyen âge, je lirai plutôt Bruno Dumézil.

Allez, je cesse de m'agacer. Je vais essayer de lire la campagne située au Puy en Velay avant de tout vendre à prix cassé sur anibis.ch. 






 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on December 15, 2024 04:00

November 12, 2024

Les fourberies de Scapin - au TKM

On est plutôt dans une bonne période, côté spectacle vivant.

Quand, il y a deux ans, le TKM a proposé les fourberies de Scapin, on venait d'en voir une très bonne version à la Comédie française, alors on avait passé notre tour. Heureusement, Omar Porras a la très bonne idée de re-jouer les pièces qui ont marché. Son Scapin date en réalité de 2009, repris en 2022 avec Laurent Natrella dans le rôle titre. C'était donc là la reprise en 2024 du spectacle de 2022, tout ça d'une pièce de vieille de 353 ans. Une mise en scène classique d'un classique.

Donc ça se passe dans un bar, ou une cantina, ou je ne sais quoi. C'est un endroit coloré, criard, avec des espèces de triplettes de Belleville au service. Les personnages sont tous laids et exagérés, bougent comme des marionnettes. Argante est un petit vieux avec une grande cravate et des lunettes années 80, Géronte est une femme permanentée et avide, Hyacinthe porte un appareil dentaire, Léandre est un petit crétin épais qui lit entre sur scène avec un magazine de Q, Octave est une jeune imbécile touchant en pantalon moulant rose, et là vous vous dites : festival de mauvais goût et d'outrance, et c'est vrai.

Et Scapin est un grand échalas aux mains incroyables (dont on se dit qu'elles ont été torturées un jour), un renard à la tignasse rousse, à la fois diabolique et humain, qui aide l'amour et va jouer à nous venger des malheurs du monde.

Une des choses les plus fortes que le théâtre fait pour moi, c'est ce créer des univers sur scène. Faire croire à l'existence de mondes différents (regardez mes dernières chroniques sur Immergés ou Racontars arctiques, par ex.). 

Là où la Comédie française nous avais proposé un Scapin by the book (très bon !), Européen, imprégné de l'histoire européenne ; Porras, lui, crée un Scapin métissé, hybride, mêlant des influences culturelles que je sais pas toutes reconnaître (oui, il y a de la télénovella, du catch, de la magie et combien d'autres choses...). Et pourtant on ne perd pas Molière, oh non.

La pièce révèle ici combien elle est géniale. Jouissance d'intrigues et de théâtre. Irréaliste dans son intrigue improbable, mais profonde dans les sentiments qu'elle crée chez le spectateurs, envie de joie, de rire, de mouvement, d'amour et de violence. Un exutoire. 

Les acteurs sont incroyables, l'univers merveilleux, il y a des milliers d'idées. Des genoux qui craquent, des flingues qui tirent, des toilettes qu'on débouche, Octave qui saute par la fenêtre, Sylvestre qui se brûle sur une casserole, le vieux qui crache de la bouffe en parlant, des mouchoirs qui pleurent, des liasses de billets qui passent de mains en mains, les secours qui arrivent parce "l'acteur jouant Scapin a eu un petit souci en coulisses" et Géronte qui shoote dans la valise de l'autre imbécile.

Bref, ce Scapin rend heureux. Merci à toutes et tous les artistes qui l'ont fait vivre.









 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on November 12, 2024 23:21

November 11, 2024

Racontars arctiques - au festival de marionnettes de Neuchâtel

En ces temps mauvais, je jette ici quelques mots sur des spectacles merveilleux que nous avons vus ces derniers jours.  

Racontars arctiques par le collectif la ruée vers l'or, venu du Canada, est une adaptation en marionnettes d'une BD adaptée d'un recueil de récits de Jorn Riel, écrivain danois, qui mettent en scène des types qui vivent tout seul dans de petites cabanes au Groenland. Une sociabilité de mecs, de chasseurs, de solitaires. On va découvrir un univers bizarre, avec des animaux, des privations, la crasse et des tas de comportements bizarres. 

Ce spectacle est un des trucs les plus étonnants que j'aie vu, aussi bien matériellement qu'artistiquement. Les trois acteurs sur scène mobilisent leurs corps, leurs visages, des petites cabanes, des marionnettes en mousse, des tous petits personnages... pour faire vivre cet univers de récits. On n'est pas là dans le témoignage mais dans le tall tale, les récits exagérés touchants et drôles de types durs dans un monde dur. Et grâce à la musique improvisée sur scène, aux changements d'échelles, aux idées qui fusent en permanence, ce monde aux personnages drôles, touchant et idiots prend vie et nous inclus et on voit et on rit. La troupe a un talent dingue, des idées dingues.

C'est très beau.








 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on November 11, 2024 23:09

October 31, 2024

Conquest - Nina Allan




Frank Landau est un jeune anglais gentil, attachant et bizarre, obsédé par la musique de Bach, par le code informatique et par des complots bizarres. Autiste, certainement, même si le mot n'est jamais prononcé.

Il disparaît lors de son premier voyage hors du Royaume-Uni, à Paris.La Tour est une novella de SF parue dans les années 50, d'un auteur très mineur, mais dont le récit éclaire bizarrement notre présent..Robin est détective privée, ancienne flique. Elle aime Bach aussi. Elle recherche Frank Landau.LAvventura est un forum d'ufologue.Edmund de Groote est à moitié universitaire, à moitié gangster. Il se débrouille bien au piano.
Conquest, de Nina Allan, est un roman étrange, dérangeant et brillant, qui rassemble tous ces faits et ces gens. On y parle du destin de l'humanité, d'amour et surtout de la manière dont nous voyons nos croyances changer sur le monde. Il y a dedans beaucoup de questions et quelques réponses. Et l'Ecosse, comme toile de fond à tout cela.






Voici sa playlist, pour coller dans votre app de musique favorite et, peut-être, vous donner envie.
Variations Goldberg - Bach - SerkinTracks of my tears - RonstadtCygnet Comittee - David BowieBWV 1004 - Bach - MilsteinVariations Goldberg - Bach - SchiffBut Who May Abibe - Haendel - Emma KirbyChaconne - Bach - MenuhinHerz und Mund und Tat und Leben BWV 147- Bach - KoopmanNocturnes et arias - Hans Werner Henze La passacaille de BiberBWV 528In tempus praesens - Goubaidoulina - Mutter
 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on October 31, 2024 04:32

October 28, 2024

Immergés - par les adonymes, à la Tournelle


Nous sommes dans une station sous-marine établie voici une génération par un groupe de survivants que les autres appellent les Fondateurs. Une petite communauté de survivants y mène une vie monotone et sourdement angoissée. Parce que, oui, on est après. Après quelque chose qui a englouti les villes et chassé les gens de la surface.

Parmi les gens qu'on apercevra à la cantine ou dans les tréfonds de câbles et de tuyaux de la station, on rencontrera Rodrigue, le jeune cuisinier/barman toujours de bonne humeur, Perséphone, sage et d'humeur égale, qui est membre du Conseil dirigeant la petite communauté (et qui nourrit pour les souvenirs du passé une curiosité avide et secrète), Alain, le vieux, celui qui raconte les histoires d'avant, celle des roses, des balançoires, des arbres..., Espoir, la petite fille, toujours énergique et joyeuse, et Marcus, le tech, qui peste et a peur parce qu'il sait dans quel état, vraiment, est la station.



On va les voir vivre, s'aimer et s'affronter, alors que la menace existentielle se fait de plus en plus lourde, dans cette pièce d'une heure, écrite, dessinée et créée par ses jeunes acteurs. L'hisoire est poignante et oppressante et tient son récit serré.


Les lecteurs de ce blog le savent, j'aime le théâtre et j'aime la SF et j'aime aussi le théâtre de SF, une espèce assez rare. Je me rappelle encore très bien M.O.I, avec Sophie Pasquet Racine et Pierric Tenthorey, https://lependu.blogspot.com/2017/05/moi-lechandole.html, ou encore le plus récent Wasted Land, à Vidy, aux images puissantes, mais au dispositif un peu foutraque parce qu'il se moque bien de créer une narration.
Avec Immergés, on a du théâtre d'amateurs, au sens le plus noble. Du théâtre de gens qui aiment le théâtre, qui ont la jeunesse de ne pas tout connaître et donc de n'avoir peur de rien et d'oser tout ce qu'ils et elles veulent (comme la très belle scène d'exploration de la station, ou bien le voyage d'Alain en sous-marin). La pièce est d'une intensité brûlante et violente, certaines scènes m'ont tordu le cœur et fait pleurer. La mise en scène est pleine d'idées, exploitant pleinement l'espace étroit et profond de la Tournelle, pour créer un décor en couches successives. L'affrontement, autour duquel pivote l'histoire, entre Marcus et Rodrigue est déchirant, parce qu'on ne peut s'empêcher d'aimer chacun de ces protagonistes écrasé par des forces plus grandes que toute leur communauté.
Et la pièce, comme toute bonne nouvelle de SF, propose un retournement final et une chute, remarquablement bien amenés, par une belle trouvaille narrative autour d'un walkman du monde d'avant. Le pas de côté et l'élargissement final utilise toutes les ressources de l'image et d'une belle langue inventée pour nous faire reconsidérer et repenser à tout ce que nous avons vu. On termine essoufflé et ému par ce voyage subaquatique.



Une dernière chose : cette pièce n'est pas l'oeuvre d'un ou d'une seule, mais une création collective, à partir d'un ensemble d'improvisations de la troupe, cristallisées en un récit commun, sous la supervision jamais envahissante d'Olivier Mäusli. C'est une histoire sans héros ni héroïnes, une histoire de groupes et de communautés, de destin commun, née d'une énergie collective. Le procédé et le propos se répondent, c'est logique et c'est beau.



Note de conflit d'intérêt : j'ai chroniqué ici une pièce où joue Marguerite. On ne peut bien sûr pas être indifférent à une oeuvre à laquelle participe une de nos enfants. Mais, au-delà de l'émotion personnelle, je crois profondément à l'inérêt et à la beauté de ce travail que je me suis efforcé de traiter avec honnêteté.
 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on October 28, 2024 00:39

October 23, 2024

Le malade imaginaire - à la comédie française



Je pense régulièrement que Molière est sur-côté, notamment à côté de Shakespeare.Puis, des fois, on voit un truc comme ce malade imaginaire, et en fait, non. Molière, quand même.
Donc Argan est malade, au début il est assis sur une drôle de chaise d'hôpital XVIIème qui est aussi son chiotte, il compte son fric, il en a, celui qu'il va donner à ses pharmaciens fournisseurs, et c'est marrant. 
Après il va ignorer le soupirant de sa fille (Cléante), tenter de refiler la gamine à Thomas Diafoirus qui est un débile profond mais tout à fait bien membré et capable d'engendrer des fils (c'est le texte qui le dit), se faire manipuler par sa seconde épouse qui lui donne du "mon fils", équivalent 17ème de "mon gros bébé", se faire faire la leçon par son frère, hurler en méta contre Molière et ses comédiens et lui souhaiter la mort et à la fin, se faire ordonner médecin dans un grand nonsense de danses et de litanies en latin de cuisine, énorme WTF en ballet d'arlequins pour former l'image finale.
Ce qui est beau, dans cette mise en scène de Claude Stratz (vieille de 20 ans, et fun fact, le Claude fut suisse et bossa comme assistant en psycho à Piaget avant de se lancer dans le théâtre, fin de parenthèse), ce qui est beau, donc, c'est qu'on entre dans l'esprit de cet homme. Ca devrait être un con, on devrait le détester, ce sale bourgeois trop bouché, mais en fait on entre dans sa folie et ce, qui est le plus terrible, on la comprend. Parce que la mort rode, tout le temps, dans cette grande maison vide que la scène dessine. Il y a des courants d'air, des rideaux qui se soulèvent, les chiens aboient dans le lointain. Et oui, les jeunes Cléante et Angélique sont bien mignons, et Toinette se démène, et ceux-là vont vivre et s'amuser encore, mais dès qu'il se taise le silence et le froid envahissent tout et moi, dans le silence entre les mots, entre les cris et entre deux passages sur le trône, je comprends l'inquiétude d'Argan.Il a peur. Il a peur de la mort.Et c'est pour ça qu'on rit et que la pièce est bien et que Molière, quand même, oui.




Ha oui, en voyant la première scène je me suis rendu compte qu'en fait... on l'avait déjà vue. Il y a plus de vingt ans, lors des premières fois de cette belle mise en scène, avec d'autres acteurs (ou bien les mêmes pour certaisn rôles), avant que ce blog n'existe.











 

 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on October 23, 2024 22:32