Laurent Kloetzer's Blog, page 53
November 13, 2015
La glace et le ciel -- Luc Jacquet
La glace et le ciel est un documentaire biographique retraçant l'incroyable carrière de Claude Lorius, glaciologue français spécialisé dans l'histoire du climat. Ses travaux ont contribué à la publications d'articles retentissants dans Nature en 1987 (voici le premier d'entre eux) établissant de manière très forte le lien entre taux de CO2 et température.
Évacuons tout de suite les gros défauts de la bobine : il y a de bien belles images contemporaines sur une musique ploum ploum ploum, qui ne servent globalement à rien. On voit Claude Lorius en gros plan, c'est un beau vieux monsieur, mais on dirait que Luc Jacquet l'a juste posé là dans les décors comme une potiche, c'est assez gênant. D'autant que la voix off, censée être la sienne, n'est pas la sienne. Le texte, enfin, dit beaucoup "je", ce qui se justifie quand il s'agit d'opinions ou d'informations sur la situation personnelle du scientifique, et moins quand il s'agit de recherche scientifique où le "nous" est quand même beaucoup plus juste.
Ça n'enlève rien à la carrière scientifique de Claude Lorius. L'essentiel du film se base sur des images d'archives, moins léchées mais au combien plus passionnantes que les belles photos de livres d'images vues précédemment. Ces vieux films habilement montés nous racontent les expéditions antarctiques de Lorius dans les années 50 à 80. Les images tournées alors ont été curieusement sonorisées (à l'époque on n'enregistrait pas les sons), ça m'a choqué au début puis on s'y fait, d'autant qu'on n'entend pas les voix, juste des échos. On y voit l'hivernage à la base Charcot de 1957, des images de traversées polaires, l'établissement du premier camp au dôme C (site de la future station Concordia), les C-130 décollant de la glace à coups de fusées, les systèmes de forage, tout cela est magnifique. Et, en point culminant, d'extraordinaires images de la base Vostok qui m'ont mis la larme à l’œil. L'aspect scientifique du discours n'est pas évacué, ni les difficultés et souffrances des recherches et la relation d'amour violent qui lie l'homme au continent blanc. J'ai été aussi touché par le passage du temps sur le visage d'un homme traversant le siècle.
J'aurai vingt-trois ans pour toujours.
PS : les personnes intéressées parle sujet pourront lire:Vostok, le dernier secret de l'Antarctique aux éditions Paulsen, de J.R. Petit, collaborateur de Claude Lorius, qui relate avec précisions et chaleur les recherches scientifiques conduites à Vostok et éclaire la trajectoire de Lorius. Enterrés volonaires au coeur de l'Antarctique , documentaire de Djamel Tahi qui présente les images de l'hivernage à Charcot de 1957 (sans les bruits) commentées par Claude Lorius et Roland Schlich en 2008.

Évacuons tout de suite les gros défauts de la bobine : il y a de bien belles images contemporaines sur une musique ploum ploum ploum, qui ne servent globalement à rien. On voit Claude Lorius en gros plan, c'est un beau vieux monsieur, mais on dirait que Luc Jacquet l'a juste posé là dans les décors comme une potiche, c'est assez gênant. D'autant que la voix off, censée être la sienne, n'est pas la sienne. Le texte, enfin, dit beaucoup "je", ce qui se justifie quand il s'agit d'opinions ou d'informations sur la situation personnelle du scientifique, et moins quand il s'agit de recherche scientifique où le "nous" est quand même beaucoup plus juste.

Ça n'enlève rien à la carrière scientifique de Claude Lorius. L'essentiel du film se base sur des images d'archives, moins léchées mais au combien plus passionnantes que les belles photos de livres d'images vues précédemment. Ces vieux films habilement montés nous racontent les expéditions antarctiques de Lorius dans les années 50 à 80. Les images tournées alors ont été curieusement sonorisées (à l'époque on n'enregistrait pas les sons), ça m'a choqué au début puis on s'y fait, d'autant qu'on n'entend pas les voix, juste des échos. On y voit l'hivernage à la base Charcot de 1957, des images de traversées polaires, l'établissement du premier camp au dôme C (site de la future station Concordia), les C-130 décollant de la glace à coups de fusées, les systèmes de forage, tout cela est magnifique. Et, en point culminant, d'extraordinaires images de la base Vostok qui m'ont mis la larme à l’œil. L'aspect scientifique du discours n'est pas évacué, ni les difficultés et souffrances des recherches et la relation d'amour violent qui lie l'homme au continent blanc. J'ai été aussi touché par le passage du temps sur le visage d'un homme traversant le siècle.
J'aurai vingt-trois ans pour toujours.
PS : les personnes intéressées parle sujet pourront lire:Vostok, le dernier secret de l'Antarctique aux éditions Paulsen, de J.R. Petit, collaborateur de Claude Lorius, qui relate avec précisions et chaleur les recherches scientifiques conduites à Vostok et éclaire la trajectoire de Lorius. Enterrés volonaires au coeur de l'Antarctique , documentaire de Djamel Tahi qui présente les images de l'hivernage à Charcot de 1957 (sans les bruits) commentées par Claude Lorius et Roland Schlich en 2008.

Published on November 13, 2015 05:17
November 5, 2015
Youth — Paolo Sorrentino
Deux vieux messieurs de 80 ans, Fred Ballinger le fameux compositeur et chef d’orchestre, et Mick Boyle, le célèbre réalisateur, passent quelques semaines de vacances dans un hôtel de luxe un peu vieillot des Alpes suisses, font des blagues caustiques, prononcent des aphorismes bien sentencieux, parlent de leurs soucis de santé, discutent avec certains autres résidents, se confrontent à des petits problèmes de famille et regardent venir la mort.
Il ne se passe pas grand-chose d’autre dans Youth et c’est pourtant un film superbe, un lent chemin d’images et de musique, une composition presque symphonique pour cinq ou six personnages, tous pris à un tournant de leur vie. Sorrentino les aime tous, se moque d’eux et de leurs travers avec tendresse et leur offre à chacun une voie vers la beauté.
J’ai été particulièrement sensible à la plastique du film, à son jeu avec les corps et les visages, jeunes ou vieux, magnifiés par le regard du cinéaste. Et par dessus tout ça, le plaisir jamais déçu d’entendre la voix et l’accent merveilleux de Sir Michael Caine.

Il ne se passe pas grand-chose d’autre dans Youth et c’est pourtant un film superbe, un lent chemin d’images et de musique, une composition presque symphonique pour cinq ou six personnages, tous pris à un tournant de leur vie. Sorrentino les aime tous, se moque d’eux et de leurs travers avec tendresse et leur offre à chacun une voie vers la beauté.


J’ai été particulièrement sensible à la plastique du film, à son jeu avec les corps et les visages, jeunes ou vieux, magnifiés par le regard du cinéaste. Et par dessus tout ça, le plaisir jamais déçu d’entendre la voix et l’accent merveilleux de Sir Michael Caine.


Published on November 05, 2015 09:40
October 12, 2015
Répétition -- à Vidy

Nous n'étions pas retournés à Vidy depuis longtemps, mais Cecci avait repéré dans le nouveau programme une pièce avec Denis Podalydès. Oui, certes, la présentation ne nous disait rien, mais Denis Podalydès, quand même... On l'avait vu plusieurs fois à la Comédie Française, c'est un excellent acteur de théâtre et il l'a prouvé brillamment ce soir dans Répétition, de Pascal Rambert.Malheureusement, ce n'était pas suffisant.
Répétition: quatre acteurs sur scène, quatre monologues de quarante minute dans un décor moche et sans intérêt. Les quatre personnages, qui portent les prénoms des acteurs (clin d’œil !), travaillaient à une répétition d'un vague objet théâtral (clin d’œil ! Théâtre dans le théâtre, mise en abyme, tu vois ?) et puis il y a eu une histoire de coucherie, et chacun pendant quarante minute donne sa vision du théâtre, de l'art, de la vie, du langage (en disant des gros mots de temps en temps).Ça a l'air pénible, dit comme ça ? Et bien en fait, ça l'est.
Cecci dit : "l'ennui était tellement grand qu'il anesthésiait la pensée avant même que le texte s'en charge."
Ça pontifie, c'est très mal écrit (chacun des personnages parle comme l'auteur et file d'interminables métaphores bancales), les quelques rares idées amusantes flottent dans cette bouillasse comme les lentilles dans une soupe sans lentilles. Malgré les efforts méritoires des acteurs, la pièce reste narcissique, sentencieuse et bavarde.On pourra me dire que Thomas Bernhard aussi fait des pièces avec des monologues au kilomètre et des phrases qui tournent en rond. Et dans cette maison, on aime bien Thomas Bernhard. Répétition, c'est du Thomas Bernhard du pauvre. Les mêmes trucs, sans le génie.
Cecci dit : "une seule lueur de grâce dans tout cela: la capacité de Denis Podalydès à rendre presque crédible un texte qui ne l'est fondamentalement pas."
A la fin, tout le monde se couche et une gymnaste vient sur scène. Bon.
Cecci dit : "Après deux heures écart d'ennui mortel, ma patience est trop entamée pour pouvoir supporter un numéro de GRS."
Un spectacle à fuir.

Published on October 12, 2015 05:44
October 5, 2015
J'étais un rat ! -- Philip Pullman



Published on October 05, 2015 21:50
September 27, 2015
Knie - 2015

(à noter cette année une affiche magnifique)


Photos presse Knie.

Published on September 27, 2015 01:16
September 26, 2015
Des kilomètres de linceuls (Nestor Burma) — Léo Malet

Une belle femme éplorée, ancien amour de notre héros, juive déportée (et gravement blessée) pendant la guerre, vient demander de l’aide d’une voix rauque à Nestor Burma. Commence alors une longue enquête éprouvante et affreuse dans le IIème arrondissement, entre la famille de drapiers juifs farcis de haines recuites, des prostituées, de dangereux bandits en cavale et des maîtres chanteurs. L’intrigue est un vrai jus de chique, Nestor Burma est ballotté entre intuitions fulgurantes et gros coups sur le sommet du crâne et les cadavres s’accumulent. Il fait de son mieux, encaisse, essaie d’aider ceux qui en ont besoin et tombe trop souvent sur un corps refroidi, quand ce n'est pas ce dernier qui lui tombe littéralement dessus.
Le roman est rythmé, dense, amer comme un café très serré pris un petit matin blême à un comptoir de la rue Saint Denis. Une très grande réussite de la série et un petit chef d’oeuvre du roman noir à la française.

Published on September 26, 2015 07:17
September 24, 2015
La nuit de Saint Germain des prés (Nestor Burma) — Léo Malet

Ce roman-ci, situé dans le VIème arrondissement, commence par un long tunnel de bavardages entre le détective, un de ses copains barman et un écrivain à la fois fat et spirituel dans un « snack » de Saint Germain des Prés. Heureusement, les choses s’accélèrent une fois découvert le cadavre d’un jazzman noir dans une chambre d’hôtel. Suit alors une enquête réussie, entre poètes ratés, bandits à la recherche de bijoux et pervers amateur des Chasses du Comte Zaroff. Nestor Burma pose un regard dédaigneux et moqueur sur la manière de s’amuser des jeunes de St Germain, il est trop vieux pour ça, sans doute et n’est pas tellement fan de jazz. L’intrigue tourne autour de la cour rassemblée autour du fameux écrivain, Germain Saint Germain, vendeur de best-seller carbonisé par son succès. Le portrait de ces prétentieux et de ces paumés est réussi, sans méta texte ni moquerie particulière envers les auteurs du 6ème. Une bonne enquête, un bon cru, avec son lot de marioles... et de cadavres.

Published on September 24, 2015 07:13
September 22, 2015
Les rats de Montsouris (Nestor Burma) — Léo Malet

Relire, c’est redécouvrir. Le charme des histoires de Nestor Burma repose sur deux choses importantes: la France et surtout la ville de Paris des années 40 à 60, évoquées par quelqu’un qui y était et qui l’aimait. Et le style. Léo Malet, le chroniqueur du détective, écrit bien, mariant avec élégance imparfaites du subjonctif, jeux de mots tordus et morceaux d'argot. Les romans sont parfois écrits un peu vite, mais ont souvent des dialogues bien balancés et des morceaux de bravoure, scènes d’ambiance ou moments oniriques (où l’on se rappelle les vieilles accointances de Léo Malet avec les surréalistes)
En relisant, je me rends aussi compte de la vision sociale véhiculée par ces récits. Nestor Burma voit de tout: des paumés, des étudiants, des bourgeois, des bandits et des flics (et des cadavres, sa spécialité), la coupe sociale est transverse. M’sieur Nestor est aussi un gros macho, plus très objectif quand une jolie minette bien balancée se présente à son burlingue, même s’il est toujours courtois et correct avec les dames, qui sont fréquemment ses clientes, et qui le paient plus rarement.Par ailleurs, dans mes lectures précédentes je n’avais jamais été attentif à la présence des Arabes ou des Juifs. Mais la guerre d’Algérie est bien présente, en sourdine dans les récits des années 50/60… Sur la fin de sa vie, l’auteur semble avoir viré vieux réac xénophobe. Burma l’est peut-être devenu en vieillissant, quand il a vu le monde qu’il avait connu lui échapper. Dans les années 50 des récits, les Arabes semblent surtout vus comme des étrangers, ni aimables, ni détestables, plus souvent accusés que coupables.
Voilà pour la partie générale. Je ne m’étendrai pas trop sur le roman les Rats de Montsouris, enquête dans le 14ème arrondissement, lu pour voir si nous retrouvions nos repères dans cet endroit où nous avons vécu. Le 14ème d’alors est bien plus popu et cradingue que maintenant, s’étalant entre les bourgeois de Montsouris et les rades pourris derrière Montparnasse. Le roman est une enquête autour du meurtre d’un truand et d’une série de cambriolages, et comprend quelques jolies scènes. Le premier chapitre, pur scène de film noir avec types crasseux jouant au billard sous une ampoule miteuse, est un très beau morceau. Suivi d’une errance cauchemardesque dans la nuit d’août étouffante. Les clins d’oeil surréalistes et le personnage de l’ancien avocat général marié à la fille trop jeune d’un homme qu’il a expédié à la guillotine sont aussi très réussis. Bref, une bonne enquête et un bon cru dans la série des Nouveaux mystères de Paris.
Et on appréciera toujours chez Leo Malet le soin mis à boucler de bonnes intrigues, solides et carrées, que l’amateur de mystères policiers aura plaisir à découvrir.



Published on September 22, 2015 07:09
September 21, 2015
Europa report - Sebastián Cordero
J'ai vu ce chouette film sur recommandation de GD avec la note suivante: "tu verras, ils parlent du lac Vostok" (de fait).
On a là le récit de la toute première expédition humaine vers Europa, grosse lune glacée de Jupiter, abritant sous sa couche de glace un océan liquide.
Le grand plaisir de ce film est qu'il traite de façon réaliste un voyage spatial. Le profil des personnages est crédible, leurs réactions compréhensibles et les machines sont lourdes, compliquées et tombent en panne au mauvais moment, comme dans la vraie vie. Le résultat est tout à fait crédible et crée un suspense technique qui marche très bien.L'autre bon parti pris du film est qu'il s'agit d'un "lost footage movie", les images provenant de l'enregistrement par les caméras du bord. Le réalisateur en tire quelques effets formels réussis, qui ajoutent à la véracité du propos. Bref, une bonne surprise !
Europa report a fait vibrer mon petit cœur d'exporateur spatial. Si le décollage d'une fusée vous émeut plus que la photo d'un bébé chat, ce film pourrait vous plaire.

On a là le récit de la toute première expédition humaine vers Europa, grosse lune glacée de Jupiter, abritant sous sa couche de glace un océan liquide.

Le grand plaisir de ce film est qu'il traite de façon réaliste un voyage spatial. Le profil des personnages est crédible, leurs réactions compréhensibles et les machines sont lourdes, compliquées et tombent en panne au mauvais moment, comme dans la vraie vie. Le résultat est tout à fait crédible et crée un suspense technique qui marche très bien.L'autre bon parti pris du film est qu'il s'agit d'un "lost footage movie", les images provenant de l'enregistrement par les caméras du bord. Le réalisateur en tire quelques effets formels réussis, qui ajoutent à la véracité du propos. Bref, une bonne surprise !
Europa report a fait vibrer mon petit cœur d'exporateur spatial. Si le décollage d'une fusée vous émeut plus que la photo d'un bébé chat, ce film pourrait vous plaire.


Published on September 21, 2015 07:03
Europe report - Sebastián Cordero
J'ai vu ce chouette film sur recommandation de GD avec la note suivante: "tu verras, ils parlent du lac Vostok" (de fait).
On a là le récit de la toute première expédition humaine vers Europa, grosse lune glacée de Jupiter, abritant sous sa couche de glace un océan liquide.
Le grand plaisir de ce film est qu'il traite de façon réaliste un voyage spatial. Le profil des personnages est crédible, leurs réactions compréhensibles et les machines sont lourdes, compliquées et tombent en panne au mauvais moment, comme dans la vraie vie. Le résultat est tout à fait crédible et crée un suspense technique qui marche très bien.L'autre bon parti pris du film est qu'il s'agit d'un "lost footage movie", les images provenant de l'enregistrement par les caméras du bord. Le réalisateur en tire quelques effets formels réussis, qui ajoutent à la véracité du propos. Bref, une bonne surprise !
Europa report a fait vibrer mon petit cœur d'exporateur spatial. Si le décollage d'une fusée vous émeut plus que la photo d'un bébé chat, ce film pourrait vous plaire.

On a là le récit de la toute première expédition humaine vers Europa, grosse lune glacée de Jupiter, abritant sous sa couche de glace un océan liquide.

Le grand plaisir de ce film est qu'il traite de façon réaliste un voyage spatial. Le profil des personnages est crédible, leurs réactions compréhensibles et les machines sont lourdes, compliquées et tombent en panne au mauvais moment, comme dans la vraie vie. Le résultat est tout à fait crédible et crée un suspense technique qui marche très bien.L'autre bon parti pris du film est qu'il s'agit d'un "lost footage movie", les images provenant de l'enregistrement par les caméras du bord. Le réalisateur en tire quelques effets formels réussis, qui ajoutent à la véracité du propos. Bref, une bonne surprise !
Europa report a fait vibrer mon petit cœur d'exporateur spatial. Si le décollage d'une fusée vous émeut plus que la photo d'un bébé chat, ce film pourrait vous plaire.


Published on September 21, 2015 07:03