Laurent Kloetzer's Blog, page 29
January 12, 2019
Le miroir se brisa – Guy Hamilton

Le miroir se brisa n’est pas un grand film: la réalisation est très planplan. Mais décors et costumes sont bien, le récit est rigolo, l’intrigue est tordue à souhait, les acteurs cabotinent, on reconnaît plein de stars dans des petits et des grands rôles. Contrairement à mort sur le Nil, celui-ci n’est pas trop violent. Les filles l’ont bien aimé et nous aussi.

Published on January 12, 2019 05:44
January 10, 2019
L'abominable homme de Säffle – Maj Sjöwall et Per Walhöo

Suède, début des années 70. Alors qu’il s’apprêtait à aller se coucher, le commissaire Martin Beck (notre héros, un fonctionnaire de police consciencieux, assez doué et introspectif, dénué de fantaisie – qui a dit Suédois ?) est appelé pour constater le meurtre sanglant d’un collègue, le commissaire Nyman, massacré à la baïonnette dans sa chambre d’hôpital. Accompagné de son collègue Röm, qui a lui aussi déjà une journée dans les pattes, ils vont tenter de retrouver, vite, le tueur avant que celui-ci ne recommence.
L’abominable… est un excellent roman: roman d’enquête, thriller, avec des enquêteurs aux yeux rougis (et non, ils n’iront pas dormir avant la fin de l’histoire) shootés au café et même des scènes d’actions épatantes. Mais des scènes d’action épatantes écrites par des Suédois caustiques avec héroïsme stupide, incompétence épaisse, héros soucieux et tirs qui partent souvent à côté. Ca rajoute une bonne couche de réalisme et de suspense.
Tout le roman est aussi un parcours de la société suédoise, vue à travers sa police, force d’état pas antipathique mais prise entre son passé militaire récent, ses tentations un peu fascistes, ses côtés progressistes, ses politiciens nuls, ses policiers dévoués. Les portraits des personnages sont savoureux et touchants. On croise aussi un paquet de paumés de la société suédoise, de gens dépassés, et quelque connards ambitieux ou méchants. C’est souvent très très drôle, mais le discours politique et caustique du récit ne perd jamais de vue la narration principale, menée tambour battant jusqu’à sa fin terrible.
Une note contemporaine: à un moment, excellent, Einar Röm parcourt un recueil de plaintes déposées contre des policiers, comme une série de petites histoires d'injustices montrant combien la police peut être une véritable nuisance – c’est un moment fort du récit. Et on se rend compte que, même méchante, la police suédoise de l’époque l’est sans doute bien moins que la police française de maintenant.

Published on January 10, 2019 05:37
January 9, 2019
La belle et la bête – Au petit théâtre
Le spectacle de Noël du petit théâtre de Lausanne est leur « grosse production » : généralement la pièce la plus ambitieuse de la saison, souvent une création locale. Nous avons vu lors des saisons précédentes nombre d’excellents spectacles présentés ainsi (l’arche part à huit heures, le dératiseur de Hamelin…)
Cette année, on nous propose une adaptation par Michel Voïta du conte classique de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont. Disons-le tout de suite, c’est du bon boulot: scénographie inventive, acteurs doués (mention spéciale au couple de soeurs méchantes qui forment un très beau duo de comédie grinçante). C’est rare, et digne d’être noté, l’écriture de la pièce est aussi très réussie, gardant par moments des accents du XVIIIème siècle et n’hésitant pas à user d’un beau langage. La narration est énergique et dynamique, avec ellipses bien posées (certains scènes, cliché et attendues, ne sont tout simplement pas montrées et c’est très bien) et de beaux moments: les tabourets à un pied, le Split-screen sur scène du père entrant dans le palais, les changements de robes de Belle. On passe un bon moment de théâtre, adultes comme enfants, le spectacle est très recommandable. Sa saison est terminée au Petit théâtre, mais si jamais il tourne et est remonté ailleurs, je vous encourage à aller le voir.
Une remarque plus critique maintenant: Michel Voïta, dans son adaptation, garde l’essence du conte (c’est bien) et en dit quelque chose (c’est bien aussi) : ma théorie est qu’il fait de ce récit le portrait psychologique d’une jeune femme, tous les personnages (bête et méchantes soeurs) représentant des éléments d’un discours intérieur d’Isabelle – Belle. Et tout ça est une bonne idée qui marche plutôt bien, surtout dans la première partie. Le personnage de Belle, toutefois, n’évolue pas de manière très heureuse: de vertueuse, positive, fantaisiste et simple au début (quand elle se balade avec ses bottes de fermière achetées à la Landi (référence suisse)), elle devient pleurnicharde dans la deuxième partie (pourquoi pas, ça reste dans le ton larmoyant du 18ème siècle) mais surtout très garce dans la fin où elle exerce sa vengeance. Dommage que cette vertu fantaisiste, incarnée par la relation (inventée pour la pièce) avec la fée-marraine ne se maintienne pas jusqu’à la fin. Je peux comprendre d’un point de vue psychologique ce revirement « garce » de Belle, mais on perd alors la lecture 1er degré du conte, et les enfants ne s’y sont pas trompés. Elles n’ont pas aimé ce que Belle devenait à la fin.
Que ces limites, qui sont plutôt une réflexion sur la narration, ne vous éloignent pas d’un spectacle bien fait et intéressant !

Cette année, on nous propose une adaptation par Michel Voïta du conte classique de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont. Disons-le tout de suite, c’est du bon boulot: scénographie inventive, acteurs doués (mention spéciale au couple de soeurs méchantes qui forment un très beau duo de comédie grinçante). C’est rare, et digne d’être noté, l’écriture de la pièce est aussi très réussie, gardant par moments des accents du XVIIIème siècle et n’hésitant pas à user d’un beau langage. La narration est énergique et dynamique, avec ellipses bien posées (certains scènes, cliché et attendues, ne sont tout simplement pas montrées et c’est très bien) et de beaux moments: les tabourets à un pied, le Split-screen sur scène du père entrant dans le palais, les changements de robes de Belle. On passe un bon moment de théâtre, adultes comme enfants, le spectacle est très recommandable. Sa saison est terminée au Petit théâtre, mais si jamais il tourne et est remonté ailleurs, je vous encourage à aller le voir.

Une remarque plus critique maintenant: Michel Voïta, dans son adaptation, garde l’essence du conte (c’est bien) et en dit quelque chose (c’est bien aussi) : ma théorie est qu’il fait de ce récit le portrait psychologique d’une jeune femme, tous les personnages (bête et méchantes soeurs) représentant des éléments d’un discours intérieur d’Isabelle – Belle. Et tout ça est une bonne idée qui marche plutôt bien, surtout dans la première partie. Le personnage de Belle, toutefois, n’évolue pas de manière très heureuse: de vertueuse, positive, fantaisiste et simple au début (quand elle se balade avec ses bottes de fermière achetées à la Landi (référence suisse)), elle devient pleurnicharde dans la deuxième partie (pourquoi pas, ça reste dans le ton larmoyant du 18ème siècle) mais surtout très garce dans la fin où elle exerce sa vengeance. Dommage que cette vertu fantaisiste, incarnée par la relation (inventée pour la pièce) avec la fée-marraine ne se maintienne pas jusqu’à la fin. Je peux comprendre d’un point de vue psychologique ce revirement « garce » de Belle, mais on perd alors la lecture 1er degré du conte, et les enfants ne s’y sont pas trompés. Elles n’ont pas aimé ce que Belle devenait à la fin.
Que ces limites, qui sont plutôt une réflexion sur la narration, ne vous éloignent pas d’un spectacle bien fait et intéressant !


Published on January 09, 2019 05:29
January 7, 2019
Mon drôle de petit frère – Elizabeth Laird


Published on January 07, 2019 05:24
January 6, 2019
Quelques livres sur l'écriture
Dans le cadre de l'atelier que j'ai animé pour le CSF du SU-ITE (sexy, non ?), je me suis demandé comment apprendre à écrire des histoires de science-fiction. Des conseils pour écrire des histoires, il en existe plein. Les conseils pour écrire de la SF sont bien plus rares. Mes demandes posées sur les réseaux sociaux m'ont remonté plein de ressources, mais la part de ces dernières consacrées à la SF est très réduite. Pour ceux que le résultat intéresse, voici le résultat de ma pêche.
Sur le blog Bifrost, les articles de Claude Ecken. (merci Claude !)http://blog.belial.fr/post/2009/08/11/L-ecriture-de-la-science-fiction-1http://blog.belial.fr/post/2009/08/18/L-ecriture-de-la-science-fiction-2http://blog.belial.fr/post/2009/08/25/L-ecriture-de-la-science-fiction-3
Ces articles sont clairs, amusants et offrent de nombreux conseils "de base".
On m'a aussi conseillé le livre d'Orson Scott Card, How to write fantasy and science-fiction (traduit à l'époque par Bragelonne, mais introuvable hors occase).
C'est un How to book à l'américaine, très clair, comprenant nombre de bonnes idées: par exemple, connaissez les principaux tropes de la SF: si vous écrivez une histoire de voyage dans le temps/supgraluminique/apocalypse..., elle va être comparée par vos lecteurs aux autres histoires du même type qu'ils connaissent.
Enfin, ma meilleure lecture sur le sujet (moins technique et plus philosophique) est le remarquable recueil d'essais d'Ursula Le Guin, le langage de la nuit, qu'on trouve en plus en français aux forges de Vulcain. Mme Le Guin a une expression d'une très grande clarté et des idées très fortes. Elle se demande notamment pourquoi écrire de la littérature d'imaginaire.
Sur le blog Bifrost, les articles de Claude Ecken. (merci Claude !)http://blog.belial.fr/post/2009/08/11/L-ecriture-de-la-science-fiction-1http://blog.belial.fr/post/2009/08/18/L-ecriture-de-la-science-fiction-2http://blog.belial.fr/post/2009/08/25/L-ecriture-de-la-science-fiction-3
Ces articles sont clairs, amusants et offrent de nombreux conseils "de base".
On m'a aussi conseillé le livre d'Orson Scott Card, How to write fantasy and science-fiction (traduit à l'époque par Bragelonne, mais introuvable hors occase).

Enfin, ma meilleure lecture sur le sujet (moins technique et plus philosophique) est le remarquable recueil d'essais d'Ursula Le Guin, le langage de la nuit, qu'on trouve en plus en français aux forges de Vulcain. Mme Le Guin a une expression d'une très grande clarté et des idées très fortes. Elle se demande notamment pourquoi écrire de la littérature d'imaginaire.


Published on January 06, 2019 07:25
January 5, 2019
Forrest Gump – Robert Zemeckis
Film vu lors d’une soirée cinéma avec les enfants. Je ne connaissais pas Forrest Gump, sauf certaines de ses répliques emblématiques (la vie c’est comme une boîte de chocolats… Cours Forrest, cours, etc.) et j’ai de la sympathie pour Zemeckis, sous-Spielberg auteur d’au moins une série de films que nous avons aimés.
Nous avons regardé le film avec plaisir, qui nous a permis d’expliquer aux enfants des éléments de l’histoire et de la culture américaine: la lutte pour les droits civiques, la guerre du Vietnam, la contre-culture, etc. Pas mal de bonnes scènes (j’aime particulièrement celle où Forrest se libère de ses attelles, et les images du lieutenant Dan perché en haut du mât du crevettier.
Si le spectacle a été plaisant, et la romance agréable à suivre (même si son côté très fabriqué nous a frappés), j’ai été choqué par le sexisme du récit. Celui-ci étant une allégorie, les personnages doivent être aussi compris comme tels: opposition entre une Amérique pleine de bon sens, simple, parfois violente (pour la bonne cause), masculine, et une Amérique de contre-culture, féminine, droguée, perdue, qui ne trouve sa rédemption que dans la maternité. Le personnage de Robin Wright est intéressant (et j’aime cette actrice !) mais le rôle qu’on lui fait endosser est bien pénible. Un article intéressant qui met le film dans son contexte, le début des années 90.

Nous avons regardé le film avec plaisir, qui nous a permis d’expliquer aux enfants des éléments de l’histoire et de la culture américaine: la lutte pour les droits civiques, la guerre du Vietnam, la contre-culture, etc. Pas mal de bonnes scènes (j’aime particulièrement celle où Forrest se libère de ses attelles, et les images du lieutenant Dan perché en haut du mât du crevettier.
Si le spectacle a été plaisant, et la romance agréable à suivre (même si son côté très fabriqué nous a frappés), j’ai été choqué par le sexisme du récit. Celui-ci étant une allégorie, les personnages doivent être aussi compris comme tels: opposition entre une Amérique pleine de bon sens, simple, parfois violente (pour la bonne cause), masculine, et une Amérique de contre-culture, féminine, droguée, perdue, qui ne trouve sa rédemption que dans la maternité. Le personnage de Robin Wright est intéressant (et j’aime cette actrice !) mais le rôle qu’on lui fait endosser est bien pénible. Un article intéressant qui met le film dans son contexte, le début des années 90.

Published on January 05, 2019 05:22
January 3, 2019
Meurtre au comité Central – Manuel Vásquez Montalbán

Je n’ai pas du tout accroché sur ce roman qui m’a, je pense, complètement échappé. Il est plein de références à la culture culinaire et politique espagnole, que je n’ai pas. Les situations sont souvent intéressantes, ces anciens résistants communistes ont quelque chose de juste et touchant, Carvalho est plutôt antipathique mais pas désagréable à suivre, mais j’ai eu l’impression que le roman me parlait depuis un autre monde, tout proche, sans m’en donner les clefs. J’ai vu que Montalbán était considéré par des gens intelligents comme un grand auteur, c’est sans doute le cas, je serai peut-être capable de le comprendre quand je connaîtrai mieux l’Espagne.

Published on January 03, 2019 05:17
December 30, 2018
Bouclage 2018 - films
Films vus mais qui n'ont pas mérité une notice
Le réveil de la force – J.J. AbramsMalgré quelques belles images et bons personnages (j'ai bien aimé les vieux Solo et Léia ainsi que la tenancière de rade galactique à grosses lunettes), j'ai trouvé l'ensemble assez pénible. Bien en dessous de Rogue One.
Les aventuriers de l'arche perdue – Steven SpielbergRevu dans la foulée de la dernière croisade. Les enfants ont adoré, les parents ont eu du plaisir aussi. Etonnant comme le personnage de Marion, plutôt bien écrit et badass au début, devient une nénette en détresse dans la deuxième partie.
L'école buissonière – Nicolas VanierRosa a beaucoup aimé cette histoire d'initiation dans les beaux paysages de Sologne. Comédie dramatique avec subvention du département du Loiret. Vanier film bien les animaux et ça se termine bien.
Le papillon – Philippe MuylNoté pour mémoire: un vieil homme et une gamine dans de beaux paysages naturels, voilà tout ce qu'il y a de bon dans le film. Pour le reste, un son naturaliste "film français", une photo assez moche, réalisation plan-plan façon téléfilm et surtout un récit très mal écrit. Scénario mince, dialogues un peu faux, rien qui sorte trop des clous.
Le réveil de la force – J.J. AbramsMalgré quelques belles images et bons personnages (j'ai bien aimé les vieux Solo et Léia ainsi que la tenancière de rade galactique à grosses lunettes), j'ai trouvé l'ensemble assez pénible. Bien en dessous de Rogue One.
Les aventuriers de l'arche perdue – Steven SpielbergRevu dans la foulée de la dernière croisade. Les enfants ont adoré, les parents ont eu du plaisir aussi. Etonnant comme le personnage de Marion, plutôt bien écrit et badass au début, devient une nénette en détresse dans la deuxième partie.
L'école buissonière – Nicolas VanierRosa a beaucoup aimé cette histoire d'initiation dans les beaux paysages de Sologne. Comédie dramatique avec subvention du département du Loiret. Vanier film bien les animaux et ça se termine bien.
Le papillon – Philippe MuylNoté pour mémoire: un vieil homme et une gamine dans de beaux paysages naturels, voilà tout ce qu'il y a de bon dans le film. Pour le reste, un son naturaliste "film français", une photo assez moche, réalisation plan-plan façon téléfilm et surtout un récit très mal écrit. Scénario mince, dialogues un peu faux, rien qui sorte trop des clous.

Published on December 30, 2018 23:20
Le tour de la bouée – Andrea Camilleri


Published on December 30, 2018 00:57
Le coup du cavalier – Andrea Camilleri


Published on December 30, 2018 00:04