Alan Spade's Blog, page 8
April 6, 2023
D��mocrature
Gestion de la crise des gilets jaunes, de l'h��pital, de la r��forme des retraites, usage d��mesur�� du 49.3, affaire McKinsey, droits de l'homme en France, nombre de membres des gouvernements Macron traduits en justice, recul de la France dans le classement des pays les moins corrompus, mont��e dramatique, historique de l'extr��me droite, les signes sont nombreux �� montrer que la France est entr��e en d��mocrature. De deux choses l'une, ou bien il s'agit d'une d��mocratie qui bascule dans la dictature, ou bien d'une dictature qui se donne des airs de d��mocratie. Le fait que Macron soit le dirigeant europ��en qui ait le plus longtemps cherch�� �� appeler Poutine au t��l��phone, m��me apr��s les horreurs de Boutcha, n'est pas l�� pour rassurer. Jusqu'�� son voyage pour la Chine o�� il prend pour pr��texte la r��solution de la guerre en Ukraine, en amenant avec lui Ursula Von der Leyen comme caution morale, mais aussi et surtout un a��ropage de soixante chefs d'entreprises.
Entre dictateurs, on se conna��t: Macron sait tr��s bien qu'il n'obtiendra pas de la Chine qu'elle arr��te de commander des millions de tonnes de p��trole �� la Russie pour alimenter son effort de guerre. Il sait aussi que m��me s'il obtient de Xi Jinping qu'il passe un appel t��l��phonique �� Volodymyr Zelensky, ce sera uniquement de l'affichage et ��a ne servira rigoureusement �� rien. Il sait que la Chine, l'ami ind��fectible de la Russie, ne peut ��tre un n��gociateur dans la guerre en Ukraine.
Alors oui, il est possible que la Chine n'arme pas directement la Russie, P��kin cherchant �� se montrer en force stabilisatrice et non en pays fauteur de guerre. Mais le fait est que la Chine est en train de surarmer la plus puissante dictature au monde, la nouvelle surpuissance �� ��merger sur Terre: la Chine.
C'est �� dire que l'Empire du milieu tire parti du commerce international, en particulier avec l'Europe et les Etats-Unis pour s'armer de mani��re disproportionn��e. Dans les ann��es 90, il pouvait y avoir encore une comparaison entre le budget de l'arm��e fran��aise et celui de la Chine. De nos jours c'est fini, la France est largu��e.
S'il y a bien une le��on que l'on doit tirer de la guerre en Ukraine, c'est celle-ci: si vous commercez avec des dictatures, si vous leur fournissez des milliards de dollars, vous alimentez votre prochaine guerre. L'Allemagne le sait bien. L'Europe aussi.
Plut��t que d'amener des chefs d'entreprise en Chine, notre tra��tre national, Macron, devrait faire le contraire. Les dissuader de commercer avec l'Empire du milieu. Leur faire comprendre que la Chine n'a bafou�� les droits de l'homme que depuis trop longtemps. Qu'on ne peut plus cautionner un tel mod��le. Que l'on ignore tout des horreurs commises en Chine �� cause de la chape de plomb sur l'information. Mais bien s��r, on sait tous o�� Macron se met les droits de l'homme...
Il est imp��ratif que l'Europe toute enti��re r��organise son mod��le ��conomique de fond en comble. Avant la guerre, on pensait impossible de se passer du gaz et du p��trole russe. La r��alit�� prouve que nous avons su nous en passer. Evidemment que ce sera extr��mement dur. Mais ce sera toujours mieux qu'une guerre. Il est o�� le temps o�� l'on disait que les imprimantes 3D pouvaient remplacer l'ouvrier chinois?
Il n'y a pas que les Chinois qui produisent des puces pour les smartphones: il y a Ta��wan, la Cor��e du Sud, Singapour... Et ce ne devrait pas ��tre impossible de faire nos propres smartphones en Europe, non? Les gens vous r��pondront qu'on est dans le domaine du Yakafokon. Jusqu'�� ce qu'il y ait une guerre. Alors, on s'aper��oit que ce que l'on croyait impossible devient tout �� coup envisageable.
L'Europe doit se pr��parer �� une guerre avec la Chine. Une guerre qui engloberait grosso modo La Russie, la Chine, la Cor��e du Nord, l'Iran, l'Arabie Saoudite et peut-��tre l'Inde contre le bloc occidental et peut-��tre certains pays d'Asie qui nous rejoindraient. Xi Jinping veut la guerre. Il est en train d'armer la Chine comme quelqu'un qui a d��cid�� qu'il y aurait la guerre. Le seul moyen d'esp��rer le faire fl��chir dans sa r��solution, c'est de lui retirer les barreaux de l'��chelle qui lui permettent de se hisser en tant que superpuissance. Il ne tient qu'�� nous.
Démocrature
Gestion de la crise des gilets jaunes, de l'hôpital, de la réforme des retraites, usage démesuré du 49.3, affaire McKinsey, droits de l'homme en France, nombre de membres des gouvernements Macron traduits en justice, recul de la France dans le classement des pays les moins corrompus, montée dramatique, historique de l'extrême droite, les signes sont nombreux à montrer que la France est entrée en démocrature. De deux choses l'une, ou bien il s'agit d'une démocratie qui bascule dans la dictature, ou bien d'une dictature qui se donne des airs de démocratie. Le fait que Macron soit le dirigeant européen qui ait le plus longtemps cherché à appeler Poutine au téléphone, même après les horreurs de Boutcha, n'est pas là pour rassurer. Jusqu'à son voyage pour la Chine où il prend pour prétexte la résolution de la guerre en Ukraine, en amenant avec lui Ursula Von der Leyen comme caution morale, mais aussi et surtout un aéropage de soixante chefs d'entreprises.
Entre dictateurs, on se connaît: Macron sait très bien qu'il n'obtiendra pas de la Chine qu'elle arrête de commander des millions de tonnes de pétrole à la Russie pour alimenter son effort de guerre. Il sait aussi que même s'il obtient de Xi Jinping qu'il passe un appel téléphonique à Volodymyr Zelensky, ce sera uniquement de l'affichage et ça ne servira rigoureusement à rien. Il sait que la Chine, l'ami indéfectible de la Russie, ne peut être un négociateur dans la guerre en Ukraine.
Alors oui, il est possible que la Chine n'arme pas directement la Russie, Pékin cherchant à se montrer en force stabilisatrice et non en pays fauteur de guerre. Mais le fait est que la Chine est en train de surarmer la plus puissante dictature au monde, la nouvelle surpuissance à émerger sur Terre: la Chine.
C'est à dire que l'Empire du milieu tire parti du commerce international, en particulier avec l'Europe et les Etats-Unis pour s'armer de manière disproportionnée. Dans les années 90, il pouvait y avoir encore une comparaison entre le budget de l'armée française et celui de la Chine. De nos jours c'est fini, la France est larguée.
S'il y a bien une leçon que l'on doit tirer de la guerre en Ukraine, c'est celle-ci: si vous commercez avec des dictatures, si vous leur fournissez des milliards de dollars, vous alimentez votre prochaine guerre. L'Allemagne le sait bien. L'Europe aussi.
Plutôt que d'amener des chefs d'entreprise en Chine, notre traître national, Macron, devrait faire le contraire. Les dissuader de commercer avec l'Empire du milieu. Leur faire comprendre que la Chine n'a bafoué les droits de l'homme que depuis trop longtemps. Qu'on ne peut plus cautionner un tel modèle. Que l'on ignore tout des horreurs commises en Chine à cause de la chape de plomb sur l'information. Mais bien sûr, on sait tous où Macron se met les droits de l'homme...
Il est impératif que l'Europe toute entière réorganise son modèle économique de fond en comble. Avant la guerre, on pensait impossible de se passer du gaz et du pétrole russe. La réalité prouve que nous avons su nous en passer. Evidemment que ce sera extrêmement dur. Mais ce sera toujours mieux qu'une guerre. Il est où le temps où l'on disait que les imprimantes 3D pouvaient remplacer l'ouvrier chinois?
Il n'y a pas que les Chinois qui produisent des puces pour les smartphones: il y a Taïwan, la Corée du Sud, Singapour... Et ce ne devrait pas être impossible de faire nos propres smartphones en Europe, non? Les gens vous répondront qu'on est dans le domaine du Yakafokon. Jusqu'à ce qu'il y ait une guerre. Alors, on s'aperçoit que ce que l'on croyait impossible devient tout à coup envisageable.
L'Europe doit se préparer à une guerre avec la Chine. Une guerre qui engloberait grosso modo La Russie, la Chine, la Corée du Nord, l'Iran, l'Arabie Saoudite et peut-être l'Inde contre le bloc occidental et peut-être certains pays d'Asie qui nous rejoindraient. Xi Jinping veut la guerre. Il est en train d'armer la Chine comme quelqu'un qui a décidé qu'il y aurait la guerre. Le seul moyen d'espérer le faire fléchir dans sa résolution, c'est de lui retirer les barreaux de l'échelle qui lui permettent de se hisser en tant que superpuissance. Il ne tient qu'à nous.
April 2, 2023
Ursula montre la voie
Il faut toujours suivre la Grande Ourse pour trouver son chemin. En 1974 dans son roman The Dispossessed, bien avant que l'autoédition ne devienne aussi populaire, la romancière de Science-Fiction Ursula Le Guin a montré la voie à tous les auteurs autoédités.
He was therefore certain, by now, that his radical and unqualified will to create was, in Odonian terms, its own justification. His sense of primary responsibility towards his work did not cut him off from his fellows, from his society, as he had thought. It engaged him with them absolutely. -- Ursula Le Guin, The Dispossessed, 1974
Il était par conséquent certain, à présent, que sa volonté radicale et sans réserves de créer était, en termes Odoniens, sa propre justification. Son sens de la responsabilité première envers son œuvre ne le coupait pas de ses semblables, de la société, comme il l'avait cru. Il l'engageait absolument avec eux. -- Ursula Le Guin, Les Dépossédés, 1974
Tel est donc le magistral coup de pied qu'Ursula Le Guin envoya au syndrome de l'imposteur dans son roman du cycle de Hainish Les Dépossédés, en 1974. Bien sûr, la phrase est prise en dehors de son contexte: elle s'applique ici au théoricien scientifique Shevek et non à un auteur. Néanmoins, on peut facilement l'étendre à tous les auteurs autoédités, ce que je m'empresse ici de faire.
C'est peut-être parce que mon frère aîné est chercheur en astrophysique, mais j'ai toujours assimilé notre travail d'auteur à un travail de recherche. Depuis que je connais l'existence des expériences de pensée d'Einstein, j'ai tendance à rapprocher fortement ce processus de notre processus créatif, à nous autres auteurs.
Shevek se rapproche pour moi par certains côtés d'un auteur autoédité: il s'agit d'un scientifique de haut vol dont la science ne sert à rien à la société, car le niveau technologique de son monde ne lui permet pas de mettre en pratique ses découvertes théoriques par le truchement de l’ingénierie. Et du coup, sa société a tendance à l'employer à des tâches bassement matérielles, sans exploiter son véritable potentiel. C'est pourquoi Shevek va devoir s'exiler pour se réaliser.
Nous autres auteurs autoédités sommes reconnus pour notre travail et notre vaillance par une grande majorité de lecteurs. Ce n'est donc pas tant au niveau de la société que le bât blesse qu'au niveau de nos pairs qui font le choix de l'édition traditionnelle. Et bien sûr de l'édition traditionnelle elle-même et par extension, d'une bonne partie des professionnels de la chaîne du livre.
La société est en effet bâtie de telle manière que ce sont les branches professionnelles qui se structurent afin de filtrer les membres de chaque profession par la sélection, de manière à légitimer auprès de la société ceux qui sont censés être les plus doués.
C'est cette fonction de légitimation, de gardien du portail, que l'autoédition enjambe allègrement pour rapprocher les auteurs de leur public.
Ce que ne nous dit pas Ursula Le Guin est en l'occurrence aussi important que ce qu'elle nous dit. Elle ne nous dit pas que la justification de la volonté de créer de Shevek est le fait que Shevek soit doué, qu'il soit un chercheur talentueux. Elle ne nous dit pas, en d'autres termes, que Shevek a le droit de créer parce qu'il est doué ou compétent. Non. Elle nous dit que la volonté de création emporte sa propre justification.
Et ça, chers amis victimes du complexe de l'imposteur, doutant de votre propre talent ou bien de la reconnaissance par vos pairs, ou par la société, de votre talent et de vos compétences, c'est la clé. Et j'ajouterais personnellement que cette justification, pour interne qu'elle puisse paraître, devra bien un jour ou l'autre être reconnue officiellement par la société.
February 19, 2023
Du R��ve �� la R��alit��
Mon dernier ebook reprend la plupart des articles de ce blog. Ilpourra tout aussi bien susciter l���int��r��t de confr��res auteursou artistes, qu���ils soient ��tablis ou en devenir, que despersonnes d��sirant mieux conna��tre mon parcours et l�����volutionde mes id��es.
�� Comment je suis pass�� d���auteur wannabe en 2008, se r��servant encore la possibilit�� d�����tre publi�� traditionnellement, �� un romancier auto��dit�� �� temps plein d��s 2014, et l���assumant pleinement. Avec pour l���instant au compteur six romans dont quatre traduits en anglais, et deux recueils de nouvelles, le tout vendu �� plus de 12 500 exemplaires papier et plus de 5000 ebooks. Entre 2008 et 2023, quinze ans d���apprentissage, d���exp��rimentations, de combats... et de d��dicaces ! Quinze ans de magnifiques rencontres avec les lecteurs. Comment, d���auteur militant pour la cause des auteurs auto��dit��s, mais ne les repr��sentant �� aucun moment, j���en suis venu �� me ranger derri��re l���id��e de revenu universel inconditionnel, qui me semble �� pr��sent la seule id��e valable pour une vraie justice sociale pour tous. En d��couvrant cette tr��s large s��lection de 193 articles de mon blog, ��maill��s de conseils pour les auteurs, vous verrez combien l���id��alisme se confronte chez moi �� cette volont�� de mesurer mes id��es �� l���aune de la r��alit�� du terrain. Le principe d���imposer un rapport de force favorable aux auteurs coule alors de source. Le chemin que je vous propose d���arpenter avec moi vous conduira ainsi du r��ve �� la r��alit��. �� ��� Alan Spade
C���est en terminant l���article au sujet d���Edgar P. Jacobs quem���est venue l���id��e de ce livre synth��se de mes articles deblog. J���ai pens�� que l���article serait une belle conclusion de ceparcours d���auteur qui a dur��, pour l���instant quinze ans.
Le livre pourra toutaussi bien susciter l���int��r��t de confr��res auteurs ou artistes,qu���ils soient ��tablis ou en devenir, que des personnes d��sirantmieux conna��tre mon parcours et l�����volution de mes id��es.
La s��lection de 193 articles de ce blog y apparait dans l���ordre chronologique, duplus ancien au plus r��cent. Comme ils sont rarement reli��s entreeux, vous avez la possibilit�� de picorer, d���aller de l���un ��l���autre via la table des mati��res de l���ebook. Les sujets trait��stournent le plus souvent autour de la d��fense des int��r��ts desauteurs auto��dit��s, de conseils �� mettre en pratique, mais peuventparfois s���en ��carter. On trouvera par exemple aussi bien dessujets de soci��t�� que des articles d���opinion. Attention, lesliens ne sont pas fonctionnels.
On pourra s�����tonnerque le livre, r��f��renc�� par Kobo comme comptant quelque 900 pageset 208 000 mots, ne soit vendu qu����� 0,99��� - �� l���exceptiond���Amazon, pour lequel je n���ai pas eu d���autre choix que de lemettre �� 2,99��� (en attendant un ��ventuel alignement des prix parla plate-forme). C���est que le sujet trait��, la d��fense desauteurs, me tient particuli��rement �� c��ur.
Le livre m���ademand�� trop de travail de correction pour que j���en fasse un ebookgratuit, mais je sais pertinemment qu���il y a nettement plus de gensqui vivent de l���exploitation du r��ve des auteurs que d���auteursqui vivent de leur r��ve. Donc, en mettant l���ebook �� si bas prix,je n���ai pas voulu me situer dans la premi��re cat��gorie, ou entout cas, le moins possible.
En cela, je resteconforme �� la philosophie de mon blog, sur lequel ne figure aucunepublicit��, et dont l���un des objectifs est d���informer sur lacondition d���auteur.
Alors bien s��r, jen���aime pas l���id��e de brader mon travail, mais je suis ��galementr��aliste : mes ebooks se vendent tr��s nettement moins que meslivres papier, et un ebook racontant le parcours d���un auteurauto��dit�� n���a pas vocation �� vendre de mani��re d��lirante (ouh,l���euph��misme!). Et ce d���autant que l���int��gralit�� du contenudu blog demeure gratuite.
Pourquoi, me direz-vous, une publication uniquement sous format ebooket non papier pour ce livre ? Parce que je me vois avant toutcomme auteur de fiction. Je ne me verrais pas d��dicacer Du R��ve ��la R��alit��, ce qui ne signifie pas bien s��r que l���ebook n���aaucune importance �� mes yeux ��� loin de l��.
L���int��r��t de cetebook est triple, �� mon sens : synth��se du blog Alan Spade,lecture lin��aire d���un bout �� l���autre, et possibilit�� denavigation d���un article �� l���autre beaucoup plus ais��e que surle blog.
Du Rêve à la Réalité
Mon dernier ebook reprend la plupart des articles de ce blog. Il pourra tout aussi bien susciter l’intérêt de confrères auteurs ou artistes, qu’ils soient établis ou en devenir, que des personnes désirant mieux connaître mon parcours et l’évolution de mes idées.
« Comment je suis passé d’auteur wannabe en 2008, se réservant encore la possibilité d’être publié traditionnellement, à un romancier autoédité à temps plein dès 2014, et l’assumant pleinement. Avec pour l’instant au compteur six romans dont quatre traduits en anglais, et deux recueils de nouvelles, le tout vendu à plus de 12 500 exemplaires papier et plus de 5000 ebooks. Entre 2008 et 2023, quinze ans d’apprentissage, d’expérimentations, de combats... et de dédicaces ! Quinze ans de magnifiques rencontres avec les lecteurs. Comment, d’auteur militant pour la cause des auteurs autoédités, mais ne les représentant à aucun moment, j’en suis venu à me ranger derrière l’idée de revenu universel inconditionnel, qui me semble à présent la seule idée valable pour une vraie justice sociale pour tous. En découvrant cette très large sélection de 193 articles de mon blog, émaillés de conseils pour les auteurs, vous verrez combien l’idéalisme se confronte chez moi à cette volonté de mesurer mes idées à l’aune de la réalité du terrain. Le principe d’imposer un rapport de force favorable aux auteurs coule alors de source. Le chemin que je vous propose d’arpenter avec moi vous conduira ainsi du rêve à la réalité. » – Alan Spade
C’est en terminant l’article au sujet d’Edgar P. Jacobs que m’est venue l’idée de ce livre synthèse de mes articles de blog. J’ai pensé que l’article serait une belle conclusion de ce parcours d’auteur qui a duré, pour l’instant quinze ans.
Le livre pourra tout aussi bien susciter l’intérêt de confrères auteurs ou artistes, qu’ils soient établis ou en devenir, que des personnes désirant mieux connaître mon parcours et l’évolution de mes idées.
La sélection de 193 articles de ce blog y apparait dans l’ordre chronologique, du plus ancien au plus récent. Comme ils sont rarement reliés entre eux, vous avez la possibilité de picorer, d’aller de l’un à l’autre via la table des matières de l’ebook. Les sujets traités tournent le plus souvent autour de la défense des intérêts des auteurs autoédités, de conseils à mettre en pratique, mais peuvent parfois s’en écarter. On trouvera par exemple aussi bien des sujets de société que des articles d’opinion. Attention, les liens ne sont pas fonctionnels.
On pourra s’étonner que le livre, référencé par Kobo comme comptant quelque 900 pages et 208 000 mots, ne soit vendu qu’à 0,99€ - à l’exception d’Amazon, pour lequel je n’ai pas eu d’autre choix que de le mettre à 2,99€ (en attendant un éventuel alignement des prix par la plate-forme). C’est que le sujet traité, la défense des auteurs, me tient particulièrement à cœur.
Le livre m’a demandé trop de travail de correction pour que j’en fasse un ebook gratuit, mais je sais pertinemment qu’il y a nettement plus de gens qui vivent de l’exploitation du rêve des auteurs que d’auteurs qui vivent de leur rêve. Donc, en mettant l’ebook à si bas prix, je n’ai pas voulu me situer dans la première catégorie, ou en tout cas, le moins possible.
En cela, je reste conforme à la philosophie de mon blog, sur lequel ne figure aucune publicité, et dont l’un des objectifs est d’informer sur la condition d’auteur.
Alors bien sûr, je n’aime pas l’idée de brader mon travail, mais je suis également réaliste : mes ebooks se vendent très nettement moins que mes livres papier, et un ebook racontant le parcours d’un auteur autoédité n’a pas vocation à vendre de manière délirante (ouh, l’euphémisme!). Et ce d’autant que l’intégralité du contenu du blog demeure gratuite.
Pourquoi, me direz-vous, une publication uniquement sous format ebook et non papier pour ce livre ? Parce que je me vois avant tout comme auteur de fiction. Je ne me verrais pas dédicacer Du Rêve à la Réalité, ce qui ne signifie pas bien sûr que l’ebook n’a aucune importance à mes yeux – loin de là.
L’intérêt de cet ebook est triple, à mon sens : synthèse du blog Alan Spade, lecture linéaire d’un bout à l’autre, et possibilité de navigation d’un article à l’autre beaucoup plus aisée que sur le blog.
February 3, 2023
L'��tonnant Monsieur Jacobs
Superbe album que cet Edgar P. Jacobs, Le R��veur d'Apocalypses, de Fran��ois Rivi��re et Philippe Wurm. Illustrations magnifiques, tellement fid��les au style de Jacobs, et un sc��nario qui a le m��rite de garder un certain rythme alors qu'il raconte une histoire non fictive, celle de la vie de l'auteur Edgar P. Jacobs, cr��ateur de la s��rie Blake et Mortimer. Pas un mince exploit! Ceux d'entre vous qui lisent ce blog me connaissent, j'aurais souhait�� que le sc��nario aille au-del�� des petites piques contre les ��diteurs, au-del�� de cette amertume voil��e que l'on per��oit aussi dans l'album L'Op��ra de papier d'Edgar P. Jacobs. C'est �� cela que va servir ce billet, �� vous donner mon point de vue sur Jacobs et le monde de l'��dition.
Mon p��re, qui a ��pous�� une Belge, adorait la BD franco-belge, mais a ��chou�� �� percer dans ce domaine. Il a v��cu de sa plume, mais juste en temps que dessinateur industriel, �� son grand regret. Je suis moi-m��me n�� �� Quito, en Equateur, ce qui explique que cette planche de BD de mon p��re, qu'il n'a jamais vendue, ��voque les Incas.
Plus tard, de retour en France, nous avions une cave enti��re remplie de bandes dessin��es, et j'adorais les Edgar P. Jacobs, non seulement en raison de ses dessins, mais aussi de par la science-fiction, l'aspect litt��raire de ses r��cits, tr��s proches de Jules Verne, le fantastique que j'y retrouvais, et m��me l'aspect policier.
Science-fiction, fantastique, policer/thriller, ��a ne vous rappelle rien? Ce sont les trois genres dans lesquels j'��cris. Il y a sans doute du Rayon U dans la Trilogie Ardalia, du Secret de l'Espadon dans les Explorateurs, de la Marque Jaune dans Memoria, et de l'Affaire du Collier dans Passager clandestin ou Les Nouveaux Gardiens. Quant au Myst��re de la Grande Pyramide, on peut y d��celer des traces de Fantasy dans ces quelques mots, "Par Horus demeure!"
J'ai gard�� de toutes mes lectures de BD une ��criture assez visuelle. Et m��me si Edgar P. Jacobs ��tait plus un auteur d'anticipation que de Science-Fiction de type Space Opera, m��me s'il ne donnait aucune place ou presque aux personnages f��minins, c'est l'un des auteurs "grand public" dont je me sens le plus proche du point de vue des th��mes abord��s.
J'ai, d'apr��s mes lecteurs, une imagination fertile. Cela ��tant, dans mon parcours, et en particulier dans mon parcours d'auteur auto��dit��, j'ai privil��gi�� la confrontation avec la r��alit�� brutale plut��t que le r��ve. Je tenais d'autant plus �� garder les pieds sur terre que j'ai tr��s t��t per��u que le r��ve de vivre de sa plume, pour nombre d'auteurs, se transformait en traquenard tendu par les ��diteurs.
Tout auteur qui esp��re devenir riche par sa plume a de tr��s fortes chances, devant la r��alit��, de d��chanter tr��s rapidement, et de comprendre l'aspect sacerdotal, voire stakhanoviste pour certains, du m��tier. Pour r��sumer, si vous voulez gagner beaucoup d'argent, mieux vaut devenir banquier ou trader.
En savourant Edgar P. Jacobs, Le r��veur d'apocalypse, puis Un op��ra de papier, j'ai gard�� �� l'esprit l'exemple que constitue Jacobs pour des g��n��rations d'auteurs de BD comme mon p��re. L'id��e qu'il est l'un des deux fondateurs, avec Herg��, de la BD belge, devenue ensuite franco-belge. Qu'il est au sommet de la hi��rarchie, et donc, de la cha��ne alimentaire. Ses albums, depuis mon enfance, ne figurent-ils pas en bonne place dans les centres commerciaux et librairies?
Aucune information ne figurant sur le nombre d'albums Blake et Mortimer vendus du vivant de Jacobs dans Le r��veur d'apocalypse et Un op��ra de papier, cela m'a amen�� �� faire des recherches sur Internet. Or, je n'ai pas r��ussi �� acc��der �� l'information, m��me en interrogeant Chat GPT. Quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup... A qui profite cette ignorance du nombre de ventes, si ce n'est �� ceux qui ont ��dit�� Jacobs de son vivant. C'est le m��me ph��nom��ne que j'ai observ��, d'ailleurs, en essayant d'apprendre le nombre de ventes des albums Blueberry: l'absence de donn��es.
Seul ��l��ment que j'ai pu r��cup��rer sur ce blog, en 2004, les droits d��riv��s sur l'��uvre de l'auteur s'��levaient �� 16 millions d'euros.
Mais en a-t-il profit��? Quel ��tait donc le niveau de vie d'Edgar P. Jacobs, jusqu'�� sa mort en 1987 ? L�� encore, les indices sont tr��s peu nombreux dans Le r��veur d'apocalypse et Un op��ra de papier. N��anmoins, ils existent, et me font dire que le niveau de revenu de Jacobs se situait juste au-dessus du seuil de pauvret��. Cela vous choque?
Issu d'une famille pauvre, Jacobs n'a pas b��n��fici�� de grands h��ritages ni d'un mariage lui assurant la fortune. Il n'a donc obtenu pour patrimoine que ce qu'il pouvait acqu��rir en gagnant sa vie par son art. Sa carri��re en tant que figurant, puis chanteur lyrique, nous apprend que Jacobs avait une aspiration �� la c��l��brit�� que partagent de nombreux artistes. Je pense qu'en raison m��me de cette aspiration, et aussi parce qu'il rechignait �� parler argent, il n'a jamais cherch�� �� comprendre la dimension ��conomique de son travail.
A ce sujet, dans son interview de 1975 de plus de deux heures avec Fran��ois Rivi��re, Jacobs disait, en ��voquant son travail aux c��t��s d'Herg�� dans le journal Tintin : "avant tout, on cherchait �� faire du bon travail, et la question de l'argent venait apr��s. Comme on dit, c'��tait le bon temps". C'est le seul passage de cette longue interview dans laquelle Jacobs ��voque l'aspect financier, et on sent une d��sinvolture qui n'augure rien de bon pour l'aspect mat��riel des choses.
Jacobs �� ses d��buts, donc, n'a pas gagn�� beaucoup en tant que chanteur lyrique, non en raison de l'absence de talent, mais �� cause de circonstances d��favorables, et en particulier aux chanteurs belges. Il s'est reconverti dans le dessin, et a publi�� dans Bravo, qui imprimait �� 300 000 exemplaires. Le Rayon U n'est sorti qu'en version feuilleton jusqu'�� la date tardive de sa parution en album, dans les ann��es 70.
Le Secret de l'Espadon est sorti de 1946 �� 1949 dans le journal Tintin, et ses deux tomes en 1950 et 1953 en album. Je pense qu'il s'est bien vendu, m��me si la carri��re de Jacobs ne d��colle r��ellement qu'avec Le Myst��re de la Grande Pyramide, dont les albums sont parus en 1954 et 1955.
Dans un Op��ra de papier, paru en 1981, Jacobs d��voile un premier indice important: au cours de sa pr��paration du Myst��re de la Grande Pyramide, il n'a pas pu se rendre en Egypte y faire de rep��rages faute de moyens financiers ("par suite de conjonctures financi��res d��favorables" est l'expression qu'il utilise dans Un op��ra de papier). Ce qui signifie que son ��diteur ne pouvait ou ne voulait lui r��gler ses frais, et que Jacobs lui-m��me n'avait pas les moyens de voyager. C'est gr��ce �� une "jeune femme de la haute soci��t�� ��gyptienne" qu'il a obtenu une bonne partie de sa documentation. Ce qui est assez sid��rant, quand on y pense.
Toujours dans le m��me album biographique, on apprend que ce n'est qu'en 1953, �� l'��ge de 49 ans, que Jacobs a "��trenn��" sa premi��re voiture, une 4 CV Renault, voiture qui ne fleure pas le grand luxe, m��me pour l'��poque. Si l'on ram��ne le prix de ce mod��le �� la valeur actuelle, on est �� un peu plus de 6000 ��� pour du neuf.
Autre indice plus concluant encore, la maison dans laquelle Edgard P. Jacobs a v��cu de 1955 jusqu'�� sa mort en 1987.
Cette maison du Bois des Pauvres a ��t�� purement et simplement d��truite peu apr��s la mort de Jacobs, ce qui ne laisse pas augurer d'un palace, ou m��me simplement d'une maison cossue. Le fait que lui et sa femme n'aient jamais d��m��nag�� laisse penser que leur fortune ne s'est pas accrue au point d'envisager de le faire.
Il est possible que sur la fin de sa vie, Edgar P. Jacobs ait gagn�� un peu plus, car juste apr��s la parution d'Un op��ra de papier, il a d��cid�� de s'auto��diter en 1982, avec la cr��ation des Editions Blake et Mortimer. Le fait qu'il ait choisi de s'auto��diter, comme a d'ailleurs pu le faire ��galement Uderzo �� un certain moment, est un indice certain qu'il n'��tait pas satisfait de ses revenus d'auteur. Il a pu gagner davantage vers la fin de sa vie, mais d��cider de ne pas d��m��nager par attachement �� son domicile. Il faut signaler toutefois que m��me en auto��dition, Jacobs a continu�� �� passer par des interm��diaires, alors que le principe m��me de l'auto��dition est de se passer du plus grand nombre d'interm��diaires possible.
Pour un auteur francophone belge, le d��sir d'agrandir son march�� en diffusant aussi bien en France qu'en Wallonie rend plus attractifs les ��diteurs qui proposent cela. C'est aussi un point �� prendre en compte, et en auto��dition, cela rendrait l'intervention d'un interm��diaire indispensable si l'on ne veut pas d��m��nager. Y a-t-il eu, historiquement, une forme de colonialisme ��conomique d'��diteurs ou diffuseurs fran��ais par rapport �� des auteurs belges? Une sorte de chantage par rapport �� l'ouverture �� un march�� plus vaste? C'est h��las bien possible.
Je suis en tout cas �� peu pr��s s��r que, de son vivant, l'un des deux p��res fondateurs de la BD francophone s'est fait vampiriser par ses ��diteurs. En t��moigne la conclusion emplie d'amertume d'un Op��ra de papier: "En ce qui me concerne, le bilan final se solde, grosso modo, par plus de soixante ann��es de qu��te alimentaire, dont trente-six, exclusivement consacr��es �� cette satan��e bande dessin��e!"
Jacobs se souvient en revanche avec ��motion de sa s��quence lyrique, et ��voque aussi le "privil��ge d'��tre, �� la fois l'auteur, l'interpr��te et le metteur en sc��ne d'un singulier, mais bien passionnant, op��ra... de papier." N��anmoins, on sent bien que quelque part, le compte n'y est pas. On a l'impression, chez Jacobs, d'une erreur initiale d'aiguillage, mais nul doute qu'une bonne part de son amertume vient tout de m��me de l'aspect financier.
Certes, l'argent n'est pas tout. La richesse int��rieure compte plus que la richesse ext��rieure, n'est-ce pas. Et, au cours de sa longue carri��re, Jacobs a ��t�� en butte �� la censure, �� une critique que son hyper sensibilit�� avait du mal �� encaisser et dig��rer, et �� son propre perfectionnisme.
Je me demande si mon p��re (d��c��d�� avant Jacobs, en 1986) a jamais su quelque chose de toutes ces gal��res, en particulier financi��res, v��cues par Jacobs. Les gens s'imaginent-ils �� quel point le grand monsieur, qui a certainement vendu des millions d'albums de son vivant, a ��t�� exploit��? De nombreux auteurs en herbe fuient comme la peste la confrontation avec la r��alit�� pour pr��server leur r��ve. Et pourtant, s'ils cherchaient �� se documenter correctement, ils r��aliseraient que le rapport de force, et s'il le faut, le passage �� l'acte en s'auto��ditant, sont les solutions pour d��fendre au mieux son beefsteak. M��me, et surtout, pour les "grands", les plus populaires parmi les auteurs.
Pour des raisons mat��rielles, dans la BD, l'auto��dition est plus compliqu��e parce qu'il faut imprimer �� des milliers d'exemplaires, en offset en raison de l'usage de la couleur qui revient cher, si l'on veut vraiment faire des ��conomies d'��chelle. Et la BD est un secteur encore plus concurrentiel que le livre papier. Cela reste n��anmoins tout �� fait possible, �� condition d'avoir une mise de d��part suffisante.
Evidemment, nous sommes tous diff��rents. Personnellement, je ne supporte pas l'id��e de ce pacte faustien avec un ��diteur parasite qui vous tond la laine sur le dos ou vous suce le sang, selon votre pr��f��rence m��taphorique, en ��change de la reconnaissance par le grand public. Le prix �� payer, selon moi, est bien trop ��lev��. Je pr��f��re encore la libert�� et l'obscurit��.
[EDIT 20/02/2023] : merci �� Jean Philippe, qui a point�� mon attention vers ce lien Wikip��dia en anglais, qui d��crit comment, �� la fin des ann��es 70, le dessinateur Giraud et le sc��nariste Charlier ont dit "merci, tchao", �� leur ��diteur Dargaud. L'article signale la difficult�� pour faire r����diter ailleurs, �� l'��poque, la s��rie Blueberry. On r��alise en le lisant �� quel point la motivation ��tait puissante pour les deux comp��res pour quitter leur ��diteur, et aller voir ailleurs, o�� l'herbe ne pouvait qu'��tre plus verte...
L'étonnant Monsieur Jacobs
Superbe album que cet Edgar P. Jacobs, Le Rêveur d'Apocalypses, de François Rivière et Philippe Wurm. Illustrations magnifiques, tellement fidèles au style de Jacobs, et un scénario qui a le mérite de garder un certain rythme alors qu'il raconte une histoire non fictive, celle de la vie de l'auteur Edgar P. Jacobs. Pas un mince exploit! Ceux d'entre vous qui lisent ce blog me connaissent, j'aurais souhaité que le scénario aille au-delà des petites piques contre les éditeurs, à cette amertume voilée que l'on perçoit aussi dans l'album L'Opéra de papier d'Edgar P. Jacobs. C'est à cela que va servir ce billet, à vous donner mon point de vue sur Jacobs et le monde de l'édition.
Mon père, qui a épousé une Belge, adorait la BD franco-belge, mais a échoué à percer dans ce domaine. Il a vécu de sa plume, mais juste en temps que dessinateur industriel, à son grand regret. Je suis moi-même né à Quito, en Equateur, ce qui explique que cette planche de BD de mon père, qu'il n'a jamais vendue, évoque les Incas.
Plus tard, de retour en France, nous avions une cave entière remplie de bandes dessinées, et j'adorais les Edgar P. Jacobs, non seulement en raison de ses dessins, mais aussi de par la science-fiction, l'aspect littéraire de ses récits, très proches de Jules Verne, le fantastique que j'y retrouvais, et même l'aspect policier.
Science-fiction, fantastique, policer/thriller, ça ne vous rappelle rien? Ce sont les trois genres dans lesquels j'écris. Il y a sans doute du Rayon U dans la Trilogie Ardalia, du Secret de l'Espadon dans les Explorateurs, de la Marque Jaune dans Memoria, et de l'Affaire du Collier dans Passager clandestin ou Les Nouveaux Gardiens. Quant au Mystère de la Grande Pyramide, on peut y déceler des traces de Fantasy dans ces quelques mots, "Par Horus demeure!"
J'ai gardé de toutes mes lectures de BD une écriture assez visuelle. Et même si Edgar P. Jacobs était plus un auteur d'anticipation que de Science-Fiction de type Space Opera, même s'il ne donnait aucune place ou presque aux personnages féminins, c'est l'un des auteurs "grand public" dont je me sens le plus proche du point de vue des thèmes abordés.
J'ai, d'après mes lecteurs, une imagination fertile. Cela étant, dans mon parcours, et en particulier dans mon parcours d'auteur autoédité, j'ai privilégié la confrontation avec la réalité brutale plutôt que le rêve. Je tenais d'autant plus à garder les pieds sur terre que j'ai très tôt perçu que le rêve de vivre de sa plume, pour nombre d'auteurs, se transformait en traquenard tendu par les éditeurs.
Tout auteur qui espère devenir riche par sa plume a de très fortes chances, devant la réalité, de déchanter très rapidement, et de comprendre l'aspect sacerdotal, voire stakhanoviste pour certains, du métier. Pour résumer, si vous voulez gagner beaucoup d'argent, mieux vaut devenir banquier ou trader.
En savourant Edgar P. Jacobs, Le rêveur d'apocalypse, puis Un opéra de papier, j'ai gardé à l'esprit l'exemple que constitue Jacobs pour des générations d'auteurs de BD comme mon père. L'idée qu'il est l'un des deux fondateurs, avec Hergé, de la BD belge, devenue ensuite franco-belge. Qu'il est au sommet de la hiérarchie, et donc, de la chaîne alimentaire. Ses albums, depuis mon enfance, ne figurent-ils pas en bonne place dans les centres commerciaux et librairies?
Aucune information ne figurant sur le nombre d'albums Blake et Mortimer vendus du vivant de Jacobs dans Le rêveur d'apocalypse et Un opéra de papier, cela m'a amené à faire des recherches sur Internet. Or, je n'ai pas réussi à accéder à l'information, même en interrogeant Chat GPT. Quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup... A qui profite cette ignorance du nombre de ventes, si ce n'est à ceux qui ont édité Jacobs de son vivant. C'est le même phénomène que j'ai observé, d'ailleurs, en essayant d'apprendre le nombre de ventes des albums Blueberry: l'absence de données.
Seul élément que j'ai pu récupérer sur ce blog, en 2004, les droits dérivés sur l'œuvre de l'auteur s'élevaient à 16 millions d'euros.
Mais en a-t-il profité? Quel était donc le niveau de vie d'Edgar P. Jacobs, jusqu'à sa mort en 1987 ? Là encore, les indices sont très peu nombreux dans Le rêveur d'apocalypse et Un opéra de papier. Néanmoins, ils existent, et me font dire que le niveau de revenu de Jacobs se situait juste au-dessus du seuil de pauvreté. Cela vous choque?
Issu d'une famille pauvre, Jacobs n'a pas bénéficié de grands héritages ni d'un mariage lui assurant la fortune. Il n'a donc obtenu pour patrimoine que ce qu'il pouvait acquérir en gagnant sa vie par son art. Sa carrière en tant que figurant, puis chanteur lyrique, nous apprend que Jacobs avait une aspiration à la célébrité que partagent de nombreux artistes. Je pense qu'en raison même de cette aspiration, et aussi parce qu'il rechignait à parler argent, il n'a jamais cherché à comprendre la dimension économique de son travail.
A ce sujet, dans son interview de 1975 de plus de deux heures avec François Rivière, Jacobs disait, en évoquant son travail aux côtés d'Hergé dans le journal Tintin : "avant tout, on cherchait à faire du bon travail, et la question de l'argent venait après. Comme on dit, c'était le bon temps". C'est le seul passage de cette longue interview dans laquelle Jacobs évoque l'aspect financier, et on sent une désinvolture qui n'augure rien de bon pour l'aspect matériel des choses.
Jacobs à ses débuts, donc, n'a pas gagné beaucoup en tant que chanteur lyrique, non en raison de l'absence de talent, mais à cause de circonstances défavorables, et en particulier aux chanteurs belges. Il s'est reconverti dans le dessin, et a publié dans Bravo, qui imprimait à 300 000 exemplaires. Le Rayon U n'est sorti qu'en version feuilleton jusqu'à la date tardive de sa parution en album, dans les années 70.
Le Secret de l'Espadon est sorti de 1946 à 1949 dans le journal Tintin, et ses deux tomes en 1950 et 1953 en album. Je pense qu'il s'est bien vendu, même si la carrière de Jacobs ne décolle réellement qu'avec Le Mystère de la Grande Pyramide, dont les albums sont parus en 1954 et 1955.
Dans un Opéra de papier, paru en 1981, Jacobs dévoile un premier indice important: au cours de sa préparation du Mystère de la Grande Pyramide, il n'a pas pu se rendre en Egypte y faire de repérages faute de moyens financiers ("par suite de conjonctures financières défavorables" est l'expression qu'il utilise dans Un opéra de papier). Ce qui signifie que son éditeur ne pouvait ou ne voulait lui régler ses frais, et que Jacobs lui-même n'avait pas les moyens de voyager. C'est grâce à une "jeune femme de la haute société égyptienne" qu'il a obtenu une bonne partie de sa documentation. Ce qui est assez sidérant, quand on y pense.
Toujours dans le même album biographique, on apprend que ce n'est qu'en 1953, à l'âge de 49 ans, que Jacobs a "étrenné" sa première voiture, une 4 CV Renault, voiture qui ne fleure pas le grand luxe, même pour l'époque. Si l'on ramène le prix de ce modèle à la valeur actuelle, on est à un peu plus de 6000 € pour du neuf.
Autre indice plus concluant encore, la maison dans laquelle Edgard P. Jacobs a vécu de 1955 jusqu'à sa mort en 1987.
Cette maison du Bois des Pauvres a été purement et simplement détruite peu après la mort de Jacobs, ce qui ne laisse pas augurer d'un palace, ou même simplement d'une maison cossue. Le fait que lui et sa femme n'aient jamais déménagé laisse penser que leur fortune ne s'est pas accrue au point d'envisager de le faire.
Il est possible que sur la fin de sa vie, Edgar P. Jacobs ait gagné un peu plus, car juste après la parution d'Un opéra de papier, il a décidé de s'autoéditer en 1982, avec la création des Editions Blake et Mortimer. Le fait qu'il ait choisi de s'autoéditer, comme a d'ailleurs pu le faire également Uderzo à un certain moment, est un indice certain qu'il n'était pas satisfait de ses revenus d'auteur. Il a pu gagner davantage vers la fin de sa vie, mais décider de ne pas déménager par attachement à son domicile. Il faut signaler toutefois que même en autoédition, Jacobs a continué à passer par des intermédiaires, alors que le principe même de l'autoédition est de se passer du plus grand nombre d'intermédiaires possible.
Pour un auteur francophone belge, le désir d'agrandir son marché en diffusant aussi bien en France qu'en Wallonie rend plus attractifs les éditeurs qui proposent cela. C'est aussi un point à prendre en compte, et en autoédition, cela rendrait l'intervention d'un intermédiaire indispensable si l'on ne veut pas déménager. Y a-t-il eu, historiquement, une forme de colonialisme économique d'éditeurs ou diffuseurs français par rapport à des auteurs belges? Une sorte de chantage par rapport à l'ouverture à un marché plus vaste? C'est hélas bien possible.
Je suis en tout cas à peu près sûr que, de son vivant, l'un des deux pères fondateurs de la BD francophone s'est fait vampiriser par ses éditeurs. En témoigne la conclusion emplie d'amertume d'un Opéra de papier: "En ce qui me concerne, le bilan final se solde, grosso modo, par plus de soixante années de quête alimentaire, dont trente-six, exclusivement consacrées à cette satanée bande dessinée!"
Jacobs se souvient en revanche avec émotion de sa séquence lyrique, et évoque aussi le "privilège d'être, à la fois l'auteur, l'interprète et le metteur en scène d'un singulier, mais bien passionnant, opéra... de papier." Néanmoins, on sent bien que quelque part, le compte n'y est pas. On a l'impression, chez Jacobs, d'une erreur initiale d'aiguillage, mais nul doute qu'une bonne part de son amertume vient tout de même de l'aspect financier.
Certes, l'argent n'est pas tout. La richesse intérieure compte plus que la richesse extérieure, n'est-ce pas. Et, au cours de sa longue carrière, Jacobs a été en butte à la censure, à une critique que son hyper sensibilité avait du mal à encaisser et digérer, et à son propre perfectionnisme.
Je me demande si mon père (décédé avant Jacobs, en 1986) a jamais su quelque chose de toutes ces galères, en particulier financières, vécues par Jacobs. Les gens s'imaginent-ils à quel point le grand monsieur, qui a certainement vendu des millions d'albums de son vivant, a été exploité? De nombreux auteurs en herbe fuient comme la peste la confrontation avec la réalité pour préserver leur rêve. Et pourtant, s'ils cherchaient à se documenter correctement, ils réaliseraient que le rapport de force, et s'il le faut, le passage à l'acte en s'autoéditant, sont les solutions pour défendre au mieux son beefsteak. Même, et surtout, pour les "grands", les plus populaires parmi les auteurs.
Pour des raisons matérielles, dans la BD, l'autoédition est plus compliquée parce qu'il faut imprimer à des milliers d'exemplaires, en offset en raison de l'usage de la couleur qui revient cher, si l'on veut vraiment faire des économies d'échelle. Et la BD est un secteur encore plus concurrentiel que le livre papier. Cela reste néanmoins tout à fait possible, à condition d'avoir une mise de départ suffisante.
Evidemment, nous sommes tous différents. Personnellement, je ne supporte pas l'idée de ce pacte faustien avec un éditeur parasite qui vous tond la laine sur le dos ou vous suce le sang, selon votre préférence métaphorique, en échange de la reconnaissance par le grand public. Le prix à payer, selon moi, est bien trop élevé. Je préfère encore la liberté et l'obscurité.
January 16, 2023
Combien ��a co��te, un n�� de SIRET d'artiste-auteur ?
Le statut d'artiste-auteur permet, pour les auteurs auto��dit��s, d'obtenir un num��ro de SIRET. On pourrait penser que dans le cadre de ce statut, l'Urssaf calcule les cotisations en fonction de ce que les auteurs d��clarent, et que la somme qu'ils doivent verser �� l'Urssaf est le r��sultat de ce calcul. Que nenni! Il appara��t en r��alit�� que pour les deux premi��res ann��es, il y a un forfait de d��but d'activit�� qui, jusqu'�� preuve du contraire, est fixe. Je r��v��le dans cet article la somme, qui est donc elle aussi fixe, que doivent verser les auteurs pour les deux premi��res ann��es.
Il faut savoir que les centres commerciaux Auchan exigent �� pr��sent un num��ro de SIRET aux auteurs qu'ils re��oivent en d��dicace. D'apr��s mes sources, de nombreux auteurs habitu��s des d��dicaces dans ces centres commerciaux, les plus nombreux �� accueillir des auteurs (les Carrefour, par exemple, n'accueillent aucun auteur) ont refus�� de prendre ce num��ro de SIRET, acceptant ainsi de moins travailler chaque ann��e, ou en tout cas de diversifier davantage les endroits o�� ils d��dicacent.
Et pour cause! Le num��ro de SIRET d'artiste auteur revient en effet �� 1025 ��� la premi��re ann��e, et de nouveau 1025 ��� pour la seconde ann��e d'activit��. Voici les documents qui l'attestent.
Cliquez pour agrandir. Le montant annuel est cercl�� de rouge
J'avoue que je n'ai pas tout compris
Le fameux forfait de d��but d'activit��, sur la base duquel sont calcul��es les cotisations des auteurs, est d'apr��s ce document de 6762 ���. Probl��me: lorsque je vais sur le simulateur de cotisations auteur, en rentrant ce chiffre, j'obtiens 831 ��� de cotisation si je choisis la formule micro-BNC, et 1260 ��� si j'opte pour la formule de d��claration contr��l��e.
M��me en appliquant le chiffre r��duit de 6325 ���, rien ne correspond.
Cette somme de 1025 ��� par an est donc �� verser quelles que soient les ressources de l'auteur, ses revenus ou son patrimoine.
Si j'imagine un auteur SDF qui b��n��ficierait de l'aide d'une association, laquelle lui permettrait d'acc��der �� du mat��riel informatique pour ��crire ses romans, et lui paierait ses couvertures de livres et l'impression de ses exemplaires, cet auteur SDF devrait donc sortir plus de 1000 ��� chaque ann��e pour pouvoir continuer �� d��dicacer dans les centres commerciaux Auchan.
Vous allez me dire, au moins il cotisera pour sa retraite: oui, mais si les maigres sommes qu'il gagnait chez Auchan lui permettaient tout juste de joindre les deux bouts? Il ne peut pas cotiser pour une future version de lui-m��me qui ne saurait exister si on le prive du minimum vital, me semble-t-il.
Si vous ��tes artiste-auteur et que vous ayez re��u un formulaire qui n'a rien �� voir avec celui de cet article, avec des sommes diff��rentes �� verser, merci d'intervenir dans les commentaires. Cela me permettra de modifier et d'enrichir l'article.
Autre article sur le m��me sujet :
- Auchan exige un num��ro de SIRET
- Artiste-auteur et URSSAF : un exemple concret
Combien ça coûte, un n° de SIRET d'artiste-auteur ?
Le statut d'artiste-auteur permet, pour les auteurs autoédités, d'obtenir un numéro de SIRET. On pourrait penser que dans le cadre de ce statut, l'Urssaf calcule les cotisations en fonction de ce que les auteurs déclarent, et que la somme qu'ils doivent verser à l'Urssaf est le résultat de ce calcul. Que nenni! Il apparaît en réalité que pour les deux premières années, il y a un forfait de début d'activité qui, jusqu'à preuve du contraire, est fixe. Je révèle dans cet article la somme, qui est donc elle aussi fixe, que doivent verser les auteurs pour les deux premières années.
Il faut savoir que les centres commerciaux Auchan exigent à présent un numéro de SIRET aux auteurs qu'ils reçoivent en dédicace. D'après mes sources, de nombreux auteurs habitués des dédicaces dans ces centres commerciaux, les plus nombreux à accueillir des auteurs (les Carrefour, par exemple, n'accueillent aucun auteur) ont refusé de prendre ce numéro de SIRET, acceptant ainsi de moins travailler chaque année, ou en tout cas de diversifier davantage les endroits où ils dédicacent.
Et pour cause! Le numéro de SIRET d'artiste auteur revient en effet à 1025 € la première année, et de nouveau 1025 € pour la seconde année d'activité. Voici les documents qui l'attestent.
Cliquez pour agrandir. Le montant annuel est cerclé de rouge
J'avoue que je n'ai pas tout compris
Le fameux forfait de début d'activité, sur la base duquel sont calculées les cotisations des auteurs, est d'après ce document de 6762 €. Problème: lorsque je vais sur le simulateur de cotisations auteur, en rentrant ce chiffre, j'obtiens 831 € de cotisation si je choisis la formule micro-BNC, et 1260 € si j'opte pour la formule de déclaration contrôlée.
Même en appliquant le chiffre réduit de 6325 €, rien ne correspond.
Cette somme de 1025 € par an est donc à verser quelles que soient les ressources de l'auteur, ses revenus ou son patrimoine.
Si j'imagine un auteur SDF qui bénéficierait de l'aide d'une association, laquelle lui permettrait d'accéder à du matériel informatique pour écrire ses romans, et lui paierait ses couvertures de livres et l'impression de ses exemplaires, cet auteur SDF devrait donc sortir plus de 1000 € chaque année pour pouvoir continuer à dédicacer dans les centres commerciaux Auchan.
Vous allez me dire, au moins il cotisera pour sa retraite: oui, mais si les maigres sommes qu'il gagnait chez Auchan lui permettaient tout juste de joindre les deux bouts? Il ne peut pas cotiser pour une future version de lui-même qui ne saurait exister si on le prive du minimum vital, me semble-t-il.
Si vous êtes artiste-auteur et que vous ayez reçu un formulaire qui n'a rien à voir avec celui de cet article, avec des sommes différentes à verser, merci d'intervenir dans les commentaires. Cela me permettra de modifier et d'enrichir l'article.
Autre article sur le même sujet : Auchan exige un numéro de SIRET
December 31, 2022
Poutine : quand les ��toiles se d��salignent
Quand les circonstances deviennent favorables au-del�� de ce que l'on pouvait esp��rer dans une carri��re, on dit que les ��toiles s'alignent. On peut parler de chance, et on peut aussi dire qu'il faut forcer la chance, la provoquer. Les ��toiles se sont align��es tout au long de la mont��e en puissance de Poutine, avec des revers qu'il a su transformer en opportunit��s, ce qui d��montre une certaine r��silience de sa part. N��anmoins, dans son cas, on peut penser que les ��toiles sont entr��es en d��salignement d��s le mois de f��vrier 2014.
Apr��s Rasputin, le rat Poutine. Le dirigeant russe, qui a longtemps eu une face de rat avant d'avoir recours au botox sur les conseils de son ami Berlusconi, a d'ailleurs d�� fuir un rat dans son enfance. Simple anecdote, bien s��r, mais qui r��v��le peut-��tre son totem.
Tr��ve de plaisanteries. A quel moment se sont align��es les ��toiles pour Poutine pour la premi��re fois? Je pense que cela remonte �� 1968, date �� laquelle Poutine se fait embaucher, �� l'��ge de 16 ans par le KGB pour la premi��re fois. C'est tr��s important, parce que ��a va lui donner une connaissance pr��cise des rouages du syst��me, m��me s'il ne va occuper qu'un poste peu important en Allemagne de l'Est.
Cela va aussi lui permettre de se donner une image d'espion, sorte de James Bond russe, valorisante aux yeux de nombre de ses compatriotes.
La deuxi��me fois que les ��toiles s'alignent remonte �� 1989, la chute du mur de Berlin. Un v��ritable traumatisme pour Poutine, mais qui va provoquer des conditions tr��s favorables pour lui. A l'issue de cette chute, il y avait au moins deux issues possibles pour la Russie:
- l'acc��l��ration de la corruption qui ��tait celle de l'ex URSS en Russie en l'absence d'un leader fort
- la diminution de la corruption et une politique plus lib��rale, si ce n'est d��mocratique, gr��ce �� un leader suffisamment fort et coh��rent
C'est la premi��re hypoth��se qui a pr��valu, l'acc��l��ration de la corruption. Le leader qui a succ��d�� �� Gorbatchev, Eltsin, beaucoup trop port�� sur la boisson, ��tait loin, tr��s loin d'��tre incorruptible. Cela, d��j�� ��tait un premier alignement d'��toiles, puisque cette corruption va s'��tendre encore plus �� tous les niveaux de la soci��t�� russe, mais aussi dans des pays alli��s tels l'Ukraine ou la Bi��lorussie.
Gr��ce �� cette corruption rampante, en 1991, Poutine, rapatri�� en Russie, va pouvoir faire ses preuves du c��t�� de St Petersbourg, en s'appuyant sur son exp��rience de petit ca��d de banlieue ayant travaill�� pour le KGB. Le maire extr��mement corrompu de St Petersbourg, Anatoli Sobtchak, le prend en effet sous son aile. Il va compter sur lui pour d��vier toutes les enqu��tes gouvernementales au sujet des malversations �� St Petersbourg. Une partie des habitants de St Petersbourg vivent alors dans une pauvret�� extr��me.
Quand Anatoli Sobtchak va perdre la mairie en perdant de mani��re loyale les ��lections, Poutine perd aussi son poste. Il va en concevoir une haine de la d��mocratie. Sous son r��gne, chacune des ��lections sera truqu��e en sa faveur.
Le fait que Poutine ait perdu son poste et en retrouve un nouveau �� Moscou, au Kremlin, adjoint de Pavel Borodine, le directeur du D��partement de l'administration des propri��t��s pr��sidentielles en 1996, va constituer un nouvel alignement d'��toiles. Je ne pr��tend pas que tout soit li�� �� la chance, bien s��r. C'est parce que Poutine ��tait un truand plut��t dou��, insensible aux ��motions humaines, sans scrupules, qu'il a su gravir les ��chelons. En 1997, il entre dans l'administration gouvernementale, avant, d'��tre, en 1998, carr��ment nomm�� Directeur du FSB (ex-KGB). Il s'appuie sur des r��seaux mafieux, certains datant peut-��tre de son ��poque de St Petersbourg. Il joue sur les deux tableaux, et comme le FSB n'a pas suffisamment de moyens de contr��le, pas suffisamment de fonctionnaires incorruptibles, il est gagnant.
Autre ��v��nement d��terminant, autre alignement d'��toiles, le r��gne de plus en plus chaotique d'Eltsine le m��ne �� une proc��dure d'impeachment, au moment m��me o�� Poutine est devenu le chef du FSB. En 1999, donc, Eltsine est menac�� de destitution par Yuri Skuratov, le procureur g��n��ral de la f��d��ration de Russie, lequel enqu��te sur des actifs en Suisse qui lui appartiennent ainsi qu'�� ses proches et qui ont ��t�� utilis��s pour acheter des biens de luxe. Poutine va alors sauver la mise d'Eltsine en produisant une vid��o sulfureuse, sextape sur laquelle on voit un homme ressemblant �� Skuratov, ayant des relations sexuelles avec deux jeunes femmes. Skuratov sera accul�� �� la d��mission.
Eltsine, reconnaissant, va alors faire de Poutine son successeur. Poutine va ensuite organiser des attentats attribu��s aux tch��tch��nes sous faux drapeau pour renforcer son influence. C'est l�� qu'il va fameusement d��clarer vouloir "buter les terroristes tch��tch��nes jusque dans leurs chiottes". La m��me ann��e, le dernier jour de 1999, Boris Eltsine d��missionne au profit de Poutine. Incroyable alignement d'��toiles, l�� encore, apr��s de nombreuses man��uvres de Poutine.
Je passe sur de nombreux autres ��pisodes, notamment les empoisonnements c��l��bres, volontairement spectaculaires, dont le dictateur s'est rendu coupable en toute impunit��, les ��lections honteusement truqu��es ainsi que l'ex��cution d'un opposant, tu�� de plusieurs balles dans le dos sur le pont le plus surveill�� de Russie. Si le premier d��salignement d'��toiles s'est produit au moment de l'organisation des JO de Sotchi par la Russie en 2014, c'est en raison de la R��volution de Ma��dan en Ukraine. Cette r��volution au moment m��me de ses JO va rendre Poutine fou furieux et conduire �� l'invasion de la Crim��e toujours en 2014, puis �� la tentative d'invasion de l'Ukraine en 2022.
L'affaiblissement des d��mocraties de par l'influence russe dans le monde, et en particulier aux Etats-Unis au moment de l'��lection de Trump en 2016, pouvait ressembler, l�� encore, �� une sorte de voie royale pour Poutine. Il avait la Crim��e en 2014, et l'improbable alliance avec les Am��ricains (ou du moins Trump) en 2016. Il pensait avoir le champ libre, son ego s'est mis �� enfler, enfler. Bien que son alli�� Trump soit battu en 2020 par Biden, la d��faite des Am��ricains contre l'Afghanistan, d��j�� sign��e par Trump, va achever de le convaincre que le moment est venu pour lui d'envahir l'Ukraine.
Mais dans cette victoire apparente qu'��tait la Crim��e en 2014, se dessinait d��j�� en creux ce qui allait constituer le d��but de la d��faite pour Poutine. On a vu ce qu'il en ��tait avec les ��pisodes de Kharkiv et la reprise de Kherson par les Ukrainiens. On sait que Moscou a subi un train de sanctions jamais vu jusqu'alors. On a vu l'aide gigantesque des Etats-Unis pour l'Ukraine, et celle, consid��rable de l'Europe en la faveur de la r��sistance ukrainienne. La Russie en est maintenant r��duite �� mendier l'aide de la Chine, laquelle reste sur sa r��serve.
Et le sort de Poutine et de son r��gime semble bel et bien scell��, dans un d��lai assez court.


