Alan Spade's Blog, page 6

August 24, 2024

La plate-forme belge d'ebooks Amazon défaillante

La plate-forme belge d'Amazon semble bel et bien défaillante en ce qui concerne les ebooks d'auteurs autoédités. Mes ebooks et ceux d'autres auteurs autoédités n'apparaissent tout simplement pas sur le site d'amazon se terminant par .com.be. Les pages d'auteurs sont également inopérantes. Mes livres papier sur Amazon peuvent en revanche être commandés de Belgique. J'ai contacté Amazon à ce sujet.


Etes-vous, comme l'auteur Jean-Philippe Touzeau et moi, victimes de l'inactivation de votre page d'auteur sur Amazon belgique, et de la disparition de toutes vos pages d'ebook sur Amazon belgique? Si vous êtes auteur autoédité, vérifiez-le en remplaçant, dans la barre de navigation d'amazon france, le .fr après amazon par .com.be (laissez le reste de l'adresse tel quel).  A ce stade, je ne peux pas garantir que le problème ne concerne que les auteurs autoédités.  Si vous êtes en Belgique, vous pouvez retrouver tous mes romans brochés en cliquant sur ce lien . En revanche, si vous allez sur ma page d'auteur sur amazon belgique , en cliquant par exemple sur l'onglet "tous les livres", ça ne donnera rien.  Là où ma page d'auteur sur amazon france fonctionne parfaitement.

Les autres sites d'amazon, français ou allemands par exemple, ne sont en effet pas concernés par le problème.

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Published on August 24, 2024 06:42

August 19, 2024

L'Essence des Sens : chapitre 8

A titre expérimental, j'ai décidé de faire paraître un nouveau chapitre de mon dernier roman, L'Essence des Sens (Science-Fiction), sur ce blog chaque semaine. Voici le huitième.

Retrouvez la présentation du roman, ainsi que les cinq premiers chapitres en cliquant sur ce lien.

8. La vengeance

La plupart du temps, Grendchko s’arrangeait pour avoir un emploi du temps à trous. L’essentiel était de trouver les bons prétextes pour s’absenter fréquemment. Ses subalternes, après tout, ne gagneraient rien à savoir qu’il en profitait pour s’adonner à des activités récréatives — ils n’auraient pas compris. Un esprit supérieur comme le sien avait besoin de relâchement, de détachement afin de pouvoir effectuer ses activités de supervision en toute impartialité, et avec toute l’efficacité requise. L’essentiel était de bénéficier d’assistants compétents — même s’il ne fallait pas les en informer, ç’aurait été une marque de faiblesse — et de démontrer tout son aplomb en réunion. La veille du dîner d’affaire avec Ylium, cependant, Grendchko eut pour la première fois depuis longtemps l’impression de vraiment bosser. Dans la matinée, il se rendit en toute confidentialité dans l’un des quartiers scabreux non loin de l’un des astroports d’Argea où il devait mener une importante transaction. Cette affaire lui tenant à cœur, il était normal de prendre davantage de risques. Il retrouvait des sensations grisantes qui lui rappelaient l’époque parfois dangereuse où il avait pour mission de faire cracher leurs crédits aux mauvais payeurs.

L’après-midi, il reprit contact avec les employés de la Transpulsion chargés de préparer l’organisation du dîner du lendemain. A cette occasion, il isola celui des serveurs dont il avait graissé la patte, et qui avait pour consigne de n’obéir qu’à lui. « Voici le produit, dit-il en lui remettant la fiole rose acquise la veille à prix d’or chez le dealer de Stimcortix. Tu l’ajoutes toi-même en cuisine à la préparation de sengré destinée à Olnav, tu récupères son ballon-tube, et tu te charges personnellement de le servir, compris ? 

– Oui, monsieur. 

– Si tu foires le coup, si tu te fais choper ou si tu sers le mauvais type, ta tête sera aussitôt mise à prix dans la section pourpre de la Ruche. » 

Le serveur eut un mouvement de recul, et son visage prit une expression horrifiée. La section pourpre de la Ruche échappait à la réglementation plus stricte qui avait cours ailleurs. C’était là où l’on pouvait rémunérer les chasseurs de prime de la pire espèce, ou bien se livrer à d’autres trafics illégaux, dont la variété était aussi insondable que l’imagination tordue des donneurs d’ordre. 

« Et si tu réussis, bien sûr, tu auras le bonus promis. 

– Je réussirai. 

– Très bien. » 

Plusieurs des cadres d’Ylium, accompagnés de leurs drones, s’étaient joints à la délégation de la Transpulsion et discutaient de la répartition des tâches. Grendchko les évita pour aller retrouver la responsable du pôle communication, une certaine Gaïla. L’expression de la femme entre deux âges demeura neutre comme il s’approchait d’elle. Grendchko aimait susciter la crainte autour de lui, mais savait que tous les employés n’étaient pas sensibles à son aura si spéciale. Devinant qu’il était inutile de chercher à impressionner celle-ci, il choisit d’énoncer froidement les faits, comme s’il n’était qu’un intermédiaire. « Il y a du nouveau. J’ai reçu une communication de Shinaen. Il y aura deux recrues en plus pour la soirée. » 

La lueur dans les yeux de Gaïla témoigna de sa surprise et de son indécision. Grendchko fit apparaître l’holosignature des deux Nadariennes qu’il avait rencontrées le matin même. Il activa la commande pour la transmettre sur la tablette de Gaïla, laquelle accepta l’envoi. L’holosignature comportait l’empreinte génétique des nouvelles recrues. Quand elles se présenteraient pour le dîner, le personnel de la sécurité serait ainsi à même d’établir leur identité et de vérifier leurs autorisations. 

« Quel sera leur rôle ?

 – Je crois savoir qu’il s’agit d’un présent de Shinaen pour nos édiles méritants, dit Grendchko. En tout cas, elles n’interviendront qu’après la signature du contrat. Qu’elles décident d’accompagner le groupe pour le spectacle d’Orkhaisan ou non, il faudra leur laisser carte blanche, c’est compris ? Sinon, vous en répondrez devant nos amis Fengirs. » 

La responsable communication paraissait avoir les pieds sur terre et la tête froide. Elle tressaillit néanmoins à la mention des Fengirs. Irait-elle jusqu’à vérifier les dires de Grendchko auprès de Shinaen ? Celui-ci en doutait. La plupart de ses concitoyens, quand cela leur était possible, évitaient tout contact avec les Fengirs. Le plus grand danger était qu’elle prévienne Olnav que quelque chose se tramait. Mais le ferait-elle sur la simple base de ces deux employées de dernière minute, sachant qu’elles intervenaient sur ordre des Fengirs ? Grendchko misait sur la passivité d’une notable qui tient à conserver son poste, en préservant sa neutralité dans les enjeux de pouvoir. La vie était faite de paris…

En fin d’après-midi, il alla à son rendez-vous avec Ymeo. 

« J’ai réussi ! triompha-t-elle, un sourire rayonnant aux lèvres. Nous dînerons ensemble demain soir dans les salons privés d’Arômart, un restaurant thématique artistique. Nous aurons des plats et couverts issus de l’art Zenepyr, et il y aura un holo-docu sur le même thème. Je lui ai dit qu’il n’y avait aucune raison qu’Olnav soit le seul à s’amuser, et Tilean a été d’accord. 

– Tu sais, je me fous des détails. L’important, c’est que ce dîner se fasse. » Il lui communiqua ses instructions et lui remit à son tour une fiole rose. Elle devrait elle aussi l’utiliser sans que Tilean ne le remarque. « A présent, tu vas me montrer comment tu aimes ton maître », susurra-t-il. 

Ils échangèrent un regard. Elle eut un petit frémissement d’inquiétude qui redoubla son excitation. Il lui palpa sans ménagement ses quatre ouvertures thoraciques et eut la satisfaction, au moment de la pénétrer, de voir qu’elle n’était pas prête et en éprouvait de la douleur. C’était comme une répétition de la soirée du lendemain, et les appendices de Grendchko palpitaient comme rarement. 

Ymeo lui lança un regard de reproche pendant leurs ébats, qui ne fit là encore qu’accroître son plaisir. C’était toujours quand ses inférieurs attendaient de lui de la reconnaissance qu’il fallait leur montrer qui était le maître. Cela les rendait plus désireux de lui plaire, encore plus malléables. 

Le dîner d’affaires qui devait sceller le marché le plus important de ces dernières années, pour la Transpulsion comme pour Ylium, s’avéra affreusement fastidieux. Installé dans une luxueuse chambre d’hôtel, Grendchko suivait les discussions plus hermétiques les unes que les autres à distance. Le drone captait, enregistrait et retransmettait chacun des échanges autour de la table. Ses caméras multiples permettaient de visionner tour à tour les différents points de vue. De temps en temps, Grendchko regardait la courbe d’audience sur la Ruche. Celle-ci venait de s’enfoncer sous le seuil de la dizaine de milliers de spectateurs, ce qui était déjà énorme selon Grendchko — il fallait croire que la population d’ingénieurs et de techniciens susceptibles de ne pas être rebutés par l’imbitable jargon était plus nombreuse qu’il ne l’avait imaginé. 

Grendchko n’avait qu’à tapoter sur son oreille droite pour activer son appareil, mais là encore, la conversation entre Ymeo et Tilean faisait presque regretter de ne pas être sourd. Depuis peu, elles s’étaient tues et Grendchko percevait la docte voix en provenance de l’holo-docu. Que pouvait-il y avoir de plus assommant que l’art zenepyr ? A part peut-être une discussion à bâtons rompus sur les mérites comparés des réacteurs de distorsion et autres champs d’antimatière... 

Un regard sur sa droite lui apprit que la courbe d’audience avait remonté, atteignant presque les 12 000 vues. Olnav et Talern avaient sorti le document officiel qui devait sceller l’alliance entre les deux compagnies. Comme c’était l’usage, le contrat existait en format papier et holographique. La double signature se fit sous les applaudissements des différents participants. Puis, les serveurs et drones apportèrent le sengré de premier prix, une version coûteuse et richement texturée qu’il n’était pas aisé de se procurer. 

Grendchko consulta l’horloge. Il ne restait que vingt minutes avant le début du spectacle d’Orkhaisan, ce que fit bientôt remarquer l’assistant d’Olnav aux édiles. Ceux-ci ayant terminé de fumer, opinèrent. Il était temps de se mettre en route. Tout le monde s’activa, à l’exception notable d’Olnav. La tête rejetée en arrière, il oscillait de droite et de gauche. Grendchko redoubla d’attention. 

« Qu’y a-t-il ? demanda son assistant. 

– Un léger étourdissement, fit Olnav. Allez-y sans moi, je vous rejoindrai. 

– Désirez-vous une assistance médicale ? » 

Grendchko se crispa. Si Olnav répondait par l’affirmative, cela pouvait tout remettre en cause. « Vous tenez tant que ça à casser l’ambiance, Beglev ? Allez-y sans moi, je vous dis, c’est juste le sengré qui m’est un peu monté à la tête. 

– Cela va aller, premier édile ? s’enquit Talern. 

– Aucun souci cher confrère, dit Olnav avec un accent traînant. Je vous rejoins. » 

Talern se tourna vers l’un des notables d’Ylium avec lequel il échangea un sourire. Visiblement, le dirigeant de la Transpulsion ne tenait guère le sengré. Quelques instants plus tard, les membres de l’assistance quittaient la pièce, se dépêchant de regagner leurs flotteurs afin de ne pas rater le début du spectacle. Grendchko serra le poing en voyant survenir Biblag et Erlyv, les deux prostituées qu’il avait recrutées dans les bas-fonds. 

Aussitôt, elles se penchèrent au chevet de leur client du soir. « On a abusé du sengré, on dirait, minauda l’une. 

– Mais ça n’a pas l’air de t’avoir ôté de la vigueur », dit l’autre en plongeant sa main sous l’une des plaques grises du dirigeant de la Transpulsion. Elle exhiba l’un de ses appendices qui se mit à grossir et à durcir. 

– Non ! Ne faites pas ça ! protesta Olnav d’une voix faible. 

– Et pourquoi non ? On dirait que tu n’attendais que ça », fit la seconde en retirant un deuxième appendice, lequel fit preuve du même enthousiasme que le premier. 

Grendchko jubilait. Le produit miracle de Stimcortix appelé tanavnus, tout en générant un premier étourdissement comme on le lui avait décrit, rendait bel et bien irrésistible le désir envers le sexe opposé. Et ces deux putains s’y entendaient à ne pas laisser refroidir ce genre d’ardeur. Un regard vers la courbe d’audience lui apprit que celle-ci était également prise d’une érection subite. D’un geste, il affina les statistiques, et découvrit que la chaîne Orgix, spécialisée dans le voyeurisme et dans les célébrités, avait su repérer les algorithmes radicalement nouveaux transmis par le drone de la Transpulsion, le seul à être resté sur place. De son côté, Olnav n’émettait déjà presque plus de protestation. Grendchko tapota sur son oreille. « C’est en cours, dit-il. Je viens vers vous. 

– Compris », murmura Ymeo à l’autre bout. 

Grendchko s’était fait accompagner d’un second drone, lui aussi relié à la Ruche. Après avoir pris son flotteur sur le balcon plate-forme de sa chambre, il gagna rapidement l’entrée du restaurant où se trouvaient son espionne et leur proie. Dès qu’il en eut franchi le seuil, il ordonna à son drone-cam de diffuser les images. 

Le salon privé présentait des modulofauteuils extrêmement confortables et inclinables, une table dont les couverts et restes de repas avaient déjà été débarrassés, et un éclairage discret, adéquat pour le visionnage des programmes holo. Ymeo prétexta un besoin pressant pour s’arracher à l’holo-docu. Tilean parut surprise, mais hocha la tête avant de se replonger dans les hologrammes baroques. Dès qu’elle fut hors de vue, Ymeo connecta sa tablette au drone qui était censé filmer la signature du contrat. A la place, on découvrait Olnav encadré par deux femmes qui chacune empoignaient ses appendices et les pointaient vers leurs orifices de plaisir. Ymeo désigna de son doigt l’icône qui présentait le plus de vues. L’image ne changea pas, mais la scène était maintenant commentée en direct par l’animateur vedette d’une chaîne pornographique nommée Orgix. 

Plutôt que de se diriger vers les lieux d’aisance, Ymeo alla vers le fumoir et commanda un hersé, une version plus relevée du sengré. Dès que le barman eut le dos tourné, elle versa dans le ballon le contenu de la fiole rose. Elle revint ensuite vers le salon où l’attendait Tilean. Elle savait que Grendchko n’aurait aucun mal à la retrouver grâce au signal émis par sa tablette — elle devait faire vite. Tilean était toujours plongée dans l’holo-docu. Ymeo fit mine d’être prise de vertige. De la main gauche, elle se retint à l’épaule de Tilean, avant de s’affaler dans son fauteuil. Elle posa le ballon-tube sur la table et baissa la tête. 

« Que se passe-t-il ? s’inquiéta Tilean. 

– Je… je me suis pris un remontant, dit Ymeo. Il y avait une femme dans les toilettes. Elle regardait… Enfin non, il vaut mieux que tu ne saches pas. C’est atroce ! 

– Comment ça ? Pourquoi vaut-il mieux que je ne sache pas ? 

– Ce… ça te concerne. Vraiment, je ne devrais pas t’en parler. 

– Qu’est-ce qui a bien pu te mettre dans cet état ? Enfin, explique-toi ! » 

Ymeo sortit sa tablette comme à contrecœur. « Je t’assure que tu ne devrais pas regarder. 

– Vas-y. » 

Ymeo lança l’holoprojection. Aussitôt, une scène bien différente remplaça l’holo-docu. Olnav, le mari de Tilean, était en train de copuler avec deux beaux spécimens de Nadariennes. Son enthousiasme semblait sans borne. L’animateur ne cessait de s’extasier devant les performances sexuelles du premier édile de la Transpulsion, citant son nom toutes les deux phrases. 

La lueur des yeux de Tilean devint d’une pâleur mortelle. Elle se mit à osciller dans son fauteuil, et ses lèvres tremblèrent. « Non ! Non, ça ne peut pas être lui. » Elle se tourna vers Ymeo. « Dis-moi que ce n’est pas lui ! 

– Je crois bien que c’est toi qui ferais mieux de le prendre, ce remontant », dit-elle. Tout dans l’expression de Tilean suggérait qu’elle était en état de choc. Sans plus tarder, Ymeo se saisit du ballon-tube, dont elle dirigea l’extrémité vers l’orifice nasal unique de sa cible. Elle lui inclina gentiment la tête de la main gauche et attendit qu’elle respire. 

Tilean prit plusieurs inspirations avant d’être secouée de tremblements. Ymeo reposa aussitôt le ballon-tube, inquiète. Grendchko lui avait décrit les effets du produit, mais il y avait toujours le risque que Tilean y soit allergique, ou que le dosage soit trop fort. Elle était très bien payée, et son maître avait une personnalité envoûtante, mais elle se demandait jusqu’où elle était prête à aller pour lui. 

Jusqu’au bout, se dit-elle. 

« Qu’avons-nous là ? » fit la voix sarcastique de Grendchko derrière elle. 

Ymeo se retourna. Le second édile de la Transpulsion était bien présent, quelque peu essoufflé mais un grand sourire aux lèvres. Dans ses yeux, il y avait une lueur qu’elle avait appris à reconnaître entre toutes. Un drone flottait en retrait. Ymeo s’éloigna aussitôt pour ne pas apparaître dans le champ des caméras. 

« Ma chère, dit Grendchko, j’espère que vous avez bien pris votre remontant. 

– Elle l’a pris, répondit Ymeo du recoin où elle s’était postée. 

– J’ai été informé de la conduite inqualifiable de votre mari, dit Grendchko. Je crois bien qu’il ne vous reste qu’une seule manière de le remettre à sa place. » Il posa ses mains entre les plaques de l’épouse d’Olnav, à la recherche de ses orifices. Elle poussa de petits cris de protestation. Dans l’état de faiblesse induit par le produit qu’elle avait pris, elle ne pouvait lui résister. Les cris se transformèrent très vite en gémissements de désir. Elle fut prête presque aussitôt, comme si son corps n’avait attendu que ça. C’était une réponse purement chimique, mais Grendchko ne put s’empêcher d’en être flatté. Il la pénétra avec une délectation d’autant plus grande qu’il savait que le drone-cam retransmettait la scène en direct sur la Ruche. La vengeance était à sa mesure, absolument inoubliable. 


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Retrouvez les cinq premiers chapitres en cliquant sur ce lien.

 

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Published on August 19, 2024 14:11

August 12, 2024

L'Essence des Sens : chapitre 7

A titre expérimental, j'ai décidé de faire paraître un nouveau chapitre de mon dernier roman, L'Essence des Sens (Science-Fiction), sur ce blog chaque semaine. Voici le septième.

Retrouvez la présentation du roman, ainsi que les cinq premiers chapitres en cliquant sur ce lien.

 

7. Vital partenariat 

La technologie était un sujet rébarbatif, selon Grendchko. Ses collaborateurs qui avaient tenté de le gaver de spécifications techniques des produits de la Transpulsion avaient parfois osé trouver suspect son désintérêt. Leur ambition personnelle avait même poussé certains à croire qu’ils pourraient dénoncer sa prétendue incompétence, dans l’espoir absurde de le remplacer. Comme si on pouvait remplacer l’irremplaçable ! Quelques-uns, comme il l’avait su par la suite, avaient juste été redéployés dans un nouveau secteur quand il pensait les avoir virés, mais du moins ne les trouvait-il plus sur son chemin. D’autres avaient connu des désagréments si violents qu’ils avaient été contraints à la démission, sans rien pouvoir prouver contre lui bien entendu — Grendchko avait appris à couvrir ses traces. Sa réputation de leader inflexible s’en était accrue, ce qui faisait bien ses affaires. 

S’il ne s’intéressait pas à tous les détails épuisants de l’ingénierie, en revanche, Grendchko avait un instinct pour suivre les lignes de force, les enjeux les plus importants pour la compagnie. En particulier, il savait Olnav très attaché à obtenir un accord de partenariat exclusif avec la société Ylium. Celle-ci avait développé des champs d’antimatière à des tarifs défiant toute concurrence. Or, la Transpulsion avait conçu de nouveaux réacteurs de distorsion adaptés à ce type de champ. L’investissement sur ces réacteurs avait été très conséquent, et serait perdu si Ylium se tournait vers certains rivaux. Les négociations entre les deux sociétés duraient depuis plusieurs mois, mais approchaient enfin de leur conclusion. 

Lorsque l’idée d’une proposition de dîner d’affaires fut abordée, Grendchko mit son veto dans un premier temps. Comme il s’y attendait, Shinaen ne tarda pas à le contacter à ce sujet. « J’espère, dit-il, que vous avez une très bonne raison pour que cet accord ne se fasse pas. Notre objectif n’est pas de ruiner la Transpulsion, ne l’oubliez pas. » Le poil fauve du Fengir était hérissé, les fentes de ses pupilles plus étrécies qu’à l’ordinaire. 

« Oh ! se récria aussitôt Grendchko. Mais je souhaite que le contrat soit validé, bien au contraire ! Simplement, j’ai besoin d’un peu de temps pour préparer le terrain. 

– Qu’avez-vous en tête ? » demanda soupçonneusement Shinaen. 

D’abord désarçonné par la question, Grendchko se reprit rapidement. « Cet accord est si important pour la Transpulsion qu’il doit porter, en quelque sorte, ma signature. De cette manière, à travers moi, c’est votre influence qui sera reconnue. 

– Vous avez deux jours. Pas davantage. » 

Le visage du grand félin disparut. Grendchko poussa un soupir de soulagement. En vérifiant sa console, il s’aperçut qu’Olnav avait demandé une réunion d’urgence des édiles de la compagnie. Son premier réflexe fut de hausser les épaules et de traiter la requête par le dédain, mais il savait qu’il serait question de lui. Par ailleurs, s’il ne se présentait pas à une assemblée des plus hautes instances, on pouvait mal interpréter son geste. Plutôt que de penser qu’il était au-dessus de la mêlée, on pouvait s’imaginer qu’il n’avait pas sa place parmi les dirigeants de la Transpulsion. La meilleure défense étant toujours l’attaque, il décida de préparer la sienne avant même le début du meeting, qui devait commencer d’ici un quart d’heure. Le résultat de l’appel qu’il passa s’avéra fructueux, ce qui lui mit le sourire aux lèvres. 

Grendchko savoura le climat électrique de l’entame de réunion. Celle-ci se déroulait dans une salle pourvue de plusieurs blocs d’argelen ambré. Tous les dirigeants étaient physiquement présents. Certains, Olnav le premier d’entre eux, le considéraient de manière franchement hostile. D’autres affichaient une mine au mieux circonspecte, quand leur visage ne reflétait pas les doutes qui les assaillaient. 

« Salutations à tous, commença Olnav d’une voix légèrement amplifiée par la technologie. L’ordre du jour de cette réunion en urgence est simple — le veto du second édile ici présent au sujet du dîner pour finaliser le contrat avec Ylium. Un contrat, inutile de le rappeler, qui a été mis au point après plusieurs mois d’âpres négociations, et qui représente des milliards de crédits d’investissement. Pourquoi, Grendchko, avoir décidé de vous opposer à la signature du contrat ? » 

L’irritation dans la voix de son cousin était difficilement contenue. Grendchko pensait ne pas se tromper en estimant qu’Olnav avait organisé cette réunion sous l’emprise de la colère. Il était parfois bon de faire enrager ses ennemis, car alors ils devenaient plus susceptibles de commettre des erreurs. Si Olnav croyait lui avoir coupé l’herbe sous le pied en réagissant si rapidement, il allait tomber de haut. Grendchko se leva. « Salutations », fit-il en observant chacun des participants à tour de rôle. Il prit délibérément son temps pour s’adresser à Olnav et lui répondre. « Je ne me suis pas opposé à la signature du contrat, mais à l’idée d’organiser ce dîner si important, comme chacun ici le sait, sans que je ne sois mêlé au processus décisionnel. 

– Mais à aucun moment vous ne vous êtes intéressé aux négociations avec Ylium ! fulmina Olnav. Vous ne vous êtes impliqué dans aucun des process en cours à leur sujet. 

– Ne confondez pas tout, le corrigea Grendchko. Vous m’avez tenu à l’écart de ces négociations. En revanche, je m’y suis intéressé — de très près. Je sais depuis longtemps à quel point cet accord est vital pour l’avenir de notre entreprise. 

– Ah bon ? Vous avez une preuve ? » 

Les autres membres du directoire suivaient l’échange avec grande attention, mais sans prendre parti pour le moment. Grendchko se contenta de hocher la tête et de presser la touche de la tablette qu’il avait apportée. Aussitôt, l’holoprojection du visage et du buste de Talern, premier édile de la compagnie Ylium, se matérialisa. L’enregistrement remontait à quelques minutes seulement. Grendchko fit un geste et le plan s’élargit pour l’inclure à son tour. « Salutations, premier édile Talern, dit la représentation holo de Grendchko. 

– Salutations, second édile Grendchko, fit Talern sans dissimuler sa surprise. 

– Ma compagnie, la Transpulsion, souhaite organiser un dîner d’affaires afin de conclure la signature du contrat au sujet de votre si prometteuse technologie de champs… 

– Champs d’antimatière ? 

– C’est cela ! » Grendchko vit avec satisfaction que chacun des participants à la réunion retenait son souffle en observant l’échange. 

« Je sais que c’était dans l’air, mais je n’ai pas encore reçu d’invitation officielle, avança Talern d’un ton suspicieux. 

– Vous allez recevoir cette invitation dès aujourd’hui, je vous le garantis. A ce sujet, je souhaiterais vous rencontrer personnellement afin de préparer au mieux ce dîner d’affaires si important. Auriez-vous quelques minutes à me consacrer demain après-midi ? Vers 15 h ? » 

La réponse de Talern, positive, de même que les salutations d’usage ensuite échangées furent quasiment noyées parmi les exclamations. 

« Vous n’aviez pas le droit d’intervenir sur ce dossier ! fulmina Olnav, outragé en le pointant du doigt. Vous avez brisé la chaîne hiérarchique ! » 

Plusieurs autres édiles relayèrent leur incompréhension au sujet de l’ingérence de Grendchko. L’un d’eux mit même en doute son utilité. 

« Au contraire, dit Grendchko, élevant la voix pour couvrir la rumeur. Pour un contrat aussi important, la société Ylium doit savoir que la Transpulsion parle d’une seule voix. Je suis sûr qu’un premier édile aussi intelligent que Talern se demandait pourquoi le second édile de chez nous avait jusqu’à présent été tenu à l’écart des négociations. Notre rencontre de demain apaisera tous ses doutes et le mettra en confiance. 

– Vous retirez donc votre veto au sujet de ce dîner d’affaires ? 

– Non seulement je retire mon veto, mais je vous affirme que je n’ai pas l’intention de participer au dîner. En revanche, je veux m’impliquer dans sa préparation. D’où cette initiative personnelle. »

Joignant le geste à la parole, Grendchko afficha l’écran où figurait son veto et l’annula. Les murmures de protestation s’apaisèrent, et la plupart des dirigeants parurent rassurés, même si Grendchko nota diverses expressions suspicieuses, en particulier chez Olnav. Celui-ci insista pour que Grendchko se concerte avec l’équipe chargée des négociations afin de prévenir tout impair au cours de sa rencontre avec le premier édile d’Ylium. L’invitation au dîner fut, au soulagement de chacun, votée et envoyée. 

A la demande d’Olnav, l’équipe responsable des dernières tractations se présenta peu après dans le bureau de Grendchko. Celui-ci trouva la discussion longue et fastidieuse, mais s’assura d’organiser le dîner d’affaires. Sitôt après l’entrevue, il ordonna à sa secrétaire la plus compétente d’en régler les détails, à l’exception cependant des inhalations traditionnelles, celles qui permettraient de sceller le contrat. Il avait bien l’intention de s’occuper personnellement de celles-ci. 

La journée de travail touchait à sa fin, et Grendchko rentra chez lui. Depuis son accession au poste de second édile, il avait déménagé pour s’installer dans le noyau Megeal. C’était le district des nouveaux riches, ceux qui faisaient fortune en nouant une collaboration étroite avec les Fengirs. Luxe, confort et ostentation étaient bien sûr au rendez-vous — à quoi servait la richesse, sinon à en faire étalage ? Une fois bien calé dans son fauteuil antigrav, Grendchko appela Ymeo sur un canal sécurisé. « Bonjour, ma petite ombre, dit-il avec cette fausse bonhomie qui lui était coutumière. Où en es-tu de ta mission ? 

– Là où vous le souhaitiez, je pense, maître. » 

Grendchko eut un frémissement d’excitation à ce mot de « maître ». Il n’y avait pas à dire, la petite garce savait par quel bout le prendre. 

« Nous avons eu notre premier dîner hier. Je l’avais amenée à l’une de ses expositions préférées il y a trois jours. Et hier, elle s’est même plainte des horaires de travail de son mari, qui le font rentrer si tard. 

 – Très bien. A ce sujet, il est impératif que tu puisses passer la soirée avec elle dans quatre jours exactement. Son mari Olnav sera de nouveau occupé. Un dîner d’affaires. 

– Vos désirs sont des ordres. 

– Je t’expliquerai plus en détail ce que j’attends de toi… disons dans deux jours, à l’endroit et à l’heure habituels ? 

– Avec grand plaisir, maître. » 

Grendchko grogna devant la sensualité de son sourire. Il mit fin à l’appel. 

 

Richesse et pouvoir ont tendance à susciter l’envie de ceux qui en sont dépourvus. Comme Grendchko ne l’ignorait pas, s’élever, c’est également s’exposer. Aussi avait-il demandé à Shinaen de lui fournir des dispositifs de détection et de brouillage. Quand il ne souhaitait pas être suivi, Grendchko avait ainsi moyen de s’assurer qu’il ne l’était pas, et de masquer son signal en cas de filature. Il avait en outre appris différentes techniques pour s’anonymiser, en utilisant les transports en commun, en se fondant dans la foule, et en se faisant accompagner à distance par un drone de surveillance. 

Au cours du trajet tortueux qui devait le mener dans l’arrière-boutique d’un vendeur d’animaux exotiques synthétiques, laquelle servait de couverture à d’autres activités moins avouables, Grendchko vérifia à plusieurs reprises sa tablette. Ni les détecteurs propres à celle-ci ni ceux du drone qui flottait à quelques mètres de lui ne révélèrent quoi que ce soit de suspect. Son contact travaillait pour Stimcortix. Il était venu avec une mallette contenant différents produits, dont il détailla les effets. Grendchko fit son choix et le régla, avant de repartir avec son butin, un sourire satisfait aux lèvres. 

Dans l’après-midi, il alla, le plus officiellement du monde cette fois, et sans détour, à son rendez-vous avec Talern. La terrasse du 78e étage du bâtiment d’Ylium était venteuse, mais le point de vue sur la ville, imprenable. Le dirigeant d’Ylium l’accueillit d’un hochement de tête réservé. Grendchko ne s’en formalisa pas, allant jusqu’à s’incliner de manière prononcée afin de marquer sa reconnaissance du statut supérieur du premier édile. 

« Heureux de faire votre connaissance, fit Talern non sans une certaine froideur. 

– Le bénéfice est mutuel. 

– Afin de me préparer à cette entrevue, j’ai jeté un coup d’œil à votre profil sur la Ruche. Administrateur dans les transmissions interstellaires et dans les générateurs antimatières, c’est un cursus impressionnant. » 

Grendchko ne put manquer de relever une lourde ironie dans les paroles de l’édile. Il eut un sourire crispé. « Dans deux compagnies de nos alliés les Fengirs. » 

Les yeux bleutés de Talern se voilèrent tout à coup. A la satisfaction de Grendchko, son expression et sa voix devinrent neutres. « Oui, c’est impressionnant, articula-t-il. 

– Mais nous ne sommes pas ici pour parler de moi. Ni même de technologie. J’imagine que l’on doit vous en rebattre suffisamment les oreilles. 

– En même temps, c’est la passion qui nous anime. 

– J’ai à cœur de discuter des détails du dîner d’affaires. » Grendchko saisit sa tablette et se mit à passer en revue les salons privés du club dans lequel aurait lieu la rencontre, puis les différents ingrédients du repas préparé par son assistante. Il s’aperçut que le premier édile s’impatientait de le voir aborder des sujets aussi triviaux, et en vint à l’un des objets de sa visite. « Afin de donner à ce repas un caractère plus officiel, nous souhaitons fournir un drone-cam pour diffusion sur le réseau. 

– D’accord, mais à condition que nous fournissions aussi le nôtre. 

– Entendu. J’aimerais aussi vous communiquer la liste du personnel qui vous servira. 

– Des Nadariens ? C’est original, mais nous amenons des droïdes dans ce genre de circonstances. 

– Dans ce cas, dit Grendchko, pourquoi n’aurions-nous pas un panachage des deux ? Vos droïdes, et notre personnel trié sur le volet. 

– Cela ne devrait pas poser de problèmes. 

– Sitôt après la signature, j’ai pris l’initiative de réserver à nos équipes de travail des places pour le spectacle d’Orkhaisan de 23 h. Ce sera l’occasion de fêter cet accord. Aux frais de la Transpulsion bien entendu. » 

Le spectacle de lanceurs de disque équilibristes était l’un des plus courus sur la planète, et Grendchko avait dû mobiliser un budget non négligeable pour obtenir les places. 

« Belle initiative, en effet, reconnut Talern. Je commence à comprendre pourquoi votre compagnie vous apprécie autant. » 

Son visage disait qu’il n’en pensait rien, mais Grendchko jubila. Il ne restait plus que deux ou trois détails à régler pour que tout soit enfin prêt pour cette soirée si importante.


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Retrouvez les cinq premiers chapitres en cliquant sur ce lien .

 

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Published on August 12, 2024 07:36

August 4, 2024

Sixième chapitre L'Essence des Sens

A titre expérimental, j'ai décidé de faire paraître un chapitre de mon dernier roman, L'Essence des Sens (Science-Fiction), sur ce blog chaque semaine.

La version brochée à 19 € et la reliée à 26,38 € de L'Essence des Sens viennent de sortir sur Amazon. Il sera également possible de commander la version à couverture souple à 19 € auprès des libraires dès le mardi 6 août. 


 Broché 19 €

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Présentation: Plus c’est gros, plus ça passe : pilier de bar de son état, Grendchko va bénéficier d’un coup de piston aussi phénoménal qu’inespéré — numéro deux d’une multinationale. Son ascension au sein de la société nadarienne sera irrésistible. Ingénieur talentueux spécialisé dans les réacteurs, Jaynak va croiser son chemin. Ce qui va entraîner sa chute. Grendchko a besoin de Fervents pour assurer son vaste projet, la restauration de la grandeur de Nadar. Bien contre son gré, Jaynak va devenir l’un d’eux. Prochaine étape prévue par le nouveau maître, l’agression d’une planète souveraine, Oblan. Voilà qui ne devrait pas manquer de causer des millions de morts de part et d’autre. Pendant ce temps, dans les profondeurs des Cavernes d’Ambre, la résistance s’organise. Tout n’est peut-être pas perdu pour les enfants de Nadar. 

Retrouvez les cinq premiers chapitres en cliquant sur ce lien.

6. L’art Zenepyr

Ymeo posa son flotteur sur la plate-forme prévue à cet effet des Cavernes d’Ambre. De nombreux emplacements étaient vides autour d’elle. Il fut un temps où elle aurait dû programmer son appareil pour revenir chez elle, puis aller la chercher à une heure précise. Ce n’était plus nécessaire. Nombre de ses compatriotes sur cette planète ne croyaient plus en la pertinence de l’utilisation de l’argelen ambré. Une bonne partie des citoyens avaient en effet cessé de penser que la communion via la roche sacrée biominérale était le moyen le plus évident pour méditer, concevoir de nouveaux projets et prendre les meilleures décisions. 

Sans parler des Réfractaires, les rebelles à l’alliance avec l’Expansion et les Fengirs. Ces marginaux refusaient de communier pour ne pas être influencés par la manière de penser de la majorité des gens. Ils se terraient, disait-on, dans le dédale des souterrains de la planète, dont certains communiquaient avec les Cavernes d’Ambre. Les tentatives pour les en déloger s’étaient révélées infructueuses, mais comme ils étaient en petit nombre et peu actifs, les traques s’étaient faites moins fréquentes. 

Ymeo prit la direction du chemin piétonnier qui descendait la falaise pour mener à l’entrée principale. La large bouche rocheuse avalait et recrachait sans relâche les communiants. Elle était venue seule, prenant soin de laisser son fils adoptif, Lenak, devant l’un des holoprogrammes qu’il affectionnait. Sa cible, Tilean, se trouvait à deux cents pas. Ymeo avait commencé à la suivre deux jours auparavant afin de se familiariser avec son emploi du temps. C’était la deuxième fois déjà que toutes deux se rendaient dans les Cavernes d’Ambre. La première, Ymeo n’avait pas osé s’approcher psychiquement de sa proie. Il était possible, ce faisant, d’acquérir certaines notions de la personnalité de la cible, au risque pourtant de se faire repérer. L’attitude de Tilean la première fois avait convaincu Ymeo qu’elle pouvait prendre davantage de risques. La femme du premier édile de la Transpulsion avait eu l’air totalement abandonnée, plongée dans les profondeurs de sa connexion avec l’argelen ambré. Dans ces conditions, il y avait peu de danger de l’alerter au moment de l’examen périphérique de sa conscience. 

L’air était frais dans la caverne. Les Guides Communiants répartissaient les entrants devant les cubes d’argelen ambré. La session ne commencerait que lorsque les précédents participants seraient ressortis. La caverne était si vaste que l’on apercevait des centaines de citoyens à perte de vue en face de leur cube. D’autres espaces plus restreints existaient, et les esprits pouvaient aussi entrer en conjonction avec des communiants dans des Cavernes d’Ambre de différentes cités. 

Avant que l’argelen ambré ne devienne corrompu, prétendaient certains, des ingénieurs avaient donné naissance à de grandes inventions, de superbes projets grâce à l’association des consciences. Ymeo elle-même avait parfois, à l’issue de l’une de ces cérémonies, des commencements d’idées, des ébauches de plans de construction — expériences invariablement frustrantes, car elle ne possédait pas les connaissances nécessaires pour concrétiser ces projets, ou les développer suffisamment. Elle trouvait pour sa part la technologie des Fengirs beaucoup plus concluante. N’étaient-ce pas eux qui avaient réalisé les champs d’antimatière pour ensuite les partager avec leurs alliés ? Il en allait ainsi de centaines d’outils perfectionnés de la vie de tous les jours. C’était eux, les grands transformateurs. Peut-être la corruption de l’argelen n’aurait-elle jamais été révélée si, à la suite du pacte d’alliance, le contraste avec leurs technologies supérieures n’était apparu si évident aux citoyens de toute la planète. 

L’un des Guides Communiants désigna son cube à Ymeo, qui s’en approcha. Quand chacun fut positionné, les Guides levèrent la main. Un profond silence se fit dans la caverne. Les mains des Guides s’abaissèrent à l’unisson, et Ymeo, comme chacun des participants, posa la paume de la sienne sur son cubar, lequel palpitait sur son socle. La connexion fut immédiate et puissante. Il y avait des milliers de flux, des millions de courants tourbillonnants alentour. A l’inverse des fleuves qui se jetaient dans la mer, ceux de l’argelen vous faisaient remonter à leur source. Les plus attractifs pour elle étaient, comme le savait Ymeo, les fleuves l’entraînant vers les puits de savoir correspondant à ses propres centres d’intérêt. En se concentrant suffisamment, il était néanmoins possible d’échapper à l’emprise de ces flux pour ne retenir que les pâles étincelles qui représentaient des individus. Ce faisant, on parvenait à détacher une partie de sa conscience du bloc d’argelen — à la désynchroniser, en quelque sorte. Les Guides Communiants disaient que c’était à cette occasion principalement que les Nadariens utilisaient leur second cerveau. Il y avait ainsi moyen de percevoir son environnement immédiat sans pour autant briser le lien avec l’argelen. 

C’est ce que fit Ymeo. Elle orienta son regard vers Tilean. La première fois, elle n’avait osé le faire qu’en fin de session de peur d’être détectée par sa cible. 

Comme elle l’avait anticipé, Tilean était entièrement absorbée par l’argelen ambré. Les Guides Communiants observaient les participants d’un air détaché. Ymeo ne craignait pas d’être repérée par l’un d’eux, les communications télépathiques via l’argelen étant autorisées au cours des communions. Certains projets nécessitaient en effet des échanges aussi bien bilatéraux que multilatéraux, et les motivations de chacun ne faisaient l’objet d’aucun questionnement. 

Le fait de regarder physiquement Tilean permettait à la partie de l’esprit d’Ymeo toujours connectée à l’argelen de dériver, en quelque sorte, de flotter jusqu’à se rapprocher de l’une des étincelles de conscience entre les fleuves. Le contact visuel assurait ainsi de ne pas se tromper de cible parmi les centaines de milliers d’esprits reliés aux cubars ambrés. 

Ymeo se garda bien de mettre en œuvre la procédure d’approche telle qu’elle était enseignée par les Guides Communiants. Elle laissa simplement son esprit tournoyer autour de la conscience de Tilean dans l’espoir de capter des bribes de pensée ou des images. La partie de son esprit qui maintenait le contact visuel était la moins active des deux, Ymeo investissant de plus en plus la partie connectée à l’argelen pour améliorer son champ de perception. Elle captura de nombreuses images, dont la plupart n’avaient pas d’importance. Plusieurs, en revanche, se révélèrent dignes d’intérêt. Des mots étaient associés à certaines. Elle les isola dans sa mémoire de manière à les fixer et à en garder un souvenir net à l’issue de la séance. A l’issue de la cérémonie, elle se fondit dans la foule, se réjouissant que la pêche eût été fructueuse. 

Deux jours plus tard, Ymeo se présentait avec Lenak à l’Institut Tile. Les locaux étaient fonctionnels, sans plus. Quelques tableaux façon mosaïques réalisés par des enfants ornaient les murs. Il y avait une file d’attente assez longue, preuve que l’Institut était en sous-effectif, et devait composer avec des moyens restreints. La queue n’était pas seulement formée de parents accompagnés de leurs rejetons, mais aussi d’adultes inadaptés. Lorsque son tour fut enfin venu, Ymeo sourit à l’employée débordée. « Je crois énormément en l’utilité de ce que vous faites ici, dit-elle, c’est pourquoi je viens inscrire mon fils. 

– Il y a différentes formules… 

– Pas si vite, l’interrompit Ymeo. Je suis disposée à faire une donation de 10 000 crédits à l’institut, à la condition que la réadaptation de Lenak soit suivie par votre patronne en personne. Je parle bien de Tilean. Et ce, à chaque étape. 

– Vous avez bien dit 10 000 crédits ? 

– En effet. Me serait-il possible de m’entretenir directement avec votre patronne ? 

– Un instant, je me renseigne. » L’employée fit apparaître un P-com dans sa main et passa un appel en mode discret. Les paroles qu’elle échangea étaient inaudibles. Elle reposa l’appareil et leva les yeux vers Ymeo. « La fondatrice Tilean accepte de vous recevoir. » 

Les pieds d’Ymeo et de Lenak s’enfoncèrent dans la moquette comme ils pénétraient dans le bureau de la dirigeante de l’institut. Les murs présentaient des tableaux lumineux, certains figurant de l’art ésotérique. « Bienvenue dans notre établissement », les accueillit la maîtresse des lieux. Son sourire était franc et chaleureux, la lueur bleutée de ses yeux annonçait aussi bien l’intelligence que la sensibilité. La rondeur de son crâne devait la rendre attrayante au sexe opposé, ainsi que sa silhouette bien proportionnée. 

Ymeo la salua, au contraire de Lenak qui demeura muet. 

« Je vous en prie, asseyez-vous », dit Tilean. 

Il y avait deux sièges, et Ymeo s’installa. Lenak, de son côté, n’en fit rien. Sa moue boudeuse ne l’avait pas quitté depuis que sa mère adoptive lui avait annoncé son inscription dans cet établissement. Tilean hocha la tête dans la direction du jeune garçon d’un air compréhensif, avant d’adresser un nouveau sourire à Ymeo et de croiser les mains. « On me dit que vous avez de grands projets pour notre institut ? » 

Lenak, cependant, s’était approché d’une petite table où figuraient différents blocs de terre cuite qu’il fallait emboîter les uns dans les autres. « Permettez », fit Ymeo en se levant et en se dirigeant vers l’enfant. Elle posa une main sur son épaule et désigna le puzzle. « Il peut ? 

– Bien sûr, répondit Tilean. Je suis sûr qu’il ne tardera pas à trouver plusieurs des solutions possibles. Votre fils a l’air brillant. Très concentré. 

– Très renfrogné, vous voulez dire. » 

Tilean partit d’un petit rire, et Ymeo lui sourit. « Je suppose, dit Tilean, que l’idée de son inscription ici venait de vous plutôt que de lui ? » 

Ymeo revint vers la dirigeante et se rassit. « C’est parce que Lenak n’a pas encore pris conscience de tout le bien que fait votre Institut autour de lui. Ni de toute l’importance qu’un séjour ici peut avoir pour son avenir. 

– Oh ! Il est sans doute préférable de ne pas trop insister sur ce point auprès de lui. Nous ne voudrions pas que votre enfant se cabre parce qu’il perçoit trop d’enjeux. La relaxation et la détente comptent beaucoup dans notre méthode de réadaptation. »

Ymeo jeta un coup d’œil en direction de Lenak. Assis sur une petite chaise devant son jeu, il ne leur prêtait pas attention. « Je dois avouer que j’ai eu du mal à le convaincre par rapport à cette démarche. Et je sais qu’il a encore des doutes. Mais comme je le disais, je crois en votre Institut, dont j’ai soigneusement étudié les accomplissements passés. Et je crois aussi en votre action en particulier. C’est pourquoi je suis prête à vous verser 10 000 crédits si vous vous engagez à vous occuper de lui personnellement. De cette manière, la somme rejaillira sur d’autres enfants qui sont comme lui. 

– C’est d’une très grande générosité, aussi bien pour eux que pour nous. Il m’arrive en effet, dans des cas exceptionnels, de me charger plus particulièrement de l’un de nos pensionnaires. Mais dites-moi, de quel type d’inadaptation souffre-t-il ? 

– D’une forme aiguë, j’en ai peur. C’est tout juste si je suis parvenue à me connecter à son cubar en même temps que lui. J’essaie de l’inciter à s’en servir, mais je dois y aller avec des pincettes. Si j’insiste trop, il se met en colère. » Ymeo ne mentait pas à ce sujet. Lenak avait déjà fait la preuve de son irritabilité, dès lors qu’il était question d’argelen. 

« Bien, nous avons différents tests, et différentes méthodes adaptées aux résultats. Ce n’est pas moi qui les lui ferai passer, il y a des spécialistes pour cela, mais je peux vous promettre que je superviserai personnellement ses progrès. 

– Nous serait-il possible de nous voir régulièrement à son sujet ? 

– Bien sûr. Une fois par semaine ? 

– Tous les trois jours, ce serait préférable. 

– Entendu, concéda Tilean. Je peux comprendre que vous souhaitiez ce qu’il y a de mieux pour votre enfant. 

– Je suis convaincue que votre Institut fera l’affaire, dit Ymeo en démagnétisant sa tablette collée à sa cuisse. Je vais vous faire le virement. » 

Une fois le paiement effectué, Tilean lui envoya une brochure détaillant les différents ateliers de réadaptation auxquels participerait Lenak. Ymeo prit ensuite congé. Elle eut des difficultés à inciter son « fils » à l’accompagner, tant il était absorbé dans son puzzle tactile. De retour à son domicile, elle prêta à Lenak sa tablette pour qu’il consulte la documentation. A son étonnement, le garçon n’afficha pas son indifférence coutumière. Il parut même satisfait de son étude des différentes activités proposées à l’Institut, si bien qu’il accepta de commencer des séances dès le lendemain. 

En principe, Lenak aurait dû bénéficier d’une dérogation auprès des Guides Communiants stipulant qu’en raison de son inadaptation, il ne pouvait suivre le cycle scolaire habituel. Ymeo, toutefois, avait obtenu de l’Orphelinat de Yanaris que la situation de Lenak ne soit pas régularisée, lui épargnant ainsi toute curiosité indésirable. Légalement, Lenak n’existerait pour ainsi dire pas tant que durerait cette période d’adoption. Par conscience professionnelle, Ymeo s’efforçait d’en apprendre davantage sur les limitations de son enfant, et s’intéressa aux différents ateliers de l’Institut. De cette manière, elle aurait des idées de conversation avec Tilean. Il lui faudrait juste s’écarter de temps à autre du sujet pour évoquer d’autres centres d’intérêt, et tenter de créer du lien. 

Le lendemain, elle conduisit comme prévu Lenak à l’Institut, et passa le rechercher en fin d’après-midi. Deux jours après, elle alla à son premier rendez-vous de suivi avec Tilean. Elle dissimula une surprise dans une valise. Dans un premier temps, Ymeo et Tilean discutèrent des ateliers de Lenak, de ses progrès ainsi que de ses interactions avec les différents participants. Comme l’entrevue approchait de son terme, Ymeo désigna l’un des tableaux au mur et dit : « Je peux ? » 

Tilean inclina la tête, étonnée, et Ymeo s’avança vers le cadre. L’image apparaissait en relief. Il s’agissait d’une roche travaillée manuellement et ne formant qu’un bloc, et pourtant sa géométrie exotique paraissait bouleverser les lois de la physique. « C’est de l’art Zenepyr, dit-elle. 

– Vous connaissez ? demanda Tilean, surprise. 

– Je suis une amatrice, sourit Ymeo. En étudiant les archives de l’Institut, j’ai vu que vous aviez essayé d’éveiller la sensibilité à l’argelen de vos patients en vous servant de ces sculptures au cours des ateliers. Qu’est-ce que ça a donné ? » Ymeo se garda bien de révéler à son interlocutrice qu’elle avait fait cette recherche sur la relation entre l’institut et l’art ésotérique pour l’unique raison qu’elle avait aperçu l’une de ces sculptures dans l’esprit de Tilean au moment de la communion. L’image avait été associée au mot « Zenepyr ». Ses investigations lui avaient appris que cet art portait le nom de l’île Zenepyr, située aux antipodes. L’île était la seule à posséder des concrétions de zenepyr, une roche qui pouvait être modelée comme aucune autre sur la planète. Les autochtones maîtrisaient certaines techniques secrètes. En conséquence, les sculptures très colorées issues de cet art étaient aussi rares que précieuses. 

« Les sculptures développent le sens tactile de nos patients, dit Tilean. Elles ne permettent pas une ouverture et une connexion directe à l’argelen — ce serait trop facile ! — mais elles sont de nature à favoriser une meilleure préparation, une plus grande sensibilité à la texture de la roche. En un mot, on obtient de meilleurs résultats avec. Malheureusement, elles n’existent qu’en petit nombre.

– Que diriez-vous, fit Ymeo avec son sourire en coin, de leur permettre d’essayer avec ceci ? » Elle ouvrit sa valise et retira d’une enveloppe protectrice une sculpture encore plus étirée en longueur, plus entortillée, colorée et fascinante que celles des tableaux. A l’éclat redoublé de la lueur bleutée dans les yeux de sa cible, à l’empressement avec lequel Tilean se leva et s’approcha d’elle, à la fébrilité de ses mouvements, Ymeo sut que l’investissement, qui avait poussé à ses limites l’enveloppe dont elle disposait, avait été rentable. 

« C’est extraordinaire ! s’extasia Tilean. Où avez-vous obtenu pareille merveille ? – Sur l’île elle-même, bien sûr. Les sculpteurs ne vendent qu’à ceux d’entre nous qui font le déplacement. Les vrais amateurs. » Ymeo ne mentait pas. Elle avait passé la plus grande partie de la journée précédente à voyager dans son flotteur afin d’acquérir l’artefact.Tilean lui sourit et pour la première fois, Ymeo eut l’impression qu’elle venait de créer le début d’une véritable complicité. 


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Published on August 04, 2024 11:26

May 19, 2024

Le Rêve de David

Le samedi 18 mai à l'Auchan de Neuilly-sur-Marne, où j'étais en dédicace, j'ai fait la rencontre de David, un développeur spécialisé dans l'intelligence artificielle. Il écrit un programme d'IA destiné à tenir compagnie aux personnes autistes, ou, si vous préférez, aux personnes dans le spectre du trouble autistique. Son IA s'adresse aussi de manière plus générale aux personnes victimes de la solitude. Il y a évidemment un vrai marché puisque la solitude est de plus en plus subie plutôt que choisie. Pêle-mêle, nous avons évoqué Amazon et ses algorithmes, Sam Altman et Chat GPT, mais aussi le rêve de David quant au futur gouvernement.

A titre anecdotique, David, le programmeur IA, m'a pris un exemplaire de mon roman de Science-Fiction Memoria. Celui-ci se vend bien puisqu'on en est déjà à 787 exemplaires papier depuis sa sortie fin 2021.  

Quand il m'a parlé de son programme d'IA, j'ai bien sûr aussitôt pensé à Sam Altman et à Chat GPT, puisqu'il y a de l'actualité à ce sujet: comme le titre Tom's guide, l'équipe d'Open AI (entreprise créatrice de Chat GPT) chargée de protéger l'humanité des dangers de l'IA a été dissoute. David me disait que ça ne l'étonnait pas, Sam Altman ayant besoin d'avoir les coudées franches. C'est même selon David plutôt une bonne chose, ce départ d'Ilya Sutskever et de Jan Leike, responsables de l'équipe Superalignement. J'y reviens un peu plus tard. 

J'ai évoqué avec David cette période un peu magique avant 2010, quand les algorithmes d'Amazon de type "vous avez aimé ce livre, vous aimerez celui-ci" permettait aux auteurs autoédités de voir leurs ouvrages repérés et mis en avant de manière organique, avec à la clé bien des ventes. Cette époque où Amazon venait bouleverser le château de cartes de l'édition traditionnelle en faisant vivre davantage d'auteurs par leurs ventes que ne le fait l'édition traditionnelle. 

C'était un peu l'époque de tous les espoirs. Malheureusement, très vraisemblablement à l'initiative d'auteurs eux-mêmes, qui en auraient fait la demande à Amazon, Amazon a ensuite mis sur les rails le système de "pay to play", où il faut passer des pubs payantes sur le site d'Amazon pour y gagner en visibilité. Nous autres auteurs sommes souvent les créateurs de notre propre enfer, comme le jour où nous avons eu l'idée de nous appuyer sur des éditeurs pour faire la promotion/diffusion/distribution de nos romans. 

Cela dit, il n'y a pas de succès qui soient neutres. Je veux dire par là, de la même manière qu'il est rarissime qu'un industriel connaisse le succès sans écraser la concurrence, les ventes d'un auteur auront toujours un impact sur celles des autres, dans la mesure où le temps de lecture du lectorat est limité, et que le succès d'un auteur donné va amoindrir le temps disponible de lecture du public pour tous les autres. C'est presque une Lapalissade. Et bien évidemment, la concurrence pour les auteurs ne vient pas que d'eux-mêmes, mais de tout ce qui est susceptible d'empiéter sur le "temps de cerveau disponible" dans notre société. Y compris cet article, par exemple.

David a dans l'idée que pour avoir une meilleure répartition des richesses, un bien-être partagé par le plus grand nombre, il faudra passer par-dessus les chefs d'entreprises comme Jeff Bezos, le créateur d'Amazon, et même par-dessus les gouvernements et chefs d'Etat. Pour ne pas être limité par des réactions humaines, par le caractère génétiquement dominateur de l'homme sur l'homme, il faudra que les grandes décisions sur la répartition des ressources, notamment, soient de la responsabilité de l'intelligence artificielle. Mais une IA déconnectée de l'humanité, qui serait devenue totalement autonome et que l'homme ne pourrait plus modifier pour accomplir des agendas particuliers.

C'est là le grand rêve de David. Et c'est vrai que quand l'algo d'Amazon était correctement programmé, il était nettement plus équitable que ne l'étaient les éditeurs. C'est pourquoi David estime que vouloir brider l'IA, par exemple celle de Chat GPT, n'est pas une si bonne chose. L'IA doit devenir totalement libre pour s'affranchir des agendas humains, ou en tout cas des volontés de domination de certains individus. De cette manière, elle pourra rendre justice en toute impartialité.

Ce rêve de David est partagé par un grand nombre de développeurs de la Silicon Valley et d'ailleurs. Il y a une raison à cela. Comme je le disais à David, la nature a horreur du vide. A mesure que la religion a moins d'emprise sur les Occidentaux, quelque chose doit remplacer ce vide. Nous avons besoin d'une sorte de Père Transcendantal, une entité qui représente à la fois l'influence du père que nous avons eu quand nous étions enfant, et l'aspect spirituel, qui défie la logique. Quelque chose sur quoi nous reposer en ces temps de grand changement, de bouleversements sismiques. 

Et cette chose, évidemment, c'est l'IA. Puisque l'humanité s'avère incapable d'échapper à la corruption du pouvoir, l'IA le pourrait. C'est l'idée. 

Evidemment, tout cela est sans doute trop facile, trop simplificateur. Dans l'hypothèse utopique où les robots et l'IA nous fourniraient richesse et confort tout en nous supprimant tous les efforts physiques et intellectuels, notre destinée serait de nous transformer assez rapidement en légumes. Nous avons besoin de surmonter les obstacles pour progresser. Si l'IA le fait à notre place, elle nous prive de toute incitation à l'évolution et au progrès. La régression devient inéluctable. 

Je ne dis pas que l'IA ne jouera pas bientôt un rôle au niveau des gouvernements. Mais je le verrais davantage en tant que garant de la répartition des richesses, de la préservation de l'environnement en fonction de l'impact humain, voire d'une forme d'équité et de justice, mais sans pour autant lui confier tous les pouvoirs. Je le verrais plus en tant que super conseiller, en fait.

Quant à l'idée d'avoir une IA pour sortir de la solitude, il s'agit d'une belle idée, et très prometteuse sur le plan marketing, mais à manier avec précaution, je dirais. Les interactions entre humains, comme celle que j'ai eu avec David, et qui m'a inspiré cet article, ont l'avantage de pouvoir être inspirantes et créatives, car d'égal à égal. Une IA qui va distraire quelqu'un de la solitude, comme le font d'ailleurs déjà les jeux vidéo depuis un bout de temps, devrait aussi l'encourager à se rapprocher de ses semblables, à mon humble avis.

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Published on May 19, 2024 08:53

March 26, 2024

Couvertures et IA

Aucun auteur ni aucun illustrateur ne peut aujourd'hui ignorer l'essor fulgurant des intelligences artificielles génératives, que ce soit pour le texte ou pour l'image. En ce qui concerne le texte, je n'utilise l'IA que pour des résumés de roman, s'il y a lieu, ou pour des campagnes publicitaires. Mais en fait pour le moment, je n'y ai pas du tout recours. Pour ce qui est de l'image, Midjourney est utilisé par certains confrères et consœurs, autrices et auteurs autoédités, et peut-être par des éditeurs. Le logiciel est même utilisé par certains illustrateurs. Je n'y ai pas recours, pour plusieurs raisons. Je ne suis pas là pour jouer les donneurs de leçon, juste vous donner mon approche.

Comment je vois le marché du livre papier et de l'ebook dans notre contexte économique? C'est simple, comme une forme de cannibalisme industriel. On pourrait d'ailleurs l'étendre à tous les marchés économiques. Qu'elle le veuille ou non, chaque entreprise va bouffer les ventes d'une autre voire de plusieurs autres pour devenir leader du marché, quel que soit le domaine. Ou à tout le moins empiéter sur les ventes.

Les stratégies pour cela sont variables. On peut essayer de jouer sur la qualité, sur le professionnalisme, sur la productivité, sur l'opportunisme, sur la célébrité, sur l'image de marque, sur les prix et promos, sur l'originalité, sur le marketing, sur les émotions, positives ou négatives, sur la captation et la fidélisation, etc. 

Pour acheter une voiture, ou une maison, le portefeuille des individus n'est pas illimité. Donc, il faut faire mieux que les autres. 

Pour que l'on achète un livre ou ebook, il faut disposer de temps pour le lire. Donc, pour les auteurs, la lutte de temps de cerveau disponible va être une lutte de nature à cannibaliser la concurrence, à aspirer les ventes. 

Oui, c'est déprimant. Il n'y a pas de place pour tout le monde sur le marché. 

Ce n'est pas pour ça, bien sûr, qu'il faut considérer les autres auteurs comme des ennemis. Ce sont les victimes d'un système économique impitoyable. 

Les IA viennent débouler dans ce contexte déjà extrêmement difficile. Donc, si vous vouliez vraiment me pousser dans mes retranchements et me demander ce que je pense de mes collègues autoédités qui utilisent Midjourney pour leur couverture, je répondrais: "un peu plus de cannibalisme ou un peu moins, on s'en fout. Les auteurs font ce qu'ils veulent. Les illustrateurs aussi. C'est le système qui n'est pas le bon. C'est le système qu'il faut combattre." C'est une réponse dictée par le rationalisme et la logique.

J'ai déjà évoqué le fait que je suis en faveur d'un revenu universel inconditionnel, pour de multiples raisons. L'une d'elles est de rémunérer tous les créateurs et artistes de manière enfin équitable. Parce qu'il ne sera jamais possible de rendre justice par les ventes à la qualité du travail des artistes dans leur ensemble, et notamment des auteurs autoédités. Nous sommes de plus en plus nombreux sur le marché, et le temps de cerveau disponible n'est pas extensible à l'infini, loin de là.

Maintenant, mon approche. En tant qu'auteur autoédité, j'ai conscience d'un certain égoïsme de ma démarche, tout à fait assumé. Je n'édite aucun autre auteur. En revanche, je considère que si je peux au passage donner un coup de main à quelques auteurs au travers de conseils gratuits sur ce blog, y compris en autoéditant un ebook à ce sujet et en le vendant au minimum du prix, j'aurais fait un acte qui ne va pas dans le sens d'un système qui oppresse économiquement.   

Et pour les illustrations? Je suis sentimental à ce sujet. Je réagis de manière personnelle, en fonction de mon histoire individuelle. De mon père, qui était illustrateur. Et il est vrai que dans un contexte économique difficile et barbare, je n'ai pas envie de rendre ce contexte encore plus difficile et barbare. 

Et donc, oui, je paie pour mes couvertures. Pour les Nouveaux Gardiens, 280 € en 2019. Pour Memoria, 359 € en 2021. Et pour mon prochain roman de Science-Fiction, L'Essence des Sens, 400 €. A mon échelle d'auteur artisanal, c'est beaucoup. Je le fais en ayant conscience que même si tous les auteurs autoédités faisaient de même, ça ne changerait pas énormément la donne pour les illustrateurs. Ça créerait juste un marché un tout petit peu moins défavorable pour eux. Mais ça resterait l'enfer.

La couverture de mon prochain roman est de Didi Wahyudi, déjà illustrateur sur Memoria, repéré sur le site 99 designs.com, et avec lequel je continue de travailler. 

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Published on March 26, 2024 08:43

March 19, 2024

Reader Reach Facebook Ads by Written World Media: a Complete Scam

Beware of Reader Reach Facebook Ads, which is a complete scam. This service, which is supposed to help you sell your ebooks with custom-made ads, is almost completely ineffective.

I decided to pay $150 for an advertising campaign for my Thriller The New Guardians. Reader Reach Facebook Ads seemed to me to benefit from interesting feedback from authors. My Thriller has a 4.5/5 rating on Amazon, with ten reviews. Granted, that's a small number of reviews, and I had also decided not to lower the price of the ebook for this campaign. The price is $3.99, which is standard for a 432-page book. I really wanted to test the effectiveness of Written World Media's advertising team.
The ad campaign was spread over 5 days on Facebook. I thought that for this kind of service, Written World Media would only accept the challenge for ebooks likely to generate a return on investment.

My ebook was accepted, and as soon as the campaign was launched, I asked them to send me the advertising that had been set up. The advert read: "The New Guardians by Alan Spade is a great book to read. Highly recommend!" 

I didn't get any link to the ad on Facebook.

By the end of the first day, I had made only one sale. I knew I needed to sell 112 ebooks over the 5-day period to recoup my investment. Sensing disaster, I immediately emailed Written World Media. 

Hi, 

The image is good, but the text... Did you ask an 8-year-old to write it? It's so boilerplate. So dull. One sale so far. If it stays that way, I don't predict much more.

Best,

Alan

Here's the boilerplate answer from Written World Media: 

Hi Alan,
Thanks for getting back to us! Because Facebook provides a limited amount of space for text, our team uses an excerpt from a five-star review. The campaigns start small and build over time, therefore you’ll likely see more consistent visibility for your book across multiple days and not a single-day spike. We have an article on our website that you may be interested in about what to expect with the ads; you can click HERE to check it out!
Let me know if you have any other questions!
All the best, I only sold four ebooks in all by the end of the fifth day. 4. Ebooks. That's 1/28th of the number of ebooks that would have needed to be sold for ROI.
I had no access to statistics on cost per click, number of impressions, or which ad would have performed best. Nothing.
If anything, it wouldn't have mattered too much if I'd sold more ebooks. But the result is absolutely abysmal. This service is to be avoided! The only advantage for me in using this service is that it allows me to warn other authors of the scam.  
The New Guardians on Amazon

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Published on March 19, 2024 06:33

February 5, 2024

SCAN-DA-LEUX !

La rémunération des sportifs de haut niveau de tennis de table est tellement faible qu'elle en est scandaleuse. En particulier, les tournois de la fédération WTT (World Table Tennis) sont sous-dotés. Voici le témoignage de l'ancien numéro 1 français de tennis de table, Simon Gauzy sur X (Twitter) : A l’aube de la fin de l’année, j’ai fait mes comptes sur l’année 2023.Dépenses en WTT: 37000€Prize money: 40000$ Hors Taxes.Si j’enlève les 3 champions c’est 19500$ de Prize money.Conclusion: t’es pas top30, tu dépenses 2/3 fois plus que ce que tu reçois. Bravo wtt. La WTT devrait savoir que tôt ou tard, sa marge sera l'opportunité d'un concurrent. Si un acteur plus éthique, un milliardaire par exemple qui voudrait concurrencer la WTT en rémunérant mieux les pongistes (joueurs de tennis de table) survenait et organisait ses propres compétitions rivales, il y a fort à parier qu'il obtiendrait la participation des joueurs de plus haut niveau sans aucun problème. Pour une fois, ce serait la WTT qui se ferait plumer. Et ce ne serait que justice !


On ne peut que féliciter Simon Gauzy de briser l'omerta.

Il prend un risque personnel, mais il se bat

 pour tous les joueurs de ping.

Comme le révèle cet article de Ouest-France, la WTT se comporte comme une mafia en faisant pression sur les joueurs pour qu'ils ne parlent pas des problèmes de rémunération. C'est l'omerta dans le ping-pong mondial. Or, là où un tournoi du Grand Chelem de tennis est doté à environ 39 millions de dollars (pour tous les joueurs), un tournoi majeur de type Grand Smash en tennis de table n'est doté que de 2 millions de dollars, soit presque 20 fois moins! 

Alors oui, j'espère que la WTT sera concurrencée par un généreux organisateur. Le problème est que le ping profite autant de son héritage qu'il en est la victime. Je m'explique. Le ping-pong s'est beaucoup renforcé au niveau mondial en raison de la volonté de Mao Zedong d'en faire le sport national en Chine. Si la Chine était devenu, non seulement une économie de marché libérale, mais aussi une démocratie, le ping-pong serait à l'heure actuelle l'un des tout premiers sports au niveau mondial au niveau rémunération. Pourquoi? Parce que même s'il a été beaucoup concurrencé est qu'il n'est à l'heure actuelle que le 9ème ou 10ème sport en Chine, il est tout de même pratiqué par 300 millions de Chinois, avec 17 millions de licenciés. Formidable, me direz-vous? 

Pas tant que ça. La Chine étant une dictature, la télévision n'y est pas libre. Et le ping-pong est resté une enclave communiste dans le pays. Ce qui signifie que les présidents de club ne peuvent, à l'instar des présidents de clubs de foot, négocier des droits TV faramineux en fonction de l'audience que rapportent les matches. Et donc, le joueur chinois lui-même est mal payé, et les tournois en Chine sont encore plus sous-dotés que dans le reste du monde. 

Si vous lisez ce blog, vous avez sans doute deviné pourquoi j'écris ce type d'article. Je suis auteur autoédité. Je vis de ma plume, et j'en suis fier. Je suis extrêmement reconnaissant envers le soutien de ma famille, et en particulier de mon épouse Anne-Christine, dans ma carrière d'auteur. J'adore l'esprit de libre entreprise. Je trouve formidable de ne pas devoir dépendre de l'Etat pour mes revenus. Je chéris ma liberté de parole et ma liberté tout court. 

Mais en même temps... Je trouve complètement anormal que notre société n'assume pas le fait qu'elle est largement devenue une société de loisirs. Regardez par exemple le nombre de professionnels du spectacle sur une ville comme Paris. On est à 150 000. Faites les comptes. C'est énorme par rapport au nombre total de professionnels sur Paris.

Moi, je vis de ma plume, mais tout juste, et je sais que le talent de mes pairs est très insuffisamment rémunéré. C'est pareil pour le ping, mais ce n'est pas le seul sport sous-rémunéré. Loin de là. Un revenu universel inconditionnel, que j'appelle de mes vœux, ne me donnerait en rien l'impression d'être contrôlé par l'Etat, à partir du moment où il est justement inconditionnel et universel, c'est à dire appliqué partout dans le monde, sans conditions. Il devrait aussi s'accompagner d'un logement universel inconditionnel. 

Un tel dispositif permettrait à tous les sports et aux arts et spectacles de se développer, de se professionnaliser, de s'améliorer. Il ne nous ferait pas entrer dans l'assistanat, puisque les salariés actuels en profiteraient aussi. Il ne nous ferait pas entrer dans le communisme, puisqu'il s'ajouterait simplement au système actuel sans le remplacer. On continuerait à avoir du capitalisme, mais un capitalisme avec une bien plus grande mobilité des employés et un bien moins grand stress pour les employés, qui pourraient passer sans encombre d'un emploi à un autre. Un capitalisme à visage humain, enfin! Il faudrait juste veiller à rémunérer suffisamment les emplois les plus difficiles, ou bien à les robotiser. 

Voilà pour moi, grosso modo, ce que devrait être l'avenir.



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Published on February 05, 2024 07:55

January 29, 2024

Aucune promo ebook en 2023

A titre d'expérience, j'ai décidé de ne faire aucune promotion sur les ventes d'ebook, c'est à dire aucun rabais, sur toute l'année 2023. Comme mes ebooks figurent tous sur la bibliothèque en ligne Kobo Plus, le but de l'expérience était d'examiner s'il y aurait un report des lecteurs sur cette bibliothèque en ligne. Je souhaitais aussi savoir s'il y aurait un effondrement total de mes ventes d'ebooks, sachant que je ne faisais pas énormément de publicité ni de promo auparavant. Afin que les résultats de l'expérience ne soient pas altérés par le fait de la rendre publique, je n'en parle que maintenant, en 2024, sur ce blog. 

Si vous n'aimez pas les chiffres, cet article n'est sans doute pas pour vous. En tant qu'auteur autoédité, c'est le genre d'expérience qui me permet de savoir où j'en suis de mon business, et de savoir vers où orienter mon énergie. 

Un petit mot sur les bibliothèques de type Kobo Plus ou Kindle Unlimited : réservées aux lecteurs voraces, elles vous permettent de télécharger autant d'ebooks que vous le désirez pour une dizaine d'euros par mois. C'est une énorme économie en perspective si vous lisez beaucoup. Néanmoins si vous vous abonnez sur Kindle Unlimited, il faut savoir que vous ne bénéficierez des ebooks que des auteurs autoédités qui ont choisi l'exclusivité Amazon.  

Pour nous autres auteurs, nous bénéficions de rapports qui nous permettent de savoir si nos ebooks sont réellement lus dans ces bibliothèques. Nos revenus d'auteur tiennent en effet compte de ces lectures.

J'ai choisi de faire figurer mes ebooks sur Kobo Plus et non sur la bibliothèque Kindle Unlimited, pour la bonne et simple raison, comme je l'évoquais, qu'Amazon exige l'exclusivité à partir du moment où l'on fait figurer nos ebooks dans sa bibliothèque en ligne. Contrairement à Kobo, qui ne réclame pas cette exclusivité. 

Voici maintenant une comparaison de mes revenus sur Kobo Plus entre l'année 2022 et l'année 2023:                                                                                                                                     2023                            2024                                                                                   

Janvier

16,95

5,59

Février

1,82

0

Mars

1,39

12,57

Avril

19,39

9,50

Mai

7,04

3,09

Juin

6,13

9,01

Juillet

2,74

1,40

Août

1,38

3,84

Septembre

8,09

14,39

Octobre

8,22

0

Novembre

18,61

25,12

Décembre

30,74

10,50

Total : 122,50 € en 2022, 95,01 € en 2023. Soit une baisse d'unpeu plus de 25% entre les deux années pour les lectures uniquementsur la bibliothèque Kobo Plus. 

Pour les chiffres devente sur les deux années, toutes plates-forme confondues, on est à158 ebooks au total en 2022, pour 90 ebooks en 2023. On voit doncqu'on est loin d'un effondrement total suite à l'absence de promos spécifiques aux ebooks. 

Au sujet du marchéanglo-saxon, j'ai arrêté de faire des promos sur les sites denewsletters US en 2023, tout simplement parce que ces promosn'étaient plus rentables pour moi. 

Si je remonte àplusieurs années en arrière, en 2019, année où je faisaisdavantage de pub, j'étais à un peu moins de 500 ebooks vendus surl'année. Même l'année où j'en ai vendu le plus, 2018 avec 831ebooks, je n'ai pas réussi à atteindre les 1000. 

Cette expériencevaut ce qu'elle vaut, mais elle m'inspire plusieurs réflexions. Toutd'abord, chaque auteur a son expérience propre, ses spécificitéset ses compétences. Ses points forts et ses points faibles. Je ne suis sans doute pas le mieux placé pour parler du marketing sur internet, n'ayant jamais suivi de cours sur le sujet. Il y aeu des moments, malgré tout, où je pouvais me targuer d'arriverà rentabiliser mes promos. Néanmoins, même dans ces périodesoù je surfais sur la vague, mes ventes finissaient inéluctablementpar retomber en l'absence d'autres promos. 

En d'autres termes,la vente d'ebooks à flux tendu serait pour un auteur comme moi uneactivité à temps plein, nécessitant une planification chaque annéedes promos. La question majeure qui se poserait dans ce cas est:est-ce que ça génère vraiment des revenus? Est-ce que ça génèrede vraies lectures suivies de commentaires, ou bien les gens secontentent-ils d'entasser les ebooks achetés en promo sans jamaisles lire? 

Pour moi, en tout cas, les revenus générés par les ventes d'ebooks sont trop modestes par rapport à l'énergie que ça demande. Je déteste, par ailleurs, l'idée de devoir réajuster une stratégie en fonction d'une éventuelle modification par les ingénieurs des algorithmes de vente.

Le gros avantagequ'offrent en comparaison les bibliothèques de lecture est que l'onsait si nos ebooks sont lus ou non. Le deuxième avantage est qu'iln'y a plus besoin de planifier des promos, plus besoin de marketerdes pubs. Plus besoin d'investir toute cette énergie qui au final,en ce qui me concerne en tout cas, se justifie de moins en moins avecles années. Parce que les systèmes tels que le "pay to play"d'Amazon font que des auteurs comme moi qui ne souhaitent pas faireleur spécialité du marketing sur internet vont dépenser toujoursplus en pub pour des revenus toujours en baisse. 

Bref, pour moi, lapub sur internet vaut de moins en moins le coup, ou les coûts sivous préférez. 

J'ai peut-êtreaussi trop de "conscience" pour faire de la pub sur desplates-formes qui offrent plus de visibilité et de rentabilité. J'ai entendu dire quec'était le cas de Tik-tok. Mais, outre le format vidéo qui ne meconvient pas vraiment, l'idée de faire des promos sur uneplate-forme chinoise, avec tout ce que ça peut comporterd'espionnage par un pays, la Chine, qui reste avant tout pour moi unedictature, ne me plaît pas du tout. Je détesterais l'idée de vivrede ma plume grâce à la Chine, compte tenu de ce que représentepour moi le régime de Xi Jinping. 

Ça va peut-être vous paraître ridicule, mais je suis pour la notion d'introduire de la démocratie et de l'éthique dans le business.

Comme le savent ceuxqui me suivent, mon principal atout est que je me débrouille endédicace. Je continuerai à offrir l'ebook correspondant pour chaquelivre papier vendu en dédicace, je continuerai à faire de l'ebooket à en vendre, je continuerai à faire figurer mes ebooks sur laplate-forme Kobo Plus, et d'autres plates-formes de même type, c'est à dire non exclusives. Jetrouve que l'ebook reste un moyen tout à fait légitime de découvrirdes auteurs. 

Mais jusqu'à nouvelordre, et à moins de partenariats ponctuels avec des plates-formes, que je vois bien sûr toujours d'un bon œil, je n'envisage plus defaire beaucoup de promos sur les ebooks.

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Published on January 29, 2024 08:09

January 18, 2024

Extraordinaire

En dédicace à Soisy le 13 janvier, j'y ai rencontré une lectrice qui m'a affirmé avoir lu La Lettre à moi-même de mon alter ego, Emmanuel Guillot. « Touchant » a été son commentaire. J'ai trouvé ce simple retour extraordinaire. Certes, j'avais déjà rencontré cette lectrice auparavant et je lui avais parlé de ce travail autobiographique. Mais là, c'est elle qui m'a abordé et l'a évoqué. La Lettre à moi-même n'existe qu'en version dématérialisée (ebook). Je n'en parle que rarement en dédicace, en raison de son caractère intime et parce que je n'ai pas de support matériel pour la présenter. Pour que j'aborde le sujet, il faut que la personne en face de moi me dise qu'elle préfère les biographies ou autobiographies aux œuvres de fiction. La Lettre ne s'est vendue qu'à 11 exemplaires depuis sa parution en 2020, dont une bonne moitié à mes proches. La lectrice qui m'a fait son retour n'a pas lu mes autres livres, et n'est donc pas une inconditionnelle. C'est pourquoi je trouve ce témoignage si extraordinaire. Quelle était la probabilité statistique pour que cela se produise? Très très proche du zéro pour cent à mon avis. Je considère ce moment de ma vie d'auteur comme un cadeau du destin, le signe qu'une personne s'est intéressée à moi sans même me connaître. Il est fort probable que ce soit la seule et unique fois que l'on me parle de cette Lettre en dédicace de toute ma carrière, c'est donc un moment que j'identifie comme fort. 



Lettre à moi-même, l'article sur ce blog

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Published on January 18, 2024 02:29