Alan Spade's Blog, page 12

April 27, 2021

Le tort tue

On a beau avoir une carapace, le tort tue. Cela pourrait paraître contre-intuitif, mais la victime d'une agression a elle aussi un devoir. Un devoir envers elle-même. Dans la nature, rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme. Si, par un acte symbolique, la victime ne redirige pas la culpabilité sur son agresseur, cette culpabilité de l'agression ne va pas se perdre, mais se retourner contre elle-même. Ainsi la nature punit-elle une seconde fois la victime d'une agression. La victime doit donc redresser le tort qui lui a été causé.

Comment redresser le tort? La vengeance personnelle en se battant physiquement contre l'agresseur n'est permise par la loi que dans le cadre strict de la légitime défense. Il y a aussi bien sûr une question de proportionnalité de la riposte, qui explique que certaines femmes battues qui ont tué leur mari ont malgré tout été condamnées par la justice. 

On peut aussi redresser le tort en dénonçant publiquement son agresseur, et notamment sur les réseaux sociaux. Le mouvement #metoo a démontré l'efficacité d'une telle pratique, et contribue grandement, en ce moment même, à changer les choses dans la société. Y compris dans les secteurs les plus reculés et médiévaux de la société, comme le milieu des éditeurs et des auteurs. Cette manière de répliquer entraînera logiquement la démarche suivante. 

Le moyen le plus classique et recommandé reste de porter plainte contre son agresseur. Là encore, pour les femmes, la manière dont leur plainte sera reçue dans les commissariats commence à évoluer en positif, et ce grâce au mouvement #metoo. Il peut arriver que consécutivement à la plainte, des journaux ou organes de presse relaient l'affaire, qui trouvera ensuite un écho dans les réseaux sociaux. 

Bien sûr, toute personne est présumée innocente tant qu'elle n'a pas été reconnue coupable, donc il faudra des éléments solides pour une dénonciation publique ou pour une poursuite judiciaire. 

Le pouvoir des réseaux sociaux est tel qu'il ne peut que contenir en germe des éléments d'injustice pour des personnes dont la réputation serait injustement ternie via une campagne de dénigrement habilement orchestrée. C'est pourquoi il est si important de pouvoir combattre l'anonymat sur les réseaux sociaux.

Il faut aussi se méfier comme de la peste des phénomènes de lynchage médiatique ou sur les réseaux.

Oui, il est fondamental pour la personne agressée de régler ses comptes. Mais s'il n'y avait pas de compte à régler, s'il n'y avait pas d'agression en réalité, si tout n'était que complot de sa part, il est tout à fait normal que la personne injustement accusée, soutenue par la justice, demande à son tour des comptes à cet accusateur. 

Ceci posé, la justice ne peut que considérer avec bienveillance une plainte qui émane d'une personne qui prend de gros risques en dénonçant son agresseur car celui-ci est dans une position de pouvoir: risques sur sa carrière et sur sa vie personnelle. En plus d'être considérées comme de simples citoyens, les victimes dans ce type de situation devraient aussi être considérées par la justice comme de potentielles lanceuses d'alerte. Si les faits sont suffisamment étayés, les chefs d'entreprises et hommes politiques puissants ne doivent bien sûr jamais être épargnés par la justice. 

C'est en tout cas mon avis.

Autres articles sur le même sujet : 

- Carriérisme

- Stéphane Marsan, de Bragelonne, mis en cause dans une affaire de harcèlement sexuel


 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on April 27, 2021 08:19

April 26, 2021

Stéphane Marsan, de Bragelonne, mis en cause dans une affaire de harcèlement sexuel

Les sites Médiapart, ActuaLitté, Actu SF, Livres Hebdo et Elbakin ont tous répercuté l'info: Stéphane Marsan, le patron de Bragelonne a été mis en cause dans une affaire de harcèlement sexuel. Médiapart a recueilli le témoignage et les documents d'une vingtaine de femmes, autrices, éditrices, étudiantes ou stagiaires, la plupart du temps sous le couvert de l'anonymat. Stéphane Marsan a réagi avec un droit de réponse sur Médiapart, mais aussi en homme de pouvoir, en menaçant ceux ou celles qui voudraient le dénoncer d'un possible procès en diffamation. 

Aux dernières nouvelles, le Syndicat des Ecrivains de langue française vient (le lundi 26 avril 2021) de réagir de la sorte:


Le 21 avril dernier, Mediapart a publié un article au sujet de Stéphane Marsan, éditeur chez Bragelonne. Une longue enquête, au cours de laquelle les journalistes ont rassemblé de nombreux documents et témoignages, a montré que monsieur Marsan serait coutumier d’actes s’apparentant à du harcèlement sexuel et/ou moral, le plus souvent sur des jeunes femmes.


Ce n’est pas une surprise. Des adhérentes du SELF avaient déjà évoqué en privé des faits similaires qu’elles avaient subis de sa part, et nous les avions alors assurées de notre soutien.


Nous répétons aujourd’hui cette affirmation publiquement : le SELF soutient toutes les personnes qui ont eu le courage de témoigner, mais aussi celles qui n’osent pas le faire.


SELF


L'article d'où tout est parti, de France Info, librement accessible.

L'article original de Médiapart du 21 avril, réservé aux abonnés. 

L'article sur AcutaLitté, avec les dernières mises à jour.

Le droit de réponse de Stéphane Marsan sur ActuaLitté, librement accessible.

L'article sur Actu SF. 

L'article sur Livres Hebdo. 

L'article sur Elbakin. 

Mon article Carriérisme, où j'évoquais ce mois-ci, le 13 avril précisément, le cas d'une romancière française victime de harcèlement. Je peux maintenant vous dire que la maison en question était bien Bragelonne, et le personnage Stéphane Marsan. En revanche, je ne révélerai le nom de la romancière que si elle m'y autorise. Bien qu'étant auteur autoédité et non traditionnellement publié, je m'associe donc au communiqué du SELF.

En toute transparence, étant moi-même auteur de Fantasy, je ne suis bien sûr pas impartial. Et d'autant moins que Bragelonne est un éditeur qui a refusé l'un de mes manuscrits au bout de 6 mois de demande, alors même que j'avais été en contact direct avec Marsan (nous nous sommes rencontrés plusieurs fois), à une époque où mon épouse était enceinte. 

J'ai sur les derniers mois de ma relation avec Bragelonne été traité avec un irrespect total. Il va sans dire que je n'ai jamais plus acheté un roman des éditions Bragelonne après cela. C'est bien sûr un choix personnel.

 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on April 26, 2021 06:47

April 21, 2021

Tesla, Space X et les enjeux de communication

Tesla, Space X et les enjeux de communication. Un sujet d'autant plus intéressant pour un ancien journaliste devenu auteur autoédité, que ce dernier va utiliser le même canal de communication pour ses romans que Tesla ou Space X: Internet. Il faut en effet savoir que ni Tesla ni Space X ne dépensent un centime sur la publicité dans les médias écrits ou audiovisuels. 


Plus particulièrement dans le cas de Tesla, vous avez peut-être remarqué récemment que les journalistes, après avoir rendu compte des cas d'accidents graves dont les conducteurs se sortaient indemnes ou quasiment indemnes, ne semblent pas non plus manquer une occasion de nommer la marque dès lors que l'on parle d'un accident mortel à bord d'une Tesla. 

Les deux exemples les plus récents, en Loire-Atlantique et au Texas. Vous noterez que ces deux articles proviennent de journaux mainstream, le premier de Ouest-France relayé par MSN, le second du journal Le Monde.

La vraie question est essentiellement statistique: combien de fois la marque Tesla est-elle citée dans un article sur un accident grave, rapportée au nombre de Tesla circulant sur les routes et au nombre total d'accidents graves de Tesla? En comparaison par exemple, combien de fois la marque Renault est-elle citée dans un article sur un accident grave, rapportée au nombre de Renault circulant sur les routes et au nombre total d'accidents graves de Renault? Je suis sûr que l'on obtiendrait une statistique de type: si vous conduisez une Tesla et que vous êtes victime d'un accident grave, il y a 85% de chance que la presse locale ou nationale en parle, contre 50% de chance si vous conduisez une Renault. Bien sûr, ces chiffres sont fantaisistes et demanderaient à être confirmés par une étude en bonne et due forme.   Je ne garantis pas la fiabilité absolue des données ci-dessus (cliquer pour agrandir), mais il est intéressant de voir que d'autres se sont déjà penchés sur la question
 
 C'est une vraie question d'équité journalistique par rapport aux marques.  Et bien sûr, le fait que Tesla ne verse pas un centime d'argent publicitaire aux organes de presse ne peut manquer de jouer. Le fait que Tesla, dans sa com, mette en avant la sécurité de ses véhicules joue aussi. La propagation virale de vidéos d'utilisateurs ventant la sécurité de la marque, mettant en scène des Tesla victimes d'accidents graves avec le conducteur qui s'en sort indemne joue dans l'imaginaire des journalistes.  De même, la communication d'Elon Musk sur les bienfaits de l'autopilot et de la conduite autonome (Full Self Driving) peut aussi être ressentie comme mensongère. Elon Musk est un disrupteur, et il dérange d'autant plus qu'il est beaucoup moins généreux de ses deniers envers la presse que de nombreux autres industriels.  
 C'est ce qu'on pourrait appeler l'effet de retour de balancier de type: "il faut rétablir la vérité".
 Sauf que la réalité anecdotique d'un fait divers n'a bien sûr rien à voir avec la réalité statistique du terrain. C'est celle-ci qu'il faut connaître.  Bien évidemment, il faut aussi se méfier de certains effets d'annonce, et ne pas se laisser aveugler par certaines stats brut de décoffrage. Quand Musk annonce que l'autopilot permet de n'avoir aucun accident sur un certain nombre de millions de kilomètres, il s'agit de l'autopilot sous supervision humaine, avec au moins une main sur le volant. Et encore, il n'est le plus souvent déclenché que sur autoroute, soit aux endroits les plus sûrs. Ce qui, bien sûr, biaise aussi les statistiques en sa faveur. Seules les statistiques du Full Self Driving (FSD) sans mains sur le volant, en totale autonomie, devraient véritablement être prises en compte. Et je n'ai aucun doute sur le fait que les qualités du FSD seront prochainement reconnues à leur juste valeur.
 Concernant Space X, on a un exemple qui se rapproche très fort du cas d'un auteur autoédité: le plus grand scandale médiatique des dernières années, comme je le disais en 2016, c'est le fait que les médias aient délibérément ignoré Space X et la révolution qu'il a amené dans l'industrie du spatial, et ce pendant de nombreuses années.  On parle un peu plus de Space X maintenant, mais vous pouvez être sûr que si ses fusées devaient exploser plutôt que de réatterrir sur des barges, ça ferait les gros titres. Space X ne fait pas non plus de publicité.
 C'est la même chose pour les auteurs autoédités indépendants. Les médias, en France en tout cas, n'en parlent pas. On parle beaucoup des chiffres de vente d'une JK Rowling, l'autrice des Harry Potter, mais saviez-vous que la romancière H.M Ward a vendu plus de vingt millions d'ebooks de manière totalement indépendante ?  Ce n'est pas autant que Rowling, certes, mais ça aurait quand même mérité un petit article de presse en France, non? N'oubliez jamais, quand vous pensez "information", de penser à ce qui est occulté. Des industries entières peuvent l'être, et deviennent des "shadow industries".

A cet égard, le seul véritable média fiable, c'est Internet... même si c'est aussi le plus vaste propagateur d'idées fausses et de théories du complot, par la force des choses.


 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on April 21, 2021 07:35

April 13, 2021

Carriérisme

Le carriérisme existe sous différentes formes dans le monde du travail. Mais qu'en est-il chez les auteurs ?  S'il existe, comment se manifeste-t-il ?

La peur du chômage aidant, le milieu du travail, en France notamment, se caractérise par son manque de mobilité. La plupart des gens ne cherchent à changer de boîte que contraints et forcés, ou bien si de réelles opportunités se présentent. La mobilité professionnelle va donc le plus souvent se faire en interne, avec des promotions basées sur le nombre d'années d'expérience. Mais les choses peuvent être différentes suivant le type d'entreprises et ce que l'employeur cherche à privilégier chez ses salariés.

Il y a différents profils de carriéristes:

- le sociopathe professionnel. Celui-ci, vous pouvez le retrouver à la tête d'une entreprise. Il ou elle est un professionnel du rapport de force, de l'intimidation et de l'intrigue. Narcissique, son but est de se valoriser avant tout et de faire croire aux autres qu'il ou elle est indispensable à l'entreprise. Son empathie et sa reconnaissance du travail accompli par ses collaborateurs est proche du zéro absolu, puisque tout se rapporte à lui. Si la personne est à la tête de l'entreprise, elle ne va nommer comme cadres que les personnes dont elle veut s'assurer du dévouement le plus total. Elle va se créer sa propre cour. Tenter de monter les uns contre les autres, par les jeux d'alliance. Les cadres ou employés jugés défavorables seront condamnés à la mort lente, placardisés, ou bien directement dégommés et accusés d'incompétence, démoralisés. Si jamais il doit rendre des comptes, la compétence et l'abnégation du sociopathe seront parfois mises en scène au travers de l'affichage de nombreuses heures de travail, en réalité improductives. C'est un maître de la mentalité "cover your ass". Souvent dangereux pour l'entreprise en raison de leur incompétence, les chefs d'entreprise arrivés à ce niveau ne peuvent se maintenir à flot qu'en raison d'employés ou cadres proches qui vont prendre sur eux la charge de travail et faire preuve d'initiatives heureuses. Le sociopathe n'aura aucun scrupule à les conduire jusqu'au burnout, sauf s'il sent que son propre poste est menacé en raison des réactions de ces personnes. S'il n'est pas à la tête de l'entreprise, le sociopathe tentera d'y parvenir par le jeu du dénigrement et de l'intrigue, via les jeux d'alliance

- le carriériste opportuniste. C'est le carriériste classique, qui tirera parti des opportunités d'avancement et saura manœuvrer pour obtenir une promotion ou un poste, en ayant aussi une bonne connaissance des réseaux de pouvoir. Contrairement au sociopathe, sa compétence n'est pas à remettre en cause, mais il a besoin d'autres armes que la simple compétence pour avancer plus rapidement en carrière

- l'anticarriériste, ou carriériste passif. L'espèce la plus répandue des trois. C'est l'employé prêt à toutes les concessions ou presque pour conserver son poste. Contrairement à la définition classique du carriériste, il ne veut pas forcément avancer dans la hiérarchie ou prendre des responsabilités: il veut juste garder son poste, préserver sa carrière à tout prix. Quand des collègues seront victimes d'injustice, il ne prendra parti pour eux que du bout des lèvres, et à la condition que les responsables hiérarchiques ne soient pas présents. De même, il ne se mettra jamais en grève. Il sera même prêt à se retourner contre les rebelles, quitte à les poignarder dans le dos, s'il estime cela indispensable à sa survie dans la boîte. Même si l'entreprise devait être mise en péril à cause d'un responsable incompétent, il trouverait des raisons pour le défendre jusqu'au bout, quelles que soient les conséquences, car il aurait ainsi le sentiment de préserver son poste. Le courage est un mot inconnu dans son vocabulaire

Le chef d'entreprise incompétent va bien sûr jouer sur les différents profils de carriéristes afin de se maintenir en place. L'égoïsme, le chacun pour soi et l'absence de sens du sacrifice ou de courage dans une entreprise sont pour lui le moyen de ne jamais avoir à assumer les conséquences de son incompétence. Jusqu'au dépôt de bilan, lequel ne figurera jamais sur son CV, vous pouvez en être sûr.

Dans le milieu de l'autoédition, le carriériste va repérer les lieux de pouvoir et chercher à se faire bien voir. Il s'agira de réseauter aux bons endroits, c'est à dire par exemple d'entretenir de bonnes relations avec les plates-formes de vente ou avec les blogueurs les plus influents. Le travail étant plutôt solitaire, et la compétence d'écriture s'avérant décisive pour les ventes, il est tout de même difficile de trouver des auteurs autoédités qui réussissent dans ce milieu et qui sont totalement incompétents -- à moins de parler des arnaques sur les sites de vente qui consistent à propulser des livres en tête des algorithmes en payant des gens pour les acheter par exemple, mais là on ne parle plus vraiment d'auteur autoédité, cela peut être n'importe qui. 

Dans le milieu de l'édition traditionnelle, j'ai connu une romancière qui m'a révélé sous le sceau de la confidence avoir été violentée par un éditeur très largement distribué en librairie. Malgré #metoo, malgré les mouvements féministes, et bien que ne travaillant pas pour cet éditeur, elle ne l'a jamais dénoncé publiquement. Le sociopathe dont elle a été victime se sert sans doute de cette forme de complicité involontaire de sa victime pour continuer. Et il est vrai que les choses sont compliquées, parce que personne n'a envie de se coller l'étiquette de "victime" sur le front.

Mais peut-être cette étiquette est-elle d'autant plus visible, en réalité, qu'elle est cachée? Peut-être cette volonté de montrer une apparente soumission à l'autorité, parfois parce que l'ego prend le dessus, et que l'on pense qu'on n'a pas d'autre choix pour faire carrière que de cacher ses blessures profondes, peut-être cette volonté est-elle ce qu'il y a de plus destructeur sur le plan personnel?

Il faut bien sûr se garder de juger ses pairs, mais j'assimile au minimum à du carriérisme passif le fait de ne jamais vouloir brûler de ponts, de garder ouvertes toutes ses options à tout prix. La violence exercée à votre encontre dans les milieux artistiques comme ailleurs peut bien sûr avoir des conséquences sur vous-même et votre vie familiale. Le fait de ne jamais dénoncer les gens de pouvoir fait bien évidemment que l'on reste dans le statu quo, et que les choses se perpétuent. 

#Metoo nous a appris que d'autres voies étaient possibles, à condition d'avoir l'âme un peu combattante. 

Et vous? Quel carriériste êtes-vous? Vous reconnaissez-vous dans l'un de ses profils, ou l'un de vos collègues? 

 

 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on April 13, 2021 10:37

March 22, 2021

Communautarisme

Les personnes de couleur peuvent-elles se sentir plus libres de parler entre elles, sans personnes blanches dans la pièce, de la même manière que des alcooliques seront plus libres de parler entre eux, sans non-alcooliques?

Il y a quelques années, j'aurais opposé un "non" de principe à ce que l'on pourrait appeler communautarisme, mais la question est plus complexe que ça.
Elle revient à se demander si les mouvements anti-ségrégation aux Etats-Unis ont réussi ou non à obtenir quelque chose pour les Noirs, précisément en se réunissant entre eux.
Et la réponse, il faut bien le constater, sera souvent affirmative. Oui, les personnes de couleur ont obtenu plus de choses en se réunissant entre elles et en agissant comme groupes de pression, y compris au niveau des votes. Regardez l'évolution historique des lois dans les Etats du Sud des Etats-Unis.

Regardez aussi le gouvernement Biden de 2021: les minorités ethniques y sont bien mieux représentées qu'en France. Et cela va forcément faire bouger les lignes là-bas.
En France, nous prêchons l'Etat jacobin et l'intégration. Mais on peut se demander à quel point cette intégration n'a pas gommé certains particularismes régionaux? Peut-être certains patois auraient-ils été mieux conservés si on avait eu plus de députés ou de ministres avec des sensibilités régionales? Peut-être aurait-on pu mieux maintenir notre héritage culturel, non pas global, mais fait de mille particularismes?
J'ai appris à être beaucoup moins affirmatif qu'auparavant avec tout ce qui est communautariste, parce que je me suis rendu compte d'une chose simple: ce n'est pas parce qu'on abolit le communautarisme qu'on abolit le racisme.  Bien sûr, on peut parler du prosélytisme de l'islam, par exemple. Mais en avoir peur ne revient-il pas à ne plus croire en la force et la pertinence du modèle laïc? Se dire que d'un seul coup, une majorité de Français vont se retrouver convertis à l'islam ne relève-t-il pas d'une peur fondamentale, irrationnelle, proche du racisme? Sans doute suscitée par le racisme, puisque, dans l'esprit des gens, religion et couleur de peau sont souvent des notions très voisines.
 Et le racisme n'est que dans une faible mesure la conséquence du communautarisme. Les causes sont bien plus profondes.
 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on March 22, 2021 08:50

March 14, 2021

Un an de Tesla, ça donne quoi ?

Il y a un an presque jour pour jour, ma femme et moi faisions l'acquisition et prenions livraison d'une Tesla Model 3 SR+. Nous ne sommes pas de gros rouleurs (un peu plus de 7500 km) et la pandémie n'a certainement pas aidé, mais cet article pourrait répondre à certaines de vos questions, notamment sur la consommation hivernale, pour une voiture qui "couche dehors". 

 J'avais attendu la fin août l'an dernier pour écrire un premier article sur cette Tesla Model 3 SR+ que nous avions acquise neuve et sans options, à "prix plancher" (43 600 € tout de même après déduction de la prime de 6000 € à l'époque). 
Depuis, la voiture s'est améliorée, et son prix a baissé, passant, avec la prime de 7000 € (jusqu'en juin), à 36800 €! Le modèle 2021 a reçu, sans option et de série, une pompe à chaleur, une autonomie plus importante (amélioration constatée par d'autres utilisateurs que moi de 30 km d'autonomie en hiver), le double vitrage à l'avant (vitres en verre laminé), une nouvelle console, le "chrome delete", le coffre arrière électrique, de nouveaux phares, des molettes en aluminium, un port usb dans la boîte à gants (laquelle est sécurisable) pour la clé usb "sentinelle", de nouvelles jantes et enjoliveurs. Avec, en contrepartie, une petite baisse de puissance (d'ailleurs notée sur la carte grise), mais qui n'est pas très notable par rapport à ma version. 
La finition s'est largement améliorée par rapport aux modèles de 2019 et avant. Bref, comme le disait un professionnel de la vente de voitures (autre marque que Tesla) sur le groupe Facebook Tesla Owners Club France - Model 3 , cette voiture représente le meilleur rapport qualité/prix sur le marché, et de loin, y compris par rapport aux véhicules thermiques. Bien sûr, il faut avoir un peu de moyens, ou les mettre de côté... 
Mais revenons à mon expérience, d'autant plus intéressante que j'ai connu des déboires avec ma TM3 (Tesla Model 3), comme je le signalais dans cet article . Ce n'est d'ailleurs pas seulement en raison de mon côté "chat noir". Il y a une raison logique à la défaillance de la batterie 12V, qui avait entraîné le remorquage du véhicule jusqu'au Centre de service de Chambourcy pour changement de batterie. 
Nous avons une borne Tesla à l'extérieur, qui émet une lumière verte quand elle est branchée. Par souci d'économie, nous avions décidé de désactiver cette borne via le disjoncteur la plupart du temps, et de ne brancher la voiture qu'une fois toutes les deux semaines, ou un peu plus souvent quand on roulait beaucoup. Mais comme je le disais, nous sommes des petits rouleurs. 
Quand l'hiver est venu, nous avons constaté des variations importantes dans la perte d'énergie de la voiture. Cela pouvait varier entre 30 et 15 km, entre 8 et 4% perdus pendant la nuit. Du simple au double d'une journée sur l'autre, sans explication. Ces pertes ne sont pas forcément définitives, puisque la voiture peut récupérer une partie de sa charge lorsque les batteries se réchauffent, mais cela reste une récupération à la marge. 
 Après une mise à jour début janvier, le système s'est remis à zéro en nous faisant perdre tous nos favoris de navigation et de stations de radio, certaines sauvegardes de jeux, toutes les options que nous avions choisies (bon, surtout moi, en fait). Il y a eu des bugs de vitres arrières entrouvertes toute seules, une réinitialisation de la carte de navigation sur Palo Alto (siège de Tesla en Californie), des bugs de climatisation s'enclenchant par temps froid (mais sans faire vraiment baisser la température de la voiture), et le mode sentinelle devenu inopérant, même en changeant la clé usb.  D'après le centre de service de Chambourcy, seule une mise à jour pouvait régler le problème, et ils ont refait une mise à jour que j'avais déjà, ce qui n'a pas tout réglé.  C'est à cette période que nous avons décidé de faire fi des économies de bout de chandelle et de brancher la voiture dès que possible. En effet, pour tous les véhicules électriques, le point faible est la batterie 12 V. Pour protéger celle-ci, particulièrement si la voiture couche dehors, il faut brancher systématiquement cette dernière.  Le slogan de l'utilisateur de Tesla pourrait être: tu me branches? Je te branche!
 Le manuel est d'ailleurs très clair. En le relisant, je me suis aperçu qu'il mentionnait cette fameuse batterie 12 V pas moins de 5 fois à la page 175! C'est évidemment une manière d'attirer l'attention de l'utilisateur sur la protection de cette batterie, qui est sans doute le point le plus important quand on possède un véhicule électrique.    Depuis cette décision, la voiture est devenue beaucoup plus stable, avec moins de bugs, grâce aussi à une mise à jour corrective, qui a fini par arriver. La perte peut être de 1%, 4% ou 0% par jour selon le froid qu'il fait. En vérifiant la consommation d'électricité du foyer sur mon application EDF et moi, je n'ai pas constaté de vraie différence avec la conso d'avant, quand je ne branchais pas tous les jours.

Nous ne sommes pas partis en vacances à la montagne cet hiver, mais certains trajets nous ont persuadé que l'autonomie était moins bonne par temps froid, pluvieux et venteux. On peut ainsi perdre jusqu'à 30% d'autonomie en hiver, ce qui est sans doute le point le plus défavorable par rapport aux véhicules électriques. Néanmoins, si nous avions dû partir, cela aurait été tout à fait faisable, puisque l'autonomie de 350 km moins les 30% aurait été limitée à 245 km (moins sur autoroute). Il aurait fallu recharger plus souvent, bien sûr, mais cela reste faisable dans la mesure où on ne part pas tous les jours en vacances à la montagne, et où la recharge en superchargeur reste rapide.  Au sujet des superchargeurs, je déplore personnellement la décision de Tesla d'augmenter les prix à 30 centimes du kilowatt, ce qui met une charge complète au même prix qu'un plein d'essence. Certains rétorqueront qu'étant donné la puissance de la TM3, je paierais beaucoup plus avec une thermique en puissance équivalente, et ils auront raison. Néanmoins, je considère que ce modèle ne se destine pas qu'aux amateurs de sportives, mais bien à des utilisateurs de la classe moyenne qui mettront un peu plus d'argent que sur une thermique dans l'optique de la garder longtemps et d'économiser sur l'énergie et sur l'entretien.  Je pense donc que Tesla aurait dû continuer à jouer le jeu de l'attractivité sur le prix de la recharge rapide, même si cette division de Tesla perd quant à elle de l'argent. Les marges par ailleurs devraient plus que compenser. 

Le plaisir de conduite est en tout cas intact, prendre le volant reste pour moi une joie, un moment de détente très bienvenu par les temps qui courent. Malgré tous les bugs, à présent résolus, j'ai eu 0 € de frais d'entretien mécanique, et ma note d'électricité n'a pas tant bougé que ça par rapport à une année sans voiture électrique. Elle aurait sans doute augmenté nettement plus si j'avais roulé davantage, mais il faut savoir qu'une voiture électrique comme cette Tesla consomme l'équivalent de 2 litres aux 100, on est donc sur de vraies économies.  L'assurance n'est pas non plus hors de prix, à niveau d'assurance équivalent, je dois payer une soixantaine d'euros de plus par an qu'avec l'ancienne.  Il est évident qu'en comparaison d'un véhicule thermique, les trajets longs prendront plus de temps avec une TM3 SR+, en particulier l'hiver. Pour 800 km, on peut à mon avis compter facilement 3 ou 4 heures de plus. Mais on est dans une voiture très relaxante, confortable, silencieuse, qui correspond à ma vision personnelle du luxe (je n'ai jamais roulé en Audi ou Mercedes), avec un son remarquable (qui devient carrément excellent sur les Grande Autonomie ou Long Range, me suis-je laissé dire), un côté joueur dans la conduite et geek qui me va droit au cœur. Elle est tellement relaxante qu'on peut y passer plus de temps et en sortir plus reposé que sur la plupart des thermiques.
 Je fais donc partie des 96% d'utilisateurs de Tesla Model 3 qui en sont très satisfaits, et je continue à la recommander autour de moi. J'espère bien sûr que les progrès sur l'autonomie et le prix des batteries vont la rendre accessible à un nombre croissant d'utilisateurs dans les prochaines années. Il faudra déjà regarder avec attention les chiffres de vente pour la France en 2021. A mon avis ça devrait être en net progrès. PS: aucun problème non plus sur la borne de recharge Tesla, pourtant exposée aux intempéries. 
 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on March 14, 2021 10:39

March 11, 2021

Mon nouveau site d'auteur

S'adapter pour survivre, c'est ce que nous devons tous faire de temps à autre. L'adage s'applique aussi aux sites internet. Mon ancien site, http://emlguillot.free.fr/ est désormais obsolète. Il n'est plus accessible, car il utilise une technologie à base de Flash. Il était donc temps pour moi d'y remédier.

Le nouveau site est très facile à retrouver : www.alanspade.com. Il a conservé le titre, sur Internet, de mon ancien site exclusivement anglais, Alan Spade Words and Worlds accompagné d’une description en anglais, mais il s’agit bien de mon site actuel qui vous accueillera en français.

J’ai voulu qu’il rassemble l’essentiel du précédent. Les outils modernes permettent d’offrir quelque chose de léché sans pour autant avoir besoin d’investir des sommes faramineuses.

 


Si je devais définir le nouveau site, je dirais que c’est un mélange entre ce blog d’auteur et mon ancien site, avec notamment la partie « dernière minute » où j’indique ma prochaine séance de dédicace, avec aussi un lien vers l’intégralité des séances pour l’année en cours. Il y a une partie anglaise non négligeable, d’où la taille des drapeaux américains et britanniques. Mais la partie française vient en premier.


 

Je voulais également une présentation (biographie) aussi aboutie que celle de mon site précédent. Elle apparaît dans la colonne de droite.

Je donne comme d’habitude accès au dernier article de mon blog, et j’enchaîne sur l’inscription à la newsletter. Très important aussi pour moi, la partie « offres spéciales » pour les livres papier (ventes groupées).

Comme je ne vend pas directement mes ebooks et livres papier individuellement, la partie suivante se nomme « Retrouver mes livres et ebooks » et pointe vers différents sites de vente. Je n’ai pas inclu la Fnac volontairement, car la Fnac est en défaut de paiement sur mes livres papier depuis environ un an, et je ne leur conserve ma confiance que pour les ebooks. Mais comme Kobo vend aussi mes ebooks, c’est cette dernière boutique que j’ai privilégiée.

Enfin, je donne la possibilité de lire en ligne, de télécharger et d’imprimer des nouvelles ainsi que les cinq premiers chapitres des Nouveaux Gardiens en version bilingue. On retrouvera notamment Une brève histoire d’Ardalia, qui contient les cinq premiers chapitres du Souffle d’Aoles, premier tome de la trilogie Ardalia. J’ai voulu donner envie au visiteur de télécharger mes offres gratuites, et j’espère que ça marchera !



Le site tel qu’il est m’a demandé pas mal de travail, et la chose importante qui manque encore est la revue de presse qui figurait sur le précédent. A ce sujet, j’aurais aimé votre avis : est-ce que vous lisez les articles de presse ou de blog pour vous déterminer à lire un livre ? Ou bien préférez-vous feuilleter les pages, ou lire le début, ou encore lire la quatrième de couverture (verso du livre) ? Merci de me répondre en commentaire.

Mon prochain projet, un roman de Science-Fiction axé, paradoxalement, sur la mémoire, en est à son quinzième chapitre, et j’espère pouvoir le sortir cette année.

 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on March 11, 2021 10:16

February 24, 2021

Amertume, reconnaissance et gratitude

Il y a parfois un fond de vérité dans les clichés, et celui du Français râleur qui ne voit que le verre à moitié vide s'oppose, dans mon esprit, à celui de l'Américain qui consacre une journée, Thanksgiving, à remercier l'univers pour ce qu'il a. Je trouve ces temps de pandémie propices à l'introspection, et je me rends compte que je suis partagé entre ces deux tendances. Je réalise aussi que des facteurs non négligeables dans mon adolescence et dans mes choix professionnels m'ont fait prendre un chemin dont la pente naturelle est celle de l'amertume. 

Si nous étions des êtres rationnels, la gratitude devrait largement l'emporter sur l'envie de se plaindre au sujet du covid-19. En effet, le fait d'arriver à développer, autoriser et produire en un an au moins deux vaccins efficaces à plus de 90% contre le coronavirus, là où cela prend dix ans d'habitude, devrait nous conduire à éprouver de la gratitude tous les jours pendant au moins les dix prochaines années. Et pourtant, je reconnais que j'ai été le premier à dénoncer les lenteurs de l'Europe à produire et distribuer ces fameux vaccins. 

J'avais l'impression qu'en temps de guerre, il était plus facile de produire des armes que des vaccins en temps de paix. Et c'est vrai que le fait de voir le nombre de décès s'accumuler, quand on a l'impression que c'est évitable, est difficile à supporter. 

Notons toutefois que même les Américains, Joe Biden en tête, n'ont pas toujours été parfaitement satisfaits de la cadence de production des vaccins. 

Faut-il, alors, adopter la fameuse "pensée positive" ou bien conserver tout notre esprit critique? Le fait d'être capable de voir ce qui ne va pas autour de nous peut permettre de dénoncer les choses pour ensuite aboutir à quelque chose de constructif. 

En revanche, si l'aspect constructif n'est pas au rendez-vous, si on se laisse en quelque sorte déborder par le négatif comme l'intendant du Gondor qui, dans le Seigneur des Anneaux de Tolkien, n'était soumis par Sauron qu'à des images de défaite, alors, il est possible que dans sa vie, on devienne un "loser" au sens propre du terme. 

C'est à dire qu'à force de s'attarder sur les pertes autour de nous, ou bien sur les pertes dans notre vie, on ne tiendra plus compte des gains, et on deviendra donc un perdant et non un gagnant, dans ce sens où ces pertes vont miner notre moral et nous empêcher d'agir de manière constructive. 

J'avais déjà écrit un article de blog sur le sujet, intitulé Une promesse que je me suis faite. Et récemment, je me suis interrogé. En écrivant La Lettre à moi-même, n'ai-je pas dérogé à cette promesse de ne jamais sombrer dans l'amertume? La lettre s'attarde en effet sur des épisodes traumatiques de mon adolescence, puis de ma vie d'adulte. L'un de mes relecteurs principaux m'avait d'ailleurs formellement déconseillé de la publier sous peine de détruire ma relation avec ma mère et mon frère. 

Et pourtant, j'estime que cette lettre, aussi courte soit-elle, m'a à elle seule permis de faire plus de chemin que je n'en avais accompli pendant de nombreuses années. C'est le danger, je crois, de la pensée positive: vouloir se concentrer tellement sur le positif que l'on va oblitérer tout le négatif dans sa vie, au risque de ne pas régler certains problèmes, et de se retrouver emporté par une lame de fond surgie du passé au moment où on s'y attend le moins. 

Cette lettre m'a procuré une sorte de recul, de vue d'ensemble sur ma vie qui me faisait défaut. C'est ce qui me fait dire à quel point certaines choses dans mon passé, mais aussi certains de mes choix professionnels, me conditionnent en quelque sorte à l'amertume, si je n'y prends garde. Le journalisme, par exemple. J'ai gardé la fibre de ce métier que j'ai pratiqué entre 1996 et 2004. C'est une profession où il est presque obligatoire de voir le verre à moitié vide, le train qui n'arrive pas à l'heure... ou les bugs ou défauts dans un jeu vidéo. 

Le métier d'auteur à temps plein, c'est encore un cran au-dessus dans le risque de sombrer dans l'amertume. L'investissement personnel est tel, et les retombées financières si légères que l'enrichissement est avant tout personnel. Et certainement, cet état de fait m'aurait fait basculer vers le côté amer de la Force, si je n'avais choisi l'autoédition, qui quant à elle, permet de se contenter de petites victoires, et de ne mesurer son succès qu'avec une aune faite maison, et non celle d'autrui. C'est fondamental au niveau du mental, comme dirait l'autre.

Dernièrement, une prof qui réalise une thèse sur l'édition et l'autoédition me demandait si je souhaitais continuer à autopublier mes propres ouvrages, ou au contraire si je cherchais à être publié par un éditeur traditionnel. A quoi j'ai répondu: Plus que jamais, je continue l'autopublication. Toujours pour les mêmes raisons d'indépendance, et parce que l'autoédition vient de me prouver que même dans des circonstances dégradées, elle me permettait de survivre.

Mais il est vrai que mon passé et les connaissances acquises peu à peu me font approcher le secteur artistique de manière ultra précautionneuse, comme si je souhaitais n'y tremper qu'un orteil. C'est ainsi que dans ce blog, j'ai écrit pas mal d'articles de mise en garde sur ce secteur, et d'indices sur la manière de se protéger: 

- Un rêve, cela peut coûter cher 

- Un rêve, cela peut coûter cher: démonstration

- Succès, gloire... et amour ? 

- Entre hauts sommets et abysses

- Mortelle célébrité  (article central sur le sujet)

- Une promesse que je me suis faite

- Cinéma

Et le présent article, et d'autres encore, que je n'ai pas cités. Si vous ne devez en lire qu'un, que ce soit Mortelle célébrité, mais tous ces billets témoignent en quelque sorte de ces tiraillements entre le besoin d'une certaine notoriété artistique qui permette de vendre plus facilement et la réalité du terrain, dont j'essaie de rendre compte à ma manière.

Il ne faut pas y voir, je crois, que du négatif. Si malgré tous ces dangers que je décris, je continue d'avancer dans ce secteur, c'est bien que les récompenses immatérielles font plus que compenser la faiblesse des récompenses matérielles. 

A cet égard, j'éprouve une grande gratitude envers mes lecteurs, et toutes les personnes qui prennent sur leur temps pour lire mes livres, et me permettent de réaliser mon rêve. 

Cependant, le fait que les gens nous apprécient et apprécient la culture et la lecture ne doit nous conduire en aucun cas, nous autres auteurs autoédités, à oublier la manière dont le secteur des loisirs en général, et celui de la littérature en particulier, est dévalué par rapport à tout le reste. Tous ces articles que j'ai écrits décrivent les pièges que nous nous tendons à nous-mêmes, ceux que nous tendent la société, mais le but est bien un développement sur les deux fronts: aussi bien dans la manière dont nous traite la société que dans la manière dont nous nous traitons nous-mêmes. Les deux aspects sont de toute façon profondément imbriqués, indissociables.


 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on February 24, 2021 10:40

February 6, 2021

Le Syndrome du Supertanker

De par ses origines et son évolution, l'être humain a à la fois des gènes de prédateur et de proie. Nous savons que nous avons la possibilité de traquer des proies, mais nous savons aussi que si nous traquons des proies trop grosses, trop puissantes, celles-ci ont la possibilité de se retourner contre nous et de nous dévorer. L'instinct grégaire nous permet de chasser en meute, mais quand ce n'est pas le cas, nous privilégions des tirs d'opportunité sur les cibles que nous jugeons les plus faibles. C'est ce que je nomme le syndrome du supertanker. 


Quand on sait qu'un supertanker, l'un de ces grands navires qui transportent du pétrole, va polluer autant qu'au moins un million de voitures, est-ce que vous avez l'impression que les médias, le gouvernement, et même les gens, se déchaînent autant contre les supertankers ou les supercontainers que contre les voitures individuelles à essence ou diesel? Entendons-nous bien: je milite pour les voitures électriques, j'en possède d'ailleurs une à laquelle j'ai consacré ce long article. Mais j'ai beau savoir que chacun doit mettre la main à la pâte pour faire avancer les choses, je ne suis pas dupe. Les principales puissances, celles à qui l'on devrait mettre le plus de pression pour faire changer les choses et enrayer le réchauffement climatique, sont celles qui reçoivent le moins de pression. Au contraire, ce sont les industries pétrolières qui se constituent en lobbies puissants pour que rien ne change, et continuer à recevoir des subventions. En plus de l'argent, elles ont pour cela une arme dont elles usent et abusent, le chantage à l'emploi.

Et pourtant de nos jours, le solaire et l'éolien coûtent de moins en moins cher, à tel point que le nucléaire lui-même n'est plus rentable. On se rend compte que les chocs pétroliers n'ont plus lieu d'être, et qu'ils devraient en toute logique être épargnés à nos enfants, si les bonnes mesures sont prises. Mine de rien, c'est assez rassurant pour l'avenir.

Le mécanisme pervers hérité de nos gènes qui veut que l'on n'ose pas s'en prendre au pouvoir, qu'il s'agisse du gouvernement, de la hiérarchie ou de grandes entreprises, mais que l'on privilégie les plus faibles comme proies potentielles est transposable à de nombreux niveaux dans la société. Vous connaissez le dicton "on ne prête qu'aux riches"? Ce n'est que l'une des illustrations de ce syndrome du supertanker.

Le chômage, par exemple. La connotation péjorative qui s'est attachée au mot "chômage" en fait presque un terme issu de la novlangue. C'est à dire un mot qui n'est pas neutre. Un mot qui culpabilise, qui vous pousse à faire des choix qui ne sont pas toujours en votre faveur. On sait aujourd'hui que les revenus du capital, mais aussi la production issue de machines, rapportent beaucoup plus que ce que coûte le chômage à la société. Mais là encore, l'être humain va identifier les proies les plus faibles. Il ne va pas s'en prendre aux trillions de taxes que ne paient pas les milliardaires, il va préférer qualifier de parasites les gens qui sont au chômage, au RSA, ou même les SDF dans la rue.

Ce syndrome du supertanker, les gens qui sont devenus les plus grands prédateurs dans la société le connaissent bien, et le mettent à profit. Dans les cours d'école, ils ont fait en sorte d'être les caïds qui terrorisent tous les autres, ou les amis de ces caïds. Dans leur vie professionnelle, ils ont le profil de sociopathes manipulateurs et incompétents. Ils sont incapables de prendre les bonnes décisions parce que tout tourne autour d'eux. Comment réussissent-ils? En s'entourant de gens qui ont une vraie conscience professionnelle. Ce sont ces personnes compétentes et consciencieuses qui vont avoir en main, très souvent, le destin de leurs entreprises. Les manipulateurs ont quant à eux un pouvoir de façade basé soit sur l'intimidation, soit sur l'intrigue et le fait de monter les gens les uns contre les autres. Ou les deux.

Ils intimident, parce qu'ils ont compris que pour être inamovibles, ils devaient être le supertanker. On ne s'en prendra pas à eux s'ils sont identifiés comme de gros prédateurs. Ce sont souvent, en réalité, des lâches et des faibles, qui pratiquent soit le harcèlement, soit la manipulation. Leur incapacité à éprouver de l'empathie fait qu'ils génèrent burnouts et arrêts de travail autour d'eux.  

Le chantage à l'emploi des gens puissants que j'évoquais en début d'article va faire de ces manipulateurs des bourreaux, et va favoriser la création du fameux triangle de Karpman qui fait des personnes en entreprise soit des bourreaux, soit des victimes, soit des sauveurs. Un triangle qui génère évidemment énormément de stress, de névroses et de situations malsaines. D'autant plus qu'en France, les gens ont souvent l'impression d'être très limités au niveau de la mobilité professionnelle, ce qui a tendance à faire exploser l'usage de psychotropes tels les antidépresseurs et antianxiolytiques. 

Si vous-même pensez être victime d'un manipulateur, vous aurez tout intérêt à dresser le profil psychologique de la personne en question, afin de mieux vous en prémunir. A cette fin, je ne saurais trop vous recommander de vous procurer au moins deux ouvrages, et de les lire: Les manipulateurs sont parmi nous, d'Isabelle Nazare-Aga, et Sortir de l'emprise et se reconstruire, de Julie Arcoulin. Attention, ces livres sont traditionnellement édités, c'est à dire qu'en version ebook, ils sont vendus avec des verrous numériques.

Autre article sur le même sujet: maladies mentales

 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on February 06, 2021 08:04

February 3, 2021

Cinéma

Le cinéma est-il l'un des milieux les plus pourris qui soient? Ou bien est-ce au contraire le plus vibrant d'humanité? Est-ce le secteur le plus exclusif? Ou au contraire le plus inclusif? Le Bien et le Mal sont les deux faces d'une même pièce, mais une chose est sûre: entre l'émergence de nouveaux acteurs très puissants dans l'industrie du spectacle comme Netflix et Youtube et l'impact du coronavirus, le cinéma est en train de subir une vraie mutation. 

S'il y a une chose que le cinéma sait faire ressortir, c'est l'humanité de ses personnages. Et dans certains cas, dans des films comme Intouchables, d'Olivier Nakache et Éric Toledano (film inspiré d'un roman intitulé Le Second Souffle de Philippe Pozzo Di Borgo) on peut même parler d'humanisme. Le cinéma nous fait vibrer et nous insuffle de puissantes émotions. Il peut être militant, aussi, et changer la société à coups de films comme Erin Brockovich, La liste de Schindler ou Pentagon Papers. Il peut nous faire rêver à un avenir porteur d'espoir malgré d'immenses difficultés, comme dans Interstellar.

On peut être tenté de reprocher au cinéma ses choix jeunistes, et de privilégier, de manière quasi eugéniste, les personnages possédant les plus forts charismes: plus belle gueule, voix la plus marquante, personnalité la plus magnétique, physique le plus séduisant. Ce refus de la vieillesse au point d'aller jusqu'à mutiler les visages et les corps (d'actrices, le plus souvent), à coups de chirurgie soi-disant esthétique. 

Mais si l'on fait entrer dans l'équation les figurants, alors le cinéma devient la forme d'art la plus inclusive et populaire: les directeurs de casting ne vont-ils pas parfois démarcher les gens dans la rue pour les recruter pour un film? Quel autre art ne demande aucun CV pour participer à un tournage qui coûte des millions? 

Le point commun, malgré tout, que je vois entre le cinéma mainstream et le monde de l'édition traditionnelle, c'est le goulot d'étranglement. Pour le cinéma dans sa forme la plus traditionnelle, celui-ci est dix fois, cent fois plus resserré que dans le monde de l'édition: c'est le nombre de salles en France dans lesquelles le film sera diffusé. Pour l'édition traditionnelle, ce sont les librairies et points de vente de livres. 

Ces goulots d'étranglement, par leur nature même, ne peuvent que générer des contraintes et des injustices monstrueuses. Avec en plus, la notion, pour le cinéma, de budget de tournage, qui rend la contrainte temporelle encore beaucoup plus importante que dans l'édition. Chaque minute de tournage coûte beaucoup d'argent.

Ma théorie, c'est que ces entonnoirs ont en quelque sorte canalisé le pouvoir de ceux qui décident qui sera à l'écran et qui sera en librairie. Ils font d'eux, en quelque sorte, des rois et des reines. Des despotes. Ils les invitent à former des systèmes féodaux, des mafias, en instituant de grandes familles du cinéma et de l'édition, des familles où l'on pratiquera l'omerta, la loi du silence sur ce qui se passe derrière le décor. Népotisme, entre-soi, droit de cuissage et consanguinité, c'est un miracle permanent de voir la compétence d'artistes survivre à tout cela. Certains prétendront avec cynisme que le talent des artistes en est justement sublimé. Comme s'il fallait détruire pour créer...

"Dis-moi qui te dirige, et je te dirai qui tu es." Harvey Weinstein était l'un des producteurs les plus puissants aux Etats-Unis avant l'affaire #metoo. En France, on a de grandes figures qui n'ont certes pas été à l'origine de scandales aussi retentissants: notre caïd national, Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Luc Besson... Depardieu est le pote de Poutine le dictateur-empoisonneur, Deneuve s'est élevée vent debout contre le mouvement me too. Luc Besson, quant à lui, est quelque peu retombé de son piédestal depuis quelques années, rattrapé par sa réputation. J'avais d'ailleurs écrit cet article à son sujet. 

Quant à la vie quotidienne des acteurs, c'est le darwinisme de la course aux cachets, où il faut jouer des coudes, de débrouillardise et de son réseau au moins autant que de son talent pour s'en sortir. Par rapport au côté humain d'un film comme Intouchables, il y a une vraie dissonance cognitive. En fait, si l'on veut un film qui se rapproche du quotidien des acteurs, il faudra plutôt aller chercher du côté de Revenant. Les comédiens et acteurs devront faire preuve d'à peu près autant de pugnacité et de résilience que le personnage joué par Di Caprio dans Revenant pour s'en sortir. Et d'autant plus s'ils connaissent le succès. Il y a un vrai enjeu à se remettre de son succès, à renaître de ses cendres à la manière de Mickey Rourke dans The Wrestler.

Et les sacrifices ne sont pas que personnels dans ce métier. J'ai déjà évoqué l'amoindrissement de l'espérance de vie des artistes dans mon article Mortelle célébrité. Mais si vous avez la mauvaise fortune d'être enfant de couple d'acteurs, il y a fort à parier que vous serez le premier à trinquer. Pensez Drew Barrymore, pensez Michael Douglas. Les addictions à la drogue, à l'alcool... Les parents acteurs n'ont pas le temps de donner beaucoup d'amour. Si les enfants n'ont pas de parents de substitution, il y a fort à parier qu'ils vont chercher à combler leurs manques de manière chimique dès qu'ils en auront la possibilité. Sans compter que les actrices qui veulent concevoir vont souvent attendre d'avoir au moins 40 ans pour le faire, afin de préserver l'éclat de leur beauté nécessaire (indispensable?) à leur carrière. Une grande différence d'âge avec son enfant n'est pas toujours synonyme de complicité. 

Mais les choses bougent. En tant qu'industrie de loisir, le cinéma a été supplanté par le jeu vidéo depuis un bon moment. Et les sociétés technologiques comme Netflix et Google, qui possède Youtube, rebattent les cartes. Ce n'est sans doute pas plus mal. Cela amène beaucoup plus de diversité dans le milieu du cinéma, une dilution du pouvoir, de la même manière qu'Amazon, autre GAFA, a quelque peu démocratisé l'édition en faisant exploser la visibilité d'auteurs inconnus du public. 

Il était temps, ça commençait à sentir sérieusement le moisi.

On va me dire, les GAFA concentrent elles-mêmes beaucoup de pouvoir. C'est vrai, et il est possible que comme la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf, ces nouveaux acteurs finissent par exploser. Mais les technologies et cet espèce d'immense brassage numérique qui est leur apanage sont là pour rester.

On a beaucoup décrié la surabondance des CGI dans le cinéma, les images générées par ordinateur qui sont l'équivalent en moins statique de Photoshop. Mais si un jour, cela permet à des actrices âgées de continuer à travailler sans passer par le charcutier du coin, ce sera peut-être pas plus mal, non? Le progrès aidant, elles pourraient même envisager de tourner en étant enceinte sans que ça se voie.

C'est sûr, rien ne sera plus comme avant, et peut-être, peut-être est-il permis d'espérer que les belles valeurs de l'humanisme puissent un jour se rencontrer aussi derrière le décor.

 


 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on February 03, 2021 07:02