Alan Spade's Blog, page 14

March 4, 2020

Le journaliste autoédité, c'est vous !

La compagnie qui repose intégralement sur du contenu autoédité n'est pas, contrairement à ce qu'on pourrait le croire, Amazon, mais bien Facebook. Seule nuance, sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, il faut parler de journalistes autoédités plutôt que d'auteurs autoédités comme sur Amazon. Journaliste au sens littéral, "qui créé un journal". C'est vous, c'est moi, c'est quasiment tout le monde.

Vous savez comment les grands pontes de Facebook et autres Twitters voient les utilisateurs actifs de leur réseau social (ceux qui postent des statuts ou y répondent, en gros)? Comme des journaux vivants interactifs bénévoles. Chaque statut posté est un article de journal venant alimenter le "newsfeed". Chaque journaliste peut réagir de manière interactive au contenu d'autres infos ou aux siennes. 
   
Et vous êtes non seulement journaliste rédacteur, mais aussi journaliste maquettiste: par le choix de vos amis sur les réseaux sociaux, vous déterminez quel sera le contenu de votre "newsfeed", journal en direct live. Vous voulez des photos de gâteaux? Ayez des amis pâtissiers...

L'utilisateur apporte sa part de contenu bénévolement, mais aussi ses informations personnelles, susceptibles d'être revendues à part. Le tout permet de revendre de la pub à des annonceurs, annonceurs qui peuvent très bien être des utilisateurs Facebook ou Twitter, qui collaborent donc ainsi à plusieurs niveaux à l'enrichissement de quelques-uns.

Les petits ruisseaux faisant de grandes rivières, ce sont des milliards d'euros qui sont ainsi amassés par les plus grands réseaux sociaux, et en particulier Facebook.

Je vois déjà les puristes monter sur leurs ergots, me parler de "vérification de l'information", de "professionalisme", de "démarche radicalement différente", etc. Quand je dis journaliste autoédité, il faut prendre le mot "journaliste" au sens littéral : celui ou celle qui écrit un journal.

Cela peut être un journal écrit, ou bien un journal vidéo, ou photo. Un journal intime, ou à large portée. Peu importe la qualité du contenu, la masse produite en temps réel suffit à concurrencer de multiples journaux "classiques". Jusqu'aux télés et radios. Le nouveau Paris-Match? Instagram!

Sur le plan qualitatif, on pourrait rétorquer que Facebook est le premier moteur de désinformation au monde.

En témoignent les milliards de fake news qui y circulent.

En témoigne le simple label "Sponsorisé" pour différencier le contenu publicitaire des posts "authentiques".

En témoignent aussi ces annonceurs à la solde d'hommes politiques richissimes, capables de mettre des centaines de millions de dollars (voire un milliard, pour la prochaine campagne de Trump) sur des pubs Facebook dans le but de faire basculer le sort des prochaines élections de manière anti-démocratique.

Une telle pratique, payer pour faire de la pub politique, est maintenant interdite sur Twitter, mais Mark Zuckerberg est l'un des grands potes de Trump...

Il n'empêche que sur le plan économique, le poids d'un Facebook n'est plus à démontrer. Sur le plan de l'influence, les médias traditionnels sont battus. A tel point même que les médias se servent des posts ou tweets les plus populaires pour prendre le pouls de la population, et pour, eux-même, faire couler de l'encre en reprenant ces infos populaires.

Si bien qu'on ne sait plus vraiment qui est la chambre d'écho de qui.

Si vous êtes l'un des sept mercenaires, je veux parler des sept abonnés à ce blog, vous avez peut-être lu mon article sur " la liste des blogs et sites qui ne vous chroniqueront pas ".

J'y dénonçais les blogs et sites qui ne chroniqueront pas les auteurs autoédités sous prétexte qu'ils sont "illégitimes", que leur travail n'a pas été "adoubé" par un éditeur.

J'avais écrit l'article en janvier 2016. Quatre ans plus tard, j'ai gagné en sagesse et en maturité. Avec le recul, je peux vous dire que les personnes qui ont cette attitude sont des crétins puants l'hypocrisie à plein nez.

Car ces blogs et sites, par leur travail, participent eux-même de cette vaste entreprise d'autoédition journalistique.

"Mais j'écris mon blog par passion, juste pour quelques personnes et moi. Pas pour le monétiser comme un journaliste professionnel. Il n'y a pas de pub sur mon blog. Et je ne poste aucun article sur les réseaux sociaux."

Je veux bien l'entendre. Sauf que n'importe qui est susceptible de poster le lien vers votre article sur Facebook. Et dès lors, que vous le vouliez ou non, votre article sera monétisé. Il n'y aura même pas besoin de cliquer sur le lien vers votre blog. Il suffit que la news la plus proche de votre lien dans le fil de news soit une pub, et que l'on clique dessus pour que ça rapporte de l'argent à Facebook.

Donc oui, votre attitude est stupide.   
 
Vous trouvez que je vous manque de respect? Vous voulez gagner mon respect? Allez au bout de votre démarche anti-autoédité, et supprimez votre blog et l'intégralité de son contenu.

Ou alors... Ou alors, on arrête les conneries au sujet de l'autoédition, et on se met autour d'une table pour que chacun puisse profiter d'une part du gâteau. Les réseaux sociaux comme Facebook doivent être taxés. Le produit de ces taxes, associé au produit des taxes sur les opérations financières et des taxes sur les robots, doit permettre de verser un revenu universel inconditionnel à chaque citoyen, actif ou inactif, à compter de 18 ans.

Si cela arrive un jour, plus personne ne se moquera de l'autoédition.
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Published on March 04, 2020 07:07

March 1, 2020

Chronique Les Nouveaux Gardiens

La toute première chronique des Nouveaux Gardiens, quatre mois après sa parution, est celle des Chroniques de l'Imaginaire. J'espère que ce ne sera pas la dernière, mais j'avoue que je n'ai plus la motivation suffisante pour courir après des chroniques de blog. Si des chroniqueurs de Thrillers, Science-Fiction ou Fantasy souhaitent me contacter (à condition de tenir au minimum un blog, bien sûr), je réponds aux messages (alan1spade at yahoo.fr). J'ai cependant fait le choix de ne plus être proactif pour les chroniques ou les articles de blog de mes livres. Je me contente de déposer mes services presse sur le site Simplement Pro. Je tiens néanmoins à rendre hommage au site Les Chroniques de l'Imaginaire, avec lequel j'ai une collaboration depuis mes débuts. Je remercie toute l'équipe pour cela, et pour ce travail sur mon dernier roman Les Nouveaux Gardiens. Afin de témoigner ma gratitude, je publie ci-dessous l'intégralité de la chronique de la rédactrice, Soleil.
Ayant moi-même été journaliste, j'ai longtemps tenu à avoir une revue de presse suffisamment étoffée de mes livres, comme en témoigne mon site d'auteur.
J'ai cru à un certain moment que les blogs qui soutiennent les auteurs indépendants (largement plus de 200) seraient suffisants pour me permettre d'obtenir des chroniques, en déposant tout simplement mes services de presse sur le site spécialisé Simplement Pro .

Comment en effet s'assurer de la motivation de blogueurs (souvent des blogueuses) et éviter toute forme de harcèlement, si ce n'est en faisant en sorte que ce soient eux qui vous contactent, en passant par un intermédiaire? Pour moi, c'était la solution idéale.

En toute sincérité, depuis 2017, je n'ai bénéficié que de deux chroniques de livres grâce à Simplement Pro. Deux. Chroniques. J'ai refusé la dernière demande en date, puisque la personne ne tenait pas de blog littéraire, et ne parlait pas de livres sur sa chaîne You Tube.  La loose, quoi.  Ce n'est pas que les blogueurs soient méchants ou indifférents, c'est juste qu'ils sont débordés. Pour moi, le calcul entre les efforts à produire pour obtenir une chronique de la part de blogueurs et le gain en termes de notoriété ou de ventes n'est absolument pas rentable.

Même s'il m'arrive de m'appuyer sur des chroniques pour vendre en dédicace, je n'ai pas besoin des blogs pour vendre, c'est un fait. J'ai dernièrement dépassé le cap des 10 000 livres papier vendus depuis 2010. Et si mes romans ne méritent pas d'être chroniqués, tant pis pour eux.

Je reste sur Simplement Pro, parce que c'est une solution qui ne demande que très peu d'efforts de ma part. Mais je n'irai pas au-delà. Ne vous étonnez donc pas si à l'avenir, les articles sur mes romans sont très, très, très rares.     Chronique parue sur le site Les Chroniques de l'Imaginaire le 29 février 2020: Les Nouveaux Gardiens

Le boulot de détective privé en freelance connait des hauts et des bas, Vick Lempereur le sait bien. C'est pourquoi il n'hésite guère quand, après une mission réussie à San Francisco, il est contacté par une organisation à la recherche de recrues aux profils spéciaux. Les Nouveaux Gardiens annoncent agir pour le bien public, en rétablissant l'équilibre mis à mal par des entreprises trop ambitieuses. Outre les buts nobles et la paye avantageuse, le petit commando des Nouveaux Gardiens intervient de manière discrète et musclée (et bien souvent illégale) : ce parfum d'aventure et de danger achève de convaincre Vick, qui accepte immédiatement de rejoindre l'organisation.
Les missions de Vick s'enchaînent, sans temps mort. Les amateurs d'espionnage et de thrillers devraient y trouver leur compte, car on y trouve tout ce qui fait le succès du genre : les missions soigneusement préparées, les gadgets ultra-sophistiqués, le frisson d'adrénaline au moment clé, les méchants très méchants aux tortures raffinées...

Bien qu'il semble que les différentes missions aient un caractère très différent, elles sont pourtant liées entre elles par un vrai fil conducteur. Le premier chapitre, dont on ne comprend pas de suite ce qu'il vient faire ici puisqu'il ne se rapporte pas au héros, se révèle finalement un élément qui s'inscrit dans l'intrigue globale. La fin est joliment amenée et bienvenue, même s'il est dommage que la présentation de l'ouvrage en dévoile une partie, alors même que cela ne couvre que les trois derniers chapitres (sur quarante-huit).

Le surnaturel, s'il n'est pas au centre des péripéties, reste un aspect important du récit. Vick possède un don particulier : il voit les esprits des défunts et peut se faire posséder par eux, ce qui n'est pas toujours à son goût, d'ailleurs ; son patron direct, lui-même doté d'une sensibilité au surnaturel et de capacités spéciales, a choisi les membres de l'équipe en fonction. Ce côté fantastique est sympathique et s'intègre bien dans l'intrigue.

L'écriture est plaisante, très fluide, et on ne s'ennuie pas. J'ai un peu regretté l'omniprésence des messages en filigrane (danger des multinationales, nécessité de prendre soin de la planète...), ainsi que la moralité douteuse des protagonistes (la fin justifie les moyens). Rien de nature à réellement gâcher la lecture, cependant. 

N'étant pas à la base amatrice de thrillers, je n'ai pas entièrement adhéré, mais je pense que ce roman pourrait plaire sans souci aux lecteurs qui apprécient le mélange de thriller et de fantastique.

Soleil, le 29/02/2020 22:24Note de l'auteur/éditeur : la présentation des Nouveaux Gardiens a changé depuis sa parution. La nouvelle présentation est la suivante:  

Au cours du conseil d’administration de la prestigieuse société de smartphones Bluenak, un cadre supérieur, filmé par l’un de ses pairs, se précipite sur l’un de ses collègues et essaie de l’étrangler, comme possédé. Il faudra sept hommes pour le maîtriser avant qu’il ne décède d’une crise cardiaque.

En se rendant en Californie pour enquêter sur une compagnie de biotechnologie, Vick Lempereur ne se doute pas qu’il va devoir affronter le plus redoutable adversaire qui ait jamais croisé son chemin, ni que cette piste va finalement le mener à Bluenak. Pour survivre, une aide aussi bien physique que surnaturelle ne sera pas de trop. Celle des Nouveaux Gardiens, et de leurs compétences très spéciales.

https://www.amazon.fr/Nouveaux-Gardiens-Alan-Spade/dp/B07ZLJ9VYG/ref=pd_rhf_se_p_img_1?_encoding=UTF8&psc=1&refRID=1JW9EQD4S491DP0S7M9X
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Published on March 01, 2020 07:30

February 24, 2020

Séparatisme

Le président Macron parlait récemment de "séparatisme" au sujet notamment des personnes ou mouvements ayant une conception intégriste de la religion. Sans doute, on ne peut entièrement lui donner tort, mais on peut surtout se demander si ce qu'il fait ne revient pas à agiter une nouvelle fois le chiffon rouge du fondamentalisme devant les Français. Si le réel séparatisme, celui qui nous empêche véritablement de "vivre ensemble", n'est pas celui de l'argent. Et si Macron, avec sa politique économique si favorable aux riches, n'est pas le principal exécutant et propagateur de ce séparatisme par l'argent. 

Dans mon roman vendu à présent à plus de 3900 exemplaires papier, Le Souffle d'Aoles, l'action se situe avant l'âge du fer, parmi le peuple des Hevelens vivant dans des canyons. Le héros fait partie de la caste des Déshérités, les plus pauvres et les plus misérables, ceux que l'on évite de croiser ou de toucher. Les autres castes sont les Sobres et les Opulents. Les Sobres, qui représentent la classe moyenne, ne sont d'ailleurs mentionnés à aucun moment dans le roman, qui évoque surtout l'immense différence entre les Déshérités et les Opulents, les plus riches.

https://livre.fnac.com/a2867685/Le-cycle-d-Ardalia-Tome-1-Le-souffle-d-Aoles-Alan-Spade?NUMERICAL=Y#FORMAT=ePub
L'idée d'écrire sur les milieux les plus défavorisés n'est pas nouvelle. Relisez Les Misérables de Victor Hugo.

Mais le fait de penser plus spécifiquement la société en termes de castes peut faire écho à la théorie de la lutte des classes de Marx. En plus barbare. L'idée fait aussi, bien sûr, référence à la caste des Intouchables en Inde. Mon roman n'a aucune prétention historique, il s'agit de Fantasy qui mélange plusieurs influences. 

Cette fantasy, et j'en avais conscience en l'écrivant, est bel et bien, par certains aspects, le reflet de notre réalité actuelle. De notre vie de tous les jours.

Car les castes, hélas, existent en France. De manière voilée, mais elles ont une influence énorme sur la vie de tous les jours. 

Alors quand j'entends notre président Macron parler de séparatisme au sujet du fondamentalisme religieux, je me dis que le vrai problème n'est pas là.

Le vrai séparatisme, ce sont ces exilés fiscaux (sujet d'ailleurs abordé sous la forme d'une scène d'action dans mon dernier Thriller, Les Nouveaux Gardiens) qui préfèrent se domicilier ailleurs pour échapper à l'impôt.

Le vrai séparatisme, ce sont ces ultra-riches dans leurs villas ou dans leurs yachts, séparés du commun des mortel.

Le vrai séparatisme, ce sont les sans domicile fixe qui dorment dans la rue.

Le vrai séparatisme, ce sont des fonds d'investissement comme Blackrock, qui possèdent plus d'un trillion de dollars, et sont plus riches que des nations développées.

Le vrai séparatisme, c'est d'inventer un revenu minimum d'activité, qui va catégoriser les plus pauvres, les identifier dans la caste des non possédants, ceux qu'il faut absolument rediriger vers les valeurs du travail pour les rendre productifs -- disons les mots, pour les rendre taillables et corvéables.

Le vrai séparatisme, ce sont ces gens qui détectent une anomalie dans leur corps, et auxquels il faudra un mois ou plus pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste. Un mois crucial, celui où le cancer dans leur corps aurait pu être stoppé pour de bon, pour l'empêcher de se développer. Là où les plus riches n'ont qu'à décrocher leur téléphone pour obtenir un rendez-vous immédiat dans une clinique privée. 

Le vrai séparatisme, c'est de vouloir renforcer les contrôles aux frontières (aux Etats-Unis, on va même jusqu'à construire un mur à la frontière du Mexique).

Le vrai séparatisme, ce sont les contrôles d'identité au faciès.

Le vrai séparatisme, c'est l'urbanisation en forme de ghettos pour les immigrés.
 
Le vrai séparatisme, c'est la taxe à valeur ajoutée pour les produits de base, qui représente infiniment plus pour les plus pauvres que pour les plus riches. 

Le vrai séparatisme, c'est de refuser l'instauration d'un revenu universel inconditionnel , le même pour tous, ce qui éviterait de catégoriser les plus pauvres avec un système bâtard tel que le RSA. Ou de faire dire aux plus riches que les socialistes sont très forts pour reverser l'argent qui ne leur appartient pas. Parce qu'à partir du moment où ce revenu est universel, à partir du moment où même ceux qui travaillent le touchent, ce genre d'arguments ne tient plus. A partir du moment où un revenu universel existe, les gens ne sont plus prêts à tuer père et mère, ou à dévaster l'environnement pour devenir plus riches.

Le vrai séparatisme, c'est aussi la chasse aux jeunes, le séparatisme inter-générationnel, le fait que les jeunes ne devraient pas être traités comme des moins que rien, des personnes incapables financièrement de se loger ou se nourrissant d'expédients. Là où ils devraient être accueillis dans la vie active avec un revenu universel inconditionnel. Parce qu'ils représentent l'avenir, et ne sont pas, ne devront jamais être une menace pour les plus âgés. Parce qu'ils ne doivent à aucun moment être acculés au suicide en raison de la conviction larvée de faire partie d'une caste inférieure. 

Macron veut prêcher le vivre ensemble? Il veut en finir avec les séparatismes de toutes sortes? Eh bien il sait ce qu'il a à faire, à présent.

Et il y a du boulot.
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Published on February 24, 2020 06:48

February 17, 2020

Ubik, ou l'altération dystopique

Le roman Ubik, de Philip K. Dick, offre un merveilleux exemple d'idée(s) tordue(s). Ou distordues. Mises bout à bout, ces idées peuvent sous-tendre un univers dystopique. Spoilers inside!






Tout d'abord, pourquoi ce choix de lire ce roman en particulier, Ubik, de Philip K. Dick? Deux raisons: 

- j'avais lu Blade Runner il n'y a pas longtemps, et j'avais envie d'aller plus loin dans l'univers Dickien
- quand je testais des jeux vidéos fin des années 90, j'avais rencontré les développeurs de Cryo Interactive pour Ubik, le jeu vidéo, et l'un des développeurs m'avait dit qu'il avait adoré le roman


Je l'ai donc téléchargé sur ma liseuse. J'avoue, il a failli me tomber des mains à plusieurs reprises. Ce n'est pas la SF la plus abordable que l'on puisse trouver. Mais je me suis accroché. 

Au fil de ma progression, j'ai réalisé que le roman était à la croisée des chemins d'autres œuvres de Dick: 

- le Maître du Haut Château, à la fois pour son univers dans le supposé présent d'Ubik, 1993 (Ubik a été écrit en 1966 et publié en 1969, et donc, 1993 représentait encore un futur inconnu au moment où Dick l'a écrit), avec la mention dans Ubik de la confédération nord-américaine qui évoque un univers parallèle, et parce qu'à un moment du roman, on bascule dans le passé, pour remonter jusqu'en 1939, époque antérieure à celle du Maître du Haut Château, mais à laquelle cette uchronie se réfère très souvent
- les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques, pour l'aspect Thriller du roman, mais aussi pour l'aspect décrépitude/dégénerescence/flétrissement de cet univers, qu'il s'agisse des cigarettes dans Ubik ou même des êtres vivants qui se transforment en poussière
- Rapport minoritaire, Minority Report, sorti sous la forme d'une nouvelle dix ans auparavant, en 1956, pour l'aspect précognition/divination
- une autre nouvelle que je n'ai pas lue, appelée We Can Remember it Wholesale, Souvenirs à Vendre, sortie au moment de l'achèvement (mais pas de la publication) d'Ubik en 1966, qui a été adaptée sous le nom de Total Recall au cinéma, et qui a en commun avec Ubik de mélanger la réalité, les vrais et les faux souvenirs (de jouer en fait, sur des distorsions de réalité dignes d'alcooliques invétérés, de drogués ou de personnes atteintes de schizophrénie, comme l'a probablement été Dick)

Dans Minority Report comme dans Ubik, nous avons des personnages de precog. Ils ne sont que mentionnés dans Ubik, mais ils jouent un rôle actif dans Minority Report.

Note pour les créateurs de romans de SF: cela fait plus stylé de parler de précognition, et encore mieux de l'abrévier en précog, que de divination, de voyance ou de Madame Irma. Mais cela recouvre la même réalité, le fait de pouvoir deviner le futur, l'anticiper. En cela, tous les romanciers de SF sont des précogs, d'une certaine manière. 

Pour chaque univers de SF, vous avez des règles. Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que dans ces deux œuvres très proches qui parlent toutes deux de précognition de Philip K. Dick, Minority Report et Ubik, vous avez des règles différentes.

Dans Minority Report, il est possible de prévenir et d'empêcher des meurtres en incarcérant à l'avance les coupables. 

Dans Ubik, le futur, même connu par les précog, ne peut être altéré en aucune manière.

L'idée d'incarcérer des meurtriers avant même qu'ils aient commis un meurtre vous paraît tordue? Attendez de voir la suite. Dans Ubik, le personnage de Pat Conlay est une anti-précog qui a la capacité d'altérer les événements du passé. 

Comment lui est venu son don? Eh bien, ses parents étaient des précogs. Quand elle n'était qu'une enfant, ils ont vu qu'elle allait casser un vase précieux, et ont puni leur fille une semaine avant que l'événement ne se produise. Devant une telle injustice, les talents anti-précog de l'enfant se sont réveillés. 

Rappelez-vous: dans Ubik, il est impossible d'altérer le futur, même si on en a connaissance. Le vase s'est donc brisé. Pour y remédier, Pat Conlay a altéré le passé après-coup. Cela ne l'a pas empêchée d'être punie, puisqu'elle n'a pu agir qu'après-coup, mais cela a effacé le ressentiment de ses parents précog à son égard, ou du moins peut-on le supposer. 

Si ça, ce n'est pas du tordu de chez tordu... Pourquoi, à votre avis, Dick a-t-il mis en place la règle selon laquelle le futur ne pouvait être changé dans Ubik, alors qu'il ne l'avait pas fait dix ans auparavant, en écrivant Minority Report? Eh bien tout simplement parce que si le futur avait pu être changé, une anti-précog comme Pat Conlay n'aurait plus eu de raison d'être. 

Et Dick avait besoin de se personnage pour jouer le rôle de l'un de ses suspects dans Ubik. C'est un personnage clé du roman.

Imaginez-vous, en tant que parent, même doué de précognition, punir une enfant avant même qu'elle n'ait commis l'acte? Ce serait d'une injustice révoltante. C'est digne d'un esprit retors, et c'est le genre d'idée, en effet, qui peut sous-tendre des univers dystopiques comme ceux d'Ubik ou de Minority Report. 

Dans Ubik, il y a aussi d'autres idées profondément dystopiques, comme le fait de devoir payer une porte d'entrée pour entrer ou sortir de son appartement, ou d'insérer des pièces de monnaie pour pouvoir ouvrir son frigo.

Bien que je reconnaisse l'utilité en termes de repoussoir de ce type de littérature, je vous avouerais que ce n'est pas trop mon truc.

Dick a de très grandes qualités de créateur, et de romancier bien sûr. Des qualités créatives qui font que ce sont souvent certaines parties de ces romans qui, au moment des adaptations ciné ou jeu vidéo, sont exploitées au détriment des autres. Car certes, l'exploration de tous les replis du désespoir de l'âme humaine nous permet d'en savoir plus sur nous-mêmes.

Mais tout le monde n'est pas fait pour ça.
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Published on February 17, 2020 09:46

February 12, 2020

ITER = Space X ?

J'ai lu un article selon lequel on en serait à un stade "Space X" de la fusion nucléaire, celui où des startups pourraient créer des entreprises se reposant sur la fusion pour offrir à l'humanité une énergie propre de manière infinie. En se basant sur les avancées du projet ITER.
L'article en question.

Outre le fait qu'il y a surtout de l'effet d'annonce là-dedans, je pense que ce ne serait pas forcément propice à l'humanité de développer la fusion trop vite.
Pourquoi? Parce qu'une source d'énergie infinie créée par des capitaux privés permettrait un pouvoir quasiment illimité entre les mains des sociétés possédant ces capitaux.
Ces start-ups, on le sait, sont financées par Jeff Bezos et Bill Gates notamment. Car il faut énormément d'argent pour développer un projet de fusion nucléaire.

On sait ce qu'il en est de Bezos, le fondateur d'Amazon. Et Bill Gates n'est pas forcément un philanthrope non plus: il serait prêt à voter Trump si Sanders devait être le candidat démocrate aux élections présidentielles de 2020 aux Etats-Unis. Bill Gates a déclaré lui-même être prêt à voter Trump si sa fortune devait être imposée trop lourdement à son goût.
Or, la concentration du pouvoir nuit fortement à l'humanité, et à l'humanisme.
Je pense qu'au niveau des mentalités aussi bien qu'au niveau technologique, nous ne sommes pas encore prêts pour la fusion.
Je préfère des technologies abordables pour les classes moyennes, comme les toits solaires actuellement vendus (aux Etats-Unis seulement pour l'instant) par Tesla.
Encore faut-il bien sûr que les classes moyennes ne soient pas broyées par le système, qui ne redistribue pas suffisamment (impôts trop faibles pour les plus riches ou les grandes sociétés). Et ce depuis l'ère Reagan, ère qui a eu des conséquences en France, les Etats-Unis ayant malheureusement joué le rôle d'exemple et d'"incitateur fiscal".
Mais le fait, pour des particuliers, de produire de l'électricité, va les rendre plus indépendants et autonomes par rapport à des grandes puissances, que ce soient des sociétés ou même l'Etat.
En tant qu'auteur indépendant, je pense être bien placé pour savoir la valeur que l'on peut accorder à des technologies qui vous rendent plus indépendants par rapport à des systèmes mis en place, que ces systèmes soient étatiques ou corporatistes. Contrairement aux technologies qui accompliraient exactement l'inverse...
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Published on February 12, 2020 06:26

February 9, 2020

Syndrome Vie Merdique

Connaissiez vous le syndrome Vie Merdique? Selon le psychologue Bruce Levine, c'est le syndrome qui explique l'élection de Trump, et qui risque d'entraîner aussi sa réélection. 
 
Bruce E. Levine explique cela dans cet article passionnant .

En résumé, les Etats-Unis bénéficient du plein emploi, certes, mais ce n'est pas un plein emploi qui peint la vie en rose pour autant. Une part non négligeable de la population bosse comme des bêtes de somme sans en ressentir aucun plaisir, et se nourrit de manière très sommaire. 44% de la population US entre ainsi dans la catégorie des bas salaires. 

Il ne s'agit pas seulement de pauvreté, mais du sentiment de vivre dans la pauvreté là où les écarts de salaire se font de plus en plus importants, qui entraîne un effondrement de l'estime de soi.

Les conséquences sont dramatiques. En Ohio par exemple, le taux de suicide a augmenté de 45% depuis 2008.

Chez les jeunes Américains, c'est encore pire: chez les jeunes habitants de l'Ohio entre 10 et 24 ans, le suicide a augmenté de 56% entre 2007 et 2018.

Au total, le taux de suicides aux Etats-Unis a augmenté de 33% entre 1999 et 2017 (de 10,5 à 14 suicides par 100 000 personnes).

Les Américains se rapprochent ainsi d'un pays où le suicide est encore plus fréquent: la France, avec 16,2 suicides pour 100 000 habitants.

Et il y a la drogue. L'Ohio, un Etat clé pour les élections, a le deuxième taux de morts par overdose des Etats-Unis. 

Les gens victimes du syndrome de Vie Merdique votent pour des hommes ou femmes politiques non conventionnels.
L'Ohio a ainsi voté Trump massivement en 2016, ce qui n'a d'ailleurs pas aidé les habitants, puisque le taux de suicides a continué de croître depuis.

Alors, comment battre Trump, sachant que les Vies Merdiques n'en ont absolument rien à faire, de la procédure d'impeachment de celui-ci? 

En appliquant la même stratégie que Trump lui-même, c'est à dire en dissuadant ce public en particulier d'aller voter. Pour cela, il faudra démontrer que Trump a trahi la grande majorité de ses promesses : Hillary n'a pas été traînée en justice, les bons emplois ne sont pas allés aux habitants de l'Ohio, le Mexique n'a pas payé pour le mur (qui s'effondre à la moindre tempête), et il y a maintenant davantage de morts par overdose et par suicide qu'avant Trump.
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Published on February 09, 2020 06:54

January 9, 2020

Blade Runner, le film et le livre

Après avoir lu le roman Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques?, de Philip K. Dick, j'ai eu envie de revoir le film. Après avoir vu le film et avoir constaté les libertés prises avec l'œuvre originelle, j'ai eu envie de me mettre dans la peau de Ridley Scott, le réalisateur du film, ainsi que des deux scénaristes Hampton Fancher et David Peoples. Attention, article bourré de spoilers!


Ça ne va pas être un projet facile à adapter à cause de la dimension psychologique du roman. Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques? est un roman de SF avec une vision du futur très aboutie. Mais qu'est-ce qui nous fascine vraiment là-dedans? 

Le pitch, à la base, c'est un chasseur de primes qui part à la chasse d'androïdes. Mais il y a aussi un autre point de vue que celui du chasseur de primes, Rick Deckard. Celui de John Isidore, la tête de poulet comme l'appelle Philip K. Dick. Le simple d'esprit, qui ne l'est d'ailleurs pas tant que ça. On se demande même s'il est vraiment simple d'esprit, ou si c'est juste un complexe qu'il a. Un personnage qui met l'accent sur la psychologie. Toujours très compliqué à adapter, ça. 

Le couple que forme Deckard avec sa femme Iran met aussi l'accent sur la psychologie. Et le fait que le couple possède un mouton électrique, la volonté du héros de s'acheter un véritable animal vivant, là on est dans la vision SF, l'évolution sociétale. Avec les boîtes d'empathie, aussi. Là, ça devient carrément mystique voire religieux, cette possibilité de fusionner ses pensées avec la population entière. Et ce personnage mystique, ce prophète ou faux prophète qui balance des pierres sur les gens...

Il y a le côté post apocalyptique du roman aussi. La poussière radioactive qui s'infiltre partout et qui rend les gens débiles. Ou qui leur abaisse le Q.I. A des gens comme Isidore. 

Le public, tout ça, ça risque de lui passer au-dessus de la tête. Bon, le côté post apocalyptique, on peut le rendre visuellement. Les animaux, ont peut y faire allusion de manière discrète. La religion et le mysticisme, franchement, faut laisser tomber. Mais c'est quoi, à la base, ce bouquin? Qu'est-ce qui nous fascine là-dedans? 

C'est un Thriller. Un Thriller situé dans le futur, mais avant tout un Thriller. Il y a le chasseur de primes, et les androïdes qu'il pourchasse. Ce sont eux qui nous fascinent. Leurs capacités à tuer ou à mutiler sans émotion. Ce qu'ils font à la précieuse araignée d'Isidore, par exemple. Ce sont de purs psychopathes. C'est très fascinant, ça. Glauque et morbide, aussi, bien sûr. 

Bien, là on a quelque chose. Et dans le bouquin, on a l'impression qu'ils vont être des adversaires redoutables. C'est Rachael, l'assistant d'Eldon Tyrell, qui est en réalité chargée de protéger ces androïdes de type Nexus 6 que pourchasse Rick, qui le fait croire à Rick. Sauf qu'à la fin du livre, en fait, il les abat facilement. Sans doute pour montrer la différence entre l'humain, qui bénéficie de milliers d'années d'instinct naturel de survie, et les androïdes, qui n'ont pas tout ça. C'est bien vu de la part de Dick, cette surprise. Mais pour nous, c'est un problème, ça. 

Oui, il nous faut un méchant fort. Pas de film réussi sans méchant fort. Il faut aussi un méchant qui poursuive un objectif.

C'est un autre problème du roman, ça. Dans le roman, le seul but des andys, les androïdes, c'est la survie. Ça pourrait être quoi, l'objectif? On a des androïdes qui reviennent sur Terre après s'être révoltés contre leurs créateurs. Il y a un côté prométhéen, là-dedans. Ils ont piqué le feu aux dieux, sauf que leurs dieux, ce sont les humains. 

Ils devraient avoir un problème interne. Un problème qu'ils doivent résoudre. Ça pourrait être la longévité. Ils ne vivent que quatre ans. Ils veulent donc être modifiés pour vivre plus. 

Pour cela, ils doivent retrouver leur créateur, et le forcer à les modifier. Là, on a un côté créature de Frankenstein. Et comme c'est un thriller, il doit forcément y avoir au moins un meurtre spectaculaire. Si l'androïde le plus costaud de la bande tue son créateur, on pousse le côté Prométhéen à son paroxysme. Cela permet de faire bondir l'intensité du scénario, et les enjeux.

Il ne doit pas le tuer n'importe comment. Ça devra être cruel. Et il devra combattre le chasseur de prime, lui résister beaucoup plus. Et lui infliger des choses cruelles, aussi. Peut-être lui briser les doigts un par un. 


Faut réfléchir au casting, aussi. Le méchant, il faut pas se louper là-dessus. Il nous faudrait quelqu'un de très froid. On a des androïdes, des sortes d'humain très développés si l'on excepte leur principale faiblesse, la longévité. On pourrait en faire une créature aryenne. Blond aux yeux bleus. Ce serait une autre bonne manière de taper dans l'inconscient collectif. Faire penser au rêve d'Hitler de race supérieure.

On retient ça. Et pour le chasseur de primes, il nous faut un acteur très humain, pour qu'il y ait un vrai contraste. Humain et charismatique. Et quelqu'un capable d'encaisser des coups et de le montrer à l'écran avec ses expressions. Attends. Il y a l'Aventurier de l'Arche Perdue qui est sorti l'an dernier. Le héros s'en prend plein la tronche, et il le montre bien. Une véritable machine à encaisser. C'est lui qu'il nous faut. Harrison Ford. 


Donc, on se reconcentre sur l'aspect thriller. On évacue la femme du héros, on oublie tout ce qui est religieux ou les histoires de mouton électriques, on fait juste quelques allusions aux animaux, et on remplace le personnage du simplet, Isidore, par quelqu'un d'autre. Un personnage qui permettra aux androïdes d'atteindre leurs objectifs en se rapprochant de leur créateur. On pourrait l'appeler J.F. Sebastian et faire de lui un ingénieur génétique. Pour le rapprocher des andros, il serait victime d'une maladie provoquant un vieillissement prématuré.

Et pour la fin? Dans le roman, Rick fait l'amour avec une androïde, Rachael, sans le dire à sa femme. 

Ils pourraient tomber amoureux dans le film. Ça renforcerait le côté humain des androïdes, comme dans le livre. Rick pourrait partir avec elle à la fin du film, puisqu'il est célibataire dans notre version. Elle deviendrait son allié, lui sauverait même la vie à un moment. A la fin, plutôt que de la dénoncer, il s'en irait avec elle. 

Voilà pour mon interprétation d'une discussion de type brainstorming à trois qui aurait pu avoir lieu. En écrivant un roman où les androïdes, loin de respecter les lois de la robotique d'Asimov, sont des psychopathes, Philip K. Dick a non seulement cassé les codes, mais il a fait de son roman, avant tout un thriller. 

Le roman a un aspect visionnaire beaucoup plus développé que le film. L'aspect sociétal est très réussi, on a l'impression que Dick a anticipé le véganisme. Il montre cette tendance transhumaniste qui existe a l'heure actuelle, celle qui nous rapproche de la machine, mais nous coupe irrémédiablement de l'aspect animal.

Et l'homme, dans le roman, est désespérément à la recherche du contact animal, car il ne reste que quelques animaux vivants sur Terre, suite à la guerre et ses conséquences. 

Evidemment, je n'ai pu m'empêcher de penser à l'Australie et ses grands incendies en lisant le roman.

Pour l'aspect pollution, je pense que Dick avait lancé une excellente mise en garde, mais que fort heureusement, la réalité est en train de prendre un virage bien différent. Que ce soit dans le film ou dans le roman, on est vraiment dans une dystopie. 

Donc, le roman l'emporte sur le film pour l'aspect futuriste, et pour ses personnages beaucoup plus creusés. Mais le film l'emporte pour son aspect thriller, et en particulier pour la montée en intensité du scénario et son dénouement. 

Le film reste un chef-d'œuvre, selon moi. Le roman aussi, bien sûr. 

Je confesse n'avoir lu le roman que bien longtemps après avoir vu le film. J'étais curieux en lisant de savoir si je retrouverais les paroles de l'androïde Roy Batty à la fin du film, quand il parle des batailles spatiales qu'il a vécues. Cela m'avait vraiment marqué. 

Eh bien non, ce n'est pas dans le roman. C'est vraiment quelque chose à mettre au crédit du film. Avec le recul, je dirais que les deux œuvres se complètent magnifiquement. C'est amusant, en regardant le film, de constater à quel point il remonte à l'ère pré-internet. 
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Published on January 09, 2020 09:56

December 5, 2019

Une promesse que je me suis faite

Je me suis fait une promesse. Peut-être pas de manière formelle ni à un moment précis, mais c'est en tout cas la promesse, tout au long de ma vie, de ne sombrer ni dans la misanthropie, ni dans le pessimisme, ni dans l'amertume, ni dans aucune de ces philosophies qui vous font d'abord voir le verre à moitié vide. L'amertume, en particulier, est un écueil qui menace les auteurs. C'est d'ailleurs pourquoi une romancière comme Kris Rusch attache autant d'importance à Thanksgiving dans ce sens de "gratitude envers la vie". 

"Les Gaulois n'ont peur que d'une chose, c'est que le ciel leur tombe sur la tête", est une phrase qui revient souvent dans les albums de BD Astérix et Obélix. La BD étant parodique, "les Gaulois" désigne en fait les Français. Et si l'on y réfléchit deux secondes, ils ont beau n'avoir peur que d'une chose, cela ne fait pas moins d'eux de grands angoissés devant la vie. Avoir peur que le ciel vous tombe sur la tête, c'est une vraie angoisse métaphysique, une peur de tous les instants. Cela décrit un trait de caractère des Français.

C'est ce même type de peur, d'angoisse qui est relayée par les médias, et de manière si intense que je qualifie cela dans un autre article de terrorisme médiatique , en appelant même à la création d'un outil pour mesurer la toxicité des médias . Le genre de peur, en gros, qui fait de tous les Français des névrosés. 

Cette névrose, j'en suis aussi la victime. Moi aussi, je me fais le relais d'informations négatives. Parce que j'estime qu'un artiste doit aussi se confronter à la réalité, ce qui signifie ne pas s'enfoncer la tête dans le sable. Par exemple, avoir la capacité de réaliser qu' on a fait fausse route au sujet du réchauffement climatique depuis 30 ou 40 ans. Parce qu'il y a la peur, l'angoisse, mais il y a aussi la réalité. C'est pourquoi je m'efforce toujours d'envisager des solutions dans le champ du réel.

Je suis donc davantage un névrosé militant qu'un névrosé dépressif. Mais allons plus loin dans l'introspection. Le fait que mes deux derniers romans (et trois derniers si l'on estime que Le Vagabond tient plus du roman que du recueil de nouvelles) soient des Thrillers ne fait-il pas de moi quelqu'un de fondamentalement pessimiste?

Pour écrire des romans noirs, ne faut-il pas voir la vie en noir?

J'ai essayé d'apporter une réponse à cette question dans la quatrième de couverture de mon dernier Thriller, Les Nouveaux Gardiens : "En cette deuxième décennie du XXIe siècle, les médias ne cessent de déverser un flux d'informations catastrophiques. Plutôt que de sombrer dans l'indifférence, la morosité ou le cynisme, Vick Lempereur a décidé d'agir."

Cette réponse, c'est donc la résilience, la capacité de rebondir, de faire face. Cela ne veut pas dire pour autant que la fin du roman soit parfaitement optimiste. Et même si la fin devait être jugée pessimiste, cela ne voudrait pas dire pour autant que son auteur est un pessimiste.

Dans tous les Thrillers, les personnages principaux font preuve de résilience, ou en tout cas, se débattent, essayent de s'en sortir, ou de résoudre l'affaire. Sans cela, sans ces efforts, il n'y aurait tout simplement pas de roman. Ce serait terminé pour eux dès la fin du premier chapitre.

Récemment, le Thriller Effondrements , de Guy Morant, en me plaçant dans la peau d'un survivaliste, de quelqu'un qui pense l'effondrement de la société inévitable, et s'y prépare, m'a fait comprendre que ce n'était pas l'attitude à adopter. Pourquoi? Parce que c'est tout simplement l'attitude du charognard. De quelqu'un placé en position d'attente, et d'attente malsaine, de l'attente de quelque chose de très négatif. Je ne veux tout simplement pas vivre comme ça. 

Quels que soient les signaux négatif que je reçois, et même si je tiens compte de la réalité et m'y confronte, je vis donc au jour le jour, dans une attitude de gratitude par rapport à tout ce que je possède, attitude positive, bien sûr. 

Et qu'en est-il, me direz-vous, de la condition d'auteur vivant de sa plume à temps plein? Est-ce que je ne devrais pas me considérer comme un agriculteur travaillant toute l'année son lopin de terre, pour au bout du compte ne récolter qu'un simple épis de maïs? Est-ce que ce rapport si défavorable entre la quantité de travail fournie et le fruit de ce travail ne devrait pas inexorablement me conduire vers l'amertume, comme ça a déjà été le cas de tant d'auteurs? 

C'est en effet le danger de la condition d'auteur, et il faut y prendre garde. Le truc, c'est que personne ne m'a mis un couteau sous la gorge pour choisir ce métier. C'est mon choix, et je dois l'assumer. A moi de faire la preuve de ce dont je suis capable... même si ce ne devait être qu'à deux ou trois individus!

C'est un choix qui m'a permis de réaliser mon rêve en vivant de l'écriture. Oui, il y a un prix à payer. Mais il y a aussi des plaisirs transgressifs, comme le fait de rester au lit quand la plupart des gens sont assujettis au conformisme du métro-boulot-dodo. Il y a une certaine liberté de parole, de vision de la société qui peut s'exprimer.

Il y a aussi la satisfaction des rencontres avec les lecteurs et des échanges. Il y a enfin la réalisation de soi-même dans ses livres, bien plus importante que dans aucun autre métier que j'ai pu exercer. 

Il m'arrive parfois d'imaginer vendre 25 000 exemplaires de mon dernier roman en format ebook, et de m'en effrayer. Comment serait le retour sur terre, après un tel succès? Est-ce que ce genre de succès ne me placerait pas en position d'attente pour le restant de mes jours, là où je souhaite continuer à aller de l'avant? Est-ce que je ne considérerais pas que je "mérite" de vendre autant à chaque roman? Est-ce que je ne serais pas frustré à chaque fois comme un enfant gâté? Le succès serait pour moi une grande perturbation.

Plutôt qu'un agriculteur, je préfère à présent me considérer comme le possesseur et bénéficiaire d'un puits. Chaque seau que je remonte est un seau de satisfaction. En d'autres termes, c'est le voyage qui compte, pas la destination.
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Published on December 05, 2019 07:02

October 28, 2019

Faites-vous plaisir !

Vous êtes auteur indépendant, et vous venez de sortir votre dernier roman? Faites-vous plaisir, en prenant de belles photos de vos livres. Savourez ce plaisir simple, ce moment est le VÔTRE. De mon côté, j'ose espérer que les lecteurs prendront aussi plaisir à se plonger dans mon roman Les Nouveaux Gardiens, qui sort aujourd'hui 28 octobre. 


Comment décrirais-je ce Thriller en une phrase? Un mélange entre l'Agence tout risque, Mission Impossible, avec une vraie inspiration du côté Agatha Christie pour l'aspect mystère, et du côté Stephen King pour l'aspect fantastique/paranormal. Nettement plus orienté action et voyages que Passager clandestin, son prédécesseur, mais ne reniant pas l'aspect enquête. Davantage tourné vers l'écologie également. 

Bon, ça fait trois phrases, finalement. A force de mélanger les styles, est-ce que je me suis emmêlé les pinceaux? A vous, lecteur de me le dire. Ça m'est venu comme ça m'est venu. Toujours est-il que je suis fier du travail accompli, même si un auteur ne peut jamais être complètement satisfait, bien sûr. Je suis déjà en train de me projeter pour voir comment améliorer le prochain.


Plutôt que de regarder la télé, lisez des livres !
Présentation: En cette deuxième décennie du XXIème siècle, les médias ne cessent de déverser un flux d’informations catastrophiques. Plutôt que de sombrer dans l’indifférence, la morosité ou le cynisme, Vick Lempereur a décidé d’agir. Après avoir préservé la Californie de l’incendie d’un pyromane, il est repéré par les Nouveaux Gardiens. L’organisation se donne pour mission de lutter contre la concurrence déloyale d’où qu’elle provienne, et de rétablir l’harmonie entre l’Homme et la Nature. Vaste programme, et plutôt séduisant pour Vick !

Mais sait-on jamais vraiment avec qui l’on travaille ? Les Gardiens ne cachent-ils pas eux-mêmes de lourds secrets ?

Commentaires: plusieurs ont déjà été postés sur le site de la Fnac . Voici par exemple celui de Françoise : Si comme moi-même vous êtes curieux de découvrir en lisant un nouvel univers, alors suivez Vick Lempereur qui va vous transporter vers de nouvelles aventures dans le monde et vous fera rencontrer des personnages quelquefois cruels et peu recommandables Les nouveaux gardiens sont courageux et épreuves après épreuves vont tenter de sortir victorieux de situations très périlleuses Entre rêve et réalité ce livre vous éloignera de la routine quotidienne C'est un bon moment de lecture moderne.
La version papier sera vendue à 19 € en dédicace et sur les sites : - La Fnac - Amazon (à venir) - Cultura (à venir)Vous lisez en numérique? La version ebook est en promo, aujourd'hui seulement, pour 0,99 € sur :
- La Fnac
- Kobo
Apple via l’application iBooks
Amazon
Google Play


Et finalement, c'est avec un grand plaisir que je retrouverai mes lecteurs vendredi 1er et samedi 2 novembre (oui, c'est ce week-end) à l'espace culturel Leclerc de Moisselles, pour une séance de dédicace. 
Merci à tous mes lecteurs pour votre soutien, et, que vous soyez auteur ou lecteur, faites-vous plaisir ! :) 
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Published on October 28, 2019 08:55

October 2, 2019

Laisser l'auteur encaisser ses ventes en dédicace

Pour un libraire, recevoir un auteur en dédicace nécessite une certaine organisation: le référencement des livres peut être un écueil et dissuader des libraires de recevoir des auteurs. Pour l'auteur, l'écueil, c'est parfois de se faire payer ses factures par la librairie.  L'un et l'autre peuvent résoudre ces deux obstacles d'un commun accord, en permettant à l'auteur de tenir sa propre caisse et d'encaisser directement la vente de ses livres en dédicace en librairie.

Cela se fait en salon, mais jamais dans des librairies: faire en sorte que l'auteur encaisse directement la vente de ses livres auprès des clients au moment de la séance de dédicace. C'est peut-être bien une opportunité manquée de simplifier grandement les choses pour les deux parties.

Il faut bien sûr que le libraire fasse confiance à l'auteur pour lui reverser, soit directement à l'issue de la séance de dédicace un chèque adressé au libraire, ou au service comptabilité du centre commercial, soit peu après la séance, un virement qui correspondra à la marge laissée sur chaque livre vendu. Le règlement peut bien sûr se faire en espèces, si la somme correspondante est réunie à l'issue de la séance. 


Grâce à des terminaux comme Sum up, le règlement par carte bancaire, y compris le règlement sans contact, est maintenant très facile pour les auteurs. 

Le lecteur va se présenter à la sécurité du centre commercial avec ses livres, il les présente au vigile, qui vérifie la signature de l'auteur et met les livres sous scellé, dans un sac, comme cela se fait déjà.

Personnellement, j'ai l'habitude d'établir une préfacture dès la fin de la séance de dédicace, avec le nombre de livres vendus, la marge du libraire, etc. Cela me permet d'avoir le tampon de la librairie et une preuve de passage. Cette préfacture se transformerait donc en facture définitive, avec la notification "Réglée". 

Un avantage supplémentaire dans les grands centres commerciaux ou culturels, c'est qu'il n'y a plus de livres redéposés par les lecteurs: l'auteur demande le règlement pour chaque livre avant même d'apposer sa dédicace. Le chiffre de vente est donc fiabilisé dès le départ. Plus de vérification ultérieure.

Du côté du libraire, il aurait juste à fournir la table et la chaise. Aucune autre démarche nécessaire de sa part.  

Bref, cette solution serait une véritable avancée pour les deux parties. A condition de se faire confiance. 

[EDIT 02/10/2019] : Un auteur m'a fait cette réflexion pertinente: "sous quelle dénomination les libraires vont-ils encaisser leur marge? Parce que si les livres ne sont pas référencés, ils risquent d'être obligés de les référencer tout de même, pour justifier la marge qu'ils touchent."

J'ai eu une idée: la location d'un espace de dédicace dans le magasin. La marge libraire sur chaque livre devient le prix de location de l'espace pour la journée.
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Published on October 02, 2019 10:50