Christophe Claro's Blog, page 84
November 5, 2015
Oh la vache !
Juste un petizeur (= petit teaseur, yo) pour vous signaler la parution en janvier chez Grasset d'un livre intitulé Oh la vache!, écrit par David Duchovny (oui, ze Ducho from Californication), et traduit par mes soins ruminants. Voici la présentation qu'en fait l'éditeur:"Vous connaissiez Emma Bovary ? Voici sa lointaine cousine américaine, Elsie, une adorable et innocente petite vache au destin tout aussi romanesque. Pour Elsie Bovary, le bonheur a toujours été dans le pré – jusqu'au jour où elle prend conscience qu'elle est vouée à finir en steak haché dans nos assiettes. Bien décidée à éviter l'abattoir, Elsie se lance dans un projet de Grande Evasion. Son objectif : l'Inde, où elle sera considérée comme un animal sacré. Deux complices la rejoignent : Shlomo le cochon converti au judaïsme et Tom le Dindon qui voulait émigrer en Turquie. Et voici nos trois compères embarqués dans des aventures trépidantes, loufoques et hilarantes. Pour son premier roman, l'acteur David Duchovny détourne la fable animalière avec un toupet irrésistible et se révèle un écrivain... vachement talentueux ! Best-seller surprise aux États-Unis, Oh la vache ! est l'OVNI littéraire de l'année : une comédie déjantée, bourrée de clins d'oeil, politiquement incorrecte et moins candide qu'il n'y paraît, entre George Orwell et Tex Avery."
Bon d'accord, ça ne sort que dans deux mois, mais il n'y a pas d'heure pour les braves. Et puis on est vendredi. Et puis c'est comme ça.______________________David Duchovny, Oh la vache! traduit de l'anglais par Claro, éd. Grasset[Parution : 13/01/2016 / Pages : 216 / Format : 130 x 190 mm / Prix : 16.90 €]
Published on November 05, 2015 21:30
November 4, 2015
Mon autobiographie enfin rééditée !
Dans mes livres, j'ai toujours pris soin de ne rien révéler de moi-même, faisant barrage à l'intime, préférant des voies/voix détournées pour explorer les profondeurs troubles et grisantes de la psyché et les ressorts charnus et maniaques du corps. Et puis un jour, avec l'âge – j'aurai bientôt trente-huit ans… –, j'ai pris conscience qu'il manquait à mon œuvrette la note personnelle qui aurait pu leur valoir une plus vaste audience et leur garantir un retentissement plus retentissant. J'ai donc décidé d'écrire mon autobiographie, de tout dire, de ne rien cacher, bref, de mettre mon âme à nu. L'écriture de ce livre fut longue et pénible, mais, une fois la pudeur rejetée et la vanité bridée, j'ai réussi à mener à terme ce qui est selon moi un de mes projets les plus ambitieux. A sa sortie en 2012, mon livre-confession a connu un succès très modeste, mais heureusement, suite sans doute à sa récente traduction en coréen, il vient de paraître en édition de poche et je ne désespère pas de voir son lectorat enfler à vue d'œil. Bref, si vous voulez en savoir plus et mieux sur l'auteur de ce blog où les bisounours finissent systématiquement étripés, je vous conseille de vous lancer à corps perdu dans la lecture palpitante de mon édifiante autobiographie, que publient ces jours-ci les éditions Tom'Poche, et qui a pour titre Qui veut sauver le caïmantoultan. L'ouvrage est généreusement illustré par Nathalie Choux. En voici, pour les curieux, les grandes lignes:Caïmantoultan est un drôle d’alligator, du genre râleur mais pas méchant... Avec lui, on a toujours tort. Aussi, préfère-t-il rester seul à bouder sous son gros tas de feuilles ou caché dans les eaux troubles du fleuve. Mais avoir mauvais caractère n’est pas ce qu’il y a de mieux pour se faire des amis, et Caïmantoultan en aura besoin d’… amis ! Un album pour aider les petits (les plus grands !) râleurs a retrouver le sourire !!
Published on November 04, 2015 21:30
November 3, 2015
Eros Aquitaine
Vendredi 6 novembre, à l'invitation de l'association "Permanences de la littérature" et dans le cadre du Festival Ritournelles, je participerai à une soirée de lectures en compagnie de Mathieu Riboulet, Philippe Adam et Frédéric Boyer. Ça sera à Bordeaux, ça sera à 20h30, ça sera au Molière-Scène d'Aquitaine. Le thème: Eros. Donc, avec un peu de chance, Thanatos sera également de la partie…
Published on November 03, 2015 21:30
Afin que cessent certaines pressions exercées sur les bibliothèques publiques
L’association Bibliothèque en Seine-Saint-Denis, inquiète face à de nouveaux cas de censure en bibliothèques, vient de publier le communiqué suivant, qu'on vous invite vivement à lire et faire suivre:
"Si le procédé n’est pas complètement nouveau, l’association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis constate depuis ces derniers mois et quelle que soit la tendance politique des exécutifs locaux une multiplication d’attitudes en contradiction avec la vocation pluraliste des bibliothèques, vocation rappelée par l’ABF lors de sa prise de position de juin 2014 contre les pressions exercées sur les bibliothèques publiques, et inscrite au Manifeste de l’Unesco :
Rappelons l’importance de la confiance accordée dans l’exercice de leurs missions aux professionnels de la lecture publique, experts en leur domaine, qui ne doivent subir aucune forme de censure, idéologique, politique, religieuse ou commerciale. Plus que jamais la bibliothèque et les professionnels qui oeuvrent toute l’année en direction de tous les publics sans distinction d’âge, de sexe, de catégorie socioprofessionnelle doivent être soutenus dans leur travail.
En Seine-Saint-Denis comme ailleurs les bibliothèques sont un lieu privilégié d’accès au savoir, à la culture, à la création la formation et aux loisirs. Elles contribuent ainsi à rendre possible pour tous la formation et l’exercice de l’esprit critique, condition sine qua non de la pratique de la citoyenneté au sein d’une société démocratique.
________
1. Manifeste de l’UNESCO sur les bibliothèques publiques adopté en nov. 1994
2. L’ABF exprime sa position sur les pressions exercées sur les bibliothèques
publiques: http://www.abf.asso.fr/1/22/410/ABF/l...
SI VOUS LE SOUHAITEZ, Exprimez vous aussi votre inquiétude et l’attachement que vous portez aux bibliothèques en Envoyant votre nom, prénom et profession à l'adresse figurant en lien sur le site de l'Association."
"Si le procédé n’est pas complètement nouveau, l’association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis constate depuis ces derniers mois et quelle que soit la tendance politique des exécutifs locaux une multiplication d’attitudes en contradiction avec la vocation pluraliste des bibliothèques, vocation rappelée par l’ABF lors de sa prise de position de juin 2014 contre les pressions exercées sur les bibliothèques publiques, et inscrite au Manifeste de l’Unesco :
‘La bibliothèque publique, porte locale d’accès à la connaissance, remplit les conditions fondamentales nécessaires à l’apprentissage à tous les âges de la vie, à la prise de décision en toute indépendance et au développement culturel des individus et des groupes sociaux. Les collections doivent refléter les tendances contemporaines et l’évolution de la société de même que la mémoire de l’humanité et des produits de son imagination.’1L’association souhaite dans ces conditions alerter élu(e)s, professionnel(le)s, publics, artistes, auteur(e)s sur ces dérives, qui prennent des formes diverses : contrôle des listes d’acquisition, censure complète ou partielle d’expositions, de rencontres… et vont à l’encontre du travail des bibliothécaires qui œuvrent à ‘favoriser la réflexion de chacune et chacun par la constitution de collections répondant à des critères d’objectivité, d’impartialité, de pluralité d’opinion, à ne pratiquer aucune censure et à offrir aux usagers l’ensemble des documents nécessaires à sa compréhension autonome des débats publics et de l’actualité.’2
Rappelons l’importance de la confiance accordée dans l’exercice de leurs missions aux professionnels de la lecture publique, experts en leur domaine, qui ne doivent subir aucune forme de censure, idéologique, politique, religieuse ou commerciale. Plus que jamais la bibliothèque et les professionnels qui oeuvrent toute l’année en direction de tous les publics sans distinction d’âge, de sexe, de catégorie socioprofessionnelle doivent être soutenus dans leur travail.
En Seine-Saint-Denis comme ailleurs les bibliothèques sont un lieu privilégié d’accès au savoir, à la culture, à la création la formation et aux loisirs. Elles contribuent ainsi à rendre possible pour tous la formation et l’exercice de l’esprit critique, condition sine qua non de la pratique de la citoyenneté au sein d’une société démocratique.
________
1. Manifeste de l’UNESCO sur les bibliothèques publiques adopté en nov. 1994
2. L’ABF exprime sa position sur les pressions exercées sur les bibliothèques
publiques: http://www.abf.asso.fr/1/22/410/ABF/l...
SI VOUS LE SOUHAITEZ, Exprimez vous aussi votre inquiétude et l’attachement que vous portez aux bibliothèques en Envoyant votre nom, prénom et profession à l'adresse figurant en lien sur le site de l'Association."
Published on November 03, 2015 06:27
November 1, 2015
Soudain Proust (Episode 11)
Il y a de toute évidence un mystère Bergotte, mais il s’agit sans doute d’un leurre. On a évoqué divers modèles à ce personnage d’écrivain : Anatole France, Paul Bourget, même Flaubert… Osons pourtant une hypothèse un peu folle, mais dont la folie ne saurait être déplacée dans cette immense asile qu’est la Recherche : Bergotte c’est Proust. Ou plutôt : Bergotte est un moment de Proust, un possible à la fois passé et à venir, un pli-Proust. Afin d’étayer cette intuition, retournons sur nos pas, laissons la madeleine s'extraire de la tasse de thé… et revenons à Combray.Le narrateur est « étendu sur [son] lit, un livre à la main. » On ignore pour lors quel livre il lit, on sait juste qu’il ne veut pas interrompre sa lecture, et qu’il va la continuer « au jardin, sous le marronnier, dans une petite guérite en sparterie et en toile » et où il s’espère à l’abri des regards. On sait, ou plutôt on apprendra bientôt, que ce lecteur, grâce son ami Bloch, voue un culte à Bergotte, ce qui nous autorise à penser que c’est un livre de Bergotte qu’il lit. Ce n’est encore qu’une hypothèse. On sera fixé sur la question en lisant, dans A l’ombre des jeunes filles en fleurs, cette remarque :« des temps anciens où j’avais commencé à lire ses livres, dans notre jardin de Combray. » (Pléiade, 568)Il est précisé en outre que le livre en question est composé de descriptions de paysages. Voici d’ailleurs comment Proust évoque cette expérience de lecture :
« C’est ainsi que, pendant deux étés, dans la chaleur du jardin de Combray, j’ai eu, à cause du livre que je lisais alors, la nostalgie d’un pays montueux et fluviatile […]. »Retenons ce mot un peu précieux: fluviatile, et projetons-nous en avant, jusque dans la troisième partie, qui vient de commencer et où le narrateur se penche sur le mystères physique des noms :
« […] Lannion avec le bruit, dans son silence villageois, du coche suivi de la mouche ; Questambert, Pontorson, risibles et naïfs, plumes blanches et becs jaunes éparpillés sur la route de ces lieux fluviatiles et poétiques […]. »Ainsi, par un surprenant effet de dédoublement et de carambolage temporel, naît l’impression suivante : le texte que lisait Proust n’est autre que celui qu’il va écrire trois cents pages plus loin. L’indice est mince, certes, mais il est d’autres passages qui semblent renforcer cette hypothèse, non sans humour de la part de Proust, comme ces lignes, situées dans A l’ombre des jeunes filles en fleurs, et dans lesquelles l’acide M. de Norpois critique sévèrement l’œuvre et le style de Bergotte :
« [dans ses livres] où on ne voit qu’analyses perpétuelles et d’ailleurs, entre nous, un peu languissantes, de scrupules douloureux, de remords maladifs, et, pour de simples peccadilles, de véritables prêchi-prêcha (on sait ce qu’en vaut l’aune), alors qu’il montre tant d’inconscience et de cynisme dans sa vie privée. »La charge est féroce, assurément. Qui donc est Bergotte ? Pour Norpois, le doute n’est pas permis : « au fond c’est un malade ». Or que nous dit Proust quelques lignes plus loin ? A propos de sa discussion avec Norpois, il nous précise ceci :
« […] c’est le moment où un homme sain d’esprit qui cause avec un fou ne s’est pas encore aperçu que c’est un fou. »Résumons. Bergotte est malade, Proust est fou. Bergotte est un « joueur de flûte » qui se complaît dans des « discussions oiseuses et byzantines », un écrivain, « bien peu viril » (toujours selon M. de Norpois). Quant à Proust, ironie du sort, il mourra au 44 de la rue… Hamelin.
Published on November 01, 2015 21:30
October 29, 2015
Crash-test en Suisse (seconde étape)
Demain, samedi 31 octobre à 16h, plutôt que de me déguiser en citrouille radioactive, je serai à la Librairie du Midi, à Oron-la-Ville, toujours en Suisse, pour une nouvelle rencontre autour de Crash-test. C'est une librairie chère à mon cœur, puisque ses proprios, Marie et Nicolas, ont réussi l'improbable exploit d'écouler plus de cent exemplaires de mon précédent roman, Tous les diamants du ciel. Et pas au même client ! Voici d'ailleurs ce que dit Marie Musy de mon dernier livre:"Claro nous revient avec un nouveau texte qui tient autant du roman que du poème. Crash-test est un livre sans jaquette, comme si le lecteur devait poser ses yeux, et ses mains, directement sur les mots. Ou plutôt sur les corps. A travers trois personnages (un ouvrier qui travaille dans la section «crash-test» d’une usine automobile, une strip-teaseuse et un ado qui découvre la sexualité avec des bandes dessinées pour adultes), Claro nous invite à une exploration des corps. Quelle est leur résistance, qu’en reste-t-il une fois mort, quel est le prix d’un corps et quel effet celui d’une femme a-t-il sur les hommes ? A toutes ces questions l’auteur répond avec une infinie poésie et un humour absolument décapant"En plus, ils m'ont arrangé une superbe vitrine, comme vous pouvez le constater sur la photo. Bon, pour être franc, tout n'est pas rose, et à ce propos j'ai une bonne et une bonne nouvelle à vous annoncer. La bonne nouvelle, c'est que dans cette librairie l'apéro commence à 16h. Cool, non? La mauvaise, c'est qu'un astéroïde de 470 mètres de diamètre devrait frôler la terre le même jour. Coïncidence? Je ne crois pas.
Published on October 29, 2015 22:30
October 28, 2015
Crash-Test en Suisse (première étape)
Vendredi 30 octobre, à 17h, si jamais vous êtes du côté de Martigny, en Suisse, n'hésitez pas à faire un saut, que dis-je, un bond, une escale! à la librairie
Des livres et moi
(oui, je sais, il y a une astuce), j'y serai pour causer de mon dernier livre, Crash-Test (Actes Sud), un livre qui parle d'accidents même si, bon, comme me l'explique obligeamment le site salon-littéraire: "mettre bout à bout des historiettes ne fait ni un recueil de nouvelles ni, a fortiori, un roman.". Promis, la prochaine fois je les mettrai autrement que bout à bout. Arf.Ne reculant devant rien, je vous donne néanmoins l'adresse de cette excellente librairie : 31 Avenue de la gare 31 – 1920 Martigny. Il devrait faire dans les 15°. Là-bas, a priori, il y a des abricots et des ruines romaines, et aussi un centre de recherche en informatique Idiap (pour ceux qui l'ignorent, Idiap ça veut dire: Institut d'Intelligence Artificielle Perceptive). Bref, toutes les conditions sont réunies pour passer un bon moment.
Published on October 28, 2015 22:30
Cinq conseils de traduction (en guise de sex-toys)
Je déteste les conseils. Je déteste en donner et je déteste en recevoir. Il y a quelque chose de graveleux dans le conseil, on dirait un vieux sex-toy qu'on essaie de vous refiler, et vous sentez bien au moment de vous en servir qu'il n'a en fait jamais servi, mais bon aïe trop tard. Non, je plaisante, j'adore les conseils, j'adore en donner (je me doute qu'ils ne seront pas suivis) et j'adore en recevoir (je les oublie presque instantanément), donc, en voici cinq, comme autant de doigts prélevés sur une main qui par ailleurs peut aussi gifler et caresser, c'est selon.1. Lisez le texte à traduire comme s’il était déjà traduit (et donc ne résistait pas, feignait d’ignorer ce qui l’attend)
2. Lisez le texte à traduire comme si c’était une partition (laissez-le fredonner)
3. Traduisez le texte à tâtons, sensuellement, doigts en avant, tête un peu penchée, en marmonnant les notes que réveille le clavier
4. Retravaillez votre traduction avec une ferveur millimétrique – comme pour l’affinage d’un orgasme – afin que le texte rêve qu’il retourne dans sa langue d’origine
5. Lisez et relisez votre traduction comme si vous veniez de la découvrir enfouie dans du sable – soufflez aux bons endroits, grattez là où il faut, n’hésitez à passer la langue autour des contours pour qu’elle respire
Published on October 28, 2015 00:12
October 27, 2015
Histoire de version
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Pour parler traduction, bien sûr. Faisons donc escale dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire</i>, où le « thème » de la « version » joue un rôle et tient une place prépondérantes, ou du moins récurrentes, puisque l'enfant du livre peine à plusieurs reprises sur des passages des <i>Métamorphoses</i> d'Apulée, les faisant bégayer, les "ahanant" pour mieux les laisser polliniser le texte. Il est aidé dans cette tâche par l'oncle Charles, et à l’instar de ce dernier, on aimerait parfois dire aux lecteurs qui renoncent à se dissoudre dans Simon ce que cet oncle bienveillant et revêche déclare au narrateur enfant qui cale au seuil de la version :</span></div><div style="text-align: justify;"><blockquote class="tr_bq"><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: small; line-height: 150%; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">« Est-ce que tu ne crois pas que tu pourrais au moins faire semblant de la préparer avant de venir me dire que tu n’y comprends rien ? »</span></div></blockquote></div><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: small; line-height: 150%; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">Oui, un peu de préparation, ça ne serait pas plus mal, non? Ou du moins l'illusion d'une préparation… C’est un moment crucial dans le livre, bien sûr, car l’oncle Charles n’est pas dupe, pas plus que Simon, quant à notre esprit de sérieux. Nous sommes souvent des lecteurs paresseux, distraits, insuffisamment roublards. Voilà sans doute pourquoi le grand Charles pousse un peu plus loin le bouchon rhétorique et demande alors à l'enfant:</span></div><div style="text-align: justify;"><blockquote class="tr_bq"><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: small; line-height: 150%; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">« […] pendant combien de temps as-tu fait semblant de faire semblant ? »</span></div></blockquote></div><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: small; line-height: 150%; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">Phrase stupéfiante, question carabinée, à laquelle il serait bon que tout lecteur, voire tout traducteur, réponde. Ne faisons-nous pas en effet, quand nous lisons, ou quand nous traduisons, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">semblant</i> de faire semblant</span><span style="font-size: small;"> <span style="font-size: 14.0pt; line-height: 150%; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">? Le simple fait que l’action de feindre puisse être dédoublée, emboîtée dans son propre effet de miroir, est en soi assez mystérieux. Cela suffit pourtant à nous convaincre que quelque chose d’essentiel est ici à l’œuvre.</span></span></div><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><br /></span></div><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: small; line-height: 150%; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">Nous <i>feignons</i> d’être plus ou moins prêt aux expériences de lectures qui nous attendent, mais c’est une illusion. Rien ne nous prépare <i>vraiment</i> à certains chocs littéraires. Mais pour entrer et avancer dans ces lectures qui <i style="mso-bidi-font-style: normal;">déstabilisent</i>, étant elles-mêmes nées d’un savant, d'un violent désaxement et ne concevant plus l’équilibre que de façon dynamique, pour ainsi dire fildefériste, pour ne pas (trop) nous perdre dans leurs méandres, il se peut que nous feignions d’y entendre quelque chose – un écho ? –, et c’est sans doute cette <i style="mso-bidi-font-style: normal;">comédie de l’entendement</i>– où la stupeur décide de se déguiser en confiance – qui nous en ouvre certaines portes, facilite certaines figures, permet quelques bonds, un peu comme quelqu’un qui mimerait la cécité pour tromper la nuit et finirait pas savoir se diriger dans l’obscurité.</span></div><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: small; line-height: 150%; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">Feindre, c’est aussi ruser. Et l'on peut, pourquoi pas, feindre de ruser — ce dont les textes ne se privent pas, non?</span></div>
Published on October 27, 2015 02:33
October 26, 2015
Soudain Proust (Episode 10)
Le passage de la première partie à la deuxième partie de Du côté de chez Swann – de Combray à Un amour de Swann –, relève d’un étrange tour de prestidigitation : on assiste, assez brutalement, à la disparition quasi absolue du narrateur. Combray, tel un ruban de Moebius, débute et s’achève en chambre, dans ces limbes entre somme et veille, avec l’évocation saisissante du « doigt levé du jour », une formule qui semble revisiter et singulariser la fameuse « aurore aux doigts de rose ». Et dans ce doigt levé, le « je » paraît se rétracter, devient simple signe lumineux — il ne reviendra que deux fois dans Un amour de Swann, tel un pouls battant une mesure binaire. Que s’est-il donc passé ?Dans Combray, Swann est présent, certes, mais s’il est admiré, il est également abhorré, puisque c’est sa venue chez le narrateur qui prive ce dernier de la présence maternelle. Dès que Swann arrive, l’enfant doit partir, comme si tous deux ne pouvaient cohabiter dans le même univers. Or qu’advient-il de Swann dans cette deuxième partie ? Il souffre. Il s’éprend d’Odette et s’enfonce inexorablement dans le labyrinthe de tourments qu’est la jalousie, laquelle est décrite dans toute sa richesse pathologique. Swann souffre, donc, ou plutôt il est torturé, le jouet de forces adverses et malignes, et c’est moins Odette finalement qui le torture que le narrateur. En fait, d’une certaine façon, on peut avancer que l’enfant qui a grandi se venge de Swann en le pourfendant des mille et une flèches de la jalousie. L'enfant quitte Combray, quitte l'enfance, le récit intime, et orchestre, depuis les coulisses du texte, l'inexorable descente aux enfers de Swann.
Quand le dernier coup est porté, quand Swann est libéré (mais trop tard, bien sûr) de sa passion funeste – « Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre ! » – alors le « je » peut revenir, l'air de rien, et reprendre, en début de troisième partie, le fil des heures exactement là où il l’avait quitté à la fin de la première partie :
« Parmi les chambres dont j’évoquais le plus souvent l’image dans mes nuits d’insomnie… »C’est comme si Swann n’avait pas existé. Il reviendra, certes, puisqu’il est le père de Gilberte, mais ce sera un Swann fantoche, spectral, abattu, passé au laminoir de la jalousie, presque bi-dimensionnel. Un règlement de comptes a eu lieu, et Proust, vengé, peut de nouveau jouer la comédie de l’admiration, avec cynisme, cela va sans dire. Swann lui avait ôté sa mère aux heures les plus chères: il aura donc droit à Odette mais au prix des pires affres, des affres les plus ridicules, histoire de peser les grandeurs et misères de la possession.Mais ne nous y trompons pas: Swann, étrangement, reste l’ennemi – et quand le narrateur lui écrira une lettre, dans A l’ombre des jeunes filles en fleur, pour l’assurer de ses louables intentions envers sa fille, Swann, comme s’il savait que l’auteur – aux deux sens du terme – de ses souffrances est ce jeune gandin qui ose lui expliquer ce qu’est un « vrai » amour, ne s’en laissera pas « conter ». Il le qualifiera de « grand imposteur ». La guerre entre Swann et le narrateur est loin d’être finie…
Published on October 26, 2015 01:32
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