Laurent Kloetzer's Blog, page 44

November 24, 2016

Sarah & Pandemonium - Bec & Raffaele

Sur conseil ardent d’un blogueur dont le nom seul ferait de lui un bon méchant dans un film de nazisploitation, j’ai lu quelques albums de Christophe Bec.
Les trois tomes de de la série Sarah Ville isolée des USA au passé pesant, belle fille traumatisée par un tueur en série pédophile, élément fantastique et bruits bizarres dans la forêt. On est dans une série B d’angoisse, on sursaute dans le noir dans les maisons vides,  et les campeurs qui s’aventurent tous seuls dans la forêt finissent tous mal en dispersant leur tripaille. Le dessin est très réussi et plonge dans l’ambiance. Pour le reste, on est dans un monde de clichés allant volontiers dans le glauque. 

Les deux premiers tomes de Pandémonium Un grand hôpital isolé aux US dans les années 50. Enfants et adultes atteints de la tuberculose. Un lourd passé, des squelettes enfouis, une petite fille qui voit des fantômes, et on sursaute en tournant les pages. Je pourrais faire les mêmes remarques que le précédent : c’est très réussi pour ce que c’est, une série B d’horreur angoissante, mais je crois que tout ça n’est pas ma came. 




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Published on November 24, 2016 02:31

November 23, 2016

Nos folies douces -- fréville

Ce recueil de nouvelles de fréville nous emmène, dans chacun de ses six textes, sur des terrains bizarres et glissants, traités avec un humour pince- sans-rire.Dans l’étrangleur amoureux, on écoutera la confession d’une femme dont l’amant bizarre m’a fait penser à l’amusante comédie So I married an Axe Murderer. Dans le paradis de Valentin, un petit garçon en route pour les vacances se demande si la voiture de ses parents est bien arrivée à l’endroit espéré. On visitera aussi un étrange monde de poupées, on fera un voyage spatial à bord d’un vaisseau un peu défectueux, on visitera un Far-West de banlieue...
Ces récits sont tous à la fois amusants et un peu dérangeants, jouant sur nos politesses, nos gênes sociales et nos secrets cachés. Chacun construit un univers à sa façon, décalé et glissant. Le ton et le style sont très agréables, la narration parfois un peu trop distendue. Il est toutefois réjouissant de lire que s’écrivent encore de nos jours de ces histoires bizarres et un peu cruelles, très françaises, dans la lignée des délicieuses frayeurs de Maurice Pons, ou des nouvelles fantastiques de Marcel Aymé.
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Published on November 23, 2016 02:11

November 12, 2016

Charlie et le Grand Ascenseur de verre - Roald Dahl


On l'aura compris : toute la famille chez nous adore les romans de Roald Dahl.
L'ascenseur de verre est la suite de Charlie et la chocolaterie. Et pour une suite, c'est une suite : tout se passe dans une seule journée, juste après que Charlie a récupéré les clefs de la merveilleuse chocolaterie. Il embarque donc sa famille (deux parents, trois grabataires et grand papa Joe) en compagnie de Mr Willy Wonka, tout le monde saute dans le Grand Ascenseur pour rejoindre la chocolaterie et... rien ne se passe comme prévu.OK, je l'admets, ce roman n'est pas le meilleur de Roald Dahl. L'histoire paraît avoir été écrite de manière complètement frénétique, à la va-comme-je-te-pousse. On y verra des extraterrestres, du Wonki-Forta et du Forti-Wonka, un président des Etats-Unis et son entourage complètement idiot, on montera très haut et on descendra très bas. Roald Dahl est en roue libre, ça part n'importe où n'importe comment et c'est très très très drôle. Et rien que pour ça, pour ses dialogues délirants et ses personnages idiots, le livre vaut le coup d'être lu. On a bien ri.
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Published on November 12, 2016 06:23

November 10, 2016

Lord Peter et l'inconnu – Dorothy Sayers

Au matin, juste avant de prendre son bain, M. Thipps, respectable architecte vivant près de Battersea Park, trouve dans sa baignoire le cadavre d'un homme, vêtu uniquement d'un lorgnon.Suite à notre lecture du mort du dix-huit juin, nous nous sommes lancés avec délice dans un nouveau Lord Peter. Or donc, l'élégant aristocrate accompagné de son fidèle Bunter, assistant l'inspecteur Parker de Scotland Yard, va éclaircir une histoire à la fois compliquée et amusante. Plus axé polar à énigme et moins roman de moeurs que le précédent que nous avions lu, Lord Peter et l'inconnu est un divertissement brillant qui ménage d'étonnants moment de méta-littérature où l'auteure s'adresse à nous à travers son personnage, des moments émouvants et une très belle scène de suspense. Même si ce livre a été sans doute conçu comme un pur divertissement, il offre beaucoup plus. Nous le recommandons chaudement.
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Published on November 10, 2016 21:46

November 9, 2016

Les cinq conteurs de Bagdad – Vehlmann et Duchazeau

Dans la cité magnifique des conteurs, le Calife organise un concours qui rendra riche et célèbre celui qui racontera la meilleure histoire. Cinq conteurs (parmi les 1000 candidats) s'associent pour parcourir le monde à la recherche de cette dernière, et c'est leur histoire que nous allons lire. Les cinq conteurs est une histoire sur les histoires, un vertige narratif truffé de mises en abyme, un jeu parfois drôle, parfois tragique, où des questions sont données à certaines questions pour mieux masquer certains mystères.Le dessin est superbe, les personnages très réussis et l'histoire très habile. Tout en étant impressionné par le tour de force, j'ai gardé une relation très intellectuelle avec ce livre : je suis resté admiratif, mais pas ému.



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Published on November 09, 2016 21:36

November 3, 2016

1985 / 2045 - au petit théâtre

Trois comédiens sur scène. La salle reste éclairée, ils parlent directement au public : les enfants, et les adultes qui les accompagnent. Le temps a passé, le temps est passé. Comment est-il passé, dans quelle direction passe-t-il ? Comme ça, comme on lit, de gauche à droite ? Comme lisent les Arabes ou les Chinois, de droite à gauche, de haut en bas ? A quoi ressemblait le temps d'avant, celui de vos parents ? A quoi ressemblera le temps d'après, quand vous aurez l'âge de vos parents ?

Par des jeux de dialogues, des changements de décor, des passages musicaux, les trois acteurs de la compagnie Kajibi Express montent un spectacle astucieux et très drôle, faisant toucher aux enfants comme aux parents le vertige, la peur et les joies du passage du temps. D'être enfant à être adulte, des changements de technologie aux changements d'attitude, du discours sur le temps d'avant, où on savait s'amuser, où on se tournait les pouces...


Les parents rigoleront bien sûr beaucoup de la plongée dans les années 80, mises en reflet -miroir de notre temps.


Le spectacle a été élaboré grâce à des entretiens avec des enfants, par la technique de l'écriture plateau, qui lui donne son aspect vif et vivant, à la fois spontané et bien réglé. Un remarquable travail, recommandé pour tous ! Encore un beau choix de programmation pour le petit théâtre de Lausanne. Courez-y !
photos © Philippe Pache
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Published on November 03, 2016 02:13

October 26, 2016

I Daniel Blake – Ken Loach

Nous sommes donc allés voir en salle la palme d'or de cette année. Dans ce récit social naturaliste, on voit un menuisier plus tout jeune, Daniel Blake, tenter d'obtenir ses indemnités d’invalidité suite à l’accident qu’il a connu sur le chantier. Dit comme ça, ce n’est pas follement gai (alors que Ken Loach sait être drôle, voir par exemple l’amusant la part des anges, un film qui fait aimer le whisky).

Loach filme la lutte de Daniel (et de Katie) pour la survie comme une tragédie. Des hommes et des femmes confrontés à des forces immenses, qui les dépassent et les écrasent. Il filme bien, ça ne rend pas heureux pour autant.  Ceux qui s’intéressent aux mécanismes sociaux d’oppression/sanction des pauvres autour du contrôle des allocations chômage ou ceux qui s’indignent de la bureaucratisation de l’univers retrouveront dans ce film des arguments mis en image, comme une mise en scène iconique des malheurs du monde.  Le acteurs sont très bien, le scénario très démonstratif. Pour le reste, je ne sais pas trop quoi en penser. Est-ce que les jurés de Cannes ont voulu se donner une bonne conscience sociale ? (Le film, s’il est fait avec talent, ne me paraît pas non plus être une grande œuvre, notamment cinématographique). Est-ce que nous n’aurions pas dû aller voir Docteur Strange, à la place ? (Le choix de films en salle, à Lausanne, est souvent un peu limité)
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Published on October 26, 2016 23:09

October 22, 2016

La ragazza con la valigia - Valerio Zurlini

Dans ce film de 1961, un fils de riche séduit Aida, une très belle jeune femme d'assez petite vertu, lui fait un paquet de promesses puis finit par l'abandonner. Elle retrouve sa maison à force d'acharnement et se fait ouvrir par Lorenzo, 16 ans, jeune frère du séducteur, qui en tombe bien sûr très vite amoureux et va multiplier les coups tordus et les mensonges (envers elle et envers sa famille) pour pouvoir la revoir.


C'est cette vidéo qui nous a donné envie de le voir, et on a eu bien raison. C'est du cinéma italien classe avec un très beau noir et blanc, Jacques Perrin en très jeune homme très naïf et surtout, surtout avec Claudia Cardinale, de ces femmes qui font penser que dans cette antiquité lointaine, au temps où la couleur n'existait pas et où le français se parlait avec ce drôle d'accent nasillard, les actrices étaient des déesses à la beauté inouïe, magnifiques et inaccessibles.


Et cette histoire d'amour impossible, de très jeune homme déchiré par ses sentiments et de femme humiliée par tous les hommes qui la croisent (et agitent sous son nez des billets de banque) a quelque chose de très touchant.





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Published on October 22, 2016 04:10

October 19, 2016

Mascarade – Florence Magnin

Comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai une relation particulière avec Florence Magnin. J’ai découvert son travail à travers les couvertures de la série Ambre de Roger Zelazny. Et pour moi, l’imaginaire d’Ambre a toujours été associé à son univers graphique, au point que les illustrations américaines autour de la série m’ont toujours beaucoup choqué. Puis j’ai aimé des illustrations pour Rêve de Dragon chez Multisim, lu ses BDs avec Rodolphe, que j’aime beaucoup, tout particulièrement Mary la noire. Son tarot d’ambre est, des quelques tarots que je possède, mon préféré. Et, ce n’est pas la moindre des choses, quand mon premier roman est paru, Stéphane Marsan m’a proposé spontanément de Florence Magnin en fasse la couverture. Sachant que plusieurs éléments de ce roman puisaient leur inspiration dans son travail, j’avais été enchanté. Venons-en à Mascarade. Première chose, je l’ai trouvé dans les rayons jeunesse de la bibliothèque publique et selon moi il n’avait rien à faire là. Malgré la douceur du dessin, les tons doux typiques de l’oeuvre de la dessinatrice, le fait que l’histoire mette en scène des enfants et des contes. Le récit fait peur et s’adresse je pense plus aux adultes qui ont été des enfants qu’à ces derniers directement.
Il y est question d’une jeune fille de onze ans, en vacances avec sa mère dans une maison de location. De sa découverte d’une légende locale sur le pouvoir des masques qu’on portrait traditionnellement lors des fêtes. De ses plongées dans le monde des rêves et des contes, déployant toute leur cruauté. L’histoire brasse large : contes de fée, fin de l’enfance, présence des monstres dans nos rêves, dans nos vies. On lorgne parfois vers Lovecraft, tendance contrées du rêve, parfois vers le Tournier du roi des aulnes. On est surtout, tout le temps, dans l’univers de Florence Magnin. Mascarade réussit le tour de force de rassembler dans un même récit et d’une manière cohérente et personnelle tout ce qui fait l’univers de l’artiste. Dieux étranges dans les bois, châteaux enchantés, pantins et poupées, reflets de lune, paysages enneigés, fantômes doux, pirates stylés, robes étranges, labyrinthes… Tout y est, en toute cohérence, comme si l’oeuvre de plusieurs décennies se révélait. J’ai été ébloui.


Merci à Benoît Felten de m’avoir donné envie de découvrir ce livre.
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Published on October 19, 2016 06:24

October 17, 2016

Fantômette a la main verte – Georges Chaulet

Oui, ça tourne un peu à l’obsession. Mais ce Fantômette-ci, assez raté, est aussi très intéressant. On y voit Fantômette, avec téléphone portable, Ficelle qui blogue et un discours sur les OGM. Ca vaut le coup d’insister un peu, non ?Le professeur Potasse (le savant fou de service des histoires de F.) a inventé un engrais qui permet de fabriquer de gros légumes – et aussi un chien de garde robot, au passage. Le Masque d’argent veut détruire tout ça par jalousie et méchanceté et Fantômette essaie de l’en empêcher.Une pure intrigue vélo des moins bons Fantômette : l’histoire part dans tous les sens, n’a aucune cohérence, lance des promesses ici ou là qu’elle ne tient jamais. Georges Chaulet, après avoir pondu une cinquantaine de romans entre 1962 et 1986, est revenu pour un dernier round sur son personnage fétiche avec trois récits écrits entre 2006 et 2009. La main verte est le deuxième de cette nouvelle série. D’où les portables, ordinateurs, etc. On voit tout de même de manière frappante que m’sieur Chaulet n’était plus tout à fait à la page : autant les anciens récits dynamitent gentiment la France pompidolienne, autant l’univers de ce retour ne tient pas du tout la route. On y injecte des gadgets modernes (portables, blog) mais on tourne surtout sur un univers auto-référentiel mettant en scène les mêmes personnages que d’habitude, sans aucun souci de cohérence psychologique. Et même l’usage de la modernité est foireux. Fantômette « tape le numéro » d’Oeil de Lynx sur son portable (ah bon, il n’est pas dans son répertoire ?), l’équipe de tournage télé n’a rien de crédible, la compréhension d’Internet très floue, etc. Dommage, parce que les enfants de nos jours, eux, comprennent. Dommage aussi parce que les rares éléments nouveaux lancés par l’auteur sont prometteurs : Oeil de Lynx en journaliste TV, Ficelle dont la fantaisie débile sonne un peu plus vrai dans un monde moderne, la justification sous-jacente des OGM (si, si) et bien sûr la romance amorcée entre F. et… (vous n’aurez qu’à lire).Je suis frappé, en fait, du manque de travail éditorial. Il y avait quelque chose à faire avec une Fantômette plus moderne. Le style de l’auteur avait gardé cet élan joyeux qui fait la marque des autres histoires de la série. Mais de nos jours les héros vieillissent, réfléchissent sur leur destin, on ne peut plus passer à côté de ça. On a l’impression d’une occasion manquée.
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Published on October 17, 2016 06:14