Laurent Kloetzer's Blog, page 70
February 13, 2012
Mes parents - Hervé Guibert
Ce livre a beaucoup de choses pour me déplaire. Etude de la relation de l'auteur avec ses parents. Souvenirs d'une enfance française moyenne, ni très heureuse, ni très malheureuse dans les années 60. Découverte de l'homosexualité.
Et pourtant c'est très bien. Parce que Guibert ne tient aucun discours général, parce qu'il ne défend aucune thèse. Parce que son livre est dense, épuré, constitué d'une collection d'impressions entrelacées, constituant un tableau plus vaste. Parce qu'il a le sens des mots, de leur poids, de leur puissance. Parce que son livré, malgré la médiocrité qu'il relate, n'est pas dépressif, mais plutôt drôle, acide, aimant, cruel. Parce qu'il parle de la possession, des corps, de la jouissance et de l'abrutissement. Par l'écriture, il touche à la vérité.



Published on February 13, 2012 00:06
February 11, 2012
Le dragon Griaule - Lucius Shepard
J'ai découvert Lucius Shepard avec Aztechs, collection de récits publié voici quelques années par le Bélial. L'auteur m'avait enthousiasmé par sa capacité à présenter une vision fantastique du monde. Shepard ne fait pas partie de ses auteurs d'imaginaires ayant passé leur vie dans leur chambre (ou dans leur bureau). Ses récits parviennent à créer une vision brûlante, amère et dangereuse de la vie que nous connaissons.
Le dragon Griaule est une série de novellas tournant autour d'une région imaginaire d'Amérique du Sud et d'un antique dragon, de deux kilomètres de long, dont la masse paralysée surplombe une vallée. Le dragon est vivant, il rêve, il rumine, et sa volonté s'exerce de manière maligne sur son entourage... A partir de ce postulat énorme, Shepard tire des récits très différents, depuis une forme de conte allégorique jusqu'à l'histoire de procès hard-boiled. Certains thèmes reviennent, insatisfaction amoureuse, libre-arbitre vicié, fantasmes douloureux... mais les récits sont aussi variés dans leur style que dans leur traitement. On sent que la figure de Griaule s'est imposée à l'auteur et est revenue le visiter, malgré plusieurs tentatives pour se débarrasser de lui. La qualité des histoires est variable, allant de très bonnes à excellentes.
Je ne les résumerai pas individuellement. Si vous êtes un tant soit peu curieux, allez-y, vous ne regretterez pas le voyage. Shepard n'est pas un auteur difficile, il est facile d'entrer dans ses textes et difficile de les lâcher. Et ce qui ne gâche rien, le livre est beau, bien écrit, bien traduit. Il en existe même une version numérique à un tarif raisonnable.
Les grands écrivains nous révèlent le monde, non pas comme nous le voyons mais comme il est réellement, utilisant pour cela à toutes les armes légales ou pas, fantasmes, récits réalistes, mythiques, fantastiques, bouffons... Shepard en fait partie.


Le dragon Griaule est une série de novellas tournant autour d'une région imaginaire d'Amérique du Sud et d'un antique dragon, de deux kilomètres de long, dont la masse paralysée surplombe une vallée. Le dragon est vivant, il rêve, il rumine, et sa volonté s'exerce de manière maligne sur son entourage... A partir de ce postulat énorme, Shepard tire des récits très différents, depuis une forme de conte allégorique jusqu'à l'histoire de procès hard-boiled. Certains thèmes reviennent, insatisfaction amoureuse, libre-arbitre vicié, fantasmes douloureux... mais les récits sont aussi variés dans leur style que dans leur traitement. On sent que la figure de Griaule s'est imposée à l'auteur et est revenue le visiter, malgré plusieurs tentatives pour se débarrasser de lui. La qualité des histoires est variable, allant de très bonnes à excellentes.
Je ne les résumerai pas individuellement. Si vous êtes un tant soit peu curieux, allez-y, vous ne regretterez pas le voyage. Shepard n'est pas un auteur difficile, il est facile d'entrer dans ses textes et difficile de les lâcher. Et ce qui ne gâche rien, le livre est beau, bien écrit, bien traduit. Il en existe même une version numérique à un tarif raisonnable.
Les grands écrivains nous révèlent le monde, non pas comme nous le voyons mais comme il est réellement, utilisant pour cela à toutes les armes légales ou pas, fantasmes, récits réalistes, mythiques, fantastiques, bouffons... Shepard en fait partie.

Published on February 11, 2012 01:41
February 8, 2012
Le lac Vostok

En lisant cet article dans Le Temps (archives accessibles aux abonnés) on ne peut bien sûr s'empêcher de penser aux découvertes des expéditions Byrd, et surtout Dyer-Lake, puis Starckweather-Moore. Il est connu des milieux informés que tout n'a pas été dit sur ce que ces Américains ont trouvé en Antarctique dans les années 30...
Extraits de l'article :
Le lac Vostok va livrer ses premières gouttes, et ses secrets Après vingt ans de forage, les scientifiques russes auraient atteint cette célèbre étendue d'eau préservée, lovée depuis des millénaires sous la glace de la calotte polaire de l'Antarctique, et qui pourrait contenir des formes de vie totalement inédites
C'est une lorgnette qui s'entrouvre sur un monde mystérieux! Après plus de vingt ans de travaux, les chercheurs de la base russe de Vostok seraient parvenus dimanche à pénétrer dans le fameux lac du même nom, lové à 3768 mètres sous la calotte glaciaire de l'Antarctique, selon l'agence de presse Ria Novosti, citant une source proche des milieux scientifiques. «Mes collègues semblent l'avoir fait», confiait lundi au Temps Sergey Bulat, biologiste moléculaire à l'Institut de physique nucléaire de Saint-Pétersbourg. Dans cette poche d'eau douce qui n'a pas vu le jour depuis 14 millions d'années, les scientifiques comme lui espèrent trouver des formes de vie inédites. Mais pour cela, il faudra encore attendre une année, l'équipe ayant désormais quitté sa base avec la fin de l'été antarctique.
Confirmé par des mesures satellites en 1993, le lac Vostok est une étendue vaste de 15 500 km2enfouie sous le désert de glace austral, contenant 5400 km3 d'eau, soit un peu plus de neuf fois le Léman. Il n'est que l'un des quelque 200 lacs similaires, que certains scientifiques voient connectés par un vaste réseau de canaux. Ceux-ci estiment donc que l'eau n'y est vieille que de quelques dizaines ou centaines de milliers d'années, tandis que d'autres avancent que, stagnant, le liquide pourrait remonter à l'époque de la formation de la calotte, il y a de cela 15 millions d'années.
Depuis une trentaine d'années, les paléoclimatologues extraient de cette gangue de glace à Vostok des carottes pour tenter de reconstituer l'histoire du climat de la Terre. Vers la fin des années 1990, les Russes, se sont aperçus qu'ils avaient atteint la «glace d'accrétion», autrement dit l'eau du lac qui gèle au contact de la base de la calotte, et forme alors une couche distincte. Or, surprise: un groupe de biologistes américains emmenés par John Priscu, de l'Université du Montana, a assuré avoir décelé dans cette eau gelée une concentration importante de bactéries, soit autant d'infimes représentants d'une communauté biologique peut-être inconnue.

Published on February 08, 2012 05:04
January 30, 2012
Janvier 2012 - Dream On

couverture de Julien Delval
pour l'édition Nestivqnen
Pour moi, 2012 a une signification particulière. C'est l'année durant laquelle se déroulent les aventures de Monsieur K., enquêteur privé au service d'une multinationale, du recueil Réminiscences 2012 aux éditions Nestiveqnen, publié en 2001 par Chrystelle Camus et Nicolas Cluzeau. Dans ces histoires, écrites entre 94 et 97, en hommage à Nestor Burma et au Temps du twist, de Joël Houssin, Internet balbutie, la terre est ravagée par un virus bizarre et notre héros travaille dans une tour de verre dans le quartier d'affaires d'une Ville où on reconnaîtra vaguement Paris, et plus sûrement le paysage psychique de l'auteur.
Le recueil comprend 12 histoires, de janvier 2012 à décembre 2012, avec leur lot d'enquêtes bizarres, de scènes d'action violentes et d'histoires d'amour pudiques.
Pour fêter dignement ce 2012 qui ne sera jamais, je vous propose de retrouver ces nouvelles en version numérique, une par mois de l'année, en commençant bien sûr par janvier.
Une nouvelle sur deux sera gratuite, l'autre payante (1 euro), ce qui permettra d'acheter l'ensemble du recueil pour six euros environ, sans DRM, en PDF ou en epub. Les textes seront disponibles sur lulu.com et amazon.fr et il y aura des bonus !
Enfin, les possesseurs de l'édition d'origine qui se feront connaître à l'adresse suivante (monsieurk [at] kloetzer.fr), et qui sauront me donner la deuxième phrase de la page 353 recevront par retour de mail l'édition pdf ou epub des nouvelles.

K. & Alex, vus par Mademoiselle
Voici donc, mesdames et messieurs, les frimas de Janvier 2012. Une histoire triste, avec des virus, des enfants malades, une carte de tarot (la reine d'épées), Monsieur K. qui n'est pas un détective et Alex, qui n'est pas son assistant. Enjoy !
Télécharger la version PDF gratuite (sur lulu.com)
Télécharger la version EPUB gratuite (sur lulu.com)
Télécharger la version Kindle à 0,86 euros (sur amazon.fr, qui ne permet pas les livres gratuits, zut)
Par ailleurs, ces éditions numériques ont été faites à la main, par un artisan qui débute. Toute remarque constructive à leur sujet donnera lieu à des corrections rapides et à des remerciements sincères. Elles n'auraient pu être fabriquées sans l'aide précieuse du tutoriel établi par Jean-Claude Dunyach et partagé à cette adresse. Je remercie également les éditions nestiveqnen pour leur soutien à cette initiative ! Bonne lecture à tous !

Published on January 30, 2012 23:12
January 25, 2012
New York New York - Martin Scorsese
Le pendu et Cecci ont vu New York New York, de Martin Scorsese
Ne le nions pas, nous aimons bien le travail de Marty, cinéaste baroque, souvent inspiré. Ici, la première scène est époustouflante, avec Jimmy en chemise hawaïenne cherchant par tous les moyens à tirer un coup le jour du V.J day, scène se terminant par une danse onirique, sans musique, éclairée par les passages du métro. Waow. Les scènes musicales sont scintillantes, les cuivres brillent, les décors de comédie musicale sont à la fois kitsch et chaleureux et les chansons sont très bien interprétées. Les dialogues fusent, je n'ai pas reconnu tout de suite Robert de Niro et il y a une vraie émotion dans la scène finale.
Dommage juste que le/les scénaristes aient oublié de raconter une histoire intéressante, plutôt qu'une success story sans grands enjeux ni suspense.


Ne le nions pas, nous aimons bien le travail de Marty, cinéaste baroque, souvent inspiré. Ici, la première scène est époustouflante, avec Jimmy en chemise hawaïenne cherchant par tous les moyens à tirer un coup le jour du V.J day, scène se terminant par une danse onirique, sans musique, éclairée par les passages du métro. Waow. Les scènes musicales sont scintillantes, les cuivres brillent, les décors de comédie musicale sont à la fois kitsch et chaleureux et les chansons sont très bien interprétées. Les dialogues fusent, je n'ai pas reconnu tout de suite Robert de Niro et il y a une vraie émotion dans la scène finale.
Dommage juste que le/les scénaristes aient oublié de raconter une histoire intéressante, plutôt qu'une success story sans grands enjeux ni suspense.


Published on January 25, 2012 23:23
January 24, 2012
Petites morts - premier chapitre
Le premier chapitre (si l'on peut dire) de Petites morts est disponible ici, pour les lecteurs intéressés.

Published on January 24, 2012 23:07
January 23, 2012
Hans was Heiri, à Vidy
Une scène noire, un DJ arrange des bruits de foule, des nappes, de la musique symphonique. Des tiges des balsa dessinent portes et fenêtres. La lumière vient, des personnages se mettent à danser, mais certains n'ont ni bras, ni tête, on met du temps à s'apercevoir qu'il s'agit de marionnettes. Plus tard, les corps des artistes se détachent de ceux des créatures qu'ils incarnent, quatre hommes et deux femmes aux démarches bizarres, aux habits criards, leur assemblage a quelque chose de dissonant, d'autant qu'ils se découpent sur un décor hyper géométrique de carrés et de rectangles.
Le spectacle tient de la danse, du cirque et de la magie : sauts, acrobaties, manipulations, disparitions. Les idées sont très nombreuses : comment mettre une femme dans une boîte, comment tenter de faire tenir tous les personnages dans le cadre, comment s'asseoir sans tomber, comment tenir debout quand la maison tourne ?
La maison tournante est l'outil principal et merveilleux de ce décor, quatre cases montées sur une grande roue, pourvues de meubles, de portes, de passages secrets, une sorte d'immense machine à laver où les personnages seront secoués, accrochés, mixés...
Si le spectacle a une vraie exubérance, une jubilation physique, il est aussi très très décousu, flottant, faisant traîner les scènes, mettant les petites idées et les beaux moments au même niveau, noyant parfois sa créativité. Disons-le, on s'est ennuyés. Comme si les créateurs n'avaient pas laissé décanter assez les idées, n'avaient pas assez construit l'univers et les personnages. Je me dis que revoir ce show un an après sa création serait sans doute excellent, quand les parties molles en auront été retirées et que ressortiront les merveilles qu'il contient.
Car il y a des merveilles, c'est ce que j'en retiens finalement, des compositions graphiques étonnantes, mêlant incongruité des corps et géométrie des décors. La maison inquiète, la fille suspendue jetant des ombres sur le mur du fond, le gourou sur son plan incliné, les barres arrachant les personnages au sol, le majordome pédalant dans le vide... Il y a dans leur humour déglingué et dérangeant quelque chose des collages improbables de Plonk & Replonk. Une forme d'humour suisse ?
Une production Zimmerman & de Perrot.
PHOTOS
AND COPYRIGHT
MARIO
DEL CURTO
Mention
obligatoire
Delcurtomario@gmail.com

Le spectacle tient de la danse, du cirque et de la magie : sauts, acrobaties, manipulations, disparitions. Les idées sont très nombreuses : comment mettre une femme dans une boîte, comment tenter de faire tenir tous les personnages dans le cadre, comment s'asseoir sans tomber, comment tenir debout quand la maison tourne ?

La maison tournante est l'outil principal et merveilleux de ce décor, quatre cases montées sur une grande roue, pourvues de meubles, de portes, de passages secrets, une sorte d'immense machine à laver où les personnages seront secoués, accrochés, mixés...
Si le spectacle a une vraie exubérance, une jubilation physique, il est aussi très très décousu, flottant, faisant traîner les scènes, mettant les petites idées et les beaux moments au même niveau, noyant parfois sa créativité. Disons-le, on s'est ennuyés. Comme si les créateurs n'avaient pas laissé décanter assez les idées, n'avaient pas assez construit l'univers et les personnages. Je me dis que revoir ce show un an après sa création serait sans doute excellent, quand les parties molles en auront été retirées et que ressortiront les merveilles qu'il contient.

Car il y a des merveilles, c'est ce que j'en retiens finalement, des compositions graphiques étonnantes, mêlant incongruité des corps et géométrie des décors. La maison inquiète, la fille suspendue jetant des ombres sur le mur du fond, le gourou sur son plan incliné, les barres arrachant les personnages au sol, le majordome pédalant dans le vide... Il y a dans leur humour déglingué et dérangeant quelque chose des collages improbables de Plonk & Replonk. Une forme d'humour suisse ?
Une production Zimmerman & de Perrot.
PHOTOS
AND COPYRIGHT
MARIO
DEL CURTO
Mention
obligatoire
Delcurtomario@gmail.com

Published on January 23, 2012 23:05
January 22, 2012
Si seulement je pouvais avoir peur, à l'échandole

Si seulement je pouvais avoir peur est une adaptation pour marionnettes d'un conte de Grimm, l'histoire d'un gamin qui recherche la peur, par la compagnie Pied de biche dont nous avions déjà apprécié le travail avec les Artpenteurs. Tentures rouges, visages blancs, grimaces inquiétantes, l'histoires est narrée dans une esthétique gothique, proche de celle de Tim Burton. Ben, le héros, est une créature pâlotte, sympathique et laide... On verra des fantômes, une momie, un lit monstrueux, une mystérieuse créature forestière, un paysan à la très longue et austère barbe noire, un roi sous sa tente aux crises de frayeur grimaçantes. Tout cela avec grandes orgues façon Hammer, voix inquiétantes... Et les plus petites regardant l'histoire à travers leurs doigts collés sur les yeux. La mise en scène est habile et énergique, mêlant humains et marionnettes (remarquablement animées, le meilleur travail que j'ai jamais vu en ce genre).
Jouant sans cesse sur le recul, la dérision et l'incapacité de Ben à avoir peur de quoi que ce soit, le spectacle apprivoise la peur et fait rire plus souvent qu'à son tour, sauf peut-être quand la mort elle-même entre en scène...
Bref, c'est drôle, inquiétant, pour les enfants comme pour les parents. On recommande chaudement !



Dates de tournée ici sur le site de la compagnie.

Published on January 22, 2012 22:56
January 19, 2012
[Publicité] Petites morts

Comme cela se produit parfois, je contribue ce mois-ci à l'introduction d'un nouvel objet dans le grand marché capitaliste du livre. Celui-ci s'appelle Petites morts, il est publié aux éditions Mnémos, mon tout premier éditeur.
Dans ce livre on trouvera cinq récits mettant en scène Jaël de Kherdan, épéiste, séducteur et paumé remarquable. Cinq histoires de rêves, de pièges, de femmes fatales et de situations inextricables. Une très jeune fille amoureuse, une fête galante mortelle, un port isolé par la tempête, une comtesse libre penseuse et audacieuse, et tout au bout du chemin la mort aux yeux pâles...
Pour les curieux, ce livre est lié par des passerelles à quelques autres livres : il est plus ou moins la suite de Mémoire vagabonde , parce qu'il en reprend le héros et les ambiances, telles que je les ressens maintenant. Il se passe pour l'essentiel dans le même cadre que Mémoire vagabonde et la voie du cygne (monde imaginaire post-renaissance, fêtes galantes et réalités incertaines). On y croise Alex que les lecteurs de Réminiscences 2012 connaissent déjà. Deux des récits, sur cinq, ont déjà été publiés, même s'ils ont été profondément retravaillés pour l'occasion : Mademoiselle Belle, dans l'anthologie Légendaire , en 1999. Et l'Orage, dans Rois & Capitaines.
Enfin, l'expression Publié sous la direction de Charlotte Volper, située en en-tête de l'ouvrage est totalement justifiée. Le livre ne serait pas ce qu'il est sans son travail minutieux et précis.

Published on January 19, 2012 11:30
January 18, 2012
The whisperer in Darkness - HPLHS

J'aime beaucoup ce que fait la HP Lovecraft Historical Society. Chants de Noël, feuilletons radiophoniques, films... Il y a dans leurs productions un petit grain de folie délirante et sympathique.
Après le très remarquable Appel de Cthulhu, voici l'adaptation de la fameuse nouvelle The Whisperer in Darkness, façon long métrage (Cthulhu était un moyen-métrage).
La nouvelle d'origine, excellente, raconte le voyage dans le Vermont d'Albert Wilmarth un professeur de folklore de la très fameuse Miskatonic University. Là, le professeur Wilmarth va s'entretenir avec Henry Akeley, un fermier isolé, qui a vu dans les montagnes d'étranges choses...
La HPLHS a choisi, tout comme dans leur premier film, d'adapter Lovecraft comme s'il avait été tourné à l'époque. Effets spéciaux simples, noir et blanc, acteurs au jeu assez expressionniste. Ici la référence me semble être les premiers films d'horreur, façon Dracula ou Frankenstein. L'ensemble dégage un parfum d'amateurisme sympathique.
Soyons clair, le film n'est pas excellent, mais pas à cause cet cet amateurisme, qu'on peut pardonner. Certes, le jeu des acteurs n'est pas toujours très bon (même si les premiers rôles s'en sortent bien), la réalisation et le montage pourraient être meilleurs, mais tout ça n'est pas très grave, on leur pardonne, parce qu'on sent que ce film a été fait avec amour et bouts de ficelle. Ce qui nous a plus gêné est que l'esprit de Lovecraft n'a pas été complètement respecté dans le scénario, qui étend un peu le propos de la nouvelle.

On peut le découper en trois grosses parties.
- Un premier moment à l'université Miskatonic, où on voit Wilmarth entouré de ses confrères professeurs. Ce passage provoquera des pincements de nostalgie aux vieux joueurs de l'Adc, et, ma fois, est assez réussi. Personnages bien posés, jolies idées (je ne sais plus si les lunettes stéréoscopiques sont dans la nouvelle...), bonne introduction de l'intrigue et de ses enjeux.
- ensuite, le voyage dans le Vermont et la discussion avec Akeley. Là, on est vraiment proche de la nouvelle. Même si la narration filmique aurait gagné a suggérer un peu plus et montrer un peu moins, le rire bizarre d'Akeley vaut le détour... Rien à dire toutefois. J'aime les jeux d'ombres sur les créatures, notamment.
- la troisième partie, par contre, part dans le grand n'importe quoi pulp-style. Rituel, avion, bagarres... On entre dans un esprit mauvais scénario de jeu de rôle, certes rigolo, mais loin de HPL. Notamment parce qu'en rebouclant sur des clichés éculés (grand-prètre et rituel expliqué dans un vieux livre...) on perd l'ouverture à l'imagination laissée par la partie précédente du récit et par la nouvelle en général.

Ne boudez toutefois pas votre plaisir et soutenez les initiatives de la HPLHS. Si j'ai des réserves sur le film, ce dernier contient quand même de jolies réussites que je vous encourage à découvrir. Le projet est chouette et j'espère qu'ils continueront à produire des bizarreries de ce genre. Moi, j'achète !

Published on January 18, 2012 01:53