Christophe Claro's Blog, page 76

March 8, 2016

Heureusement, pendant ce temps-là, la société progresse

[CAMPAGNE DE PUBLICITÉ LANCÉE PAR BAGELSTEIN:]




"Mardi 8 mars 2016, Journée internationale des droits de la Femme.
Mardi 8 mars 2016, Bagelstein lance la deuxième édition de sa « Semaine de la Femme » !
Parce qu’une journée n’est pas suffisant pour dire combien on les aime, nos mères, nos femmes, nos filles, nos vendeuses, nos Mme Bagel, nos clientes, nos amies,…
Et parce qu’une semaine ne serait pas encore suffisant, cette « Semaine de la Femme » va durer 9 jours plein, de ce 8 mars au mercredi 16 mars !!! 
Principe : trouver l’un des quatre petits souliers (une fève, pas un vrai soulier, hein !) égarés par nos pâtissiers (étourdis…) dans une verrine en vente dans nos boutiques Bagelstein. Les quatre chanceuses remportent une paire de Louboutin !!!

Mesdames, 4 paires de Louboutin vous attendent. La contrepartie : dévorer toutes les verrines que vous verrez dans nos boutiques pour trouver l’un des quatre souliers."
********************

En attendant de trouver ces mirifiques verrines, je vous propose de relire cet extrait du SCUM Manifesto de Valerie Solanas:
« Les hommes irrationnels, les malades, ceux qui essaient de nier leur sous-humanité, en voyant les SCUM arriver sur eux comme une lame de fond, hurleront de terreur et s'agripperont aux Gros Lolos tremblotants de Grosse Mamma, mais les lolos ne les protégeront plus contre SCUM et Grosse Mamma s'accrochera à Gros Père qui sera recroquevillé dans un coin et chiera dans son slip dynam. Les hommes rationnels, eux, ne se débattront pas, ils ne lanceront pas de ruades, ne provoqueront pas de brouhaha pénible, ils resteront sagement assis, détendus, ils profiteront du spectacle et se laisseront dériver jusqu'à leur destin fatal. » (1967…)


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Published on March 08, 2016 05:31

Droits des femmes: sur qui compter?


Et il y a encore des gens pour trouver que les mouvements féministes en font trop…
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Published on March 08, 2016 05:19

March 7, 2016

Casablanca Trash Pics

Façade libitum Le cycle de la mer


Irrévérence Question de perspective
Irresponsable
Juste retour des choses
De tous crins
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Published on March 07, 2016 07:40

February 29, 2016

Les années Ernaux et le voile Paris-Match

La vie est faite de morceaux qui ne se recollent pas – paraît-il. Je suis à Casablanca, pour une lecture d'extraits de Crash-test mise en scène par la chorégraphe Marta Izquierdo Muñoz, dans le cadre du festival Carambolage. Dans mes bagages, pour seule lecture – outre Proust – j'ai apporté Les Années d'Annie Ernaux, que j'ai acheté il y a peu dans un Emmaüs (sur les conseils d'Oliver Rohe). Je lis donc le livre d'Ernaux, et le lisant, je découvre deux choses périphériques. D'abord, sur ce livre, au stylo, le précédent lecteur a écrit ceci:
"C. L m'a offert ce livre. Le style curieux m'a emballé car il jette en vrac tous les détails de ma vie. Sans lui, les enfants ne connaîtraient pas l'évolution des vies de 1940 à 2008."
Voici un lecteur qui a tout compris, et ressenti, et su synthétiser le projet d'Ernaux: "jeter tout en vrac", même si, bien sûr, ce "vrac", chez Ernaux, ressort d'une alchimie particulière. C'est un vrac organique et intense, qui suit le temps comme une trace de sang.
Deuxième découverte, toujours dans le livre: glissé entre deux pages, un article de presse découpé dans Paris-Match, signé Gilles Martin-Chauffier, et consacré au livre d'Ernaux. (Oui, c'était l'époque où les lecteurs aimaient glisser des papiers dans les papiers.) L'article en question est négatif. Très négatif. Et très méchant. Il est également mensonger (et con). Il donne l'impression que le livre d'Ernaux est une pure recension clichetonnesque des années d'après-guerre à nos jours. Une sorte de "je me souviens" sans âme, carburant à la citation et au chromo. Or le livre d'Ernaux, qui entremêle un panorama fracturé d'années culturelles, historiques, politiques, sociales avec le rosaire brisé d'une intimité à conquérir est tout sauf un catalogue de moments doux-moments durs. Le travail de composition relève ici d'une mosaïque à la fois magique et instinctive, savante et dévorante, et il s'y tresse des écarts et des semblances, Ernaux commentant, relatant, collant, comparant, distançant, révélant, réinventant l'émotion au prisme permanent du deuil.
Mais Gilles Martin-Chauffier ne voit rien de tout ça. Pour lui, le combat est perdu d'avance. Car Ernaux n'est qu'une "bonne ancienne de 68" et une "groupie de Bourdieu". Oh, vieille droite, comme tes yeux te cachent tes ornières ! Quelle fade et facile façon de rayer le travail en griffant l'auteur.  68 et Bourdieu: ça fait je suppose beaucoup de lecture pour GMC. L'article n'est plus alors qu'une pyrotechnie pathétique, visant à défoncer Ernaux. Mais dans son emportement, Gilles Martin-Chauffier nous offre cette perle:
"De même qu'on n'apprend pas à une vieille musulmane à mettre son voile, on n'enseigne pas à une aussi vieille pro comment faire tourner les pages."
Que veut-il nous dire, exactement? D'où lui vient cette expression forgée? Que cache-t-elle? Il ne pouvait donc pas dire "On n'apprend pas au vieux singe à faire des grimaces"? Non, apparemment. Il remplace donc "singe" par "musulmane" et "grimace" par "voile". L'air de rien. Comme si la langue était anodine et la violence de la rhubarbe. Pourtant, dans le livre d'Ernaux, guère de voile et de musulmane, le sujet est ailleurs, dans le fil du rasoir des ans, et la disparition des images. 
D'où vient alors cette sémillante image? Gilles Martin-Chauffier, qui ne doit aimer ni 68 ni Bourdieu, a eu soudain comme un petit prurit d'imagination assorti d'eczéma proverbial. Et son imagination, au lieu de se porter sur le corpus travaillé au corps (mnésique) par Ernaux, s'est bloquée là, dans cette expression réinventée. Mais cette comparaison de la vieille musulmane et de la vieille pro est édifiante. Elle nous enseigne une chose: celui qui ne pèse pas ses mots est aussitôt pesé par eux. Je ne dirai pas que racisme et misogynie font bon ménage, tant la chose va de soi. Juste que la connerie a tendance, malgré elle, à lever un peu trop facilement le voile. Sur elle-même. Son vide critique.
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Published on February 29, 2016 16:42

February 23, 2016

Terezin, ville empêchée

« De haut, c’est une étoile » : ainsi débute le livre qu’Hélène Gaudy consacre à Terezin, Une île, une forteresse, livre qui adopte lui-même la forme d’une étoile, en s’aventurant dans des directions en apparence divergentes pour mieux laisser ces rayons-quêtes revenir irradier le cœur sombre de la ville, puisque celle-ci fut plusieurs choses, successivement et même simultanément, d’abord forteresse militaire à la Vauban qui ne servit jamais, puis ville de garnison sans guerre, enfin, pendant la guerre, « camp de rassemblement et de transit pour les Juifs de Bohême-Moravie », en fait véritable ghetto, mais d’un genre particulier, puisqu’il servira très vite de vitrine au Reich, lui permettant d’exhiber, lors de visites soigneusement réglées, une population qui, bien qu’affamée, devra offrir aux officiels de la Croix Rouge le visage impassible de personnes simplement déplacées, nécessairement regroupées. Comme le souligne Gaudy :
« Le ghetto sera l’antichambre, la vitrine, le champ d’expérience d’un système bien plus vaste dont il deviendra à la fois le laboratoire et le satellite. »
L’auteur s’est rendue plusieurs fois à Terezin afin d’aller au-delà des apparences à laquelle cette ville semble à jamais condamnée. Afin d’y voir, comme en une transparence impossible ou insupportable, ce qu’y filmèrent les Nazis, lors du tournage-propagande de Hitler offre une ville aux Juifs, sinistre mascarade sur celluloïd où les concepteurs de la solution finale veillèrent à chorégraphier l’internement comme s’il s’agissait d’une presque utopie. Hélène Gaudy va donc tenter de discerner, derrière l’immonde "ripolinage", dans les plis de son passé aussitôt refermé, des voix, des visages, l’autre vie, la vie autre qui,  ici, à quelques kilomètres de Prague, résista tant qu’elle put, s’efforçant de toutes ses ultimes forces vives, de persister sous les fissures du mensonge.
Amplement documenté, étayé ou plutôt innervé par des entretiens avec des survivants, nourri d’enquêtes en d’autres lieux, sur d’autres terrains (Auschwitz, Drancy…), faisant escale par d’autres regards, d’autres voix (celle, atypique, de G.A. Goldschmidt, mais aussi, celle, tutélaire de Sebald ; passent également les ombres de Max Jacob et de Robert Desnos…), l’ouvrage de Gaudy est aussi une plongée dans l’intime puisqu’il permet à l’auteure de revenir sur son grand-père, lui-même déporté. Tout d’abord comme égarée dans les rues de Terezin, cherchant à en saisir les valeurs (au sens presque pictural), l’auteur comprebd vite que ce lieu quasi atopique ne livrera ses secrets qu’au prix de patients détours. Il faudra en partir, y revenir, chercher sans cesse de nouveaux interlocuteurs, tenter de nouvelles approches, laisser le passé infuser le passé.
Il y a quelque chose d’étrangement proustien dans l’approche d’Hélène Gaudy, qui s’est donnée pour but de pénétrer les noms et leur secret, de faire coïncider Terezin et Theresienstadt, ainsi qu’on peut s’en rendre compte à la lecture de cette page :
« Il y a ce que le nom renferme dans les replis de ses sonorités, les lentes métamorphoses qui ajoutent ou retranchent une lettre, changent une terminaison, et il y a les événements brusques qui l’entachent subitement ou le mettent en lumière. Tel nom obscur soudain placé sur le devant de la scène, tel autre maculé, ouvert, dont on ne verra plus désormais que l’intérieur dévoilé. Sonorités de massacres d’Oradour ou de Guernica. Lieux de trahison, de honte – Nuremberg est ses lois, Vichy, son gouvernement. Du plus petit au plus grand, maison, rue, quartier, ville, pays et presque continent, chaque point dans l’espace est ainsi susceptible d’être gagné par une ombre telle qu’en entendant son nom, quels que soient ses charmes et puis ceux qui y vivent, on perçoive l’écho, que le temps répercute au lieu de l’éteindre, de la mise à mort. »
L’écho : c’est bien là ce à quoi s’est attachée Gaudy, aux échos, de toutes sortes, échos de la mémoire, de la parole, des murs, des rues, de la lumière et de l’ombre, échos des témoignages, des pensées, des silences aussi – et s’efforçant de n’en délaisser aucun, de n’en déformer aucun, l’auteure parvient, au prix d’une douce obstination quasi orbitale, à percer la fine mais tenace pellicule (mnésique, cinématographique, architecturale) qui nous empêche de voir, comme en coupe, les différentes strates qui composent l’énigme pour ainsi dire stellaire qu’est Terezin, ce noir cœur urbain, cette escale génocidaire, à laquelle l’ironie de l’histoire à conférée la forme d’une étoile de David.
Ces échos finissent par trouver dans le livre, non un point d’harmonie – leur histoire est trop discordante – mais comme une vibration commune, l’écriture de Gaudy, à force d’orbes et de glissements, réussissant à orchestrer les plans, à leur insuffler des perspectives qui nous permettent à nous aussi, lecteurs, d’entrevoir la chair des spectres. La découverte de Terezin n’est pas son invention. C’est un voyage qui se devait d’être à la fois discret et souterrain, prudent et intime. Au final, comme le dit Gaudy :
« […] la seule chose à trouver entre les murs de Terezin était peut-être, exactement, pauvrement, ce que j’avais eu devant les yeux et pris pour un écran. Une ville incomplète, amputée, une ville close et empêchée qui venait mystérieusement donner une architecture à quelque chose qui me manquait. »
Et une fois le livre de Gaudy refermé, on sait que déjà, telle une ville crue longtemps indéchiffrable, il s’ouvre à nouveau, plus libre, et comme emprunt soudain d’une douloureuse générosité._____________
Hélène Gaudy, Une île, une forteresse, éd. Inculte / dernière marge, 17,90€
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Published on February 23, 2016 10:17

February 18, 2016

De la porosité des traductions

Les traductions sont-elles poreuses? Hier, alors que je relisais ma traduction du chapitre 5 de Jerusalem, le roman d'Alan Moore, je bute un peu sur une phrase où il est fait mention d'une sorte de dragon vert qui boude dans une tourbière, lequel dragon est exposé apparemment dans une taverne de Londres. Bon, on est en 810 après JC dans ce chapitre, et Londres n'est pas encore tout à fait Londres, et c'est un moine qui croise ledit dragon lors d'un long périple. Donc, le dragon "boude" – en anglais, "sulk". Autrement dit – car la traduction est souvent affaire d'un "autrement dit" – notre bestiole végète, d'humeur maussade. Ça sent le fossile à plein nez, mais bon, le traducteur n'est pas là pour ôter la poussière et cureter la crasse. (Bien sûr, le dragon est un des emblèmes de Londres, et on trouve dans la capitale anglaise pléthore de statues dragoniformes…). Bref, tout ça pour dire que, délaissant quelques instants ma révision pour m'aérer les bronches oculaires (activité indispensable dès qu'on piétine en traduction…), j'ouvre un livre que je viens de recevoir par la poste, un petit volume intitulé Une autre terre, écrit par Bruno Sibona, et que l'éditeur a eu la gentillesse de m'envoyer (je l'en remercie ici).
J'ouvre donc le livre en question. Le premier texte qui compose le recueil s'intitule "Au courant de Tamise", en voici le début, vous allez vite comprendre le comment du pourquoi (et aussi le pourquoi du comment, tant qu'à faire):
"London Bridge: Le Pont de Londres, tout près de la première chaussée construite par les Romains du temps où le fleuve était beaucoup plus large et moins profond, à l'emplacement de l'emporium fondé par les indigènes, un rassemblement de longues huttes qu'ils appelaient Lundn et qu'ils approchaient en canoës. Longtemps, le fortin en barrant l'entrée s'est orné de têtes coupées de rebelles, une tradition qui s'est perpétuée jusqu'au jour où il y récupéra la sienne pour la donner au dragon vert, celui qui sommeille dans la glaise sous les piles."
On signalera au passage qu'il existe à Londres, dans le quartier de Southwark, un coin appelé Green Dragon Court. Et on conseillera vivement au lecteur de s'enfoncer dans le livre-strate de Sibona, dont je reparlerai bientôt. Mais le fait est que les chances pour que le dragon de Moore saute d'un bond d'un seul pour atterrir, quelques minutes plus tard, entre les pages du livre de Sibona, étaient minces. Il faudrait donner un nom à ce phénomène migratoire. A ce passage, ce glissement. A ce hasard objectif qui permet aux livres de se saluer dans l'ombre de leurs différences. Allons, soyons fous, forgeons un mot de toute pièce. Et appelons ce discret miracle une… une… translation. 
_________Bruno Sibona, Une autre terre, PhB éditions, 9 €
____________
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Published on February 18, 2016 05:21

February 13, 2016

January 28, 2016

Barracuda si !

Une fois n'est pas coutume, le Clavier cannibale prend ses quartiers d'été en plein hiver. Réouverture des portes aux alentours du 17 février. Eh oui, on vous laisse, pour s'en aller bosser (mais pas que) un peu plus au sud, ici plus précisément:
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Published on January 28, 2016 21:30

La phrase (pitoyable) du jour

"Les agressions sexuelles massives orchestrées par des islamistes nous indiquent à quel point nous nous devons de lancer un slogan pour les années qui viennent : Touche pas à ma sœur. Les violences qui sont faites [aux femmes] ne se limitent pas au plan physique, mais regroupent également, le galvaudage éthique de leur image et l’incitation quasi systématique à recourir au divorce et l’avortement, sans se soucier de l’impact psychologique de telles pratiques."
                            —Jacques Bompard, député de Vaucluse, maire d'Orange, ex-assistant en odontologie conservatrice, membre d'Occident puis d'Ordre nouveau, co-fondateur du Front National
Eh oui, pour Jacques Bompard, les femmes – ses sœurs – sont victimes de deux types d'agresseurs: les islamistes et les incitateurs au divorce et à l'avortement. Il faut donc, selon lui, faire voter une loi "pour lutter contre toutes les violences faites aux femmes". En s'appuyant sur "la vieille geste française faite de galanterie [qui] visait justement à mettre en valeur le respect dû à la femme". En stigmatisant la théorie du genre. La situation est grave, en effet, puisque selon Bompard, "les femmes se voient aujourd’hui refuser le droit à être mère au foyer". Il convient donc de créer un "statut de mère au foyer" mais aussi, mais surtout de déchoir de leur nationalité les migrants coupables d'agressions sexuelles. Voilà. Et sinon, mais c'est sûrement sans rapport, Alain Finkielkraut vient d'entrer à l'Académie française. Allez, une petite idée de slogan pour vous, les gars: Touche pas à ma peur…
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Published on January 28, 2016 07:00

January 27, 2016

Fermer les yeux, se concentrer


"Il avait lu – ou cru lire – dans un magazine la chose suivante : si plus de la moitié de la population mondiale – en fait, cette moitié + 1 – fermait au même moment les yeux et se concentrait sur la négation mentale de la réalité – la réalité de la réalité –, cette dernière cesserait alors d’exister, puisque la philosophie nous apprend qu’elle est le fruit sans doute illusoire de nos sens. Il avait compris – ou cru comprendre – qu’une telle chose ne se produirait pas – pas forcément – mais qu’étant possible, elle n’en était pas moins concevable, donc. Donc. Il rechercha longtemps le magazine où était exposée cette idée. Il interrogea sa femme, ses enfants, même l’employée de maison. Personne ne voyait de quel magazine il voulait parler. Il fit des recherches sur internet, mais il était difficile, apparemment, de synthétiser sa demande avec des mots-clés. La moitié + 1. Et s’il était, précisément, concrètement, lui, ce « +1 » ? S’il lui suffisait, maintenant, là, dans la cuisine, le couteau à beurre à la main, de fermer les yeux et de nier la réalité de la réalité, celle de la tartine et de tout le reste ? Les chances pour que la moitié de la population mondiale fasse la même chose que lui au même moment étaient minces, certes, mais il avait également lu – ou cru lire – dans un magazine – un autre ? le même ? – que les probabilités, fondamentalement, étaient toujours de une sur deux, puisqu’à chaque relance de la statistique – il n’était pas très sûr des termes –, on repartait de zéro. N+1. Une chance sur deux, donc, s’il avait raison, pour que tout cesse. Là. Maintenant. Ou à un autre moment. N’importe quel moment. Un moment sur deux. Réalité, puis : non-réalité. Fermer les yeux, se concentrer. Nier. Il aurait tant aimé retrouver ce magazine. Celui qui parlait de la négation de la réalité et aussi celui qui exposait le fonctionnement des probabilités. Mais le magazine qui exposait cette idée à la fois simple et incroyable, tout comme l’autre, étaient introuvables, à croire qu’ils n’avaient jamais existé. Il devait pourtant les retrouver. Il ferma les yeux, se concentra."
(extrait de Combien de fois, à paraître)
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Published on January 27, 2016 02:14

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Christophe Claro
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