Oeuvres Quotes
Oeuvres
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Emil M. Cioran65 ratings, 4.68 average rating, 5 reviews
Oeuvres Quotes
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“Il ne fait aucun doute pour moi que la sagesse est le but principal de la vie et c'est pourquoi je reviens toujours aux stoïciens. Ils ont atteint la sagesse, on ne peut donc plus les appeler des philosophes au sens propre du terme. De mon point de vue, la sagesse est le terme naturel de la philosophie, sa fin dans les deux sens du mot. Une philosophie finit en sagesse et par là même disparaît.”
― Oeuvres
― Oeuvres
“### Pauvreté de la sagesse
Je hais les sages pour leur complaisance, leur lâcheté et leur reserve. J'aime infiniment plus les passions dévorantes que l'humeur égale qui rend insensible au plaisir comme à la douleur. Le sage ignore le tragique de la passion et la peur de la mort, de même qu'il méconnait l'élan et le risque, l'héroisme barbare, grotesque ou sublime. Il s'exprime en maximes et donne des conseils. Le sage ne vit rien, ne ressent rien, il ne désire ni n'attend. Il se plaît à niveler les divers contenus de la vie, et en assume toutes les conséquences. Bien plus complexes me semblent ceux qui, malgré ce nivellement, ne cessent pourtant de se tourmenter. L'existence du sage est vide et stérile, car dépourvue d'antinomies et de désespoir. Mais les existences que dévorent des contradictions insurmontables sont infiniment plus fécondes. La résignation du sage surgit du vide. et non du feu intérieur. J'aimerais mille fois mieux mourir de ce feu que du vide et de la résignation.”
― Oeuvres
Je hais les sages pour leur complaisance, leur lâcheté et leur reserve. J'aime infiniment plus les passions dévorantes que l'humeur égale qui rend insensible au plaisir comme à la douleur. Le sage ignore le tragique de la passion et la peur de la mort, de même qu'il méconnait l'élan et le risque, l'héroisme barbare, grotesque ou sublime. Il s'exprime en maximes et donne des conseils. Le sage ne vit rien, ne ressent rien, il ne désire ni n'attend. Il se plaît à niveler les divers contenus de la vie, et en assume toutes les conséquences. Bien plus complexes me semblent ceux qui, malgré ce nivellement, ne cessent pourtant de se tourmenter. L'existence du sage est vide et stérile, car dépourvue d'antinomies et de désespoir. Mais les existences que dévorent des contradictions insurmontables sont infiniment plus fécondes. La résignation du sage surgit du vide. et non du feu intérieur. J'aimerais mille fois mieux mourir de ce feu que du vide et de la résignation.”
― Oeuvres
“Plus je lis les pessimistes, plus j'aime la vie. Après une lecture de Schopenhauer, je réagis comme un fiancé. Schopenhauer a raison de prétendre que la vie n'est qu'un rêve. Mais il commet une inconséquence grave quand, au lieu d'encourager les illusions, il les démasque en laissant croire qu'il existerait quelque chose en dehors d'elles.
Qui pourrait supporter la vie, si elle était réelle? Rêve, elle est un mélange de charme et de terreur auquel nous succombons.”
― Oeuvres
Qui pourrait supporter la vie, si elle était réelle? Rêve, elle est un mélange de charme et de terreur auquel nous succombons.”
― Oeuvres
“Que surgisse le paradoxe, le système meurt et la vie triomphe. C'est à travers lui que la raison sauve son honneur face à l'irrationnel. Seuls le blasphème ou l'hymne peuvent exprimer ce que la vie a de trouble. Qui ne saurait en user garde encore cette échappatoire: le paradoxe, forme souriante de l'irrationnel.
Qu'est il, pour la logique, sinon un jeu irresponsable, et pour le bon sens, une immoralité théorique? Mais le paradoxe ne brûle-t-il pas tout ce qui est insoluble, les non-sens et les conflits qui, souterrainement, tourmentent la vie? Dès que ses ombres troubles viennent se confesser à la raison, celle-ci cache l'origine de leur chuchotements sous l'élégance du paradoxe. Le paradoxe de salon est-il autre chose que l'expression la plus profonde que puisse affecter la légèreté?
Le paradoxe n'est pas une solution, il ne résout rien. Il ne peut que servir d'ornement à l'irréparable. Mais pouvoir, grâce à lui, redresser quelque chose, voilà le plus grand des paradoxes. Je ne puis me le représenter sans désabuser la raison, qui, par manque de pathos, est obligée de prêter l'oreille au murmure de la vie, et de renoncer à son autonomie. Dans le paradoxe, la raison s'annule elle-même; ayant ouvert ses frontières, elle ne peut plis arrêter l'assaut des erreurs qui surgissent, palpitantes.
Les théologiens sont les parasites du paradoxe. Sans son usage inconscient, ils auraient dû, depuis longtemps, déposer les armes. Le scepticisme religieux n'est autre chose que sa pratique consciente.
Tout ce qui n'entre pas dans les limites de la raison est motif au doute; mais, en elle, il n'y a rien. D'où l'élan fécond de la pensée paradoxale, qui a rempli la forme de contenu et donné cours officiel à l'absurde.
Le paradoxe prête à la vie le charme d'une absurdité signifiante ... il lui rend ce qu'elle lui a donné au départ.”
― Oeuvres
Qu'est il, pour la logique, sinon un jeu irresponsable, et pour le bon sens, une immoralité théorique? Mais le paradoxe ne brûle-t-il pas tout ce qui est insoluble, les non-sens et les conflits qui, souterrainement, tourmentent la vie? Dès que ses ombres troubles viennent se confesser à la raison, celle-ci cache l'origine de leur chuchotements sous l'élégance du paradoxe. Le paradoxe de salon est-il autre chose que l'expression la plus profonde que puisse affecter la légèreté?
Le paradoxe n'est pas une solution, il ne résout rien. Il ne peut que servir d'ornement à l'irréparable. Mais pouvoir, grâce à lui, redresser quelque chose, voilà le plus grand des paradoxes. Je ne puis me le représenter sans désabuser la raison, qui, par manque de pathos, est obligée de prêter l'oreille au murmure de la vie, et de renoncer à son autonomie. Dans le paradoxe, la raison s'annule elle-même; ayant ouvert ses frontières, elle ne peut plis arrêter l'assaut des erreurs qui surgissent, palpitantes.
Les théologiens sont les parasites du paradoxe. Sans son usage inconscient, ils auraient dû, depuis longtemps, déposer les armes. Le scepticisme religieux n'est autre chose que sa pratique consciente.
Tout ce qui n'entre pas dans les limites de la raison est motif au doute; mais, en elle, il n'y a rien. D'où l'élan fécond de la pensée paradoxale, qui a rempli la forme de contenu et donné cours officiel à l'absurde.
Le paradoxe prête à la vie le charme d'une absurdité signifiante ... il lui rend ce qu'elle lui a donné au départ.”
― Oeuvres
“Je suis de plus en plus certain que l'homme est un animal malheureux, abandonné dans le monde, condamné à se trouver une modalité de vie propre, telle que la nature n'en a jamais connu. Sa prétendue liberté le fait souffrir plus que n'importe quell forme de vie captive dans la nature. Rien d'étonnant, par conséquent, à ce que l'homme en arrive parfois à être jaloux d'une plante, d'une fleure. [...] Seule cette échappée cosmique, vécue suivant l'arabesque des formes vitales et le pittoresque des plants, saurait réveiller en moi l'envie de redevenir homme. Car si la différence de l'animal à l'homme consiste en ceci, que le premier ne saurait être autre chose qu'animal, tandis que l'homme peut être non-homme, c'est-à-dire autre chose que lui-même - eh bien, je suis un non-homme.”
― Oeuvres
― Oeuvres
