Ceux que la nuit choisit Quotes

“On n'échappe pas à sa condition. On fait des efforts, on se travestit dans une existence pour mieux en fuir une autre, on s'arme d'artifices, on se barde de diplômes et de paillettes mais à la fin il reste toujours un vêtement qui nous trahit, un costume trop grand, un masque factice qui révèle nos visages invariants.”
― Joris Giovannetti, Ceux que la nuit choisit

“Les prophéties ne valent que pour ceux qui les écoutent. N'est-ce pas là, finalement, l'essence de la vie ? Lutter contre le destin pour affirmer sa propre puissance d'agir ?”
― Joris Giovannetti, Ceux que la nuit choisit

“Les images, finalement, n'ont peut-être que le sens qu'on leur donne, et celle-ci ne possède pas de vérité, n'est qu'un spectre, ou bien le simulacre de sa propre manifestation. Rien d'autre qu'une idole aphone et sans vie.”
― Joris Giovannetti, Ceux que la nuit choisit

“Avoir du mal à reconnaître quelqu'un, c'est, d'une certaine façon, inconsciemment, réaliser une forme commune d'idolâtrie. On aime quelqu'un, on fixe son caractère, on attend de sa personne qu'elle réponde aux images que l'on a construites sur l'armature fragile d'un papier crépon. Or il suffit que se révèlent un secret, une attitude suspecte qui bouscule l'ordre de nos représentations pour qu'un monde s'effondre, et que l'on comprenne soudainement ce que les iconoclastes condamnent et qu'on ne prend plus le temps d'écouter. Ne reste de Byzance que ses querelles éternelles.”
― Joris Giovannetti, Ceux que la nuit choisit

“Il arrive parfois, dans un ciel absent, que rien ne suffise aux anges pour qu'ils manifestent leur compassion. Or, si nous sommes incapables de les discerner, à cause de la mauvaise qualité de notre vue, nous pourrions au moins nous concentrer sur ceux qui ne portent pas d'ailes et volent au milieu du chaos pour nous porter secours.”
― Joris Giovannetti, Ceux que la nuit choisit

“Le réel est donc pour nous une totalité évanescente à laquelle nous n'avons qu'un accès partiel, et nous ne savons rien, finalement, de ce qu'est sa majestueuse vérité suprême. Nous n'en connaissons que les fragments, et cela suffit à nous rendre le monde beau.”
― Joris Giovannetti, Ceux que la nuit choisit

“Le plus cruel, peut-être, c'est que nous cherchons des raisons. Nous sommes habitués à attribuer aux choses et aux formes un rapport de cause à effet que les lois de la physique élémentaire semblent indubitablement respecter. Nous ne nous en plaignons jamais. Il suffit pourtant que l'ordre des choses n'obéisse pas aux règles impérieuses de nos nécessités internes pour que notre système vacille. La force de l'habitude nous entraîne à penser que tout a un sens et une direction et maintient, dans un équilibre précaire, l'illusion d'un ordre donné selon lequel les choses iront bien. Il est rare qu'il en soit ainsi.”
― Joris Giovannetti, Ceux que la nuit choisit

“Ce n'est pas la mémoire, le fond de l'être ; c'est l'oubli, le devenir. Les lignes n'appartiennent pas au passé. Elles sont là pour être dévoyées, barrées, réécrites, celles de la vie comme celles de livres, celles de Cécilia comme celles de Nietzsche. Tout oser. Entreprendre. Sublimer. Avoir la force d'imposer son grand style, sa religion nouvelle à la lueur flamboyante d'un apocryphe. Faire de sa vie son œuvre, orner dans le regard des autres des diadèmes de cristaux et des joyaux de chair, briller de mille feux comme un phœnix, et, tel un soleil de minuit, écrire que le surhomme est une femme. Devenir un fragment d'éternité.”
― Joris Giovannetti, Ceux que la nuit choisit

“On ne peut pas travailler le deuil, car nous ne sommes pas maîtres de nos affects, nous n'avons pas la capacité de choisir notre force à endurer cette peine. C'est lui, le deuil, qui nous travaille, nous pénètre et nous transfigure, et nous prétendons le contraire seulement pour entretenir l'illusion que nous gardons le contrôle sur nos destins mis régulièrement à l'épreuve par l'absurdité de la mort. Mais nous ne contrôlons rien.”
― Joris Giovannetti, Ceux que la nuit choisit