Thomas Desforges > Recent Status Updates

Il y a des peuples nés pour l’orgueil et la vie. Ce sont ceux qui nourrissent la plus singulière vocation pour l’ennui. C’est aussi chez eux que le sentiment de la mort est le plus repoussant.

Contrairement à ce qui se dit, à cet égard du moins, la jeunesse n’a pas d’illusions. Elle n’a pas eu ni le temps ni la piété de s’en construire.

Un homme jeune regarde le monde face à face. Il n’a pas eu le temps de polir l’idée de mort ou de néant pourtant il a mâché l’horreur. Ce doit être cela la jeunesse, ce dur tête-à-tête avec la mort, cette peur physique de l’animal qui aime le soleil.

J’aime cette vie avec abandon et veux en parler avec liberté : elle me donne l’orgueil de ma condition d’homme.

Car je me trouvais embarrassé de tant de doutes et d’erreurs, qu’il me semblait n’avoir fait autre profit, en tâchant de m’instruire, sinon que j’avais découvert de plus en plus mon ignorance.

Si tu parviens à traverser l’avenue, tu trouveras ce souvenir d’elle que tu cherches. Dans ta mémoire, il reste un lieu où vous vous aimiez. Plonge. Rapporte un son, la couleur qu’elle hissait en toi, un instant à vous, une lèvre. Ce que tu peux. Extirpe cette pépite de ta boue de souffrance. Et repasse le sas avec.

Ou plutôt que la technologie n’a jamais été qu’une substitution à nos corps limité, qu’une projection de nos désirs de puissance, qu’une façon géniale d’externaliser nos pulsions dans les machines afin de nous rendre omnipotents face au réel.

De la technologie, nous avons pourtant tout abandonné, sans que ça freine aucun des processus, comme si nous étions contaminés de trop longue date ou empoisonnés à petites doses par la digitaline, ou nos corps baignés par les ondes à grande distance, vague après vague, jusqu’à s’aplanir sur la lande comme s’aplatissent sur une plage les mottes orgueilleuses de sable.

C’est un enjeu majeur pour nous : comment échapper à un cadre où tout acte laisse une trace sur une carte ? Où des banques de données, sans cesse, notent et stockent nos voix, nos pas, nos choix ? Renverser ce système ne servirait à rien : la majorité muette consent à sa sécurisation. Plus on l’isole, plus elle réclame cette enveloppe de technologies douces qui s’occupe si bien d’elle.

Pour moi, plus on nous connecte, moins on partage.

Nous vivons dans un monde de monades mobiles où acheter et vendre est devenu la seule chose qui nous relie !

La forme au joues rondes et au ventre rond, qui fait des gestes ronds dans son cocon oblong…

D’un auteur qu’on aime, on ne se souvient pas forcément des plus textes. Ceux qui restent vivants en nous le doivent à une affinité inexplicable avec certains rythmes furtifs qui nous traversent. Quand ils surgissent alors, ils forment comme une mise en son, comme une mise en souffle du passage.

La libre parole publique est un art dangereux. Elle est parfois indissociable de la propagande, parfois s’avère pire qu’elle : un cri pathétique, ton mal-être vomi en pluie, à des milliers de gens qui n’ont pas besoin de ça.

Enfin bref. Allez vous faire anusser.

A cette minute, la bêtise et la bassesse de l’homme me paraissent sans limites. Je me demande si ça vaut bien la peine de se donner tant de mal pour perpétuer cette méchante petite espèce.

Incompréhensible race humaine. Ce précieux sang que, dans le monde d’avant, on divisait en groupes, qu’on collectait et qu’on stockait tandis qu’ailleurs, dans le même temps, on le répandait à profusion sur le sol.

Oui, je sais ce qu’on va dire. Que l’homme a deux morales, selon qu’il bénéficie ou non de l’acte qui le scandalise.