Thomas Desforges > Recent Status Updates

Il est possible que, la médecine ayant disparu, la vie devienne plus brève. Mais si on vit plus lentement, si les jours et les années ne passent plus devant votre nez à une vitesse effrayante, si on a le temps de vivre enfin, je me demande ce qu’on a perdu.

Mais elles avaient aussi pour effet d’accélérer le temps. On voulait faire trop de choses trop vite. Les machines étaient toujours là, sur vos talons, à vous presser.

Nous sommes très occupés et pourtant, rien ne nous presse. Nous disposons de vastes loisirs. Le rythme de la vie est lent. Chose bizarre, bien que les journées aient le même nombre d’heures, elles nous paraissent infiniment plus longues. Au fond, toutes ces machines qui étaient supposées faciliter notre tâche, auto, téléphone, tracteur… elles la facilitaient c’est vrai.

On devrait vivre en portant plus d’attention à la vie. Elle n’est pas si longue.

Je pense que l’homme est un étrange animal pour désirer avec tant de facilité la mort de son prochain.

La bonne bouille ronde et mal équarrie de Peyssou, dans laquelle le nez est planté comme un couteau de campagne dans une pomme de terre, fait peine à voir tant elle est bourrelée d’incertitude.

…je pensais au temps où n’ayant plus de cartouches, ni de quoi en fabriquer, nos fusils ne nous serviraient plus à rien, dans un monde où la violence, en toute probabilité, ne disparaîtrait pas faute d’armes à feu.

Curieux comme, l’argent parti, les faux besoins se sont évanouis avec lui.

Y a pas plutôt une idée qui lui rentre d’un côté dans la tête qu’elle ressort aussitôt par l’autre. C’est comme ça qu’il se fait jamais de souci. Il retient rien.

L’homme, c’est la seule espèce animale qui puisse concevoir l’idée de sa disparition et la seule que cette idée désespère. Quelle race étrange : si acharnée à se détruire et si acharnée à se conserver.
— Comme quoi, dit Peyssou comme s’il concluait une longue réflexion, ça suffit pas de survivre. Pour que ça t’intéresse, il faut que ça continue après toi.

— La Pauline était vieille, dit Peyssou, et plus qu’on est vieux, plus qu’on a envie de vivre. Je vois vraiment pas pourquoi.
— Tu le verras, quand tu y seras, dit la Menou.

A cet instant, je me souviens, j’eus l’idée que les bêtes, même à la campagne, où pourtant on les aime bien, on n’en fait quand même pas assez cas, comme s’il était tout naturel qu’elles fussent là pour nous porter, pour nous servir, pour nous nourrir. Je regardais Amarante « … » et je pensais, on n’est pas assez reconnaissant, on ne les remercie pas assez.

Dans la société de consommation, la denrée que l’homme consomme le plus, c’est l’optimisme. Depuis le temps que la planète était bourrée de tout ce qu’il fallait pour la détruire — et avec elle, au besoin, les planètes les plus proches —, on avait fini par dormir tranquille.

Plongez dans la baignoire pour voir d’où vient le vent. Vous êtes tous morts, je suis vivant.

Sautez dans l’urinoir pour y chercher de l’or. Je suis vivant et vous êtes morts.

Les chants des coqs me résonnaient aux oreilles. Au milieu de ces chants funestes, l’homme et la femme étaient beaux comme de fragiles statues de porcelaine sur le point de se briser et ils prenaient les nuances roses de l’aube. Je n’avais jamais vu un baiser aussi beau et aussi pur et je n’en reverrais jamais de tel.

…un matin de mai, les yeux purs de la jeune fille se posaient sur le jeune homme qu’elle aimait ; le champ était humide de rosée ; à l’horizon, se dessinaient l’ombre de la guerre et l’angoisse de la vie ; la séparation les menaçait ; leurs jeunes lèvres s’effleuraient en un baiser pareil au premier éclair de l’aurore…