Thomas Desforges > Recent Status Updates

En général, elle s’était rendu compte que l’inconvénient majeur d’être un homme était que les conversations étaient moins intéressantes.

… risque de ne pas s’ancrer solidement, ou risque de s’écrouler dans l’égoïsme, la jalousie et le chagrin.

… exclusivement par invitation formulée et acceptée, et les arrangements doivent être connus de tous les quatre. Quatre âmes et quatre corps, et toutes les années de leur quatre existences à venir, sont concernés par chacune de ces décisions et de ces invitations ; la passion, qu’elle soit positive ou négative, doit trouver ses exutoires, et il faut établir la confiance, sinon toute la structure …

La conduite d’un nouveau sedoretu était, dans une certaine mesure, et à juste raison, prescrite par la coutume et sanctionnée par la religion. La première nuit après la cérémonie du mariage appartient aux couples du Matin et du Soir ; la deuxième nuit aux couples du Jour et de la Nuit. Ensuite, les quatre époux peuvent se rejoindre comme ils le souhaitent, et quand ils le souhaitent, mais toujours et …

… avait toujours senti quelque chose de faux dans ses relations avec eux ; elle n’avait jamais su qui elle était vraiment, sauf parfois au cours d’une méditation, quand son Je suis devenait C’est, et qu’elle respirait les étoiles. Mais avec Shahes, elle était totalement elle-même, dans le temps et dans son corps, Akal, une âme consumée par l’amour et bénie par l’intimité.

Avec Shahes, elle était une femme, bien plus une femme et bien plus elle-même qu’elle ne l’avait jamais été auparavant. Pour tous les autres, elle était Akal, qu’ils prenaient pour un homme. Ce n’était pas du tout un problème. Elle était Akal ; elle aimait être Akal. Ce n’était pas comme si elle avait eu à jouer un rôle. Elle ne s’était jamais sentie elle-même avec les autres gens, elle …

… les nuages et les brumes, pour briller à nouveau dans l’air cristallin.

Il y avait toujours une femelle pour les surveiller, la tête attentive inclinée sur son long cou, scrutant de ses grands yeux les vastes flancs de la montagne, depuis la rivière à des kilomètres en contrebas jusqu’aux glaciers à des kilomètres au-dessus. Les lointains pics de roche et de neige se distinguaient bien contre le ciel d’un bleu profond lorsque le soleil brillait, puis s’estompaient dans …

Leur hospitalité, comme la route qui menait chez eux, était devenue pierreuse faute d’être souvent utilisée.

… de Danro, on ne dit pas : « Nous avons neuf cents arius. » On dit : « Ils sont neuf cents dans le troupeau. »

Chaque ferme est en réalité le territoire du troupeau. Les animaux sont les véritables tenanciers de la ferme. Tolérants et distants, ils laissent les fermiers peigner leur épaisse toison, les aider pour les parturitions difficiles, et les dépouiller lorsqu’ils meurent. Les fermiers dépendent de l’ariu. L’ariu ne dépend pas des fermiers. La question de leur propriété ne se pose pas. À la ferme …

Elle recula, et sembla perdre un peu de sa substance du fait de ce simple mouvement, tant le brouillard était épais et sombre. Elle tendit la main, mais sans le toucher tout à fait. Il savait qu’elle souriait.

Elle regardait derrière lui. Il se retourna et aperçut la lune décroissante, juste au-dessus de l’océan de brume, ne laissant apparaître que sa partie la plus sombre, marquée de balafres. Il la regarda fixement, incapable de prononcer un mot de plus.

Mais elle finit par dire « Bonsoir », très bas, avec une trace de rire dans la voix, une voix douce qui vint se poser sur son esprit comme l’avait fait le brouillard, légère et fraîche.

… Un brouillard flottait à la surface des marais. Tandis qu’il regardait, les bras posés sur la balustrade, le brouillard s’épaissit et blanchit, masquant les marais et le canal. Il fut heureux de cette douceur, de cette lenteur du brouillard, qui estompait, cachait, guérissait. Il se sentit pénétré d’un peu de paix et de consolations.

Une longue passerelle avec une balustrade longeait la façade au Sud. Il s’y engagea, avec à sa gauche les toits pointus qui se dressaient comme des montagnes sombres, et les prairies et les marais, et puis lorsqu’il tourna sur la façade côté Ouest, il aperçut le canal en contrebas, immense et indistinct à la lueur des étoiles. L’air était doux et humide, et sentait la pluie qui s’annonçait. …

… à quatre s’appelle un sedoretu. Il comprend quatre sous-mariages ; les deux couples hétérosexuels s’appellent Matin et Soir, d’après la moietié de la femme ; le couple homosexuel masculin s’appelle le mariage de la Nuit, et le couple homosexuel féminin le mariage du Jour.

Si je me marie – par amour, par désir de stabilité, pour avoir des enfants –, j’épouse trois personnes. Je suis un homme du Matin : j’épouse une femme du Soir et un homme du Soir, et avec ces deux-là, j’ai des relations sexuelles ; et j’épouse une femme du Matin, avec qui je n’ai pas de relations sexuelles. Elle a des relations sexuelles avec l’homme du Soir et la femme du Soir. Ce mariage …

Il y a peu de gens sur les autres mondes qui soient prêts à croire que notre forme de mariage fonctionne. Ils préfèrent penser que nous nous contentons de la subir. Ils oublient que les gens, tout en se plaignant qu’ils aimeraient avoir une vie simple, se complaisent dans la complexité.

Je désire ardemment vivre parmi mon peuple et apprendre qui ils sont, maintenant que je sais, avec une certitude incertaine, qui je suis.

Les relations qui se forment à contre-courant des pressions négatives d’une société subissent des contraintes considérables ; elles ont tendance à devenir défensives, trop intenses, sans harmonie. Elles n’ont pas assez d’espace pour grandir.

J’ai appris qu’une histoire n’a pas de début, et qu’aucune histoire n’a de fin. Qu’une histoire n’est que confusion ; qu’elle n’est que milieu. Qu’une histoire n’est jamais vraie, mais que le mensonge est bien l’enfant du silence.

« L’histoire qu’on ne raconte pas donne naissance au mensonge »

… Une personne pour qui il n’y a pas de place.

Quel effet cela fait-il de revenir d’entre les morts ? Ce n’est pas facile. Ni pour celui qui revient, ni pour les membres de sa famille. La place qu’il occupait dans leur monde s’est refermée, a cessé d’exister, a été colmatée par l’accumulation des changements, des habitudes, des actions et des besoins des autres. Il a été remplacé. Revenir d’entre les morts, c’est être un fantôme. …

— Qu’est-ce que vous croyez qu’on fait à un violeur assassin ? Qu’on lui donne une médaille ? dit la gérante. Ils vont le castrer.
— Mais tout cela est ma faute, dit Azak.
La gérante la regarda fixement et dit :
— Est-ce que vous êtes folle ? Rentrez chez vous.

… baiser est la chose la plus importante, au lieu de n’être qu’un élément de l’amour et de la vie comme c’est le cas pour les femmes.

Pendant tout ce temps, Azak n’avait rien dit de son nouvel amour à Toddra, qu’elle voyait de moins en moins souvent. Un peu honteuse de sa lâcheté, elle se donnait bonne conscience en se disant qu’il était tellement occupé par ses activités de géniteur qu’elle ne devait pas trop lui manquer. Après tout, malgré tous ses discours romantiques sur l’amour, c’était un homme, et pour un homme, …

Un jour peut-être, il serra possible à un garçon de choisir sa vie. Parmi les autres peuples, le corps d’un homme ne conditionne pas sa destinée, n’est-ce pas ? Un jour peut-être il en sera de même ici.