“et il m'était arrivé, moi aussi quelques fois de trouver ça joli sur mes joues, alors que dans quelque nuit adolescente je pleurais d'avoir été laissée, par ce garçon que j'aimais et qui disait m'aimer aussi mais qui, de longues nuits entières me laissait sans nouvelles et pourquoi d'ailleurs avais-je tant besoin d'en avoir, pourquoi ne faisais-je pas autre chose bien sûr, moi qui aimais, comme lui, beaucoup faire la fête, pourquoi dans ces moments-là rien ne pouvait apaiser le manque, et je ne crois pas que ce soit une question d'amour non, je ne crois pas que ce soit ça, l'amour, je crois que c'était simplement le manque en tant que tel, ce manque qui nous constituait et faisait, de nos corps des puits sans fond où nous-mêmes nous nous perdions, tandis qu'il était lui, si libre, qu'il avait appris tôt cette liberté-là de ne pas répondre à la fille qu'on aime, oh ne serait-ce qu'un instant pour lui dire, mon cœur ne m'attends pas ce soir, et comme il ne répond pas, elle attend, la fille, une liberté à cause de laquelle on risquait de se retrouver encore bien seule même quand on était dans leurs bras, mais puisque c'est si joli une jeune femme qui pleure, on en voit, beaucoup dans les films et je trouvais jolie ma propre réduction à rien, mais j'ai trente ans désormais et je ne veux plus pleurer pour rien dans le vide d'un manque que rien ne comblera”
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Louise Chennevière,
Pour Britney