Chris Simon's Blog, page 18
June 1, 2016
Comment participer à un Giveaway sur Goodreads pour gagner des livres ?
Goodreads est un réseau social de lecteurs. Ils offrent de nombreuses fonctions aux lecteurs, comme créer sa bibliothèque virtuelle, partager ses lectures, créer des clubs de lecture, des événements, des rencontres et bien d’autres fonctionnalités, mais en plus des autres réseaux, il offre aux auteurs et maisons d’édition des outils de promotion. À l’origine créé par deux Américains de la côte Ouest, il appartient depuis 2014 à Amazon.
On trouve sur Goodreads parmi les nombreux services offerts, le Giveaway. Qu’est-ce c’est ?
C’est une fonctionalité qui permet de gagner des livres dédicacés.
Tous les jours, des auteurs ou maisons d’édition offrent des livres à gagner (service payant pour les ebooks, gratuit pour les versions borchées), pour participer, il suffit d’entrer votre nom dans l’une de ces offres (giveaway), et bien évidemment être membre de Goodreads. (Si vous n’êtes pas encore inscrit, lire mon billet précédent : Goodreads, un réseau social pour les amoureux des livres
Comment participer à un giveway ?
Rendez-vous donc sur Goodreads, puis dans le menu en haut centré, allez dans la rubrique Explore et cliquez, un déroulant apparaît avec de nombreuses options. Cliquez sur l’option Giveaway, vous vous retrouvez sur la page ci-dessous :
Une fois sur cette page, un menu de 4 rubriques vous permet d’explorer les livres offerts disponibles.
Rubriques
Ending Soon : bientôt fini
Most required : les plus demandés
Popular authors : Auteurs populaires
Recently listed : Les nouveautés
Sélectionnez la rubrique de recherche qui vous attire le plus et cliquez.
Vous atterrissez sur la page de tous les livres disponibles dans la catégorie. J’aime bien explorer la rubrique, bientôt fini (Ending Soon), une manière de ne rater aucun livre. Si vous avez un peu de temps, magasinez dans la rubrique des nouveautés (Recently listed). Vous verrez la liste semble infinie… Il y a vraiment du choix.
Choisissez un livre, marquez-le de Want to read et inscrivez-vous. Il vous suffit de cliquer dans la petite fenêtre Enter to Win. C’est tout, c’est aussi simple que ça. Pour remercier l’auteur si vous gagner un livre, vous êtes invité à laisser un commentaire sur Goodreads sur votre expérience de lecture.
Vous êtes prêt, maintenant. Tentez votre chance avec mon #Giveaway
May 23, 2016
Les commentaires Amazon influencent-ils votre décision pour acheter un livre ou pas ? ?
Ce matin, j’ai eu une discussion avec une amie, grande lectrice, qui me disait que les commentaires sur Amazon contribuaient à sa décision d’acheter ou pas un ebook qui l’intéressait. L’argumentation et la qualité du commentaire qu’il soit positif ou négatif est importante pour elle. Elle élimine d’office les commentaires mal rédigés ou aux arguments faibles et privilégie les commentaires clairs et concis qui insistent sur la qualité du livre. Je fais pareil. Un commentaire négatif pourra aussi me donner envie de lire le livre, car on peut aimer un livre exactement pour les mêmes raisons qu’un autre lecteur ne l’a pas aimé. Surtout, nous en sommes venus à réaliser que si les répétitions de la qualité commentaires se recoupent, les commentaires nous influencent certainement.
Depuis la sortie de Mémorial Tour, il y a deux semaines, le livre a reçu 19 commentaires, tous 5 étoiles.
Pour lire plus de commentaires, cliquez sur la couverture
Voici quelques extraits de ces commentaires :
« Je souhaite tout d’abord saluer l’originalité du sujet traité. Le tourisme noir, l’attrait pour le sensationnel, l’intérêt pour le morbide, des attitudes très “tendance” qui me donnent des hauts le cœur. L’auteure traite ce sujet avec énormément de talent. Elle en fait un roman qui se lit comme on lit un thriller. On est souvent perplexe et l’on se demande jusqu’où ce “voyage” va emporter les héros. Je n’en dis pas plus, au risque de “spoiler” l’intrigue. Je l’ai dévoré car la plume de l’auteure, agile et sans fioritures, sied parfaitement au sujet. Je recommande vivement cette lecture, c’est bien plus qu’un roman. Cela pourrait être un témoignage dans quelques années si l’absurdité de notre société poursuivait son envolée vers les cimes .” Mina94
« Oui, ce livre m’a bouleversé. Bien sûr. Mais il m’a aussi, et surtout, mis en présence d’une auteure qui alerte sans jamais donner de leçons, qui a peur sans jamais enterrer l’espoir de vivre mieux. Merci Madame pour la hauteur de votre talent rare et si précieux. »Fred
« Grâce à un traitement moderne proche du thriller, mais qui reprend aussi les codes de la télé réalité, le lecteur oscille entre réalité historique et fiction.
Chris Simon accouche là d’un livre audacieux, intelligent et sans concession qui nous porte sur les rivages du devoir de mémoire. Dérangeant jusqu’à la dernière page, le lecteur en ressort secoué avec une question au bord des lèvres : jusqu’où notre société du spectacle et des loisirs peut-elle aller ? A lire vite et à recommander. » FloLabbe
« Les mots qui me viennent pour “étiqueter” ce livre sont : génial, dérangeant, moderne, intrigant… C’est un livre audacieux, intelligemment construit sur une base documentaire indéniable, qui flirte implicitement avec les thèmes du voyeurisme et de la télé-réalité chers à notre époque (rassurez-vous, je ne spoile pas la fin du livre) tout en immergeant le lecteur au cœur de la Déportation. “Memorial Tour” est un de ces livres qui marquent. Normal : le sujet est on ne peut plus dérangeant. Mais Chris Simon a réussi à en faire un “devoir de mémoire” à la fois moderne et authentique. Bravo pour ce défi brillamment relevé ! » La marmotte de Haute Savoie
« Un livre étonnant qui décrit un “voyage touristique” dans les conditions réelles vers les camps de la mort. Au début sûrs d’eux et des prestations choisies, les voyageurs vont tomber de haut en se rendant compte où ils ont mis les pieds. Le manque de confort et les mauvais traitements vont rapidement leur faire perdre leur certitude..Et très vite, ils se retrouvent presque dans le même état d’esprit que des véritables déportés. Les descriptions sont telles qu’on s’y croirait presque. A tel point qu’au fur et à mesure de l’avancée de ma lecture, j’étais de plus en plus dérangée et mal à l’aise, sans pour autant avoir envie de lâcher le livre.
Un sujet vraiment bien mené. L’auteur n’a pas usurpé sa sélection au Salon du livre. » Anne67
« J’ai découvert cet ouvrage un peu par hasard sur un réseau social. Je ne connaissais pas l’auteure mais le sujet m’a interpelée, d’autant plus que j’effectue actuellement des recherches sur la déportation durant la seconde guerre mondiale.
Je me suis empressée de l’acheter, j’ai commencé la lecture et… l’ai quasiment lu d’une traite, curieuse de voir jusqu’où l’auteure allait m’emmener.
Un roman ? Oui, mais bien plus que ça ! Avant même de tourner la dernière page le lecteur ne peut que se poser de nombreuses réflexions sur le devoir de mémoire et la façon dont il doit être mené. Jusqu’où peut-on aller ? Comment doit-on s’y prendre ? Bravo à Chris Simon pour la façon dont elle a traité le sujet. » Patricia
« Lu d’une traite ce court roman dont la tension va crescendo jusqu’au final. Jusqu’à la fin je me demandais quel était la véritable destination de ce “voyage”. Ce roman nous place devant nos responsabilités. Facile de dire que les leçons du passé serviront à l’avenir. Nous avons la réponse dans ce livre, alors, voyeur ou acteur ? L’écriture sobre va à l’essentiel, à lire absolument. » Lilibrig
« Quiconque oublie son passé est condamné à le revivre ». Quel autre livre que « Mémorial Tour » pour illustrer mieux cette citation de Primo Lévi ? Ni plus, ni moins. Dés les premières pages, nous comprenons que nous tenons entre les mains un écrit qui va nous marquer, nous faire réfléchir, un livre dans lequel nous allons avancer pas à pas, nous enfoncer pas à pas. J’ai été touché « inconsciemment collectivement » par cette fiction dont l’action se situe à l’époque de l’iphone, permettant ainsi de rapprocher, de raccrocher, les wagons du passé et du présent. J’en ai été troublé au point d’avoir la sensation d’être le lecteur… d’1 voyeur. Comment dire, comme quand j’étais petit, qu’1 programme me dérangeait parce qu’il me faisait honte et que je voulais changer de chaîne. Ici je n’ai pas pu. J’ai bu ce livre jusqu’à la lie et j’avoue qu’il me poursuit. »AA
« Le sujet abordé ne peut qu’interpeller. Peut-on faire de lieux emplis d’histoire, d’horreur, de douleur et de peine ds attractions, invitation au voyeurisme? Très bien écrit, le récit tient en haleine jusqu’au point final. Bravo ! » Cetro
« Le sujet abordé est à la fois délicat et risqué. L’auteure réussit à ne verser ni dans la banalité ni dans l’horreur. Un roman troublant, c’est peu de le dire, où à chaque page on se demande ce que l’on ferait, comment on réagirait, à la place des personnages. Je n’avais jamais pris conscience de cette réalité, de ce type de tourisme. On ne sort pas indemne de ce récit qui soulève de nombreuses questions ! » JP&JG
Cliquez sur la couverture pour lire tous les commentaires
Ces commentaires vous influencent-ils ? Vous donnent-ils envie de lire mon roman ? Êtes-vous influencé en général par les commentaires sur Amazon ? Y-a-t-il des commentaires qui vous influencent plus que d’autres ?
©Photo Frédéric Clementz
May 19, 2016
Promotion ebook sur Kindle Mémorial Tour à 0,99
Quand ?
Aujourd’hui, Vendredi 20, et demain, samedi 21 mai
À quel prix ?
à 0,99 au lieu de 2,99Eur
À vos Kindle, tablette et téléphone !
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Promotion sur tous les pays !
Bonne lecture !
May 15, 2016
e-book extrait de Mémorial Tour (PDF)
Cette semaine je vous propose de télécharger un extrait de mon nouveau roman, Mémorial Tour.
Les premiers retours de lecteurs :
“Le sujet abordé ne peut qu’interpeller. Peut-on faire de lieux emplis d’histoire, d’horreur, de douleur et de peine ds attractions, invitation au voyeurisme?
Très bien écrit, le récit tient en haleine jusqu’au point final.
Bravo!” Kindle
“L’auteure traite ce sujet avec énormément de talent. Elle en fait un roman qui se lit comme on lit un thriller. On est souvent perplexe et l’on se demande jusqu’où ce “voyage” va emporter les héros.
Je n’en dis pas plus, au risque de “spoiler” l’intrigue. Je l’ai dévoré car la plume de l’auteure, agile et sans fioritures, sied parfaitement au sujet.
Je recommande vivement cette lecture, c’est bien plus qu’un roman.” Babelio
” Début très accrocheur pour ce roman dont le sujet original se dessine avec habileté au fil de ces 27 pages partagées. Votre plume précise, directe et fluide rend l’ambiance très palpable. J’aime votre style et ai beaucoup apprécié ce début de lecture.” MonBestSeller
“Et puis, j’ai ouvert le fichier sur le coin de mon bureau, j’ai relu le premier chapitre que je connaissais déjà via la version audio, j’ai lu le deuxième par curiosité, j’ai rejoint mon canapé, j’ai continué, conscient du travail en retard que j’avais à terminer, et puis, oh et puis zut, le travail en retard attendra encore un peu plus ! J’ai tout lu, tout dévoré, impatient de savoir comment tout cela allait terminer.” Kindle
« Ça n’aurait jamais dû arriver.
Et je ne veux pas dire par là le
nombre de victimes, je veux dire
la fabrication des cadavres.
Inutile d’insister. Ça n’aurait
jamais dû arriver. Il s’est passé
là quelque chose dont plus
personne ne peut se débarrasser. »
Hannah Arendt
Zéro
Les quatre valises, à moitié vides, ont envahi le salon, deux ouvertes sur le canapé, une sur le fauteuil et la dernière sur le tapis. Assise sur le deuxième fauteuil, je les contemple. J’y ai déjà rangé sous-vêtements, chaussettes et pyjamas. C’est maintenant que cela se complique. Pour les garçons, j’ai une idée précise de ce dont ils ont besoin, mais pour nous… C’est le pire moment d’angoisse du voyageur, il sait qu’il est en train d’oublier quelque chose, peut-être le plus important, mais comme il n’a encore aucune idée de ce qui va s’avérer indispensable, il sent que la partie est perdue d’avance. J’en connais qui renonceraient, moi pas. Je m’obstine. Je fais des listes dans ma tête, pense à toutes les éventualités, les cas de figure : l’attente dans les courants d’air, la pluie, le tire-bouchon, les pansements, les médicaments dont nous pourrions avoir besoin et que nous ne trouverions pas forcément ailleurs, les tisanes en sachet, le sucre, un foulard pour les journées ou soirées fraîches, un pull en laine, des leggings…
Mon mari n’intervient plus dans la préparation des valises, la seule fois où il l’a fait, c’était pour notre voyage de noces et cela avait fini en pugilat. Nous nous étions insultés, notre première engueulade de couple. Depuis, il me laisse l’entière responsabilité des bagages, même s’il lui arrive d’ajouter quelques objets personnels dans sa valise à la dernière minute. Il sort de la cuisine un torchon à la main.
— Tu ne veux pas me dire où on va ?
— Puisque c’est une surprise, lapin.
— Oui, mais tout de même, cela m’aiderait à faire nos bagages.
— Tu as vu les enfants ?
— Dans leur chambre.
— Le dîner est presque prêt.
— Appelle-les.
Il monte à l’étage, redescend, s’arrête dans le salon, noue le torchon autour de sa taille devant moi.
— Pas plus de huit kilos par bagage. Ils sont catégoriques sur ce point, lapin.
— Je me demande bien pourquoi, on ne voyage pas à pied en portant nos valises, quand même ! Tu penses que les nuits seront fraîches ?
— Sûrement, on part vers l’est et l’Est en avril…
— L’Est de quoi ?
— L’Est, c’est l’Est.
Patrice repart dans la cuisine. Romain, mon fils ainé, déboule les bras chargés d’une pile de jeux.
— M’man, est-ce que je peux emporter mes jeux vidéos chez mamie ?
— Oui, chéri.
— Vous partez combien de temps ?
— Une semaine, je crois. Pourquoi ?
— Pour savoir combien de jeux j’emporte. Un par jour, comme ça, je suis sûr de ne pas en manquer.
— Tu joues toujours avec le même !
— J’aime bien avoir le choix.
Romain jette les jeux dans sa valise et s’enfuit à pas pressés. Il remonte dans sa chambre. Le choix, avoir le choix, c’est justement ce que j’aimerais avoir. Je décide de prendre un pull en laine pour chacun. Deux pantalons (un de rechange au cas où), un short pour Patrice, une jupe pour moi pour les journées ensoleillées.
— C’est prêt ! hurle Patrice de la cuisine.
Personne ne lui répond.
Il traverse le salon, sort quelques livres de la bibliothèque, les feuillette.
— Tu prends un livre ?
— Oui, ça m’occupera pendant le voyage.
— On part en avion ?
— Non, en train.
— En train ? On ne part pas bien loin, alors !
— C’est ça.
Patrice, satisfait, range dans sa valise un roman policier et le gilet multi-poches qu’il porte en vacances et les weekends. Un sans manche en toile beige et résistante, style reporter, qui lui permet d’avoir tout à portée de main en randonnée.
— Tu conduis les enfants après dîner ?
— Oui. Tu ne viens pas ?
— Je préfère finir les valises.
— On a plus de dix kilos, là ?
Patrice me regarde avec tendresse, un air un peu désolé de me mettre dans cette situation.
— Je vérifierai le poids à la fin.
— Ne te mets pas la rate au court-bouillon… S’il nous manque quelque chose, on l’achètera en route ou sur place.
— Tu veux des chaussettes en laine ? Pratique, peu encombrant et confortable si on se déchausse dans le train.
— Si tu veux. Viens manger. Je vais chercher les enfants.
Envie de continuer la lecture ? Téléchargez le pdf gratuitement ci-desous pour un meilleur confort de lecture et un chapitre supplémentaire.
Merci de votre visite. Bonne lecture et n’hésitez pas à me faire un retour !
Cet article est le numéro 6 d’une série de 6 articles autour des thèmes, des personnages et de l’écriture de mon nouveau roman, Mémorial Tour. Lire l’article numéro 1 : Tourisme noir ou tourisme mémoriel ?, l’article numéro 2 : Le mémorial est-il un rempart efficace contre la barbarie ?, l’article numéro 3 : Tentative de tracer l’histoire d’un roman : Mémorial Tour, lire l’article numéro 4 : Roman, qu’est-ce qu’une dystopie ? Lire l’article numéro 5 : Qui sont les personnages de Mémorial Tour ?
e-book extrait de Mémoral Tour (PDF)
Cette semaine je vous propose de télécharger un extrait de mon nouveau roman, Mémorial tour.
Les premiers retours de lecteurs :
“Le sujet abordé ne peut qu’interpeller. Peut-on faire de lieux emplis d’histoire, d’horreur, de douleur et de peine ds attractions, invitation au voyeurisme?
Très bien écrit, le récit tient en haleine jusqu’au point final.
Bravo!” Kindle
“L’auteure traite ce sujet avec énormément de talent. Elle en fait un roman qui se lit comme on lit un thriller. On est souvent perplexe et l’on se demande jusqu’où ce “voyage” va emporter les héros.
Je n’en dis pas plus, au risque de “spoiler” l’intrigue. Je l’ai dévoré car la plume de l’auteure, agile et sans fioritures, sied parfaitement au sujet.
Je recommande vivement cette lecture, c’est bien plus qu’un roman.” Babelio
” Début très accrocheur pour ce roman dont le sujet original se dessine avec habileté au fil de ces 27 pages partagées. Votre plume précise, directe et fluide rend l’ambiance très palpable. J’aime votre style et ai beaucoup apprécié ce début de lecture.” MonBestSeller
“Et puis, j’ai ouvert le fichier sur le coin de mon bureau, j’ai relu le premier chapitre que je connaissais déjà via la version audio, j’ai lu le deuxième par curiosité, j’ai rejoint mon canapé, j’ai continué, conscient du travail en retard que j’avais à terminer, et puis, oh et puis zut, le travail en retard attendra encore un peu plus ! J’ai tout lu, tout dévoré, impatient de savoir comment tout cela allait terminer.” Kindle
« Ça n’aurait jamais dû arriver.
Et je ne veux pas dire par là le
nombre de victimes, je veux dire
la fabrication des cadavres.
Inutile d’insister. Ça n’aurait
jamais dû arriver. Il s’est passé
là quelque chose dont plus
personne ne peut se débarrasser. »
Hannah Arendt
Zéro
Les quatre valises, à moitié vides, ont envahi le salon, deux ouvertes sur le canapé, une sur le fauteuil et la dernière sur le tapis. Assise sur le deuxième fauteuil, je les contemple. J’y ai déjà rangé sous-vêtements, chaussettes et pyjamas. C’est maintenant que cela se complique. Pour les garçons, j’ai une idée précise de ce dont ils ont besoin, mais pour nous… C’est le pire moment d’angoisse du voyageur, il sait qu’il est en train d’oublier quelque chose, peut-être le plus important, mais comme il n’a encore aucune idée de ce qui va s’avérer indispensable, il sent que la partie est perdue d’avance. J’en connais qui renonceraient, moi pas. Je m’obstine. Je fais des listes dans ma tête, pense à toutes les éventualités, les cas de figure : l’attente dans les courants d’air, la pluie, le tire-bouchon, les pansements, les médicaments dont nous pourrions avoir besoin et que nous ne trouverions pas forcément ailleurs, les tisanes en sachet, le sucre, un foulard pour les journées ou soirées fraîches, un pull en laine, des leggings…
Mon mari n’intervient plus dans la préparation des valises, la seule fois où il l’a fait, c’était pour notre voyage de noces et cela avait fini en pugilat. Nous nous étions insultés, notre première engueulade de couple. Depuis, il me laisse l’entière responsabilité des bagages, même s’il lui arrive d’ajouter quelques objets personnels dans sa valise à la dernière minute. Il sort de la cuisine un torchon à la main.
— Tu ne veux pas me dire où on va ?
— Puisque c’est une surprise, lapin.
— Oui, mais tout de même, cela m’aiderait à faire nos bagages.
— Tu as vu les enfants ?
— Dans leur chambre.
— Le dîner est presque prêt.
— Appelle-les.
Il monte à l’étage, redescend, s’arrête dans le salon, noue le torchon autour de sa taille devant moi.
— Pas plus de huit kilos par bagage. Ils sont catégoriques sur ce point, lapin.
— Je me demande bien pourquoi, on ne voyage pas à pied en portant nos valises, quand même ! Tu penses que les nuits seront fraîches ?
— Sûrement, on part vers l’est et l’Est en avril…
— L’Est de quoi ?
— L’Est, c’est l’Est.
Patrice repart dans la cuisine. Romain, mon fils ainé, déboule les bras chargés d’une pile de jeux.
— M’man, est-ce que je peux emporter mes jeux vidéos chez mamie ?
— Oui, chéri.
— Vous partez combien de temps ?
— Une semaine, je crois. Pourquoi ?
— Pour savoir combien de jeux j’emporte. Un par jour, comme ça, je suis sûr de ne pas en manquer.
— Tu joues toujours avec le même !
— J’aime bien avoir le choix.
Romain jette les jeux dans sa valise et s’enfuit à pas pressés. Il remonte dans sa chambre. Le choix, avoir le choix, c’est justement ce que j’aimerais avoir. Je décide de prendre un pull en laine pour chacun. Deux pantalons (un de rechange au cas où), un short pour Patrice, une jupe pour moi pour les journées ensoleillées.
— C’est prêt ! hurle Patrice de la cuisine.
Personne ne lui répond.
Il traverse le salon, sort quelques livres de la bibliothèque, les feuillette.
— Tu prends un livre ?
— Oui, ça m’occupera pendant le voyage.
— On part en avion ?
— Non, en train.
— En train ? On ne part pas bien loin, alors !
— C’est ça.
Patrice, satisfait, range dans sa valise un roman policier et le gilet multi-poches qu’il porte en vacances et les weekends. Un sans manche en toile beige et résistante, style reporter, qui lui permet d’avoir tout à portée de main en randonnée.
— Tu conduis les enfants après dîner ?
— Oui. Tu ne viens pas ?
— Je préfère finir les valises.
— On a plus de dix kilos, là ?
Patrice me regarde avec tendresse, un air un peu désolé de me mettre dans cette situation.
— Je vérifierai le poids à la fin.
— Ne te mets pas la rate au court-bouillon… S’il nous manque quelque chose, on l’achètera en route ou sur place.
— Tu veux des chaussettes en laine ? Pratique, peu encombrant et confortable si on se déchausse dans le train.
— Si tu veux. Viens manger. Je vais chercher les enfants.
Envie de continuer la lecture ? Téléchargez le pdf gratuitement ci-desous pour un meilleur confort de lecture et un chapitre supplémentaire.
Merci de votre visite. Bonne lecture et n’hésitez pas à me faire un retour !

cliquez sur l’image pour télécharger le pdf
Cet article est le numéro 6 d’une série de 6 articles autour des thèmes, des personnages et de l’écriture de mon nouveau roman, Mémorial Tour. Lire l’article numéro 1 : Tourisme noir ou tourisme mémoriel ?, l’article numéro 2 : Le mémorial est-il un rempart efficace contre la barbarie ?, l’article numéro 3 : Tentative de tracer l’histoire d’un roman : Mémorial Tour, lire l’article numéro 4 : Roman, qu’est-ce qu’une dystopie ? Lire l’article numéro 5 : Qui sont les personnages de Mémorial Tour ?
May 7, 2016
Qui sont les personnages de Mémorial Tour ?
Découvrez 4 personnages de Mémorial Tour
Hélène Pernollet
Un peu naïve, mais surtout plus préoccupée par sa vie domestique, qu’elle veut réussie. Femme au foyer, mère de deux jeunes adolescents, elle vit dans ce monde aux multiples soucis et préfère laisser son mari, qu’elle aime comme au premier jour, gérer beaucoup le reste, ce qui inclut le choix et l’organisation des vacances.
Patrice Pernollet
Mari d’Hélène. Commercial, et jovial, il s’intéresse à l’Histoire ( 1940-1945) et aime l’exactitude. À une certaine dose d’humour, une capacité au bonheur des convictions et une grande tendresse pour sa femme, Hélène, à qui il aime faire des surprises.
Mathieu Legrand
Étudiant ambitieux, mais décontracté avec un goût pour l’aventure. Pour lui, l’aventure n’est plus d’aller découvrir des ethnicités inconnues dans quelques zones reculées, mais de résoudre les conflits aux quatre coins de la planète. C’est cette aventure moderne qui l’attire. Son idéal de héros est un philosophe, auditeur de crises.
Laure Caillot
Petite amie de Mathieu, étudiante en Science-Politique avec pourtant une ambition simple : faire des films. Elle s’embarque dans l’aventure avec un smartphone et un sac à dos.
Le roman est disponible en version numérique et papier.
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Bonne lecture et merci de contribuer au succès de ce roman en l’achetant dès aujourd’hui !
Le devoir de mémoire nous protège-t-il contre la barbarie ?
Un couple sans histoire part en voyage organisé, une surprise que fait Patrice à sa femme Hélène.
Un matin, deux hommes viennent les chercher. Dans le véhicule qui les emmène jusqu’au lieu de départ, ils font la connaissance d’un couple plus jeune.
Après l’enregistrement, le couple attend sur un quai avec quelques centaines d’autres voyageurs alors que les organisateurs ont disparu… Le train entre en gare, les couples restent muets devant l’arrivée des wagons à bestiaux… Le voyage dans les ténèbres ne fait que commencer…
Cet article est le numéro 5 d’une série de 6 articles autour des thèmes et de l’écriture de mon nouveau roman, Mémorial Tour. Lire l’article numéro 1 : Tourisme noir ou tourisme mémoriel ?, l’article numéro 2 : Le mémorial est-il un rempart efficace contre la barbarie ?, l’article numéro 3 : Tentative de tracer l’histoire d’un roman : Mémorial Tour, lire l’article numéro 4 : Roman, qu’est-ce qu’une dystopie ?
May 5, 2016
Sortie officielle aujourd’hui de Mémorial Tour, roman
Si vous l’avez précommandé, vous allez le recevoir automatiquement dans votre liseuse, sinon, commandez-le dès aujourd’hui en version numérique sur Kindle ou en version papier sur Amazon.
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Mémorial Tour, c’est :
Une contre-utopie
2 à 3 ans d’écriture
plusieurs thèmes
Un roman d’aventure au-delà de la télé réalité, du tourisme noir et de la SF à la “The Hunger Games”
Un des 6 romans lauréats du jury Amazon-Kindle KDP au Salon Livre Paris 2016
Disponible dès aujourd’hui en deux versions : numérique et papier
Je vous souhaite une bonne lecture et un excellent pont !
May 1, 2016
Roman : qu’est-ce qu’une dystopie ?
Comme on m’a posé la question plusieurs fois, j’ai décidé d’y répondre dans un billet. Une dystopie est un sous-genre de la Science-Fiction. Il y a des dystopies célèbres : Le Meilleur des mondes (1932) d’Aldous Huxley, 1984 (1949) de George Orwell, Fahrenheit 451 (1953) de Ray Bradbury, La Planète des singes (1963) de Pierre Boulle et plus récemment la trilogie de The Hunger Games de Suzanne Collins qui a eu un succès retentissant.
Définition
Une dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur.
Une dystopie peut également être considérée comme une utopie qui vire au cauchemar et conduit donc à une contre-utopie. L’auteur entend ainsi mettre en garde le lecteur en montrant les conséquences néfastes d’une idéologie (ou d’une pratique) présente à notre époque.
Mémorial Tour se situe dans la défnition 2. Cependant, quand j’ai commencé à écrire ce roman, je n’ai pas essayé d’écrire une dystopie, je ne me suis pas dit, tiens si j’écrivais une dystopie, je n’ai même pas pensé à ce genre en élaborant le concept et la trame de Mémorial Tour. Loin de moi d’essayer de coller à un genre quand j’écris. Je me suis tout simplement posé une question : qu’est-ce qui se passerait si un tour-operateur proposait un séjour dans les camps ? Je suis partie de ce “si” et j’ai créé des voyageurs idéalistes aux aspirations diverses : voyeurisme, recueillement, devoir de mémoire, désir d’effroi, les motivations profondes des visiteurs des camps de concentration, en dehors de ceux qui ont de la famille qui y a péri ou survécu, sont multiples.
Il est clair que la pratique de la visite des camps de concentration atteint chez certains Tour-Opérateurs des sommets d’absurdité comme l’indique l’extrait de cet article de T. Rin :
“… il s’agit aujourd’hui d’un “produit d’appel”, tous les tours-opérateurs proposant un tour en Cracovie incluent la visite d’Auschwitz. C’est même la première destination des tour-opérateurs organisés par la Cracovie, comme Cracow City Tour. La visite est organisée, depuis le transport, le « repas juif typique », jusqu’à la visite dans les camps, le tout étant payant. Cette multiplication du tourisme vers le site d’Auschwitz suscite de nombreux débats. Comment empêcher le camp de concentration de devenir un lieu hautement touristique, perdant presque toute sa force mémorielle ? Il ne s’agit en aucun cas de fermer les lieux, mais de repenser le discours et la visite du camp. Les organismes de tourisme transmettent parfois un discours historique biaisé, à la limite de la caricature. En effet, les clichés sont entretenus dans certaines boutiques touristiques : sur la place centrale de Varsovie, le visiteur peut acheter une représentation d’un Juif du ghetto avec un nez crochu et même un sac rempli de monnaie à la main. Est-ce entretenir la mémoire juive que de marchander de telles représentations ? Des compagnies de bus utilisent même de façon ironique l’Histoire pour lutter contre la concurrence en arborant des slogans comme : « Auschwitz ? Avec un ticket retour ? Depuis le centre ville ? Oui c’est possible ». La concurrence touristique aboutit ainsi à des absurdités, loin de toute perspective commémorative. Mais le plus alarmant réside dans le discours historique proposé lors des visites, qui ne respecte pas l’histoire précise du camp. Certains blocs ne sont pas montrés, tous les déportés sont présentés de la même manière (Juifs, Polonais, Russes, Tsiganes) au point de faire l’amalgame entre déportation et extermination : aucune nuance n’est présentée. ”
Cette dérive m’a inspiré. Un certain humour noir, proche du cynisme de ces tour-opérateurs, qui ne reculent devant rien pour attirer plus de clients, est, bien entendu, présent dans mon roman. Dans la contre-utopie, il faut forcer le trait, pousser les logiques le plus loin possible pour faire ressortir les travers ou les mises en péril d’une société. Quand le cauchemar est total, un peu d’humour apporte de l’oxygène dans l’écriture omme dans la vie.
Je n’avais donc pas pensé au genre en écrivant ce roman, je poussais juste un peu plus loin la logique commerciale de ces tour-opérateurs. La contre-utopie s’est imposée d’elle-même. Et comme aujourd’hui le classement par genre des livres est indispensable pour le rendre visible, j’ai embrassé cette catégorie, même si je sais que mon roman n’a pas le style ou toutes les caractèristiques du roman de Science-fiction. Ray Bradbury mentionne que ses premières nouvelles ont été rejetées par les rédacteurs en chef des revues de Science-fiction parce qu’ils reprochaient à ses nouvelles de ne pas être de la Science-fiction et par les revues de littérature blanche parce que ses nouvelles étaient de la Science-fiction… Ray Bradbury, aujourd’hui, est considéré non seulement comme un auteur de Science-fiction, mais aussi comme un auteur qui a réinventé le genre. Loin de moi l’idée que je pourrais réinventer la Science-fiction, mais juste pour dire que finalement le genre, c’est une façon de donner une aura à un livre, de renseigner et guider le lecteur et sans nul doute de rendre un livre plus accessible et plus visible sur les plateformes de distribution.
Pour finir, je vous laisse remarquer que si on inverse seulement deux lettres dans Memorial de Mémorial Tour (ce qui m’arrive souvent en écrivant, car je tape trop vite), ça donne Mémorail Tour. Pour un roman qui se passe en grande partie dans un train, c’est étonnant ! Le diable est dans les détails.
April 25, 2016
Tentative de tracer l’histoire d’un roman : Mémorial Tour
Il est difficile de déterminer quand l’écriture d’un projet a commencé, difficile de tracer l’histoire d’un roman. Si l’on s’en tient à l’activité d’écrire, l’on pourrait dire que le livre commence quand l’on passe à la phase d’écriture et que l’on en écrit la première phrase, mais l’on sait bien que tous les auteurs n’écrivent pas leurs livres de façon linéaire et qu’ils leur faut parfois des années avant de se lancer dans la phase dite d’écriture, par conséquent ce procédé ne serait donner la date de création d’un roman.
Il faut remonter le temps, chercher dans son passé les éléments qui ont pu vous insuffler la première vague impression, c’est ce que je vais tenter de faire pour Mémorial Tour. Voici une liste d’événements que j’ai retrouvés afin de constituer l’histoire de mon livre
Les auteurs de mes lectures entre 20 et 30 ans : Virgil Gheorghiu, Primo Levi, Jerzy Kosinski , Marguerite Duras, William Styron pour n’en citer que les principaux autour du thème de la shoah et des camps de concentration.
Dans les années 90, alors que j’étais professeur de Français à New York, nous nous rendions chaque année, toute l’équipe de professeurs de langue, à la conférence annuelle des professeurs de langues étrangères du Nord-Est des États-Unis (The NECTFL). Un rendez-vous extraordinaire, riche d’échanges et de pratiques, immense conférence en un weekend au cours de laquelle les professeurs de cette partie des États-Unis proposent ou participent à des ateliers autour de l’enseignement d’une langue étrangère. C’est donc lors d’un de ces rendez-vous que j’ai participé à un atelier qui s’intitulait : Comment enseigner la shoah dans la classe de Français ? J’étais revenue avec plein d’idées et comme j’avais prévu d’introduire mes élèves (des adolescents) dans ma classe la plus avancée au cinéma français au trimestre suivant, je rentrais avec des ressources fantastiques dont le film “Mr Klein” de Joseph Losey autour duquel j’ai travaillé avec mes élèves.

Depuis cet atelier, un idée m’a trotté dans la tête je l’ai laissée trotter. Il m’est arrivé de la raconter, deux fois seulement. Je la gardais précieusement au fond de moi. Je crois qu’il ne faut pas divulguer ses idées trop vite sous peine de les affaiblir.
En 2010 alors que je ne suis que depuis 1 an à Paris, j’ai loué un appartement rue Cadet dans le 9e à Paris. Un jour que j’explorais le quartier, j’ai découvert dans l’arrière cour d’un immeuble voisin une plaque, commémorant la mémoire de juifs arrêtés dans les années 40 dans le quartier et déportés dans les camps, je lis les noms, émue je rentre chez moi. Le soir même, alors que je me trouvais chez moi, je m’apperçus qu’une latte du parquet bougeait dans le salon, je l’ai soulevée et y ai trouvé un vide, une cache dans lequel reposait un billet d’un dollar. Qui l’avait mis ou laissé là ? Pourquoi un dollar et non pas un euro ? Je commençais à écrire après avoir remis le billet de banque à sa place.
J’écrivis dans l’urgence 5/6 pages et en 2 jours, le temps d’un weekend, sans me documenter. Ca partait de cette idée : un couple part en voyage organisé pour une visite dans un camp de concentration, mais le voyage va se dérouler autrement que de ce qu’ils avaient imaginé. J’écrivis l’histoire jusqu’au bout sans m’arrêter, d’une traite comme si l’idée qui me trottait dans la tête avait enfin pris une forme. En la relisant, j’avais l’impression de voir un film.
Ce texte après plusieurs années d’expérimentations et sur les encouragements de quelques lecteurs qui y voyaient un roman potentiel est devenu un roman : Mémorial Tour. Je remercie ces lecteurs. Ils se reconnaîtront.
Cet article est le numéro 3 d’une série de 6 articles autour des thèmes et de l’écriture de mon nouveau roman, Mémorial Tour. Lire l’article numéro 1 ici : Tourisme noir ou tourisme mémoriel ?, l’article numéro 2 ici : Le mémorial est-il un rempart efficace contre la barbarie ?
April 17, 2016
Le mémorial est-il un rempart efficace contre la barbarie ?
En 2013, alors que j’avais déjà en tête de transformer une de mes nouvelles en roman, je me suis rendue à la Gare de Bobigny, c’était la première fois que je me rendais sur un lieu qui avait été témoin de la déportation de milliers de personnes. Quelques années auparavant, j’étais allée au Museum of Jewish Heritage de New York, puis une fois en France, je m’étais rendue au Mémorial de la Shoah à Paris et à celui de Drancy. (précisons ici que tous ces musées ont vu le jour à partir des années 90)
Pendant des années lors de mes séjours en France, j’arrivais de New York à l’aéroport Charles de Gaulle, et prenais le RER B pour me rendre à Paris. À chacun de ces voyages, je fixais ce bâtiment en meulière, imposant, austère planté au milieu d’un réseau de rails, à quelques mètres à peine de la station RER Drancy. J’ai cru toutes ces années que ce bâtiment en meulière sur lequel on peut encore lire : Gare de Drancy, était la gare d’où les milliers de Juifs de France avaient été envoyés dans les camps. Je ne pouvais m’empêcher d’éprouver un pincement au cœur, une pensée pour les déportés en passant la station. En me rendant au Mémorial de Drancy, j’ai découvert qu’ils n’étaient jamais partis de cette gare, mais de la gare du Bourget (aussi une station du RER B) dans un premier temps, puis de la gare de Bobigny à partir d’août 1943.
J’ai fait des recherches sur internet et j’ai découvert que cette gare avait ouvert au public depuis Janvier 2012. Je m’y suis rendu.
L’ancienne gare de déportation de Bobigny est l’une des gares d’où partirent à partir de 1943 hommes, femmes et enfants en direction des camps d’extermination nazis (Birkenau-Auschwitz). Un lieu de mémoire à part, car rares sont les lieux de mémoire de l’internement et de la déportation qui ont gardé intact leur configuration d’origine. L’idée de ce lieu de mémoire a été de préserver le site comme trace de l’histoire et de la mémoire de la Shoah dans le respect de son authenticité. Et c’est réussi.

Gare de déportation de Bobigny – Ancienne maison des cheminots
C’était une très belle journée de printemps, un dimanche, le 26 mai 2013 exactement. Nous étions trois visiteurs à attendre sur le pont de rendez-vous. Puis la guide Anne Bougon nous a rejoint. Ce même jour à Paris, il y avait la manifestation contre le « Mariage pour tous ». Nous étions quatre donc pour nous souvenir de 22 500 personnes, tandis qu’à Paris, ils étaient 150 000 pour manifester contre l’égalité des droits pour certains citoyens. Vertigineux.
L’écriture de ma nouvelle m’avait transporté dans ce moment effrayant de l’histoire de l’Europe. J’avais eu envie de me rendre sur ces lieux, de me documenter aussi. Au fil de la visite et de notre avancée dans le site, je me sentais proche des hommes et des femmes, des enfants qui avaient transité par cette gare, ne croyant plus pour la plupart qu’ils allaient travailler en Allemagne. Le premier sentiment qui m’habita fut une communion avec les 22 407 hommes et femmes qui partirent de cette gare en direction des camps jusqu’en 1945. Une brise chaude parccourait la gare désaffectée et leur présence me semblait tacite. Le site est poignant, l’angoisse palpable, l’espoir nul.
22 407 personnes déportées en 13 mois, c’est une industrie. Seulement 22 personnes des convois partis ont survécu aux camps. Vertigineux aussi.

Gare de déportation de Bobigny
Un an plus tard, j’y suis retournée. J’avais organisé un atelier d’écriture, je trouvais que le lieu s’y prêtait. J’ai éprouvé deux joies :
Donner à ces hommes, femmes et enfants, un peu de mon temps pour les faire revivre, exister.
Leur amener des visiteurs. J’avais même eu l’impression qu’ils étaient contents que nous soyons là, que nous ayons lâché nos activités, nos vies pour nous souvenir quelques instants de leur sinon tragique, incroyable sort, mais surtout de la vie qu’ils n’auront pas eu la chance de vivre.
L’empathie pour ceux qui souffrent ou ont souffert, l’empathie pour les autres est une nécessité et un enjeu pour les lieux de mémoire. En effet, se souvenir, c’est refuser l’indifférence, c’est tenter de ne pas reproduire, c’est refuser de laisser une partie de la population payer pour les autres. Si nous sommes tous des humains, alors on ne peut accepter que quelques-uns ne soient pas traités en tant que tels.
L’empathie est bien l’enjeu des lieux de mémoire. Notre devoir de mémoire porte en lui le respect que l’on a de nos ancêtres, de ceux d’où l’on vient. Empathie et respect doivent empêcher que l’histoire ne se répète et défier les massacres.
Aujourd’hui, l’industrie du tourisme combinée à la recherche de sensations extrêmes par certains individus conduisent parfois nos contemporains à remettre en question les valeurs fondamentales de nos sociétés. Du coup, la question se pose : l’empathie et le devoir de mémoire sont-ils des remparts solides contre le barbarisme ?
J’ai tenté d’explorer cette question dans Mémorial Tour.
[image error] Mémorial Tour, c’est :
Une dystopie
2 à 3 ans d’écriture
plusieurs thèmes
Un roman d’aventure au-delà de la télé réalité, du tourisme noir et de la SF à la « The Hunger Games »
Disponible en précommande dès aujourd’hui.
Cet article est le numéro 2 d’une série de 6 articles autour des thèmes et de l’écriture de mon nouveau roman, Mémorial Tour. Lire l’article numéro 1 ici : Tourisme noir ou tourisme mémoriel ?
Texte et Photos ©Chris Simon
La visite de l’ancienne gare de déportation de Bobigny est gratuite. (pour horaires et lieu se rendre sur le site)