Tentative de tracer l’histoire d’un roman : Mémorial Tour
Il est difficile de déterminer quand l’écriture d’un projet a commencé, difficile de tracer l’histoire d’un roman. Si l’on s’en tient à l’activité d’écrire, l’on pourrait dire que le livre commence quand l’on passe à la phase d’écriture et que l’on en écrit la première phrase, mais l’on sait bien que tous les auteurs n’écrivent pas leurs livres de façon linéaire et qu’ils leur faut parfois des années avant de se lancer dans la phase dite d’écriture, par conséquent ce procédé ne serait donner la date de création d’un roman.
Il faut remonter le temps, chercher dans son passé les éléments qui ont pu vous insuffler la première vague impression, c’est ce que je vais tenter de faire pour Mémorial Tour. Voici une liste d’événements que j’ai retrouvés afin de constituer l’histoire de mon livre
Les auteurs de mes lectures entre 20 et 30 ans : Virgil Gheorghiu, Primo Levi, Jerzy Kosinski , Marguerite Duras, William Styron pour n’en citer que les principaux autour du thème de la shoah et des camps de concentration.
Dans les années 90, alors que j’étais professeur de Français à New York, nous nous rendions chaque année, toute l’équipe de professeurs de langue, à la conférence annuelle des professeurs de langues étrangères du Nord-Est des États-Unis (The NECTFL). Un rendez-vous extraordinaire, riche d’échanges et de pratiques, immense conférence en un weekend au cours de laquelle les professeurs de cette partie des États-Unis proposent ou participent à des ateliers autour de l’enseignement d’une langue étrangère. C’est donc lors d’un de ces rendez-vous que j’ai participé à un atelier qui s’intitulait : Comment enseigner la shoah dans la classe de Français ? J’étais revenue avec plein d’idées et comme j’avais prévu d’introduire mes élèves (des adolescents) dans ma classe la plus avancée au cinéma français au trimestre suivant, je rentrais avec des ressources fantastiques dont le film “Mr Klein” de Joseph Losey autour duquel j’ai travaillé avec mes élèves.

Depuis cet atelier, un idée m’a trotté dans la tête je l’ai laissée trotter. Il m’est arrivé de la raconter, deux fois seulement. Je la gardais précieusement au fond de moi. Je crois qu’il ne faut pas divulguer ses idées trop vite sous peine de les affaiblir.
En 2010 alors que je ne suis que depuis 1 an à Paris, j’ai loué un appartement rue Cadet dans le 9e à Paris. Un jour que j’explorais le quartier, j’ai découvert dans l’arrière cour d’un immeuble voisin une plaque, commémorant la mémoire de juifs arrêtés dans les années 40 dans le quartier et déportés dans les camps, je lis les noms, émue je rentre chez moi. Le soir même, alors que je me trouvais chez moi, je m’apperçus qu’une latte du parquet bougeait dans le salon, je l’ai soulevée et y ai trouvé un vide, une cache dans lequel reposait un billet d’un dollar. Qui l’avait mis ou laissé là ? Pourquoi un dollar et non pas un euro ? Je commençais à écrire après avoir remis le billet de banque à sa place.
J’écrivis dans l’urgence 5/6 pages et en 2 jours, le temps d’un weekend, sans me documenter. Ca partait de cette idée : un couple part en voyage organisé pour une visite dans un camp de concentration, mais le voyage va se dérouler autrement que de ce qu’ils avaient imaginé. J’écrivis l’histoire jusqu’au bout sans m’arrêter, d’une traite comme si l’idée qui me trottait dans la tête avait enfin pris une forme. En la relisant, j’avais l’impression de voir un film.
Ce texte après plusieurs années d’expérimentations et sur les encouragements de quelques lecteurs qui y voyaient un roman potentiel est devenu un roman : Mémorial Tour. Je remercie ces lecteurs. Ils se reconnaîtront.
Cet article est le numéro 3 d’une série de 6 articles autour des thèmes et de l’écriture de mon nouveau roman, Mémorial Tour. Lire l’article numéro 1 ici : Tourisme noir ou tourisme mémoriel ?, l’article numéro 2 ici : Le mémorial est-il un rempart efficace contre la barbarie ?