Thomas Desforges > Recent Status Updates

Je suis au troisième cercle, de la pluie
éternelle, maudite, froide et pesante ;
sa règle et fonction jamais ne modifie.

Gros grêlons, neige et une eau dégoûtante
se déversent à travers l’air ténébreux ;
la terre qui les reçoit est puante.

Cerbère, fauve cruel et monstrueux,
de ses trois gueules aboie avec rudesse
sur la foule submergée en ce lieu.

Yeux rougeoyants, barbe noire de graisse,…

Alors commencent les sons douloureux
à se faire entendre ; je suis parvenu
là où une immense plainte m’émeut,

venu au lieu d’où la lumière est exclue,
qui mugit comme la mer en tempête
si par des vents contraires elle est battue.

Le souffle infernal, qui jamais ne s’arrête,
avec violence emporte les esprits ;
tournoyant et frappant il les maltraite.

"Malheur à vous, âmes en perdition !

N’espérez pas de voir jamais le ciel :
je viens pour vous mener sur l’autre rive,
dans le noir éternel, chaleur et gel.

Et toi qui es à côté, âme vive,
sépare-toi de ceux-ci qui sont morts."

Les seules choses dont il faut s’affranchir
sont celles qui à faire du mal s’attellent ;
les autres non, elles ne font pas frémir.

Le jour déclinait, et le ciel à la brune
libérait les êtres qui sont sur terre
de leurs travaux ; et moi sans aide aucune

je m’apprêtais à soutenir la guerre
tant du voyage que de la pitié,
ce que décrira ma mémoire claire.

Supposez, la religion mise à part, qu’un prince s’avisât de distinguer ses sujets, selon la différence du teint ou des traits de leurs visages, en sorte que ceux qui auraient les cheveux noirs et le yeux bleus, ne pussent faire aucun commerce, ni exercer aucun métier ; qu’on les dépouillât du soin et de l’éducation de leurs enfants, et qu’on ne leur rendît aucune justice ; ne croirez-vous pas que…

Si les hommes pensent à la révolte, ce n’est pas à leur religion ni à leurs conventicules qu’on doit en attribuer la cause, mais plutôt aux châtiments et à l’oppression qu’ils endurent. La tranquillité règne partout où le gouvernement est doux et modéré ; au lieu que l’injustice et la tyrannie causent presque toujours le trouble et le désordre.

Les hommes ont deux voies pour terminer leurs différends, celle de la justice et celle de la force ; mais telle est la nature des choses, que toujours l’une commence là où l’autre finit.

Si quelqu’un a une divergence d’opinion avec vous, il ne se sépare de vous que sur ce point précis ; mais si vous en usez mal avec lui à cause de ce qu’il croit vrai, il devient entièrement votre ennemi.

Si la force ne peut se rendre maîtresse des opinions des hommes, ni en implanter de nouvelles dans leurs cœurs, en revanche, la courtoisie, l’amitié et la douceur sont capables de ce genre d’effets ; beaucoup d’hommes, que leurs occupations et la paresse empêchent de se livrer à l’examen, n’adoptent leur opinions que sur la foi d’autrui, même en matière de religion ; mais jamais ils ne…

Quant à l’efficacité de la force et de la rigueur pour modifier les opinions des hommes, l’histoire est remplie d’exemples de leur essai ; mais à pein trouvera-t-on un cas où une opinion ait été éradiquée par les persécutions, sauf là où la violence qui s’est exercée à son encontre s’est employée en même temps à exterminer tous ceux qui la professaient. Je désire seulement que chacun…

C’est l’expérience qui atteste de la pratique ; or, puisque les hommes ne sont pas tous des saints qui en appellent à la conscience, je croirai ne faire injure à aucun parti en affirmant que la plupart des hommes (ou du moins la plupart des factions humaines), sitôt qu’ils ont en main un pouvoir suffisant, en font usage, bien ou mal, pour promouvoir leurs propres intérêts et pour s’emparer de…

…la voie du salut ne réside pas dans l’accomplissement forcé d’actions extérieures, mais dans le choix intime et volontaire de l’esprit…

Mais arrivé au pied d’une éminence
où cette vallée avait abouti,
qui avait effrayé mon cœur d’abondance,

levant les yeux ses épaules je vis,
déjà vêtues des rais de la planète
qui conduit droit par tous chemins autrui.

Le succès a tant de poids en ce monde !…

J’aurais voulu représenter en un tableau saisissant d’exactitude notre forteresse avec ce que j’y ai enduré pendant de si longues années. Ai-je atteint ce but ? Je l’ignore ; je ne saurais en juger moi-même d’ailleurs, mais je sens que je puis terminer ; à remuer ces souvenirs, le chagrin m’étouffe, et puus pourrais-je me rappeler tous les détails ? Les derniers temps se sont pour ainsi dire…

Dans un bagne comme dans tout lieu où des gens sont rassemblés de force et non de leur plein gré, il me semble qu’on en vient plus vite à se querellee et à se haïr ; beaucoup de causes y contribuent.

Aucun homme ne peut vivre sans un but qu’il s’efforce d’atteindre ; s’il n’a plus ni but ni espoir, sa détresse fait de lui un monstre…

Cependant, prise dans son ensemble, la vie des bois, la vie de vagabond est un paradis à côté de celle du bagne. Aucune comparaison n’est possible d’ailleurs avec la vie libre, difficile sans doute, mais libre. Et c’est la raison pour laquelle, dans notre bonne Russie, tout détenu, quel que soit le lieu de son emprisonnement, devient inquiet avec les premiers beaux jours, avec les premiers rayons…

Avril a déjà commencé et la semaine sainte approche. Petit à petit, on se met aux travaux d’été. De jour en jour, le soleil devient plus chaud, plus brillant ; l’air sent le printemps et agit sur les nerfs. L’approche des beaux jours trouble même les hommes aux fers, éveille en eux des désirs, des ardeurs, une tristesse nostalgique. On pense plus ardemment à la liberté sous les brillants rayons…

Cependant le soir tombait et l’on alluma la veilleuse. Quelques malades, mais peu nombreux, possédaient des chandeliers. Le major fit la visite du soir, puis le sous-officier de garde compta les malades, et on ferma la salle après avoir apporté le baquet pour les besoins de la nuit… J’appris avec surprise que ce baquet resterait là toute la nuit, bien que les cabinets fussent à deux pas à peine de…