Thomas Desforges > Recent Status Updates

Briareos, or Earth-born, that warred on Jove,
By ancient Tarsus held, or that sea-beast
Leviathan, which God of all his works
Created hugest that swim th’ Océan stream:
Him haply slumb’ring on the Norway foam
The pilot of some small night-foundered skiff,
Deeming some island, oft, as seamen tell,
With fixèd anchor in his scaly rind
Moors by his side under the lee, while night
Invests the sea, ans whishèd…

At once as far as angel’s ken he views
The dismal situation waste and wild,
A dungeon horrible, on all sides round
As one great furnace flamed, yet from those flames
No light, but rather darkness visible
Served only to discover sights of woe,
Regions of sorrow, doleful shades, where peace
And rest can never dwell, hope never comes
That comes to all; but torture without end
Still urged, and a fiery deluge fed
…

Mais dans la pointe un oiseau fait son nid
tel que le peuple, s’il l’apercevait,
verrait à quel pardon il se confie :

la bêtise sur terre a tant prospéré
que sans une preuve faisant contrepoids,
à toute promesse on est prêt à céder.

Si fallacieuse est la chair des mortels
qu’un chêne met, de sa naissance au gland,
plus de temps que dure un bon début chez elle.

La cire des êtres et ce qui la conduit
sont variables ; sous l’effet de l’Idée
leur matière plus ou moins resplendit.

C’est ainsi qu’un même arbre peut donner,
selon l’espèce, fruits bons ou exécrables,
et vous naissez diversement doués.

Si la cire était d’emblée malléable
et les ciels en possession de tous moyens,
la lumière du sceau serait palpable ;

mais la nature toujours la contraint…

Si notre imaginaire est insuffisant
face à ces hauteurs, n’en soyons pas surpris,
car nul œil devant le Soleil n’est gagnant.

Comme toute graine hors d’un sol adapté,
la Nature est toujours en difficulté
lorsqu’à son état elle est mal accordée.

Et si le monde d’en bas réfléchissait
à la Nature et à ses fondations,
en le suivant les hommes y gagneraient.

Mais vous contraignez à la religion
tel qui était né pour ceindre l’épée
et faites roi tel né pour les sermons ;

vos pas s’écartent donc du bon sentier.

Ô vous qui sur un frêle bâtiment
avez suivi, soucieux de m’écouter,
mon vaisseau qui fend les mers en chantant,

revoyez vos rivages, retournez,
évitez le grand large : il se peut bien
qu’en me perdant vous ne vous égariez.

Chant XXIX

Comme femme amoureuse elle chanta,
et fit suivre ses mots de ces conseils :
Beati quorum tecta sunt peccata !

Et aux nymphes solitaires pareille,
par les forêts ombreuses désirant
pour l’une voir, pour l’autre fuir le Soleil,

elle avança le long du fleuve, allant
à contre-courant ; et moi en parallèle,
à petits pas ses petits pas suivant.

Je n’avais pas fait cent pas avec elle
que les…

Chant XXVIII

Impatient d’explorer dans tous ses détours
l’épaisse, vive et divine futaie
qui tamisait aux yeux le nouveau jour,

sans plus attendre du bord je m’éloignai,
arpentant la campagne à pas lents, lents,
sur un sol qui de toutes parts embaumait.

Un léger souffle, qu’aucun ondoiement
ne modifiait, me balayait le front
sans plus de vigueur qu’un vent caressant

sous lequel, frémissantes,…

« Le soleil baisse », dit-elle, « et vient le soir ;
ne vous arrêtez point, hâtez le pas
avant que le couchant ne devienne noir. »

Pendant que mes yeux dans le feuillage vert
se nichaient ainsi que le fait celui
dont la vie pour des oisillons se perd,

mon plus que père disait : « Mon petit,
viens donc, car il faut plus utilement
gérer le temps qui nous est imparti. »

Je tournai les yeux, et non moins prestement
mes pas, vers les sages qui devisaient
si bien que marcher ne coûtait nullement.

« Dresse vers moi », dit-il, « les yeux aigus
de l’intellect, et sera avéré
l’aveuglement des guides prétendus.

L’esprit, qui fut créé prompt à aimer,
est attiré vers ce qui lui agrée
dès qu’il est par la beauté éveillé.

De l’objet vrai notre perceptivité
tire une image et en vous la déplie,
faisant vers elle votre esprit se tourner ;

et si, dirigé vers elle, il se plie,
…

Comme pour leur mémoire conserver
les pierres tombales au-dessus des morts
portent la marque de ce qu’ils ont été,

eux que l’on pleure si souvent encore,
tant la piqûre du souvenir relance
la douleur des pieux, tel un picador,

ainsi vis-je, mais de plus belle apparence
du point de vue de l’art, d’images sculpté
tout l’espace qui hors du mont avance.

Je voyais la plus noble qui fut créée
parmi…

C’était l’heure où le désir s’infléchit,
où s’attendrit le cœur des bourlingueurs
quand ils ont dit adieu aux chers amis,

et qui pique d’amour le voyageur
tout neuf, s’il entend une cloche au loin
paraissant pleurer le jour qui se meurt ;

lors écouter commença d’être vain
et l’une des âmes debout je vis,
qui réclamait l’attention de la main.

Entre à-pic et replat courait un sentier
qui nous conduisit à flanc de cette cluse,
là où le bord tombe plus qu’à moitié.

Or, argent fin, carmin, blanc de céruse,
indigo, bois lumineux et serein,
fraîche émeraude lorsqu’elle est contuse,

toutes ces couleurs placées en ce sein
devant l’herbe et fleurs perdraient tout leur teint,
comme par le plus est vaincu le moins.

La nature non seulement…

Quand, sous l’effet de plaisirs ou douleurs
qu’appréhende l’une de nos vertus,
l’âme sur celle-ci met sa ferveur,

nulle fonction ne la mobilise plus ;
et ce fait s’oppose à l’erreur qui croit
qu’une âme en nous sur une autre s’allume.

Donc, quand quelque chose s’entend ou se voit,
qui retient fort l’âme vers soi tournée,
le temps s’en va, point on ne le perçoit ;
…

Th’infernal Serpent; he it was, whose guile
Stirred up with envy and revenge, deceived
The mother of mankind, what time his pride
Had cast him out from Heav’n, with all his host
Of rebel angels, by whose aid aspiring
To set himself in glory above his peers,
He trusted to have equalled the Most High,
If he opposed; and with ambitious aim
Against the throne and monarchy of God
Raised impious war in Heav’n…

L’aube triomphait de l’heure de matines
qui s’enfuyait, de sorte que de loin
je pus voir frémir la brise marine.

Nous passâmes là où la croûte glacée
brutalement enserre d’autres gens,
non tête baissée mais toute renversée.

Là on ne peut plus pleurer en pleurant
et la douleur, au barrage des yeux,
oppresse plus car elle n’entre au-dedans :

les premières larmes forment un nœud
et, telles des visières de cristal,
remplissent au-dessous des cils tout le creux.

Chant XXXII

Si j’avais les rimes âpres et rauques
qui conviendraient à la triste cavité
sur quoi font pression tous les autres rocs,

j’exprimerais le suc de ma pensée
plus pleinement ; mais ne les ayant pas,
c’est non sans crainte que je vais parler ;

dans ce projet on ne badine pas
– décrire le fin fond de l’univers –
ni n’emploie la langue de maman-papa.
…

Jamais tonneau, de douve ou fond privé,
n’eut, comme un que je vis, trou aussi grand,
du menton au trou qui pète éventré.

Ses boyaux entre ses jambes pendant,
on voyait ses viscères et le sac puant
qui transforme en merde nos amiments.

Même en prose, qui donc pourrait jamais
parler exactement des plaies et du sang
que je vis alors, à cent fois le narrer ?

En toute langue on serait défaillant
car nos esprits et façons de parler
pour tout saisir ne sont pas suffisants.

Quand en Verseau de la nouvelle année
où le Soleil ses cheveux attiédit,
où nuits et jours vont bientôt s’égaler,

quand le givre sur le sol reproduit
de sa sœur immaculée une image
mais d’une plume qui peu de temps agit,

le paysan qui manque de fourrage
découvre à son lever le blanchiment
de la campagne, ce qui le décourage,

rentre chez lui tout en se lamentant :
un malheureux qui ne sait…

Nous avancions avec les dix démons.
Ah ! l’atroce compagnie ! Mais à l’église
les saints, à la taverne les pochetrons.

Nous étions déjà là où l’étroit canal
vient à la jonction du second remblai
et sert de soutien à un arc transversal.

Là nous entendîmes des gens haleter
dans l’autre bolge et grogner du museau
et avec leurs paumes se marteler.

Les bords étaient entartrés de pégot
par l’exhalaison pâteuse du bas,
pour les yeux et le nez un vrai fléau.

Le fond est si obscur qu’il n’y a pas
de lieu…

Nessus n’était pas encore arrivé
que nous nous acheminions vers un bois
qui n’était traversé d’aucun sentier.

Feuillge non pas vert, mais sans éclat ;
branches non lisses, mais nœuds enchevêtrés ;
ici nul fruit, mais vénéneux morts-bois.

« Quand tu verras le rayonnant visage
de celle qui tout de ses beaux yeux voit,
d’elle tu sauras de ta vie le voyage. »