Une semaine, un extrait part 2
Bonjour à tous !
Pour l’extrait de cette semaine j’ai choisi la nouvelle Le cercle des loups, toujours tiré du recueil de Peur primale et autres récits.
Je vous souhaite une bonne lecture
Le cercle des loups, extrait :

Rudy se leva vers dix heures du matin avec un énorme mal de crâne et un drôle de goût dans la bouche. Il sortit de son lit et se rendit à la salle de bain où il se regarda dans le miroir. Du sang avait coulé puis séché sur le coin de ses lèvres. La chose le stupéfia. Il se demanda d’où pouvait bien provenir ce sang mais il ne se rappelait même pas de ce qu’il avait fait la veille ; dans son esprit un vrai trou noir, le néant. Il tenta tout de même de se remémorer la journée d’hier mais sans grand succès. Tout ce dont il se souvenait, c’était qu’il avait été attaqué par un loup qui s’en était pris à l’un de ses moutons. Il était tellement plongé dans ses pensées qu’il remarqua bien tard l’énorme tâche de sang sur sa belle chemise bleue et blanche à carreaux. Il voulut savoir d’où provenait également tout ce sang puis par peur de la réponse, il s’en abstint.
Il s’empressa de mettre sa chemise à la machine, décida qu’il valait mieux oublier cette histoire. Et puis ce n’était sûrement rien de grave, peut-être le sang du mouton qui avait été tué. Il prit sa douche puis descendit prendre son petit-déjeuner. Après qu’il eut fini, il partit mener son troupeau en pâture à quelques lieux de là. Il observa un instant les alentours puis hurla :
« si tu oses venir, je te bute ! » à qui voudrait bien l’entendre mais il s’adressait surtout au loup, cette bête maudite.
Il remplit l’abreuvoir puis décida d’aller faire un petit tour en ville. Il se promena tranquillement, fit le tour des magasins et s’acheta même quelques habits avec l’argent de ses économies. Il salua Madame d’Auvergna la boulangère et commanda deux, trois croissants et un petit café qu’il but, assis sur un banc dans le parc d’en face. Il avait l’air si paisible quand tout à coup, sans pouvoir s’expliquer pourquoi, il ressentit comme une certaine anxiété. Son bras commença même à le démanger sérieusement et il ne pouvait s’empêcher de se gratter. Il avait comme une désagréable intuition ; l’intuition que quelque chose de mal se tramait mais sans pouvoir dire quoi. Il termina son petit déjeuner improvisé puis se leva.
*
Rudy se surprit à accélérer le pas, la boule au ventre. Il entendit un bruit assourdissant juste derrière lui et se retourna brusquement pour voir d’où cela venait, le regard plein d’effroi. Il fut soulagé de constater que tout ce vacarme avait été provoqué par un chat caché derrière les poubelles. Cependant, il n’était toujours pas rassuré, il sentait comme une ombre néfaste planer autour de lui. Il pressa le pas quand il fut soudain accosté par trois loubards. L’un d’eux, le plus costaud tenait une grande barre de fer entre les mains quant aux deux autres, ils étaient munis de canifs et de couteaux. Ils encerclèrent Rudy et l’un d’eux lui lança : « il se fait tard pour traîner en ville, cul-terreux. Ne sais-tu pas que la nuit les rues nous appartiennent ?Non, répondit Rudy. Désolé, de toute façon je rentrais.
— Oh mais ne sois pas pressé. Il faut d’abord que tu payes ton droit de passage.
— Je…je n’ai pas d’argent sur moi, balbutia Rudy.
— Pas d’argent ? dit celui qui tenait un couteau.
— Tu te rends compte qu’on ne peut pas te laisser passer comme ça ?
— Je n’ai rien je vous dis ! Rudy sentait la peur monter en lui. Il
haussa le ton pour cacher son angoisse.
— Mais c’est qu’il se rebelle, le cul-terreux. Tiens, prends donc ça pour te calmer »
L’homme lui assena un coup violent avec sa barre et Rudy hurla de douleur. Les deux autres s’amusèrent à le pousser. Il tenta la fuite mais l’un de ses ravisseurs lui fit un croche-pied et il tomba à terre. Un autre le releva et lui donna un coup de poing en pleine mâchoire.
Rudy sentit alors monter l’adrénaline. Il commença à voir rouge, ensuite plus rien. Quand il reprit conscience, il regarda autour de lui, perplexe. Il lui fallut quelques secondes pour se rappeler ce qui s’était passé. C’est là qu’il remarqua deux de ses racketteurs par terre, gisant dans leur sang, complètement éventrés. Rudy courut chez lui à toute vitesse, horrifié par ce qu’il venait de voir.
Une heure du matin, le téléphone sonna chez l’inspecteur Maurel.