Une semaine, un extrait
Bonjour à toutes et à tous !
Hier soir m’est venue l’idée de partager un extrait d’une de mes nouvelles par semaine.
Je pense que c’est une manière plutôt intéressante de donner de la visibilité à ses écrits et d’attiser la curiosité du lecteur.
C’est pourquoi pour cette première semaine je vous partage un extrait de Carnival massacre, une histoire tirée du recueil Peur primale et autres récits.
Je vous souhaite donc une bonne lecture
Carnival massacre

*
Los Angeles, Vénice Beach. Depuis la grande catastrophe d’il y a deux ans où cinq jeunes adolescents trouvèrent la mort dans l’un des nombreux grand-huit, il n’y avait plus de foire. Cependant, celle-ci rapportait beaucoup d’argent à la ville, car elle attirait bon nombre de touristes. Ce fut alors le mois dernier, nous étions en mai, que le maire de la ville monsieur Hall, John de son prénom, avait reçu l’appel tant attendu. C’était le patron d’une troupe de forains qui lui avait téléphoné. Ce dernier cherchait un coin sympa où installer ses manèges, ainsi que son cirque et on lui avait chaudement recommandé cette ville qui avait la réputation d’attirer beaucoup de monde.
C’est alors que deux mois plus tard, la foire s’installa près de la plage de Vénice Beach. Thomas, Caitlyn, son petit ami William ainsi que Jennyfer et Sarah avaient appris la bonne nouvelle et s’étaient empressés de venir voir les nouvelles attractions. Ils commencèrent par les stands de tir, le chamboule-tout où William et son adresse légendaire remportèrent deux magnifiques peluches, un tigre et un ours rose qu’il offrit à sa chère et tendre amie. Une fois qu’ils eurent visité tous les stands, Sarah décida qu’il était temps de faire un tour de montagnes russes, histoire de s’amuser un peu, car elle commençait à s’ennuyer à regarder les autres jouer. Elle aurait pu les rejoindre mais elle était nulle et ce qu’elle préférait, c’était les manèges à sensation.
Elle emmena alors ses amis en direction du plus grand des grand-huit de la foire, l’Anaconda et pour la première fois de la journée, elle s’éclata au grand dam de Jennyfer qui n’aimait pas beaucoup ce genre d’attraction. Cette dernière avait une peur bleue des hauteurs. Cependant, elle avait fait l’effort de monter dans le manège, car son psy lui avait conseillé de vaincre ses craintes par tous les moyens possibles. Elle ne put toutefois s’empêcher de fermer les yeux, pas le meilleur moyen de battre ses peurs.
Après avoir passé une bonne partie de la journée à s’amuser, ils allèrent dans un bon restaurant, Thomas et Sarah commençant à avoir faim. Ils commandèrent trois grandes frites et des sodas. Soudain, alors qu’ils étaient en train de manger, Thomas entendit deux jeunes hommes assis à la table d’à côté parler du cirque qui s’était installé juste derrière la foire. À en croire les dires de ses deux hommes, il y avait un spectacle nocturne grandiose qui s’y préparait. Tout ce que Thomas comprit furent les mots « jongleurs » et « acrobates », deux mots qui attisèrent sa curiosité et qui le poussèrent, lui qui était d’ordinaire timide, à leur demander de quoi il en retournait. Ils lui parlèrent alors de ce qu’ils avaient entendu eux-mêmes. Le cirque prévoyait un grand numéro d’acrobatie avec des clowns acrobates ainsi qu’un autre incluant tigres et jongleurs. Le spectacle ne commencerait que vers neuf heures du soir, aussi eurent-ils le temps d’aller se promener en ville et de boire deux ou trois verres dans un bar.
Nos cinq amis allèrent se balader en ville, faire quelques boutiques où ils achetèrent vêtements et objets divers. Caitlyn qui était une vraie mordue des livres avait fait l’acquisition de plusieurs livres comme les thrillers de Preston & Child, le dernier roman de Stephen King paru en 2014 : « Joyland » ainsi que d’autres romans dans le genre fantastique, son genre préféré. Jennyfer qui était férue de mode, s’acheta deux jolies robes ainsi que des ballerines. Thomas qui avait déjà tout dépensé dans les jeux et le restaurant se contenta d’admirer les vitrines avec envie.
Ils allèrent ensuite dans un bar, « Le poney fringant », nommé ainsi en raison du fait que le propriétaire était un grand fan de Tolkien. Ils commandèrent deux bloody mary et trois tequila sunrise qu’ils sirotèrent lentement pour ne rien manquer du goût fruité et sucré de ces sublimes cocktails, comme le disait si bien Sarah. William qui lui avait l’alcool mauvais, commençait à avoir la tête qui tourne et des suées. Il sortit donc prendre l’air un moment. Il s’adossa au mur, sortit son paquet de clopes de sa poche et en porta une à sa bouche. Il l’alluma à l’aide d’un zippo.
Il savourait sa cigarette, regardant le ciel d’un air rêveur (il faisait déjà noir et l’on pouvait admirer les étoiles) quand soudain un hurlement à vous glacer le sang retentit deux ruelles plus basses. Il tendit l’oreille pour entendre ce que la personne criait et capta les mots suivants :
« Noooon !! Allez-vous-en ! ». C’était les cris apeurés d’une dame assez âgée à en juger par le timbre de sa voix. William entendit ensuite comme le vrombissement d’une tronçonneuse, suivi d’un hurlement de terreur qui s’étouffa dans le calme de la nuit. William aurait bien voulu bouger, mais il se sentait à moitié saoul pour pouvoir intervenir. Il rentra donc prévenir quelqu’un afin que celui-ci prévienne la police. Il demanda alors au barman avec son ami Thomas s’il n’y avait pas un téléphone. Il dirigea les deux hommes vers une porte située derrière le bar et qui menait dans l’arrière-cour où se trouvait une vieille cabine téléphonique. Thomas composa le numéro et attendit qu’on daigne lui répondre.
« Allo, oui ? Qui est à l’appareil ?
— Thomas, monsieur l’agent. Je vous appelle pour vous signaler une agression.
— Ok. Et où êtes-vous situé ?
— Au poney fringant avec des amis
— D’accord, nous allons envoyer de suite une patrouille.
— Merci, monsieur l’agent. »
Thomas raccrocha le téléphone et retourna auprès de ses amis attendre que les autorités arrivent.
À peine un quart d’heure plus tard, deux policiers entrèrent dans le bar. L’un d’eux chercha nos cinq adolescents dans la salle et dès qu’il les vit, se dirigea avec son collègue vers ceux-là.
L’un était de taille moyenne, les cheveux plaqués sur le côté et des lunettes noires ; l’autre était grand, les épaules carrées et un regard dur à vous faire frémir de frayeur. Le premier sortit de sa poche un petit carnet de notes et demanda :
« alors, racontez-nous exactement ce que vous avez vu.
— Je n’ai rien vu, m’sieur, intervint William encore ivre. Mais j’ai entendu une personne crier et puis comme un… comme un bruit de… tronçonneuse
— De tronçonneuse ? Le policier prit note avant de demander ; avez-vous bu ?
— Bin ouais, m’sieur. C’est pour ça qu’on est là. Pourquoi ?
— Je ne sais pas mais êtes-vous sûr que vous n’ayez simplement pas halluciné à cause de l’alcool ?
— Affirmatif. Je sais reconnaître un bruit et celui-là, c’était bien le bruit d’une tronçonneuse.
— Ok, ok, intervint l’agent toujours dubitatif. Dites-moi où cela s’est passé, je vous prie.
— A deux ruelles d’ici, m’sieur.
— Bien, nous allons donc voir. Vous, vous restez ici. »
*
Les policiers se rendirent donc dans la ruelle en question, elle était déserte. Le plus gros appela d’une voix forte et sûre pour voir s’il n’y avait personne. Pas même un chat. Ils s’avancèrent un peu plus profondément dans cette petite rue sombre et étroite à la recherche d’une quelconque victime. Soudain, l’un d’eux, le plus jeune qui portait des lunettes, trébucha sur quelque chose et tomba la tête la première sur quelque chose de liquide, peut-être une flaque d’eau.
« Pouah ! Je suis tout trempé. Hé, Walter ! appela-t-il.
— Oui ?
— Je suis tombé sur quelque chose ! cria-t-il pour se faire entendre.
— Amène ta torche par-là !
— Ok, j’arrive ! »
Walter décrocha de sa ceinture la lampe torche et la dirigea vers son collègue. Ce dernier était couvert d’une substance d’un rouge bordeaux qui lui avait tâché une bonne partie de la chemise. Walter n’eut pas le temps de se demander ce que c’était quand il entendit l’autre pousser un hurlement de stupeur.
« Qu’est-ce qu’il y a, Carl ? demanda Walter
— Éclaire par terre ! »
Walter poussa un cri mêlant surprise et dégoût quand il aperçut ce qui traînait sur le sol dans une mare aussi rouge que la tâche sur la chemise de son collègue. C’était un bras, un bras humain. Le liquide rouge devait alors sûrement être du sang.
— Dis, Walter ? Tu crois qu’un malade se balade réellement avec une tronçonneuse ?
— J’en sais rien mais cette pauvre personne n’a pas perdu son bras comme ça !
— Franchement les bras m’en tombent, déclara Carl avec une pointe d’humour.
Walter se mit à rire à gorge déployée de la blague de son collègue. Même si la situation était plus que sérieuse, Carl avait senti le besoin de détendre l’atmosphère de terreur et d’angoisse qui les enveloppait, les étouffait. Ils appelèrent le FBI, après avoir retrouvé leur calme et leur sérieux et leur firent part de la situation.
Il ne s’agissait peut-être que d’une agression banale comme il en existe tant dans cette foutue ville mais mieux valait prévenir que guérir et Carl ne voulait pas prendre de risques sans en avertir au préalable les autorités compétentes.
Ils attendirent donc que la cavalerie arrive avec ce qu’il faut.
Une dizaine de minutes suffirent au FBI pour arriver sur la scène de crime. Deux voitures se garèrent juste devant la ruelle et quatre hommes en descendirent. L’un d’eux sortit un ruban de balisage et délimita la zone afin d’y éviter toute intrusion. Un autre surveillait les alentours à la recherche d’un éventuel suspect ou bien d’un témoin. Il resta ainsi, à surveiller, tandis que les deux autres hommes entrèrent sur la scène pour l’inspecter. Ils balisèrent et leur médecin légiste préleva des échantillons de sang, tenta de relever des empreintes sur le bras de la victime d’une manière très minutieuse et en faisant bien attention à ne pas polluer la scène de crime.
Ensuite Carl leur fit part des témoins qui auraient tout entendu du crime et il envoya Walter chercher William. Ce dernier revint avec son témoin et l’un des agents commença à l’interroger sur ce qu’il avait vu ou entendu. William leur expliqua donc qu’il avait entendu des hurlements, des appels à l’aide, suivis d’un bruit de tronçonneuse. L’agent nota tout sur un calepin en omettant aucun détail et dès qu’il eut tout ce dont il avait besoin, il fit renvoyer le jeune garçon et ses amis chez eux.
Ils rangèrent ensuite leur matériel, mirent le bras de la victime dans un sac hermétique puis avec ce qu’ils avaient pu prélever sur la scène, repartirent au bureau étudier tout ça.
*
Nos cinq amis furent raccompagnés chez eux, dans leur appartement. Ils habitaient un grand immeuble de cinquante étages à environ cinq cent mètres de la plage où se tenait la foire. Ils se rendirent ensuite tous chez Jennyfer pour discuter de ce qu’ils venaient de vivre ce soir.
« C’est dingue, cette histoire de meurtre, intervint Caitlyn
— Bof, pas tellement, lui répondit Sarah qui ne semblait pas du tout inquiète par les événements. Des meurtres, il y en a toujours eu dans cette ville.
— Oui mais généralement ce sont des conflits inter-gangs, dit Thomas. Et puis, c’est la première fois que l’on entend parler de meurtre à la tronçonneuse. Je n’ose même pas imaginer ce qu’il doit rester du corps de cette pauvre dame.
Rien que d’y penser, il en eut la chair de poule et un frisson lui parcourut l’échine. Et il faillit vomir en voyant cette vieille femme complètement en charpie, les restes de son corps mutilé par les assauts incessants de la tronçonneuse.
— Thomas a raison, le défendit Jennyfer. Une attaque de ce genre n’est pas banale. Et l’idée que ça aurait pu être l’un d’entre nous me terrifie. En plus, le meurtrier court toujours »
Et ils restèrent ainsi à discuter du drame et à se demander s’ils allaient tout de même sortir pour voir le spectacle que le cirque donnait ce soir.
Sarah, elle, ne voulait pas se laisser abattre par la situation et décida que ce n’était pas un meurtre, aussi horrible soit-il, qui allait gâcher sa soirée. Elle demanda à ses amis s’ils étaient d’accord pour venir avec elle ou bien s’ils préféraient se terrer comme des rats. Après mûre réflexion, ils décidèrent de la suivre, pensant qu’un crime ne saurait être commis dans un lieu public bondé de monde.
Ils se préparèrent puis partirent en direction du cirque, le Hot Jack’s circus en passant par le vendeur de pop-corn. Ils entrèrent dans le chapiteau et trouvèrent des places au dernier rang, là où la vue était meilleure. Ils attendirent là que monsieur loyal daigne se montrer pour annoncer le début des festivités. Jennyfer plongea la main dans le paquet de pop-corn que Thomas tenait entre ses mains.
« Hé ! Attends, le spectacle n’a même pas encore commencé, lui dit ce dernier, tout en éloignant le paquet.
— Je sais, répondit Jennyfer, mais j’ai une de ces faims.
— Retiens toi, je suis sûr que ça ne va pas tarder »
et il avait raison. À peine avait-il prononcé ces mots que monsieur Loyal entra sur la piste.
« Mesdames et messieurs, bonsoir à vous ! hurla celui-ci. Avant toute chose, j’espère que vous vous êtes bien amusés aujourd’hui !
— Oui ! répondit un public enjoué.
— Bienvenue dans mon humble demeure, le cirque Hot Jack’s circus ! Ce soir des numéros à vous couper le souffle ! Des acrobates ! (il désigna du doigt les trapézistes qui attendaient dans un coin) Des clowns ! Et n’oublions pas nos célèbres jongleurs. Wizzle ! Eeeeeeeet Wiggle !
Le public applaudit à l’annonce des différents artistes.
— Et maintenant, pour commencer les festivités, je vous propose un numéro de danse aérienne comme vous en avez jamais vu ! Veuillez, mesdames et messieurs, les applaudir !
Clap, clap, clap ! Les applaudissements résonnèrent dans tout le chapiteau »
Les acrobates se dirigèrent alors en direction des échelles qui menaient jusqu’aux trapèzes et grimpèrent à plus de dix mètres de hauteur. En dessous, un gros matelas pour amortir une éventuelle chute (on n’était jamais à l’abri d’un accident). Une
fois en l’air les acrobates se saisirent de leur barre et s’élancèrent dans le vide. L’un des trapézistes sauta et fut rattrapé par son binôme qui se trouvait à l’opposé. Au début le numéro paraissait assez simple, mais très vite ils réussirent à captiver le public, surtout les enfants. Ils semblaient voler, virevolter dans les airs, aussi à l’aise et léger que des oiseaux. Saltos, vrilles, les acrobates émerveillaient par leur prestation.
A la fin de leur numéro, ils descendirent saluer leur public. Puis vint le tour des clowns de faire rire les petits enfants avec toute sorte de gadgets. Fleur arroseuse, gant télescopique, boîte à diable, etc. L’auguste, à la merci des farces de son comparse de clown et par ses fausses maladresses faisait rire les gosses.
Puis Wizzle et Wiggle firent leur tour de jonglage. Ils jonglèrent avec balles, quilles et même des couteaux. Deux heures passèrent, deux heures de franche rigolade, d’émerveillement.
Thomas, Caitlyn, William, Jennyfer et Sarah rentrèrent chez eux.
*
Après avoir dit bonsoir à Sarah et Jennyfer, Caitlyn et William rentrèrent dans leur appartement. Celui-ci était peu spacieux pour un couple. Les meubles, légués par le grand-père de Caitlyn, était du style Louis XV, ce qui n’était pas au goût de William. Cependant Caitlyn aimait son grand-père et elle avait souhaité avoir un peu de lui avec elle. William, lui, aurait préféré quelque chose de plus moderne, de plus « djeune » comme disaient les ados de nos jours. Mais il n’avait pas su le lui refuser, il ne lui refusait presque rien d’ailleurs, sauf la fois où elle avait voulu s’installer en Caroline du Nord, à Greenville. Cet endroit lui rappelait trop de mauvais souvenirs, la mort de sa mère, les mauvais traitements de son père qui avait décidé de noyer son chagrin dans l’alcool et les brimades dont il était victime au lycée de North Pitt. Il voulait changer d’air, fuir le plus loin possible son passé. Aussi avait-il décidé de venir s’installer sur la côte Ouest, profiter de la plage et du surf, sa deuxième passion après le Baseball.
Caitlyn avait donc cédé à son caprice et accepté de le suivre. Ils avaient tous les deux trouvé une place au lycée des arts de Los Angeles. William aimait écrire des histoires mettant en scène des jeunes femmes en détresse, secourues in extremis par un beau mâle au corps bien musclé. Il avait tenté, en vain, de vendre quelques-unes de ses œuvres. Ce fut lorsque sa copine lui avait avoué qu’elle voulait faire actrice, qu’il décida de changer d’orientation et de devenir scénariste. C’était lui qui avait écrit le scénario pour la pièce de fin d’année, une fille prisonnière de son rustre de mari et qui va être sauvé par son voisin. Telles étaient les histoires que William aimait raconter.
Il regardait par la fenêtre, celle-ci donnait sur la foire et l’on pouvait admirer les manèges éclairés dans la nuit. Caitlyn, elle, était assise sur le lit, à le regarder lui, se demandant à quoi il pouvait bien penser. Elle savait que quand il regardait comme ça dans le vide, c’était que quelque chose le tracassait. Elle se leva puis l’enlaça.
« Qu’est-ce qui ne va pas, chéri ?
— C’est rien.
— Allons, je sais très bien que quand tu es comme ça, c’est que quelque chose te travaille.
— C’est juste que… je repense à ce fou qui se promène en liberté et cette pauvre femme. Dieu sait ce qu’il lui est arrivé.
— Je suis sûre que le FBI va résoudre cette triste affaire, alors ne t’inquiète pas, le consola Caitlyn.
— Je l’espère »
Il savait que le FBI ferait tout pour résoudre ce meurtre, si on
pouvait appeler ça un meurtre, vu que l’on n’avait pas encore retrouvé le corps de la victime. Il regarda sa copine, celle-ci lui fit un grand sourire qui s’étendait jusqu’aux oreilles. Il en fit de même. Il eut alors une idée.
« Caitlyn ?
— Oui, qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle
— Et si on allait faire un tour de grande roue, la foire est encore ouverte.
— Oui, c’est une excellente idée, dit-elle ravie de cette proposition. »
Et ils sortirent donc, se dirigeant vers la grande roue, toute illuminée.
*
L’agent du FBI, Garry Williams, était revenu au bureau avec le bras et les échantillons de sang. Il alla voir le médecin légiste afin qu’il analyse le bras de la victime. Il ne lui fallut pas longtemps pour poser son diagnostic. Selon ce dernier, il avait bien été découpé à la tronçonneuse, une scie n’ayant pu faire une coupe aussi nette. Il conclut également que pour couper ce bras, il fallait être au moins trois, un pour tenir la victime, l’autre pour le bras et le troisième avec la tronçonneuse se serait chargé du reste.
« Alors comme ça il n’y aurait pas qu’un suspect ? demanda Willy. Tel était son petit nom dans le milieu.
— Oui, affirma le médecin, au moins. Un seul n’aurait pas pu faire le boulot.
— D’accord. Alors nous avons trois hommes à chercher.
— Ou femmes, ajouta le légiste.
— Femmes ?
— Oui, s’ils étaient plusieurs, c’est tout à fait possible. »
L’agent posa ensuite les questions concernant le profil des criminels. Selon ce qu’il put en tirer, il devait y avoir un costaud pour pouvoir tenir la tronçonneuse et pour les deux autres, n’importe qui aurait pu faire l’affaire. Ils devaient être au moins âgés de trente ans, si ce n’est plus.
Un profiler dut ensuite dresser leur profil psychologique. D’après son raisonnement, les trois hommes (ou femmes) étaient de nature sociopathe, avec une attitude marginale vis à vis de la société. Ils étaient aussi très discrets, évitant de commettre leurs méfaits en plein jour ou dans des rues où les passages sont fréquents. Vu que l’on n’avait jamais retrouvé de corps, il était difficile d’établir la relation criminel-victime. Tout ce qu’on savait, c’était qu’ils aimaient les meurtres plutôt brutaux, torturer sûrement leur victime de manière aussi bien psychologique, créant la terreur chez elle, que physique. Et ils devaient être aussi du quartier, car ils connaissaient les coins à éviter.
Une fois tous ces éléments en main, Garry convoqua une équipe pour fouiller la ville à la recherche des tueurs.
*
Caitlyn et William sortirent en douce de leur appartement afin de ne pas réveiller leurs amis. Ils voulaient être seuls ce soir. Will prit soin de fermer la porte sans la claquer puis ils descendirent en catimini. Ils se dirigèrent ensuite vers la plage où se trouvait la foire. Ils marchaient main dans la main, profitant de l’air frais du soir. Ils se promenèrent entre stands et attractions, commandèrent une barbe à papa puis jusqu’à la grande roue.
Une fois arrivés sur place, ils constatèrent qu’il n’y avait
personne pour faire marcher la roue. Caitlyn eut l’idée de demander à quelqu’un qui passait par là s’il ne pouvait pas la faire fonctionner. Celui-ci accepta volontiers, ne pouvant rien refuser à une si jolie jeune femme. Il leur ouvrit le portail menant à la nacelle puis referma derrière eux. Caitlyn et William s’installèrent et remarquèrent que le cran de sécurité était cassé. William décida quand même d’y aller, s’accrochant à la barre pour ne pas tomber.
Le jeune homme, il s’appellera Donnie, hésita à faire démarrer la California Wheel of Hell. Elle portait ce nom à cause des lanternes qui, une fois la nuit tombée, éclairaient la roue comme si elle était en feu. Caitlyn serra fort la main de son copain ainsi que la rambarde par peur de tomber. Donnie actionna le levier et la machine se mit en route. La nacelle tanguait dangereusement, ce qui ne rassurait pas Caitlyn. William, lui, était plutôt à l’aise. La roue tournait et tournait et la nacelle balançait.
Tout se passait bien pour nos deux tourtereaux quand un cri les ramena de leur douce rêverie. C’était leur tout nouvel ami, Donnie, qui se faisait agressé par un individu étrangement vêtu. Il portait avec lui une hache qu’il brandit au-dessus de la tête du malheureux garçon. Caitlyn hurla pour capter l’attention de l’agresseur, mais rien n’y fit, l’homme était concentré sur sa proie. Il abattit son arme sur le crâne du jeune homme qui se retrouva la caboche fendue en deux. Il tomba, inerte, dans une mare de sang. Caitlyn poussa un hurlement étouffé par la main de son compagnon qui ne voulait pas être pris pour cible. Il jeta un coup d’œil en bas, l’homme ne semblait pas vouloir s’intéresser à eux. Ce dernier disparut derrière les stands, là où personne ne le verrait.
William était tellement tétanisé par ce à quoi il venait d’assister, qu’il lui fallut deux bonnes minutes avant de reprendre ses esprits et d’appeler la police. Il composa le numéro et attendit, impatient, qu’on lui réponde. Dès qu’il eut enfin quelqu’un au bout du fil, il tenta tant bien que mal d’expliquer la situation. Une fois qu’ils
eurent tous les éléments, ils envoyèrent une patrouille à la foire, là où se trouvait nos deux amis.
Voilà pour le premier extrait ! En espérant qu’il vous aura plu.
N’hésitez pas à me dire quoi dans les commentaires, je les lirai avec plaisir.