Hélène Louise's Blog, page 17
February 22, 2018
Les Belles – Dhonielle clayton
[image error]
J’ai été happée par cette couverture au premier coup d’œil (la couverture de la version française est quasiment identique – voir plus bas) : une héroïne à la peau marron et aux cheveux noirs et frisés qui n’a pas souffert – ô miracle – du blanchissement illustration de couverture (comme d’autres, suivez mon regard vers « Winter », grrr).
Le pitch du roman a achevée de me séduire et j’ai lu ce livre en deux jours, avec délectation.
Le début m’a paru sympathique, mais je m’attendais encore à un récit assez convenu : des jeunes filles très belles, élevées dans un cocon, enfin lâchées dans le monde, éblouies et prêtes à tout pour être la meilleure, la plus adulée et admirée – la Favorite. L’arrivée très précoce (si précoce que je me permet d’en parler) d’un jeune homme séduisant, taquin et charmeur, puis d’un autre jeune homme morose, sérieux et concentré sur son devoir, m’a fait craindre une histoire classiquement assortie d’une triangle amoureux. Mais si ces artifices sont bien classiques, le traitement reste très rigoureux, crédible, et les personnalités soigneusement nuancées. Prouvant ainsi que les stéréotypes peuvent très bien être incorporés à une histoire si l’auteur(e) prend soin d’y apporter sa patte et garde le sens de la mesure et de l’adéquation au monde inventé.
Le début est charmant, tout en couleur et festivités extravagantes. Les jeunes Belles sont touchantes, non pas soeurs ennemies mais affectueuses et aimantes malgré leur sens aigu de la compétition. D’une manière amusante cette mise en scène des jeunes filles, ainsi que les rôles secondaires, m’ont souvent fait penser aux films Barbie que j’ai adorés regarder avec mes enfants.
L’ambiance s’assombrit toutefois rapidement : nous sommes dans une dystopie, dans un monde étrange et fascinant (le futur ? un ailleurs ?), dans une ambiance SF mâtinée de fantasy et de fantaisie. Ce monde brisé et reconstruit de travers, cette société de castes et de Cour, cette imagination débridée, ce sens des petits détails, ces descriptions très visuelles m’ont beaucoup fait penser à La Passe-Miroir de Christelle Dabos
December 29, 2017
Le gang des prodiges – Marissa Meyer
[image error]
J’ai découvert l’auteure avec sa série des Chroniques Lunaires (« Cinder », « Scarlett », « Cress », « Winter » et « Levana »), série que j’ai adorée. C’est pour moi l’une des meilleures séries jeunesse actuelle, très imaginative, avec de bons personnages, des messages positifs et éclairés et avec une belle économie des stéréotypes de genre…
J’ai eu un avis légèrement plus mitigé sur « Heartless », sans doute parce que je m’attendais, contre toute attente (c’est l’histoire de la méchante reine d’Alice au Pays des Merveille), à une fin positive, et que l’évolution psychologique du personnage m’a paru trop précipitée sur la fin.
Mais revenons à Renegades.
A priori le thème ne me tentait pas trop, il me semble actuellement un peu trop utilisé à tout bout de champ. Toutefois, quand je connais l’auteur, comme pour Brandon Sanderson ou Marissa Meyer, je me laisse tenter ! Et j’ai bien fait.
Tout d’abord Marissa Meyer raconte si bien que c’est un bonheur de la lire, il suffit de se laisser porter. Les personnages sont assez nombreux mais facilement identifiables, leurs personnalité, leur manière de penser, de s’exprimer, diffèrent clairement.
L’histoire, qui promet une suite (rien n’est clairement indiqué sur la couverture et dans la présentation du roman, et je commençais à avoir de sérieux doutes sur le rythme du roman quand j’ai compris avoir entre les mains un tome 1 – chouette !), est passionnante. L’action n’est grâce au ciel pas omniprésente, mais seulement utilisée à bon escient.
Le thème général est moins original que celui de la série des Chroniques Lunaires, mais il est brillamment traité. L’auteure utilise parfois des ficelles classiques qui ont fait leurs preuves (par exemple les deux héros appartiennent à deux groupes ennemis avec l’enchaînement d’expositions attendu), mais elle déploie également certains sujets en filigrane, avec beaucoup de subtilité.
Les super héros ont vu le jour il y a une cinquantaine d’années et n’avaient rien de super au départ. Les pouvoirs souvent étranges et effrayant qu’ils déployaient les pointaient comme des monstres, et la plupart se comportaient comme tels. Une fraction d’entre eux, les Renegades, ont décidé de changer la donne et d’œuvrer pour le bien commun. Leurs intentions ont été louables, et le demeurent. Mais comment échapper à la politique même si on préférerait continuer d’agir au quotidien ? Comment renouveler ses troupes sans un certain mode de sélection ? (celui-ci, mâtiné de télé-réalité pour le bien de la cause, est très bien vu) Comment ne pas relâcher toute tentative d’auto-défense ou d’organisation de forces de l’ordre classique quand des super héros se déclarent prêts à arriver au moins appel sur leur hotline ?
Adrian, un garçon paisible et sympathique, est le fils adoptif des deux tête d’affiche des Renegades (il est noir, enfin brun de peau, et ses pères sont mariés – une bouffée d’air pur !). Nova, orpheline volontaire et irascible, est de l’autre camp, celui des Rebelles, des Anarchistes. Il n’est pas aisé de comprendre l’envie de ceux-ci de détruire le système, d’autant plus qu’une certaine liberté sous surveillance leur est accordée. Mais justement, tout est là. Les anarchistes refusent toute règle, en particulier toute oppression de leurs pouvoirs, même les plus dangereux. Chacun pour soi tant pis pour les faibles. Leurs alliances sont d’ailleurs fragiles, d’autant plus instables que la plupart d’entre eux frisent la folie.
Nova a ses raisons de détester les Renegades, des raisons que le lecteur comprendra peu à peu. Ses réticences envers l’autorité en place, qui ne cèdent que difficilement devant l’évidence, sont très bien exposées, sans raccourci facile.
Autre point que j’ai beaucoup apprécié : en tant qu’adulte férue de littérature jeunesse, je suis souvent mal à l’aise face à des lectures où les héros adolescents sont opposés au adultes. Dans le pire des cas c’est « les gentils et courageux ados contre les méchants et pernicieux adultes » (hein ? quoi ? hey !) ; dans le meilleur des cas c’est réglé par une situation le plus souvent complètement farfelue où les ados sont amenés à être complètement indépendants des adultes. Et là, le plus souvent, mon sens (aiguisé voire maniaque) de la cohérence s’insurge ! C’est si artificiel… Ici rien de tout cela. Les personnages principaux, âgés de 17 ans environ, côtoient des adultes au quotidien. L’histoire est centrée sur eux, mais les interactions ne se limitent par à celles qu’ils ont avec leurs pairs.
En résumé une lecture addictive et intelligente, pour tous ceux qui aiment les histoires approfondies, les traitements subtils et centrés sur la psychologie des personnages. Un sans faute pour moi !
La version française, « Le gang des prodiges » sort le février 2018 chez PKJ !
December 5, 2017
Offre de Noël !
[image error]
Les fêtes approchent et le livre demeure le cadeau le plus prisé des français. À cette occasion je vous propose d’agrémenter toute commande passée jusqu’au lundi 19 décembre de petites surprises (cartes, marque-pages, petites décorations, friandises…). Plus la commande comportera de livres et plus les goodies seront nombreux ! Les livres pourront être dédicacés pour la personne de votre choix et enveloppés dans du papier cadeau si vous le souhaitez. Les éditions sont toutes soignées et souvent accompagnées d’illustrations.
[image error]
N’hésitez pas à me demander conseil si vous hésitez. Mes romans sont des lectures adaptés à de jeunes lecteurs, mais en pratique j’ai autant, si ce n’est plus, de lecteurs adultes d’âges variés.
Passez commande en me contactant ici ou là : messageries Instagram, Facebook, Booknode, Goodreads, ou tout simplement par mail : editions.chimere@gmail.com
« Les Silences de Thalès » est le choix le plus universel, un roman contemporain positif et réconfortant… ce sont mes lecteurs qui le disent !
« Vauvert » est idéal pour les plus jeunes lecteurs qui aiment rêver mais aussi pour tous les lecteurs nostalgiques de leurs émotions de lecture de jadis.
La série de science-fiction Lysandre Chalkhill est à conseiller aux lecteurs amateurs du genre et d’une manière générale à toutes les personnes qui apprécient les univers décalés complexes et les ambiances atypiques.
Enfin, la série des Enfants de l’Hyphale d’or, qui est sur le point d’être clôturée par un quatrième et dernier tome, « La Chimère de Feu », plaira à ceux qui aiment la fantasy sans violence : un monde fouillé, des voyages, des aventures. Garanti sans clichés ni sans ressassage !
[image error]
Frais de port gratuit pour la France et la Belgique (via la Poste ou Mondial Relay) ; pour d’autres destinations veuillez me contacter par message sur Instagram, Facebook ou via l’adresse mail suivante : editions.chimere@gmail.com
(Offre valable dans la limite des stocks disponibles, photos non contractuelles).
Bon préparatifs de Noël à tous !
November 28, 2017
Quand devient-on un(e) auteur(e) ?
Cette question ne peut évidemment pas recevoir de réponse précise et tranchée, si on s’en tient au sens large. Nous écrivons tous quantité de messages, de dissertations, de chroniques, de pense-bêtes, de listes de courses même !
Je vais la réduire ici à ce qui m’a toujours passionnée, depuis toujours : les récits qui racontent des histoires…
Le premier réflexe, surtout vrai il y a encore une dizaine d’année, serait de dire qu’un(e) écrivain(e) devient auteur(e) dès qu’un éditeur à compte d’éditeur a accepté son manuscrit. Lorsqu’un professionnel du livre a reconnu son potentiel et s’apprête à le proposer à un lectorat, se chargeant de tout.
Alors certes une telle victoire doit être infiniment plaisante. Mais pourtant rien n’est joué. Nombreux sont les auteurs édités traditionnellement à n’avoir pas rencontré pas leur public, simplement parce que les éditeurs, aussi professionnels et pointus soient-ils, ne sont pas des devins. Les romans invendus (et ils sont incroyablement nombreux !) sont paraît-il passés à la moulinette : horreur…
On pourrait ainsi affirmer, qu’un(e) auteur(e) n’est confirmé(e) qu’à partir du moment où ses romans se vendent suffisamment bien pour qu’il (elle) continue d’en écrire encore d’autres. Ou si son unique roman est proclamé chef d’oeuvre et continue de ses vendre année après année. L’approbation par la pérennité en quelque sorte.
Je vais passer rapidement sur la naïve croyance qui consisterait à penser qu’être auteur(e) consisterait à vivre confortablement de sa plume. Très rares sont les personnes à en vivre, même parmi ceux qui jouissent d’une honnête notoriété. Il faut en effet vendre beaucoup de livres, et très régulièrement, pour se retrouver avec un revenu décent après impôts…
Mais revenons aux écrivain(e)s sans éditeur. Tous ceux qui continuent d’écrire des histoires, courtes ou longues, en secret ou sur des sites d’écriture. Que sont-ils ? Des écrivaillions, des apprentis écrivains, des auteur(e)s embryonnaires ?
Je me suis posé cette question il y a une dizaine d’années. A l’époque j’avais déjà écrit plusieurs histoires, dont une qui me semblait enfin « solide », semblable à un « vrai livre » : « Louglediya, le Royaume des deux Couronnes », le premier tome de ma série de fantasy Les Enfants de l’Hyphale d’Or.
[image error]
Cette question n’était pas une question vague et insouciante, mais un réel questionnement : devrais-je à continuer d’écrire si mes manuscrits ne soulevaient jamais l’intérêt d’un éditeur, si je continuait d’essuyer des refus, comme avec les trois ou quatre romans déjà proposés ? serait-ce raisonnable ? supportable ?
A ce moment s’est posé le problème de fond de la justification. En théorie, bien sûr, on peut dessiner seulement pour soi, apprendre à jouer d’un instrument pour son propre plaisir uniquement, écrire pour le plaisir d’écrire. En pratique, lorsqu’on écrit – que l’on raconte des histoires -, c’est pour quelqu’un. Un lecteur, un auditeur. Une personne autre que soi-même.
Un seul ?
Eh bien oui, il serait parfaitement légitime de se dire qu’un seul lecteur ou auditeur suffit. L’histoire a été lue, écoutée, elle a été transmise… En pratique, encore, car l’esprit humain est vite insatisfait et réclame toujours plus…
De ce côté-là j’étais tout de même bien servie, puisque mes enfants, leurs amis, une de mes nièces et ma filleule étaient de très bons lecteurs, assez grands pour commencer à lire mes livres et assez jeunes pour trouver encore très cool d’avoir une maman, une tante ou une marraine qui écrit des histoires ! ^-^
J’ai donc persévéré. Mais… mais il y a un mais.
Une fois l’histoire écrite, lue et appréciée, reste malgré tout la question du support. Nous ne vivons plus dans une tradition orale, les histoires sont désormais couchées sur papier (ou sur écran ; ailleurs que dans nos fragiles cerveaux en tout cas !). Si, toujours en théorie, une histoire reste une histoire, qu’elle soit au format A4 ou numérique, il est évident qu’en pratique un roman non publié, resté sur Word ou même en reliure A4 garde un tenace parfum d’inachevé.
Serait-on enfin un(e) auteur(e) le jour où notre premier roman apparaît en chair et en papier ?
[image error]
C’est certainement l’un des aspects les plus cruciaux, même s’il n’a rien de tangible lorsqu’on est, comme je le suis, auteure auto-éditée. Mais c’est tout de même une fantastique concrétisation !
Fantastique, soit, mais toujours insuffisante, lorsqu’on souhaite continuer d’écrire. Outre la difficulté à « écouler » les livres imprimés traditionnellement, reste toujours le problème de fond : celui de la justification.
Même en étant rentier (ce qui n’est pas mon cas, hélas ^-^) avec les moyens de fabriquer à la pelle de superbes éditions papier, continuer d’imaginer et d’écrire des histoires, y consacrer un nombre d’heures que l’on se garde bien de compter, sans avoir un lectorat en face de vous… ce n’est tout bonnement pas envisageable !
Mais quand on a toujours cette envie d’écrire et surtout, en ce qui me concerne, d’imaginer et de raconter des histoires, il faut bien trouver une solution, en attendant l’éditeur charmant qui ne viendra peut-être jamais. Une solution pratique, pour que l’écriture soit viable économiquement, et une solution psychologique, afin de recevoir le minimum d’encouragements nécessaire pour ne pas avoir l’impression d’écrire dans le désert !
[image error]
Ma solution à ce jour reste l’auto-édition : au format numérique via le KDP (Kindle Direct Publishing) d’Amazon et au format papier via CreateSpace (filiale d’Amazon). Une solution gratuite, du moins si l’on est capable de gérer seul (ou bien accompagnée, merci à Béatrice, Stéphane, Sophie, Amandine…) toutes les phases précédentes (corrections, mise en forme, illustrations, etc.).
La distribution reste hoquetante, liée au hasard de la pioche sur Amazon, ou aux rencontres sur internet – l’un des meilleurs à-côté de l’écriture, je me suis fait tant de bons amis grâce à mes romans ! – mais satisfaisante, dans son petit train-train sans prétention.
[image error]
Et pour finir, voici ma réponse personnelle à cette épineuse question, « Quand devient-on une auteure » est celle-ci : et bien quand de parfaits inconnus achètent et lisent vos livres et s’en déclarent heureux !
What else ?
November 15, 2017
La Belle Sauvage – Philip Pullman
Voici un roman que j’ai commandé dès que j’en ai eu connaissance et que j’ai lu sans attendre ! Mes attentes n’ont pas été déçues, ce roman est superbe !
J’ai lu, il y a bien longtemps déjà, la trilogie « A la croisée des mondes » de l’auteur. Les histoires qui s’y déroulent et surtout le monde imaginé, m’avaient fascinée. Un monde uchronique étrange, où chaque personne est dédoublée, accompagnée dès la naissance par un « daemon », un être non pas démoniaque mais une matérialisation externe d’une partie de l’être. Ces daemons prennent la forme d’un animal, une forme variable d’un instant à l’autre durant l’enfance mais qui se fige à l’âge adulte, en un reflet de la personnalité profonde de la personne.
Et si ce thème si original incroyablement bien mis en scène par l’auteur m’avait particulièrement frappée, le reste… n’était pas en reste !
La trilogie initiale, tout comme cette nouvelle trilogie de La Poussière, dont « La Belle Sauvage » est le premier tome, se déroule dans un vingtième siècle bien différent du nôtre. La technologie est assez avancée mais sans électricité, dans une tonalité légèrement steampunk. L’ambiance est plutôt début du siècle, certainement le fruit des souvenirs de l’auteur, né en 1946. J’imagine assez bien comment l’enfance de ses parents a pu l’inspirer.
[image error]
Ce nouveau roman, qui se passe alors que Lyra, l’héroïne de la première trilogie, n’est encore qu’un bébé, peut être lu indépendamment de la Trilogie de La Croisée des Mondes. La mise en place des spécificités de ce monde parallèle est très fluide et très claire. Vous pouvez même fort bien lire ce premier tome puis enchaîner sur la première trilogie en attendant la suite !
Le roman est divisé en deux parties égales, chacune avec son rythme propre. La première met en scène le quotidien de Malcolm, un garçon de onze ans. Ce jeune garçon (je ne peux pas parler de petit garçon tant il est mûr et autonome) partage ses journées entre l’école, qui ne lui donne pas grand peine, l’auberge de ses parents, où il aide chaque jour, et son canoë, La Belle Sauvage. Il habite tout près de la rivière et part sans cesse se promener, ou plutôt faire le tour de ses connaissances adultes, donnant un coup de main ici et là, et en particulier chez les Bonnes Soeurs, qu’il adore.
C’est l’histoire d’un autre temps, où les enfants mettent très tôt la main à la pâte et sont responsabilisés très jeunes. Malcolm, brillant et empathique, s’intéresse à tout, excelle dans bien des choses et adore se rendre utile, heureux d’être occupé et de rendre service. Le talent de l’auteur n’en fait pas un petit je-sais-tout agaçant, mais un être courageux, industrieux, affectueux et très attachant. Un enfant très doué mais aussi très terre-à-terre, capable et responsable.
La plus grande partie de l’histoire est centrée sur Malcolm, et le ton de la narration, élégant, direct et précis, s’accorde à la perfection à la personnalité du garçon, un esprit brillant, ouvert et généreux, d’une naïveté éclairée. Tout l’intéresse, rien n’est en dessous de ses préoccupations, ni en dessus d’ailleurs ! Il n’a pas de complexe sur son jeune âge et essaie de comprendre même les sciences les plus avancées, sans penser à ses éventuelles limites. Un esprit curieux et brillant, en toute discrétion.
Cette première partie est lente mais aussi très complexe, avec l’amenée d’informations sur plusieurs groupes ou personnes mystérieuses. J’en ai savouré chaque page, mais elle ne fera peut-être l’affaire des lecteurs qui apprécient les récits simples et directs. Un effort est demandé au lecteur, de patience et de réflexion. Exactement ce que j’adore dans mes lectures…
La deuxième partie est une longue action éprouvante, où Malcolm doit mettre en oeuvre tous ses talents pour sauver le bébé Lyra, accompagné et aidé d’une jeune fille au caractère difficile mais aussi courageuse que lui, Alice.
Cette description sommaire pourrait faire penser à une histoire type Club des Cinq. Si vous n’êtes pas familier avec l’auteur (auquel cas ma précision vous sera inutile) sachez qu’il n’en est rien. Le monde où vit Malcolm n’est pas très tendre, et il va être témoin de scènes cruelles. Pas de luxe de détails insoutenables, grâce au ciel, mais un réalisme brutal.
Cet aspect en particulier m’avait frappée lors de ma lecture de la trilogie de La Croisée des Mondes. Un style brillant, un art de conter incroyable, une superbe inventivité, un rythme souple et addictif, mais une ambiance très sombre. Ce ne sont pas des feel-good books, à la lecture chaleureuse et réconfortante. Ce n’est pas sinistre cependant, car porté par des personnages qui bataillent, se passionnent et prennent les choses en main.
Ce premier roman de la nouvelle Trilogie de la Poussière est une superbe réussite. L’écriture de l’auteur est impeccable, tant sur le plan du style que du rythme, de la voix, de la caractérisation des personnages. Sans nous noyer sous les descriptions Philip Pullman nous immerge dans son monde sans effort, la narration est extrêmement visuelle. La personnalité qui se dégage de ce roman, comme de la première trilogie, est très marquée : vous ne croiserez ni cliché ni stéréotype si fréquemment rencontrés dans les romans jeunesse (Young Adult en particulier) actuels. L’inspiration de l’auteur lui est propre, même si vous retrouverez sans doute des points communs avec d’autres classiques, comme pour se qui se passe dans l’école de Malcolm et le tome 6 des Harry Potter…
En conclusion une excellente lecture, qui ouvre clairement sur une suite (en toutes lettres, même !). Un art narratif assez classique, dans le sens d’intemporel, pour un récit jeunesse d’un certain calibre : la complexité de ses axes en feront une excellente lecture pour des adultes avertis amateurs de belle fantasy mais attention, j’en déconseillerais la lecture à de jeunes lecteurs précoces et sensibles, du moins sans accompagnement. Rien n’est gratuit, aucun acharnement malsain de l’auteur, mais certaines choses sont éprouvantes dans leur exposition sans fard (une mère qui se désintéresse de son bébé, des meurtres brutaux, des humains prédateurs, des morts brutales, un personnage torturé dont la personnalité déchirée donne lieu à des scènes très brutales avec son daemon).
Une petite note tristounette à constater que le personnage le plus effrayant, un savant fou psychopathe, est français, dans une distribution largement cosmopolite… Bon, le glorieux canoë a un nom français, ce qui pourra nous consoler un peu !
[image error]
(Aux Editions David Fickling Books – Penguin pour ma superbe version anglaise)
Aux Editions Gallimard pour la version française, parution le 16 novembre 2017
544 pages – 22 € pour le format papier et 15,99 € pour le format numérique
November 5, 2017
It’s about love – Steven Camden
J’ai adoré ce roman, pour ses qualités d’authenticité, de clairvoyance et de profonde sensibilité. Ne vous attendez pas à une love story déchirée-sucrée. Comme dans « Aristote et Dante découvrent les mystères de l’univers » de Benjamin Alire Sáenz, c’est bien plus une histoire d’amours – au pluriel – que d’amour.
[image error]
Je l’ai lu dans sa version originale, en anglais, pendant que ma fille lisait ce beau format papier proposé par les éditions Fleurus pour la version française (titre non traduit). Nos avis ont concordé, ce qui est de bonne augure pour une lecture young adult !
Le premier point positif, à mes yeux, est qu’il est écrit par un homme ; en young adult ce n’est pas si fréquent et j’ai trouvé très riche et authentique le ton du narrateur, un jeune garçon de bientôt dix-sept ans.
Le deuxième est que l’auteur est anglais. Si j’ai adoré de nombreux auteurs et auteures américain(e)s, j’apprécie lire des textes écrits par des Européens, des Australiens, de tout autre pays ! L’ Angleterre en particulier, nous est proche.
Comme souvent avec un roman Young Adult, le complimenter commence par expliquer ce qu’il n’est pas.
Ce roman n’est pas une lecture facile, vite gobée. Ce n’est pas une romance déchirante, avec des histoires d’amours contrariés et superficiels, servis à la sauce triangle amoureux pour relever le tout. Et ce n’est pas bon plus une histoire d’ados « parfaits » s’opposant aux vilains adultes (moi en l’occurrence, j’adore le YA, alors quand je tombe sur ce genre de scénario, je me renfrogne).
Les thèmes abordés dans ce livre riche de personnalité et d’authenticité sont des thèmes susceptibles de toucher de nombreux lecteurs : les liens familiaux et les mystères qui les entravent, la place des enfants dans la fratrie une fois devenus grands, l’impact d’une peau foncée dans tous les moments de la vie, la difficulté à se fondre dans une école de nantis quand on vient d’un quartier pauvre et enfin et, surtout, une réflexion de qualité sur la violence…
Par ces thèmes, malgré une personnalité très prononcée, ce roman m’a fait penser au très beau roman « Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers » de Benjamin Alire Sáenz, ainsi qu’au bientôt incontournable « The hate U give » de Angie Thomas, qui sera bientôt porté à l’écran et traduit en français chez Nathan.
Le mode narratif est très percutant : le personnage principal est passionné de cinéma, il commence d’ailleurs des études dans cette voie, et toutes ses pensées, ses souvenirs, le regard qu’il promène autour de lui sont présentés comme des bribes de script. Ce n’est pas étrange à lire, mais plutôt envoûtant et passionnant, même si vous n’êtes pas suffisamment cinéphile pour saisir toutes les références.
Un autre point frappant est la puissance émotionnelle du récit. Le jeune garcon de bientôt dix-sept ans est brillant et hyper sensible. Mais c’est également un adolescent tourmenté, qui doute de tout et en particulier de lui-même. Le contraste entre la finesse de son jugement et le tumulte émotionnel qui l’habite en permanence d’une part, et son comportement et ses prises de parole d’autre part, ceux d’un ado bougon et susceptible, volcanique même, est fascinant. Une lecture éclairante pour bien des parents dotés d’enfants de ce genre, d’une intelligence brillante mais douloureuse !
Un roman bien construit, qui nous révèle le passé touche par touche, sans frustration, et une histoire positive malgré la tonalité grave et réaliste du récit.
Ma fille de 15 ans l’a lu et beaucoup aimé
October 16, 2017
Les Griffes et les Crocs – Jo Walton
J’ai lu ce roman en anglais il y a déjà plusieurs années et je l’avais adoré. Puis j’ai longtemps attendu la version française, me résignant peu à peu à l’idée qu’elle n’arriverait jamais. Et pourtant, grâce aux Éditions Denoël et leur collection Lunes d’Encre, me voici avec ce petit bijou dans les mains ! Une superbe traduction de Florence Dolisi et une sublime illustration de couverture par Aurélien Police (je suis fan !)
[image error]
Jo Walton a eu l’idée assez audacieuse de raconter une histoire de dragons mi-humanisés mi-dragons classiques dans une ambiance géorgienne manifestement inspirée des romans de Jane Austen (on pense souvent que les romans de cette auteur anglaise reflète la société victorienne, mais c’est une erreur : Jane Austen a vécu un peu avant le règne de la Reine Victoria et les différences des règles sociales, en particulier en ce qui concerne la relative liberté des jeunes filles, sont très importantes pour le déroulement de l’intrigue de chacun de ses romans).
Mes quelques essais de lecture de romans Jane Austen-like ne m’ont pas convaincu, à l’exception notable de l’admirable Jonathan Strange et Mr Norrell, qui s’est inspirée de l’époque géorgienne pour écrire une histoire très personnelle, dans un style d’une pureté étrangement semblable à celui de Jane Austen.
Les autres auteurs m’ont plus parus comme des arrivistes avides de s’approprier le talent d’un auteur classique pour faire un « coup » plutôt que comme des écrivains dotés d’une réelle personnalité cherchant à honorer un auteur classique tout en écrivant un roman de qualité.
Jo Walton, dont j’ai goûté le talent de conteuse hors-pairs dans Among Others, a su me convaincre, par un récit très agréable à lire, sobre, sans prétention, distrayant et bien ficelé (malgré une fin légèrement abrupte – j’aurais bien aimé un peu plus d’épilogue).
Jo Walton présente sans complexe une société de dragons très semblable à une société humaine, et j’ai dû faire une petit effort d’acclimatation au tout début de ma lecture. Le lecteur n’apprend pas comment les anciens dragons sauvages, vivant dans des grottes et chassant, en sont venus à une organisation sociale et économique semblables (à des différences notables près tout de même !) à celle de l’époque anglaise géorgienne. Mais les nombreuses variantes liés à la nature dragonienne des personnages, très bien bien mis en scène et habilement utilisés comme moteurs de l’intrigue ont rapidement permis mon adhésion complète : le résultat est extraordinaire.
L’histoire raconte les mésaventures d’une fratrie de jeunes dragons dont le père vient de mourir, léguant tous ses biens (son or et son corps) à ses trois plus jeunes enfants, non encore établis : Avan, un jeune dragon qui a un petit poste dans l’administration d’une ville moyenne et deux soeurs très unies, Selendra et Haner, encore chez leur père à l’heure de sa mort.
Le beau-frère, qui a épousé la soeur aînée, un dragon riche, noble et arrogant, refuse d’accepter la décision du mort, pourtant confirmé par Pernn, le frère pasteur, et se taille la part belle du corps du défunt.
Les dragons pratiquent en effet l’anthropophagie – ou plutôt la « dragophagie » – et cette notion est parfaitement intégrée, sans aucun effet gore ou choquant. Les dragons, s’ils atteignent l’âge adulte et demeurent en vie en consommant de la viande crue d’élevage (porc, moutons, boeufs) et des fruits, ne peuvent grandir en longueur et donc accéder à un statut supérieur, qu’en consommant de la viande de dragon. On comprend ainsi combien le corps d’un défunt est important pour sa famille, constituant une part intégrante de l’héritage.
Cette notion est également utilisée pour expliquer la richesse des seigneurs : ceux-ci ont le droit de consommer les dragonnets chétifs (d’une couleur verdâtre) et toute personne jugée trop faible pour survivre. On imagine fort bien les dérives possibles si le seigneur manque de noblesse d’âme et se laisse aller à la cupidité !
Les jeunes dragons, bafoués de leur juste héritage, se partagent l’or, trois fois rien, car le bon vieux dragon, un nobliau campagnard, ne possédait pas grand chose ; les deux soeurs, qui s’adorent et ont grandi ensemble, doivent quitter la demeure familiale : la plus vive, Selendra, est accueillie par le frère pasteur, et la plus effacée, Haner, par la soeur aînée, la femme du dragon très antipathique qui les a lésés de leur héritage.
La suite est passionnante, mêlant affaires familiales, religions, destins tragiques, féminisme, dans une ambiance très romantique et fougueuse, digne d’un roman classique. Les personnages sont excellents, dotés de personnalités variées, crédibles et attachantes. Les petites notes rappelant la nature et le physiques des dragons sont magnifiquement intégrées, les données typiquement dragoniennes subtilement utilisées.
Après la notion fondamentale de la consommation de chair de dragon pour une croissance magique, une autre idée m’a beaucoup plu, dans l’idée elle-même, mais surtout dans la façon où elle est habilement enchevêtrée dans l’histoire : les jeunes dragonnes sont d’un ton doré, qui rosit aux premiers émois (les mères de famille, qui ont eu plusieurs pontes, rougissent). Ainsi, une jeune femelle ayant reçu et accepté une demande en mariage va changer de couleur en un instant, mais aussi toute malheureuse bousculée de trop près par un mâle grossier, même sans rapports effectifs. Cette notion constitue l’un des moteurs de l’intrigue et rappelle avec beaucoup de subtilité la situation d’une jeune fille qui a passé la nuit seule avec un homme, même dans deux chambres séparées, dans une auberge par exemple : aux yeux du monde cette jeune fille doit se marier coûte que coûte.
Le vol des dragons suit également des règles : les ailes ne poussent qu’assez tardivement et les dragonnets ne volent pas ; le jour de culte les femelles de qualité ne volent pas mais marchent posément ; les serviteurs ont les ailes attachés (très serrées quand les maîtres sont sévères) et ne volent jamais, tout comme les pasteurs, mais par choix pour ceux-ci.
Enfin, la mort est une menace permanente : la société consomme ses faibles, les mâles risquent l’affrontement à tout moment et donc la mort et la consommation, les pontes sont dangereuses pour les femelles, les affaiblissant parfois jusqu’à une mort prématurée. Le feu, qui n’arrive que tardivement aux mâles, quoique un signe de puissance, précipite la fin du dragon.
Il y a plein d’autres exemples de l’habilité de l’auteur à nous envoûter par son récit plein de charme et de personnalité. Et si les thèmes Austiniens sont évidents, il apparaissent bien plus comme des clins d’oeils ou un hommage à l’auteur qu’à une spoliation grossière et sans intérêt.
On reconnait régulièrement un type de personnage, une relation entre deux autres, mais à chaque fois nuancé, modéré et intégré à un récit authentique : pas de ridicule patchwork ici, mais un auteur doué et doté d’une réelle personnalité à l’oeuvre, et cela se ressent !
J’espère vraiment que ce livre, pas très long, porté par un style sobre et clair, adapté à un large public, trouvera son chemin jusqu’à nos éditeurs français ; je suis convaincue que ses nombreuses qualités feraient le bonheur de bien des lecteurs.
(Voilà ce que j’avais écrit il y a cinq en découvrant ce roman… comme quoi il ne faut jamais perdre espoir ^-^)
Une suite ne s’impose pas, toutefois j’ai été si charmée par cette lecture que je serais ravie de lire une autre histoire dans le même monde !
[image error]
Aux Éditions Denoël, collection Lune d’Encre, paru le 21 septembre 2017
416 pages – 21,90 € pour le format papier et 15,99 € pour le format numérique
October 15, 2017
Les bonbons des années 60
« Je vous ai apporté des bonbons
Parce que les fleurs c’est périssable
Puis les bonbons c’est tellement bon
Bien que les fleurs soient plus présentables
Surtout quand elles sont en boutons »
Après ce début en chanson, avec les mots malicieux de Jacques Brel (mots qu’il n’aurait jamais pu écrire dans le monde uchronique de ma série Lysandre Chalkhill, où toute créativité humaine cessa en 1961) je vais vous parler un peu des bonbons qui existaient déjà à cette époque. Il est étonnant de constater que nous continuons de déguster certains d’entre eux avec entrain !
[image error]
Les Mi-Cho-Kos, par exemple, ces délicieux caramels au chocolat que mademoiselle Henriette distribue avec largesse aux orphelins qu’elle conduit au Centre Résidentiel à bord de son minibus bleu et blanc. Les originaux, au chocolat noir, ont été créés en 1936 par la société française La Pie Qui Chante.
[image error]
Les smarties, ces petites dragées rondes, plates et colorées, fourrées au chocolat, ont été créées en Angleterre en 1937 par Rowntree’s. Dans notre monde elles n’ont été introduites en France qu’en 1963, mais on peut très bien imaginer qu’elles l’aient été également dans celui de Lysandre Chalkhill.
[image error]
Les M&M’s, des chocolats enrobés de sucre coloré, marqué au nom du fabricant pour limiter les imitations, ont été créés en 1940, à l’usage des soldats. Forrest Mars, un américain, s’est inspiré lors d’un voyage en Espagne des soldats Espagnols qui utilisaient cette technique d’enrobage de sucre pour éviter que leurs chocolats ne fondent. Ces bonbons sont très vite devenus populaires auprès de la population civile, dès les années 50.
Ces trois exemples ne sont pas les seuls. Il y a aussi les carambars (1954, français, entreprise Delespaul), les malabars (1958, français, société Kréma), les cachous La Jaunie, encore plus anciens, créés en 1880 à Toulouse par un pharmacien. Et beaucoup d’autres encore, les bonbons ça ne se démode pas !
Le Choix d’Horace

October 1, 2017
Déménagement en cours !
Après des années de bons et loyaux services, j'ai décidé d'ouvrir un autre blog - façon site - sur WordPress, ici.
Je cherchais en effet depuis un moment une manière de mieux présenter tout ce que j'aime, l'écriture mais aussi la lecture, le tout dans une structure aisée à naviguer pour les visiteurs.
C'est maintenant chose faite, ou presque !
Les bases sont plantées, l'étoffage va se faire petit à petit. Ce blog ici présent restera ouvert encore bien longtemps, vous pourrez toujours le consulter, mais les nouveautés seront désormais par là-bas !
N'hésitez pas à vous inscrire, ça me fera plaisir...
Bon dimanche à tous :)

Article original rédigé par Hélène Louise et publié sur Hélène Louise
Reproduction interdite sans autorisation