Martin Page's Blog, page 19
February 26, 2016
Son nom est Alan
J’essaye de ne pas être en colère, à propos de pas mal de choses, j’essaye de ne pas être blessé, par pas mal de choses.
Ce n’est pas simple.
Mais ce n’est pas grave, mes angoisses et douleurs ce n’est rien, alors que des enfants meurent sur les plages de Turquie et d’ailleurs, plus de 300 depuis septembre (et que ceux qui sont contre l’accueil des réfugiés aillent se faire foutre).
En septembre, on a beaucoup parlé de la mort d’un petit garçon. Les médias ont écrit qu’il s’appellait Aylan Kurdi.
Très vite, on a su que non il ne s’appelait pas Aylan, mais Alan.
A.L.A.N.
La fiche wikipedia a été modifée, des journaux ont rectifié l’information. Et pourtant on voit encore des articles, la quasi-totalité, appeler cet enfant par un prénom qui n’est pas le sien.
Et je trouve ça violent, pour tout dire je trouve ça déguelasse. Un enfant meurt et comme si ça ne suffisait pas on lui arrache son prénom (le fait qu’il soit un enfant, étranger, inconnu explique ce mépris).
Il faut noter que ce problème avec le prénom d’Alan est un problème essentiellement français, nos amis québecquois semblent savoir qu’il s’appelle Alan, comme nos amis du Guardian ou de la BBC.
Cet enfant est mort, ils s’appelait Alan Kurdî. Son frère est mort aussi, il s’appelait Xalib Kurdî. Toutes mes pensées vont vers eux, mes pensées fortes, douces et aimantes vont vers eux.
Épuisement joyeux
Première soirée avec Coline (ma mère gardait Cyrus) depuis hmm depuis quelques semaines (mois?). Donc restaurant, puis cinéma. Et là comme le veut le cliché : on s’endort pendant le film.
(=^_^=)
On est épuisés, c’est vrai, mais c’est un épuisement joyeux, magique, un épuisement que je n’échangerai contre rien au monde. Un épuisement qui nous donne des forces.
Mais parfois, tout simplement, nous nous écroulons.
Scène de la vie en société
Scène de la vie en société : ce que les mots révèlent de la folie du monde.
Lors d’un vernissage, dicussion autour de la nourriture avec un peintre.
Lui : J’ai été végétarien pendant quatre ans et puis un jour je me suis aperçu qu’on pouvait élever et tuer les animaux avec respect.
Moi : Tuer avec respect ?
La vie de jeunes parents
Dans la vie de jeunes parents rien n’est vraiment difficile, pas mal de choses sont épuisantes et quasiment tout est passionnant et joyeux, changer les couches par exemple, ce n’est pas compliqué, ok c’est un peu répétitif, mais le pipi et le caca en fait ça va, c’est même drôle, ça n’a rien de sale, pas besoin de se boucher le nez (bon ok en ce moment c’est assez sportif, Cyrus est plein d’énergie). Non, le vrai défi, le vrai truc de héros, la tâche qui nous rapproche des Chevaliers de la Table Ronde, l’exploit qui nous rend si semblables aux Chevaliers du Zodiaque, c’est le coupage des ongles. Un bébé a des doigts si minuscules et des si ongles si microminuscules mais qui coupent et qui coupent bien, et bien sûr il bouge. À chaque fois, on pense à une des scènes d’action de Mission Impossible (bravo Coline je pense que tu as bien mérité ta tiare de diamants et ton sceptre en émeraudes).
February 1, 2016
Militer avec des dessins quand on ne sait pas être avec les autres
Avec Coline, on cherche des manières de militer qui nous conviendraient (nous, phobiques sociaux, rapport compliqués avec les autres êtres humains). Il y a pas mal de choses qui nous donnent envie de pleurer et qui nous enragent. Alors on s’est dit qu’on allait faire des dessins et des textes sur des sujets qui nous tiennent à coeur, les artistes, les animaux, les enfants, toutes ces espèces en danger finalement. Ça ne sera pas très didactique (je crois), et sans doute étrange, pas toujours compréhensible, mais créer de la circonspection c’est déjà pas mal. Bon, on est des militants débutants, hein. Voilà on s’est dit qu’en matière de dessins militants bizarres on pouvait apporter un petit quelque chose. Ça prendra la forme de jpg, de badges, d’autocollants.
January 20, 2016
Sortie : 16 ways to get a boner
Je vous préviens : c’est un petit livre fait-maison pour un public averti, et majeur.
Il s’intitule 16 ways to get a boner (le premier titre était : Sechzehn Möglichkeiten um eine Erektion zu haben). En français, ça donnerait : 16 manières de bander.
Il s’agit d’un petit livre de 16 pages, sans texte, seulement des dessins en noir et blanc. Rien d’extrême, rien de directement sexuel non plus, ni d’anatomique, c’est plutôt, j’espère, mignon.
C’est un petit livre spécial. Ceux qui ont déjà lu les autres livres faits-maison (par exemple, Tu vas rater ta vie et personne ne t’aimera jamais, et, avec Coline N’essayez pas de changer : le monde restera toujours votre ennemi) ont déjà une petite idée du style.
J’ai censuré l’unique image de l’intérieur du livre disponible sur monstrograph, par pudeur, ou par provocation je ne sais pas trop.
On peut le commander ici.
Et pleins d’autres choses sont à découvrir ici.
Pupitre
On y pensait depuis un moment, et c’est grâce à François Bon qu’on s’est lancé : on a acheté un pupitre, deux étages, un pour le macbook, l’autre pour le clavier, tout étant réglable. Le dos souffre moins, on est dynamiques, comme des boxers. C’est un poste de travail auquel on reste un moment, puis on retourne à table, à un bureau. Porter des chaussures de sport pour écrire à ce pupitre semble être une bonne idée.
Un petit texte de mon frère
Pas forcement toujours des bons souvenirs de mon père, mais je suis bien content que l’on ait réussi à nous rabibocher avant que la maladie (dont l’origine provient très clairement des choix politiques que nous ont imposé les belles personnes sortantes de science po et de l’ENA entre — au moins les années 80 et 2000 —, mais c’est une autre histoire.), et que, fatalement, la mort nous sépare. C’était en 2008. Il n’y a pas d’application pour gérer ça, cette chose abstraite : la mort. Ouais je sais Google à un plan pour ça. Le monde ira sans doute vachement mieux quand, Google, Apple et Amazon auront trouvés les bonnes applications pour gérer notre santé, notre compte en banque et nos émotions. Enfant d’internet, face à cette tache noire dans ma vie, je suis allez de l’avant. Hé quoi, faut bien mourir un jour non ? Ouais, mais voilà, mon père m’a fait découvrir Lou Reed, The Velvet Underground, Miles Davis, Bob Dylan, The Beatles, Tom Waits, Jacques Higelin et David Bowie. Si je me souviens parfaitement du moment où France Inter a annoncé que John Lennon a été assassiné, je ne me souviens pas du tout de la réaction de mon père. Ce n’était pas un malabar, il devait être effondré. Mon père ne m’a pas seulement fait découvrir la pop musique, mais aussi le plaisir de la lutte, le courage de lever le poing, de ne pas renoncer. De ne pas renoncer. Pourtant, s’il n’a jamais abdiqué, il a été abandonné, par le Parti Communiste aux mains des réactionnaires, à l’époque : les staliniens (et visiblement, ils ne sont pas morts, aujourd’hui encore ils préfèrent la main armée de l’état d’urgence plutôt que le travail politique). Vous pouvez vous gausser, mais pour avoir trainé avec pas mal de formations politiques, pour avoir pas mal vu d’amis se retrouver dans la même situation: Tout groupe social se conduit de la même façon, pas seulement les communistes. La seule règle étant : « ou bien tu es contre nous, ou bien avec nous ». Je l’ai vu d’un œil d’enfant à l’époque, je l’ai vécu ensuite. Plus tard à Corbeil Essonne, ils étaient bien peu à soutenir le combat que mon paternel menait avec ses camarades du foyer Sonacotra contre Serge Dassault. Dassault ce marchand d’armes, possédant des organes de presse, qui regarde ailleurs quand son stock passe aux mains du marché noir et du terrorisme international, est toujours aujourd’hui soutenu par l’ensemble de la classe politique (oui oui, toi aussi Mélenchon). La déception politique de mon père m’a permis de ne pas tomber dans les mêmes pièges que lui (bien aidé, il est vrai par les réflexions enrichissantes et décalées de ma mère) et les trahisons qu’il a subies m’ont suffisamment ouvert les yeux. On ne lâche rien, mais s’il y a un seul espoir de mobilisation et d’espérance pour le reste de l’humanité, il se trouve dans la pop culture, plutôt que dans les appareils politiques. Et vous voyez, avec le temps tout ça fait sens. Il m’est impossible d’écouter « Working Class Hero » par John Lennon, parce que c’est ainsi que mon père est parti en fumé. Et c’est pour ça qu’à la mort de Lou Reed j’ai chialé, et c’est pour ça qu’aujourd’hui en apprenant la mort de David Bowie je me suis roulé en boule dans mon lit, incapable d’en sortir et d’écouter quoique ce soit du Duke. Parce qu’avec son décès, c’est le souvenir de mon père qui revient, de ses combats et de sa solitude. Et je me souviens alors qu’il n’y a pas attendre grand-chose des constructions sociales, et politiques. Seule reste la pop culture. J’angoisse, donc, à l’idée que Bob Dylan, Tom Waits et Jacques Higelin meurent un jour. Il me restera quoi de la force que m’a donné mon père, ce jour-là ? Un simple « Pop » ?
January 12, 2016
Petit hommage à David Bowie
Par Coline et moi avec deux instruments bizarres que Bowie aimait.
January 2, 2016
普洱茶
Je teste de nouveaux fournisseurs de pu’er (« pu’er » pour respecter le chinois romanisé du pinyin, et non « pu-erh » issu du système Wade-Giles) : White2tea et Bannacha. Je renoue avec Essence of tea. Ces derniers temps il y avait Hojo Tea et Olivier Schneider (deux très bons fournisseurs), et avant la Maison des Trois Thés (excellent fournisseur, produits de qualité, mais problème pour avoir des informations sur l’origine).