Martin Page's Blog, page 18

April 15, 2016

Les défenseurs de la mort des animaux

Quand je prends le train, j’achète des magazines au Relay, parfois c’est Modes et Travaux ou Tondeuse à gazons Hebdo ou Karaté Bushido. Ce matin c’était un magazine cool (Les Inrockuptibles), si cool que la kiosquière a d’abord refusé de me le vendre. J’ai insisté et, en essayant de prendre un ton sarcastique/cynique/désabusé/nonchalant, je l’ai convaincue en disant que je connaissais quelqu’un qui a des Stan Smith dans une vitrine chez lui. Dans ce numéro, il y a une interview de Katerine, un chanteur que j’aime beaucoup, un très bon éditorial critique sur les propos de Laurence Rossignol, et un beau portrait de Garry Shandling.

Et surtout, sur quelques pages, un journaliste s’insurge contre les abattoirs. Ce qui est bien. Mais la suite est triste : il nous raconte que la solution c’est l’abattage à la ferme. Parce qu’une action violente devient moins violente dès lors qu’on la pratique chez soi, c’est bien connu.

Cet article est à conserver pour les générations futures, pour montrer la perversité habillée d’humanisme de ceux qui pensent qu’on peut tuer avec respect.

Extraits de phrases qui donnent envie de crier et de pleurer :

« Pour Stéphane, cette mort sans stress, sans transport, cette mort que l’animal n’aura pas vu venir est plus qu’impérative, c’est une question d’humanité. (…)

Il est 8 heures quand arrive celui qui va tuer, Pierrot. Boucher reconverti dans le service à la personne, l’air un peu rustre, la dignité en plus. Tuer des animaux comme ça, à la ferme, il l’a presque toujours fait. La première fois, c’était un agneau. Pierrot tremblait, il avait 11 ans. Depuis, il a pris de l’assurance et ne tardera pas à le montrer. (…)

Stéphane résume sa cause en quelques mots « Qu’on respecte enfin nos animaux. »

Pierrot a armé son pistolet, il pointe le canon sur la tête de l’animal à bout portant. Détonation sèche.

Etait-ce violent ? C’était silencieux et rapide.

Il faut évacuer rapidement le condamné pour le saigner dehors.

Que s’est-il est passé dans la tête de Pierrot au moment de tirer ?

« Je lui ai demandé pardon. Je l’ai remercié pour la viande qu’il va nous donner. »

C’est respectueux, tout à son honneur.

« C’était le premier, dit Stéphane. Les prochains, ils tourneront la tête lorsqu’ils verront Pierrot arriver, ils sont pas cons. »

La viande sera bonne. »



L’intention qui absout l’acte. Notre civilisation est battie sur cette conception. Ça donne mal au coeur.

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Published on April 15, 2016 09:34

À la maison avec Cyrus

Je suis seul avec Cyrus toute la semaine, Coline est invité à un salon dans le sud dans un endroit qui a l’air paradisiaque (sauf quand il s’agit de manger végé, « Quoi vous ne mangez pas de poisson ? mais les végétariens mangent du poisson. » Argh. Petit rappel : les poissons sont des animaux).

Les journées sont donc bien remplies.

Cyrus a une passion pour l’ouverture des tiroirs, par le vidage des tiroirs, il part en quête des fils électriques aussi (super mauvaise idée). Ah et méthodiquement il arrache toutes les protections posées sur le meuble pour ne pas qu’il se fasse mal. Il déchiquète les magazines. Les écrans l’intéressent aussi, mon téléphone, l’ordi, il tente sa chance, essaye de les attraper, sans succès. Pour Cyrus ça sera pas d’écrans avant bien bien longtemps (nous sommes des parents antismartphones, antitablettes, antiordi).

Je peux donc écrire par tranche de quinze secondes (sauf pendant ses deux siestes de la journée, où j’avance un peu plus).

Cyrus joue seul (grande capacité de concentration sur un objet qu’il étudie sous toutes les coutures), on joue aussi ensemble, il vient vers moi, me tape sur le genoux et dit Gagagagaga et là c’est course poursuite, affrontement des Godzillas, frappage dans les mains et chatouilles, on joue du ukulélé. Lecture de livres (enfin tentatives car très vite Cyrus joue avec le livre). C’est trop bien. C’est le paradis.

Parfois il tombe (on a couvert le salon de tapis de yoga épais), pleure, et donc gros calin dans mes bras. Cet enfant est téméraire et aventureux.

On sort prendre des cafés (enfin lui a sa gourde avec de l’eau), il fait beau, ça nous permet de respirer, et Cyrus est fasciné par les feuilles des arbres.

Il nous ressemble par bien des aspects : il est très actif et émotionnel, mais bizarrement il ne semble pas asocial (hier c’était la deuxième demi heure à la halte garderie, période d’acclimatation, et ça lui plaît, il est tout souriant et va vers les autres, mais quand un enfant pleure : ça le fait pleurer automatiquement).

Ces quelques jours me permettent de me rendre compte que les mères célibataires (ou pères, plus rares) méritent tous les égards et encouragements (et un financement massif). S’occuper d’un enfant à deux c’est du boulot, seul c’est… une attention constance puissance 10, ça demande une énergie et une agilité colossale. Et bien sûr, il y a les trucs relous à faire en même temps : prendre des rendez-vous, faire des lessives, étendre le linge, préparer les repas. J’ai renoncé à ranger, on a l’impression que le salon a été cambriolé. C’est un beau bazar émoticône smile

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Published on April 15, 2016 09:32

Devenir parents

Avoir un enfant, c’est découvrir que le monde entier est là pour vous faire la leçon. Avoir un enfant, c’est découvrir qu’en tant que parent, pas mal de gens cherchent à vous infantiliser. C’est très très très irritant et je n’ai pas l’intention de garder mon calme. Entre les vieilles dames dans la rue qui disent « la tétine c’est pas bien » ou « il va prendre froid  » ou « il est habillé en fille », entre les autres parents qui ont des enfants un peu plus âgés qui font des remarques sur absolument tout sur un ton sentencieux, au final on trouve peu de bienveillance, mais des personnes imbues d’elles-mêmes, de leurs expériences, de leurs échecs, de leurs renoncements, de leurs incapacités, de leurs névroses, de leur méchanceté, de leur morale, de leur choix, et qui tentent de vous faire incorporer que leur parcours est la règle, et que « vous verrez quand il aura 1 an, 2 ans, 5 ans, 10 ans, 18 ans ». Ça me fait penser à ceux qui nous disaient qu’on n’aurait plus un instant pour écrire après la naissance de Cyrus, qu’on renoncerait à tout activité personnelle, que notre couple serait entre paranthèse, qu’on n’aurait plus le temps pour rien, qu’on serait tout le temps fatigué… Que les gens nous lâchent avec leurs conseils dépressifs et avec la projection de leurs problèmes, bordel, on découvre la vie de jeunes parents, c’est magnifiquement chaotique, on s’en sort, ce n’est pas toujours simple, ce n’est pas parfait, mais ça va. On veut bien des conseils bienveillants, encourageants, des idées de recettes, des informations nutritionnelles, on veut de la douceur et de la joie

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Published on April 15, 2016 09:31

March 15, 2016

On croit être original (et parfois on l’est) (en tout cas, tentons de l’être)

On vient de nous signaler, à Coline et moi, l’existence d’un roman ado (aussi publié à L’école des loisirs) intitulé Lettres de l’intérieur qui met en scène une correspondance avec quelqu’un qui est en prison. Comme dans La folle rencontre de Flora et Max (le personnage de Max est allusion au dessin animé Mary & Max, aussi une histoire de correspondance). On croit être original, avoir trouvé une idée neuve, et on s’aperçoit que ce n’est pas le cas. Alors forcément le traitement est différent, l’originalité est ailleurs. Et parfois tout de même on a des idées vraiment inédites, tout n’a pas déjà été fait comme le disent les écrivains sans imagination (et qui généralisent leurs limites). Parfois certaines de mes idées viennent d’ailleurs, je l’avais oublié et je m’en rappelle. Ainsi Bourdieu a été une influence importante pour moi (parmi d’autres, avec Deleuze, Frances Yates, etc) et je retrouve quelque chose de son esprit dans certaines de mes lignes, comme la première phrase de mon L’art de revenir à la vie : « L’être humain est le seul animal qui fait toujours autre chose que ce qu’il croit faire » qui rappelle « ils ne font bien que ce qu’ils ont à faire (…) que parce qu’ils font autre chose que ce qu’ils croient faire »). Quentin et moi sortons un album jeunesse au Rouergue en septembre qui s’intitule La recette des parents, et j’ai découvert plus tard chez le même éditeur (édité aussi par Olivier Douzou) La soupe de maman, de Clémence Pollet et Karin Serres. Les deux histoires sont différentes, mais le « concept » de la mienne n’est donc pas si original (mais j’espère que le traitement l’est).

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Published on March 15, 2016 03:01

February 26, 2016

Mon pull

Être parent d’un jeune enfant, cela signifie ne plus porter que des vêtements tachés de soupe, de purée, de lait, de compote. Et s’en moquer :-)


pull

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Published on February 26, 2016 02:54

Mon hérisson d’anniversaire

Par Coline (=^_^=)

hérissonanniversaire

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Published on February 26, 2016 02:52

Fromages végétaux

Parlons gastronomie.

Coline a trouvé un fromage végane (c’est-à-dire sans lait, sans aucune matière animale) incroyablement délicieux. Il pourrait passer pour un fromage de fromager, une merveille de petit producteur. Complexe, fort, bien fermenté.

Le problème de ce type de supers fromages véganes, c’est le prix. Ils sont très très chers. Ça tient à la matière première, aux ferments, et au fait que ce soit de mini productions j’imagine. Ce sont des fromages d’artisan.

Le jour où on trouvera facilement et pour un prix raisonnable des fromages véganes et de la « viande » végétale de qualité, aussi délicieux que les produits animaux, un basculement se fera peut-être.

D’ici là, les aventureux.ses peuvent aller faire un tour sur The vegan shop (dont le siège est dans le Morbihan, ils ont peut être une boutique là-bas).

Il y a souvent des ruptures de stock : dès que de nouveaux fromages sont annoncés, ils sont commandés dans les minutes qui suivent.

L’existence de ces fromages véganes n’est pas seulement une bonne nouvelle éthique et gourmande, c’est aussi la démonstration que l’imagination des cuisiniers déjoue toutes les contraintes

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Published on February 26, 2016 02:49

Ils sont 26

Ils sont 26 à avoir voté contre (sur 577) : surtout des écologistes (en proportion), une poignée de socialistes et de députés de droite. Alliance hétéroclite de ceux qui craignent pour nos libertés et qui refusent de se laisser gouverner par des émotions récupérées politiquement.

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Published on February 26, 2016 02:45

Dehors les démons, dedans le bonheur !

鬼は外! 福は内!

Dehors les démons, dedans le bonheur !

(j’apprends avec quelques jours de retard l’existence de la fête de setsubun, et j’ai bien envie de crier « Dehors les démons » ce matin).

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Published on February 26, 2016 02:44