L.M. Rapp's Blog, page 3
August 23, 2023
Et une nouvelle de plus !
En attendant un recueil qui ne saurait tarder…

,Thibault Malfoy, mon conseiller littéraire, nous a envoyé, quelques mois auparavant, cette proposition d’écriture : « La métaphore comme maladie. Certaines métaphores sont trop dangereuses et fautives pour qu’on les tolère. » Une élégante ,réflexion qui m’a inspiré une courte nouvelle sur le thème du racisme.
Je m’amuse parfois de la façon qu’a mon esprit de s’emparer des concepts les plus éthérés pour les ramener à la, trivialité la plus déprimante. D’autres fois, je m’en désole.
En tout cas, je vous souhaite une bonne lecture. Et n’hésitez pas à me dire ce que vous pensez de ce texte.
Fais pas ton Glob !
« Tu ne vas pas manger ce paquet tout seul ! Allez ! Fais pas ton Glob ! Partage avec moi !
— Comment ça, mon Glob ?
— Tu sais bien. Les Globs sont tous avares. Tout le monde le sait. Quelle drôle de question ! Parfois je me demande si tu le fais exprès. »
Ils avaient travaillé toute la matinée dans un local étriqué et Silh avait insisté pour qu’à la pause repas ils s’installent dehors, à l’ombre du vaisseau qui les surplombait de sa masse imposante. Il aimait assister au coucher de la naine rouge qui embrasait l’horizon, tandis qu’au zénith la supergéante dardait ses rayons jaunes avec une placide splendeur.
« J’ai vécu deux mois chez les Globs, dit Silh, et je ne les ai pas trouvés avares.
— Ah bon ? Pourquoi t’es-tu arrêté chez eux ?
— Pour rien… Par hasard… Lorsque mon champ protecteur est tombé en panne, j’ai atterri sur la planète la plus proche. »
La bouche de Zaron se tordit en une moue dubitative et son regard de prédateur glissa vers les fruits jaunes qui semblaient luire dans le sac en papier entrouvert.
« Je ne pensais pas rester, mais comme les pièces détachées ont mis du temps à arriver, je me suis installé dans une chambre meublée qu’une famille louait aux voyageurs de passage. Le seuil de la maison franchi, la grand-mère, qui m’avait jugé trop mince, s’est mise à me gaver d’une multitude de plats préparés de sa main. Elle n’acceptait aucun refus – “Ça se mange sans faim”, qu’elle disait – et je suis reparti avec six kilos en plus. »
Ils n’étaient pas censés partager leurs victuailles. Les rations fades, abordables et roboratives qu’apportait Zaron, un ingénieur qu’il avait rencontré une semaine plus tôt, ne l’attiraient pas de toute façon. Ses habits usés et pas toujours propres révélaient une négligence causée, si l’on en croyait les rumeurs, par une addiction au jeu. Le sourire déplaisant qui s’étira sur ses lèvres minces découvrit des dents tachées.
« T’es un Globs ?
— Mais pas du tout… Je te l’ai déjà dit, je viens de la planète Sark. Je te raconte juste mon expérience.
— Et ta femme ? Elle a un air typé. C’est une Globs, c’est ça ? »
May 1, 2023
Un délicieux repas… végan

La nourriture tient une place importante dans mon dernier livre, « ,De chair et de larmes ». C’est pourquoi, en l’honneur de sa publication, je vous ai préparé trois recettes pour un repas végan, plutôt facile à préparer et surtout très bon. Les carnivores ne devraient pas se plaindre.
Deux recettes (la soupe et le dessert au chocolat), sont de mon invention, la troisième (le mujaddara), vient du livre de ,Orna et Ella, deux femmes aux multiples talents qui tenaient un restaurant très apprécié à Tel-Aviv, mais qui a hélas fermé.
Vous me direz que tout ceci n’est pas très littéraire. Chacun cherche son inspiration où il le peut et, dans notre famille, la nourriture a toujours tenu une place primordiale. Lisez le livre et vous comprendrez tout.
Et pour vous y encourager, j’offre un livre gratuit en échange d’un commentaire sur Amazon. N’hésitez pas !
Velouté de poireaux et patates doucesIngrédients
60 g d’huile d’olive
300 g de poireaux (partie blanche) coupés en tranches fines
1 cuillère à café de sel
250 g de patates douces coupées en petits morceaux
700 g d’eau
Une cuillère à soupe de bouillon de légumes (facultatif)
Une pincée de poivre
100 g de crème fraîche végétale
100 g de lait végétal
4 cuillères à soupe de ,levure maltée
Préparation
Chauffez l’huile dans un récipient, versez les poireaux et le sel et faites revenir, tout en remuant, une douzaine de minutes.
Ajoutez l’eau et le poivre et laissez cuire durant 20 minutes.
Ajoutez la crème et le lait et mixez.
MujaddaraAttention : une partie des ingrédients doit tremper pendant dix heures.
Ingrédients
250 g (⅓ verre) de riz rond complet
125 g de lentilles noires
100 g de graines d’épeautre
80 ml (⅓ verre) d’huile d’olive
400 gr d’oignons coupés en cube (3-4 oignons)
2 petites cuillères de sel
Poivre noir
Préparation
Faites tremper durant dix heures le riz et les graines d’épeautre. Même chose pour les lentilles, mais dans un récipient séparé.
Égouttez le riz et les graines d’épeautre, les laver et les faire cuire comme des pâtes durant 20 min.
Deux minutes avant la fin de la cuisson, ajoutez les lentilles préalablement égouttées et lavées. Égouttez.
Chauffez l’huile dans une grande poêle et faites revenir l’oignon à feu moyen durant 20 min, tout en mélangeant, jusqu’à ce qu’il soit doré. Ajoutez le sel et continuez jusqu’à obtenir une couleur marron.
Mélangez tous les ingrédients avec précaution.
Crème au chocolat vegan et sans sucre raffinéIngrédients
1 l de lait végétal
200 g de chocolat à 100 %
90 g de dattes
Préparation
Versez le lait végétal, le chocolat coupé en morceaux et les dattes dans une casserole. Chauffez une dizaine de minutes, tout en remuant, jusqu’à ce que le chocolat soit fondu. Mixez. Laissez refroidir et mettez au réfrigérateur.
*Toutes les marques de chocolat ne se figent pas aussi bien, mais c’est toujours bon.
*Si ce dessert, très fort en chocolat, n’est pas assez sucré à votre goût, ajoutez quelques dattes supplémentaires ou un sirop (d’érable ou de dattes) par-dessus.
April 10, 2023
Dans la rue

Sans trop d’illusions, mais avec l’espoir que tout allait s’améliorer peu à peu, nous avions cru qu’après avoir surmonté l’épidémie de Covid, nous entrerions dans une période de calme et de réparation. Et puis… Et puis… De nouvelles élections, suivies par une menace de lois plus infâmes les unes que les autres, nous ont poussés dans la rue.
Moi, qui n’apprécie pas les grands rassemblements, me suis retrouvée à scander des slogans une à deux fois par semaine dans des groupes de tailles variées. Des plus petits — une quinzaine de piétons agitant des drapeaux sur une passerelle au-dessus de l’autoroute, salués par des klaxons de voitures et de semi-remorques —, jusqu’aux plus considérables — deux cent mille personnes au centre de Jérusalem ou de Tel-Aviv.
Le texte s’est donc écrit sans heurt, avec mon expérience sur le terrain comme inspiration, lorsque ,Thibault nous a proposés un ,Intermède cacophonique.
Merci à Yael Lichtenstein pour cette magnifique photo.
Et voici, sans plus tarder, une courte nouvelle, sorte d’instantané de manifestation.
Dans la rueQue dirons-nous à nos enfants ? Démocratie, démocratie… !
Tout autour de moi, des milliers de drapeaux blanc et bleu. Des centaines de milliers, m’a dit papa. Je crie et m’efforce de tenir mon drapeau bien droit, même si j’en ai mal aux épaules. Devant moi, mon frère a collé contre sa poitrine une pancarte : obligation de résistance. Papa lui a expliqué que c’était le bouclier d’un vaillant guerrier. Il voulait le drapeau, mais je ne le lui ai pas laissé.
Les policiers sont nos frères ! Les policiers sont nos frères !
Les adultes font aussi des bêtises. Ils crient avec un visage sérieux. J’aime bien cette pancarte noire et blanche, mais je préfère le drapeau. La prochaine fois, je l’aurai. Papa me le donnera. Au moins pour le début…
Vous êtes tombés sur la mauvaise génération !
« Sales gauchistes ! Quittez le pays, si vous n’êtes pas contents.
— C’est mon pays autant que le tien. Et je manifesterai si je veux !
— Vous voulez renverser un gouvernement élu ! C’est vous les dictateurs !
— T’as rien compris ! Où sont les lois contre la pauvreté, contre l’insécurité ou pour l’amélioration des infrastructures ? Pourquoi le gouvernement se hâte-t-il de voter cette réforme ? Pour ne plus jamais lâcher le pouvoir.
Rentre à la maison ! Rentre à la maison !
Ça fait trois mois que ça dure. J’en peux plus. Au lieu d’enquêter sur des crimes, je me retrouve à faire la nounou. Trois cent mille manifestants. S’ils s’affolent d’un coup… »
La démocratie ou la révolte ! La démocratie ou la révolte…
Je vais me retourner et lui dire ce que je pense de son sifflet. C’est insupportable ! Quel boucan ! Certaines personnes y prennent vraiment du plaisir.
« S’il vous plaît ! Pouvez-vous cesser ce bruit atroce ? Je ne parviens pas à les comprendre. »
Démocratie, démocratie !…
« Ethan ! Que fais-tu là ? Je croyais que tu habitais dans le nord.
— Cette fois, nous sommes venus à la grande ville pour voir plus d’action. Impressionnant, n’est-ce pas ? Tu connais ma femme ? »
La honte ! La honte !
Ces enfants adorables qui se tiennent avec un tel sérieux… Je n’aurais pas osé amener les miens à une manifestation. Du moins, pas lorsque nous vivions en Russie. Il est vrai qu’à cette époque, elles étaient interdites.
Aussi longtemps qu’en nos cœurs…
J’aurais dû mourir avant de voir ça. Toutes ces souffrances… Toutes les guerres auxquelles j’ai participé… pour en arriver là. Pour qu’un inculpé menteur pathologique nous rafle le pays avec sa bande de mafionaires et d’hallucinés religieux… Tout de même… Même Eddy, qui pousse mon fauteuil roulant, s’en émerveille. Tous ces gens, qui d’habitude se contentent de leur routine, sont sortis dans les rues. Tous ensemble, ils protestent pour sauvegarder leur avenir. Mes filles, leurs maris et leurs enfants ont tenu à m’accompagner. Et l’hymne national… qui m’émeut chaque fois.
Être un peuple libre sur notre terre…
March 2, 2023
My Method for Writing Almost Every Day

I discovered the best advice against procrastination in a tidying book. I would have told you its title if I had managed to find it. I know… You think my house must be in a bad state. Well, you’re wrong. It looks pretty good. But we’re digressing from the subject…
Here is the crucial recommendation that this book taught me. I quote it from memory.
We don’t tidy for the pleasure of tidying, but to create the conditions for an ideal life. Start your day with the activity that is most important to you.
I try to write early in the morning, when the mind, still influenced by dreams, soars without fear on the winding paths of storytelling. When the allotted time is over, I can turn, with a clear conscience, to more trivial tasks.
Sometimes I set my alarm clock at five AM to ensure, in monastic tranquility, the first of the precious hours necessary for a reassuring progression. Too often, I get lost in menial chores and find myself in the late afternoon wishing the days to become 36 hours long.
Put your pen to the paper or your fingers to the keyboard and start moving. Write anything. Once the process has begun, it will be easier to continue.
Another piece of advice—not taken from the book—but just as important. Whatever your activity, award yourself a day off each week.
I wish you victories over procrastination. It’s an ongoing battle. Don’t hesitate to tell me about your difficulties and your successes.
Ma méthode pour écrire tous les jours… ou presque.

Le meilleur conseil contre la procrastination, je l’ai découvert dans un livre de rangement. Je vous aurais bien mentionné la phrase exacte et le titre de l’ouvrage si j’avais réussi à le retrouver. Je sais… Vous vous imaginez le désordre qui règne dans ma demeure. Et bien, vous vous trompez. Elle est plutôt bien rangée. Mais nous nous éloignons du sujet…
Voici le conseil crucial que m’a enseigné ce livre :
On ne range pas pour le plaisir de ranger, mais pour se donner les conditions d’une vie idéale. Commencez votre journée par l’activité qui vous tient le plus à cœur.
J’essaie d’écrire aux premières heures, lorsque l’esprit, encore influencé par le rêve, s’élance sans crainte sur les sinueux sentiers du récit. Le temps imparti achevé, je peux me tourner, la conscience tranquille, vers des tâches plus triviales.
Placez votre stylo sur le papier ou vos doigts sur le clavier et mettez-vous à écrire. Écrivez n’importe quoi. Une fois le processus amorcé, il sera plus facile de continuer.
Il m’arrive de régler mon réveil à cinq heures du matin pour garantir, dans une quiétude monacale, la première des précieuses heures nécessaires à une progression rassurante. Trop souvent, je m’égare dans des tâches moins créatives et me retrouve en fin d’après midi à regretter que les journées ne durent pas 36 heures.
Autre conseil — non tiré du livre —, mais tout aussi important. Quelle que soit votre activité, accordez-vous une pause hebdomadaire.
Je vous souhaite de combattre la procrastination avec succès. N’hésitez pas à me raconter vos difficultés et vos réussites.
December 9, 2022
Eels, A Short Story Inspired by the Kowloon Walled City

After our little gastronomic excursion, literature returns with a short story written as part of the Club Contreforme. For those who would like to try it, here are the rules: within 48 hours, write a text of five hundred words maximum, inspired by Kowloon.
I hope you’ll enjoy this read and, if the theme gives you ideas, don’t hesitate to send me your stories.
EelsOn one side, the viscous magma of smooth, lustrous eels that still seemed intact, ready to open their pointed mouths or writhe in a final spasmodic effort of desperate yearning. On the other, the pile of refuse, of entrails, bones, tails, and fins, in which cockroaches and plump rats crept. In between, on the workbench, pale fillets tucked neatly into their plastic boxes waited to be turned into croquettes. In front of it, Tim, following the rhythm of his large knife, breathed an almost mechanical energy into this fetid microcosm. To the smell of fish, there was added a nauseating stench from the adjoining toilet, separated from the kitchen by a curtain decorated with bubbles, lending a colorful note to the underwater atmosphere of this all too dark room.
Tim had to make up for Sam’s desertion, who, instead of standing behind him like a faithful double, had left his post due to issues with his bowels. The large knife glistened and danced in a precise, jerky solo. The beads of sweat that Tim wiped from time to time with the sleeve of his faded T-shirt slithered down his forehead and burned his eyes. Under normal circumstances, he would have gone for a cigarette in the dark passageway barely lit by a few neon lights, but today he would have to deal with the morning’s delivery alone.
Suddenly, water began to trickle from the ceiling to his right, down the wall, and he wondered once again how it chose its route. Why this wall rather than another? There was no way of knowing where it would flow beforehand.
“Are you going to be out soon? Come on, what are you doing in there?”
“Take my word for it, you don’t want to know. I feel like it’s calming down though.”
In fact, Tim knew full well what was going on in the toilet - the olfactory fumes accompanied by the audible blasts left very little to the imagination - but he hoped his admonitions would hasten the end of this gastro-intestinal evacuation. Irritated by a pain in his shoulder and the need to inhale some nicotine, he continued in his work and tried to suppress an unnecessary outburst of anger. Sam hadn’t chosen to just sneak off. Like the rain that always found a path, other phenomena obeyed the relentless laws of nature. Once he had recovered, to make up for his absence, he would give him a few more hours of rest, while he would take care of…
The knife stopped in mid-air. Incredulous, Tim looked at his fingertip lying on the chopping board. Blood dripped down from it in ruddy threads. He felt no pain, just surprise at such clumsiness. He found a clean rag and tore off a strip to wrap around the severed chunk before stuffing it in his pocket. He wrapped his index finger with the rest and pressed down.
Alerted by the silence, Sam pushed aside the curtain just enough to reveal his pale face.
“What’s going on with you? How come you’ve stopped? Oh wow. What a mess.”
Translated by ,L. O. Boult
Une histoire courte et percutante

Après notre ,incartade gastronomique, la littérature revient avec une courte histoire écrite dans le cadre du ,Club Contreforme. Pour ceux qui voudraient s’y mesurer, en voici les règles : dans un délai de 48 h, rédiger un texte de cinq cents mots maximum, inspiré du thème de la ,lettre.
Thibault Malfoy est très érudit. Je m’efforce ,parfois, lorsque je me sens intelligente, sensible ou profonde, de m’élever vers ces sommets culturels. Dans le cas de la nouvelle d’aujourd’hui, je me suis complu dans le prosaïsme le plus sordide. Vous voilà avertis. J’espère que vous apprécierez cette lecture et, si le thème vous donne des idées, n’hésitez pas à m’envoyer vos histoires.
À bientôt,
L. M. Rapp
L’amitié incertaine« Bon, cette fois, c’est toi qui choisis.
— Moi ? Pourquoi ?
— Parce que j’en ai assez de tout devoir décider : qu’est-ce qu’on mange, quel film on va voir, avec quels amis on sort… J’en ai plus qu’assez ! Ras-le-bol de ta passivité. Oui, tu es passif. Alors ? Une blanche, une asiatique, une noire, une handicapée, une grosse, une vieille ?
— Ben, je sais pas. Qu’est-ce que tu préfères ?
— T’es débile ou quoi ? Tu peux pas dire ce que tu veux ?
— Ça m’est égal, c’est pour ça…
— Je t’assure que si tu continues, je te plante là et je vais chercher un autre partenaire.
— Mais t’énerves pas comme ça ! Si tu veux que je choisisse, ça va, je vais le faire. Ne me brusque pas. J’ai pas de problème pour décider, c’est juste que je croyais que tu préférais choisir et comme, moi, ça m’est égal. Ne me brusque pas, je te dis… Voilà. Ça y est. Oui, je sais… C’est pas compliqué quand même… On va se faire une… une… une asiatique.
— Tu as choisi la facilité.
— Pourquoi ?
— Ben tu sais… Les asiatiques, elles sont petites et dociles. Tu prends pas beaucoup de risques.
— Et voilà ! Tu m’obliges à choisir et après tu critiques. Moi, j’en ai rien à foutre ! Si tu préfères une noire costaude, t’as qu’à le dire et c’est tout.
— Prends pas tes grands airs ! Une petite asiatique, ça ira. »
Ils se postèrent à l’endroit habituel. À cette heure crépusculaire, les passants se hâtaient de rentrer chez eux.
« Je me gèle. Qu’est-ce que tu attends ? Celle-là te convient pas ?
— Tu la trouves bien ?
— Tu me casses les couilles ! T’as pas encore compris que c’est toi qui décides ?
— OK, OK, va pour celle-là. »
Les deux hommes barrèrent la route à la jeune femme à qui le manteau molletonné donnait un air trapu.
« Donne-nous ton sac. »
Entre le bonnet et l’écharpe, les yeux noirs les regardèrent sans ciller.
« Venez le chercher. »
Cette déclaration ébranla pour quelques secondes la résolution des deux malfrats. Le plus grand se tourna vers l’autre.
« Vas-y. Allez ! Qu’on en finisse. Après tout, tu l’as choisie… Tu m’emmerdes à la fin… C’est toi qui l’a choisie et c’est moi qui dois tout faire. »
Bien plus massif que sa proie qu’il dominait de deux têtes, il s’avança avec assurance et tendit la main vers le sac en bandoulière. Les mouvements se succédèrent si vite que l’autre n’en vit que l’apothéose finale, le grand corps de son ami, qui décrivait un demi-cercle gracieux dans les airs, puis s’écrasait au sol avec un bruit écœurant.
November 18, 2022
Végétalisme, cuisine, littérature et recette cadeau

Après ses premières crises de goutte — une inflammation très douloureuse de certaines articulations —, plutôt que de prendre le traitement à vie que préconisait son médecin, mon mari a choisi de s’essayer au végétalisme. Les douleurs ont disparu en quelques semaines et les examens sanguins sont rentrés dans la norme. Depuis dix ans, il suit, à quelques exceptions près, ce régime qui tient cette maladie à distance.
Sa décision a marqué pour moi le début d’une période d’exploration obsessionnelle, qui, jalonnée de réussites et d’échecs, m’a permis de découvrir que l’on pouvait prospérer et même se délecter avec une cuisine sans produit animal.
Par contre, mes filles, révoltées par le monde végétal, et frustrées, parce qu’à force d’expérimentations, je ne parvenais pas à reproduire mes quelques succès, ont conclu un pacte avec leur grand-mère, qui, touchée par la détresse de ces pauvres enfants, les a fournies en poulets, gâteaux et autres concoctions prohibées.
Une parenthèse avant de poursuivre…
— Je ne suis pas diététicienne et ma formation de dentiste me permet de ne soigner que les caries. Avant toute décision liée à votre santé, consultez un médecin, mais gardez à l’esprit que ce que vous mettez dans votre assiette influencera votre bien-être.
— Trop gourmande pour le véganisme exclusif, je ne désire pas donner des leçons de morale, mais plutôt apporter mon humble contribution au vaste éventail des possibilités culinaires.
Quel rapport avec la littérature, me demanderez-vous ? J’envisage la publication d’un recueil de recettes faciles pour célébrer la sortie de mon livre « ,De chair et de larmes », un thriller qui effleure, entre autres, le thème de la cruauté envers les animaux. Voici, en attendant la réalisation de ces projets, la recette du velouté de courgettes, un plat plébiscité par de nombreux convives de tout âge et de tous horizons. Beaucoup se sont interrogés sur l’ingrédient secret qui donne à ce plat son goût intense et voluptueux.
À vos marmites ! Et n’oubliez pas de me donner votre avis.
Velouté de courgettesIngrédients
50 g d’oignons
1 gousse d’ail
500 g de courgettes
500 g d’eau
1 cube de bouillon végétal
3 cèpes déshydratés (optionnel)
1 poignée de noix de cajou naturelles ½ cuillère à café de sel
1 bonne pincée de poivre
10 g d’huile d’olive
4 grosses cuillères de ,levure maltée
Préparation
Coupez grossièrement tous les légumes et mettez-les dans une marmite avec l’eau, le cube de bouillon, les noix de cajou, le sel, le poivre et, si possible, les cèpes déshydratés.
Amenez à ébullition et faites cuire à feu moyen pendant 15 min.
Ajoutez l’huile d’olive et la levure maltée.
Mixez jusqu’à l’obtention d’une texture crémeuse.
Servez chaud ou froid, selon vos préférences.
November 13, 2022
Veganism, cooking,literature and a recipe, Zucchini Velouté…

After his first attacks of gout—a very painful inflammation of some joints—rather than taking the lifelong treatment recommended by his doctor, my husband chose to try his hand at veganism. The pain disappeared and the blood tests returned to normal in a few weeks. For ten years, he has followed, with a few exceptions, this diet which keeps this disease at bay.
His decision marked for me the beginning of a period of obsessive exploration, punctuated by successes and failures. I discovered that one could prosper and even enjoy cooking without animal products.
On the other hand, my daughters, revolted by the plant world, and frustrated, because by dint of experimentation, I couldn’t replicate my few accomplishments, concluded a pact with their grandmother. Touched by the distress of these poor children, she supplied them with chickens, cakes and other prohibited concoctions.
A parenthesis before continuing…
—I’m not a dietician and my training as a dentist allows me to treat only cavities. Before any decision related to your health, consult a doctor, but remember that what you put on your plate will influence your well-being.
—Too weak of will for exclusive veganism, I don’t wish to give moral lessons, but rather to offer my humble contribution to the wide range of culinary possibilities.
What does it have to do with literature, you ask me? I dream of publishing a collection of easy vegan recipes to celebrate the release of my book “,Of Flesh and Tears,” a thriller that touches on the theme of animal cruelty. While waiting for the realization of these projects, here is the recipe for zucchini velouté, a dish acclaimed by galore guests of all ages and from all walks of life. Many have wondered about the secret ingredient that gives it its intense and voluptuous taste.
To your pots! And don’t forget to tell me what you think of it.
Cream of Zucchini
Ingredients
50 g onions
1 or 2 cloves of garlic
500 g zucchini
500 g water
1 vegetable stock cube
3 dehydrated porcini mushrooms (optional)
1 handful of natural cashews ½ teaspoon salt
1 good pinch of pepper
10 g olive oil
4 large spoonfuls of ,nutritional yeast
Preparation
Coarsely chop all the vegetables and put them in a pot with the water, stock cube, cashews, salt, pepper and, if possible, dehydrated porcini mushrooms.
Bring to a boil and cook over medium heat for 15 minutes.
Add olive oil and malted yeast.
Blend until you get a creamy texture.
Serve hot or cold, depending on your preference.
October 6, 2022
Time Consuming Promotion

A few weeks ago, we organized an open house with other artists. It was an opportunity to show the fruits of our labor and to meet some potential readers and art lovers. The relaxed and warm atmosphere that reigned there encourages us to consider a recurrence.

I have been very busy with promotion lately. Putting a novel on Amazon without prior preparation is like shelving it in a dark and dusty basement. So I decided to postpone the release of the second one, “Of Flesh and Tears,” for a few months. Publishing without the help of a publisher requires learning, labor and patience. We all dream of the support of a competent team, able to free us from our trivial problems. However, this thankless work feeds and balances the artistic activity without us realizing it. At least, I hope so.
L. M. Rapp


