L.M. Rapp's Blog, page 2
May 22, 2025
What If True Heroines Were Tired, Flawed, and Quietly Furious?
May 11, 2025
"She's always hungry" By Eliza Clarke
March 17, 2025
Why I Eat (Partly) Vegan: Between Compassion, Digestion, and Marital Survival
March 11, 2025
Of Flesh, Tears… and Feathers: my inspiration for a psychological thriller book
Of Flesh, Tears… and Feathers
October 14, 2024
Soothing the mess, my unreliable method for tidying up…
Soothing the mess, my unreliable method…




Of all the rooms in my house, the studio remains the most…spontaneous. When I finally enter it, it’s to settle down in front of the computer and distill my anger, my frustrations and my joys in the sentences which stumble, futile and incongruous, except for those who will take the time to stop and find meaning in them. Or I choose a few branches to build a basket or colors for a drawing. I accumulate materials there: branches, leaves, pine needles, cardboard boxes, strange fruits, old T-shirts, paper, canvas, pencils and tubes of paint. I arrange them methodically or, more often than not, drop them off at random, because when I walk into the studio, I’m on a mission, and that mission has nothing to do with tidying up.
That being said, the chaos that surrounds me ends up nibbling at my balance until the moment when, made nauseous by this debauchery of anarchy, I decide to take matters into my own hands. I have already published a post on this subject in my artist blog, and I realize that this cyclical problem will never leave me. It will return like a rising tide to swallow up all available space, before receding. But, unlike the tide, which does just fine on its own, this mess will require some intervention on my part. I feel ready.
And you? Do you have a wild and fierce piece that you want to tame? Shall we do it together? Step by step, without rushing it and without exhausting ourselves either, since after all, our goal is not to be proud of an impeccable house, but to enjoy an interesting life.
See you soon,
L.M. Rapp

October 1, 2024
Visite gastronomique À Tel-Aviv

Alors que, depuis le début du conflit — presque un an déjà —, certains habitants du nord (au moins 80 000) et du sud (75 000) ont dû abandonner leur domicile, que les autres redoutent les alarmes, les courses aux abris et surtout d’être emporté par un missile, une roquette ou un drone, que nos soldats — si jeunes, parfois à peine sortis de l’enfance — meurent pour restaurer notre sécurité et que les otages agonisent dans les tunnels du Hamas… au centre du pays, la vie a presque retrouvé sa normalité. Il est pourtant difficile de ne pas se sentir déprimés par les nouvelles.
Nous avons décidé de changer d’ambiance et de quitter notre village pour un week-end à Tel-Aviv. Le séjour a commencé par une visite guidée du chouk hacarmel — un marché créé par des immigrants russes fuyant les pogroms —, et d’un quartier adjacent au nom évocateur, Kerem Hateimanim, Le vignoble des Yéménites. Vers 1880, des Yéménites, déçus de la stérilité de cette terre sableuse et trop proche de la mer, se sont contentés, au lieu d’y planter un vignoble, d’y bâtir pour se loger des baraques de tôles. Ce quartier a ensuite beaucoup changé ; mal famé dans les années soixante-dix, il a connu un processus d’embourgeoisement. Ses rues étroites, avec leurs immeubles coquets et leurs plantes en pots, contrastent aujourd’hui avec le marché du Carmel que les propriétaires des échoppes refusent de rénover.




Une promenade agréable, malgré la pénible chaleur de cette fin d’été… Entre le granité d’açaï, les börekas turques, le fish and chips, le malabi et la pita à l’aubergine, au ceviche, au poulet ou à la viande, Dahlia, notre guide, s’efforçait de nous abreuver d’eau ou, pour les plus robustes, de vin blanc ou rosé. Les gens, oublieux des menaces, se pressaient dans les rues et sur les terrasses bondées. En cas d’alerte, trouvez un abri ou allongez-vous sur le sol… Nous avons eu la chance de ne pas subir d’attaque durant notre dégustation, mais cette même nuit, réveillés par les sirènes — cette fois, un missile venu du Yémen — nous avons, l’abri étant fermé à clé, couru nous réfugier dans la cage d’escalier de l’hôtel.

La recherche de plaisirs peut, dans un pays en guerre, faire croire à de l’inconscience ou de l’indifférence. Mais se morfondre dans l’inquiétude ou renoncer aux loisirs semblerait servir l’ennemi. Alors on continue d’apprécier la gastronomie, même si les souffrances des otages affamés nous reviennent sans cesse à l’esprit. Eden Yerushalmi, assassinée avec cinq autres civils par les terroristes qui les gardaient, pesait trente-six kilos à sa mort. Un chiffre lancinant… Trente-six kilos, c’est bien peu.
Je souhaite une bonne — pas excellente ou exceptionnelle, juste meilleure que la précédente — année 5785 à mes coreligionnaires (et aux autres aussi). Que de nouvelles élections nous délivrent enfin de ce gouvernement incapable et dangereux, que les soldats rentrent sains et saufs, que les otages soient libérés, que la guerre s’achève et que la paix — même précaire — revienne dans notre région.
À bientôt,
Laurence M. Rapp
Shukeat peut, pour des groupes, trouver un guide qui parle français. Mais qu’importe la compréhension puisque vous pouvez vous laisser porter par votre goût et par votre odorat… Si vous habitez Israël, ou venez en touriste (courageux !) — bonne chance pour dénicher un vol en cette période où toutes les compagnies étrangères les ont annulés — et désirez participer à une visite, cliquez ici https://www.shukeat.co.il/en/ pour plus de détails.

April 22, 2024
Les vacances en temps de guerre




Ma fille et moi sommes parties, en décembre dernier, célébrer son anniversaire à Eilat. Nous avons quitté la dense région du Sharon pour entamer une traversée du désert dans un paysage azur, ocre et vertigineux sur les routes sinueuses des hauteurs arides. Une recherche infructueuse de cafés ouverts et une pause sommeil au bord de la chaussée sont les seuls incidents qui ont marqué notre voyage. À l’approche de la ville, la géolocalisation nous indiquait que nous nous trouvions au Caire. L’armée l’avait brouillé pour entraver les manœuvres de nos ennemis — dans cette région, les Houthis du Yémen. Cette tactique a réussi à perturber mon sens de l’orientation déjà peu développé. Le premier moment de désarroi passé, Noa a pris les commandes et nous a menées à notre hôtel, non sans parsemer ses instructions de remarques narquoises à mon égard. J’ai riposté en soulignant sa distraction qui nous a causé quelques détours.
La ville se prélassait entre mer et contreforts rocheux. Ce premier contact radieux dissimulait tristesse et abandon. Notre hôtel logeait des réfugiés qui, après les événements du 7 octobre, avaient fui les alentours de Gaza. La promenade d’habitude bondée était déserte, ainsi que les magasins et les restaurants aux devantures brillantes, vides comme autant d’aquariums décimés.
Les dauphins fréquentaient toujours leur plage de prédilection et sont venus nous saluer, avec leurs dos ronds et leurs becs fendus d’un large sourire. Il ne reste plus, hélas, que trois femelles. Les coraux, malgré quelques magnifiques spécimens de poissons multicolores, paraissaient eux aussi en mauvais état. Nous sommes allées nous tremper dans les piscines d’eau salée et avons tenté le massage flottant, une expérience transcendantale et voluptueuse. Le temps était doux, la mer, belle, et l’absence de touristes seyait à notre envie de silence.
La ville abandonnée nous avait conquises et c’est avec regret que nous l’avons quittée. Comment prendre des vacances sur fond de guerre ? Des réfugiés, de jeunes soldats tués et des civils innocents toujours prisonniers du Hamas… Ces précieux moments de plaisir partagé nous donnent pourtant la force de tenir bon. Les fêtes de Pâques approchent et, avec elles, un espoir de libération. Puissent-elles nous apporter celle de nos prisonniers, et celle de tout le peuple d’Israël, avec l’arrêt de cette guerre et l’avènement d’élections.
August 23, 2023
Une nouvelle de Science-fiction sur le racisme
En attendant un recueil qui ne saurait tarder…

Thibault Malfoy, mon conseiller littéraire, nous a envoyé, quelques mois auparavant, cette proposition d’écriture : « La métaphore comme maladie. Certaines métaphores sont trop dangereuses et fautives pour qu’on les tolère. » Une élégante réflexion qui m’a inspiré une courte nouvelle sur le thème du racisme.
Je m’amuse parfois de la façon qu’a mon esprit de s’emparer des concepts les plus éthérés pour les ramener à la trivialité la plus déprimante. D’autres fois, je m’en désole.
En tout cas, je vous souhaite une bonne lecture. Et n’hésitez pas à me dire ce que vous pensez de ce texte.
Fais pas ton Glob !
« Tu ne vas pas manger ce paquet tout seul ! Allez ! Fais pas ton Glob ! Partage avec moi !
— Comment ça, mon Glob ?
— Tu sais bien. Les Globs sont tous avares. Tout le monde le sait. Quelle drôle de question ! Parfois je me demande si tu le fais exprès. »
Ils avaient travaillé toute la matinée dans un local étriqué et Silh avait insisté pour qu’à la pause repas ils s’installent dehors, à l’ombre du vaisseau qui les surplombait de sa masse imposante. Il aimait assister au coucher de la naine rouge qui embrasait l’horizon, tandis qu’au zénith la supergéante dardait ses rayons jaunes avec une placide splendeur.
« J’ai vécu deux mois chez les Globs, dit Silh, et je ne les ai pas trouvés avares.
— Ah bon ? Pourquoi t’es-tu arrêté chez eux ?
— Pour rien… Par hasard… Lorsque mon champ protecteur est tombé en panne, j’ai atterri sur la planète la plus proche. »
La bouche de Zaron se tordit en une moue dubitative et son regard de prédateur glissa vers les fruits jaunes qui semblaient luire dans le sac en papier entrouvert.
« Je ne pensais pas rester, mais comme les pièces détachées ont mis du temps à arriver, je me suis installé dans une chambre meublée qu’une famille louait aux voyageurs de passage. Le seuil de la maison franchi, la grand-mère, qui m’avait jugé trop mince, s’est mise à me gaver d’une multitude de plats préparés de sa main. Elle n’acceptait aucun refus – “Ça se mange sans faim”, qu’elle disait – et je suis reparti avec six kilos en plus. »
Ils n’étaient pas censés partager leurs victuailles. Les rations fades, abordables et roboratives qu’apportait Zaron, un ingénieur qu’il avait rencontré une semaine plus tôt, ne l’attiraient pas de toute façon. Ses habits usés et pas toujours propres révélaient une négligence causée, si l’on en croyait les rumeurs, par une addiction au jeu. Le sourire déplaisant qui s’étira sur ses lèvres minces découvrit des dents tachées.
« T’es un Globs ?
— Mais pas du tout… Je te l’ai déjà dit, je viens de la planète Sark. Je te raconte juste mon expérience.
— Et ta femme ? Elle a un air typé. C’est une Globs, c’est ça ? »


