Thomas Desforges > Recent Status Updates

… il se rend compte qu’il y a encore une part de mystère, encore quelque chose qu’il n’avait pas vu dans cette ville, un océan de lumières qui s’estompe dans la vallée aux premiers rayons du soleil, tandis que la fille lui caresse de ses ongles la peau du bras.

…et ça lui paraît un miracle quand il la revoit une semaine plus tard à une autre soirée, la même fille à deux réceptions différentes dans cette ville sans limites ; elle lui sourit, les yeux mi-clos, lui prend la main et l’emmène dans le jardin pour regarder le soleil se lever. Los Angeles n’a plus vraiment pour lui l’attrait de la nouveauté, mais là-haut, du côté de Mulholland Drive, …

Parce que survivre ne suffit pas.

Jeevan fut soudain terrassé par la certitude que cette maladie décrite par son ami allait être la ligne de démarcation entre un avant et un après, un trait tiré sur sa vie.

La nuit était noire et remplie de bruissements, la neige tombait, abondante et feutrée, réduisant les voitures garées dans la rue à d’informes silhouettes aux moelleux contours.

On a tort de mépriser le corps : il est tellement moins mauvais que l’âme.

– Je me suis souvenue de cette phrase d’un héros algérien, dit Pannonique : « Si tu parles, tu meurs ; si tu ne parles pas, tu meurs. Alors parle et meurs. »

Il était insoutenable de n’avoir personne à qui adresser une telle haine. Il naissait de cet état une forme de folie. Haïr les hommes ? Cela n’avait pas de sens. L’humanité était ce grouillement disparate, cet absurde supermarché qui vendait n’importe quoi et son contraire. Haïr l’humanité revenait à haïr une encyclopédie universelle : il n’y avait pas de remède à cette exécration-là.

Ce n’est pas pour rien que les humains portent des noms à la place de matricules : le prénom est la clé de la personne. C’est le cliquetis délicat de sa serrure quand on veut ouvrir sa porte. C’est la musique métallique qui rend le don possible.

Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus ; il leur fallut le spectacle.

… de toutes les feuilles des arbres, de tous les gestes des hommes, Vénus Genetrix…

… ton méprisant, incapables de voir dans ces échanges tactiles autre chose que leur propre érotisme qui, d’abord forcé de se concentrer uniquement sur le sexe, puis réprimé, frustré, envahissait et empoisonnait le moindre plaisir sensuel, la moindre réponse humaine : la victoire d’un Cupidon furtif et aveugle sur la grande mère protectrice de tous les océans et de toutes les étoiles, …

Entre eux, la caresse était essentielle pour signaler, pour rassurer, comme elle l’est entre la mère et l’enfant, ou entre deux amants ; mais sa signification était sociale, pas seulement maternelle ou sexuelle. Cela faisait partie de leur langage. Elle était donc réglée, codifiée, et pourtant modifiable à l’extrême. « Ils sont toujours en train de se tripoter », disaient certains colons d’un …

Une écologie forestière est une chose délicate. Si la forêt meurt, sa faune peut disparaître avec elle. Le mot athshéen pour monde signifie également forêt.

Toutes les couleurs de la rouille et du soleil couchant, les bruns-rouges et les verts pâles, se modifiaient sans cesse parmi les feuillages agités par le vent. Les racines des saules cuivre, épaisses et striées, étaient couvertes d’une mousse verte au bord de l’eau qui s’écoulait lentement, comme le vent, avec une multitude de petits remous et d’apparentes accalmies, retenues par des rochers,…

Mais les Historiens tâchent d’étudier la façon dont on doit enseigner ce savoir, de telle sorte que les gens apprennent tout, et non des fragments qui ne collent pas.

Cela dit, avoir beaucoup de Dieux, c’est peut-être plus simple qu’en avoir un seul.

Selon nous, la rétention d’informations est une erreur… à long terme.

… Le sacré est là. Dans la vérité, dans la souffrance, dans la beauté. Et le dit de ces choses est sacré, par définition.

— Il me semble que l’histoire et le Dit sont identiques, conclut Unroy. Qu’ils sont un moyen de conserver leur caractère sacré aux choses.
— Qu’est-ce que le sacré ?
— Ce qui est vrai est sacré. Ce qui a été subi. Ce qui est beau.
— Donc le Dit s’efforce de découvrir la vérité dans les événements… ou la douleur, ou la beauté ?
— Il n’est pas besoin de les découvrir. …

Le troisième jour, à midi, ils contournèrent un pan de glace et de roche, et ils se retrouvèrent face à une immense muraille par-delà un océan d’air : Silong, surgissant comme une vague blanche montée des abysses vers la lumière. Le jour immobile avait l’éclat du diamant. On apercevait le sommet du pic cornu derrière le rempart. Une traînée argentée s’effilochait vers le nord à sa pointe…

Il n’est pas toujours possible de bien faire dans une situation difficile.