'L'arabe du futur' de Riad Sattouf (2014)
—BUS RIDING BOOKS—
Petite critique littéraire de
'L'arabe du futur' de Riad Sattouf (2014)
Je ne suis pas un grand amateur de bande dessinée - la dernière que j'ai lue, c'était en 2005 et c'était un cadeau de mon ami Sylvain Douroux, pour mon anniversaire. "Le sommet des Dieux" était un manga et pour dire la vérité, je l'avais bien aimée pour une seule et bonne raison : il y était question de montagne - un environnement que j'ai toujours beaucoup aimé - et l'ami en question avait lui-même gravi le Mont Blanc étant jeune, ce qui donnait une valeur symbolique supplémentaire a son cadeau.
Dix ans plus tard, je lis donc 'L'arabe du futur', encore un cadeau, pour Noel cette fois, et de la part de mon petit frère, Cédric Vojetta.
C'est l'histoire d'un Syrien qui obtient son doctorat à Paris avec l'aide de sa future épouse, qui lui fait ensuite un enfant blond en guise de reconnaissance avant de les amener vivre dans la Libye de Kadhafi et la Syrie d'Hafez al-Assad entre 1978 et 1984. Cet enfant, c'est Riad Sattouf, l'auteur.
Je me suis longuement demandé pourquoi quelqu'un - a forcieri mon frère – aurait soudainement l'idée de m’offrir ce roman graphique à l'occasion de la fête chrétienne la plus célébrée, Noël. Et puis tout d'un coup, ça a fait tilt :
- je suis blond,
- j’ai fréquenté un collège situé en Zone d'Education Prioritaire (ZEP) où nombre de mes amis étaient des musulmans dont les parents ou grands-parents étaient venus de Turquie, du Maroc ou d'Algérie,
- mon épouse est née au Maroc avant d’y vivre près de 10 ans, et
- j'ai à un moment de ma vie travaillé pour un fonds d'investissement dont le principal actionnaire était le gouvernement libyen et où une partie de notre travail quotidien consistait à former des jeunes libyens aux techniques des marchés financiers. C'était à l'époque où Kadhafi était encore au pouvoir, courtisé par les grands de ce monde - les Sarkozy, les Blair et tous les autres.
Voilà pourquoi, je pense, j'ai reçu ce livre.
Mais sa lecture fut néanmoins un choc: mes expériences en rapport avec le monde musulman ont presque toutes été positives, alors que ce livre autobiographique est diamétralement opposé, offrant une vision systématiquement négative des cultures musulmanes. Tant et si bien que j'en suis venu à me demander où était la vérité. La mienne ou celle de Riad Sattouf?
Alors oui, ce livre est drôle à pleins de moments, mais aussi grave et triste tout du long. Avec des stéréotypes à n'en plus finir sur tous les côtés supposés négatifs des musulmans.
Je n'aime pas beaucoup le père de l'arabe du futur, lui qui défend toujours sa culture avant son enfant. ‘Les autres me traitent de sale juif, de fils de chien’ dit Riad à son père. ‘Tu as du mal comprendre’, lui répond-t-il. Plus loin : ‘C'est moi qui commande’, dit le père quand il s'agit de décider si leur fils va aller ou non à l'école locale où sévissent nombre de harceleurs racistes en puissance. Une phrase qui en dit long. C'est aussi lui qui décide d'amener femme et enfants en Libye puis en Syrie, sa femme étant inexistante tout au long du livre. Un signe. Et puis son obsession d'avoir une Mercédès - un peu l'équivalent de la Rolex chez le publicitaire Séguéla: ‘Si à 50 ans, t'as pas une Rolex, t'a raté ta vie’.
Sans oublier le bouquet final, quand la mère de Riad se décide enfin à l'ouvrir, pour dire à son mari de ne pas encourager la haine des juifs chez son fils...
‘Ahhh! Regarde! Ta mère, Elle aime les juifs! Quand Je l'ai rencontrée, elle avait tous les disques d’Enrico Macias’. Ça m'a immédiatement rappelé que j'avais été à un de ses concerts à Londres, avec mon épouse, et on était les seuls à ne pas être juifs dans la salle de spectacle. La sécurité à l'entrée m'avait fait un peu peur pour être honnête, c'était comme prendre un vol international, avec la machine infra rouge, les fouilles au corps, etc. Mais j'avais adoré le concert, ainsi que l'ambiance mise par tous nos voisins du soir.
Alors oui j'ai aimé ce livre - cinq étoiles pour la forme et les dessins, une seule pour le contenu, 3 en moyenne - mais j'attends de lire la suite avec impatience, dans le tome numéro 2, pour voir si l’auteur retombe sur une note un peu plus positive. C'est tout le mal que je lui souhaite, pour lui et tous ses lecteurs, à commencer par les jeunes qui vont influencer les générations futures. Inch' Allah.
O.V.
Petite critique littéraire de

Je ne suis pas un grand amateur de bande dessinée - la dernière que j'ai lue, c'était en 2005 et c'était un cadeau de mon ami Sylvain Douroux, pour mon anniversaire. "Le sommet des Dieux" était un manga et pour dire la vérité, je l'avais bien aimée pour une seule et bonne raison : il y était question de montagne - un environnement que j'ai toujours beaucoup aimé - et l'ami en question avait lui-même gravi le Mont Blanc étant jeune, ce qui donnait une valeur symbolique supplémentaire a son cadeau.
Dix ans plus tard, je lis donc 'L'arabe du futur', encore un cadeau, pour Noel cette fois, et de la part de mon petit frère, Cédric Vojetta.
C'est l'histoire d'un Syrien qui obtient son doctorat à Paris avec l'aide de sa future épouse, qui lui fait ensuite un enfant blond en guise de reconnaissance avant de les amener vivre dans la Libye de Kadhafi et la Syrie d'Hafez al-Assad entre 1978 et 1984. Cet enfant, c'est Riad Sattouf, l'auteur.
Je me suis longuement demandé pourquoi quelqu'un - a forcieri mon frère – aurait soudainement l'idée de m’offrir ce roman graphique à l'occasion de la fête chrétienne la plus célébrée, Noël. Et puis tout d'un coup, ça a fait tilt :
- je suis blond,
- j’ai fréquenté un collège situé en Zone d'Education Prioritaire (ZEP) où nombre de mes amis étaient des musulmans dont les parents ou grands-parents étaient venus de Turquie, du Maroc ou d'Algérie,
- mon épouse est née au Maroc avant d’y vivre près de 10 ans, et
- j'ai à un moment de ma vie travaillé pour un fonds d'investissement dont le principal actionnaire était le gouvernement libyen et où une partie de notre travail quotidien consistait à former des jeunes libyens aux techniques des marchés financiers. C'était à l'époque où Kadhafi était encore au pouvoir, courtisé par les grands de ce monde - les Sarkozy, les Blair et tous les autres.
Voilà pourquoi, je pense, j'ai reçu ce livre.
Mais sa lecture fut néanmoins un choc: mes expériences en rapport avec le monde musulman ont presque toutes été positives, alors que ce livre autobiographique est diamétralement opposé, offrant une vision systématiquement négative des cultures musulmanes. Tant et si bien que j'en suis venu à me demander où était la vérité. La mienne ou celle de Riad Sattouf?
Alors oui, ce livre est drôle à pleins de moments, mais aussi grave et triste tout du long. Avec des stéréotypes à n'en plus finir sur tous les côtés supposés négatifs des musulmans.
Je n'aime pas beaucoup le père de l'arabe du futur, lui qui défend toujours sa culture avant son enfant. ‘Les autres me traitent de sale juif, de fils de chien’ dit Riad à son père. ‘Tu as du mal comprendre’, lui répond-t-il. Plus loin : ‘C'est moi qui commande’, dit le père quand il s'agit de décider si leur fils va aller ou non à l'école locale où sévissent nombre de harceleurs racistes en puissance. Une phrase qui en dit long. C'est aussi lui qui décide d'amener femme et enfants en Libye puis en Syrie, sa femme étant inexistante tout au long du livre. Un signe. Et puis son obsession d'avoir une Mercédès - un peu l'équivalent de la Rolex chez le publicitaire Séguéla: ‘Si à 50 ans, t'as pas une Rolex, t'a raté ta vie’.
Sans oublier le bouquet final, quand la mère de Riad se décide enfin à l'ouvrir, pour dire à son mari de ne pas encourager la haine des juifs chez son fils...
‘Ahhh! Regarde! Ta mère, Elle aime les juifs! Quand Je l'ai rencontrée, elle avait tous les disques d’Enrico Macias’. Ça m'a immédiatement rappelé que j'avais été à un de ses concerts à Londres, avec mon épouse, et on était les seuls à ne pas être juifs dans la salle de spectacle. La sécurité à l'entrée m'avait fait un peu peur pour être honnête, c'était comme prendre un vol international, avec la machine infra rouge, les fouilles au corps, etc. Mais j'avais adoré le concert, ainsi que l'ambiance mise par tous nos voisins du soir.
Alors oui j'ai aimé ce livre - cinq étoiles pour la forme et les dessins, une seule pour le contenu, 3 en moyenne - mais j'attends de lire la suite avec impatience, dans le tome numéro 2, pour voir si l’auteur retombe sur une note un peu plus positive. C'est tout le mal que je lui souhaite, pour lui et tous ses lecteurs, à commencer par les jeunes qui vont influencer les générations futures. Inch' Allah.
O.V.
Published on January 20, 2016 03:33
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