Les Chronolithes - Robert Charles Wilson

Voici quelques trucs pour reconnaître un roman de Robert Charles Wilson, si vous en croisez un dont on aurait arraché la couverture :

C'est très facile à lire : style clair, sans effets, un peu lisse, techniques de narrations efficaces sans être épileptiques. Le héros est un type moyen, sympa, un peu mou, genre classe moyenne américaine, père divorcé, problèmes familiaux. Et surtout, c'est là le truc crucial, le pitch est ENORME. Dans les 
Chronolithes, un conquérant du futur, Kuin, envoie tous les quelques mois des obélisques de verre dans le passé pour annoncer ses victoires militaires qui auront lieu vingt ans plus tard, déprimant d'avance ses futurs ennemis et créant, en quelque sorte, une prophétie autoréalisatrice...

Sans être aussi fou et inventif que Spin, les Chronolithes est une grande réussite : cohérence du récit, des personnages, de l'intrigue. Suspense insoutenable qui donne envie de tourner les pages, sans abus de techniques de thriller. De plus le roman est assez court (300 pages), et on saura combien j'aime les auteurs qui arrivent à tout dire en peu de mots...

Mais la force de ce roman repose sur autre chose : d'abord, sur une amusante mise en abyme du rôle de l'écrivain qui construit son intrigue à l'envers et qui parcourt à sa façon les chaînes de causalité. Et surtout sur un sentiment assez fort chez moi, l'angoisse de l'avenir, l'impression de l'inéluctabilité de la catastrophe. Le livre vaut autant par son astucieux argument que par la peinture impressionniste et crédible de notre futur, cohérente d'un roman à l'autre de l'auteur.

En bref, une science-fiction très intelligente, facile à lire, par un auteur pas dépourvu d'ambition littéraire. Voilà qui me donne très envie de me tourner vers Blind lake...
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Published on August 04, 2012 23:19
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