Il était une fois dans l'Ouest - Sergio Leone


Oui, bien sûr, je l'avais déjà vu, il y a longtemps, mais c'est une douceur particulière que de dire à Marguerite : "tu avais aimé le bon, la brute et le truand, non ? Assez de temps a passé, ce soir on va regarder un autre film du même type."
Et après les dix-quinze minutes de la scène d'ouverture, le type avec la goutte qui s'écrase sur son chapeau, la mouche sur la face du truand, le grincement de l'éolienne, le cliquètement du télégraphe et le grondement grondement grondement du train avant que l'homme tenant un sac de voyage apparaisse sur le quai et joue de l'harmonica, elle m'a dit "toutes les scènes seront aussi lentes que celle-là". J'ai dit "ben non", et en fait, si.
En vérité, on a aimé, elle et moi. Les longs caches poussières qui claquent dans le vent. La musique qui traine ses ritournelles. Les grands yeux de Claudia Cardinale. Le visages burinés en très très gros plan. Les personnages brutaux et mélancoliques.
Quelques remarques qui nous sont venues en en parlant :
- la dynamique des personnages est assez similaire à celle du "bon...". Il y un gentil pas très gentil (Bronson = Clint), un méchant très méchant (Henry Fonda = Lee Van Cleef) et un type douteux finalement assez sympathique (Cheyenne = Eli Wallach)

- la première moitié du film, quand on ne connaît pas les tenants et les aboutissants de l'histoire, est très flippante. Notamment le moment de l'harmonica dans la nuit devant la maison des McBain.
- Jill est un beau personnage, c'est très chouette de découvrir le récit et la situation à travers son point de vue et sa position, très instable, très fragile. Quel dommage qu'elle ait si peu d'agentivité... Je n'ai pas beaucoup de sympathie pour Leone et Bertolucci là-dessus.
- Les visages d'hommes apparaissent souvent en très gros plan, on en voit toutes les imperfections. Le visage de Claudia Cardinale est toujours impeccablement maquillé et jamais vu de trop près.

- Morton est aussi un bon personnage. Quelle incroyable idée, le type qui se suspend par les mains dans son train !
- Au cinéma, un tiroir ouvert contient toujours un revolver. Ou, au moins, une arme.
- L'homme à l'harmonica est quand même un gros connard alors qu'il pourrait l'être un peu moins. Pourquoi essaie-t-il de violer Jill ? Quel est le sens de cette scène ?
- j'aime le fait que le duel final se passe dans une arrière-cour. Qu'en fait, plus personne n'en a rien à foutre, de l'harmonica, de Frank, de ce qu'ils font. Tout ça passe.
- Mais le pendu... La cloche... Ca donne des frissons.
Bref, super film anyhow.

