Sans chien, sans distraction humaine,
au quai, il arrive parfois que je rêve,
me plonge dans l’eau, mais, arrête !
C’est l’automne; fait froid là-dedans.
Cet héron, il sait nager ? Il se lance,
S’enfuit, ses ailes majestueuses
battant, lentement, lui embêté,
chassé de son poste orgueilleux
par une seule mouette taquine,
pas par moi, qui me tenais debout,
silencieuse. Le cou tendu, l’œil
tout-voyant, enfin disparu, il a dû
achever le cap lointain, s’il ne s’est
pas noyé. Le cap, son infini, tout
fortifié par mer, rochers, falaises,
protégé de moi, l’infâme, l’humain,
même si, bouche bée, je n’ai pas bougé
mais que j’ai quand même désiré,
capricieuse, de voir l’oiseau en vol,
pour mon plaisir et pour sa grâce.
Coupable en ceci; mais la mouette
qui a, sans doute, causé sa fuite,
m’exonère, m’éloigne de mon crime
ou désir, inoffensif, mais cause, exagéré,
de la méfiance superbe et de la terreur
de la mer inouïe, de la terre splendide.
Published on January 20, 2021 05:54
Jeanne.